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LA BARONNIE DE LA HUNAUDAYE ET LES ENVIRONS DU VAL-ANDRÉ

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Ce récit comble une lacune, car le Val-André si proche du Vauclair devait prendre sa part de l'histoire d'une baronnie dont ce château, ses terres et sa justice n'étaient qu'un démembrement.

Si le Val-André n'eut pas alors de mention spéciale, c'est que plage et village ne valaient guère la peine qu'on s'en occupât.

En faisant, un moment, de l'histoire contemporaine, nous rappellerons le nom glorieux de S. Exe. l'Amiral Charmer, dont le superbe parc, à quelques pas de la mer d'Amirauté, atteste le succès d'une création récente.

Et puis, comment oublierions-nous, dans nos hommages aux bienfaiteurs du pays, M. Cotard, l'éminent ingénieur auquel la Plage et les alentours  « qui en vivent » doivent leur existence et le bien-être en résultant. Joignons à nos souvenirs de gratitude l'hospitalier Couvent et les services qu'il rend à nos baigneurs [Note : La Communauté du Val-André reçoit des pensionnaires pendant la saison des bains].

Jadis, la fraction de grève entre les terres du Guémadeuc et la mer s'appelait « Grève Saint-Symphorien », du nom d'une chapelle dont une croix indiquait naguère l'emplacement.

De même, mais depuis plus longtemps, a disparu la chapelle Saint-Michel, située sur Verdelet. Cet édifice existait encore sous Louis XIV ou Louis XV, époque présumée des vieilles cartes marines dont nous avons été assez heureux pour réunir la collection.

Dans ces cartes, Verdelet nous apparaît plus grand qu'il ne l'est de nos jours.

Par qui étaient desservies ces chapelles ?

Les Annales locales ne nous l'ont point appris, mais il est probable que si la chapelle Saint-Symphorien, avec son Minihy, pieux et inviolable asile, fut une fondation des seigneurs du Guémadeuc, la chapelle Saint-Michel était un oratoire où les gardiens des pêcheries, moines et autres, se réfugiaient ou priaient en attendant que la marée en se retirant abandonnât les poissons une fois à sec les « écluses », comme on appelle ces barrages sur nos côtes armoricaines.

La Légende, qu'il ne faut pas toujours faire taire, veut que le sillon joignant l'îlot à la terre ait été l'oeuvre des Moines Rouges. A cela, rien d'impossible, les Templiers ayant authentiquement marqué leurs pas dans le pays. La Tour de Montbran, prétend-on, aurait été bâtie par eux ; d'autres, il est vrai, assurent qu'elle est l'œuvre des Romains, d'autres enfin vont jusqu'à la faire remonter aux Gaulois (Mons Brenni, mont du chef) [Note : Deric.Histoire ecclés. de Bretagne, Saint-Malo, Hovius 1779]. Ce qui la ferait attribuer avec plus de probabilité aux moines, c'est la proximité, près de l'enceinte de la ville de Montbran, de la Commanderie de la Caillibolière, membre de celle de la Guerche, dont la juridiction était au siège du Temple, en Pléboulle (Actes du 30 avril 1750 et du 27 mars 1762, passés devant les notaires des juridictions de Matignon, de la Motte-Collas et de ladite Commanderie) (Dossier Héliguen).

Quant à Pléneuf (Plou ou Plé peuple, novus, nouveau) [Note : Pléneuf ne viendrait-il pas de Plé ou Plou navium — peuple de navires, de matelots ? Le vieux mot nef répond au latin navis, d'où Plé nef : Pléneuf], son histoire se confond avec le passé mémorable de ses trois châteaux : le Vauclair, le Guémadeuc et Bienassis. Ce Plé novus tirerait son nom d'une colonie de Juifs auxquels un sire de Tournemine, seigneur de la Hunaudaye, aurait donné asile sur ses dépendances du Vauclair, au XIIIème siècle ou XIVème siècle, mais nous n'avons aucun renseignement précis à ce sujet. Cependant la rue aux Juifs, qui paraît être le noyau du vieux Pléneuf et la Ville ês Coquins qui en est comme le faubourg du côté de ce qui fut le « Cloître », ne nous permet pas de rejeter tout à fait cette tradition.

Non loin du point culminant de la falaise qui semble tendre à Verdelet [Note : Le rocher ou plutôt l'îlot du Verdelet doit son nom à l'apparence verdelette de son court gazon ; ainsi Piégu (pied aigu) devait-il le sier, à la forme qu'il affectait ; les travaux du quai, en faisant sauter le petit Piégu, ont anéanti ce qui en était comme le talon], à jamais accaparé par la mer, un bras impuissant à le ressaisir ; tout près de l'ancien télégraphe à signaux, les fouilles d'un savant magistrat (M. Fornier) ont mis a découvert les vestiges d'un télégraphe à feu, à triple foyer, qui, par d'ingénieuses combinaisons de lumière, devait mettre en communication Erquy, la « Reghinea » des Romains (prononcez Regui) et son poste avancé, le château Tanguy (Tanquam Reghineœ), dominant l'une des deux extrémités de cette anse.

Protégée par la falaise du château Tanguy, la Ville Pichard (Villa Piscatorum), village des pêcheurs, mérite encore son nom.

De l'ancien télégraphe, la vue embrasse un vaste horizon, tant du côté de la terre jusqu'au Menez que sur la baie de Saint-Brieuc, jusqu'au fond de cette baie, vers Yffiniac, écrit dans les vieux actes Y Finiacq (Contrat de la Villepierre, en Hillion, ce qui nous indique son étymnlogie naturelle et incontestable quoique jadis contestée (Hic finit aqua, ici finit l'eau).

Nous ne mentionnerons que pour saluer le progrès de ses armements le port de Dahouët, dépendant de notre commune et dont la prospérité se trouve si intimement liée à celle du Val-André.

Dahouët relevait, non de la baronnie, mais de Penthièvre et s'orthographiait d’Aouët ou d’Aouest sur nos vieilles cartes ; les vents d'ouest qui soufflent sans cesse sur cette côte lui auront fait donner ce nom.

Dominant le port, au haut de la côte rapide qui se prolonge vers Lamballe, la Ville-Hatte était, au XVème siècle, la seigneurie des Héliguen, gentilshommes de Pléneuf et de Sainl-Alban. (Vieilles Réformations, Bibliothèque municipale de Saint-Brieuc).

Au-delà de Dahouët, la Hunaudaye comptait parmi les démembrements de fiefs soumis à sa haute juridiction, des terres seigneuriales en Planguenoual, entre autres le manoir noble du Prédéro, dont la justice ressortissait du Hourmelin, ayant pour siège et lieu d'exercice le Chemin-Chaussé. (Dossier du Prédéro) [Note : D'après Ruffelet (Annales, subdélégation de Lamballe), le lieu d'exercice des basses et moyennes justices du Hourmelin était Planguenoual ; celui du Guémadouc, Pléneuf ; celui de Bienassis, Erquy. Aux termes de l'article 38 de la Coutume de Bretagne, ces seigneurs connaissaient des contraventions et querelles de la foire. S'il y avait rixe sanglante, ou si les sujets capturés appartenaient à d'autres juridictions, ils n'avaient droit de les garder en prison que 24 heures. Passé ce délai, ou les déférait à la juridiction supérieure (haute justice). — D'Argentré. Coustumes de Bretagne. — Le Guémadeuc et Bienassis avaient, comme le Vaucler, prérogative de haute justice. Les droits de foires, de marchés ou d'assemblées n'étaient pas leur privilège exclusif. Les moyens et bas-justiciers avaient également part à ces profits dans la limite de leurs juridictions].

Les redevances féodales de la Hunaudaye n'étaient pas limitées à son seul territoire. Ainsi voyons-nous en 1693 (22 juin), la juridiction de Moncontour condamner, de ce chef, écuyer Jean de Cargouët, dame Catherine de Bonabry et le chevalier seigneur de la Villepierre à verser solidairement 29 livres 2 sols.

Nous avons déjà, à l'occasion de Verdelet, parlé des écluses ou pêcheries. Sur toutes nos côtes, ces « pescheries » constituaient des droits importants pour leurs possesseurs. A Pléneuf, la famille Denis se disait noble, comme vivant du noble métier de la mer (Vieilles Réformations). Et nous avons à nos archives de la Villepierre un bail de « pescheries aux mareyries d'Hillion » au prix de quatre livres tournois et un plat de poissons aux Rogations (1675).

Plus loin, sur la route de Saint-Brieuc dont les évêques étaient à la fois seigneurs temporels et spirituels, Yffiniac était désigné (16 octobre 1705) sous le nom flatteur de « ville et Passage », et les notaires de la juridiction et baronnie d'Yffiniac constataient la comparution devant eux, à cette date, de messire François de la Villéon, chevalier de la Villepierre, « syndicq perpétuelle de ladite ville et passage ». (Dossier de la Villepierre).

Nous ne parlerons que très incidemment de Lamballe. Cette capitale de Penthièvre, voisine de la Hunaudaye, était sans cesse en guerre avec elle. Un accord intervint entre les belligérants qui convinrent de ne plus « s'escarmoucher » à l'avenir. On dit que les Moines de Saint-Aubin, mis à contribution par les deux partis, firent couler leur vin et leur cidre en l'honneur du Pax vobiscum. Ce que c'est que d'être... état tampon !

Sans Notre-Dame, dont nous allons donner un court aperçu historique en renvoyant à la spécialité des Guides les détails archéologiques qui excèdent notre cadre déjà trop étendu ; à part son haras, dont la ville de Lamballe est justement fière, nous n'eussions pas franchi en sa faveur les frontières de la baronnie. N'en déplaise aux paroissiens de Saint-Jean, dont la tour octogonale est du XVème siècle, mais dont l'église a été réparée sans goût, nous ne signalerons que son bénitier en marbre. Saint Martin y est représenté à cheval au moment où il se dépouille, en faveur d'un pauvre, de son propre manteau. La succursale (XIème siècle) sous le vocable de ce saint et qui dépendait d'une antique abbaye, se plaint d'avoir été dépouillée jadis de son bénitier, comme saint Martin de son manteau, saint Jean, affirme-t-elle, ne l'ayant pas laissée libre de le lui refuser.

De même que Notre-Dame de Guingamp Notre-Dame de Lamballe dut sa solidité et sa beauté à ces « associations d'ouvriers artistes, les Lamballais, véritables maîtres de la pierre vive » (Ropartz. — Guingamp et son Pélerinage), dont la réputation, dès le XIIIème siècle était déjà répandue au loin. Remaniée à diverses époques, depuis le XIIème siècle, date de sa fondation, et relevée en partie, il y a environ quarante ans (vers les années 1850), cette collégiale (monument historique) était, à l'origine, la chapelle du château dont les Promenades occupent la place. Elle avait ses chanoines que leur simple rang de chapelains n'astreignait pas au moins, comme les chanoines de Saint-Brieuc, à la Minuti sanguinis, c'est-à-dire à la saignée annuelle de printemps.

Charles de Blois, de sainte mémoire, y porte processionnellement des reliques, tête nue et pieds nue, et plusieurs princes de la maison de Penthièvre y furent baptisés.

La tour quadrangulaire de Notre-Dame a perdu, au XVIIIème siècle, la flèche qui la surmontait et qui, plusieurs fois, avait été frappée par la foudre. Il y avait aussi à l'Intérieur de l'église un jubé dont les restes ont été enlevés vers le même temps ; il était en si mauvais état qu'il menaçait la sécurité des paroissiens (Quernest — Histoire de Lamballe).

Si l'on n'y prend garde, une petite merveille, le buffet d'orgue Renaissance, chef-d'œuvre de sculpture et de boiserie, finira lui-même par tomber en poussière.

Les armoiries de Lamballe étaient « d'azur à trois gerbes d'or, 2 et 1 » et se rapportaient à sa fertilité. Selon l'abbé Deric (Histoire écclésiastique de Bretagne), cette fertilité était telle qu'elle inspira le dicton : « Si la Bretagne est un oeuf (prononcez œu), Penthièvre en est le moyeu ». En revanche, ce pays était non sans raison regardé comme malsain. Suivant le même auteur, Lamballe aurait pour étymologie : « Lan, pays et bala, marais ».

Les peintres de la « bonne ville » et de l'ex-baronnie ont eu leur chef d'école, comme à Rome le grand art a eu ses maîtres. Avant le sergent des gardes-françaises, attiré chez nous par son lieutenant le marquis de La Moussaye, les châteaux enfumés de ce pays ne connaissaient point le secret du barbouillage, quand un pinceau trempé dans la fontaine de Jouvence vint en rajeunir les vieux murs.

Lasne était le nom de ce sergent qui devait, quelques années plus tard, être le gardien de Louis XVII, au Temple. Artiste de vocation, sinon de profession, il s'était, par son talent, fait une véritable renommée.

Il logeait à Lamballe chez un aubergiste qui s'appelait Delacroix. « C'était le beau temps, disait-il à M. de Beauchesne, à qui nous devons ces détails [Note : Louis XVII, tome 2, page 292 — Plon, Paris, 1868]. Pour douze sous par jour, j'eus un logement convenable et une nourriture excellente ».

A douze sous par jour !... Quelque modeste que soient les prix de Lamballe, de la baronnie de la Hunaudaye, voire même du Val-André, ne comptez guère, touristes et baigneurs, sur une pareille aubaine

Voir aussi   Ville de Plédéliac (Bretagne) " La forêt de la Hunaudaye"

Voir aussi   Ville de Plédéliac (Bretagne) " Le château de la Hunaudaye "

Voir aussi   Ville de Plédéliac (Bretagne) " Le souterrain de la Hunaudaye à Notre-Dame de Lamballe"

Voir aussi   Ville de Plédéliac (Bretagne) " Erection de la Hunaudaye en baronnie "

Voir aussi   Ville de Plédéliac (Bretagne) " Les sires de la Hunaudaye à la Cour "

Voir aussi   Ville de Plédéliac (Bretagne) " Justices seigneuriales - Droits de fondation et d'inféodation à Saint-Alban "

 

CONCLUSION.

Les Juges seigneuriaux et leur inamovibilité.

Pour achever le tour de la Baronnie de la Hunaudaye, reprenons avec l'honorable M. Minet la nomenclature sommaire des fiefs dont il s'agissait, en 1781, d'opérer la vente au profit du comte de Rieux.

C'était d'abord Montafilant et Corseul avec la châtellenie de Plancoët et sa justice ; puis venaient le Chemin-Chaussé, sa foire et sa juridiction comprenant Saint-Alban, Planguenoual et Pléneuf, entre autres paroisses riveraines.

Le château de la Hunaudaye et ses fiefs secondaires : Pléven et Plédéliac.

C'était enfin la suzeraineté sur Saint-Lormel, Pluduno, Saint-Potan, Quévert, Bourseul, Saint-Méloir, Plélan, Saint-Michel-de-Plélan, Plorecq (Plorec) et Lescouët, Hénan et Ruca.

Montbran, « ancienne ville avec tour et forteresse, en la paroisse de Pléboule, et les restes de son église, s'il y en avait encore » (Projet de contrat de 1781), dépendait de la châtellenie de Plancoët.

On le voit, en 1781, la baronnie avait, féodalement et géographiquement, la même importance qu'en 1502, au temps d'Alain Héliguen.

Dans le projet de vente de Montbran, de sa foire et de son baillage, le comte de Rieux se préoccupe non seulement de ce que cela peut lui rapporter, « laquelle foire commençant le jour de la Sainte Croix, en septembre, et se continuant les jours suivants », mais il a vite passé sur les droits de « bouteillage de chacune pipe de vin, avec toute justice sur les allans et venans et trafiquans » pour songer aux « juges, procureurs fiscaux, notaires et autres officiers subalternes qui ont été pourvus de mandements et reçus jusqu'à ce jour ».

Et le seigneur vendeur tient à stipuler, avant contrat, que « les dits soient, à l'avenir comme par le passé, maintenus dans leurs charges jusqu'à leur mort ou désistement volontaire et dans la même manière d'exercer, et ce, en témoignage et recognoissance de la dignité et intégrité avec les quelles les uns et les autres ont rempli les devoirs de leurs charges » .

Nous ne pouvions finir par un meilleur exemple du respect dû aux magistrats. Leur inamovibilité, garantie à la fois du justiciable et du juge, n'était pas alors un vain mot.

(un ancien rédacteur à la chancellerie).

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