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LA SEIGNEURIE DE KERMINIHY EN ROSPORDEN

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Le territoire de la commune de Rosporden, formée de l’ancienne trève de Rosporden, paroisse d'Elliant [Note : La paroisse d'Elliant comprenait également les trèves de Saint-Yvi et de Locmaria-an-Hent], était partagée entre plusieurs seigneuries qui avaient toutes leur juridiction spéciale et leurs officiers. Il faut dire que, dans la plupart des cas, une seule personne remplissait les mêmes fonctions pour plusieurs juridictions et que toutes les juridictions avaient leurs audiences le même jour, le jeudi, en l’auditoire de la ville (sic) de Rosporden. 

Ces juridictions étaient au nombre de six. La ville et quelques propriétés peu éloignées dépendaient de la juridiction royale qui ressortissait à la cour de Concarneau. La seigneurie de Coatcanton, en Melgven, avait juridiction sur une partie des maisons situées au sud de la ville et sur quelques propriétés rurales. La seigneurie de Goarlot, en Kernével, possédait le manoir de Kerouriou (aujourd’hui Keriou et Kerhuilet), dont partie était du domaine royal et partie dépendait de la seigneurie de Coatcanton. Pour ce motif, les propriétaires de Goarlot, qui étaient en dernier lieu de puissants seigneurs, payaient une chef-rente d’une obole au seigneur de Coatcanton. La seigneurie de Coeteloret, en Tourc'h. La seigneurie de Tréanna, dont les propriétaires étaient prééminenciers dans l’église paroissiale d'Elliant, et avaient le droit de mettre leurs armes (d’argent à la macle d’azur) au plus haut du clocher de l’église tréviale de Rosporden. Cet écusson existe encore sculpté en bosse sur la face ouest du clocher. Enfin, la seigneurie de Kerminihy, qui possédait toutes les terres situées au nord de la trêve jusqu’à la paroisse de Tourc'h, était la seule dont le manoir fût situé dans le territoire de Rosporden. Ses propriétaires l’habitèrent presque toujours, et j’ai pu trouver de nombreux renseignements sur leurs familles à Rosporden et aux environs.

Le nom de Kerminihy se rencontre pour la première fois en 1379 sous la double forme Kaermenec’hy et Kermenehy. Kaer, qui est l’ancienne orthographe de Ker, ne reparaît plus dans les documents postérieurs. Menec'h est le pluriel de Manac'h, moine, et ce serait, dit-on, de Menec'h-ty (maison des moines) que serait dérivé en se modifiant successivement les formes Menec'hy, Minic'hy, Minihy [Note : Cette expression se rencontre fréquemment dans la composition des noms de lieu. On trouve aussi Keranmanac'h (village du moine), Kermenec'h (village des moines)]. Plus tard, cette expression a été appliquée par extension à un lieu d’asile ou de refuge, en souvenir des miracles ou des bonnes œuvres de quelque saint personnage, peut-être à la fondation ou à la présence d’un ordre religieux. D’après M. de Blois, ancien président de la Société archéologique du Finistère, il a été question, des Hospitaliers ou même des Templiers, leurs prédécesseurs qui avaient de grands biens dans toute la région voisine de Kerminihy.

Alain de Kerminihy. Le nom de cette terre paraît en 1379 porté par un propriétaire laïque, Alain de Kaermenec'hy, écuyer. Voici à quelle occasion. Jean de Montfort, malgré la défaite et la mort à Auray de son concurrent Charles de Blois, n’avait pu se soutenir dans son duché, malgré l’appui des Anglais, et s’était réfugié en Angleterre. Les armées françaises, conduites par Du Guesclin et, Clisson, furent bientôt maîtresses du pays, le roi Charles V voulût profiter de l’occasion pour s’établir définitivement en Bretagne. Avec un empressement bien impolitique il fit prononcer, le 8 décembre 1378, par la Cour des pairs, la déchéance du duc Jean, la confiscation de la Bretagne et sa réunion à la couronne de France. Les formes de la justice ne furent pas d’ailleurs observées. Les grands seigneurs de la Haute-Bretagne, qui craignaient d’échanger leur faible suzerain contre le puissant roi de France, formèrent une ligue pour s’opposer à ses prétentions. A leur suite, toute la Bretagne se souleva et rappela le duc Jean. Du Guesclin et Clisson furent les derniers à soutenir la cause royale, car, nous voyons encore le 1er novembre 1379 Alain du Juch, capitaine et garde de la ville et chastel de Concq lever une montre ou revue pour le compte de Clisson ; c’était seulement deux mois avant la signature de la paix par le régent de France, Charles V venait de mourir.

Il a été conservé un grand nombre de montres et revues des chevaliers, écuyers et hommes d’armes faites au nom du Roi pendant la durée de cette crise. Trois de ces montres nous donnent le nom de possesseurs de Kerminihy.

Le premier de ces documents est ainsi conçu : « Monstre de Hervé de Lezongar. La reveue de Hervé de Lezongar escuier et de dix-neuf autres escuiers de la Chambre receue à Conq le premier jour de janvier l’an 1379. Premier ledit Hervé de Lezongar, Guillaume le Brigant, Olivier Carreix, Pierre Moam, Guillaume Leogat, Jehan Prevost, Jeh Agnès, Pierre Jehannin, Pierre Parsonne, Yvon du Fou, Henry de Saint-Guinolay, Alain Guezenneuc Jehan Moam, Guillaume Neiz, Couhan, Alain Kerflous, Geoffroy Berre, Alain de Kaermenec'hy, Jehan de Kergouriou » (Chambre des Comptes de Paris).

Une autre monstre reçue à Concarneau par Henry du Juch, le 1er février 1379, un mois plus tard, est signalée par une pièce relative à la famille de Kerminihy, contenant trois extraits de monstre, à savoir : celle d'Henry de Lezongar, déjà mentionnée, et deux autres reçues par Hervé du Juch, le 1er février et le 1er novembre 1379. A une date aussi rapprochée du 1er janvier on doit supposer qu’il s’agit le 1er février d’une levée supplémentaire, d’autant plus que le nom d'Alain de Kerminihy, qui figure dans la première liste, disparaît dans la seconde, et est remplacé par ceux de Guezenec, Jehan et Jacques de Kerminihy, probablement ses trois fils. Guezenec, très jeune en 1379, serait alors le même qu’un autre Guezenec dont l’existence sera constatée en 1426 comme seigneur de Kerminihy.

La troisième monstre reçue par Jehan du Juch, le 1er novembre 1379, se trouve à la suite de celle d'Hervé de Lezongar. Elle est beaucoup plus intéressante en raison des indications qu’elle donne sur la disposition des esprits dans la Cornouaille. On y voit encore figurer Guezenec, Jehan et Jacques de Kerminihy ; mais on remarquera, qu’à une ou deux exceptions près, tous les autres noms qui se trouvaient sur la monstre d'Hervé de Lezongar ne figurent plus dans celle-ci. La voici textuellement reproduite : « Monstre de Jehan de Juch. La monstre de Monsieur Jehan du Juch, chevalier bachelier et de dix-neuf escuiers de sa chambre, receüe à Conq le 1er jour de novembre 1379. Premièrement, ledit Monsieur Jehan, Guezenec, de Kaermenehy, Jehan de Kaermenehy, Jacques de Kaermenehy, Pierre Le Loue, Gieffroy Bernard, Rolland Lucas, Yvon Kaersefredour, Yvon Kaerdantec, Yvon Tréguer, Arnold Sauvaige, Pierre Lormennec, Jehan Le Gallois, Giraut de Lesargoet, Jehan de Baeligou, Yvon Trefanna, Jehan Trefanna, Daniel Tugdal, Alain Coetforne, Henri de Tregourret.

Hervé du Pérennou escuier commis de par le très noble et puissant seigneur Monsieur Olivier sire de Cliçon, de Belleville et de Porhoet, à voir et recevoir pour et au nom de luy les monstres et reveües de quarante hommes d’armes que le Roy a ordonné de nouvel à Monsieur Jehan du Juch chevalier capitaine de garde de par luy de la ville et Chastel de Concq en Cornouaille, aux thresoriers des guerres du Roy nostre Sire ou à son lieutenant, Salut.

Je vous envoie enclose sous mon scel, la Reveüe du dit Monsieur Jehan du Juch chevalier bachelier et de dix-neuf escuiers de la chambre receüe à Concq le 1er jour de feuvrier 1379, montez et armez suffisamment pour servir le Roy nostre dist Sire en ces présentes guerres et en la garde seureté et défense de la dite ville de Concq, sous le gouvernement de mon dit seigneur de Cliçon. Si li faite pour luy et à ses dits compagnons prest payement de leurs gages en la manière qu’il appartiendra. Donné audit lieu sous mon dict scel le jour et l’an dessus dicts ». (Le sceau représente une fasce ondée, le casque est garni d’un mantelet et sommé d’un vol d’oiseau pour cimier) (Chambre des Comptes de Paris).

Guézenec de Kerminihy. — J’extrais de la Réformation des fouages de 1426 les indications suivantes : Elyant (y compris ses trêves : Rosporden, Saint-Yvi et Locmaria-an-Hent). — Nobles Guézennec Kerminyhi. Métayer de Guézennec au manoir de Keranleué (Kerlué). Ville de Rosporden. — Guesguennec de Kerminyhi, au manoir de ce nom, qui a un manoir exempt. Tourc'h. — Marguerite de Benerven [Note : Cette famille, originaire de Benerven en Rédéné, maintenant en Quimperlé, figure deux fois dans la Réformation de 1426. Jean de Benerven fut en 1423 procureur général du duc en Basse-Bretagne. Ses armes étaient d’argent au chêne de sinople englanté d’or, un sanglier de sinople passant au pied], femme de Guezenec, de Kermynichy, au manoir de Kervinedel (exempt).

La monstre de 1444 ne fournit aucun renseignement pour la chatellenie de Rosporden. 

La monstre de l'Evêché de Cornouaille en 1481 nous donne les deux noms suivants : Jehan de Kerminihy. — A Elliant, Jehan de Kerminihy, archer en brigandine ; à Mahalon, Yvon de Kerminihy, archer en brigandine (sa parenté avec le précédent n’est pas établie). Raoul de Kerminihy. — L’existence de ce seigneur de Kerminihy, mort le 4 août 1488, n’est connue que par un aveu de 1498, mentionné ci-après. Henri de Kerminihy. — L’aveu rendu au duc de Bretagne le 14 novembre 1493 par Henry de Kerminihy, frère puîné et héritier de feu Raoul, donne quelques détails sur la terre de Kerminihy, qui comprenait, outre le manoir et ses dépendances, vingt-six villages ou parties de villages, à savoir : Seize, en la paroisse d'Elliant et ses trêves. Sept, en la paroisse de Tourc'h. Deux, en la paroisse de Kernével. Un, en la paroisse de Scaër. Plus une vingtaine de redevances féodales sur divers villages. 

Bien que les limites de la terre aient subi à plusieurs reprises d’assez grandes modifications, on peut dire que son assiette sur ces différentes paroisses est restée la même pendant 300 ans. Tous les villages étaient loués en convenant, même le manoir de Penbeuzal (Penbuel), qui a été beaucoup plus tard transformé en ferme. 

Françoise de Kerminihy. Fille ou soeur de Henry de Kerminihy, qui précède, elle fut son héritière et épousa Alain du Plessis, seigneur de Missirien. En elle s’éteignit la famille de Kerminihy, dont les armes, celles de la terre dont elle portait le nom, sont d’argent à trois molettes de gueules avec la devise : Vive Dieu !. Elles existent sur une clef de voûte du portail de l’ancien château qui a été conservée. Elles se retrouvent encore sur le bénitier qui était placé à la petite porte sud de l’église de Rosporden, parti avec les armes de la famille de Combout [Note : La famille de Combout, originaire dudit lieu, en Querrien, admise à la Réformation de 1669, s’éteignit au XVIIIème siècle. La date de son alliance avec la famille de Kerminihy n’est pas connue. Ses armes sont de gueules au lion d’argent armé, lampassé et couronné d’or]. Ce bénitier a été replacé à la même porte lors des travaux faits à l’église de Rosporden en 1899 [Note : Un détail de l’appareil que le déplacement du bénitier a rendu visible fait croire que ce bénitier a dû être primitivement isolé et probablement placé sur une tombe. Il aurait été mis à l’emplacement où je l’ai connu, lors de la restauration de l’église, brûlée par les Espagnols, en 1594]. Elles existent encore en la maîtresse vitre de l’église paroissiale de Tourc'h, pleines et associées à celles du Plessis. Un aveu de 1679 nous apprend que ces mêmes armes existaient autrefois à Rosporden, en la maîtresse vitre et à la chapelle Saint-Jean. Elles se trouvaient également à Kernével en la vitre de la chapelle du Rosaire, pleines et associées à celles du Combout (Villiers du Terrage).

La seigneurie de Kerminihy passe ensuite dans les familles du Plessis, de la Marche, du Chastel, Le Pappe, ..

(Villiers du Terrage).

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