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L'ANCIEN GRAND HOTEL VILLAYERS.

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Le grand hôtel Villayers (ou Villayer) est la maison qui porte le n° 4 de la rue du Marché-au-Seigle, et qui est occupée en 1922 par le magasin de meubles de M. Jouannic. Cette maison de Pierre à trois étages, sans style, ne possède rien qui attire l'attention. Il ne s'y trouve ni porche armorié ni fenêtres ornées de mascarons ou d'écussons. Ses murs n'ont jamais abrité de personnages illustres. Cependant, comme nombre d'autres logis encore plus humbles, son histoire n'est pas sans intérêt pour le curieux du passé. En recherchant l'origine de nos vieilles maisons, en suivant les changements qu'elles ont subis au cours des siècles, tant dans leur structure que dans leurs occupants successifs, on rencontre parfois des silhouettes d'hommes bien curieuses, et l'on trouve à glaner, chemin faisant, des particularités et de menus détails qui, tantôt mettent en lumière certains faits de nos annales municipales, tantôt permettent de reconstituer la topographie ancienne de notre cité.

Dans le cas de l'hôtel Villayers, son nom apparaît dans les délibérations de la Communauté de ville avec une fréquence de nature à exciter la curiosité. Aussi m'a-t-il paru intéressant de vous communiquer le résultat des recherches que j'ai faites à son sujet dans nos archives locales. J'aurais d'ailleurs un autre motif de vous entretenir de cette maison Villayers. Car tout à l'heure, en vous disant qu'elle n'avait jamais été habitée par de bien grands personnages.

Vannes (Bretagne) : l'hôtel des Villayers.

II.

Vous savez déjà que l'exil à Vannes du Parlement de Bretagne nécessita, à la fin du XVIIème siècle, la construction d'un grand nombre de maisons nouvelles. On afféagea dans ce but tous les terrains libres appartenant, soit au domaine royal, soit à la Communauté. L'adjudication de ces terrains, qui étaient convoités ardemment, donna lieu à de nombreuses spéculations. L'un des membres du Parlement, M. J. J. de Renouard de Villayers, paraît s'être intéressé alors dans une spéculation de ce genre, comme nous l'apprend le billet dont voici la teneur :

Nous soussignants Messire de Villayers, conseiller au Parlement de Bretagne, et associés Nicolas Bonnecamp, docteur en médecine, et Louis Rodrigues du PortduJan, maistre apothicaire en cette ville, a esté reconnu entre tous que l'adjudication qui sera faite à un de nous trois de l'emplacement depuis la maison que fait bâtir le sr Leffort jusques à celle qu'a fait construire François Thomas, menuisier, que nous nous en accomoderons comme nous aviserons avoir affairé, et ferons ensemble tous les frais convenables pour la dite adjudication. Fait en triple, sous nos seings, le 27 janvier 1684. Signé : de Renouard de Villayers, Bonnecamp, Rodrigue (Archives municipales).

La pièce suivante se réfère évidemment à la convention dont on vient de voir les termes, et nous fait connaître la situation du terrain visé par les trois associés :

Le comte de Lannion, gouverneur pour Sa Majesté des villes et chateaux de Vannes et d'Auray, consent que Rodrigue du PortduJan prenne la moitié du terrain qui est entre l'emplacement qu'a eu maistre Leffort le long de la contrescarpe du fossé qui va vers la porte de St-Salomon et la boutique du cordonnier qui est joignant le menuisier qui est contre la porte de St-Salomon, à condition qu'il payera 8 livres de rente à la Communauté et qu'il présentera ce brevet à la première assemblée de la Communauté, au sindic, pour le faire enregistrer parmi les autres de la dite Communauté, et commencera à payer la dite rente du jour qu'il aura baty une maison sur le dit emplacement. Fait à notre château de Quenepelly, le 16 mars 1684 (Archives municipales). Signé : Claude DE LANNION.

III.

Avant de poursuivre plus loin cet exposé ; il convient de vous donner quelques renseignements biographiques sur ce conseiller au Parlement que nous venons de voir s'associer avec un médecin et un apothicaire.

Il était fils de Jean-Jacques de Renouard [Note : Jean-Jacques Renouard de Villayer, né le 24 juin 1607 à Nantes et mort le 5 mars 1691 à Paris, est le doyen des conseillers d'État sous l'Ancien Régime. Il fut élu à l'Académie française en 1659 en remplacement d'Abel Servien. Il est le fils de Guy Renouard (secrétaire du Roi en la chancellerie du parlement de Bretagne, après son Père, en 1576 et conseiller secrétaire auditeur à la chambre des comptes de Nantes en 1580, conseiller maître en 1586) et de Françoise de Becdelièvre (1568-1668) mariés le 28 mai 1601 à Nantes], comte de Villayers, alors doyen du Conseil d'État et membre de l'Académie française, à qui M. René Kerviler a consacré une longue notice dans son livre : La Bretagne à l'Académie française au XVIIème siècle. Ses titres littéraires, comme ceux de quelques autres de ses confrères de l'époque, étaient nuls. On ne possède de lui aucun écrit, et il fut même dispensé du discours de réception, qui n'était pas alors obligatoire. Mais il jouissait d'une grande autorité comme conseiller d'Etat, possédait beaucoup d'influence et (ce qui fut sans doute son titre véritable) il avait épousé en premières noces la sœur de deux des fondateurs de l'illustre Compagnie, les frères du Chastelet. Saint-Simon en a donné un amusant portrait.

Ce bonhomme Villayers, dit-il, était plein d'inventions singulières et avait beaucoup d'esprit. C'est peut-être à lui qu'on doit celles des pendules et des montres à répétition pour en avoir excité le désir. Il avait disposé à sa portée, dans son lit, une horloge avec un fort grand cadran dont les chiffres des heures étaient creux et remplis d'épices différentes, en sorte que, conduisant son doigt le long de l'aiguille sur l'heure qu'elle marquait, ou au plus près de la division de l'heure, il goûtait ensuite, et par le goût et la mémoire connaissait, la nuit, l'heure qu'il était. C'est lui aussi qui a inventé ces chaises volantes qui, par des contrepoids, montent et descendent seules entre deux murs à l'étage qu'on veut, en s'asseyant dedans, par le seul poids du corps, et s'arrêtent où l'on veut. M. le Prince s'en est fort servy à Paris et à Chantilly. Mme la duchesse, sa belle-fille et fille du Roi, en voulut avoir une de même pour son entresol à Versailles ; et voulant y monter un soir, la machine manqua et s'arrêta à mi-chemin, en sorte qu'avant qu'on pût l'entendre et la secourir en rompant le mur, elle y demeura bien trois bonnes heures engagée. Cette aventure la corrigea de la voiture et en a fait passer la mode (Notes au Journal de Dangeau, pour le 5 mars 1691).

Tallemant, dans ses Historiettes, parle aussi de la chaise de Villayers, qui était, dit-il, comme celle du cardinal Mazarin. En 1655 tout Paris allait la voir à son hôtel.

Le « bonhomme » Villayers mourut à Paris le 5 mars 1691, à l'âge de 83 ans [Note : Son épouse était Marthe de Neufbourg, née en 1616 et décédée en 1689]. Il avait deux frères : René Renouard (1607-1659), marié en 1636 avec Julienne Guyon, et César Renouard de Dronges (1611-1675), qui occupa, de 1651 à 1657, l'importante charge de trésorier des Etats de Bretagne, et lui laissa, avec ses titres, le magnifique hôtel qu'il avait fait bâtir à Nantes près de l'hôtel de ville [Note : Ses soeurs se nommaient : 1° Marguerite Renouard (1603-1620), mariée le 5 mai 1619 avec Paul Hay du Chastelet, seigneur du Chastelet (1593-1636) ; 2° Françoise Renouard née en 1613] .

Notre conseiller Jean-Jacques de Renouard de Villayer (1638-1692), comte de Villayer, qui portait les mêmes prénoms que son père l'académicien, était né le 11 octobre 1638 et fut reçu au Parlement de Bretagne le 9 janvier 1660. Il avait épousé à Rennes, vers 1671, Michelle-Lucrèce Chapel (dame de Procé, née en 1656 et décédée en 1717), fille de maître Jean Chapel, sieur du Hil, avocat au Parlement. Une note mise par M. Frédéric Saulnier au pied d'une notice qu'il a consacrée à M. Villayers dans son ouvrage Le Parlement de Bretagne, nous fait connaître les circonstances assez curieuses de ce mariage. « Il résulterait, dit-il, d'un arrêt de la Grand'-Chambre, que Renouard s'occupait, dès mars 1670, d'obtenir la main de Mlle Chapel, âgée seulement de 13 à 14 ans. Cette jeune fille, orpheline de père et de mère depuis 1665, était confiée aux soins des religieuses de l'abbaye de Saint-Sulpice, parmi lesquelles elle avait une tante très favorable au conseiller. Celui-ci luttait contre le tuteur et une partie des parents de la mineure, qui ont obtenu, par l'arrêt ci-dessus, qu'elle pût être transférée dans un couvent de Rennes. Le mariage a néanmoins été célébré à une date que l'on ne peut préciser ; d'après un factum judiciaire de 1690, le contrat remontait à une vingtaine d'années ». [Note : De cette union sont nés Jean-Jacques de Renouard de la Nevais (1673-1741) et François-Angélique de Renouard de Villayer, comte de Villayer (1692-1738)].

IV.

L'état civil et la situation de famille de M. de Villayers étant ainsi établis, j'ai maintenant à vous faire connaître ce qu'il advint de l'association dans laquelle il était entré avec les sieurs Bonnecamp et Rodrigue.

Médecins et apothicaires étaient alors des gens non sans importance, et généralement opulents. C'est du moins ce qu'il me semble résulter des divers actes des XXVIIème et XVIIIème siècles que j'ai compulsés, et dans lequels je les trouve, tantôt grands bâtisseurs, tantôt enchérisseurs ou adjudicataires dans nombre de ventes publiques d'immeubles. Malgé le ridicule dont Molière venait de les couvrir, la profession était restée lucrative. Son crédit et sa prospérité reposaient, en effet, sur ces deux passions dominantes de l'humanité : l'amour de la vie et la crainte de la mort.

M. de Villayers n'eut pas à s'applaudir des relations d'intérêt qu'il avait nouées, un peu témérairement, avec les sieurs Bonnecamp et Rodrigue.

Il paraît avoir quitté Vannes à la fin de 1684, appelé hors de la province, dit-il, « pour le service de Sa Majesté ». Quand il y rentra, en 1688, il trouva qu'en son absence ses deux associés s'étaient approprié la portion de terrain qui lui avait été attribuée en partage à la suite de leur accord.

Voici d'ailleurs, résumés succinctement, les faits tels qu'ils sont exposés dans un long mémoire où, à l'imitation de notre satiriste qui appelait Rollet un fripon, il ne ménage pas aux sieurs Bonnecamp et Rodrigue les épithètes que lui paraît mériter leur fourberie et que lui suggère son indignation.

Les deux compères avaient été déclarés adjudicataires des terrains le long de la contrescarpe, prés la porte Saint-Salomon. Mais le premier, ayant obtenu trois ou quatre autres lots, tant dans la ville qu’au dehors, se contenta d'un emplacement de 24 pieds en face vers le grand marché ; et le surplus fut, par lui et Rodrigue, délaissé au seigneur de Villayers (contre une bonne somme d'argent, prétend celui-ci), aux conditions particulières stipulées entre eux, et que Villayers affirmé avoir exécutées.

Bonnecamp commença immédiatement, sur son emplacement, la construction d'une maison dans le pignon de laquelle il fit ouvrir, sans droit, 5 ou 6 fenêtres ayant des vues sur le terrain Villayers, dont il usurpa, en outre, 6 ou 7 pieds. Puis, après le départ de ce dernier, il fit faire un mur jusqu'à la muraille de la ville, empiétant encore 150 pieds sur la propriété du dit Villayers, de laquelle il n'hésita pas à faire extraire, pour la construction de son bâtiment, pierres, sable et matériaux ; le tout pour une valeur de 400 ou 500 livres au moins.

Et pour couronner toutes ces « voleries », Bonnecamp avait maintenant l'impudence de mettre une surenchère sur le terrain arrenté à Villayers, dont, la concession était devenue caduque, faute par lui d'avoir bâti dans les délais impartis.

C'est pour s'opposer à cette surenchère qu'il adressa à M. de Cornulier, président de la Chambre des Comptes et commissaire délégué pour la réformation du Domaine, le mémoire que je viens d'analyser [Note : Archives municipales. C. C. 15 (Impôts et comptabilité : 1567-1789)]. Il offrait, en même temps, de payer la rente que l'on déterminerait, et d'entreprendre immédiatement la construction du bâtiment pour lequel il avait recherché cet emplacement.

M. de Villayers gagna sa cause. Relevé de la déchéance qu'il avait encourue, il put rentrer en possession de son terrain. La rente annuelle à payer fut fixée à 135 livres. A la même époque (ce qui influa vraisemblablement sur la decision rendue en sa faveur), il afféagea du domaine du Roi, moyennant. une rente de 2.300. livres, les moulins du Duc et des Lices. Il possédait, en outre, de l'autre côté de la porte de Saint-Salomon, près les Cordeliers, un deuxième emplacement pour lequel il avait à payer une rente de 84 livres. J'ignore ce qu'il advint de ce dernier terrain, qui semble avoir été aliéné par pes héritiers.

M. de Villayers entreprit alors la construction de la Maison qui fait l'objet de cette notice. Elle n'était pas encore achevée quand il mourut le 13 février 1692. Son seul béritier fut un fils posthume, François-Angélique, né quelques mois après son décès. Sa veuve, devenue tutrice de ce fils, fit terminer les travaux. Et le 10 décembre 1693, le bail de l'hôtel, mis aux enchères publiques, fut adjugé, pour un loyer de 125 livres, à Olivier Delourme, maître architecte, qui devait l'occuper jusqu'à sa mort en 1729.

D'après les bannies faites pour cette adjudication (Voy. Archives municipales. Ibidem), les immeubles donnés à bail comprenaient, à savoir :

« Dans l'en bas, 3 boutiques et une cuisine ; 4 chambres en entresol ; 4 chambres au premier étage ; 4 chambres au deuxième ; avec une maison bastie en bois non parachevée, en l'estat qu'elle est aux fins du procès-verbal qui en a été fait ; avec les emplacements sittués en l'enclos de la cour de la maison ; avec le passage de la cour ; outre un autre emplacement sittué sur la douve de, cette ville, joignant la muraille de l'enclos de cette ville, proche les Cordeliers ».

V.

Je ne pourrai ici que mentionner brièvement la lutte opiniâtre et acharnée que Mme de Villayers engagea, et soutint pendant 20 ans, contre les prétentions du fisc au sujet de ces terrains et des deux moulins. C'était l'époque où les traitants, qui avaient pris à ferme la réformation du Domaine, poursuivaient par leurs agents dans les provinces toutes les usurpations faites depuis des siècles sur les droits du Roi. Ils exigeaient avec la dernière rigueur, de tous ses vassaux, le paiement des taxes, cens, redevances ou rentes arriérés.

Lucrèce Chapel, veuve de Villayers, fille de l'avocat du Hil, avait sans doute hérité de son père le goût de la chicane et l'amour des procès. Il existe dans nos archives municipales (C. C. 15. Impôts et comptabilité. 1567-1789) un dossier des nombreux actes (requêtes, oppositions, assignations, recours, etc...) par lesquels elle résista, avec une obstination extraordinaire, aux diverses demandes des agents du sr Bougis, fermier général du Domaine. On saisit tous ses revenus entre les mains de ses fermiers ou locataires : à Vannes, à Rennes, à Paimpol, à Saint-Brieuc. Dans cette dernière ville, le 30 janvier 1707, sa principale locataire, une Dlle Bernard, voyant emporter son mobilier et son argenterie, se résout à verser à Robert, « sergent royal de Bretagne à l'établissement de Rennes », la somme réclamée qui était de 2.330 livres. Mme de Villayers, furieuse, se retourne alors centre l'huissier qui a pratiqué cette saisie. Elle l'assigne en reddition de comptes, l'accuse d'avoir détourné des deniers, et prélevé, à titre de frais et d'honoraires, des sommes auxquelles il n'avait pas droit.

Tous ces procès ne prirent fin qu'à la majorité de son fils. En 1744, ce dernier, venu à Vannes, où il logea chez Delourme, son locataire, fit au receveur des Domaines des offres réelles que celui-ci ne put accepter en totalité, le roi ayant aliéné à des particuliers la plus grande partie de la rente provenant de l'afféagement des moulins. Une sentence du Président l'autorisa alors à consigner les deniers offerts.

M. Angélique-François de Villayers affranchit plus tard la rente de 135 livres due pour le terrain de la place du Marché-au-Bled. Il mourut maître des requêtes en 1738, laissant une fille unique, qui mourut elle-même peu après, en 1741, à l'âge de 4 ans.

Les biens de la famille de Renouard de Villayers passèrent alors à des collatéraux. Les Rosmadec héritèrent de l'hôtel Villayers, rue Saint-André des Arts à Paris, et du bel hôtel de Dronges à Nantes, qui, depuis cette époque, a porté leur nom. Cet hôtel, d'un grand style et dont l'escalier monumental a une rampe forgée et un plafond orné de sculptures, avait été construit en 1653 par l'architecte Jacques Malherbe. Louis XV y descendit en 1661. Il est situé rue de la Commune et était, jusqu'à ces dernières années, la propriété des Frères des Écoles chrétiennes.

Les immeubles de Vannes échurent à M. de Fourqueux, procureur général à la Chambre des Comptes, et à M. et Mme de Pommereu. Ces immeubles comprenaient les moulins, le grand hôtel Villayers et une seconde maison, dénommée le petit hôtel Villayers, située à l'extrémité du terrain de la place du Marché-au-Bled, à peu près à l'angle de la rue Thiers. Cette maison, dont je n'ai pu retrouver l'origine, paraît avoir été bâtie ou acquise par le dernier des Villayers.

Dans une déclaration souscrite en 1751 par ces héritiers, en conformité de l'édit de mai 1749 relatif à l'imposition du vingtième, on trouve les renseignements suivants sur les biens provenant de la succession Villayers :

Les deux maisons du Marché-au-Bled, avec un terrain servant de chantier entre les deux, avec chacune une cour, étaient louées comme suit : la plus grande, verbalement, à diverses personnes, savoir : à l'abbé Delourme pour 150 l. ; à l'avocat du Roi pour 100 l. ; au sr Morancy pour 24 l. ; le surplus était affermé, avec le grand terrain servant de chantier, pour 106 l. au sr Lemaitre, qui en a abandonné la jouissance depuis Noël.

L'autre maison était affermée par bail du 3 janvier 1750 à Louis Le Mauguenne pour 210 l.

Enfin les moulins du Duc et des Lices étaient affermés à Dréano et femme moyennant 3.200 l., et la pêche de l'étang au Duc était louée 59 l. à l'abbé Delourme, propriétaire de la terre du Grador.

Le revenu brut des immeubles s'élevait ainsi à 3.840 livres, et les charges (rentes foncières et réparations) étaient évaluées à 3.257 livres 10 sols.

VI.

Le 26 juillet 1756, les membres de la Communauté, assemblés à la maison commune, apprirent, par une lettre de l'intendant Le Bret, que celui-ci venait de traiter avec MM. de Fourqueux et de Pommereu pour l'achat par la ville des moulins et des maisons dont ils étaient propriétaires. Le prix convenu était de 15.000 livres, argent comptant, à la charge par la ville de payer les rentes dont ces biens sont grevés. Cette somme de 15.000 livres doit être prélevée sur le fonds de 30.000 livres fait par les États pour le port de Vannes dans leur dernière assemblée. Il invitait la Communauté à faire dresser immédiatement le contrat, dans lequel on devait insérer que les choses vendues sont destinées « tant pour la décoration de la ville que pour l'utilité du port » [Note : Registre des délibérations de la Communauté (26 juillet 1756)].

Édiles et habitants accueillirent cette nouvelle inopinée avec une surprise non exempte d'amertume. Le port de Vannes, par lequel, à défaut de routes terrestres, se faisait tout le commerce de la ville et de la région avoisinante, avait toujours été l'objet de la sollicitude et des préoccupations de tous. Depuis plusieurs générations, de multiples tentatives avaient été faites pour son amélioration. Mais les nombreux projets dressés, et même approuvés, n'avaient pu être exécutés, faute de ressources ; on n'avait jamais pu effectuer que quelques dévasements, bien vite comblés par de nouveaux apports de la mer. Enfin, après de longues et infructueuses sollicitations, la ville venait enfin d'obtenir des États un subside important qui allait lui permettre de construire des quais, des cales, et une écluse jugée indispensable. Et c'est alors qu'un acte arbitraire venait lui enlever la moitié de ce subside, ne lui donnant en échange que des immeubles dont les charges, comme l'expérience le prouva, allaient appauvrir ses ressources.

Les hôtels Villayers avaient été laissés par les derniers propriétaires sans entretien, et, selon une expression de l'époque, « en grande indigence de réparations ». Mais c'étaient surtout les moulins, et en particulier celui du Duc, qui réclamaient presque constamment des travaux et des dépenses considérables. La rue du Roulage n'étaitpas encore percée, et le pont en bois de la tannerie, remplacé plus tard par un pont de pierre, ne pouvait supporter le passage des voitures lourdement chargées, qui étaient obligées d'emprunter la chaussée de l'étang. Cette chaussée, peu solide et assez mal entretenue, menaçait ruine et pouvait à tout moment être emportée par les eaux, catastrophe qui eut entraîné la destruction du moulin et du quartier en aval.

La Communauté se rendit compte bientôt que le revenu des immeubles était insuffisant pour couvrir les charges de toute nature qui les grevaient. Aussi commença-t-elle de bonne heure des démarches pour obtenir l'autorisation de les aliéner. Cette autorisation lui fut obstinément refusée pendant quarante ans.

Dans un minu adressé par elle à la Chambre des Comptes le 15 décembre 1771 (Archives de la Loire-Inférieure, B. 2339), se trouve l'exposé suivant de la situation et des charges que lui avait créées l'acquisition forcée des immeubles Villayers.

Minu de la Communauté de la ville, aux fins de la délibération de la Communauté du 15 juillet 1777.

Grand hôtel nommé Villayer et dépendances sur le Marché au Seigle affermé à divers particuliers en tout 480 livres ; actes devant notaires des 28 juin 1768, 23 décembre 1771 et 25 juin 1774.

Autre maison appelée le petit hôtel Villayer situé plus haut sur la place, affermé 210 livres ; acte de ferme du 23 septembre 1776.

Ces deux maisons ou hôtels sont très caduques et coutent considérablement chaque année en réparations, et sont tenus à titre roturier de S. M. sous son domaine de Vannes.

Moulins à eau de l'étang aux Ducs et des Lices relevant noblement du domaine de S. M. et affermés ensemble 5.050 l. (acte du 16 may ?).

Mais on ne fut pas peu surpris de voir ce bail, qui fut adjugé publiquement aux enchères, porté à la somme de 5.050 l. tandis que les baux précédents n'étaient qu'à 3.000 l. Et il est aussi arrivé que ce nouveau fermier n'a pas pu trouver de caution pour temps du bail. Et il en a seulement trouvé un pour le temps de six mois. c'est-à-dire pour le prix d'une demi-année de la ferme. Et ce fermier voyant ne pouvoir se retirer au prix excessif, a présenté différentes requêtes pour demander des diminutions, en sorte que la Communauté de ville s'est portée à luy consentir une diminution de 100 pistoles par an sur les années à échoir de son bail. C'est ce qui est consigné dans une délibération de la Communauté assemblée en date du 25 avril 1777.

Ainsi le prix du bail à ferme doit donc être considéré à raison de 4.050 livres par an, sauf encore les déductions cy après.

La Communauté de ville de Vannes fit par acte du 11 décembre 1756 au rapport de Fabre, notaire royal à Vannes, l'acquisition de ces moulins ruineux qui entrainera avant peu la ruine de la Communauté par leur mauvais état, et à raison des rentes considérables et infranchissables dont ces biens se trouvent chargés, à savoir :

109 l. de rente féodale au Domaide du Roi. 109 livres.

400 l. de rente foncière amortie et non franchissable due au Sieur Recteur de la paroisse Saint-Patern que le domaine du Roi luy devait et Juy payait aussy dans le principe avant l'afféagement et l'adjudication en fait par MM les Commissaires du Roy à M. Renouard de Villayer, conseiller au Parlement, cy… 400 livres.

1.162 l. 10 s. de rente foncière et réelle due par an à M. de Colbert, cy … 1.162 livres 10 sols.
310 l. 10 s de pareille rente due à M. Bonny, cy ... 312 livres 10 sols.
460 l de pareille rente due à MM. Bantaye, Hilby et Brontin, cy… 460 livres.

Sommaire des rentes cy-dessus, cy ………… 2.444 livres.

On sent que de si fortes renies imposées sur les biens cy-devant refférés rendaient l'acquisition faite en 1756, le 11 décembre, fort désagréable. Aussy le tout ne fut-il vendu que 15.000 livres, à la charge au surplus de servir annuellement les rentes qu'on vient de détailler, et qui ne font donc pas partie des liens de la Communauté, mais au contraire sont le bien des autres.

La Communauté de Ville de Vannes ne fut aussy déterminée à faire cette acquisition très mauvaise, qu'en considération du bien public, parce que, comme il est porté dans le contrat d'acquêt, c'est une chose nécessaire à l'avancement des travaux du port pour la perfection desquels il est indispensable de détruire le moulin des Lices et de resserrer l'étang au Duc afin que les eaux puissent se porter avec rapidité dans le port.

C'est ce qui aurait été fait sans les charges excessives que la Communauté a d'ailleurs, et qui ne luy ont pas permis jusqu'à présent de remplir ces objets.

La Communauté de ville de Vannes afferme encore la pêche de l'étang du moulin des Ducs une somme de 30 l. par an, dépendant de la même acquisition, comme il est justifié par un acte de ferme devant notaire du 19 août 1771.

Les biens cy-devant référés, maisons, moulins et étang montent ensemble, en revenu annuel, sauf les charges à déduire, à la somme de 4.760 l., ne mettant les moulins que sur le pied de 4.050 l. de ferme, en conformité de la délibération de la Communauté sus-datée.

Mais il y a premièrement 2.444 l. à déduire pour les rentes féodales et foncières cy-devant détaillées.

Secondement, au moins une somme de 700 à 800 l. par an pour une nouvelle charge réelle imposée sur les biens des Communautés de ville par arrêt du Conseil privé de S. M. du 29 mars 1773, qui les assujettit à l'entretien, construction et reconstruction des prisons royaux, et des palais, bâtiments en dépendant où s'exerce la justice, même au renouvellement des meubles nécessaires. Et les bâtiments qui servent pour l'exercice de la justice et pour les prisons royaux en cette ville sont vastes, anciens et caducs, et conséquemment sujets à beaucoup de réparations et d'un grand entretien. C'est une charge réelle attachée par S. M. aux biens des Communautés, et qui diminue d'autant la valeur.

Troisièment, suivant l'art. 256 de la Coutume de Bretagne, il doit être fait distraction d'un tiers du revenu des moulins susréférés pour faire l'estimation du revenu, déduction faite des réparations. Et il y a même ici une plus grande déduction à faire, parce que la Communauté de ville se trouve assujétie aux réparations d'une longue chaussée qui est celle de l'étang du Duc, qui sert de passage pour ainsi dire à toutes les voitures et chariots qui entrent dans la ville et en sortent.

Le tiers de 4.050 l. auxquels la Communauté a consenti la réduction de la ferme des moulins se montent à 1.351 l. 4 d, qui, joints aux 2.444 l., réduisent le bénéfice annuel résultant de la somme de 4.050 l. à 254 l. 19 s. 8 d.

Ainsy il serait à désirer que la Communauté de ville de Vannes n'eût jamais pensé à faire l'acquistion de ces moulins et des maisons ou hôtels cy-devant mentionnés dont l'état de caducité achèvera de consommer la ruine de la Communauté, eu égard aux rentes foncières et perpétuelles dont ces biens se trouvent chargés, ce qui fait que la Communauté de ville, qui prévoit trop tard ces fâcheux événements, sollicite la permise de s'en défaire.

Outre les 700 ou 800 l. susréférés pour l'entretien et réparation des prisons et des lieux de l'exercice de la justice, dont on n'a pas cy-devant fait la déduction, il y aurait encore 287 l. 15 s. 9 d. à déduire par an pour l'imposition annuelle des hôtels Villayers et des moulins et autres biens au rolle des vingtièmes, les autres biens de la Communauté consistant en très peu de choses, et le revenu en est absorbé par d'autres charges.

On n'a pas encore fait le détail des réparations considérables que demandent les hôtels Villayers et dépendances, non plus que de plusieurs autres charges réelles qui se, trouent imposées par S. M. et ordres supérieurs sur les biens de la Communauté de ville, qui se trouve de beaucoup en arrière, attendu le grand nombre de ces charges publiques et le peu de revenu de la Communauté.

Pour donner une entière connaissance du tout, on attache au présent minu un compte et état exact certifié véritable par M. le Maire de cette ville et de luy signé.

C'est pour tâcher de satisfaire MM. les régisseurs du Domaine, qui demandent à la Communauté ville de Vannes un droit d’indemnité à cause de l'acquisition des hôtels Villayers et des moulins aux Ducs et des Lices, plus le rachat sur les moulins seulement, qui sont tenus noblement, et un homme vivant et mourant pour ces moulins achetés par contrat du 11 décembre 1756, il y a 20 ans passés.

Quant à l'homme vivant et mourant, on indique noble homme René Gillot, sieur de Kerdréant, âgé de plus de 25 ans.

Mais, à l'égard des droits demandés, quelle offre de paiement peut-on faire quand le bien que l'on possède est écrasé de charges réelles qui en absorbent tout, le revenu ? On ne peut que supplier S. M., et en la suppliant de vouloir bien décharger sa Communauté de ville de Vannes du paiement de ces droits prétendus qui ne doivent estre dus raisonnablement, et suivant l'équité, qu'à raison de ce qu'on retire de profit des biens, toutes charges déduites, ou de lui procurer les moyens de satisfaire, en la déchargeant de quelqu'une des charges considérables; cy-devant référées dans l'état cy attaché. A Vannes, le 15 décembre 1777. Signé : GILLOT DE KERBARDÈNE, Maire. (Archives de la Loire-Inférieure, B. 23376).

Vous aurez peut-être remarqué que, parmi les taxes réclamées à la ville pour ces immeubles, il est question, dans le minu, d'un droit de rachat exigé par le domaine royal. Les gens de main-morte étaient, en effet, assujettis à, un impôt spécial destiné à compenser la perte, par le souverain du fief, des divers droits de mutation qu'il percevait sur les biens des particuliers, et aussi du droit éventuel qu'il avait sur ces biens en cas de déshérence, lequel droit disparaissait lorsqu'ils étaient acquis par une corporation. Ce droit de rachat, appelé auissi relief, se percevait ordinairement tous les vingt ou trente ans et était d'une année de revenu. Dans le cas visé par le minu de la Communauté de Vannes, le droit de rachat fut liquidé à 264 livres 3 sols pour vingt ans et sept mois, comptés de la date de l'acte d'acquisition.

Cependant les corporations pouvaient fournir, pour les représenter, un homme vivant et mourant, qu'on appelait vicaire de main-morte, et dont le décès, donnait, lieu au droit de mutation, comme si la propriété eût réellement reposé sur sa tête. La ville avait usé de ce droit, ainsi que l'indique le minu, et elle avait fait choix de M. Gillot de Kerdréant, âgé alors de 34 ans. Mais sa malchance voulut que ce derniert mourût prématurément en 1784, et elle eut à fournir un autre représentant, qui fut M. Serre, avocat. Elle dut payer, à la suite de ce décès, un nouveau droit de rachat qui fut fixé alors à 400 livres. Peu après, elle eut encore, malgré une longue résistance, à rendre à la Chambre des Comptes un nouvel aveu dont les frais s'élevèrent à une somme assez importante.

Il serait fastidieux et peu intéressant de vous réciter la longue série des dépenses et des charges de toute nature, de vous énumérer les griefs et les soucis engendrés par la malheureuse acquisition de ces immeubles. L'avènement d'un nouveau régime n'améliora pas la situation de la ville dont les finances devinrent de plus en plus obérées pendant les première années de la Révolution.

C'est en vain qu'elle redouble alors ses sollicitations pour obtenir l'autorisation de vendre les biens Villayers, pour lesquels elle a reçu des propositions d'achat. Le 2 mars 1793, la municipalité, rappelant une délibération antérieure du Conseil général de la commune, écrit : « Il y a vingt ans et plus que nos prédécesseurs ont jugé qu'ils étaient plus à charge qu'utiles, et nous tiendrons comme eux qu'une prompte défaite ne peut être qu'avantageuse ; les soumissionnaires ont compté sur une prompte décision, et un plus long retard pourrait les faire se retirer ». Puis, le 10 septembre suivant, elle soumet une nouvelle offre de la citoyenne Marie Oryé, veuve Lombard, qui demande à acheter le grand et le petit hôtel Villayers, avec le terrain intermédiaire. Ces immeubles sont affermés 740 fr. Et elle en offre 15.000 fr. payables comptant. Mais elle veut le tout, avec entrée en jouissance le 24 juin suivant (Archives du Morbihan, L. 104). Un avis contraire de l'administration du district fit encore repousser cette offre.

A ce moment, un acte du pouvoir législatif vint mettre fin à cette situation étrange. Par un décret-loi du 20 août 1793, la Convention prit à la charge de l'État les dettes contractées par les communes jusqu'à la date du 10 août précédent, et attribua à la nation, jusqu'à due concurrence de ces dettes, toutes les propriétés communales autres que les biens à usage commun. Les moulins et les hôtels furent en conséquence réunis au domaine de la République, puis vendus nationalement en prairial et messidor an IV. Je reproduis ici le texte de l'acte de vente du grand hôtel Villayers :

Du 26ème jour de prairial an IV de la République une et indivisible.

Nous, administrateurs du département du Morbihan, pour et au nom de la République française et en vertu de la loi du 28 ventôse an IV, en présence et du consentement du commissaire du Directoire exécutif, avons, par ces présentes, vendu et délaissé dès maintenant et pour toujours au citoyen François Guyot, marchand, demeurant à Vannes, à ce présent et acceptant pour lui et ses héritiers ou ayants cause, les domaines nationaux dont la désignation suit :

1° La totalité de la maison, cour close, et dépendances, nommée ci-devant le grand hôtel Villayers, situé place du Marché au Seigle de la commune de Vannes, à l'exception de la portion de la grande cour vendue au citoyen Michel, laquelle n'a aucune communication avec celle dont il s'agit, que le dit François Guyot a déclaré bien connaître comme étant fermier de la maison et ne prétendre aucune indemnité pour cause de description, débornement ou renseignements quelconques ;

2° Que la maison et cour close appartiennent à la République comme provenant de la commune de Vannes dont les biens ont été réunis au domaine de la République par la loi du 24 août 1793.

3° Que, d'après le bail de ces biens existant en 1790, fait par le citoyen maire de Vannes au profit du citoyen Maroquiny devant Hervieux, notaire à Vannes, le 14 août 1786, moyennant 530 l. de fermage principal pour 9 années commencées en 1787, le revenu du domaine est de 530 l. qui multiplié par 18 donne la somme de 9.540 l. ; à quoy ajouttant pour indemnité des droits féodaux supprimée 530 l, qui est une année de revenu, le tout fait un capital de 10.070 l. et sur ce qu'il a été observé que la grande cour dite de l'hôtel Villayers, faisant partie de la dite ferme, il a été convenu d'en arbitrer le revenu à 30 l. ; ce qui fait un capital de 570 l., lequel diminué de 10.070 l. reste 9.500 l. qui est la somme pour laquelle le contrat de vente est passé (Archives du Morbihan. 198, Vol. 32).

Le petit hôtel avait été vendu dans les mêmes formes et aux mêmes conditions, le 14 prairial, pour 4.320 fr. 50, au sieur Pierre Caro, boulanger, qui en était déjà locataire moyennant un loyer de 210 fr. (Archives du Morbihan. 198, Vol. 32).

Enfin le terrain intermédiaire fut acquis, le 21 prairial, pour le prix de 1.408 fr. par le sieur Michel, commissaire des guerres. Voici la description qu'en fait l'acte de vente (Archives du Morbihan. 198, Vol. 32) :

1° Terrain dit la grande cour de la maison Villayer, situé près le Marché au Seigle de cette commune ;

Que cette cour a ses murs nord, levant et midy mitoyens, celui au couchant privatif ; qu'elle donne du levant aux anciens murs de ville appartenant au soumissionnaire et au citoyen Duchatelet, du midy à la cour d'entrée de la maison Villayer, du couchant sur le Marché au Seigle, et du nord à différents propriétaires ;

Qu'il existe dans la dite cour des lieux d'aisance et un grand appentiff en ruine. Contenance sous fond : 16 cordes.

Que cette cour doit être desservie par la partie du mur sur le Marché au Seigle et que les autres portes ouvrant sur la première cour doivent être maçonnées par le soumissionnaire, sans que ce dernier puisse avoir sur la dite cour aucune servitude.

Je vous entretiens plus loin des deux moulins qui furent aussi aliénés à la même époque. Mais au sujet de ce dernier terrain, vous avez pu vous étonner de voir rester vide de constructions, pendant plus d'un siècle, un emplacement si heureusemerit situé, avec une façade de 20 à 30 mètres sur l'une des voies les plus fréquentées de la ville, et en bordure d'un marché assidûment suivi. L'explication d'un fait aussi anormal se trouve dans l'affectation qu'il reçut à l'origine. Affermé en 1693, avec le grand hôtel, à l'architecte Delourme, celui-ci, qui était encore entrepreneur et gros marchand de bois, en fit un chantier clos de murs pour le dépôt de ses matériaux et de ses marchandises. Après sa mort, ses affaires furent continuées par un sieur Lemaitre, qui avait été son principal employé, et qui resta locataire de l'immeuble jusqu'en 1750. Peu après, la ville en devint propriétaire, et vous savez comment elle fut empêchée d'en disposer pendant 40 ans. Ce n'est pas qu'elle n'eût reçu pour ce terrain plusieurs offres avantageuses, notamment en 1785, où M. Hervieux, notaire et procureur, associé avec diverses autres personnes, en avait proposé l'achat.

L'acquisition qu'en fit en 1796 le sieur Michel avait pour objet évident d'empêcher l'édification de maisons qui eussent masqué la belle perspective dont on jouissait du haut des murs de la ville. Cette partie du rempart, transformée en jardin, dépendait en effet d'une maison, ancienne propriété du Chapitre qu'il avait acquise en 1791, et qui était située au fond de la 1ère impasse de la rue appelée aujourd'hui Émile Burgault.

Vers 1834, M. Lallement, ancien maire de Vannes, acheta cette maison et vint l'habiter. C'est lui qui, vers 1840, fit élever sur le terrain du Marché-au-Seigle le grand immeuble qui est occupé vers 1922 par la banque Verge et par une institution de jeunes filles.

Vannes (Bretagne) : l'hôtel des Villayers.

A l'historique que je viens de vous lire, j'ai cru devoir ajouter une courte notice sur les moulins des Lices et du Duc, dont le sort s'est trouvé associé pendant plus d'un siècle à celui des hôtels Villayers. Leurs noms sont assez fréquemment mentionnés dans nos vieilles annales ; mais nos érudits locaux, qui ont fouillé nos archives avec tant de conscience et nous ont appris beaucoup de choses concernant le passé de notre ville et de ses édifices, ne nous ont fourni que peu de renseignements sur ces moulins. Ce sont pourtant deux monuments remarquables à plus d'un titre, tant par leur situation que par leur destination. L'un notamment — celui des Lices ? présente une particularité curieuse et bien rare : le fonctionnement ininterrompu pendant de nombreux siècles d'un moulin à eau enfermé dans l'enceinte d'une ville close.

Voir aussi   Ville de Vannes (Bretagne) "Le moulin des Lices".

Voir aussi   Ville de Vannes (Bretagne) "Le moulin et l'étang au duc".

(Etienne Martin).

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