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HÔPITAL GÉNÉRAL DE BOURGNEUF-EN-RETZ

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Le petit établissement relevé par les soins de l’archidiacre Binet, dans les circonstances relatées par ailleurs, se composait d’une maison et d’un jardin situés rue du Pont-Edelin, que plusieurs personnes charitables (dont les noms sont restés ignorés), avaient donnés à la ville de Bourgneuf (aujourd'hui Bourgneuf-en-Retz), pour lui procurer les moyens de mettre à exécution l’édit du mois de juin 1662 [Note : Cette maison aurait été construite en 1628, par Pierre Bourgeois, sieur de Bassecour, pour servir d’hôpital, suivant un mémoire de 1757 (Archives de l’hôpital, série B, f°6 du mémoire)]. Le bureau de charité qui s’organisa peu de temps après sous la direction du curé de la paroisse, prit le gouvernement de cet asile et y fit placer les malades de la ville et les matelots de passage qui avaient besoin de secours. Encouragés par le succès de leurs premiers efforts, tous les coeurs généreux s’empressèrent d’ajouter de nouveaux dons à ceux des fondateurs, de sorte qu’en peu d’années la dotation de l’hôpital atteignit un chiffre assez considérable pour tenter un agrandissement [Note : Suivant le préambule des lettres patentes de 1712, l’hôpital aurait eu près de 500 livres de revenus à cette date. Ce chiffre est contesté dans un mémoire de 1760]. Luc Ernaud et Claire Fourneau allèrent au-devant de leurs voeux en faisant l’abandon gratuit, en 1709, d’une maison avec enclos, contenant quatre journaux, situés rue du Pont-Edelin et le 6 avril 1710, entraînés par cet exemple, Jean Hubin de la Geoffrairie, docteur régent de la Faculté de Médecine de Nantes et Marie Hubin, donnèrent à leur tour la moitié du pré du Pâtis (Archives de l’hôpital). Ainsi s’est formé l’emplacement qu’occupe actuellement l’hôpital de Bourgneuf.

La duchesse de Retz, Marguerite de Gondy, dame souveraine du pays, voulant elle aussi offrir son aumône, fit remise, le 11 octobre 1710, des droits d’indemnité, de lods et ventes qui lui étaient dûs à la condition que le terrain resterait dans la mouvance de la châtellenie de Bourgneuf, que les pères des pauvres paieraient les devoirs féodaux accoutumés, qu’une messe serait célébrée à son intention et que ses armes seraient sculptées sur la porte principale. L’évêque du diocèse auquel fut communiqué le projet y donna son approbation, et les habitants appelés à délibérer le 9 mai 1709, accordèrent aussi un plein consentement à la création d’un hôpital général (Archives de l’hôpital). Il ne restait plus qu’à solliciter la confirmation royale : Louis XIV l’accorda par ses lettres patentes de décembre 1712.

Les dispositions contenues dans ces lettres, ne diffèrent pas sensiblement de celles que nous avons citées par ailleurs. Elles nous apprennent que l’hôpital général était tout à la fois un atelier de travail pour les mendiants valides et un Hôtel-Dieu pour les malades du pays, que les indigents des paroisses de Saint-Cyr et de Notre-Dame-de-Bon-Port ne pouvaient s’y faire recevoir qu’après une résidence de 5 ans [Note : On verra à la liste des bienfaiteurs, que plus tard les pauvres de Sainte-Pazanne et de Saint-Mars-du-Coutais y furent aussi reçus, grâce à la générosité de deux bienfaiteurs]. L’administration est confiée à deux directeurs nés, le recteur de la paroisse et le sénéchal, auxquels l’assemblée paroissiale pourra adjoindre tous les 3 ans, par voie d’élection, 3 ou 6 délégués, suivant les besoins. Le bureau ainsi formé est investi du droit de police sur la mendicité et autorisé à fonder une manufacture quelconque, dont les artisans seront privilégiés. Les revenus casuels se composeront du quart des amendes, aumônes et confiscations ordonnées par les juges, des dons faits en termes généraux, des quêtes et du monopole de la viande vendue pendant le carême.

Les édifices parurent bien modestes quand il fallut les décorer du titre pompeux d’hôpital général et y appliquer les armes du roi et des Gondi. Une reconstruction seule pouvait les rendre dignes de leur destination. A la place des deux petites maisons on éleva vers 1720 un beau corps de logis, coupé au milieu par une chapelle, composé de salles hautes et basses et flanqué au couchant d’une aile de bâtiment, le tout couvert en ardoises. L’hôpital était à peine terminé, que chacun s’empressa d’y faire du bien, dit un mémoire de 1760 (Archives de l’hôpital). « Filles, femmes, laïques, médecins, prêtres, tout le monde y laissait ou portait comme l’on faisait autrefois aux pieds des apôtres ».

A mesure que les revenus augmentèrent, l’ambition elle aussi s’accrut, et les administrateurs mirent toute leur gloire à embellir les alentours de l’établissement. On fit planter une vigne de huit journaux, en l’entourant d’un fossé large et profond et le terrain transformé en basse cour fut orné de vastes bâtiments de service. Les témoins de ces embellissements n’étaient pas unanimes à applaudir. La plupart se demandaient s’il était indispensable de faire des dépenses aussi considérables pour un hôpital qui ne contenait pas plus de 15 à 20 malades à la fois, et jugeaient qu’il eût été plus sage de constituer un fonds d’épargne pour les mauvais jours. Ces critiques n’avaient qu’une apparence de raison. Ceux qui connaissaient l’histoire de la fortune des pauvres, l’affluence toujours croissante des dons, répondaient que les bienfaiteurs encourageaient la conduite des directeurs.

En jetant les yeux sur les comptes, on voit que de janvier 1708 à décembre 1714, le trésorier avait reçu de toutes mains, dans ces 7 années, la somme de 6.677 livres et qu’il avait dépensé 6.674 livres (Inventaire des titres de l’hôpital, f°s 66-70. - Archives de l’hôpital).

En 1719, les revenus ordinaires se décomposaient comme suit :

Huit aires de marais.

Le marais de la Palette.

Le vieil hôpital affermé, 15 livres.

Les Grandes Baires, 18 livres.

Cinq titres de rente montant en total à 115 livres.

Les quêtes faisaient l’appoint du reste.

Le compte qui s’étend du mois de janvier 1722 au mois d’avril 1726, accuse en recette 10.985 livres et en dépense 11.259 livres (Livre des délibérations du bureau de l’hôpital, f) 119).

Dans la période qui suit la situation est encore meilleure. En trois années, de 1734 à 1737, les recettes montèrent à 18.580 livres et les dépenses à 18.174 livres. En 1748, on estimait que le revenu fixe ordinaire d’une année valait, pour l’hôpital, 2.158 livres. Cette somme qui suffisait dans les temps de bonne récolte, était promptement absorbée quand survenait une disette. Les années calamiteuses qui précédèrent celle de 1748, réduisirent beaucoup de familles à l’indigence et mirent les pères des pauvres dans la nécessité d’implorer les secours de l'Etat et de l'Evêché. Le roi apprenant la détresse des habitants de Bourgneuf, envoya par l’intendant 400 quintaux de riz, dont le quart fut attribué ensuite au bureau des pauvres de Machecoul. Par une économie mal entendue, les administrateurs de l’hôpital firent durer les distributions pendant 18 mois, dit un mémoire du temps, si bien qu’après la disette il restait encore une quantité considérable de riz, dont la vente produisit 2.000 livres. Chaque indigent n’en recevait que deux chopines par mois (Archives de l’hôpital, série B).

De son côté, l’évêque du diocèse voulant contribuer au soulagement des misères qui lui étaient signalées, autorisa par décret du 18 décembre 1749, la réunion des bénéfices de Saint-Nicolas, de Sainte-Catherine, de Saint-Julien et de Saint-Jean au patrimoine de l’hôpital [Note : Livre des délibérations du bureau, p. 138 et 139. Il avait déjà approuvé, en 1720, la réunion du prieuré de Saint-Laurent, affermé 450 livres]. Il y mit seulement pour condition la charge d’entretenir un prêtre régent qui tiendrait une école charitable, où les enfants apprendraient à lire et à écrire sans payer plus de 20 sous par mois pour les leçons de latin. L’instruction du peuple était alors regardée comme une des formes de la bienfaisance, on voyait fréquemment l’école primaire de la paroisse placée sous le protectorat de l’hôpital. Une nouvelle réunion de bénéfices consacrée par l’évêché en 1760 sous les mêmes obligations, amena la création d’une école de filles, dont la direction fut confiée aux hospitalières (Délibérations, f° 174).

Chaque fois que les administrateurs sollicitaient une subvention sous une forme ou sous une autre, ils rencontraient devant eux des adversaires qui en prenaient occasion pour critiquer leurs actes. Dans cette malheureuse période qui s’écoula entre 1750 et 1760, les archives se remplissent chaque année de requêtes, de placets, de mémoires, de répliques, de remontrances, de procès et de défenses. Si le roi accorde un secours de 1.000 livres, on accuse leur imprévoyance ; s’ils obtiennent des annexions de bénéfices, on dit, qu’ils privent le clergé des campagnes de ses ressources, s’ils se plaignent des frais que leur impose le passage des gens de mer on les taxe d’imposture. Le renouvellement de l’octroi de 6 deniers par pot de vin, concédé pour 9 ans à l’hôpital, par arrêt du Conseil du 22 mars 1753, fut le signal de nouvelles récriminations (Archives de l’hôpital, série B. Casuel). Les habitants de Saint-Cyr, de Bourgneuf, de la Frazellière, de Sainte-Pazanne, de Port-Saint-Père, de la Bernerie, des Moûtiers, de Fresnay, du Port-de-la-Roche et de Saint-Mars-de-Coutais, qui supportaient le poids de cette imposition au profit des pauvres de Bourgneuf, courbèrent la tête la première fois, mais en 1760, lorsqu’il fut question de prorogation, le mécontentement éclata si fort, surtout au Port-Saint-Père, que l’intendant de la province laissa tomber la perception des 6 deniers à son échéance (Délibérations, f° 154). Cependant les directeurs de l’hôpital se plaignaient bien haut. Ils représentaient que beaucoup de matelots prenaient leur route au bureau des classes de Bourgneuf, pour se rendre à Rochefort ou en Bretagne, qu’il en résultait un surcroît de malades, que les dépenses variant entre 4.000 et 5.000 livres, et les revenus ne dépassant pas 2.000 livres, ils ne parvenaient à régler leurs comptes annuels même avec le produit de l’octroi montant à 462 livres (Délibérations, f° 178), que grâce à la générosité des quatre dames hospitalières qui leur venaient en aide à chaque déficit (Archives de l’hôpital. – Lettre de 1761). Le subdélégué chargé de prendre des informations compulsa le registre de 1762, et trouva sur le registre d’entrée des matelots et des grenadiers royaux qui avaient eu leur quartier d’hiver à Bourgneuf. Il aurait pu voir également que l’hôpital avait reçu en 1756, 124 malades ; en 1758, 127 ; en 1760, 172.

D’un autre côté, les pères des pauvres, depuis 10 ans, poursuivaient la réussite d’un procès qui leur donnait non moins de soucis. Il s’agissait de reconquérir sur le couvent des Cordeliers la part que Gérard de Machecoul avait attribuée à l’hôpital, et d’arracher aux religieux une partie des arrérages dont ils jouissaient depuis deux siècles. Voici dans quelles circonstances cette lutte importante s’engagea. Le frère Janin, gardien du couvent, trompé par une vague tradition, prétendait que sa maison avait des droits sur l’hôpital. Il remit ses plus vieux titres à un procureur versé dans les recherches, qui, après les avoir lus attentivement, conféra de ce qu’il avait vu avec l’intendant du duc de Retz. Celui-ci, désireux de posséder une copie du titre primordial des Cordeliers qu’il ne connaissait pas, obtint du gardien que la charte de Jean de Craon serait remise chez un notaire de Machecoul, qui devint par ce fait dépositaire d’un collationné (Mémoire de 1757, p. 2 et 3. – Archives de l’hôpital, série B). C’est là que les directeurs de l’hôpital de Bourgneuf, instruits du contenu, se procurèrent, avec l’assistance du sénéchal, une expédition du titre qu’ils cherchaient depuis si longtemps.

Cette découverte remplit de joie tous ceux qui avaient conservé l’espérance de voir triompher la cause des pauvres. Malgré l’oeuvre destructive des siècles, une tradition constante répétait dans le pays qu’un hôpital avait été fondé au XIVème siècle, en même temps que le couvent des Cordeliers. Sur le mur de la chapelle Saint-Jean, les amis du passé montraient les vestiges de la porte qui communiquait à l’hôpital, dans le mur de clôture, les traces d’une autre porte d’entrée et dans les jardins des restes de fondations et des décombres qui marquaient son emplacement (Premier mémoire de Bazillais. - Archives de l’hôpital, série B). En consultant les lettres patentes de 1712, on vit qu’il serait facile d’entamer une instance. L’article 35, que la prudence des administrateurs d’alors avait sans doute fait insérer dans le projet de rédaction, leur donnait le droit de revendiquer, au profit de l’hôpital, tous les biens et revenus affectés à la subsistance des pauvres qui auraient été usurpés ou employés à d’autres usages.

Appuyés sur ce texte et sur la transaction conclue avec Jean de Craon, les directeurs intentèrent au couvent une action en réintégrande qui amena devant le Présidial de Nantes une avalanche de procédures de toutes sortes.

Commencé en 1750, ce procès ne dura pas moins de dix années. Au lieu d’entrer de suite en arrangement pour éviter le scandale d’un débat public, les Cordeliers eurent la témérité de se défendre pied à pied en usant de toutes les arguties, de toutes les exceptions de droit, de tous les moyens dilatoires que pût imaginer leur procureur. Il faut lire ces lourds cahiers de productions et d’inductions pour se faire une idée de ce que l’esprit de chicane est capable d’inventer, dans ces tournois judiciaires. Dès l’entrée en lice, les plaideurs oublient la réserve que commande leur rôle pour se battre à coup d’invectives et d’épigrammes avec l’acharnement de deux adversaires en champ clos. Comme on le présumait, les demandeurs sortirent victorieux du combat. Par sentence du 11 août 1756, les Cordeliers furent condamnés à abandonner à l’hôpital la propriété, de 450 aires de marais et de 25 hommées de pré, à rapporter le produit de la jouissance de ces biens depuis 1750 et de plus à payer une somme de 500 livres pour la valeur des édifices et du fonds de l’ancien hôpital (Archives de l’hôpital, série B et D).

Cette condamnation ne satisfaisait aucune des parties : les religieux la trouvaient trop rigoureuse et les pères des pauvres trop indulgente. La lutte recommença donc à Rennes non moins vive qu’à Nantes, devant le Parlement, qui donna gain de cause aux demandeurs en aggravant encore les chiffres des dommages et intérêts pour les religieux. L’arrêt qui est du 7 août 1759 réduit à 300 livres l’indemnité des édifices, mais il condamne les Cordeliers à rapporter les arrérages des 29 années qui ont précédé la demande, ceux des années écoulées depuis, y compris les intérêts, et, de plus, à payer les 15/16 des frais du procès.

En comptant les levées de 38 ans de jouissance sur le pied de 450 livres par an, prix de la ferme, en y ajoutant les intérêts échus, le prix de l’emplacement et les dépens, on formait un capital que les religieux n’étaient pas en état de se procurer, Pour se libérer, ils proposèrent de prendre à leur charge le service de toutes les fondations pieuses de l’hôpital, et d’abandonner la propriété de tous les biens fonds, droits immobiliers, actions et rentes qui leur appartenaient dans l’île de Bouin, dont le produit leur donnait 900 livres ; de plus, de céder 4 journaux 5 boisselées de terre en Bourgneuf, avec 57 aires de marais [Note : Archives de l’hôpital, série B. Le roi confirma cet accroissement de patrimoine par ses lettres patentes de décembre 1770 (Délibérations, p. 195)]. Les administrateurs acceptèrent un arrangement sur ces bases, heureux de mettre un terme à des procédures qui n’avaient pas absorbé moins de 3.000 livres. Bien que la récolte des marais salants fût très inégale, il n’en est pas moins certain que les revenus des pauvres de Bourgneuf augmentèrent notablement après la défaite des Cordeliers. Le tableau suivant en est la preuve :

De novembre 1754 à mai 1757. Recette : 14.037 # et Dépense : 13.608 #.

De décembre 1768 à janvier 1770. Recette : 7.689 # et Dépense : 7.546 #.

D’avril 1780 à avril 1781. Recette : 8.164 # et Dépense : 7.907 #.

D’avril à décembre 1787. Recette : 11.752 # et Dépense : 8.680 #.

En 1786, le tableau des domaines, rentes et charges se décomposait ainsi :

Etat des domaines, rentes et revenus.

CHAPITRE Ier.

DOMAINES.

La maison de l'Hôtel-Dieu avec son pourpris.

La maison de l’école charitable.

Le clos de vigne des Sinandières.

1 journal de vigne près les étangs de Bourgneuf.

1 journal de vigne blanche.

Le pré des Breffes, de 4 journaux 1/2.

Les deux tiers de la dîme du fief des Brômeries.

Ces domaines, exploités par l’hôpital, donnaient un revenu annuel de 400 livres.

CHAPITRE II.

DOMAINES AFFERMÉS.

La métairie de la Priouté et ses dépendances.

8 maisons à Bourgneuf à Saint-Mars-de-Coutais, à Saint-Cyr et à Bouin.

26 boisselées de terre.

39 journaux de terre en pré ou autrement.

3 hommées de pré.

Tous ces domaines estimés en revenu à : 2.519 livres.

1866 aires de marais à 6 sous l’aire : 539 livres 16 sols.

9 journées, 2 boisseaux de mil, 1 boisseau d’orge et deux agneaux : 16 livres.

Rentes foncière en argent et en nature : 313 livres 14 sols.

Rentes constituées : 1.381 livres 10 sols.

Total général : 5.168 livres 40 sols.

CHARGES DE L'HOPITAL.

630 messes basses et chantées : 530 livres 12 sols.

Décimes : 389 livres.

Rentes foncières et viagères à divers : 134 livres.

Salaire du régent : 372 livres.

Salaire du chirurgien : 100 livres. [Note : Le chirurgien visitait soir et matin l’hôpital. Il pansait les malades et faisait les opérations nécessaires. Il tenait son brevet de la corporation des chirurgiens de Nantes (Délibérations, p. 194)].

Frais d’inhumation : 9 livres 6 sols.

Total : 1.534 livres 18 sols.

Les administrateurs ne pouvaient s’attribuer à eux seuls le mérite d’avoir porté la fortune de l’hôpital de Bourgneuf à un si haut degré de prospérité. Il y avait une famille qui, par ses bienfaits répétés, son dévouement charitable et ses exemples de désintéressement, soutenait l’existence de la maison et la relevait quand elle était chancelante.

On verra sur la liste des bienfaiteurs l’énumération de tous les immeubles donnés par les Ernaud ; je veux toutefois rappeler ici ce que les habitants de Bourgneuf (aujourd'hui Bourgneuf-en-Retz) doivent de reconnaissance à ce nom pour qu’il demeure lié désormais à l’histoire de l’hôpital. Non contente de se dépouiller de ses biens pour nourrir les pauvres, la famille Ernaud voulut aussi habiter sous leur toit pour les servir (Livre des Délibérations). En 1720, Mme Ernaud et ses trois filles remplissaient les fonctions d’hospitalières avec une autre fille nommée Catherine Rohard. Relevée et ennoblie par l’abnégation de ces dames, la charge de servante des pauvres à Bourgneuf devint, non pas un office humiliant, mais une place qu’on recherchait à prix d’argent comme un titre honorable. Mlle Marguerite Gallot de la Roussière, qui fut admise en octobre 1735, donna tous les biens qui lui appartenaient sur la succession de son aïeul, en stipulant que le produit en serait appliqué spécialement au bouillon des pauvres, et de plus, elle offrit 1.000 livres pour les édifices en construction (Livre des Délibérations). Mlle Aimée Griller, reçue le même jour, apporta 80 livres de pension et une somme de 500 livres. Le chiffre de la dot n’était pas invariable (Livre des Délibérations, p. 112 et 218). Les unes fournissaient 90 livres de rente, d’autres 36 livres. Il ne suffisait pas de prétendre au titre d’hospitalière, il fallait encore le conquérir en subissant les épreuves d’un noviciat qui durait parfois 5 ans. Les services qu’on attendait des postulantes n’étaient pas au-dessus des forces communes, puisque pour une population moyenne de 8 à 10 malades par jour, le bureau des directeurs accordait 6 domestiques aux 6 dames hospitalières logées dans la maison. Dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, le personnel ne fut jamais inférieur à 12, bien que le nombre des pensionnaires allât toujours en décroissant. Une statistique dressée vers 1787 établit que l’hôpital ne reçut pas plus de 13 malades par jour, de 1769 à 1772, 8 de 1773 à 1780 et 5 seulement de 1781 à 1784 (Livre des Délibérations, p. 261 et 262). Mlle Ernaud de la Renoulière, qui fut supérieure de 1776 à 1786, continua ce mode d’administration sans s’apercevoir que l’entretien de la basse-cour, de la vacherie, de la vigne et du jardin absorbait une trop grande part des ressources. L’accessoire l’emportait sur le principal. Les pères des pauvres avaient une si grande confiance dans la sagesse et l’ordre de cette demoiselle, qu’ils lui abandonnaient volontiers le gouvernement intérieur et extérieur de la maison [Note : Les administrateurs, en 1770, au lieu de passer par l’élection, suivant les prescriptions des lettres patentes, se contentaient du choix du sénéchal et du curé (Mémoire de 1770, archives de l’hôpital)]. Elle était tout à la fois supérieure, économe, trésorière et intendante des biens.

On la laissa jouir en paix de toutes ces prérogatives, tant que la misère n’apparut pas pressante, mais quand vinrent les années calamiteuses, les critiques s’élevèrent si vives qu’il fut impossible d’ajourner les réformes. L’assemblée paroissiale reprochait à la supérieure de ne pas produire un tableau des revenus et des charges de l’hôpital, de ne pas renouveler régulièrement les baux, de salarier plusieurs domestiques et de donner trop de soins à l’exploitation des dépendances. Comment reporter ces réclamations aux oreilles de Mlle Ernaud ? La mission était délicate. Sa bonté, son esprit, ses moeurs, les services qu’elle avait rendus et le souvenir des bienfaits de sa famille commandaient une grande réserve. Le bureau des directeurs employa tous ses talents diplomatiques à lui faire sentir indirectement que le moment était venu de réduire les dépenses et lui proposa le concours d’un trésorier pour la décharger de l’administration des domaines. Malgré les précautions et les ménagements dont les remontrances furent entourées, la supérieure les reçut comme un blâme et une invitation à la retraite. Elle partit en 1787 pour Nantes, sous prétexte de rétablir sa santé et ne revint pas à Bourgneuf (Archives de l’hôpital. Inventaire Mourain, p. 70). On croyait qu’il serait facile de la remplacer par des soeurs de Saint-Vincent de Paul, mais l’évêque ne put en obtenir.

Après le départ de Mlle Ernaud, le bureau des directeurs s’empressa de vendre le cheval avec une vache, et de réduire à trois, le nombre des domestiques. Il était poussé dans ses réformes par les réclamations de l’assemblée paroissiale et le bureau de charité qui, depuis 1786, ne parvenait pas à soulager les indigents dont la ville et la campagne étaient remplies. Dans la séance du 30 janvier 1786, les habitants arrêtèrent qu’on inviterait l’hôpital à faire une distribution de pain deux fois par semaine jusqu’au mois de mars. Blessés par cette requête qui ressemblait à une accusation, les directeurs se défendirent en répondant qu’ils avaient su de tout temps concilier les sentiments de l’humanité avec les nécessités qu’impose l’entretien d’un hôpital, que les malades admis dans leurs salles réclamaient toute leur attention, mais qu’ils n’oubliaient pas pour cela les pauvres du dehors, quand ils avaient des excédants de ressources, qu’ils épuisaient leurs fonds dans les circonstances difficiles, au profit de familles nombreuses qui leur devaient l’existence (Délibérations du bureau de l’hôpital, p. 228). L’intendant de Bretagne qui s’était montré bienveillant dans des temps moins calamiteux, pouvait secourir la paroisse, et de plus, on avait la faculté de contracter un emprunt ou d’adresser une requête à la Commission intermédiaire. Les directeurs de l’hôpital ajoutaient qu’une longue expérience avait démontré les abus qu’entraînent les distributions publiques et pensaient que l’assemblée paroissiale trouverait dans sa prudence un moyen plus fructueux de soulager les indigents.

Le général de la paroisse [Note : On désignait ainsi dans le langage courant la majeure et la plus saine partie des habitants assemblés en corps délibérant] ne se contenta pas de ces conseils et porta plainte au Parlement. Devant les remontrances du procureur général, il fallut bien céder, mais en votant une somme de 500 livres (Délibérations, p. 231). Le bureau de l’hôpital déclara que l’extrême misère des pauvres avait seule pu le résoudre à sortir de ses traditions et que ce don ne devait pas tirer à conséquence (Délibérations, p. 234). Toutefois, une nouvelle subvention de 500 livres fut accordée au bureau de charité par l’hôpital, en décembre 1788, pour acheter de l’orge et du froment (Délibérations, p. 276). Jaloux de conserver toutes leurs prérogatives, les administrateurs ne manquaient pas dans chacune de ces occasions de se réserver la liberté de concourir aux distributions faites par les pères des pauvres.

Le procureur général que nous avons vu intervenir n’était pas la seule autorité compétente pour juger les différends qui s’élevaient entre les administrations charitables. En sa qualité de protecteur-né des hôpitaux, l’évêque du diocèse avait une juridiction immédiate qui lui permettait de redresser encore plus fréquemment les abus. La coutume et les ordonnances lui attribuaient le pouvoir d’examiner les comptes et les délibérations, de visiter les salles des malades et de destituer les directeurs incapables ou infidèles. Telle était la règle en vigueur à Bourgneuf (aujourd'hui Bourgneuf-en-Retz), au XVIIIème siècle. Lorsque les administrateurs furent attaqués par le général de la paroisse, devant le procureur du roi, à Nantes, ils répondirent qu’ils avaient l’approbation de leur évêque (Délibérations de l’hôpital, p. 230).

Malgré cette complication de ressorts administratifs et ces petites querelles intestines, les pauvres de Bourgneuf recevaient d’abondantes aumônes, tant du bureau de charité que des directeurs de l’hôpital. Il y avait dans cette ville plusieurs familles riches dont la générosité était intarissable quand une épidémie ou une famine venaient désoler le pays. Ce qu’elles avaient fait d’efforts et de sacrifices pour constituer le patrimoine de l’hôpital fut presque anéanti lorsque les armées de la République vinrent combattre l’insurrection vendéenne. Aucun domaine ne fut vendu par la Nation, mais les marais incultes, faute de bras, les bâtiments des fermes incendiés, le paiement des rentes suspendu, le mobilier dévasté et pillé, les journées de militaires non payées plongèrent le trésorier dans les plus cruels embarras. En l’an VII, il estimait à 39.653 livres ses pertes, tant en capitaux qu’en jouissances. Pour toute indemnité, le gouvernement du premier Empire n’a donné à l’hôpital de Bourgneuf que la jouissance de quelques morceaux de terre, en Sainte-Pazanne, qui ne valaient pas 200 fr. de rente. Vers 1880, ses revenus ne sont pas plus élevés qu’en 1770, ils ne dépassent pas 12.000 fr. (Archives départementales, série X).

 

LISTE DES BIENFAITEURS DE L'HÔPITAL DE BOURGNEUF-EN-RETZ.

1306 Girard de Machecoul et Aliénor de Thouars, fondateurs de l’hôpital des Cordeliers.

1628 Pierre Bourgeois, sieur de Basse-Cour, fondateur du nouvel hôpital, une maison, rue du Pont-Edelin.

1694 Marie Bourgeois, une rente de 12 livres.

1709 Luc Ernaud, une maison avec jardin.

1710 Jean Hubin de la Geoffrairie et Marie Hubin, la moitié du pré des Pâtis, en Bourgneuf.

1712 Marie-Anne Verré, un lit garni, du linge, 400 livres et une rente de 100 livres pour recevoir un mineur jusqu’à l’âge de 12 ans.

1713 Julienne Charron veuve de Pierre Roquand, sieur de Gatauchat, une partie de maison à Bourgneuf.

1714 M. Verré des Poislines, 200 livres.

1714 Sébastien Guibert, 13 aires de marais.

1716 Marguerite de Gondy, duchesse de Lesdiguières et de Retz, 240 livres, plus 100 livres pendant 20 ans.

1718 Adrienne Dudoit, épouse de Pierre Jahen, capitaine de vaisseau, 3 journaux de pré.

1719 Honoré Rousseau, 14 aires de marais.

1720 Jean Ernaud, sieur du Fief-de-Gaude, une maison à Bourgneuf.

1722 La duchesse de Lesdiguières, 2.000 livres.

1722 M. Amoureux du Marais, bourgeois de Bourgneuf, 500 livres aux pauvres.

1722 Pierre Jahen, rente de 40 livres.

1725 Adrienne Verré des Poislines, soeur hospitalière, la métairie de la Bigotterie, en Saint-Mesme.

1726 J.-B. Arot de Landavran, chanoine à Vitré, 10 journaux de terre, 15 aires de marais, une rente de 180 livres et une autre de 12 sous.

1726 Claire Fourneau, veuve Luc Ernaud, une maison, rue du Pont-Edelin, 1.000 livres, ses biens meubles et 300 livres, à distribuer.

1726 Pierre Barbot de la Perrinière, 1.200 livres et une rente d’un quartau de mil pilé, pour qu’une des soeurs tienne l’école charitable des filles et pour une messe annuelle.

1727 Claude Gallot, sieur de Lierne, sénéchal du duché de Retz, 200 livres par an pour une messe basse.

1727 Laurence et Jacquette Doré, Perrine Doré, veuve d'Etienne Chollet de Belfonds, écuyer, une rente d’un boisseau et demi de froment et 5 aires de marais.

1730 Jean Hubin de la Geoffrairie, docteur de Montpellier, don de 5.430 livres.

1730 Pierre Richer, prêtre, tous ses biens meubles, crédits et revenus, à la charge d’être nourri et logé à l’hôpital et de trois messes après sa mort.

1733 Catherine Robard, soeur hospitalière, supérieure, une boisselée de terre, 14 aires de marais, une rente de 7 quartaux de froment et une autre de 2 boisseaux de froment et la vigne de Château-Gaillard.

1734 Jean d'Estrées, abbé de Villeneuve, une rente de 11 livres 17 sous.

1735 Claire Ernaud, 300 livres.

1735 L’abbé Nicolas-Joseph Racine, conseiller de Grande Chambre au Parlement, rente de 100 livres pendant 50 ans.

1735 Jean-Claude Gallot, recteur de Saint-Mars-de-Coutais, 3.020 livres, ornements d’église, livres, biens meubles, à la charge de recevoir les pauvres de sa paroisse.

1736 Mme Jolly de Bois-Tancy, 1.500 livres.

1743 Mlle de Laurière, 655 livres.

1746 Charles-Louis-Robert du Moulin-Henriet, seigneur de la Durasserie, chanoine de la cathédrale, 7.500 à la charge d’une rente viagère de 200 livres pour les soeurs qui ont quitté l’hôpital de Nantes, et pour fonder ensuite deux lits en faveur des fermiers malades de la Durasserie et du Moulin-Henriet.

1746 M. de la Roche-Saint-André, aumône de 200 livres.

1748 Marguerite et Elisabeth Ernaud, don de leurs meubles. 

1748 Marguerite Blin, don de ses meubles.

1771 Anastase Ernaud, supérieure des soeurs hospitalières, un arpent de terre au Pâty.

1772 Adrienne Verré des Poislines, le pré de Milpé, 6 années de son revenu après sa mort, pour ses frais funéraires et aumône de 90 livres en pain aux pauvres.

1772 M. Leboucher de Létardière, rente de 50 livres.

 

PIÈCES JUSTIFICATIVES.

LETTRES DE CONFIRMATION DE L'HÔPITAL DE BOURGNEUF-EN-RETZ.

Louis, par la grâce de Dieu, roy de France et de Navarre, à tous présents et à venir salut :

Nos chers et bien amés les curés et habitants de la ville de Bourgneuf, diocèse de Nantes en Bretagne, Nous ont très humblement fait remontré que pour faire exécuter nostre édit du mois de juin 1662, qui ordonne l’établissement des hôpitaux généraux dans toutes les villes et gros bourgs de nôtre royaume, quelques personnes charitables ont donné, il y a plusieurs années, une maison avec un jardin dans la ville de Bourgneuf, pour y retirer les pauvres malades de la ville, les matelots passants et autres, que le commencement d’établissement a procuré tant de bien et s’est trouvé si utile, que par les soins et la vigilance des personnes qui composent un bureau de charité, qui a été établi depuis sous la direction du curé de la paroisse et d’un ecclésiastique, nommé par le sieur évesque de Nantes, en qualité de directeur de l’hôpital, que le revenu qui étoit destiné pour la subsistance des pauvres, quoique très modique dans son commencement, se trouve présentement de près de cinq cent livres ; en sorte qu’une utile augmentation a donné lieu aux habitans de croire qu’ils pouvoient entreprendre l’établissement d’un hôpital général, dans lequel les pauvres tant de la ville de Bourgneuf que ceux de la paroisse de Saint-Cyr, seroient renfermés pour y recevoir la subsistance, et les traitements et secours tant corporels que spirituels dont ils auroient besoin, d’autant plus que plusieurs personnes sont dans l’intention d’augmenter, par des donations, les fonds de cet établissement, si nécessaire et si utile au public, et principalement pour le soulagement des matelots de la baye de Bourneuf, soit étrangers, soit du pays. A quoi la dame de Lédiguières, duchesse de Rez, a bien voulu contribuer par la remise des lods et ventes, et droits d’indemnité qui lui étoient dus pour raison de la maison et jardin destinés à former ledit hôpital général.

Mais, comme cet établissement ne peut être stable sans être autorisé par nos lettres patentes, ils nous ont très humblement fait supplier de vouloir bien les leur accorder. Pour ces causes, voulant contribuer en ce qui peut dépendre de Nous à l’accomplissement d’une entreprise si avantageuse au public et seconder les pieux desseins de ceux qui ont commencé à faire des dons pour le soulagement des pauvres, après avoir fait voir en nostre Conseil les approbations et consentemens du sieur de Beauveau, évesque de Nantes, de ladite duchesse de Lédiguières et des habitans de Bourneuf, des 9 mars 1709, 6 avril, 23 juin, 11 et 24 octobre 1710 et ‘27 juin 1711, ci-attachés sous le contre scel de nostre chancellerie, de nostre grâce spéciale, pleine puissance et autorité royale, Nous avons dit, déclaré, ordonné, et par les présentes signées de notre main, disons, déclarons et ordonnons, voulons et nous plaist ce qui suit :

I.

Que la maison anciennement appelée l’hôpital et celle acquise le 6 avril 1710 par les habitans de Bourneuf, de Luc Ernaud et leurs dépendances, l’une et l’autre située dans la rue du Pont-Edelin, avec le pré qui est derrière, soient destinées à un hôpital général, tant pour le logement des pauvres que pour faire partie de leur subsistance.

II.

Duquel hôpital général nous voulons être conservateur et protecteur comme étant de nostre fondation, ainsi que tous les hôpitaux généraux établis dans les derniers tems, sans néanmoins qu’il dépende en façon quelconque de nostre grand aumônier, ni des officiers de la réformation générale, de la juridiction, visite et supériorité desquels nous l’avons dispensé et le déclarons entièrement exempt.

III.

Voulons qu’au dessus de la principale porte il soit mis l’écusson de nos armes, avec cette inscription : Hôpital général de Bourneuf.

IV.

Que dans ledit hôpital soient renfermés tous les pauvres malades et mendians de l’un et de l’autre sexe qui ne peuvent subsister de leur bien, ni de leur travail, natifs et originaires de la ville de Bourneuf et paroisse de Saint-Cyr, ou qui y sont domiciliés ou demeurans depuis cinq ans, pour y être soignés et instruits dans la crainte de Dieu et y aprendre quelque métier ou vacquer au travail dont ils seront jugés capables.

V.

Pour le gouvernement dudit hôpital général dont la direction est si importante, nous voulons qu’il y ait un bureau ordinaire composé du curé de la paroisse et du premier officier de la justice du lieu, et en son absence de celui qui le représente, lesquels seront directeurs nés.

VI.

Outre lesquels il en sera choisi de trois ans en trois ans dans les assemblées générales qui seront tenues, le nombre de trois d’entre les prestres, principaux bourgeois et habitans, pour avoir entrée et séance après les directeurs nés et voix délibérative dans le bureau de direction pendant le temps de trois ans.

VII.

Et pour la première fois nous nommons pour directeurs le sieur de la Corbinière, aussi le sieur de la Massaudays-Chyron et le sieur Luc Ernaud, lesquels commenceront les trois années de leurs charges du jour de l’enregistrement de la présente.

VIII.

Et afin qu’à l’avenir les directeurs soient pleinement instruits du gouvernement et de l’administration des affaires dudit hôpital général, nous voulons qu’après les trois années expirées ils en choisissent un tous les ans pour remplacer l’un des trois qui y restera aussi trois ans, que l’année suivante il en sortira encore un des deux anciens qui seront restés pour faire place à celui qui sera nouvellement élu, et que la troisième année, le plus ancien qui sera resté, fera aussi place à celui qui aura été élu la même année.

IX.

Permettons néanmoins à ceux qui composeront ladite assemblée, de continuer tous ou partie de ceux qui auroient été élus pour le tems qui sera jugé convenable, ce qui sera toujours observé à l’avenir de la même manière, en sorte que ce soit toujours les plus anciens qui fassent place aux nouveaux.

X.

Leur permettons d’augmenter les trois administrateurs de l’élection de tel nombre qu’ils jugeront à propos, en observant dans les élections qui se feront annuellement, ce qui est porté par l’article précédent, de manière que si au lieu de trois administrateurs électifs il s’en trouvait six, il en sortira deux chaque année, ainsi à proportion de plus ou du moins, le tout sous la direction du sieur évesque de Nantes ou de son grand vicaire, qui pourra assister au bureau toutes les fois qu’il le jugera à propos, y présider et arrester les comptes.

XI.

Quant au bureau ordinaire de direction, qui sera au moins composé de trois directeurs nés ou élus, il s’assemblera une fois la semaine dans ledit hôpital général, au jour et à l’heure qui auront été arrêtés par ledit bureau.

XII.

Il sera tenu de trois mois en trois mois un bureau où seront convoqués les anciens administrateurs dudit hôpital général, lesquels prendront place après les administrateurs actuellement en charge, où l’on fera la révision des affaires réglées dans les derniers trois mois et on rendra les comptes sans que les affaires importantes, telles que sont les collocations de deniers, achapts ou aliénations des fonds, puissent être réglées ailleurs que dans les bureaux.

XVI.

Voulons que les directeurs choisissent un d’entre eux pour être le visiteur dudit hôpital et en cette qualité, faire les visites et exécuter les ordres qu’ils jugeront nécessaires et conformes à l’intention du bureau.

XVII.

Ordonnons que tous les directeurs choisissent, soit de leur corps ou des autres habitants de la ville, un receveur et un greffier, lesquels s’ils ne sont pas du nombre des directeurs, n’auront pas de voix délibérative dans l’assemblée et seront destituables et révocables toutes les fois que les directeurs le trouveront à propos.

XVIII.

Le receveur dudit hôpital aura un soin particulier de faire une exacte recherche de tous les droits et revenus dudit hôpital général et de toutes les amendes, aumônes et autres choses qui lui seront ajugées et ordonnées, dont il sera tenu de rendre compte à la fin de chaque année, en présence des directeurs, et outre cela il sera tenu d’en rendre un final à la fin des trois années de sa gestion et sera l’arrêté du compte annuel, aprouvé et certifié par le bureau et ne poura, ledit bureau, toucher ni colloquer aucun remboursement ni affranchissement que par l’avis et ordre dudit bureau.

XXII.

Voulons qu’il soit fait visite de trois mois en trois mois par les directeurs dudit hôpital dans la ville, pour faire chasser les pauvres gens sans aveu ou les faire constituer prisonniers et leur ordonner les autres peines convenables.

XXXV.

Nous donnons et accordons pareillement audit hôpital général toutes les maisons, lieux, droits, fonds et revenus affectés aux pauvres pour leur soulagement perceptibles dans ladite ville de Bourneuf et fauxbourgs qui sont à présent et qui seront ci-après abandonnés et usurpés, ou employés à d’autres usages qu’à celui de leur fondation et mesme ceux qui sont à présent ou qui se trouveront ci-après destitués de légitimes administrateurs tant de l’un et de l’autre sexe, soit de notre fondation et autrement.

XXXVIII.

Permettons audit hôpital de faire seul le débit de viande et volaille pendant le caresme à ceux qui, par dispenses, en peuvent manger.

XLV.

Et d’autant qu’un établissement si utile et si nécessaire pour le soulagement des pauvres, ne peut être trop fortement apuyé, ordonnons à nostre très cher et très aimé fils légitime, le comte de Toulouse, gouverneur et nostre lieutenant général en Bretagne, et en son absence, à nos cousins les maréchaux de Chateaurenault et Destrées, l’un commandant en chef en nostre dite provinve de Bretagne, et l’autre nostre lieutenant général au comté Nantois et nos lieutenans audit comté, de tenir la main à cet établissement et à l’exécution des présentes, et de le soutenir dans toutes les occasions de toute l’autorité que nous leur avons commise. Si donnons mandement à nos amés et féaux les gens tenans nostre Cour de parlement à Rennes, et Chambre de nos comptes, trésoriers de France à Nantes, baillifs, sénéchaux, prévôts, leurs lieutenans et autres officiers et justiciers qu’il appartiendra, qu’à la diligence de nostre procureur général ou ses substituts auxquels nous enjoignons de tenir la main à ces présentes, ils les fassent lire, enregistrer, observer, entretenir, jouir et user ledit hôpital général desdits droits et exemptions, et généralement de tout le contenu en icelles, pleinement, paisiblement et perpétuellement, cessant et faisant cesser tous troubles et empeschemens, nonobstant toutes ordonnances, défenses, arrêts et règlements à ce contraires auxquels, et aux dérogatoires des dérogatoires y contenus, Nous y avons dérogé et dérogeons par ces présentes, pour ce regard seulement et sans tirer à conséquence ; car tel est nostre plaisir. Et afin que ce soit chose ferme et stable à toujours, nous avons fait mettre notre dit scel à ces dites présentes, sauf en autre chose nostre droit et l’autruy en toutes. Donné à Versailles, au mois de décembre, l’an de grâce mil sept cens douze, et de notre règne le soixante dixième, signé : Louis, par le roy : Colbert et à côté visa signé : Phelipeaux. Plus a écrit au-dessous pour établissement d’un hôpital général à Bourneuf signé : Colbert, et au dos est écrit : vu au garde archives de la Cour à Rennes, le treize mars mil sept cens treize, signé A. Denoua. Fait et enregistré aux fins de l’arrêt de la Cour, du treize mars mil sept cens treize (Archives de la Loire-Inférieure, série H) (L. Maître).

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