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LE SOUTERRAIN DE LA HUNAUDAYE A NOTRE-DAME DE LAMBALLE

(La Pie Margot et sa légende)

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Suivant la légende, la Hunaudaye communiquait avec l'église Notre-Dame de Lamballe par un souterrain, ouvrage des Fées ayant à leur tête la fée Margot.

« La meilleure preuve, c'est que les galeries du chœur conduisent dans la chambre à Margot, comble du côte nord de cette église, justement au-dessus de la porte du souterrain, et qu'on voyait encore, ces dernières années, sa quenouille pétrifiée dans un coin de la chambre. Tous les trésors de Margot sont dans ce souterrain : il y a des monceaux de pièces de six francs.

Si les prêtres parvenaient jusqu'au tas d'argent qui est maintenant gardé par un suppôt du diable, il leur suffirait d'y jeter quelques gouttes d'eau bénite, et le trésor appartiendrait à l'église. Ils ont bien essayé à diverses reprises ; la dernière fois, il n'y a pas plus de cent ans ; mais c'est impossible. Ils étaient entrés dans le souterrain avec la croix, la bannière, chacun portant un cierge bénit à la main pour éclairer la route, le recteur ayant ses étoles et un goupillon ; mais avant d'avoir fait cent pas, ils virent une nuée de guibettes (ou cousins) voltigeant autour de la flamme des cierges et s'y brûlant en si grand nombre qu'elles finirent par tout éteindre. La procession eut bien de la peine à sortir du souterrain. Depuis, on a condamné la porte et défendu d'y entrer ».

M. Paul Sébillot, qui nous conte celle légende, la continue par le récit de ce qui advint à la Fée Margot au tertre du Caliguet, d'où les fées tiraient leurs matériaux pour la tour de Notre-Dame :

« Elle laissa choir, de surprise, sa devantelée (charge d'un tablier ou devantière), à minuit en passant sur le Tertre, quand elle aperçut au clair de la lune, à ses pieds, un objet inconnu, avec des reflets blanc et noir, ce qui l'effraya. Ce fut avec de grandes précautions qu'elle le ramassa, et, oubliant ses pierres, elle l'apporta jusqu'à Lamballe pour le montrer à ses sœurs…………………. Les sœurs ne connaissaient pas davantage l'objet trouvé sur le tertre de Caliguet. En toute hâte elle se dirigea vers Cesson (La Tour de Cesson, près de Saint-Brieuc), pour consulter les autres sœurs qui bâtissaient là et auxquelles Margot n'avait porté qu'une devantelée de pierres. Elles y trouvèrent la fée qui dirigeait les travaux ; mais ces bonnes fées ne bâtissant pas comme nous, la tour était à ce moment dans l'état où nous la voyons aujourd'hui, La fée-ingénieur, plus savante, par conséquent, que les ouvrières, reconnut immédiatement le cadavre d'une pie. Il s'ensuivit une longue explication sur la vie et la mort ; cette nuit-là les fées apprirent qu'elles devaient mourir ni plus ni moins que la pie du Caliguet » [Note : Société d'Emulation des Côtes-du-Nord. — Légendes locales de la Haute-Bretagne, par Paul Sébillot. —Tome XXIV. — (1886), p. 228, 229, 230 et 231 — Saint-Brieuc, Francisque Guyon].

« Cessons ! Cessons ! » auraient dit les fées en songeant à l'éternité et à leur destinée mortelle à laquelle le cadavre de la pie Margot les aurait rappelées.

Quant à la Fée Margot dont nous n'avons pu visiter la chambre, puisque les cierges s'y éteignent, elle a laissé assez de souvenirs pour que son nom, évoqué à l'occasion du souterrain, nous ramène à Marguerite de Clisson dont la vie paraît merveilleusement s'adapter au blanc et noir de la pie Margot, son historique symbole.

Margot avait longtemps habité, en dame et maîtresse, le château de Moncontour. En 1387, elle s'y était mariée a Jean de penthièvre, fils de Charles de Blois, dont Notre-Dame avait été la chapelle comtale.

Image de la pie qui sautille comme une boiteuse, Marguerite boîtait à la suite d'un coup de pied que son père indigné, le connétable de Clisson, n'avait pu s'empêcher de lui donner, et qui lui avait brisé la jambe. A la mort du duc de Bretagne, n'avait-elle pas demandé à son père de faire périr les enfants de ce prince afin de faire passer sur la tête des siens l'héritage de la province :
« Ah ! cruelle, fit le Connétable, si tu vis longuement, tu seras cause de détruire tes enfants d'honneur et de biens ». — Il l'eût tuée, ajoute Dom Morice (Histoire civile et écclésiastique de Bretagne, Tome I, p. 128), si Margot ne se fût sauvée.

Marguerite, malheureusement, ne réalisa que trop la funeste prophétie paternelle. Sans parler des sergents de Moncontour qu'elle fit injustement mettre à mort, elle se souilla de tant de crimes qu'elle « détruisit, en vivant longuement, ses enfants d'honneur », si elle ne les « détruisit pas de biens ».

Voici pour la noirceur.

C'était alors une religieuse coutume, pour ces âmes bouleversées par le remords, de consacrer la dernière période de la vie à expier par des fondations pieuses les méfaits de la première. Ce fut le repentir qui inspira la fille de Clisson dans tout ce qu'elle entreprit de chapelles et d'églises. Le diable devenu vieux... se fit ermite.

« N'est-il pas étonnant, dit le regretté M. Lamare au sujet de Notre-Dame de la Fontaine, le gracieux sanctuaire attribué à Margot, que le nom de cette princesse qui rappelle tant d'actes audacieux et coupables, soit aussi attaché à plusieurs des plus gracieux monuments de l'art chrétien, au XVème siècle ? » [Note : Lamare. — Histoire de Saint-Brieuc. — Sociéte d'Emulation des Côtes-du-Nord. —Tome XXII (1884), p. 45. — Saint-Brieuc, Francisque Guyon. Comme curiosités de Saint-Brieuc, en outre de la Fontaine Notre-Dame, nous signalons la Cathédrale (Monum. hist.), l'hôtel de Rohan, d'anciennes maisons (XVIème siècle) avec sculptures en Bois, rue Saint-Jacques, le vieux quartier Fardel, et aux environs, en Langueux, la Colonie de Saint-Ilan, fondée en 1813].

Voilà pour la blancheur.

La Margot est restée le nom vulgaire de la pie. L'oiseau noir et blanc de Moncontour ou du Tertre du Caliguet, qui en est voisin, ajoute le symbole et la légende à la renommée si peu flatteuse, au point de vue de la probité, de la pie voleuse.

II - La « Police » de Lamballe.

Le suppôt du diable, pour garder les trésors de Margot, a donc trouvé un moyen infaillible de se passer de la police et de la gendarmerie. Les « guibettes », en voltigeant sans cesse autour des cierges qu'elles finissent par éteindre, ne permettent pas de découvrir les monceaux de pièces de six livres.

A tort ou à raison, sans raison sérieuse (nous allons le prouver), la police de Lamballe est en mauvais renom. Quelque délicat qu'en soit le récit, l'histoire en est drôle et nous allons essayer de vous la raconter.

C'était pendant une réunion de délégués municipaux, au temps où florissait le culte de la Raison. Le Conseil se tenait en la ci-devant église de Notre-Dame, ses membres siégeant autour d'une table, entre les piliers qui soutiennent la tour, juste au-dessous du Père Etemel. Une trappe, à l'image peinte de Dieu le Père, lui avait fait donner ce nom. C'était de cette trappe qu'à la fête de la Pentecôte tombaient des étoupes enflammées, figurant, aux yeux des fidèles, les langues de feu descendant sur les Apôtres.

Ce jour-là, en pleine délibération, tomba sur la table………, ce n'était ni de l'étoupe, ni du feu, mais du liquide bientôt suivi de quelque chose. C'était……………. infect !

Il n'y avait pas à en douter : du « Père Eternel » venait l'affront, et l'insulteur était là-haut.

Vite à l'escalier de la tour, les plus agiles en gravissent les marches pendant que le facétieux et son compagnon, car le coupable avait un complice, sautaient de poutres en poutres et se dérobaient si bien aux recherches qu'on ne les put attraper. — Que va nous faire la Police, si nous sommes pris ? fit l'un des délinquants. — Je me f...... de la Police de Lamballe, répliqua l'autre. On appelait alors, en cette ville, « Police » ce que nous nommons Municipalité.

Lorsque vous entendrez ainsi que nous l'avons entendu, à cent lieues de l'ex-capitale de Penthièvre : « Je me f...... de cela comme de la Police de Lamballe », vous saurez ce que cela veut dire. Je tiens l'histoire d'un grave Notaire. Dont acte.

(un ancien rédacteur à la chancellerie).

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