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 Les HÔPITAUX GÉNÉRAUX du comté et diocèse de Nantes

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Qu’on embrasse maintenant d’un coup d'oeil le tableau des asiles charitables ouverts sur toutes les routes que nous venons de parcourir et on verra que le XIVème et le XVème siècle ont vu naître à eux seuls la presque totalité des fondations. Dès qu’on entre dans le XVIème siècle, le terrain devient stérile, les desseins généreux font place aux pensées sombres de la lutte et les jouissances de la vie matérielle semblent être la passion dominante dans toutes les classes de la société. Je n’ai pas nommé une seule fois cette époque sans parler d’abus, de malversations, d’envahissements, d’usurpations et d’infidélités. C’est qu’en effet, il n’est pas d’âge dans l’histoire des Capétiens, où nos institutions civiles et religieuses aient été plus fortement ébranlées par les dissensions intestines et par l’avilissement de l’autorité, l’esprit de révolte, la confusion des pouvoirs et le cynisme de l’immoralité. Quand la royauté veut imposer des réformes, sa main est si faible que le désordre l’emporte toujours sur les ordonnances et le chancelier de l'Hôpital lui-même s’épuise à préparer des édits qui demeurent sans résultats.

Pour s’en tenir au monde administratif dans lequel je me renferme, je trouve dans la législation hospitalière d’alors de sages prescriptions que chaque prince renouvelle à son avènement, mais quand j’en cherche les conséquences dans les faits, je les aperçois à grand'-peine. Les ordonnances de François Ier et de ses successeurs n’ont laissé derrière elles aucune création permanente. Elles n’ont pas empêché une multitude d’établissements de disparaître dans les campagnes, et ce qu’elles ont sauvé du patrimoine des pauvres est bien minime, quand on le compare aux immenses domaines dont l’assistance publique a été dépouillée.

Il faut cependant reconnaître que sans l’intervention du pouvoir royal, les institutions chancelantes de la féodalité seraient demeurées sans force contre les misères effroyables du XVIème siècle. La taxe forcée a été un moyen efficace de procurer des secours aux malheureux éprouvés par la famine. Au point de vue de la distribution des secours, l’initiative de François Ier a été féconde et sa lutte contre l’égoïsme a été courageuse. Il faut le louer d’avoir pris en main l’organisation de l’assistance publique dans tout le royaume, soumis tous les comptables à un contrôle sévère, prélevé des cotisations sur chaque classe sans distinction, institué des bureaux de répartition, imaginé du travail pour les pauvres valides et imposé à chaque paroisse l’obligation de nourrir ses indigents. Ces principes ont servi de règle aux siècles postérieurs.

On regrette que les ordonnances de cette époque contre la mendicité n’aient pas pu être appliquées dans toute leur rigueur. Le mal qu’elles se proposaient de combattre était la nécessité la plus pressante, car en grandissant il atteignait de tous côtés les proportions d’une calamité. Plus favorisé que ses prédécesseurs, Louis XIV monta sur le trône dans une période où il était facile d’organiser une police vigilante et d’appeler à son aide une foule d’auxiliaires disciplinés. L’étendue du fléau ne l’effraya pas. Il nous en retrace lui-même les ravages dans le préambule de son édit de 1656 :

« Les rois, nos prédécesseurs, ont fait depuis le dernier siècle plusieurs ordonnances de police sur le fait des pauvres en notre bonne ville de Paris, et travaillé par leur zèle autant que par leur autorité pour empêcher la mendicité et l’oisiveté, comme les sources de tous les désordres, Et bien que nos compagnies souveraines aient appuyé, par leurs soins, l’exécution de ces ordonnances, elles se sont trouvées néanmoins par la suite des temps infructueuses et sans effet … De sorte que dans les derniers temps et sous le règne du défunt roi, le mal s’étant encore accru par la licence publique et par le dérèglement des moeurs, on reconnut que le principal défaut de l’exécution de cette police provenait de ce que les mendians avaient la liberté de vaquer partout ..... Par la suite des désordres et malheurs des guerres, le nombre des pauvres s’est augmenté au-delà de la créance commune et ordinaire … De sorte que le libertinage des mendians est venu jusqu’à l’excès par un malheureux abandon à toutes sortes de crimes, qui attirent la malédiction de Dieu sur les Etats, quand ils sont impunis ; l’expérience ayant fait connaître que plusieurs d’entre eux, de l’un et de l’autre sexe, habitent ensemble sans mariage, beaucoup de leurs enfants sont sans baptême et ils vivent presque tous dans l’ignorance de la religion, le mépris des sacremens et dans l’habitude continuelle de toutes sortes de vices ».

Il n’y avait qu’un remède à employer : c’était de recueillir les orphelins et les pauvres infirmes sans abri dans des asiles proportionnés à leur nombre, d’interdire les données publiques et de poursuivre les mendiants obstinés par toutes sortes de rigueurs, pour les contraindre au travail. En séparant ainsi les uns des autres, on devait arriver à discerner plus aisément ceux qui étaient dignes de pitié. C’est le parti auquel on s’arrêta. Le fouet, la prison, les privations, les galères, furent les armes qu’employa la justice contre la tourbe renaissante des mendiants. La guerre fut longue, mais elle fut opiniâtre de la part de l’autorité royale, comme le témoignent les ordonnances et les arrêts du temps. Quant aux difficultés que présentait la création des maisons de refuge, la tâche fut singulièrement allégée par l’appui que la royauté rencontra dans les classes riches. Ce qui avait été impraticable sous le règne de Louis XIII, devint possible quand saint Vincent de Paul et ses missionnaires eurent semé partout le feu de leurs exhortations charitables. Une nouvelle ferveur, pareille à celle de l’âge des croisades, se glissa dans les veines du corps social et fit surgir des légions de volontaires tout prêts à se vouer au soulagement des infirmités humaines.

L’exemple de Paris eut une grande influence. Des personnes charitables, à la tête desquelles était le président Pomponne de Bellièvre, instruites par l’essai infructueux de 1612, trouvèrent dans leur ingénieuse compassion des règles de conduite appropriées au but qu’on se proposait.

L’hôpital général, créé à Paris par leurs soins, répondit complètement aux promesses qu’on en attendait : la ville fut soulagée des importunités des mendiants et les enfants reçurent une éducation chrétienne, en même temps qu’ils se formèrent à la pratique de différents métiers. Ces heureux résultats firent tant d’impression sur les protecteurs de l’entreprise, que plusieurs envoyèrent des aumônes considérables pour en assurer la continuité. Le bureau de direction n’avait pas la moitié du revenu nécessaire à la subsistance des 4 à 5 mille pauvres nourris dans les cinq dépôts établis, mais les offrandes arrivaient si abondantes par l’intermédiaire des dames quêteuses, qu’on parvenait encore à distribuer des secours en divers endroits à 3 mille autres pauvres. On sentit bientôt qu’il fallait ménager les ressources de Paris et ne pas les prodiguer sans prendre des mesures contre l’envahissement des indigents de la province. Le bien qui s’accomplissait dans la capitale ne pouvait prospérer de longues années si les autres villes ne suivaient son exemple. De toutes parts, on voyait affluer à Paris des familles indigentes, qui venaient demander leur pain et délaissaient les travaux de la campagne.

Les unes venaient par fainéantise, afin d’y vivre aux dépens des vrais pauvres ; les autres, poussées par l’espoir trompeur d’y rencontrer un gain moins pénible et plus régulier qu’aux champs. Louis XIV arrêta ce courant funeste, en décrétant que chaque ville et chaque bourg du royaume serait tenu d’ouvrir un hôpital pour venir en aide aux pauvres malades, aux mendiants infirmes et âgés, et aux orphelins. Dans les considérants de son édit, qui porte la date du 14 juin 1662, le roi témoigne que son désir est de procurer aux déshérités de la fortune le soulagement des infirmités corporelles et le bienfait de l’instruction chrétienne. Les dispositions réglementaires sont ainsi formulées :

« Savoir faisons qu’après avoir fait voir en nostre conseil les ordonnances des rois, nos prédécesseurs, de l’avis de notre Conseil, de notre certaine science, pleine puissance et autorité royale, en confirmant les anciennes ordonnances et y ajoutant les choses que l’expérience nous a fait connaître être nécessaires, ordonnons, voulons et nous plaît qu’en toutes les villes et faubourgs de notre royaume, où il n’y a point encore d’hôpital général établi, il soit incessamment procédé à l’établissement d’un hôpital et aux règlemens d’icelui pour y loger, enfermer et nourrir les pauvres mendians invalides, natifs des lieux ou qui y auront demeuré pendant un an, comme aussi les enfants orphelins ou nés de parents mendians. Tous lesquels pauvres y seront instruits à la piété et religion chrétienne, et aux métiers dont ils pourront se rendre capables sans qu’il leur soit permis de vaguer, ni sous quelque prétexte que ce soit, d’aller de ville en ville, ni de venir en notre bonne ville de Paris, et que les habitants des villes et gros bourgs y soient contraints par toutes voies dues et raisonnables ».

Pour mettre en œuvre ses prescriptions, le roi avait besoin de nombreux coopérateurs.

Ces auxiliaires se rencontrèrent sur toute la surface du territoire. C’est le privilège de ce grand siècle d’avoir vu naître des merveilles dans tous les genres. Les missionnaires de la charité ne firent pas plus défaut que les grands penseurs et les brillants artistes. Le règlement général rédigé en 1680, pour l’hôpital général de Paris, constate qu’à cette époque, toutes les villes importantes possédaient des établissements pareils à ceux de la capitale. Louis XIV en prend occasion pour redoubler de rigueur contre les gueux valides, éloigner de Paris les pauvres de province en leur imposant des conditions de résidence et renouveler l’interdiction de mendier.

Les peines portées par l’édit de 1656 contre les fainéants n’étant pas suffisantes pour abolir entièrement ce désordre, Louis XIV eut recours à d’autres châtiments. Il donna aux directeurs des hôpitaux généraux le droit de saisir par leurs archers les vagabonds âgés de 16 ans et au-dessus, qui seraient surpris en flagrant délit de mendicité, de les renfermer le temps qu’ils jugeraient convenable, de les astreindre aux travaux les plus rudes et de les tenir au besoin prisonniers toute leur vie s’ils s’obstinaient à vivre dans la paresse. Il y a même un article du règlement qui menace des galères à perpétuité les mendiants rebelles qui s’évaderont après avoir été enfermés quatre fois. On n’agissait pas autrement à Nantes, en 1680.

Plus heureuse que la capitale du royaume, la ville de Nantes avait réussi à fonder dans les anciens bâtiments de son Sanitat, un dépôt de mendicité dès l’année 1650 ; les autres villes du diocèse n’imitèrent son exemple que trente années plus tard. Le duc de Chaulnes, qui gouverna la Bretagne de 1670 à 1695, comprenant que l’action administrative toute seule ne réveillerait pas le zèle endormi des municipalités, si les coeurs n’étaient profondément remués par la prédication des grands préceptes de l'Evangile, résolut d’appeler dans l'Ouest un apôtre capable de prêcher une croisade contre la mendicité. Cette mission ne pouvait mieux convenir qu’à un père jésuite nommé Chaurand, digne émule de saint Vincent de Paul, dont la vie n’est pas assez connue. « Il avait reçu du ciel, dit Crétineau-Joly, un talent particulier pour annoncer la parole de Dieu et toutes les qualités nécessaires pour réussir dans l’oeuvre apostolique des missions ; il évangélisa plus de 90 diocèses avec un succès prodigieux. En même temps il travailla efficacement à éteindre la mendicité dans une multitude de villes, par l’établissement de maisons de charité où les véritables pauvres trouvaient, avec l’instruction religieuse, la nourriture et le travail. 126 hôpitaux fondés par ses soins et dirigés par les sages règlements qu’il leur prescrivit, sont un témoignage non équivoque des bénédictions accordées à son zèle. D’un bout de la France à l’autre, les gouverneurs de province, les évêques et les princes, l’appelaient pour créer et organiser des fondations de ce genre. Sa réputation franchit les Alpes. Sur le récit des merveilles opérées par cet homme de Dieu, le pape Innocent XII conçoit le projet d’implanter dans sa capitale une œuvre à laquelle la France entière applaudit et de changer en hôpital son palais de Latran. Mais non content d’imiter le P. Chaurand, le Souverain Pontife, veut que le jésuite applique lui-même les règles qu’il a tracées et il désire aussi apprendre de sa bouche par quel artifice son zèle vient à bout de créer tant de ressources » (Histoire de la Compagnie de Jésus, par Crétineau-Joly, t. IV, chapitre V).

Tel était le missionnaire que le duc de Chaulnes appela en Bretagne. Les biographes qui voudront raconter en détail la série de ses courses apostoliques dans le diocèse de Nantes, trouveront la trace de son passage à Ancenis, à Châteaubriant, à Clisson, à Guérande et au Croisic. On a la preuve que le P. Chaurand visita ces villes dans le courant de l’année 1680.

Si son nom ne figure pas dans l’histoire des hôpitaux de Blain, de Bourgneuf, de Machecoul, de Paimbœuf et de Pornic, il n’en est pas moins vraisemblable que ses prédications ont préparé les moyens dont on s’est servi pour les établir et les consolider.

Des douze hôpitaux généraux fondés dans le diocèse de Nantes avant 1790, neuf ont pris naissance sous Louis XIV.

Ceux de Pornic et du Loroux sont nés sous Louis XV et celui de Machecoul sous Louis XVI. Guérande et Nantes sont les seules villes qui aient eu assez de ressources pour entretenir un établissement spécial pour les mendiants et les orphelins. Partout ailleurs les malades étaient logés sous le même toit que les pensionnaires de l’hôpital général. Ni les uns ni les autres n’ont eu d’existence assurée sur un solide revenu foncier. Le casuel lui-même dont ils ont été gratifiés par la royauté n’a pas toujours suffi à les préserver de la détresse. Ils ont vécu d’expédients en spéculant sur le désintéressement des servantes, en prenant des sommes à fonds perdu, en acceptant des pensionnaires aisés, en affermant leurs privilèges au plus offrant, et surtout en renouvelant les quêtes. Les lettres patentes que j’ai eu le soin de publier à la fin de chaque chapitre, montreront en quoi consistait la confirmation accordée par le roi à chaque hôpital et jusqu’où la juridiction des évêques s’étendait dans l’administration intérieure. Quand un évêque était en tournée pastorale, il était d’usage qu’il visitât les hôpitaux et vérifiât les comptes. Le bureau de direction, suivant la déclaration de décembre 1698, devait se composer des officiers du roi, du maire et du curé, directeurs nés, et de quelques bourgeois éligibles et renouvelables. Ces règles, posées par Louis XIV, n’ont pas été modifiées par ses successeurs (L. Maître).

Voir aussi Hôpital Général  L'Hôpital Général d'Ancenis.

Voir aussi Hôpital Général  L'Hôpital Général de Blain.

Voir aussi Hôpital Général  L'Hôpital Général de Bourgneuf-en-Retz.

Voir aussi Hôpital Général  L'Hôpital Général de Châteaubriant.

Voir aussi Hôpital Général  L'Hôpital Général de Clisson.

Voir aussi Hôpital Général  L'Hôpital Général de Guérande.

Voir aussi Hôpital Général  L'Hôpital Général du Croisic.

Voir aussi Hôpital Général  L'Hôpital Général de Paimboeuf.

Voir aussi Hôpital Général  L'Hôpital Général de Machecoul.

Voir aussi Hôpital Général  L'Hôpital Général de Pornic.

Voir aussi Hôpital Général  L'Hôpital Général du Loroux-Bottereau.

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