Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

L'ANCIEN MOULIN DES LICES.

  Retour page d'accueil       Retour page "Ville de Vannes"  

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Nous savons que le moulin des Lices existait déjà au XIème ou au XIIème siècle et appartenait à l'abbaye de Saint-Gildas de Rhuys. Il passa, le 22 novembre 1380, en la possession du duc Jean IV, qui donna en échange à cette abbaye son moulin de Pencastel. C'avait été jusque-là un moulin de mer, car les eaux du golfe venaient à cette époque remplir les fossés et battre les murailles de l'ancienne enceinte, qui coupait alors la place des Lices par son milieu. La mer s'étendait librement autour du moulin, depuis le ruisseau de la Garenne jusqu'à la terre de Ker, à droite et à gauche de sa chaussée, où, dit-on venaient s'amarrer les barques pour y déposer leurs marchandises.

De 1373 à 1385, Jean IV construisit au midi une nouvelle enceinte qui doubla le périmètre de la ville. Il commençait en même temps les travaux de son château de l'Hermine. Et c'est pour pouvoir continuer l'exploitation de son moulin, qu'il fit creuser l'étang, et y amena l'eau du ruisseau de la Garenne par des canaux et des passages ménagés sous la nouvelle muraille. Cette eau, après avoir fait tourner les roues du moulin, était conduite à la mer par un autre canal à découvert, que certains de nous ont connu, et qui, voûté depuis, débouche sur le port par une arcade pratiquée dans le mur de ville près de la porte actuelle de Saint-Vincent.

Jean IV fit allonger la chaussée, qui devint alors le chemin public conduisant à la nouvelle porte de Calmont. Cette porte en plein cintre, avec des ouvertures pour descendre les herses et abaisser le pont-levis, existe encore avec sa poterne pour les piétons. La vue en est malheureusement masquée par les maisons construites vers 1785 dans la rue de la Garenne (n° 3 et 5). Un chemin qui longeait la muraille à l'intérieur, réunit la porte de Calmont à celle de Gréguigny (au bout de la place actuelle de la Poissonnerie), ce qui donna une nouyelle sortie de la ville sur le port et la terre de Ker.

Ce curieux coin de notre vieille cité ne pouvait échapper à l'attention éveillée de Dubuisson-Aubenay, cet observateur sagaceiqui, dans son Itinéraire de Bretagne en 1636, nous en a donné une description exacte et précise, comme tout ce qu'il a écrit :

« A cette porte de Saint-Vincent, dit-il, il y a dans la ville un canal ou blé de 100 pas de long, revestu de pierre, dans lequel entre un petit bras de la rivière qui, du fossé de la ville (où elle entre vis à vis le derrière de la maison de ville) coule par une petite arcade entre les tours du château de l'Hermine et les tours de la porte Saint-Vincent et va faire moudre un moulin dans la ville, au bas de la place des Lices. Au saut du moulin, elle est reçue dans le dit blé et, par une semblable arcade ou voûte située entre la dite porte Saint-Vincent et le premier bastion de main droite vers la porte Saint-Salomon, s'écoule dessous le grand pont à six arcades, hors la ville, dans le grand canal où donne la pleine marée et où abordent les vaisseaux ».

En 1609, le duc de Vendôme, fils de Gabrielle d'Estrées et gouverneur de Bretagne, obtint du roi son père la concession de terrains, alors marécageux, « à prendre depuis le moulin de la place de la Lisse jusques à la grille joignant la porte du port », et ce « pour y faire bastir quelques maisons qui pourraient servir pour l'anbellissement et utilité de la ville ». L'année suivante, le duc, « voulant témoigner aux bourgeois et habitants l'affection qu'il leur porte » subrogea la ville dans tous ses droits sur ces terrains (Archives municipales). Ce don allait être l'origine des constructions qui furent plus tard élevées dans cette partie de la ville et qui devaient contribuer, comme le dit la lettre du duc, « à la décoration et utilité d'ycelle ».

En 1624, une nouvelle porte fut ouverte dans le mur de ville, celle du Port, dite de Saint-Vincent. Mais ce n'est qu'à partir de 1640 que furent érigées les belles maisons du bas des Lices et du côté est de la rue Saint-Vincent. Et ce n'est que plus tard, en 1684, lors du séjour à Vannes du Parlement de Rennes, que les terrains du côté ouest (à droite en descendant des Lices) furent à leur tour afféagés, puis bâtis, complétant ainsi la rue Saint-Vincent qui devait, pendant longtemps, être réputée comme la plus belle de Vannes.

Je vous ai dit tout à l'heure comment les moulins entrèrent à cette époque en la possession de la famille Villayers, puis vinrent ensuite en celle de la ville (celui des Lices était affermé 900 livres en 1693). Le moulin des Lices, vendu nationalement le 26 prairial an VI avec les autres immeubles Villayers, fut acquis pour 16.008 l. par le sieur Lagorce, traiteur, qui avait déjà acheté en 1785 l'emplacement du château de l'Hermine, et venait d'y faire édifier le grand hôtel occupé en 1922 par l'école d'artillerie. J'extrais de l'acte de vente le passage suivant, où se trouve décrit le moulin avec ses appartenances et limites :

1° Un moulin, étang et dépendances, connu sous le nom de moulin des Lices, avec les courières, chaussées, étang, maison, et voûte de l'arcade conduisant l'eau au dit moulin. La maison du dit moulin, avec un tournant, contenant de long 24 pieds sur 22 pieds de large, où est un pignon mitoien au couchant avec le citoyen de Lisle, joignant du midy à la courière près la maison la Motte-Morel, du levant à la rue, ainsi que du nord. Entre la roue du moulin et l'étang est la voûte qui traverse la rue Saint-Vincent, ayant de longueur 36 pieds.

L'étang étant borné au couchant par la rue et la cour de maison aux citoyennes Kerrio et au citoyen Huchet, et par la maison du Plessis de Grénédan, du nord à la maison Keralbeaud, à celle de Bizette, ainsi qu'à sa cour, du levant à petite partie du jardin d'Aubin, à la terrasse du soumissionnaire et à jardin de la Veuve Pitel ; et du midy à cour à la même, auquel midy se trouve la décharge dudit étang, traversant le mur de la ville. Le dit étang recevant son eau des moulins de Rohan, de Bourgmaria et du Duc par le bas de la Garenne, passant au dit étang par des canaux sous le mur de la ville. Le tout sous superficie : 12 cordes 18 pieds.

Certains d'entre nous ont encore connu le vieux moulin tout enfariné. Ils ont entendu son joyeux tic-tac, vu tourner sa grande roue, que séparait de la rue un mur peu élevé. Ils ont contemplé maintes fois le meunier levant ou abaissant ses vannes, qui se manoeuvraient sur la chaussée même, au pied du dit mur. Quelques-uns se rappelleront peut-être les figures des derniers exploitants dont les noms furent je crois : Trémelot, Roussin et Dupuy.

Le moulin a cessé de fonctionner vers 1880. M. Méry, propriétaire de la maison de la rue Saint-Vincent située en face, l'avait acheté et avait fait dessécher l'étang. Il le démolit en 1884, et, sur son emplacement, fit élever la maison qui forme aujourd'hui l'angle de la place du Poids-Public et de la rue Saint-Vincent.

(Etienne Martin).

 © Copyright - Tous droits réservés.