Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

LE RÉGIME DE LA CORVÉE EN BRETAGNE au XVIIIème siècle

  Retour page d'accueil       Retour "Histoire de Bretagne" 

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

C'est au XVIIIème siècle en Bretagne, comme dans les autres provinces de la France, que le désir de multiplier à bon compte les voies de communication détermina l'introduction de la corvée des grands chemins.

C'est le 23 décembre 1730 que, par une simple ordonnance du commandant et de l'intendant, l'ouverture et l'entretien des routes furent mis à la charge des corvoyeurs.

La corvée ne s'organisa pas définitivement du premier coup. Sa législation ne se fixa que peu à peu. De 1730 à 1754 elle est incertaine et changeante ; en 1754, le duc d'Aiguillon promulgue une ordonnance qui, complétée par l'ordonnance du 30 octobre 1757 et légèrement remaniée par ses successeurs, met fin à la législation compliquée et confuse des débuts et nous apparaît comme le code de la corvée en Bretagne.

Inspirée par le souci d'établir plus d'égalité et de diminuer l'arbitraire des employés des ponts et chaussées, cette ordonnance, en soumettant à la corvée tous les contribuables au casernement, rejetait sur les bourgeois des villes, propriétaires de biens à la campagne, un peu de la charge qui jusqu'alors n'avait pesé que sur les paysans. Elle modifiait la distribution des tâches en supprimant le travail en commun et en subdivisant la tâche de chaque paroisse au prorata de la capitation entre les corvoyeurs, défendait de charger les corvoyeurs des travaux d'art qu'elle prescrivait de mettre en adjudication ; laissait aux députés et aux syndics, élus par les communautés rurales, le soin de commander et de diriger les corvoyeurs, fixait la durée des travaux, interdisait d'appeler à la corvée les paroisses éloignées de plus de deux lieues du chemin à construire ou à réparer.

Malgré l'adoucissement qu'elle apportait au régime de la corvée, cette ordonnance ne fut pas mieux observée que les précédentes.

Les corvoyeurs ne fournissent qu'avec répugnance leurs journées de travail, refusent souvent de se rendre sur les chemins, maltraitent les députés et syndics, effectuent sans souci les ouvrages qui leur sont confiés ; malgré les amendes et les peines sévères prononcées contre eux. L'autorité est incapable de vaincre la mauvaise volonté et parfois de réprimer la désobéissance des corvoyeurs.

La corvée était d'autant plus « difficile à faire aller, » selon l'expression d'un intendant, qu'elle était plus lourde.

La mauvaise volonté et la désobéissance des corvoyeurs n'étaient souvent qu'impuissance et que découragement. La corvée en fait ne pesait que sur les paysans et même les plus aisés d'entre eux, bénéficiant d'exemptions trop facilement accordées, parvenaient souvent à y échapper. L'injuste répartition de la capitation et des tâches, les exactions et la brutalité des employés, le grand nombre d'exemptions arrachées à la faveur ou à la vénalité aggravaient cet impôt qui frappait surtout les paysans pauvres.

La corvée semble avoir été plus lourde en Bretagne que dans les autres provinces. D'une part, le réseau des routes y était plus étendu, les privilèges plus nombreux, les Etats plus avares de leurs deniers. D'autre part la corvée, depuis l'ordonnance de 1754, n'y fut pas allégée.

La persistance de la corvée en Bretagne jusqu'en 1789 est un fait remarquable. Alors qu'à la fin du XVIIIème siècle, dans la plupart des provinces, on s'efforce de modifier ou de supprimer la corvée, en Bretagne on s'obstine à la maintenir. Quand la misère est trop grande dans les campagnes on se borne à voter quelques fonds pour « soulager » les corvoyeurs, à faire achever leur tâche par des adjudicataires aux frais de la province, à établir des ateliers de charité où les mendiants à côté des corvoyeurs, gagnent le morceau de pain dont ils ont besoin. Mais on se garde de toucher au régime de la corvée, de le transformer.

A qui faut-il attribuer cette persistance de la corvée en Bretagne ? Quand en 1776 et 1786, dans toute la France, les intendants en suspendent le fonctionnement, le Parlement de Rennes n'enregistre pas les édits qui la suppriment et les Etats de Bretagne continuent de l'exiger. Elle a été pour eux un moyen économique de construire et d'entretenir les routes, ils s'opposent à son abandon. Si la corvée n'a pas été abolie, si elle n'a pas même été améliorée à la fin du siècle, c'est que les Etats, qui ont supplanté l'intendant et l'ont écarté de l'administration des grands chemins, ont été plus préoccupés de leurs intérêts et de leurs privilèges que des souffrances du peuple et de l'intérêt public.

L'intérêt public en effet, autant que la justice, demandait la suppression de la corvée. Sans doute, il serait injuste d'oublier que seule la corvée a permis de décupler le réseau des routes bretonnes ; mais ces routes une fois construites, elle fut incapable d'en assurer la solidité et l'entretien.

Pendant tout le XVIIIème siècle, on ne cessa de se plaindre de l'état des chemins.

Non seulement la corvée fut toujours onéreuse pour les populations agricoles, mais il arriva un moment où il apparut clairement qu'elle ne pouvait plus être d'aucune utilité.

Voir   Le régime de la corvée en Bretagne " L'établissement du régime de la corvée en Bretagne. "

Voir   Le régime de la corvée en Bretagne " Comment les corvoyeurs observent les ordonnances relatives à la Corvée en Bretagne. "

Voir   Le régime de la corvée en Bretagne " Lourdeur et difficultés de la Corvée en Bretagne au XVIIIème siècle. "

Voir   Le régime de la corvée en Bretagne " Soulagements (secours, gratifications) accordés au corvoyeurs en Bretagne au XVIIIème siècle. "

Voir   Le régime de la corvée en Bretagne " Persistance ou durée de la Corvée en Bretagne jusqu'à la fin de l'Ancien Régime. "

Voir   Le régime de la corvée en Bretagne " Le régime de la Corvée en Bretagne et l'état des routes. "

J. Letaconnoux.

© Copyright - Tous droits réservés.