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HÔPITAL GÉNÉRAL DE GUÉRANDE

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Les exhortations du père Chaurand trouvèrent autant d’écho parmi la population de Guérande que dans les villes précédentes. A son instigation, trois administrateurs, un prêtre, un gentilhomme et un bourgeois furent désignés pour recueillir les offrandes des personnes qui voudraient contribuer aux frais d’établissement d’un hôpital général et commencèrent leurs quêtes en 1681. Je n’ai pas découvert les noms des bienfaiteurs chez lesquels ils rencontrèrent le plus de dévouement à leur oeuvre, je sais seulement que le 2 mars 1688 ils avaient en main de quoi payer l’acquisition d’un immeuble de 5.000 livres, situé au faubourg Saint-Michel, nommé la maison de Larloc et entreprendre des constructions. La chapelle fut bénie le 8 septembre 1689 (Archives municipales de Guérande).

Que s’est-il passé dans les vingt-cinq années qui ont suivi ? Je ne puis en parler que d’après un état de situation sommaire envoyé à l’intendant de la province en 1723. La plus grande partie des dons faits à l’hôpital étaient des fondations pieuses dont l’acquittement était onéreux. Avant la liquidation des billets de banque il jouissait de 600 livres de rente sur lesquelles il avait à payer les honoraires de 404 messes.

Après la banqueroute de Law, la maison se trouva réduite à un revenu fixe de 435 livres en additionnant le produit des rentes foncières ou constituées, des marais salants, des vignes et des prairies. Pour faire vivre les 50 ou 60 indigents de l’hôpital, il fallait cependant trouver chaque année au moins 3.000 livres sans parler des accessoires : le déficit se comblait avec les aumônes. On estimait que l’entretien de chaque pauvre renfermé revenait à 5 ou 6 sous par jour. La population intérieure se composait d’enfants, de vieillards et d’idiots confiés à la surveillance de sept filles dévotes qu’on appelait soeurs de Sainte-Catherine, bien qu’elles n’eussent fait aucun voeu (Intendance de Bretagne. - Archives d'Ille-et–Vilaine, C 1290). On donnait toujours le nom de frère et de soeur aux personnes qui acceptaient les fonctions hospitalières.

Les dispositions provisoires adoptées dans l’installation primitive, se prolongèrent au-delà du terme souhaité. Un bienfaiteur, le sieur Ricordel, avait légué en 1708 une créance de 1.100 livres, à toucher à la Martinique, en spécifiant qu’elle serait employée à construire un logement pour séparer les sexes, mais il ne paraît pas que cette offrande ait été recouvrée, car en 1721, les directeurs étaient encore à la poursuite du débiteur (Registres des délibérations de 1721 et de 1758). A l’occasion d’un autre don de 535 livres, fait aux mêmes intentions en 1758, nous apprenons que la séparation désirée n’était pas un fait accompli à cette époque et nous doutons que la maison ait jamais été dans une aisance assez grande pour augmenter le nombre de ses chambres. Dès que la population s’élevait au nombre de 70 ou de 80 personnes, la détresse envahissait l’hôpital et obligeait les administrateurs à solliciter des secours extraordinaires. En 1730, ils demandèrent la réunion du bénéfice de Saint-Jean-de-Larloc, et en 1756, ils convoitèrent, nous l’avons vu, le patrimoine de l'Hôtel-Dieu en réclamant une fusion des deux établissements. Toutefois, quand la réussite de leurs plans l’exigeait, ils savaient fort bien déguiser la gêne habituelle de leur trésorier. « Il serait sans doute à souhaiter, disent-ils dans un mémoire de 1756, que l’hôpital général eut des revenus plus considérables qu’il n’a, mais tel qu’il est il se soutient et se soutiendra tant et si longtemps qu’il sera bien administré. La mise de 1751 et de 1752 lui a fait consommer le franchissement de quelques petits contrats, mais elle ne l’a pas réduit à la nécessité de diminuer le nombre ordinaire de ses pauvres, ni de contracter des dettes. Il s’est même trouvé en état, dans les plus mauvaises années, de faire construire un grand corps de logis pour mettre ses bestiaux et ses fourrages » (Mémoire de 1736 relatif à la réunion de l'Hôtel-Dieu. – Archives départementales, série H). Le rédacteur du mémoire oubliait que trois ans auparavant, en 1753, le trésorier pressé par une dette de 2.000 livres avait emprunté 3.000 livres, et qu’à l’heure même où il écrivait, il n’avait que 800 livres de fixe. On peut expliquer cette pénurie persistante par ce fait que trois établissements se partageaient, à Guérande, le soin de la distribution des secours aux indigents, et travaillaient chacun de leur côté à augmenter leur patrimoine.

Pendant que l'Hôtel-Dieu soulageait les malades, que l’hôpital général nourrissait les mendiants valides et les vieillards sans asile, une autre administration, la société des Dames de Charité se mettait à la recherche des pauvres honteux pour les assister. Cette société, dont les commencements remontent à l’époque du passage du père Chaurand et peut-être à une date antérieure, recueillit de suite de nombreux témoignages de sympathie qui lui permirent de donner une grande extension à ses distributions. Les associées se recrutaient elles-mêmes, elles délibéraient sous la présidence du recteur de Saint-Aubin, et remettaient leurs fonds à un trésorier.

Le chanoine Jean Guilloré avait légué en 1709, à la société, une maison située près de la cure de Guérande où vivait une fille de confiance toujours prête à seconder les dames dans leurs répartitions. Leur indépendance, longtemps paisible, fut troublée au milieu du XVIIIème siècle par une modification dans la législation relative aux confréries et aux associations. Comme elles n’avaient pas d’existence légale reconnue par lettres-patentes, elles furent menacées de dissolution par l’édit du mois de mars 1749, mais un arrêt du Parlement du 10 octobre 1758 atténua la rigueur de la déclaration royale en rattachant leur institution à celle de l’hôpital général (Délibérations de décembre 1758. – Archives municipales de Guérande). Quatre commissaires dressèrent un inventaire des biens immeubles, des contrats et des titres de propriété de la maison des pauvres honteux, les originaux furent déposés dans les archives de l’hôpital et la trésorière n’eut plus d’autre liberté que celle de recevoir les revenus et de les distribuer. Le droit de placer les fonds et de toucher les remboursements de contrats appartint désormais au bureau des pères des pauvres renfermés.

Ces restrictions ne ralentirent ni la générosité des bienfaiteurs ni le zèle des dames de charité. On les vit augmenter le bien-être de leurs protégés et continuer leur mission jusqu’à la fin du siècle, sans se lasser. Vers 1772, elles n’hésitèrent même pas à s’adjoindre deux soeurs de la Congrégation de la Sagesse, afin que les remèdes fussent mieux préparés et les visites des malades plus régulières.

Ces hospitalières étaient venues à Guérande pour desservir l’hôpital général en décembre 1769. Elles sortirent en 1772, c’est-à-dire dans une année de disette, à la suite d’un désaccord dont il faut sans doute chercher la cause dans les embarras financiers contre lesquels on luttait avec une économie peut-être exagérée. Quoiqu’il en soit, les dames de charité les accueillirent dans leur maison et en firent d’utiles auxiliaires. Les délégués du district qui se transportèrent chez elles le 2 septembre 1790, les virent occupées au même office de servantes des pauvres et constatèrent que les ressources fixes de l’établissement montaient à 874 livres par an (Déclarations de biens. Hôpitaux. – Archives départementales, série Q). Ils en donnent le détail suivant :

Maison à Guérande : 197 livres.

Maison avec jardin et deux cantons de vigne à Saint-Molf : 72 livres.

Constituts : 549 livres.

Rente sur la ville de Guérande : 36 livres.

Rente payée par l'Hôtel-Dieu pour la pension d’une soeur attachée au service des pauvres honteux : 120 livres.

Total : 874 livres.

Dans leurs réponses aux questions qui leur sont posées, les soeurs font observer que ces fonds auraient été tout-à-fait insuffisants pour soutenir l’institution, si les protectrices n’étaient venues journellement apporter leurs propres offrandes.

Si l’hôpital général était déchargé de l’assistance des pauvres honteux, il s’imposait en échange le douloureux devoir de recueillir des fous et des idiots. Les enfants trouvés qu’il envoyait au Sanitat de Nantes ne furent plus exclus de ses salles après 1770 : leur dépense était bien incomplètement couverte par les 120 livres que rapportait l’octroi du papegault. Les recettes ordinaires qui reposaient en grande partie sur le casuel des aumônes variaient tellement d’une année à l’autre que les directeurs étaient parfois obligés de congédier la plupart des pensionnaires. Suivant une requête de l’an V, les revenus n’ont jamais monté au-delà de 2.840 livres dans les meilleures années et on a vu dans les salles jusqu’à 100 personnes à la fois. La fabrication des chasses et la boucherie de carême étaient les seuls privilèges concédés. Les pertes que la Révolution infligea à l’hôpital de Guérande sont ainsi estimées (Requête de l’an V. – Archives départementales, série X) :

Constituts : 1.185 livres.

Papegault : 120 livres.

Boucherie de carême : 236 livres.

Loyers : 300 livres.

Total : 1.841 livres.

Il ne reste pas le moindre document sur les bénéfices que pouvait rapporter la manufacture de serge, mais quand les directeurs en parlent dans les registres de délibérations, ils laissent entendre que le travail des pauvres n’était pas sans profit pour le trésorier (Délibérations de 1732. – Archives municipales). L’impulsion donnée au gouvernement de la maison venait de l’assemblée paroissiale, composée des anciens marguilliers et non pas du corps municipal, par cette raison que l’administration de la charité était regardée comme une fonction ecclésiastique même au XVIIIème siècle. On aurait volontiers maintenu la règle apportée par le père Chaurand pour la composition du bureau, si le Parlement averti de ce qui se passait à Guérande, n’avait rappelé les termes de la déclaration de 1698 à la communauté des habitants. Un arrêt du 7 juillet 1710 exigea que les deux hôpitaux fussent gouvernés, comme tous ceux du royaume, par des directeurs élus et par des directeurs nés assujetis à des séances régulières. A partir de cette époque, on vit siéger au bureau le sénéchal de la juridiction royale, le prévôt de la collégiale, le lieutenant général de police, le maire, le recteur de la paroisse, le sénéchal et le procureur fiscal des régaires de l’évêque, à côté des élus de l’assemblée paroissiale (Registre des délibérations de 1710. – Archives municipales).

 

BIENFAITEURS DES PAUVRES HONTEUX DE GUÉRANDE.

1699 Les dames de charité, rente de 75 livres.

1701-1718 Jean Guilloré, chanoine de la Collégiale, deux maisons d’un revenu de 297 livres et une rente de 100 livres.

1720 Bahuaud, chanoine, une maison louée 72 livres. 

1723 Antoine Paris, garde du trésor royal, 84 livres.

1761 H. Guilloré, Guillaume et Pierre Espinose, rente de 80 livres.

1773 Paul d'Espinose, rente de 75 livres.

 

PIÈCES JUSTIFICATIVES.

LETTRES PATENTES DE CONFIRMATION DE L'HÔPITAL GÉNÉRAL DE GUÉRANDE.

Louis, par la grâce de Dieu, roy de France et de Navarre, à tous présens et à venir salut.

La communauté de la ville de Guérande en Bretagne, nous a très humblement fait représenter que le feu roy, notre très honoré seigneur et bisayeul, auroit permis au père Chaurand, missionnaire apostolique de la Compagnie de Jésus, d’ériger des hôpitaux dans les villes où il n’y en avoit pas, que le père s’étant transporté à Guérande, et ayant vu qu’il n’y avoit point d’hôpital et la nécessité qu’il y avoit d’y en établir un, en auroit conféré avec la communauté de ladite ville qui, n’ayant rien tant à coeur que de pouvoir retirer ses pauvres mandians, non-seulement de leur misère corporelle, mais aussy de remédier à leur misère spirituelle, et par là, procurer leur salut, auroit acheté pour cet effet, une maison scituée aux fauxbourgs de ladite ville, dans laquelle ledit père Chaurand auroit érigé et établi l’hôpital de Guérande en 1680 ; que dès le moment de son établissement on auroit créé trois administrateurs, scavoir : un prestre, un gentilhomme et un bourgeois, pour recueillir les charitez d’un chacun, veiller aux besoins de la maison et pourvoir par là, à la subsistance des pauvres, lesquelz à la fin de leur administration qui duroit deux ans, estoient obligez d’en rendre compte, ce qui a été continué de même par ceux qui leur ont succédé ; que quelque temps après l’établissement de cette maison, on y fit bâtir une chapelle qui fut érigée sous le nom et invocation de Saint-Louis, qui fut bénie le 8 septembre 1689, par le seigneur abbé de Bozon, lors prévost de l’église collégiale de Guérande qui y dit et célébra la messe, qu’on établit aussy dans cet hopital des soeurs économes et gouvernantes, pour avoir soin du dedans de la maison et veiller à ses besoins, mais encore plus pour veiller sur la conduite des filles qui y sont et surtout de celles qui s’y trouvent renfermées par force et méritent d’être châtiées, et pour les faire travailler, en sorte que plusieurs personnes animées du zèle de la charité, par le bon ordre, la régularité des moeurs et la sainteté qu’ilz voyent régner dans cette maison, auroient donné des sommes d’argent, des rentes et des héritages pour parvenir à la consommation d’un ouvrage si important à la gloire de Dieu et si utile au public, au moyen desquels cette maison et par les travaux qui s’y font et les charitez des particuliers, se trouve très en état de se soutenir. Mais comme la communauté de ladite ville de Guérande, apréhende qu’on n’inquiette cette maison et qu’on n’enlève à ses pauvres les fonds qui luy ont été donnez, ne pouvant posséder des fonds en main-morte sans lettres patentes, elle nous à très humblement fait supplier de lui accorder celles sur ce nécessaires. A ces causes, de l’avis de notre Conseil, nous avons de notre grâce spéciale, pleine puissance et autorité royale, approuvé, loué et confirmé, et par ces présentes, signées de notre main, approuvons, louons et confirmons l’établissement dudit hôpital, en la ville de Guérande, sous la juridiction et autorité des seigneurs évêques de Nantes, pour être régi et administré par trois administrateurs, conjointement avec les soeurs économes et gouvernantes qui y ont été établies, leur permettons d’accepter et recevoir tous dons, legs et autres dispositions. Voulons toutefois que ledit hôpital ne soit tenu de nous payer aucuns droits d’amortissement, pour les biens qu’il peut avoir, où pourra acquérir, ou qui luy seront donnez, léguez ou délaissez en quelque sorte et manière que ce soit, ny à nos successeurs roys, dont nous luy avons fait, et faisons don par ces dites présentes, sans préjudice cependant des droits d’amortissement qui pourroient être dûs aux seigneurs particuliers, auxquelz nous n’entendons nuire ny préjudicier. Voulons au surplus que ledit hôpital jouisse de toutes les exemptions et privilèges dont jouissent les autres hôpitaux de notre royaume. Si donnons en mandement, à nos amez et féaux conseillers, les gens tenans notre Cour de Parlement de Bretagne et autres nos officiers et justiciers, qu’il appartiendra que ces présentes ils ayent à faire registrer et de leur contenu, jouir et user ledit hopital, pleinement, paisiblement et perpétuellement, cessant et faisant cesser tous troubles et empêchement contraires. Car tel est notre plaisir. Et afin que ce soit chose ferme et stable à toujours, nous avons fait mettre notre scel à ces dites présentes, données à Versailles au mois de juin, l’an de grâce mil-sept-cens-trente-six et de notre règne le vingt-unième. Signé : Louis. Sur le repli : par le roy, signé : Phelippeaux. Vu et collationné sur l’original, déposé aux archives de Guérande. (L. Maître).

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