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LE PRIEURÉ SAINT-GEORGES DE TRÉDIAS

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PRIEURÉ DE SAINT-GEORGES DE TRÉDIAS.

(d'après un inventaire inédit des Archives du Prieuré).

Sur les bords charmants du ruisseau de Rosette, qui sort des coteaux d'Eréac et, après avoir formé le bel étang de Jugon, se jette près de cette ville dans l'Arguenon dont il est un des principaux affluents de droite, s'élevait jadis, près du bourg de Trédias, un paisible monastère, qui pendant prés de 450 ans, de 1346 jusqu'à la Révolution, fut pour cette région la providence des pauvres, et souvent un refuge bienfaisant et hospitalier pour les malades, comme il l'avait été aussi à la fin du moyen-âge pour les nombreux pèlerins qui, arpentant à ses pieds l'ancienne voie romaine de Vannes à Corseul, accomplissaient pieusement le très célèbre pèlerinage des Sept Saints de Bretagne. Fondé au début du XIVème siècle par un pieux chevalier nommé Geoffroy Le Vayer (ou Le Voyer), appartenant à une très ancienne famille du pays de Gouello, le prieuré-hôpital de Saint-Georges de Trédias en Trémeur, eut pour but, dans la pensée de son créateur, ces devoirs de charité et d'hospitalisation si en honneur jadis et qui donnèrent naissance en Bretagne à une foule de prieurés ou de monastères. Mais les choses les meilleures sont destinées à disparaître en ce monde et, malgré les services multiples rendus par le prieuré de Saint-Georges de Trédias, la tourmente révolutionnaire l'ayant emporté, comme tant d'autres, son nom seul, et le souvenir de son existence conservé dans une mauvaise copie de la charte de fondation, donnée par Dom Morice, étaient parvenus jusqu'à nous, lorsque ces temps derniers nous eûmes la bonne fortune de trouver et d'acquérir, chez un bouquiniste de Paris l'Inventaire très détaillé des titres et archives de ce prieuré Saint-Georges de Trédias. Ce curieux document, venant tout à coup nous donner des détails précis sur sa vie intérieure, ses ressources, ses faits et gestes, nous demanderons dès lors à nos amis, les chercheurs bretons, la permission de les en entretenir quelques instants.

En fondant ce prieuré-hôpital, Messire Geffroy Le Vayer, comme nous le verrons plus loin, en confia la gestion des religieux Augustins du monastère de Sainte-Croix du Mans, auxquels il assura des revenus suffisants pour vivre et mener à bien l'oeuvre de charité qu'il avait fait vœu de réaliser. Le 15 décembre 1346, le prince Charles de Blois, agissant comme duc de Bretagne, tint à confirmer sans retard cette fondation, et seize ans plus tard, toujours plein de sollicitude pour les religieux de ce prieuré, il adressa, d'après notre Inventaire, un mandement spécial au sénéchal de Dinan, pour faire jouir le prieur de Trédias des fromentages des paroisses de Plumaudan et de Saint-Maden dont le prieur lui avait fait hommage. Les seigneurs de Dinan et nombre de familles, tant de la bourgeoisie que de la noblesse, s'appliquèrent également, si nous en croyons notre Inventaire, à favoriser par de pieuses fondations l'extension du prieuré de Saint-Georges de Trédias et le bien-être de ses religieux.

Le 6 avril 1431, n. h. Messire Gay Rabaud, chevalier, seigneur d'Iray et de la Rabaudière, fonde au prieuré de Trédias « une messe annuelle chaque année pour les âmes de ses prédécesseurs avec participation aux prières des religieux, laquelle messe devait être célébrée au jour et feste de saint Georges ou le jour suivant, si le prieur et les religieux étaient occupés ce jour-là ». On devait donner pour cette dotation « une motte de terre avec son circuit avec une mazure et pièce de terre joignant icelle Motte, nommée vulgairement la Motte, joignant d'un costé au commun et placite du moulin de Trédias, d'un bout à l'étang de Trédias et d'autre au chemin par lequel on va de Trédias à Sainte-Urielle ».

Le 6 février 1499, nous voyons intervenir une transaction entre les religieux de Saint-Georges, d'une part, et Guillaume Bourgeault et dame Guillemette Maillard, sa femme au sujet du testament de feu Eon Maillard, leur parent, qu'ils avaient refusé d'approuver tout d'abord, mais ratifièrent à cette date. Eon Maillard avait concédé aux religieux diverses donations en raison desquelles ils étaient tenus « de faire dire des prières commémoratives pour son âme le jour de la fête de saint Georges et de faire dire chaque année le jour de la feste de saint Pierre, en l'église paroissiale de Trédias, six messes dont l'une de Requiem, avec nocturne de morts et respons avec un Libera sur la tombe dudit Eon Maillart après ladite messe en priant Dieu pour son âme et celles de ses amis trépassés ».

Le 3 mars 1575. on voit Messire Louis d'Espinay, seigneur de la Marche, donner à notre prieuré, un domaine assez considérable, sis près le couvent de Saint-Georges d'une contenance de huit vergées et nommé les Champs Allieu, à charge auxdits religieux de prier Dieu, pour ledit seigneur, ses prédécesseurs et ses amis.

Le 15 février 1582, le même seigneur, Messire Louis d'Espinay, agissant tant pour lui que pour Messire Charles d'Espinay, marquis de Vaucouleurs, seigneur d'Yvignac, son fils, fait au couvent de Trédias une nouvelle fondation dans laquelle on le voit donner aux religieux, «  un grand pré nommé les Couailles du moulin de Trédias, appartenant audit seigneur à cause de sa châtellenie d'Yvignac, d'une contenance de 3 vergées, joignant d'un côté le Chemin du Roy qui conduit du bourg de Trémeur au couvent de Saint-Georges, d'autre côté au pré des religieux au devant du couvent et d'un bout au ruisseau qui flue du château de Broons au moulin de Trédias, et en outre une autre pièce de terre nommée Les Tertres, en la paroisse de Trémeur, le tout à charge aux religieux de célébrer dans l'église dudit couvent deux messes basses pour ledit seigneur et la feue dame son épouse, l'une le 20 octobre. jour de son décès, l'autre le jour de la saint Louis pendant la vie dudit seigneur et, après son décès, le jour de sa mort avec prières générales le jour de saint Georges au prosne de la grand'messe ».

Nous eussions été heureux de pouvoir trouver dans notre Inventaire des renseignements assez précis, pour nous permettre d'établir la liste des prieurs du monastère de Saint-Georges de Trédias. L'analyse de ses nombreux actes et titres ne nous a fourni malheureusement que six noms, ceux de : Adam de Tournay, en 1501 ; F. Pierre Hubelin, prieur en 1553 ; Messire Pierre Bourrelet, en 1629 ; Guillaume des Salles, en 1666 ; Jean-Nicolas de Poncy, en 1755 ; dom Pierre-Louis Wastremaz, prêtre, chanoine régulier de Saint-Augustin, en 1766-1775. Par ailleurs, si nous examinons les 418 pièces analysées d'une façon très complète dans cet inventaire, nous voyons qu'elles ont pour objet une grande quantité de transactions, de contrats d'acquêts ou de ventes, d'arrentements, d'échanges divers ou des aveux, présentant pour l'histoire locale une foule de détails aussi intéressants qu'inédits. Les principaux personnages, cités comme ayant eu alors des relations à des titres divers avec le prieuré de Saint-Georges, sont : Messire Geoffroy Le Vayer ; Guy Rabaud, Sgr. de la Bouexière ; Olivier Le Vayer, Sgr. de Trégomar ; Guillaume de Lorgeril ; Jean et Louis d'Yvignac ; Regnault Le Vayer, Sgr. de la Haye-Pesnel ; Rolland de la Motte, Sgr. du Menubois ; Dame Gillette de la Motte, veuve d'Alain Bertho de Beaulieu, en premières noces, puis épouse en secondes noces de Charles Le Mintier, Sgr. de Pontalasne ; Louis d'Espinay, Sgr. de la Marche ; Nicolas Le Vayer, Sgr. du Lou ; Jacques Le Voyer, Sgr. de Trégomar Charles d'Espinay, marquis de Vaucouleurs ; François de Tremigon, vicomte de Kerinan, époux de Servanne Frostel ; Demoiselle Servanne de Tremigon ; René de Kergu, Sgr. des Vaux, etc.

La plupart de ces actes mériteraient d'être étudiés en détail, mais nous nous bornerons à en signaler quelques-uns présentant pour le pays un intérêt plus particulier. Voici d'abord un Acte de reconnaissance du 20 octobre 1461, fourni aux religieux de Saint-Georges par Messire Guillaume de Lorgeril, fils de Jean, « portant qu'il doit auxdits religieux 11 sols 8 deniers de rente, francs de taille au terme de saint Gilles, sur l'hypothèque d'une maison sise à Jugon, en la rue de Souzain Martray, laquelle rente était auparavant de 14 livres et avait été réduite de 2 livres 4 sols à cause de sa contribution à la taille ».

Un compromis du 23 février 1472, passé entre les religieux de Saint-Georges d'une part et Jean d'Yvignac et Louis d'Yvignac, Jean Dumoulin et Geoffroy Pactré, d'autre part, « au sujet de pescheries créées par les religieux sur leurs terres et qui, démolies à main armée par ordre des comparants, provoquèrent de longs débats judiciaires qui ne furent clos que par un arbitrage ». Une assignation donnée par ordre des religieux, le 20 mai 1554, à M.  Guillaume Le Clavier, maître d'école au bourg de Trédias ; ce qui prouve une fois de plus l'existence d'instituteurs dans nos campagnes au milieu du XVIème siècle.

Un acte d'atournance du 27 novembre 1581, document des plus curieux, donnant la liste de tous les hommes et sujets du prieuré au nombre de 63, avec mention des redevances dues par chacun d'eux.

Puis une déclaration du prieur Pierre-Louis Wastremaz, en date du 2 octobre 1766, nous faisant connaître tous les revenus du prieuré à cette époque, lesquels s'élevaient à la somme de 968 livres, plus 30 mines de froment et 13 de seigle comme redevances.

Enfin, passerons-nous sous silence une curieuse permission de chasse, donnée aux religieux de Saint-Georges en 1608, par Mgr. Hercule de Rohan, duc de Montbazon, pair et grand veneur de France, l'autorisant à tirer à l'arquebuse toutes sortes de gibier, non deffendu par les Ordonnances du Roi.

Puis le procès-verbal des ornements du monastère, en date du 16 septembre 1665. Un acte de notoriété passé devant les notaires de Broons, portant attestation des Aumônes faites par le monastère, daté des 3, 4 et 5 mars 1676.

Enfin une curieuse procédure de 1697, au sujet de la pourvoyance d'un enfant trouvé.

Toutes ces pièces, contenant chacune quelque détail nouveau sur la vie d'autrefois, dans un coin du pays de Broons, nous ont parues dignes d'être citées. — Pourquoi faut-il que le rédacteur de notre Inventaire n'ait pas cru devoir nous rapporter en détail un Monitoire du 4 décembre 1660.

Néanmoins. cet Inventaire. tel qu'il est, nous donne bien un aperçu général de l'histoire de ce prieurs. Dont le rôle, tout modeste qu'il ait été, fut cependant bien rempli. Le vaillant prince Charles de Blois, toujours prêt à favoriser les louables entreprises, n'avait pas hésité à confirmer, comme nous l'avons dit, quelques mois à peine après sa fondation, l'oeuvre charitable de Geoffrey Le Vayer. Et si, vu sa longueur, nous n'avons pas cru devoir rapporter ici in-extenso l'acte de cette fondation, du moins ne croyons-nous pas pouvoir omettre les lettres confirmatives si curieuses données par Charles de Blois.

Ecoutons à cet égard le langage d'un prince chrétien. « Nous, Charles, duc de Bretagne, vicomte de Limoges, sire de Guiche et du Maine et nous, Julienne (Jehanne), duchesse de Bretagne, o l'authorité de nous, le Duc, à ladite duchesse nostre très chier compagne, donnée quant toutes les choses qui ensuyvent, faisons savoir tous, que comme nostre très cher ami baschelier, Monsour Geffroy Le Veier et dame Jeanne (Rouxel), sa femme, ayant commencé et fondé, et ayant entente et volonté de parfaire et achever en l'honneur de Dieu nostre Créateur et nostre Dame la beniste et glorieuse Vierge, nostre Dame et de la vraie sainte Croix et de Monsieur saint Jacques et toute la sainte compaignie de Paradis, un hospital au bout de la chaussée de Trédias en la paroisse de Tremeur, sur le chemin des Sept Saints de Biconguy en le diocèse de Saint-Malo et mestre iliecque et tenir frères religieux de Sainte-Croix de l'ordre de Saint Augustin : d'en suivant pour faire les divins offices et autres pour leurs vivres, soustenance et entretien de leurs maisons, donnons quatre journaux de terre, journées à cinq hommes de présent et cinq journaux de pré, trente mines de froment des fouages de Guilliers et paroisses de Plumaudan et Saint-Maden ; vingt mines de seigle en leurs dismes de nostre chastellenie des Bois, en deniers monnoie courante par chacun an. Item ès pauvres passans et demourans outre, par ledit submis et donné trente mines de seigle sur lesdites dismes de laditte châtellenie à estre données et ordonnées esdits pauvres par la main du priour dudist lieu par chacun an. C'est assavoir, par chacune sepmaine, un cartron perpetuellement et sera tenu chacun priour jurer sur le corps sacré de Notre-Seigneur, à son entrée, les alouer et profitablement à son pouvoir icelle aumosne, donner et ordonner et lesdits Messire Geffroy et Dame Jeanne, nous ayant humblement requis et supplié, que nous pleust nous assentir esdites choses, et nous, considerans leurs bonnes volontés et leur juste supllication, nous sommes assenti esdites choses comme pour nous, et par nos lettres les confirmons, approuvons et ratiffions pour le salut et remède de nos âmes et de nos successeurs et des âmes d'eux et des leurs et voulons qu'elles soient perpetuellement, fermes et stables, enterinées et accomplies et fermement maintenues de point en point, comme dessus est décidé et ordonné, sans les enfraindre ne venir en outre en aucune manière, sauf à retenir à nous et à nos hoirs nostre jurisdiction, seigneurie, obéissance et autres debvoirs. Donné, sous nos sceaux, à Jugon le 15ème jour de décembre l'an mil trois cent quarante-six » (Archives des Côtes-d’Armor, Série H).

Plusieurs historiens ont démontré dans leurs ouvrages, l'esprit de charité qui animait nos pères  et énuméré les innombrables établissements hospitaliers qui couvraient jadis nos campagnes, jamais peut-être plus qu'aux XIIIème et XIVème siècles, l'assistance publique ne fut aussi florissante. C'est qu'à cette époque l'âme de tous ces chevaliers, de tous ces chrétiens était pétrie de vaillance, de foi et de charité, et, si l'esprit de certains guerriers était, hanté parfois de cruautés sauvages, le coeur des hommes de Foi, qui formaient la grande majorité de la nation, n'était préoccupé que du bien-être des malheureux (M. de L’Estourbeillon).

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