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JUSTICES SEIGNEURIALES ET DROITS DES SIRES DE LA HUNAUDAYE

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Dans sa savante « Etude biographique sur Baudouin de Maisonblanche, député de la Sénéchaussée de Lannion aux Etats-Généraux de 1789 », M. René Kerviler reproduit une lettre de ce jurisconsulte dont nous détachons ce passage relatif à la suppression des justices seigneuriales :

« Ces Justices s'exercent ordinairement en campagne et n'ont qu'un juge……… Plusieurs se récrient contre les abus énormes de ces justices seigneuriales, etc.. » (Lettre de Baudouin - 1er juin 1788).

La multiplicité de ces sièges, l’amour du Breton pour la chicane, « mal politique dont gémissaient les honnêtes gens de la province » (Lettre de Baudouin), les frais que tout cela entraînait, sans compter l'ignorance de ces magistrats ruraux, appelaient depuis longtemps une réforme répondant aux vœux les mieux justifiés.

Il faut lire les lettres de Madame de Châteaubriand qui venait d'être jugée (1785), par « le Tribunal rustique » du Chemin-Chaussé, au vicomte de Rabec son acquéreur, pour avoir idée des malédictions contre ces juges « ignorants ». (Archives du Prédéro).

C'est qu'il y avait en ce Chemin-Chaussé toute une juridiction avec juge, procureur-fiscal, greffier, etc., etc.

Les actes que l'on y rédigeait qualifiaient cette seigneurie de ville, sans plus de façon qu'Andore et Saint-Marin se vantent d'être Républiques et que Monaco se pique d'être un Etat.

La justice se rendait au Chemin-Chaussé au nom de haut et puissant seigneur le baron de la Hunaudaye, comme elle se rendait pour menues querelles entre vassaux du Vaucler, sous le porche de la chapelle Saint-Jacques, en St-Alban.

Une balance, peinte sur la porte du prétoire de Pléneuf, atteste par un signe sensible que, pour avoir été déplacé par la Révolution, l'équilibre judiciaire n'est pas rompu.

Sur la route de Pléneuf à Saint-Alban, à gauche de la côte que l'on gravit au pas avant ce dernier bourg, on aperçoit sur l'autre versant une toute petite chapelle, sorte de monument funéraire, comme on en voit tant dans nos cimetières. C'est sur ce riant coteau que naquit le futur évêque de Saint-Brieuc, Guillaume Pinchon (Saint Guillaume), mort en 1234.

Une légende veut que le saint se rendant à Matignon « petite ville et grand renom » demandât l'hospitalité au Chemin-Chaussé.

On ne voulut l'y recevoir que moyennant paiement. Les prétentions de son hôte dépassant les ressources de sa modique bourse, le saint dut laisser son bréviaire en gage, mais en avertissant les habitants du Chemin-Chaussé qu'en punition de leur manque de charité, les murs de leurs inhospitalières maisons ne pourraient tenir debout.

De là, il se rendit à l'hôtellerie Abraham, en Saint-Alban, où ses compatriotes, auxquels il ne se fit pas tout d'abord reconnaître (il faisait nuit), l'accueillirent et l'hébergèrent sans plus se préoccuper de rémunération. Leur générosité reçut sa récompense.

A partir de cette époque, le Chemin-Chaussé a cessé d'être ville, les maisons s'écroulent à mesure qu'on en bâtit. C'est le contraire à Saint-Alban ; les plus vieilles constructions restent intactes, comme pour témoigner du miraculeux contraste Une simple croix marque la place où s'arrêta le saint.

« Le Chemin-Chaussé n'est proprement qu'une rue, séparant les paroisses de La Bouillie et de Hénansal. Il a néanmoins toujours porté le nom de ville, quoique bien des hameaux auraient plus d'apparence, si l'on n'y voyait pas trois ou quatre enseignes de cabaret qui sont saillantes sur la rue. C'est le siège de la juridiction de la Hunaudaye pour les paroisses qui sont trop éloignées de Plancoët, et il y a un auditoire qu'on peut véritablement appeler rustique » (Notes, en 1781, pour parvenir à la vente des fiefs de la maison de Rieux).

La via calcata (chemin chaussé) ou via ferrea (chemin ferré), autrement dit le chemin des Romains, devait traverser à cet endroit, un centre plus ou moins populeux, qu'il ait été ville ou village. Les découvertes que l'on a faites, il y a quelques années, au Chemin-Chaussé, en sont au moins la logique présomption. En 1825 et 1847, les Trinaires de Constantin le Grand, et en 1850, des pièces de monnaie du temps de Maximin ont été trouvées aux alentours.

Un aveu, rendu à Lamballe, en novembre 1570, pour les seigneuries de la Hunaudaye et Montafilant, par « René Tournemine, chevalier de l'ordre du Roy, baron de la Hunaudaye, sire de Montafilant », inféode la seigneurie de Montafilant de la proche mouvance, dans toute l'étendue de plusieurs paroisses, au nombre desquelles figure Saint-Alban.

L'usage voulait que l'on gardât, de temps immémorial, les mesures des seigneuries dans les églises situées « sous le proche fief de leurs hautes justices » (Minu fourni, en 1469, par le sire de la Hunaudaye à la seigneurie de Montafilant).

C’êtait en vertu de cette pratique féodale et séculaire que l'Etalon de mesure à blé de la seigneurie de Montafilant était déposé en l'église de Saint-Alban.

Cet étalon ayant élé déplacé et transporté dans le cimetière, un réquisitoire seigneurial le fît reporter en l'église, procès-verbal ayant été préalablement dressé à cet effet par les officiers de la juridiction de Montaffilant, siégeant au Chemin Chaussé, Le recteur allégua pour sa défense que le déplacement de la mesure n'avait été opéré qu'à raison des réparations de son église, ce qui fut signé de lui, du juge et du greffier (Procès-verbal du 11 janvier 1648).

En novembre 1575, un second Aveu est rendu à Lamballe, « pour les seigneuries de la Hunaudaye et Montaffilant, par René de Tournemine, chevalier de l'Ordre du Roy, baron de la Hunaudaye, sire de Montaffilant », en vertu duquel « la seigneurie de Montaffilant est inféodée de la proche mouvance dans l'étendue de plusieurs paroisses », au nombre desquelles Saint-Alban est expressément dénommé (Rennes, Joseph Vatar, 1746 - Mémoire imprimé).

Il y est dit « qu'a cause desdictes seigneuries, ledit sire a tout : droit de Juridiction, Haulte-Justice, Puissance, Privilèges, Prééminence, Auctorité, Prérogatives tenant à seigneur, baron et châtelain », suivant la coutume de ce pays.

L'auteur du Mémoire qui fut imprimé en 1746, au cours du procès, engagé au sujet des « Droits de Seigneurie Proche et de Fondation de l'Eglise de Saint-Alban », entre le comte de Rieux et le comte de La Marck, fait remarquer, d'après Hévin, que « ce genre d'inféodation comprend le droit de fondation et est conforme à l'ancien usage des grandes seigneuries qui rendaient leurs Aveux en bref et sans aucun détail des droicts particuliers ». On en donnait pour exemple les aveux de la baronnie de Vitré, ne contenant que quelques lignes.

Nous retrouvons bien encore ici la lutte, au sujet des « prééminences » en l'église de Saint-Alban, engagée comme à la chapelle Saint-Jacques avec la maison du Vaucler, entre la maison de Rieux et le comte de La Marck aux droits de messires de Visdelou. Il fut prouvé que « les prééminences » de ceux-ci, dont le privilège d'écussons était l'un des principaux, provenaient, à l'origine, de « concessions consenties à leurs auteurs par le général des paroissiens » moyennant trois sols de rente que la Fabrique continuait de percevoir (Mémoire de 1746).

Ces écussons n'existent plus [Note : On retrouve, semble-t-il, de ces écussons sur le mur extérieur, côté midi], la verrière du maître-autel de Saint-Alban a survécu aux générations, aux tourmentes et aux procès. Elle a été en partie respectée par les ans, et qui plus est, par les hommes. On la fait remonter au XVème siècle : elle représente la Passion.

Le premier lundi de septembre, il se tient, « proche de l'église » une foire, dite la Foire aux Chats, ainsi dénommée, disent les chroniques, parce que longtemps on n'y vit pas un chat. Cette innocente plaisanterie ne s'appuie ni sur l'histoire ni sur l'absence ou la présence des félins, ni sur son nom véritable, qui est : « Foire aux Chairs » ; mais laissons-la s'appeler comme c'est aujourd'hui d'habitude...... la Foire aux Chats !

La première fois que nous en trouvons mention, c'est dans un Minu du mois de juin 1469. Dans ce Minu, fourni à la seigneurie de Montafilant, il est question déjà de la Foire aux Chairs « tenue tous les ans au bourg de Saint-Alban » (Mémoire de 1746) (1er lundi de septembre).

En juillet 1738, un aveu est rendu par le comte de La Marck à la seigneurie de la Hunaudaye et Montafilant, par lequel il déclare tenir de ladite seigneurie « la foire appelée vulgairement la Foire aux Chairs, qui se tient tous les ans au bourg de Saint-Alban, le premier lundy de septembre, dans une place qui entoure l'église et le cimetière, droict de foire qu'il reconnaît ne lui appartenir qu'à raison de l’acquest que ses autheurs en ont fait en 1601 du sire de la Viléon qui la tenoit prochement de la dicte seigneurie de Montafilant, et qui, par la vente qu'il en a faicte, a chargé le sieur Visdelou de la Goublaye de la tenir de même » (Mémoire de 1746).

Cet aveu fixe donc nettement l'origine des droits de la Foire aux Chairs, provenant de la cession faite au profit de messire Visdelou « Autheur » du comte de La Marck, par messire de la Villéon « qui la tenait lui-même prochement de la seigneurie de Montafilant ».

(un ancien rédacteur à la chancellerie).

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