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HÔPITAL GÉNÉRAL DE PORNIC

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La petite ville de Pornic a eu, dans le passé, une situation égale à celle de Prigny, de Bourgneuf et de Machecoul. Comme ces trois villes principales du duché de Retz, elle a été le siégé d’une châtellenie ; son port était fréquenté par de nombreux marins, plusieurs grands chemins rayonnaient autour d’elle, voilà bien des raisons d’admettre qu’elle n’a pas été privée d’établissement hospitalier au Moyen-Age. Les seigneurs qui ont élevé l’abbaye de Sainte-Marie, les prieurés de Haute-Perche, de Saint-Etienne du Clion, les chapelles du Tabier, du Bourg-aux-Moines et de Saint-Thomas, et tant d’autres monuments religieux sur leurs terres, n’ont pas pu oublier les besoins des vassaux groupés autour du château de Pornic. C’est ici qu’il est permis d’user de l’induction et d’en tirer les conséquences les plus étendues. Les archives de l’abbaye et de la châtellenie ayant disparu en grande partie, je ne vois pas de méthode plus sûre pour reconstituer une partie de l’inconnu que nous cherchons.

Les puissants seigneurs de Retz ont semé à profusion les fondations charitables et pieuses sur les territoires de Bourgneuf, de Machecoul et de Prigny ; il est donc vraisemblable que la quatrième châtellenie a eu son lot dans la répartition de leurs bienfaits. Au reste, mes conjectures ne reposent pas dans le vide, elles s’appuient, comme on l’a vu, sur l’existence du prieuré de Saint-André, donné en 1050 aux moines de Redon et d’un bénéfice de Saint-Thomas (Statistique et histoire de l’arrondissement de Paimboeuf, canton de Pornic, Chevas, 1 vol. in-8). Le patron de l’église paroissiale Saint-Gilles, dont le culte remonte aux temps les plus reculés à Pornic, porte aussi en lui-même une révélation dont il faut tenir compte. Ce vocable, cher aux Templiers, indique, à n’en pas douter, que ces religieux hospitaliers ont résidé sur la côte de Pornic [Note : Le curé de Sainte-Marie dépendait féodalement de la commanderie de Nantes (Terrier de la réformation de 1680, vol. V, f° 89)]. Partout où survit l’invocation de Saint-Gilles, cherchez et vous rencontrerez, à côté des ruines d’une chapelle, la trace d’une templerie. Le fait est facile à vérifier chez nous, à Clisson et à Saint-Aubin-des-Châteaux.

Aucune ombre n’enveloppe les origines de l’hôpital actuel de Pornic. Il n’est pas besoin de remonter jusqu’aux temps de la Féodalité pour narrer les circonstances qui ont amené sa création. Quoique contemporain du règne de Louis XV, il a des antécédents qui le rapprochent du règne de Louis XIV ; on sait positivement que la publication de l’édit de 1662 fut accueillie dans la ville de Pornic et aux alentours, par de nombreux témoignages d’adhésion. Les principaux habitants des paroisses de Sainte-Marie, de Saint-Michel-Chef-Chef, du Clion et de Chauvé se réunirent à ceux de Pornic pour délibérer sur les moyens d’exécution, et leur pensée était de construire à frais communs un hôpital général ; mais en additionnant toutes les ressources dont ils disposaient, ils reconnurent que l'oeuvre n’était pas possible sans le concours d’un legs important (Chevas, ibidem).

Plus d’un demi-siècle s’écoula avant que le bienfaiteur attendu se présentât. Le projet paraissait enseveli dans le plus profond oubli quand un riche habitant de Pornic, Gabriel Paisnot (ou Paynot), sieur du Marais, voulut que sa fortune fût employée à le réaliser. Son testament, rédigé le 21 avril 1713 et ouvert en 1718, prélevait sur la succession une part que les héritiers jugèrent trop large. En voici les termes : « Et quant à la maison située sur les Sables, avec les magasins au derrière, je la donne aux pauvres de Pornic, Sainte-Marie, Chauvay, Le Clion et Saint-Michel, pour fonder un hôpital avec tout ce que je peux délaisser de meubles, argent, crédits qui me seraient dus lors de mon décès, sans que mes héritiers y puissent rien prétendre, à l’exception de ce que me peuvent devoir mes cousins germains, dont je leur fais don sans qu’ils en soyent recherchés, ainsi que tous mes autres crédits et effets. Ils serviront à fonder ledit hôpital pour les pauvres malades » (Archives de l’hôpital, A 1). Une transaction intervint le 22 juin 1719 et mit fin à toute réclamation en réduisant le legs à une maison, à quelques cantons de terre et à 16.000 livres en argent, le tout équivalant à une rente de 12 à 13 cents livres [Notre : Voyez à la fin du chapitre les lettres patentes de 1721. Je n’ai pu retrouver la transaction].

L’habitation que la soeur de Paisnot abandonna aux pauvres dans la ville était précisément celle qui convenait le mieux par son emplacement à la création d’un hôpital. Si les malades actuels de Pornic ont l’agrément de jouir de la vue d’un vaste horizon, de respirer l’air le plus pur, de se promener sur une terrasse exposée au Midi, c’est à la famille Paisnot qu’ils le doivent.

Ce domaine ornait jadis une gentilhommière dont le nom, Monplaisir, eut un certain retentissement, grâce aux poésies de René de Bruc, qui le posséda au XVIIème siècle. Une branche de cette famille s’en fit un titre distinctif jusqu’en 1810, bien qu’elle s’en fût dessaisie depuis longtemps. Par le testament de Paisnot, Monplaisir échut en héritage aux paroissiens de Pornic et des alentours. Avant de donner aucune suite à ses intentions, les habitants du Clion, de Chauvé, de Saint-Michel-Chef-Chef et de Sainte-Marie, qu’il appelait à recueillir le bénéfice de ses générosités, jugèrent convenable d’informer le roi de cet heureux évènement et de solliciter son approbation. Aucune opposition ne s’étant manifestée parmi les légataires et l’évêché ayant émis un avis favorable, Louis XV ne fit aucune difficulté d’autoriser une fondation dont les avantages étaient palpables. Les lettres patentes qu’il signa en juillet 1721 diffèrent peu, dans leur teneur, de celles que j’ai eu déjà l’occasion d’analyser ; je me bornerai donc à citer aux pièces justificatives les dispositions les plus essentielles.

Les vieux logements de Monplaisir étaient en trop mauvais état pour recevoir les pensionnaires qu’on se proposait d’admettre immédiatement. Il fallait d’abord exécuter beaucoup de travaux d’appropriation intérieure et consolider les parties chancelantes des édifices. Ces améliorations nécessaires entraînèrent de grosses dépenses qui valurent aux administrateurs d’amères critiques. En 1724, on constatait que les revenus de la maison étaient réduits à 500 livres de rente, et malgré cela, des réparations urgentes s’imposaient encore de divers côtés (Archives d’Ille-et-Vilaine, C 1285). Quand les couvertures vinrent à manquer, en 1732, les sieurs Baulon des Gâts et Chevalier de Grandville furent appelés en garantie et cités en justice. Pendant le procès, qui dura plus de 15 ans, l’administration se trouva plusieurs fois dans un grand embarras. Une délibération de 1734 représente que les appartements tombent en ruine, que les provisions s’épuisent, que la caisse ne contient pas plus de 582 livres et que si le procureur général au Parlement n’obtient promptement un arrêt, on sera dans la nécessité de congédier les pauvres (Livre des délibérations de l’hôpital). En 1747, le plancher de la salle des femmes s’étant écroulé, une des malades fut précipitée dans la cave et peu s’en fallut que l’accident ne devînt mortel. Malgré les instances réitérées des protecteurs des pauvres, l’arrêt attendu ne sortit que le 28 juillet 1747. Ce fut une nouvelle déception pour les directeurs de l’hôpital. Au lieu d’une indemnité à recevoir, ils se trouvaient redevables envers les défendeurs d’une somme de 3.471 livres. Le sieur Baulon, après diverses négociations, consentit, en 1749, à signer un accord qui réduisait la dette de l’hôpital à une rente de 45 livres (Livre des délibérations, f° 47).

L’année suivante, une réclamation non moins sérieuse fut présentée par Henri de Chevigné, seigneur du Bois-Macé, dans le fief duquel était le domaine de Monplaisir. Mal renseignés sur la portée de l’article des lettres patentes qui affranchissait l’établissement de toute imposition, ils refusaient depuis longtemps d’acquitter les droits féodaux dus au suzerain, comme si le roi avait pu leur concéder autre chose qu’une exemption d’amortissement. Cette dette accumulée montait, avec les arrérages, à la somme de 6.255 livres. Au lieu d’intenter un procès, le seigneur, par une suite de justes remontrances, amena ses débiteurs à reconnaître leur erreur, sans avoir toutefois la dureté d’exiger d’eux l’expiation que méritait leur résistance. Si Henri de Chevigné se fût montré impitoyable, l’hôpital était ruiné. Il aima mieux céder à ses sentiments d’humanité et abandonna sa créance.

L’absence du premier volume des délibérations prises par le bureau des administrateurs de 1721 à 1730, nous prive de renseignements sur les personnes charitables qui s’empressèrent de joindre leurs aumônes à celles de Gabriel Paisnot. Il eût été intéressant de savoir de quel don provenaient les huit prairies affermées 370 livres et la maison de la Chalopinière qui fut vendue 200 livres en 1733. Tout ce qu’on peut affirmer, c’est qu’en 1731, les chambres contenaient huit lits dont l’usage se partageait entre les paroisses du Clion, de Chauvé, de Saint-Michel et de Pornic. Les habitants de Sainte-Marie, quoique portés dans le testament du fondateur, ne s’empressèrent pas de faire valoir leurs droits. La délibération qui mentionne leur requête est de 1745. C’est à partir de cette date seulement que le recteur de Sainte-Marie vint siéger au bureau d’administration à côté des recteurs du Clion, de Chauvé, de Saint-Michel et de Pornic (Livre des délibérations de l’hôpital).

En 1767, une personne de la Plaine, dont le nom est ignoré, proposa 1.000 livres et trois lits garnis pour que les pauvres de sa paroisse fussent admis comme ceux des environs. A-t-on craint de déroger aux volontés de G. Paisnot, ou bien la donation a-t-elle paru trop onéreuse ? Je ne sais. Toujours est-il que le voeu émis resta sans suite (Livre des délibérations de l’hôpital).

La chapelle dont la bénédiction eut lieu en 1729, par le ministère du curé des Moûtiers, l’abbé Aubin, demeura en construction au-delà de 1737 et l’édifice répondait si peu à sa destination, qu’il fut reconstruit en 1780, sous prétexte qu’il était « indécent ». Chevas, sur le rapport de documents qui lui ont passé sans doute entre les mains, assure que la maison manquait d’une direction éclairée pendant les années qui précédèrent 1730. M. Carou interprétant à son tour les faits, d’après ce compilateur, se croit autorisé à blâmer le trop grand nombre des administrateurs que le règlement appelait à délibérer sur les affaires de l’hôpital. « Le service en souffrait, dit-il, plus qu’il n’y gagnait, parce qu’il était rare que tant d’hommes s’entendissent entre eux et que leurs perpétuelles divisions paralysaient, ne faisaient même que trop souvent échouer les plus sages mesures et les plus utiles  » (Histoire de Pornic).

Quels sont les directeurs qui furent éliminés alors ? M. Caron ne le dit pas. Il est à croire que les paroisses rurales ont été privées du droit de nommer des délégués puisque les noms des recteurs sont les seuls qui figurent au pied des délibérations à côté de ceux des administrateurs de Pornic, de 1731 à 1790. Une réforme dans le personnel des servantes était non moins nécessaire. On alla jusqu’à Nantes, en 1730, chercher une soeur hospitalière capable de traiter avec intelligence les malades. Cette fille, nommée Mathurine Leray, garda ses fonctions 5 ans et fut remplacée en 1736, par les deux demoiselles Rayé, de Montaigu, qui arrivèrent avec leur mobilier en prenant l’engagement de se vêtir, de payer 40 livres de pension annuelle et de laisser 1.000 livres de don après leur mort (Livre des délibérations, f° 30). Celles qui leur succédèrent offrirent des conditions non moins avantageuses. Les demoiselles Guichet et Gervais qui occupaient, en 1790, la place de gouvernante des pauvres, étaient aussi des filles de bonne volonté qui n’appartenaient à aucune communauté religieuse. On verra aux pièces justificatives que le règlement leur recommandait la plus grande vigilance envers les malades.

Pendant 50 ans, la situation de l’hôpital ne s’est pas modifiée sensiblement. Si les époques de détresse ont été courtes, le trésorier n’a pas non plus reçu d’offrandes assez abondantes pour augmenter le nombre des lits. Il eût été très embarrassé pour acquitter les frais du procès Baulon et les mémoires occasionnés par les réparations des logements, si un legs n’était venu à propos lui fournir l’appoint nécessaire. Les demoiselles Louise Drouet et Marie Laubier, domiciliées à Versailles, voulant fonder des petites écoles charitables à Pornic, leur ville natale sans doute, laissèrent une somme de 1.500 livres qui, après accord conclu avec leurs héritiers, fut réduite à 1.304 livres. Muni d’un arrêt de la Cour du 10 septembre 1748 qui lui permettait de revendiquer de préférence à tous autres les fonds de cette donation, l’hôpital se fit emprunteur moyennant une rente de 65 livres 4 sous (Livre des délibérations, f° 27 à 41). Plus tard, quand la régente Mlle Olivier devint sourde, en 1783, l’école fut transférée à l’hôpital et dirigée par l’une des soeurs hospitalières. La ville, en retour, céda aux pauvres la location de la salle où se tenait la classe.

Le casuel, très restreint, se composait du produit de l’adjudication de la boucherie de carême, soit 40 ou 50 livres et de la collecte faite dans les 5 paroisses admises à jouir des lits. On aurait voulu, en 1753, obtenir comme Bourgneuf et Paimbœuf, l’autorisation de percevoir un octroi sur les boissons, mais les Etats n’accédèrent jamais à ce désir. Les recettes qui s’élevaient, en 1730, à 1.438 livres, descendirent à une moyenne de 791 livres pendant la période des 7 années suivantes ; de 1743 à 1776, elles oscillent entre 673 livres et 1.726 ; puis elles montent tout à coup à un chiffre double et au-delà, sans qu’on aperçoive d’où viennent les fonds. Dans le cours de l’année 1788, les recettes s’élevèrent à 6.150 livres et les dépenses à 5.810 livres, parce que l’administration terminait alors les travaux d’agrandissement et de transformation entrepris en 1781, en vue d’étendre les admissions (Voir les délibérations de 1780 à 1790). Quand la Révolution éclata, le nombre des lits avait été porté à 24.

Les documents ne sont pas d’accord sur le chiffre exact des ressources fixes dont disposait l’hôpital de Pornic en 1790. Dans un état, les recettes inscrites sont de 1.056 livres ; dans un autre, de 1.342 livres, et dans un troisième, de 1.620 livres (Comptes de l’hôpital de Pornic). Le budget suivant, dressé en 1789, est-il plus exact ? Je l’ignore :

Fermes des immeubles : 791 livres.

Constituts : 550 livres.

Rente de 18 boisseaux de blé.

Rente de 29 barriques.

Une réclamation postérieure à l’an V présente un compte tout différent pour la même année :

Immeubles : 2.126 livres.

Constituts : 523 livres.

Dîmes et terrages : 70 livres.

Quêtes et dons : 600 livres.

Bois retenus : 118 livres.

Rente en nature : 1 livre.

Total : 3.498 livres.

En admettant le chiffre de 2.500 livres, nous ne serons pas loin de la vérité.

Le changement de régime fut encore plus désastreux pour l’hôpital de Pornic que pour les précédents. Son mobilier fut saccagé, son linge pillé et quelques dépendances furent incendiées, au mois de mars 1793, par la troupe des Vendéens qui envahirent la ville : c’était un dommage de 11.000 fr. à réparer. Puis vinrent les décrets de spoliation de la Nation qui lui enlevèrent 2.793 livres de revenus et les avances à faire au Trésor pour le traitement des militaires. En réunissant l’état de ses pertes à l’arriéré de ses créances en l’an VII, l’hôpital arrivait à un total de 40.680 livres. Le décret de 1807 ne tint pas compte des privations imposées aux pauvres de Pornic et ne leur attribua en compensation qu’une valeur de 20.990 livres en immeubles.

 

BIENFAITEURS DE L'HÔPITAL DE PORNIC.

1719 Gabriel Paisnot (ou Paynot) du Marais, une maison et ses dépendances à Pornic, plus 16.000 livres.

1722 Marie Baulon, veuve Nau, une rente de 2 boisseaux de blé.

1732 M. Angot, frère de la Congrégation de la Mission, 2.000 livres.

1734. Louis Daniel, vicaire à Chauvé, 600 livres.

1737 Marie Debats, veuve Hemery, 102 livres.

1737 M. Doitte, 100 livres.

1740 Mme Leray (ou Le Ray) de la Piollerie, 1.000 livres.

1749 Jeanne Mouraud de la Corbellière, un legs considérable dont le chiffre est inconnu.

1750 Henri de Chevigné, remise d’une dette de 6.000 livres.

1752 Joseph Bouyer, négociant à Nantes, 10.300 livres.

1753 Perrine Bouyer, une rente foncière de 6 boisseaux, 2 quartaux, 3 boisselées de terre et une rente de 8 livres.

1762 Mathurin Bonamy, notaire, un don de valeur inconnue.

1762 Antoine Burlot, farinier, plusieurs constituts, montant à 1.139 livres de capital.

1764 Veuve Jarnioux, 1.000 livres.

1770 Mademoiselle l'Epinay, 200 livres.

1770 M. l’abbé Bouvron, rente de 26 livres.

1783 Jacques Friou, le tiers de ses biens meubles.

1786 L’abbé du Pargo, 200 livres.

1786 Louise Bonnaire, 150 livres.

1787 M. Benoist, 300 livres.

 

PIÈCES JUSTIFICATIVES.

RÈGLEMENT PRÉSENTÉ AU BUREAU GÉNÉRAL LE 2 JUILLET 1781.

CHAPITRE III.

Des malades et du soin qu’on en doit avoir.

Dès qu’un malade arrivera muni d’un billet d’un des administrateurs ayant droit d’en donner (sans quoi on en recevra aucun), on le recevra avec charité, on avertira le chirurgien pour le visiter et examiner si la maladie est de celles que l’on peut admettre dans les hopitaux. Si elle est incurable ou contagieuse, on se conformera à ce qui est ordonné par les lettres patentes.

Dès qu’un malade sera arrivé, on en donnera avis dans le jour à M. le recteur et on aura soin de l’avertir aussi dès que la maladie paraîtra dangereuse ou que le malade le demandera.

Les malades seront servis avec zèle, charité, toute la propreté et la décence convenables. Les soeurs auront soin que les domestiques ne manquent point à ce devoir et pour s’en faciliter la pratique les unes et les autres auront soin de se rappeler souvent que servir un pauvre c’est servir Jesus-Christ, que le Divin Sauveur a la bonté de promettre à ces sortes de services la même récompense que s’ils lui étoient faits à luy-même.

On aura soin d’avertir le chirurgien toutes les fois que l’état du malade paroistra demander une visite particulière ou les ordinaires que le chirurgien de la maison doit faire.

On sera exact à faire aux malades les remèdes indiqués par le chirurgien et à leur faire observer exactement le régime qu’il aura prescrit, sans s’en écarter sous le spécieux prétexte de condescendre aux désirs d’un malade. Mais en cas de difficulté on consultera le chirurgien auquel les soeurs feront part de leurs observations. D’après sa réponse elles tâcheront de faire entendre raison au malade.

Au surplus suivront l’avis du chirurgien duquel, dans les hopitaux surtout, on ne doit jamais s’écarter.

On veillera à ce que les convalescents ne dérangent pas leur santé par les excès ou d’autre manière et ceux qui seront convaincus d’avoir été manger en ville et surtout d’avoir été boire à l’auberge seront renvoyés sur le champ.

Les soeurs auront soin de veiller pareillement à ce que personne sous prétexte de charité n’apporte ni vin ni liqueurs aux malades...

Il y aura des heures réglées pour la visite des salles, les repas et autres soins nécessaires aux malades : ce qui sera fixé par le chirurgien. Ce qui n’empêchera pas que l’on donne un soin particulier et des attentions plus grandes aux malades dont l’état l’exigera. Et on ne manquera jamais d’aller promptement à la première réquisition d’un malade luy donner ou luy rendre les services dont il aura besoin.

On veillera même la nuit avec attention les malades dont l’état exigera ce soin et on aura soin de se comporter avec la tranquillité nécessaire pour que le repos des malades ne soit pas troublé. Les soeurs veilleront aussy à ce que les étrangers qui viendront ou voir l'hopital, ou visiter quelque malade, ne troublent en aucune manière quelconque la paix et le repos des malades.

Les soeurs feront tous les jours aux malades une petite lecture et auront soin de leur donner souvent des motifs de consolation dans leur peine, de les exhorter à la patience et aux autres vertus nécessaires à leur état. Si la maladie paraît plus dangereuse, et alors et surtout aux approches du dernier moment, que par leurs tendres et vives exhortations ils les doivent animer, fortifier en moribonds pour les disposer à la mort.... (Livre des délibérations de 1777 à 1847, f° 10 et 11 - Archives de l'hôpital de Pornic).

 

LETTRES PATENTES PORTANT ÉRECTION D'UN HÔPITAL A PORNIC.

Louis, par la grâce de Dieu, roy de France et de Navarre, à tous présens et à venir, salut :

Nos chers et bien amez les curés et habitans de la ville de Pornic et des paroisses de Sainte-Marie, du Clion, Chauvay et Saint-Michel au duché de Retz, diocèse de Nantes, en Bretagne, nous ont fait remontrer qu’ils avoient fait leurs efforts pour établir un hopital en exécution de l’édit du mois de juin 1662 qui ordonnoit de pareils établissements dans les villes et gros bourgs de notre royaume pour y retirer les pauvres et les secourir dans leurs besoins spirituels et corporels, sans y avoir pu parvenir ; mais le sieur Gabriel Paisnot du Marais ayant fait un legs par son testament du 21 avril 1713, pour l’établissement d’un hopital dans lad. ville de Pornic, pour le soulagement des pauvres dudit lieu et desdites paroisses Sainte-Marie, du Clion, Chauvay et Saint-Michel, lequel a été réglé avec ses héritiers par transaction du 22 juin 1719, à une maison et héritages dans ladite ville de Pornic et à 16.000 livres en argent, le tout produisant 1.200 à 1.300 livres de revenu, les exposans se voyent en état avec ce fonds de jeter les premiers fondements dudit hopital.

Cependant, comme ces établissements ne peuvent être stables sans être authorisés par nos lettres-patentes, il nous ont très humblement fait supplier de les leur accorder. A ces causes voulant contribuer en tout ce qui peut dépendre de nous, à l’exécution d’une entreprise aussi nécessaire au public et seconder les pieuses intentions de celui qui a commencé à faire un don pour le soulagement des pauvres ;

De l’avis de notre très cher et très amé oncle le duc d'Orléans, petit fils de France, régent, etc., et autres pairs, grands et notables personnages de notre royaume, après avoir fait examiner en notre Conseil les délibérations des habitants de lad. ville de Pornic et des paroisses du Clion, Saint-Michel et Chauvay du 16 juillet 1719, l’avis et consentement du sieur évesque de Nantes et autres pièces y attachées sous le contre-scel de notre chancellerie, de notre grâce spéciale, pleine puissance et authorité royale, nous avons dit, statué et ordonné, disons, statuons et ordonnons par ces présentes signées de notre main, ce qui suit :

ART. I.

Que la maison et héritages provenant du legs fait par ledit Paisnot du Marais, situez dans ladite ville de Pornic soient destinez à un hopital général pour le logement des pauvres, qu’au dessus de la principale porte il soit mis l’écusson de nos armes avec cette inscription (HOPITAL GÉNÉRAL DE PORNIC). Duquel hopital nous voulons être le protecteur et conservateur, sans néanmoins qu’il dépende en façon quelconque de notre grand aumônier, ny d’aucuns de nos officiers auxquels nous en interdisons toute visite et supériorité.

ART. II.

Que dans ledit hopital soient renfermez tous les pauvres malades et mandians de l’un et de l’autre sexe, qui ne peuvent subsister de leur bien et travail, natifs et originaires de ladite ville de Pornic ou desdites paroisses Sainte-Marie, du Clion, Chauvay et Saint-Michel ou qui y sont domiciliez et demeurans depuis cinq ans, pour y être soignez et instruits dans la crainte de Dieu et y apprendre quelque métier ou vacquer au travail dont ils seront jugez capables.

ART. III.

Le gouvernement ou administration dudit hopital étant ce qu’il y a de plus important et qui mérite la principale attention, nous voulons qu’il y ait un bureau ordinaire composé des curés de la ville de Pornic et des paroisses du Clion, Chauvay et Saint-Michel, du premier officier de justice de ladite ville, y demeurant et du procureur fiscal dudit lieu, lesquels seront directeurs-nez.

ART. IV.

Outre lesquels il en sera choisi de trois ans en trois ans, dans les assemblées générales qui seront tenues le nombre de trois d’entre les principaux bourgeois et habitans de ladite ville et un ou deux dans chacune des trois autres paroisses, lesquels auront entrée et séance après les directeurs-nez et voix délibérative dans le bureau de direction, pendant ledit temps. Et pour la première fois nous nommons pour directeurs les sieurs de la Gaverais et des Gâts-Baulon, pour la ville de Pornic ; les sieurs Cyr Baulon et Jan Allégrin, pour la paroisse du Clion ; les sieurs 0llivier Dousset et Joseph Gendron, pour celle de Chauvay et le sieur Jan Chalumeau, pour celle de Saint-Michel, lesquels commenceront les trois années de leur charge, du jour de l’enregistrement des présentes.

ART. V.

Et afin qu’a l’avenir les directeurs soient pleinement instruits du gouvernement et de l’administration des affaires dudit hopital général, nous voulons qu’après les trois années expirées, ils en choisissent tous les ans un ou deux pour remplacer ceux qui sortiront, en sorte qu’il en reste toujours plus d’anciens que de nouvellement élus et que, pour cet effet, ceux nommés par ces présentes continuent leur charge au-delà des trois années, jusqu’à ce qu’ils soient entièrement remplacés.

ART. VIII.

Quant au bureau ordinaire de direction, qui sera au moins composé de trois directeurs-nez ou élus, il s’assemblera une fois la semaine dans ledit hopital général, au jour et à l’heure qui auront esté arrestez par le bureau.

ART. IX.

Il sera tenu de trois mois en trois mois, un bureau général où seront convoquez les anciens administrateurs dudit hopital général, lesquels prendront place après les administrateurs actuellement en charge ; on y fera révision des affaires réglées dans les derniers trois mois et on y rendra les comptes, sans que les affaires importantes, telles que sont les emplois des deniers ou allienations de fonds puissent être réglez ailleurs que dans ces bureaux.

Si donnons en mandement, etc.

Donné à Paris, au mois de juillet, l’an de grâce 1721, et de notre règne le sixième, signé : Louis. Par le roi, le duc d'Orléans (Mandements royaux, vol. XLVIII, f° 115 et suivants). (L. Maître).

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