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HÔPITAL DE BLAIN

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Quand on sait que chaque paroisse importante du diocèse de Nantes était pourvue d’un asile pour les indigents ; quand on a vu avec quelle noble émulation les barons d'Ancenis et de Pontchâteau, les sires de Machecoul et de Clisson s’empressaient de fonder des aumôneries près de leurs châteaux, on est étonné que les sires de Rohan aient attendu jusqu’au XVIIème siècle pour doter la ville de Blain d’un établissement charitable. Il y a là un fait si anormal, si contraire à toutes les habitudes de l’époque, que je ne puis l’admettre sans exprimer un doute sur la certitude des traditions conservées à Blain. Cette ville, comme bien d’autres, a pu posséder à l’époque carolingienne une fondation hospitalière dont la destination aura été changée dans un moment où elle demeurait sans emploi. Beaucoup de presbytères et de bénéfices ecclésiastiques n’ont pas d’autre origine. Il existait à Blain une chapelle et une fontaine de Saint-Laurent, avec champ de foire très fréquenté, dont les commencements sont inconnus. Pourquoi ne supposerait-on pas qu’elle fut d’abord une aumônerie ouverte aux pauvres passants ? La découverte de quelque document ignoré viendra peut-être quelque jour confirmer cette conjecture.

Dans l’état où sont les archives de l’hospice de Blain, il m’est impossible de remonter au-delà du XVIIème siècle, époque où Marguerite de Rohan conçut le projet de fonder un asile pour les malades de cette ville. Son testament du 15 novembre 1672 indique qu’elle avait acheté une petite maison à cette intention, en laissant à ses héritiers le soin de la meubler après son décès, si elle n’en avait pas le temps.

« J’ordonne, dit cette dame, que la maison que j’ai acheté depuis quelques années au bourg de Blain serve à mettre des pauvres malades ; et, en cas que je ne l’aye fait meubler pour cet effet avant mon décès, mes successeurs, seigneurs dudit Blein, le feront pour y servir deux malades à la fois. Je lègue aussi pour cet effet 100 livres par chacun an aux mesmes conditions pour mes successeurs … » (Archives de l’hospice de Blain, A 1).

Ni la maison, ni la dotation ne pouvaient servir de base à la fondation d’un établissement digne du nom d’hôpital et proportionné aux besoins d’une paroisse qui comptait alors 4.000 âmes. Cette chaumière, entourée d’un petit jardin, était d’un aspect si modeste, qu’elle ne rapportait pas plus de 15 livres par an, quand on voulut l’arrenter en 1732.

Cependant, il ne faut pas mépriser ces débuts, si minimes qu’ils soient. Les plus grandes entreprises naissent souvent dans des conditions très humbles et ne se développent que par l’expérience acquise dans le premier essai tenté par l’inventeur. La duchesse de Rohan n’a fait que poser la première pierre de l’édifice, c’est vrai, mais son exemple a fait germer plus d’une pensée généreuse, et a été le point de départ d’une série d’efforts qui ont abouti à la création d’un hôpital.

Une occasion s’offrit bientôt de plaider la cause des pauvres. Depuis la révocation de l’édit de Nantes, le roi tenait sous le sequestre une propriété dépendant du consistoire protestant de Blain, nommée le Bottier et sise à proximité de la ville. Ce lieu se composait, d’une maison avec jardin, d’un petit cimetière et d’un pré qu’on pouvait facilement transformer à l’avantage des malades. Les habitants de Blain en obtinrent la concession par lettres du mois de mars 1696.

Bien que les archives soient muettes sur l’emploi de ce don, nous sommes autorisé à penser que les administrateurs du bien des pauvres s’empressèrent de l’utiliser pour secourir un plus grand nombre de malades. Il n’y a rien de certain à dire sur cette période. Ce n’est que sous le règne de Louis XV, que les évènements s’enchaînent sans interruption.

Le sieur Leroy de Preville venait d’acquérir, en 1724, une maison appelée le Chapeau-Rouge sur le pavé du château de Blain, près du Bottier, lorsque le duc de Rohan conçut le projet d’augmenter l’importance de l’hôpital. Grâce au privilège du retrait féodal, le duc put se rendre possesseur de cet immeuble qui lui coûta 4.000 livres en 1725 (Archives de l’hospice de Blain, A 1). D’après l’acte d’acquisition, on voit qu’il se composait d’une salle basse, de chambres hautes, d’un cellier, d’un grenier, d’une cour, d’une boulangerie, d’une écurie, d’un jardin, d’un grand pré, de 34 sillons de terre labourable, de trois pièces de terre et de la vigne de Melusson. La donation en fut faite sous certaines réserves.

L’acte, daté du 18 juin 1726, stipule que l’hôpital, à l’aide de ses nouvelles ressources, entretiendra deux soeurs de Saint-Thomas de Villeneuve ; que les administrateurs seront nommés par le seigneur ; que les biens seront toujours tenus du marquisat de Blain et qu’ils feront retour à la famille du donateur, dans le cas où l’hôpital serait fermé ou cesserait d’être desservi par lesdites soeurs. La duchesse voulut, elle aussi, s’associer aux dispositions généreuses de son époux et donna un constitut de 4.000 livres de principal.

On reporte à la même époque l’abandon gratuit d’une maison sise au Bottier, qui fut consenti par la famille Cocaud, pour étendre les bâtiments de l’hôpital (Archives de l’hospice de Blain, E 1).

Appelée à délibérer sur ces fondations, l’assemblée paroissiale de Blain les accepta le 28 décembre 1727, non sans se réserver la faculté de constituer le bureau.

Elle prit immédiatement possession du gouvernement de l’hôpital, en désignant un délégué qui, dès le lendemain, passa un traité avec Mlle Renée Lepape de Beauvais, chargée des pouvoirs de la supérieure générale de la Société de Saint-Thomas de Villeneuve. Cette demoiselle prit l’engagement de fournir deux filles gardes-malades aux conditions suivantes, que j’emprunte à l’acte original :

« Elles auront soin des pauvres de l’un et de l’autre sexe, instruiront les enfants de l’hôpital et les formeront au travail en vue d’être utiles à la maison.

Elles rendront compte aux administrateurs de toutes les sommes qu’elles auront en maniement, et leurs registres de recette et de dépense seront arrêtés tous les mois.

Elles veilleront sur la distribution et l’emploi de toutes les provisions, afin que l’économie règne dans tous les services.

Un inventaire de tous les meubles, linges et ustensiles leur sera remis.

Elles seront nourries convenablement, comme les malades, de pain de froment, d’une portion de vin et des autres aliments usités dans la maison. En cas de maladie, des médicaments leur seront fournis.

Elles auront leur chambre particulière meublée d’un lit et pourvue de draps et de serviettes.

Pour les gros ouvrages, elles pourront prendre une servante qui sera nourrie à la maison.

Le bureau ne préposera pas d’autres économes que les soeurs à l’administration intérieure ; et quand il demandera un changement de soeurs, il paiera les frais de voyage » [Note : Ce concordat est du 29 décembre 1727. – Archives de l’hospice de Blain].

Leur entrée eut lieu le 25 avril 1729.

Quand les travaux d’installation furent terminés, l’hôpital se trouva composé d’un salon, d’une cuisine, de deux salles capables de contenir 5 lits et de cinq chambres. Parmi les habitants qui s’empressèrent de concourir aux frais d’ameublement, on cite le sénéchal Cocaud de la Marsolais. Le moment était venu de délibérer sur le choix des administrateurs. Fallait-il procéder à l’élection au risque d’entrer en guerre avec le principal fondateur de l’hôpital, ou s’incliner devant ses volontés despotiques ? Dans cette alternative, la bourgeoisie de Blain eut la sagesse d’ajourner ses revendications et le 24 septembre 1728, sous le bon plaisir de l’évêque du diocèse, qui était le protecteur-né des hôpitaux, le duc appela le recteur de la paroisse, le sénéchal du marquisat et trois officiers de sa juridiction aux fonctions de pères des pauvres (Archives de l’hospice. Délibérations, E 1).

Pendant les premières années de leur gestion, les administrateurs éprouvèrent plus d’un embarras pour soulager les malheureux dont ils avaient accepté la tutelle. Les comptes de 1730 n’accusent qu’une recette de 1.240 livres, en face d’une dépense de 1.405 livres (Mémoire de Jacques Soreau, de 1791. – Bibliothèque de Nantes, fonds Bizeul). Il fallait recourir fréquemment aux quêtes pour parer aux plus urgentes nécessités, car les revenus fixes ne tenaient qu’une faible place dans le budget. Dans certaines années, le produit des aumônes anonymes s’élevait à un chiffre assez considérable.

En 1728, elles montèrent à 2.000 livres.

En 1730, elles montèrent à 1.240 livres.

En 1754, elles montèrent à 500 livres.

En 1755, elles montèrent à 1.390 livres.

En 1763, elles montèrent à 1.257 livres.

En 1764, elles montèrent à 1.209 livres.

L’examen des divers comptes montre que l’état de gêne du début ne se prolongea pas longtemps, puisque les administrateurs n’ont pas laissé trace d’un emprunt. On voit, au contraire, le trésorier placer plusieurs fois des fonds. En 1763, les dépenses, montant à 8.273 livres, sont balancées par une recette de 8.230 livres ; et, en 1777, le compte accuse 10.190 livres de recette contre 10.129 livres de dépense. Qu’on ne se laisse pas prendre à ces apparences de prospérité. Le revenu fixe ne dépassait pas 720 livres par an.

Après 50 ans d’existence, l’hôpital de Blain n’était pas parvenu à augmenter le nombre de 10 lits qu’il renfermait dès l’origine, et cependant on avait bien des fois constaté leur insuffisance. En 1775, par exemple, lorsque la paroisse fut affligée d’une épidémie, les administrateurs avaient été dans la nécessité de requérir des lits chez les personnes les plus aisées et d’utiliser les moindres recoins de la maison. La disette amène toujours avec elle un cortège de maladies assez longues à chasser. Or, on sait qu’autrefois les années de famine revenaient fréquemment par suite des entraves créées par les douanes intérieures et par la difficulté des communications. Blain, comme toutes les villes, eut ses heures d’angoisse sous le règne de Louis XV. Le bureau de charité qui fut fondé en 1775 eut de suite à sa charge 500 personnes dont la détresse était pressante. Contre un fléau si redoutable, il fallait une institution de prévoyance mieux établie que l’hôpital, mais la ville ne se sentait pas assez riche pour entreprendre une reconstruction (Archives de l’hospice de Blain. Délibérations, E 1).

Le duc et la duchesse de Rohan étant venus habiter leur château de Blain, en 1777, Mme de Kerloguen, la supérieure, s’empressa de les informer de ces embarras ; et, pour stimuler leur générosité, elle exagéra les dépenses de réparation qu’exigeaient les bâtiments. Il n’en fallut pas davantage pour amener tout un bouleversement dans la maison dirigée par cette dame. Après avoir tenu conseil avec les administrateurs, le duc fit savoir que son intention était de remplacer l’hôpital par une maison de charité, et de confier la distribution des secours à des soeurs du Saint-Esprit de Plérin, qui se rendraient à domicile. Ce changement lui paraissait commandé par les circonstances et conforme aux goûts des familles nécessiteuses ; au cas où il s’accomplirait, il s’engageait à augmenter les revenus des pauvres. Aucune opposition ne se manifesta parmi les administrateurs, qui étaient tous attachés au prince d’une façon particulière, mais il se forma dans la ville tout un parti hostile qui souleva des objections sérieuses : les uns représentaient que les habitants des campagnes n’ont ordinairement dans leurs chaumières qu’une couche de paille, sans autre couverture que leur vêtement ; qu’ils sont mal­propres et qu’ils manquent de linge, tandis qu’à l’hôpital les soeurs les lavent, leur offrent un bon lit, les couchent et leur distribuent des potions bien préparées suivant l’ordonnance du chirurgien ; d’autres, que les soeurs n’auraient pas toutes l’instruction spéciale qu’exige le soin des malades, que les remèdes seraient souvent appliqués sans discernement à domicile ; qu’il n’était pas permis au duc de modifier les conditions de la donation de son père ; que le traité conclu avec les soeurs de Saint-Thomas ne pouvait être rompu sans l’assentiment des bourgeois de Blain, et que les soldats fatigués à l’étape de Blain n’auraient plus d’asile, si l’hôpital venait à être fermé [Note : De 1748 à 1777, 270 soldats furent traités à l’hôpital de Blain].

Les partisans du duc répondaient que les pères et mères refusaient de se transporter à l’hôpital dans la crainte de laisser leurs enfants sans secours, qu’il n’était pas possible, vu l’étendue de la paroisse, de porter tous les malheureux à l’hôpital et que d’ailleurs les salles étaient dans un délabrement complet. Ceux-ci l’emportèrent. La suppression de l’hôpital arrêtée dans la séance du 13 mars 1778, fut soumise à l’approbation de l’évêque qui la ratifia sans aucune information préalable aux conditions portées dans le traité dont le texte est plus loin.

Le 20 mai suivant, les soeurs du Saint-Esprit de Plérin, montées dans un carrosse ducal, firent leur entrée à Blain et prirent possession de leurs fonctions en présence de toute la maison de Rohan. Pendant la période des délibérations, leurs protecteurs avaient fait grand bruit des dépenses que devaient occasionner la conservation de l’hôpital, mais dès qu’elles furent installées, on ne négligea rien pour leur créer un établissement à leur goût. Après avoir converti la chapelle en cuisine, on éleva d’un côté, un pavillon nouveau et de l’autre, des bâtiments de servitude où les soeurs tentèrent de fonder une manufacture de grosse étoffe de laine et de fil avec le concours d’une directrice, de plusieurs tisserands, de 6 garçons et de 6 filles qu’on employait à filer. L’essai n’ayant pas été fructueux, les soeurs ne conservèrent qu’une simple filature où elles occupaient une quinzaine de jeunes filles. Le duc crut qu’il imposerait silence à leurs détracteurs en faisant sceller des lettres-patentes où Louis XVI les déclarait seules autorisées à gouverner l’hôpital de Blain [Note : Archives de l’hôpital de Blain, A 1. Ces lettres-patentes sont de février 1787]. Ce fut peine perdue. Les partisans de l’ancienne administration, loin de perdre contenance, continuèrent à aiguiser leurs traits pour les attaquer à la première occasion. A force d’insinuations et de plaintes répétées, ils obtinrent, en 1787, des notables de la paroisse, que la question de la réouverture de l’hôpital serait mise à l’étude et qu’on pèserait de nouveau les avantages et les inconvénients de l’institution dirigée par les soeurs du Saint-Esprit (Séance du 2 septembre 1787). Les commissaires délégués pour l’examen des comptes, après avoir examiné les pièces, démontrèrent qu’en 1778 les revenus s’élevaient à 978 livres, que pendant les dix années suivantes, les distributions de secours n’avaient pas dépassé 2.373 livres, ce qui donnait une moyenne de 236 livres par an et que les soeurs par leur entretien et la jouissance des prés, du jardin et de la vigne du Bottier coûtaient plus de 800 livres [Note : Voyez le mémoire de Jacques Soreau, procureur syndic du district de Blain, rédigé en 1791 (Bibliothèque de Nantes, fonds Bizeul)]. Il était donc évident que l’on dépensait en frais d’administration, plus d’argent que l’on en distribuait. Les comptes totalisés se balançaient ainsi :

1781 : Recettes : 1.233 livres ; Dépenses : 634 livres.

1783 : Recettes : 5.792 livres ; Dépenses : 3.152 livres.

1788 : Recettes : 7.418 livres ; Dépenses : 5.597 livres.

En dix années, la supérieure avait économisé une somme de 5.030 livres. Ses adversaires en prirent prétexte de la railler en disant : « Si cette institution existe longtemps, elle sera bientôt une des plus riches maisons de charité du royaume ».

Quand l’assemblée générale de la paroisse eut pris connaissance de ces résultats dans sa séance du 16 septembre 1787, elle déclara que les services rendus par la maison de charité n’égalaient pas ceux de l’hôpital et qu’on consulterait des avocats sur la possibilité de revenir à l’ancien état de choses. La jurisprudence étant favorable à ce retour, les habitants réunis en assemblée le 28 janvier 1788, autorisèrent les marguilliers à entamer des négociations pour le succès de leurs voeux. Ceux-ci présentèrent au duc de Rohan un mémoire qui ne reçut jamais de réponse. On discuta de nouveau sur la même question en 1790, mais sans parvenir à s’entendre. Les soeurs du Saint-Esprit de Plérin furent dépossédées de leur maison de Blain, non par les paroissiens coalisés, mais par le décret de proscription qui frappa tous les ordres religieux. Elles sont parties le 12 août 1791, après avoir refusé de prêter serment à la constitution civile du clergé (Liasse des hôpitaux.- Archives départementales, série L).

Au lieu de raconter ici par quelle série d’évènements le patrimoine des pauvres de Blain se trouva dissipé pendant la Révolution, j’aime mieux citer un mémoire rédigé par les administrateurs eux-mêmes en 1805. On verra que les malheureux de cette ville avaient des défenseurs aussi dévoués que compatissants.

 

Compte moral rendu par les administrateurs de l’hospice de Blain aux membres de la commission formée par décret du 7 floréal an XIII.

L’hospice de Blain jouissoit avant la Révolution de 2.400 fr. de rente environ, et avoit un riche mobilier qui comprenoit une belle pharmacie, beaucoup de linge et généralement tous les objets et effets utiles dans une pareille maison [Note : En 1790, les revenus s’élevaient en loyers et intérêts à 1.885 livres, sans y comprendre les biens non affermés et le cinquième net des bénéfices réunis à l’hôpital]. Ces richesses nobiliaires et immobiliaires étoient, en presque totalité, dues aux bienfaits de l’illustre maison de Rohan.

L’administration de cet hospice, la distribution des secours extérieurs, et les soins des malades étoient confiés à des soeurs hospitalières qui, en outre, y avoient établi de petites écoles pour les enfants des pauvres et une filature de coton dont les profits tournoient à l’avantage de la maison.

Cet établissement répandoit sur la populeuse commune de Blain des secours abondants, lorsque la Révolution éclata. Aussitôt les soeurs furent chassées, les biens immeubles vendus ; le linge et la pharmacie pillés, les gros meubles brisés, les appartements vides de la maison principale furent occupés par des personnes qui, n’ayant pas d’autre azyle, s’y logèrent sans autorisation comme sans contradiction.

La Révolution finie, on apperçut encore quelques débris, et on chercha à les sauver. M. Huet, dans sa statistique ou Annuaire de l’an XI, fixe à 120 fr. les revenus restant de l’hospice de Blain.

Les administrateurs actuels de cet hospice ne diront pas avec de plus grands détails ce qu’il étoit auparavant la Révolution, ni ce qu’il a souffert pendant cette Révolution, ils se borneront à dire ce qui a été fait depuis.

Ils considéreront d’abord qu’avec 120 fr. de rente, ils ne pouvoient avoir désormais ni une filature de coton, ni des sœurs hospitalières, ni un grand nombre de malades, et que, par conséquent, leur vaste local leur seroit inutile et même onéreux. Déterminés par ces considérations, ils se réduisirent à la plus mauvaise partie de la maison et affermèrent le surplus à divers. Ces fermes et quelques améliorations ont successivement augmenté les revenus de l’hospice, et les ont portés définitivement à la somme de 400 fr.

Ils virent, en second lieu, que l’hospice portoit des contrats de constitution sur l’ancien clergé, sur quelques états de province et sur un émigré ; ils demandèrent que ces créances fussent remboursées par le gouvernement en inscription au grand livre, et à cet effet, ils remplirent les formalités exigées par les lois des créanciers de l'Etat, mais leurs efforts, à cet égard, n’ont eu aucun succès jusqu’ici.

Pendant la Révolution et particulièrement pendant la guerre de la Vendée et des chouans, il avait été reçu beaucoup de militaires à l’hospice de Blain. Le gouvernement reconnut qu’il devait pour fournitures faites à ces militaires, la somme de 3.000 fr., et il l’a payée ; mais ce paiement a été fait conformément à la loi du 24 frimaire an VI, les deux tiers ont été perdus ; l’autre tiers a été soldé en une inscription de 50 fr. qui a été envoyée à Paris, et a produit au cours d’alors la somme nette de 700 fr.

L’hospice de Blain a donc aujourd’hui 400 fr, de rente, et 700 fr. en argent. Ce mobilier consiste en une petite quantité de vieux linge et quelques vieux meubles, il vaut environ 400 fr.

L’augmentation obtenue successivement dans les revenus de l’hospice a amené des changements successifs dans le régime de la maison.

Les administrateurs s’étoient bornés d’abord à fournir à leurs pauvres le couvert et le chauffage, le blanchissage et quatre livres de pain par semaine à chacun. Ces malheureux étoient obligés de sortir le jour pour aller mendier, de porte en porte, les autres objets nécessaires à la vie.

Cet état de choses avoit mille inconvénients que les administrateurs sentoient profondément : nul ordre, nulles règles ne pouvoient être observées dans la maison, et d’ailleurs, combien de vices et même de crimes, la mendicité ne produit-elle pas ? La mendicité est un état d’épreuves difficiles, et si, dans cette position fâcheuse, quelques-uns réussissent à conserver leur probité, n’est-il pas trop affligeant de voir ces malheureuses victimes du sort, ces membres de la société, de la famille réduits à mendier du pain auprès des autres membres ? Ces réflexions, ou plutôt ces sentiments, portèrent les administrateurs à arrêter que les pauvres de l’hospice ne mendieroient plus.

Une pareille résolution avec des moyens aussi bornés que ceux de l’hospice, pouvoit paraître téméraire, mais l’administration connaissoit les dispositions de la plupart des habitants de Blain. Elle savoit qu’elle trouveroit auprès d’eux des secours en nature ou pécuniaires, et ses espérances n’ont point été trompées. Des souscriptions plus ou moins fortes eurent lieu aussitôt que l’arrêté des administrateurs fut connu et la plupart de ces souscriptions ont été fidellement acquittées jusqu’ici.

Après avoir pourvu au besoin des pauvres en état de santé, l'Administration voulut pourvoir à leurs besoins en état de maladie, elle pria M. Couëtoux Latouche, de vouloir bien être leur médecin. Celui-ci accepta et fit pour l’hospice ce qu’il a fait dans beaucoup d’autres circonstances ; il a fourni gratuitement, non-seulement des soins assidus, mais souvent même des remèdes coûteux.

Les administrateurs voulurent ensuite établir dans la maison un ordre fixe et invariable, et à tel effet, ils arrêtèrent des règlements dont il fut fait une lecture publique aux malades et pauvres réunis. Ces règlements ont pour but d’apprendre et de rappeler continuellement aux pauvres de l’hospice qu’ils doivent se regarder comme formant une même famille. Un article exprès et spécial leur recommande aussi la pratique exacte des devoirs prescrits par la religion, et cet article fut dicté par les propres principes des administrateurs, et aussi par le vif désir qu’ils épreuvoient d’adoucir la situation des pauvres dont le sort leur étoit confié. N’est-ce pas, en effet, dans la religion que les malheureux trouvent principalement les forces, les espérances et les consolations dont ils ont si grand besoin ?

Les administrateurs désiroient vivement améliorer la situation de l’hospice, mais ils voyoient avec regret que tous leurs efforts étoient insuffisants, ils ne pouvoient pas eux-mêmes exercer une surveillance assez active, ni entrer dans tous les détails qu’il auroit été nécessaire de connoître. Ils ne restoient pas auprès des malades pour les soutenir et les encourager, et leur présence d’ailleurs n’auroit produit peut-être qu’un médiocre effet. Ils sentoient enfin que dans une pareille maison, des femmes étaient nécessaires, et cependant, la modicité de leurs revenus ne leur permettoit pas de demander les soeurs que l’hospice avoit autrefois. Dans cet embarras cruel, ils s’adressèrent aux dames de Blain, et celles-ci par leur acquiescement, leur empressement et leurs soins continuels se sont acquis des droits sacrés à la reconnaissance des pauvres et à celle des administrateurs. Quel heureux changement ces dames ont opéré dans la maison ! quelle bonté ! Les administrateurs furent bien inspirés le jour qu’ils allèrent leur porter leurs voeux !

Depuis ce temps et jusqu’à ce moment-ci tout a prospéré à l’hospice. Les dames de charité ont veillé de concert avec les administrateurs, au besoin des pauvres et le nécessaire ne leur a pas manqué. Nous avons reçu une boîte de médicaments que nous n’avions pas même demandée, et plusieurs personnes remplissant des fonctions importantes et dignes de l’amour du peuple comme de la confiance du gouvernement, ont demandé elles-mêmes à joindre leurs noms à ceux des habitants de Blain, sur nos listes de souscriptions. Pourquoi ne dirions-nous pas ici, qu’à la tête de ces bienfaiteurs, nous comptons M. l'Auditeur au Conseil d'Etat, sous-préfet à Savenay, et M. le baron de l'Empire, évêque à Nantes.

Depuis trois ans ce régime existe et nous pouvons compter que depuis cette époque, huit pauvres aveugles, infirmes ou malades (terme moyen) ont été continuellement à l’hospice. Ils ont été nourris, soignés, entretenus, et il n’est pas un seul d’entre eux qui ne dise avec reconnoissance que les jours les plus heureux de sa vie sont ceux qu’ils a passés à l’hospice de Blain. Plusieurs autres, attaqués de maladies chroniques, y ont été pareillement traités, aux frais de l’hospice, jusqu’à parfaite guérison. Et cependant, les 700 fr. provenant de l’inscription que nous a donnée le gouvernement, sont encore intacts. Nos revenus seuls ont suffi aux dépenses journalières de ces huit personnes, aux réparations locatives d’une vaste maison et même à quelques grosses réparations nécessaires par le défaut d’entretien pendant les temps révolutionnaires.

Les administrateurs ne dissimulent pas qu’ils éprouvoient quelque satisfaction en jettant les yeux sur ce qu’ils avoient fait, mais leur joie est troublée par les malheurs de l’année présente, à raison de la cherté excessive des grains, les dépenses de l’hospice seront beaucoup plus considérables qu’elles ne l’avoient été jusqu’ici. Il faudra donc diminuer les secours, dans le moment précisément où il faudroit les multiplier. Qu’il y a loin encore d’ici la récolte ! que le temps s’écoule lentement !

L'Administration de l’hospice de Blain a cru que dans cette misère générale et extraordinaire, il falloit recourir à des moyens extraordinaires ; elle a acheté du grain ; elle a fait boulanger et chaque semaine, 25 ou 30 chefs de maison obtiennent 6 livres de pain, chacun à 18 c. la livre. Elle croit que ce faible secours a préservé plusieurs familles, de la nécessité de mendier.

Mais est-il possible que l’hospice puisse suffire longtemps aux dépenses de cette mesure extraordinaire et à celles qui sont faites dans l’intérieur de la maison ? Le pourra-t-il, lorsque plusieurs personnes vont probablement être réduites à l’impossibilité de fournir le montant de leurs souscriptions ? La dernière ressource des administrateurs est dans la somme de 700 fr., qu’ils avoient réservée pour les besoins imprévus et urgents. Il faudra bien qu’ils disposent cette année de cette somme, à laquelle ils n’avoient pas voulu toucher jusqu’ici.

Les administrateurs sont affligés, mais non pas découragés, ils conserveront leurs fonctions quoiqu’il soit bien pénible pour eux, d’être témoins de la misère générale et de ne pouvoir presque rien faire pour le soulagement des malheureux. Ils espèrent que le ciel accordera, cette année, une bonne récolte. Ils espèrent aussi que le gouvernement, instruit de la position des campagnes leur fera passer quelques secours. Ce double espoir anime leur zèle on plutôt soutient leur courage (Archives de l’hospice de Blain).

 

LISTE DES BIENFAITEURS DE L'HOSPICE DE BLAIN.

1672 Marguerite de Rohan, une maison avec jardin.

1698 Louis XIV, le Bottier, ancien domaine du Consistoire protestant.

1724-1727 Le duc et la duchesse de Rohan, la maison du Chapeau-Rouge et 4.000 livres.

1727 La famille Cocaud, une maison.

1729 L’évêque de Nantes accorde les aumônes faites pour les dispenses de mariage dans la paroisse de Blain.

1731 M. Leroy donna la cloche de l’hôpital.

1735 Mlle Cocaud de la Poupais, 146 livres plus 44 quarts de blé pour 15 messes.

1737 Le sieur Gardère légua 300 livres.

1757 Mlle Cocaud donna 800 livres pour aider à bâtir une chapelle.

1758 M. Leloup, recteur de la paroisse, 200 livres.

1759 Mlle Cocaud de la Poupais, 120 livres pour 5 messes.

1764 Les héritiers de Mlle de la Marsolais, 300 livres pour 2 messes.

1765 Mlle Cocaud de la Poupais, un constitut de 1.500 livres de principal pour 14 messes.

1768 La même donne ses meubles, son argenterie, son linge plus 800 livres pour les frais d’union de plusieurs bénéfices destinés à l’entretien d’un maître d’école. La vente des meubles monta à 590 livres. Elle ajouta 472 livres.

1775 M. Leloup, recteur, légua 3.000 livres et M. Gendron, 900 livres.

1778 Le duc de Rohan, rente de 240 livres.

 

PIÈCES JUSTIFICATIVES.

CONCESSION DU LIEU DU BOTTIER.

Louis, par la grâce de Dieu, roy de France et de Navarre, à tous présans et à venir, salut.

Voullant gratifier et traiter favorablement l’hopital de la ville de Blain, en Bretagne, pour ces causes nous avons fait et faisons don par ces présentes, signées de notre main, audit hopital de Blain du lieu appelé Le Bottier, consistant en une maison, jardin, pré et un petit cimetière, le tout cy-devant dépendant du concistoire des religionnaires et prétenduz réformez et présentement réuni à notre domaine pour, par les directeurs et administrateurs dudit hospital en jouir et disposer tout ainsi que des autres biens qui luy apartiennent, à condition de payer et acquitter les debtes, charges et redevances dont lesdits biens se trouveront chargez.

Sy donnons en mandement à nos amez et féaux les gens de nos comptes à Nantes, présidens et trésoriers généraux de France au bureau de nos finances estably à Vennes et à tous autres nos officiers et justiciers qu’il apartiendra, que ces présentes ils fassent enregistrer et de leur contenu jouir et uzer ledit hopital pleinement, paisiblement et perpétuellement, cessant et faisant cesser tous troubles et empeschemens au contraire, car tel est nostre plaisir.

Et affin que ce soit chose ferme et stable à tousjours, nous avons fait mettre nostre scel à ces présentes, sauf en autres causes nostre droit et l’autruy en touttes.

Donné à Versailles, au mois de mars 1696 et de nostre règne le LIIIème. Signé : Louis, sur le reply par le roy : Colbert, scellé du grand sceau de cire verte (Archives de la Loire-Inférieure, série B, Mandements royaux, vol. 40, f° 139).

 

TRAITÉ AVEC LES SŒURS DE PLÉRIN.

Le sixième Avril, mil-sept-cent-soixante-dix-huit, en vertu de l’ordonnance de Monseigneur l'Evêque de Nantes, en datte du troizième Avril mil-sept-cent-soixante-dix-huit, sur la requête à lui présentée par Mrs Guillaume Audrain recteur de Blain, Thomas Cocaud de la Grasinais, sénéchal du marquisat de Blain et René-Marie Cocaud, procureur d’office, sous le bon plaisir et approbation de très haut, très puissant et très excellent seigneur Louis-Marie-Bretagne-Dominique de Rohan, marquis seigneur de Blain et autres lieux, fondateur de l’hopital de Blain, le consentement dudit seigneur sous son seing réferé au présent livre des délibérations, laditte requête aux fins d’obtenir du seigneur évêque de Nantes son ordonnance pour changer la forme actuelle de l’hopital dans une nouvelle, plus utile aux malades pauvres, supprimer les lits destinés aux malades, vu l’impossibilité où se trouve le bureau d’administration, d’en réparer les défectuosités par un entier remplacement, ainsi que le linge et autres choses nécessaires qui se trouvent dans le plus mauvais état par vétusté ; de faire aux bâtimens les réparations qui d’après le devis estimatif se montent à une somme considérable ; tendante laditte requête à établir trois sœurs du Saint-Esprit de Plérin, au lieu et place de deux hospitalières et une soeur converse de la congrégation de Saint-Thomas de Villeneuve, qui par leur institut ne prennent soin que des malades qui sont admis à l’hôpital, entre les susdits administrateurs sous l’autorité du seigneur duc de Rohan fondateur et Madame la Supérieure générale des filles du Saint-Esprit de Plérin, du consentement de Mr. l’évêque de Saint-Brieux, leur supérieur général, sous les signatures des parties, ont été convenus et arrêtés les articles cy référés pour être réciproquement exécutés.

ART. Ier.

La supérieure généralle fournira en la paroisse de Blain, trois soeurs dont la première et principale occupation sera de visiter les malades pauvres dans toute l’étendue de la paroisse, porter des bouillons, remèdes, saigner, soigner les playes et procurer tous les autres secours aux malades, sur le billet qui sera donné par le recteur ou administrateur qui en attesteront la pauvreté.

ART. II.

Auront soin lesdittes soeurs de faire porter en la maison des malades, du linge, couvertures, matelas et tout ce qui est nécessaire pour leur soulagement, et veilleront à faire rentrer lesdits effets en la maison après le rétablissement des pauvres, parce qu’aussi le bureau fournira aux soeurs tout ce qui est requis pour ces objets et frais du transport ; et que dans des distances trop éloignées, ceux qui réclameront les secours fourniront une monture à la soeur appellée, et feront transporter les effets nécessaires.

ART. III.

Le bureau payera annuellement à chaque soeur, par quartier d’avance, la somme de cent cinquante livres pour entretien, nourriture, blanchissage, bois, chandelle, etc., de manière qu’on ne puisse rien exiger au delà de la somme de cent cinquante livres pour chaque soeur sous quelque prétexte que ce soit.

ART. IV.

L’appartement et dépendances pour les trois soeurs consisteront : dans une chambre sans cheminée pour chaque soeur, garnie de lit, armoire, table et chaises. Une cuisine, un petit office, une pharmacie, un endroit pour les pansements, une salle particulière pour l’écolle, un cellier ou bûcher, un grenier, un jardin, un puit : si ces logements ont besoin de réparations les soeurs en donneront avis au bureau qui y pourvoira.

ART. V.

Le bureau donnera une fois pour toutes six douzaines de chemises, quelques coiffes, douze paires de draps, des nappes, serviettes communes par proportion.

ART. VI.

Comme le bureau désire procurer aux soeurs quelques douceurs, il donnera une vache qui leur appartiendra pour l’usage ; et en cas qu’elles ne veulent plus en avoir, le bureau la retirera ; si elle périt ce sera à perte pour le bureau qui la remplacera par une nouvelle ; à ce don de la vache est joint l’usage de la portion de pré qui circuit la partie du jardin concédé aux soeurs, lequel est séparé de l’autre portion de jardin par les pallis, et le pré par le fossé ; et en outre par forme de gratification le bureau donnera annuellement la somme de cinquante livres, sans prétendre à augmentation, si on venait à augmenter le nombre des sœurs.

ART. VII.

Il sera dressé un état de tous les effets dont les soeurs auront le gouvernement pour le besoin des malades, et utilité de la pharmacie, ainsi que des lits et meubles qui seront dans les appartemens, destinés aux soeurs, sans quelles puissent répondre des choses qui périssent par l’usage.

ART. VIII.

Elles formeront et entretiendront une pharmacie aux frais du bureau qui fournira chaque année une somme de cent cinquante livres pour l’achat des remèdes. Elles les prépareront et les porteront aux malades. Si des personnes aisées veulent prendre des remèdes chez les soeurs, le profit sera réversible à la pharmacie. Si sans préjudicier au soin des malades pauvres et des petites écolles les soeurs veulent, sans aucune obligation de leur part, visiter les personnes aisées, les gratifications et aumônes qui pourront être faites seront au profit des pauvres.

ART. IX.

Les soeurs sont engagées à tenir autant qu’elles le voudront un registre du nom et demeure des malades et des remèdes qu’elles auront distribués.

ART. X.

Le bureau par les mains de l’administrateur econome remettra chaque mois à la soeur supérieure, l’argent nécessaire pour l’achat de la viande pour faire des bouillons, ainsi que le savon nécessaire pour blanchir les linges fournis aux malades, de l’emploi duquel elle rendra compte. Les soeurs veilleront à la conservation du linge à l’usage des malades, des couvertures, matelats ; elles les répareront autant qu’il sera possible sans néant moins répondre de ce qui périra d’usage, et par la faute de ceux qui s’en serviront dans leurs maladies. Quand il sera besoin d’ouvriers pour ces objets, elles le demanderont au bureau.

ART. XI.

Si dans les alentours de leur maison il y a quelques infirmes qui étoient cy devant reçus à l’hopital, les soeurs se porteront à les visiter, soigner et distribuer la nourriture qui sera fournie par le bureau, ou autres personnes charitables.

ART. XII.

Quand quelqu’une des soeurs sera rappellée par la supérieure généralle, elle sera remplacée au plutôt. Les frais de son voyage, ainsi que celui de la soeur qui succédera ne seront au compte du bureau que dans le cas où il demanderoit lui-même son changement.

ART. XIII.

Si ces soeurs tombent malades elles seront traitées aux dépens du bureau jusqu’à parfaite guérison à moins que les maladies ne soient du nombre de celles qui ne laissent aucune espérance de guérison, comme paralisie, pulmonie. En ce cas, la supérieure généralle rappelleroit ces soeurs infirmes, ou qui par trop de caducité ne pourroient remplir le service des pauvres. Le voyage et l’année commencée des dittes soeurs seront payés.

ART. XIV.

L’une des soeurs fera gratuitement, matin et soir l’écolle aux jeunes filles pauvres, les instruira de la religion, leur apprendra à tricotter, filer laine et lin. La soeur tiendra la liste des filles admises à l’écolle. Les pauvres seront admises sur le billet du recteur, et les filles aisées sur l’avis du bureau d’administration [Note : L’évêque réunit aussi à l’hopital le bénéfice de Saint-Julien de Plessé vers 1776 à la charge d’entretenir un maître d’école].

ART. XV.

Ne pourront les soeurs du Saint-Esprit s’approprier en aucune façon les maisons, terres, jardins et autres biens destinés au soulagement des pauvres.

ART. XVI.

Pourra la généralle rappeler les soeurs à son gré, et cesser d’en fournir, en avertissant six mois auparavant le bureau qui pourra refuser de les garder en suivant la même règle. Ne seront les dittes soeurs en aucune manière soumises au bureau, en ce qui les touche personnellement ou leur règlement, si ce n’est en ce qui concerne les pauvres (Archives de l’hôpital de Blain, F. 2. - Voir aussi au Livre des délibérations).

Fait et arrêté en double sous les seings des parties avec la plus stricte obligation de se soumettre à tous les articles référés, sans y faire aucun changement ou addition pour quelque raison que ce puisse être sans leur consentement mutuel, et même d’en passer contrat par devant notaires à la première requisition des parties.

Et a été attachée au présent livre l’ordonnance du seigneur évêque de Nantes. Signé Louis M. B. D. de Rohan Chabot, duc de Rohan, Gracinais Cocaud sénéchal, Cocaud et Audrain recteur de Blain [Note : En 1780, le traité subit les modifications suivantes : 1° La pension de chaque soeur est portée à 200 livres ; 2° Une indemnité de 200 livres par an est ajoutée pour les causes référées à l’article 3 ; 3° Au lieu des conventions relatives à la vache, il leur sera payé 20 livres par an, parce qu’elle sera à leur charge ; 4° Le profit de l’école leur est abandonné sous la condition d’instruire gratuitement et de préférence les enfants pauvres qui se présenteront ; 5° La rétribution des saignées faites aux riches leur est laissée (Extrait des Délibérations du 15 novembre 1780)].

 

CONFIRMATION DE LA CRÉATION D'UNE MAISON DE CHARITÉ A BLAIN.

Louis, par la grâce de Dieu, roy de France et de Navarre, à tous présens et à venir, salut.

Notre très cher et bien amé cousin le duc de Rohan, nous a fait exposer qu’il y a dans la ville de Blain, en Bretagne, diocèse de Nantes, une maison de charité fondée par ses ancêtres et régie par des administrateurs nommés par lui comme seigneur de Blain, fondateur et bienfaiteur de cette maison ; que le principe de cet établissement remonte à 1657, époque où Marguerite, duchesse de Rohan, retira féodalement dans sa mouvance une maison au village de la Vigne et la destina à recevoir des pauvres malades de la paroisse ; que cette destination fut confirmée par le testament olographe de ladite duchesse de Rohan, du 15 novembre 1672, par lequel elle chargea ses successeurs de meubler ladite maison à cet effet, au cas que de son vivant, il n’y eût pas été pourvu.

Elle légua de plus une rente avec faculté de rachat par ses successeurs pour que le principal en seroit placé au profit de l’établissement, enfin elle réservoit la distribution annuelle à la volonté de ses successeurs et non autrement ; en sorte que la surveillance de l’administration de ladite maison de charité et le choix des administrateurs qui se trouvoient placés dès le principe dans les mains du fondateur ont continué jusqu’à ce jour sous le seigneur de Blain ;

Que cet établissement n’ayant pas tardé à prendre de la consistance, reçut de l’accroissement au moyen du don que Louis XIV luy fit du lieu appelé le Bottier, qui avoit dépendu du consistoire des religionnaires et prétendus réformés jusqu’en 1685, que ce don sollicité par le duc de Rohan, seigneur de Blain, avoit l’avantage de faire tourner au profit de cet établissement et de reporter à la source un bien que les religionnaires avoient du à la libéralité du seigneur de Blain et qui étoit dans la proche mouvance de ce marquisat ; que le don fait par Louis XIV fut revêtu par lettres patentes du mois de mars 1696, et, d’autres lettres confirmatives du 14 décembre 1698 ;

Que le duc de Rohan, aïeul de l’exposant, augmenta les facultés de cet utile établissement, par le don qu’il lui fit en 1726 d’héritages par lui retirés féodalement dans sa mouvance de Blain, sur un sieur Préville ; que ce don fut fait à la charge expresse que les administrateurs de l’hopital qui seroient (comme de tout temps) nommés par le seigneur de Blain, tiendroient ces héritages à relever du marquisat à devoir de foy, hommage et rachapt, comme les autres biens relevant de la même seigneurie ;

Que par le même acte de don, il fut déclaré qu’au cas que l’on cessât de desservir l’hopital et que l’on n’y entretint pas deux soeurs de la congrégation de Saint-Thomas de Villeneuve pour servir lesdits pauvres malades le seigneur se réservoit l’entière disposition des biens qu’il venoit de donner ;

Que le duc de Rohan exposant, ayant désiré donner à l’établissement une forme plus utile et plus avantageuse pour les malades pauvres de la ville et paroisse de Blain, au lieu des soeurs hospitalières de Saint-Thomas de Villeneuve qui, par leur institution ne donnaient des soins qu’aux malades admis dans ladite maison, il a été établit en 1778, en vertu d’ordonnance de l’évêque diocésain, sur requête présentée par les administrateurs de l’hôpital, des soeurs du Saint-Esprit de Plérin, dont la première et principale occupation est de visiter les malades pauvres dans toute l’étendue de la paroisse, porter des bouillons et remèdes, saigner et soigner les plaies et procurer tous les autres secours aux malades, sur le billet qui est donné par les administrateurs, que des mesures ont été prises en même temps pour fournir dans la maison des malades litiges, couvertures, matelas et tout ce qui est nécessaire pour leur soulagement ;

Et que de plus, l’une des soeurs est, de plus, obligée de faire gratuitement matin et soir l’école aux jeunes filles pauvres et de leur apprendre à tricoter et filer laine et lin ;

Qu’un tel établissement, dont le principe remonte à plus d’un siècle et dont la consistance et le progrès ont répondu et continuent à répondre aux vues des fondateurs mérite que nous daignions le confirmer par lettres patentes dans l’état et dans la forme plus utile qui lui a été donnée et autoriser ledit établissement à recevoir des dons et legs jusqu’à concurrence de 6.000 livres de rente, pourquoi ledit exposant nous a très-humblement supplié de lui accorder nos lettres à ce nécessaires ;

A ces causes et de l’avis de notre Conseil qui a vu lesdites lettres patentes du mois de mars 1696 et du 14 décembre 1698, ensemble l’extrait du testament de la duchesse de Rohan, du 15 novembre 1672, l’acte de donation du 18 juin 1726, le concordat fait entre les administrateurs de ladite maison de charité et les soeurs du Saint-Esprit de Plérin du 6 avril 1778, le tout cy attaché sous le contre scel de notre chancellerie, nous avons confirmé par ces présentes signées de notre main et confirmons l’établissement de ladite maison de charité dans la ville de Blain.

Voulons que ladite maison continue d’être desservie par des soeurs du Saint-Esprit conformément audit concordat et qu’elle continue pareillement à être régie et administrée par quatre administrateurs qui seront nommés, comme par le passé, par ledit, exposant et par les successeurs audit marquisat, comme ainsi avons confirmé et confirmons tous les dons et legs qui peuvent avoir été faits audit établissement.

Permettons, en outre, auxdits administrateurs de recevoir tous les dons et legs qui pourront être faits audit établissement jusqu’à concurrence de 6.000 livres de rente, à la charge par eux de se conformer à ce qui est prescrit à cet égard par les règlements concernant les gens de mainmorte. Dérogeons pour raison de ce à l’édit du mois d’août 1749 et à tous autres édits et déclarations, arrêts et règlements à ce contraires.

Si donnons en mandement à nos amés et féaux conseillers les gens tenant notre cour de Parlement à Rennes, que ces présentes ils aient à enregistrer et du contenu en icelles faire jouir et user ladite maison de charité, régulièrement, paisiblement et perpétuellement, car tel est notre plaisir. Et afin que ce soit chose ferme et stable à toujours, nous avons fait mettre notre scel à cesdites présentes. Donné à Versailles, au mois de février, l’an de grâce 1787 et de notre règne le XIIIème. Signé : Louis, par le roi : de Breteuil (Archives de l’hôpital de Blain, série A) (L. Maître).

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