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L'ANCIENNE PAROISSE DE STIVAL

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I - LA PAROISSE.

Stival a subi bien des vicissitudes, sous le rapport ecclésiastique. Un pouillé de 1422 en fait une paroisse distincte. Le pouillé de 1516 et les suivants, jusqu'à la Révolution, unissent, sous le même titre paroissial, Stival et Malguénac. L'annexion, dont il est impossible de fixer l'époque précise, se reporte donc au temps compris entre les deux dates précédentes. Le titulaire des deux paroisses unies fixa sa résidence dans la plus importante, à Malguénac. Stival devint une simple trêve et en reçut le nom ; néanmoins, à son installation, le recteur prenait successivement possession des deux paroisses. Seul gros décimateur, le recteur dimait partout à la trente-troisième gerbe. Après lui, l'abbé de Bonrepos passait aussi dans les champs soumis à cette redevance et prenait deux gerbes des trente-deux laissées par le recteur ; mais ce droit de l'abbé était un champart et non une dîme ecclésiastique. Malguénac et Stival appartenaient au doyenné de Locmalo, autrement dit de Kemenet ou Guémené-Guégant ; les deux bénéfices étaient à collation libre et soumis à l'alternative. Le faubourg de Pontivy, Outreléau, maintenant Tréleau, en breton Trandeur, autrefois Trié-an-deur, faisait partie de Stival.

Entrée du bourg de Stival (Bretagne).

En 1614, quatorze frairies se partageaient le territoire des deux paroisses. Les frairies de Stival étaient celles de : Stival, Kergoff, aujourd'hui Kergô, Saint-Drefin ou Sainte-Trifine et Le Rongoët.

Au Concordat, l'ancienne paroisse de Stival fut annexée à celle de Pontivy. Un vicaire de cette paroisse avait sa résidence à Stival. Depuis 1820, cette section, tout en restant incorporée à la commune de Pontivy, est devenue une paroisse distincte. Dans les dernières années du second Empire, la paroisse du Sourn s'est agrandie, au détriment de plusieurs communes voisines, et s'est annexé l'ancienne frairie du Rongoët, en Stival.

Les paroisses unies de Malguénac et de Stival ont eu les recteurs suivants :

1496. — Charles du Hautbois, en méme temps vicaire général, doyen de Kemenet-Héboé ou de Guidel, recteur de Saint-Patern.
1531-1552. — Yves Bellec, chanoine de Vannes.
1552-1556. — Jean Salomon, chanoine de Vannes.
1594. — Pierre Dréano, de l'île-d'Arz.
1594-1608. — Henri Lechet, chanoine de Vannes.
1608-1611 — Autre Henri Lechet, de Cléguérec. Le presbytère de Malguénac étant ruiné, il fixa son domicile à Stival.
1611-1624. — Jean Kermabon, originaire et prêtre de Malguénac.
1828-1658. — Jean de la Pommeraye, d'Ambon.
1665-1669. — André Berthelot, sieur du Val.
1669-1677. — Georges Deshayeux, recteur de Saint-Caradec-Trégonnel.
1682-1717. — Yves Le Guydart, de Cornouaille.
1717-1730. — Jean Le Guydart, aussi de Cornouaille,
1730-1739. — Gabriel-Claude de Boisgeslin, des seigneurs de Kersac, et prêtre du diocèse de Saint-Brieuc.
1739-1742. — Jacques Boutouillic, des seigneurs de Keroman et originaire de Languidic.
1742-1763. — Louis Raoul, de Pluméliau, curé de Saint-Patern.
1763 1784. — François-Marie. Morgan, de Séglién, recteur de Langoëlan.
1784-1802 — François Guillome, de Pluméliau, recteur de Cléguérec. Il refusa de prêter le serment prescrit par la Constitution civile du clergé; En 1802, il fut maintenu à la tête de la paroisse de Malguénac.

Au nombre des terres nobles de Stival on peut citer : Kerdisson, Le Rongoët, Le Resto, Sainte-Trifine, Talhouët. Les deux principales familles étaient celles de Bahuno du Liscoët et de Lantivy.

A la Maison de Bahuno du Liscoët, du Cosquer, de Kermadehoa, de Kérolain, du Resto, de Kerdisson et autres lieux, appartenait, dans la seconde moitié du dix-septième siècle, je l'ai signalé dans une autre étude, le fief de sergent féodé de Kermadehoa, en Plœmeur, siège du bailliage de Poher ou Pohier, qui comprenait Plœmeur, Quéven, Guidel et partie de l'île de. Groix, dans l'ancienne châtellenie de La Rochemoisan : de sable, au loup passant d'argent, surmont d'un croissant de même.

Talhouët appartenait, lors de la réformation de 1513, à Guillaume Rolland, successeur de François Rolland et d'0llive Soudan, ses père et mère. Peu après, il fut acquis par François de Lantivy et Noëlle de Quillien, sa femme. François de Lontivy était le chef d'une famille originaire d’Angleterre, transplantée en Bretagne, et comptait pour ancêtres : Pierre, marié, vers 1350, à Aliénor de Lanvaux ; Raoul, seigneur de Kervaset, marié à Aliette de Lannouan ; Jean ; autre Jean, et enfin Guillaume, époux de Louise de Kerbouttier. François de Lantivy figura, en 1553, au rôle de la noblesse de l'évêché de Vannes, qui marcha au secours de Belle-Isle. Sa descendance directe conserva la terre de Talhouët, jusqu'au jour où elle s'est éteinte dans la muison de Gras. Elle fut maintenue, à la réformation de 1668, dans la personne de Louis de Lantivy-Talhouët, chef de nom et d'armes, et, plus tard, admise aux honneurs de la cour : De Lantivy, sieur de Talhouët et dudit lieu, du Rest, de Landrécar, de la Ferrière et autres lieux : de gueules à l'épée d'argent en pal, la pointe en bas. De Gras; du Bois de la rive, du Timen, de Beauregard, etc. : d'azur, au lion d'or lampassé et armé de gueules, à trois contre-cotices de même brochant sur le tout ; devise : Stat fortis in arduis.

Le patron de l'ancienne comme de la nouvelle paroisse de Stival est saint Pierre, à qui une chapelle est dédiée dans le cimetière. Saint Mériadec est simplement titulaire de l'église qui porte son nom ; et c'est seulement par concession épiscopale et pour donner une plus grande facilité aux offices que cette église est affectée au service paroissial. Une autre chapelle est placée sous le vocable de sainte Trifine.

Entrée du bourg de Stival (Bretagne).

II - SAINT MÉRIADEC.

Saint Mériadec a passé une partie de sa vie à Stival. Il y bâtit un ermitage et un oratoire, près d'une fontaine, dont le nom est peut-être devenu par la suite le nom de la localité Stival, altération ou forme différente de Stivel ; « Stivel, fontaine dont la source sort d'un rocher et qui est ordinairement accompagnée d'un lavoir », d'après le Dictionnaire de Le Gonidec. Dans la même paroisse de Stival, à une petite distance du Resto, une source s'appelle fetan er Stifel ; l'expression qui traduisait l'idée de fontaine est devenue un nom propre.

Divers Propres de diocèses contiennent la légende de saint Mériadec : l'ancien Bréviaire de Nantes et celui qui fut publié, en 1790, par Mgr de la Laurencie ; le Lectionnaire de Vannes, d'où elle a passé, revue et corrigée, dans le Bréviaire de la même église, de 1589 ; les Propres de Vannes de 1660, de 1726, de 1757 ; ce dernier réimprimé sans correction en 1849. Le Propre de 1875 donne aussi sa légende, mais sagement amendée. Les Actes insérés dans le vieux légendaire de Tréguier ont été vus et suivis par le P. Albert Le Grand. Ils ont été la base des vies du saint. Le Lectionnaire et par suite le Bréviaire de Vannes ont puisé à la même source : à ne considérer que la marche du récit et les détails de la biographie, on pourrait voir dans la légende insérée aux vies des Saints de la Bretagne-Armorique un commentaire étendu du bréviaire vannetais. Dans leur deuxième tome de juin, les Bollandistes ont suivi le recueil de l'hagiographe breton.

Saint-Mériadec à Stival (Bretagne).

La plupart de ces documents voient en saint Mériadec un descendant de l'hypothétique premier roi des Bretons. Le Bréviaire s'exprime ainsi : « Beatus Mereadocus de genere Britannorum ex recta linea consanguinitatis Conani regis magnifici procreatus ». D'après le Propre de 1757 et de 1849, « Mereadocus, regiœ Conani Mereadoci, qui primus in Britania minore regnavit, progenie ortus est ad initium seculi septimi ». Pour Albert Le Grand, saint Mériadec était « natif de la Bretagne-Arnorique, de la race royale de Conan Mériadec, premier Roy catholique dudit pays ». Le Propre de 1875, jugeant, à sa valeur, le fabuleux Conan, se contente de dire « Mereadocus, illustri genere in Britannia minori natus, a teneris annis humaniores litteras didicit, etc. », mais ne se prononce pas sur l'époque où il a vécu. L'ancien bréviaire de Vannes dit : « circa annum 666... obiit ». Le Propre, imprimé, en 1660, par ordre de Mgr Charles de Rosmadec, met son ordination vers l'an 659. Le Propre de Mgr de Bertin, de 1757, donne l'année 666 comme la date approximative de sa mort : « circa annum sexcentesimum sexagesimum sextum obiit ». Albert Le Grand, dans sa biographie, le fait naître vers l'an 758 ; mais il se corrige dans son catalogue des évêques de Vannes « Prenez garde, dit-il, qu'il y a erreur au daté de sa naissance en sa vie, y ayant l'an 758 pour 626 ».

De tous les écrivains qui ont parié de saint Mériadec, D. Lobineau est le seul, si je ne me trompe, qui le place dans une période différente ; il le fait mourir en 1302. Se fondant sur ce passage de ses Actes qui donne au seigneur du pays le nom de vicomte de Rohan, il fait remarquer que le solitaire de Stival ne pouvait vivre au temps fixé par tous les auteurs, « auquel temps, dit-il, il n'y avait point de vicomte de Rohan. L'histoire, ajoute-t-il, nous apprend qu'il n'y en a eu qu'au commencement du douzième siècle et que, par conséquent, le saint Mériadec qui a été visité par un vicomte de Rohan n'a pu vivre dans le septième ni dans le huitième siècle ». D. Lobineau dit avoir trouvé la date de 1302 au Légendaire de Tréguier ; il redonnaît, en outre, avec d'autres auteurs, que ce recueil paraît avoir été écrit au quatorzième siècle ou dans les premières années du quinzième. Ne peut-on penser que ce millésime a été mal lu ou mal copié et qu'il n'indique pas autre chose que l'année et le jour, la sixième férie de juin, ou le manuscrit a été achevé ? N'est-il pas à croire encore que l'auteur des actes ou quelque copiste du quatorzième siècle aura substitué le titre et le nom de Rohan au nom du seigneur de Stival, afin de flatter une famille alors puissante dans la province ? Du reste, la question semble insoluble, le Légendaire de Tréguier ayant disparu, depuis la Révolution, avec toutes les archives de cette église. D'ailleurs, ces actes ne peuvent jouir, dans toutes leurs parties, d'une grande autorité. L'affirmation que le solitaire de Stival descendait de Conan Mériadec, l'histoire de l'extermination des brigands et de l'établissement de trois foires à Noyal, et d'autres détails encore, comme les mille génuflexions par jour et les mille par nuit, paraissent bien n'être que des additions ou des changements dus à l'excessive crédulité du copiste ou au désir de faire honneur à la famille de Rohan qui se prétendait issue du fabuleux fondateur de la monarchie bretonne.

Dans le cimetière de Noyal-Pontivy se trouve un cercueil monolithe de granit du genre dit carlovingien ; la tradition locale en fait le tombeau de saint Mériadec. J'ai étudié, ailleurs, ce monument et j'ai constaté qu'il ne peut pas être antérieur aux dernières années du huitième siècle, de même que les sarcophages de cette forme cessent généralement d'être employés vers la fin du onzième. Que saint Mériadec soit mort vers le milieu du septième siècle, suivant le sentiment qui paraît le seul vrai, ou seulement au commencement du quatorzième, ce cercueil n'a aucun droit à porter le nom du solitaire de Stival. Du reste, saint Mériadec ne mourut pas en cet endroit. Devenu évêque de Vannes, il mourut très-probablement dans cette ville ; et suivant les recueils du P. Albert le Grand et des Bollandistes et les Propres diocésains antérieurs à celui de 1875, il fut inhumé dans son église cathédrale.

En somme, les seuls points de la vie de saint Mériadec que l’on puisse admettre avec certitude sont : sa naissance dans la première moitié du septième siècle, son séjour à Stival, où, par son éminente sainteté et l'influence qu'il exerçait autour de lui, il rendit au peuple des services importants, son élévation au siège épiscopal de Vannes et son inhumation dans l'église cathédrale.

III - MONUMENTS RELIGIEUX.

ÉGLISE SAINT-MÉRIADEC.

Eglise de Stival (Bretagne).

L'église actuelle dut remplacer l'oratoire construit par saint Mériadec. Elle appartient, sauf quelques appendices peu importants, au style ogival flamboyant. Correcte dans sa sévère élégance, elle n'offre pas de détails remarquables à signaler ; je me contenterai d'en indiquer l'ordonnance générale, en omettant des points secondaires. L'église se compose d'upe tour située à l'ouest, d'une seule nef, d'un transept et du chœur ; elle contient des vitraux magnifiques.

La tour, en pierre, est formée d'une base quadrangulaire flanquée de contreforts à ses angles. Le côté ouest est percé d'une porte ogivale, d'un bon style, dont l'arc est environné d'une archivolte à contrecourbe garnie de crosses et surmontée d'un fleuron. A gauche et à droite s'élèvent deux pinacles ornés de crochets ; aux angles, grimacent deux gargouilles. Une autre baie semblable donne accès dans la nef ; deux arcades ogivales aveugles décorent les face latérales intérieures du porche de la tour. Des angles de la voûte partent deux arceaux liés, au centre, par une clef sans ornement. L'étage supérieur, à pans nus et très élevés, est percé, sur chaque face, d'une ouverture en forme de de meurtrière. La dernière zône, plus étroite et peu haute, présente trois baies, rectangulaires à la base et rétrécies, au sommet, par les corbeaux qui supportent le linteau. Elle est surmontée d'un amortissement en ardoises, de forme octogone et à pans arrondis, d'où monte une flèche en charpente, couverte également d'ardoises. Une tourelle cylindrique contient, au midi, la cage d'escalier.

Le nef est éclairée, au sud,par deux fenêtres ogivales séparées par une porte du même genre ouvrant sur un porche de construction moderne et en plein-cintre Le latéral nord n'a pas de fenêtres. Deux portes, en plein-cintre, donnent accès, l'une dans la chapelle des fonts, d'origine peu éloignée, l'autre dans un cabinet de décharge. Le croisillon sud a pour fond une belle fenêtre divisée par deux meneaux prismatiques en trois compartiments. Dans le latéral ouest de ce bras de croix, une porte ogivale à archivolte a été bouchée. Une grande ouverture, à trois meneaux occupe le chevet.

Au latéral. Est de chaque croisillon est appliqué un autel de bois, de forme quadrangulaire, accosté et surmonté d'un retable a quatre colonnes torses garnies de vignes chargées de feuilles et de grappes et portant des chapiteaux corinthiens. Au-dessus de l'entablement, s'élève un fronton curviligne brisé, dont les volutes sont reliées entre elles par des guirlandes de fleuri et de fruits. Le tout est terminé par une attique formée par deux colonnes d'ordre composite, encadrant une statue, comme le font, deux à deux, les colonnes torses du retable lui-même, et portant un fronton curviligne. Des statues d'anges se voient aux extrémités. Ces deux retables, du dix-septième siècle, ont de la valeur.

Le maître-autel, en bois également, est accompagné d'un ciborium ou baldaquin qui n'est pas sans mérite. Quatre colonnes corinthiennes, cylindriques et en bois, placées, les deux antérieures, de chaque côté de l'autel, les deux autres en arrière et plus rapprochées l'une de l'autre, portent quatre arêtes ornées qui, par deux courbes gracieuses en sens contraire figurent une sorte de dôme à jour et se dressent pour soutenir une couronne fermée, surmontée de la croix. Cette construction, par sa hauteur, nuit malheureusement à l'effet que devrait produire le vitrail de la fenêtre du chevet.

Aux deux côtés de cette baie se dresse un retable d'ordre corinthien, formé de deux colonnes cylindriques en bois, encadrant une statue et terminé par un fronton brisé chargé d'urnes et de corbeilles de fleurs.

Quatre entraits sculptés traversent la nef et portent, entre autres armoiries, l'écu des seigneurs du Bauzo, en Malguénac, du nom de Coëthual. Tout autour de la nef, du transept et du chœur régne une corniche en bois sculpté, ornée de mascarons et de grotesques. Le lambris est peint, en entier, de feuillages et de fleurons d'un assez agréable effet. L'intrados de la voûte est garni d'un véritable réseau de fines nervures.

L'église Saint-Mériadec contient des vitraux remarquables, les uns bien conservés, d'autres à l'état de fragments.

La fenêtre, située auprès de la tour, présente, dans son panneau de droite, l'apôtre saint Paul, tenant l'épée d'une main, les épaules couvertes d'un manteau semé des mâcles de Rohan. Dans le panneau de gauche, figurent deux personnages, dont l'un, une femme, porte la couronne ducale. Des mâcles figurept encore au sommet du tympan.

La fenêtre, ouvrant sur la nef, prés du croisillon sud, offre plusieurs débris de verrière. On y remarque saint Laurent et son gril, une couronne ducale, etc.

Les deux principaux vitraux se trouvent dans les fenêtres de la partie sud du transept et du chevet.

La baie du croisillon est divisée par deux meneaux prismatiques en trois compartiments qui contenaient, en douze tableaux, diverses scènes, de la Passion de Jésus-Christ. Un de ces tableaux a complètement disparu, au sommet du compartiment de gauche. Au bas de la même division du vitrail, la partie inférieure du dernier tableau, représentant Jésus au Jardin des 0llivier, a été également brisée ; heureusement, la scène véritable est restée : il n'y a eu de détruit que des motifs d'ornementation. Une autre remarque importante, c'est que les divers panneaux sont placés d'une manière très irrégulière et que, de quelque manière qu'on les considère, de bas en haut ou de haut en bas dans chaque compartiment, ou horizontalement en suivant l'ordre des peintures disposées, les unes à côté des autres, dans les trois zones, il est impossible de relever la suite logique des stations de la Passion. C'est un défaut simplement de pose et qui n'enlève rien à la valeur des sujets représentés. On observera encore que deux tableaux ont le même objet : Jésus-Christ devant Anne, dans l'un, devant Anas, dans l'autre : évidemment, on voulu dire Caïphe dans l'une des inscriptions. Voici, de bas eu haut, la liste des scènes figutées dans chacune des parties de cette verrière :

Compartiment de gauche ou Est :
Jésus au Jardin des Olliviers ; Ecce-homo ; Jésus devant Anne.

Compartiment du milieu :
Baiser de Judas et arrestation du Sauveur ; Flagellation ; Portement de croix ; Jésus en croix.

Compartiment de droite :
Jésus devant Anas ; Couronnemont d'épines ; Descente de croix ; Dépouillement du Sauveur.

La partie sugérieure du tympan est brisée ; dans la zone inférieure, des anges portent des instruments de la Passion, la croix, la couronne d'épines, etc.

Sur un socle figuré dans le vitrail, à l'angle droit inférieur, on lit l'inscription suivante :

En. l'an 1552
Fut. faict.
Cette. vitre.
Et. fut. l'ou (v)
Rier. Jeha (n)
Le Flamant.

Cette verrière, malgré son état de mutilation et la fâcheuse disposition de ses parties, est oxicellente. Les personnages nombreux, groupés avec art, concourent tous harmonieusement à l'action représentée ; les attitudes sont expressives.

Le vitrail de la fenêtre du chevet est en meilleur état et, par la grandeur plus considérable des personnages et la richesse de l'ornementation, produit un effet encore plus marqué. Il représente, en seize tableaux, la généalogie des rois de Juda.

A la partie inférieure, entre le premier et le troisième meneau, David, tenant en main le livre des Psaumes, est couché sous une draperie, que soutiennent, dans les compartiments extrêmes de gauche et de droite, deux personnages à costume oriental orné de pierreries et coiffés de la mitre. Dans chaque série de panneaux, s'étagent ensuite trois ancêtres du Sauveur, portant, les uns la mitre orientale, les autres le diadème, le sceptre. Salomon, jouant de la harpe, est assis immédiatement au-dessus de David. Autour des personnages s'enroulent des phylactères avec des inscriptions relatives à la Vierge ; par exemple « Ecce Virgo concipiet et pariet Filium ; » « Egredietur flos de radice Jesse, » etc. A la partie supérieure du tympan, résumant toute cette préparation providentielle dont elle est l'objet, apparaît la Vierge, vêtue du costume de la première moitié du seizième siècle. Elle est couronnée, assise sous un dais et porte l'Enfant-Jésus sur ses genoux ; des anges l'environnent.

Ces peintures, réellement magnifiques, ne sont ni datées ni signées. Par certains détails, comme la forme du vêtement de Marie, elles sont nécessairement contemporaines des tableaux du croisillon sud. Il est permis de croire que les deux verrières sont dues au même artiste ou, comme il s'intitulait lui-même, au même ouvrier, Jehan Le Flamant.

Les deux parois latérales du chœur sont tapissées de huit fresques qui, pour être anciennes, n'en sont pas moins détestables et représentent, d'après la légende, des traits de la vie de saint Mériadec.

FONTAINE DE SAINT MÉRIADEC.

Fontaîne de Saint-Mériadec à Stival (Bretagne).

A une centaine de mètres au sud du bourg, à droite de la route conduisant à Pontivy, se voit la fontaine dédiée à saint Mériadec. Elle fut, au temps de l'érection de l'église, convertie en une piscine portant les caractères et les ornements de l'âge ogival flamboyant. Les neuf mâcles de Rohan figurent au tympan. Un mur d'enceinte protège la piscine et son lavoir.

LEC'H DE SAINT MÉRIADEC.

Lec'h de Saint-Mériadec à Stival (Bretagne).

A quelques mètres au sud de la tour, se dresse un lec’h qui doit être signalé, pour sa forme, les sculptures dont il porte la trace et la légende qui le concerne. C'est un ancien menhir qui a dû être modifié à plusieurs reprises. Il porte, dans le pays, le nom de Prie-Dieu de saint Mériadec. Haut de 1 m. 75 c. à partir du sol, il a été, dans la partie supérieure de la face Est, sur une longueur de 0 m. 90 c., taillé profondément, au-dessus de la base qui, restant en saillie, formerait ainsi une sorte d'accoudoir. Dans la portion amincie apparaissent des restes de sculptures, dont il est assez difficile de déterminer le sujet, le trait n'étant pas profond et le granit, à gros grain, se décomposant au simple toucher. On peut cependant y voir, sur un socle allongé à extrémités arrondies, comme un fût de croix surmonté par un triangle dont les côtés se prolongent au-dela de l'angle d'intersection, de façon à figurer une croix de Saint-André. A gauche et à droite de la hampe de la croix, on pourrait reconnaître des chandeliers à branches multiples. Le sommet du lec'h est creusé d'une cavité où est plantée une petite croix de pierre, à branches courtes et de longueur différente. La face ouest du monument porte, en creux, la trace comme d'un pied de chèvre. D'après la tradition locale, assez peu respectueuse en cet endroit, saint Mériadec, agenouillé devant sa croix, était souvent distrait de ses prières par les ébats d'une chèvre qui venait le visiter. Un jour, saisi d'impatience, il se leva, se plaça derrière l'animal et, d'un coup vigoureux, le précipita sur le lec’h qui se creusa sous le pied de la chèvre. En même temps, l'élan fut si fort que le pied du saint, rencontrant une pierre, y entra profondément, laissant un sillon, sous la forme d'une chaussure gigantesque. Cette pierre, lors de la construction de l'église, fut mise dans le mur du latéral sud, près de la cage d'escalier, où on la voit encore. Ce qui ressort de ces légendes que, tout enfant, j'ai entendu raconter à des vieillards, c'est que la forme actuelle du lec'h, avec les caractères qu'il porte, remonte à une époque fort reculée.

CHAPELLE SAINT-PIERRE.

Au sud de l'église Saint-Mériadec, dans le cimetière, s'élevait une chapelle dédiée saint Pierre, patron de Stival. Elle a été démolie en 1853 et remplacée par un édifice conçu dans le style ogival, mais ne présentant aucun intérèt, Au moins, l'on a su conserver, dans la fenêtre du chœur, un ancien vitrail qui, bien que très inférieur aux verrières de l'autre église, a cependant de la valeur.

ll est divisé en quatre tableaux. A gauche, le premier tableau représente l'Annonciation ; au-dessous, on voit la Nativité de Jésus-Christ ; saint Joseph adore l'Enfant-Jésus. Le panneau supériéur de droite mérite d'être remarqué debout derrière une table, sur laquelle il a posé le couteau de la circoncision et ses lunettes, le grand-prêtre, coiffé de la mitre et couvert de la chape, reçoit. Jésus des mains de Marie ; saint Joseph, un cierge à la main, éclaire la scène. Au tableau inférieur est figurée l'Adoration des Mages.

Fontaîne Saint-Pierre à Stival (Bretagne).

CHAPELLE SAINTE-TRIFINE.

Chapelle sainte Trifine ou Tréphine à Stival (Bretagne).

La paroisse de Stival possède une chapelle sous le vocable de sainte Trifine (Tréphine, Tryphine, Triffine ou Tréffine), en breton sant Trifin. Cet édifice n'a aucune valeur architecturale. Dans sa partie la plus ancienne, il remonte à la fin du quinzième siècle, ou au commencement du seizième : la fenêtre du chevet, complètement masquée, à l'intérieur, par un tableau, et, dans sa partie inférieure, au dehors, par la sacristie, laisse voir son tympan chargé de flammes. La porte sud doit être du dix-septième siècle. La porte ouest et les fenêtres, à cintre surbaissé, sont d'une époque postérieure. Dans la nef, trois entraits, dont l'un est daté de 1653, portent les mâcles de Rohan et d'autres armoiries. Le véritable intérêt de cette chapelle est dans les peintures qui décorent le lambris. La voûte, en bois, est divisée, au nord et au sud, en quatre compartiments, où sont figurées les principales scènes de la vie de sainte Trifine et qui sont séparés par des ornements divers, des guirlandes, des dauphins avec lesquels se jouent des amours.

Les tableaux du pan nord représentent, en partant de l'autel :

Le mariage de Trifine. Celle-ci porte un manteau semé d'hermines.

La fuite de Trifine et sa poursuite par son mari.

Son martyre.

Le transport du cadavre par Guérock (sic).

Au côté sud, les tableaux sont les suivants, en revenant vers l'autel :

Entrevue du Comte avec saint Gildas.

Destruction de Castelfinans par saint Gildas, au moyen d'une poignée de sable qu'il lance contre le château.

Résurrection de la Sainte par saint Gildas, au château de l'Hermine.

Trifine, après avoir donné le jour à saint Tremeur, devient religieuse au monastère qu'elle a fondé, près de Vannes.

Ces peintures sont bonnes ; elles ont été exécutées en 1704.

Au-dessus de l'autel, un tableau représente Conomor à cheval, s'apprêtant à donner la mort à Trifine. Ce tableau est encadré dans un retable à niches garnies de la coquille au cintre et de la seconde moitié du dix-septième siècle.

CLOCHE OU BONNET DE SAINT MÉRIADEC.

Ville de Pontivy -Stival (Bretagne).

L'église paroissiale de Stival possède un véritable joyau, une relique sans analogue dans la contrée : la cloche ou bonnet de saint Mériadec. M. de la Villemarqué en donne la description suivante :

« La cloche de Stival est en cuivre mêlé d'argent ; elle n'a pas été fondue, mais battue au marteau. Sa forme est à peu prés celle d'un bonnet carré ; elle est surmontée d'une anse qui permet de la tenir à la main. Ses dimensions, les voici hauteur (y compris l'anse) 0 m. 21 c. ; diamétre de l'ouverture dans un sens, 0 m. 18 c. ; même diamètre dans l'autre sens, 0 m. 15 c. ; battant, 0 m.13 c. de haut. Son état de conservation serait parfait, sans une petite fissure qui existe à l'orifice… Sur un des côtés, on lit très distinctement les mots pir tur fie is ti ; ils sont écrits de haut en bas, en lettres de deux centimétres et demi de hauteur, en moyenne ».

Cette description très-exacte, doit ètre complétée par un détail. Depuis la publication du Mémoire de M. de la Villemarqué sur l'inscription de la cloche de Stival, la fissure, signalée a donné lieu à une cassure qui a détaché quelques petites pièces de métal, à la partie inférieure de l'une des faces. Cet accident a peut-être modifié le timbre de la cloche et en a rendu le son quelque peu dur et criard.

Cette cloche passe pour guèrir les maux de tête et d'oreille, et même la surdité : on la fait sonner, puis on la pose sur la tête du fidèle. D'après la tradition locale elle aurait appartenu à saint-Mériadec. Cette assertion ne saurait être justifiée par aucun document ; mais il est certain que, de temps immémorial, le trésor paroissial a possédé cette cette relique, et le peuple a toujours cru que cet instrument servait au saint pour appeler à la prière les habitants du voisinage. Au commencement de la Révolution, la cloche fut transportée à Pontivy ; des fidèles de saint Mériadec allèrent la reprendre et la rendirent à l'église de Stival.

Il y aurait lieu maintenant de rechercher l'époque à laquelle on peut en reporter l'origine et de déterminer le sens de l'inscription.

Il existe, en Angleterre, quelques cloches à main semblables à celle de saint Mériadec. M. de La Villemarqué en signale une, entre autres, gardée à Dublin ; Elle est dite de saint Patrick ; on en connaît l'histoire, au moins, depuis l'an 946 ; et on la fait remonter à l'apôtre de l'Irlande, mort vers la fin du cinquième siècle, ou à ses disciples qui avaient appris de lui l'art de travailler les métaux et qui passaient pour y être très habiles. Or, cette cloche est du même métal, de même fabrication et de même forme que celle de Stival ; la ressemblance est telle, que, si l'une et l'autre avaient été fondues au lieu d'être battues au marteau, on pourrait affirmer qu'elles sont sorties toutes les deux d'un seul moule. Il n'y a qu'une différence, c'est que la cloche d'Armagh, conservée à Dublin, n'a pas d'inscription. Mais il est à remarquer que, à la simple inspection des caractères de la cloche de Stival, des paléographes, familiers avec les caractères irlandais, ont été portés à les croire gravés en Irlande, peu d'années après la mort de saint Patrice. Cependant, de cette identité de forme on ne pourrait conclure à l'identité d'origine, car ces caractères n'étaient point particuliers à l'Irlande et l'on s'en servait également à la même époque, sur le continent ; il faut seulement constater : 1° que les paléographes les plus compétents s'accordent sur leur âge, qui ne peut guère être de moins de onze ou de douze cents ans ; 2° que les archéologues sont d'accord pour attribuer au cinquième et au sixième siècle la plupart des cloches du même genre.

M. de la Villemarqué a traduit l'inscription de Stival. Il y a reconnu du breton archaïque ; d'après lui, pir tur fic is ti signifient pir, « dulce, suave » ; turfic, « sonars » ; is ti, « es tu » ; tu sonnes doucement, agréablement. Pour la justification de cette lecture, il faut se reporter au mémoire de notre directeur : une discusssion philologique de cette nature ne saurait être facilement analysée.

Le texte étant donné, cette traduction n'a pas été et ne pouvait être contredite. Cependant, l'inscription est-elle très exactement rapportée ? Si l'on considère les syllabes, les mots qui la composent, il n'y a lieu à aucun doute ; d'ailleurs, les caractères sont bien tracés et la lecture en est aisée. Mais, le corps de l'inscription présente une particularité qui, jusqu'à, présent, à ma connaissance du moins, n'a pas été signalée. Entre les syllabes tur et fic, on voit comme une sorte de point en creux de 0 m. 001 de largeur et de 0 m. 003 environ dans sa plus grande longueur, et en forme de triangle irrégulier. La présence de ce point après pir tur, quand il n'y en a aucun entre les autres mots, pourrait faire croire, s'il a été produit à dessein, que l'ouvrier a voulu appeler l'attention sur les deux premières syllabes et en faire un seul mot ; la signification du texte serait ainsi absolument modifiée. Deux questions se posent donc : ce point a-t-il été tracé intentionnellement ou est-il le résultat d'un accident ? S'il est le résultat d'un accident, faut-il y voir la suite d'un coup ou un défaut dans le métal ?

J'ai examiné très soigneusement, dans toutes ses parties la cloche de Stival. Or, mon impression conciencieusement raisonnée, je vais l'exposer. Ce point n'a pas été produit intentionnellement. Dans le cas contraire, on pourrait demander pourquoi, au lieu d'occuper à peu près le milieu de l'espace compris entre tur et fic, il est placé de manière à toucher presque de sa pointe I'F de fic, ce qui n'est pas du tout la position, ordinaire d'un signe séparatif, et pourquoi, entre les autres mots, il n'y a pas de points de cette sorte, contrairement à l'usage. En outre, ce signe, par sa forme, ne représente aucune figure géométrique régulière. Ce n'est ni un simple point, ni un cercle, ni un ovale, ni un losange, ni triangle, ni un polygone composé de lignes de même nature. Sur une base à peu prés rectiligne s'élève une verticale dont le sommet est relié à l'extrémité de droite de l'autre côté par une ligne courbe un peu ondulée. Cependant, l'ouvrier a montré, par la netteté du trait dans les lettres de l'inscription, qu’il était assez habile pour dessiner une figure régulière.

D'autre part, les traces de coups sont nombreuses sur les divers pans de la cloche. Il s'en trouve une, en particulier, sous le T de isti. Elle est assez grande, de forme ovale et a été produite par un instrument contondant. Le contour est parfaitement arrêté ; la surface intérieure est arrondie. Il n'en est pas de même pour la petite cavité qui précède fic. On ne s'expliquerait pas qu'elle eût été formée à l'aide d'un marteau. En outre, un instrument tranchant, un ciseau, par exemple, aurait taillé et repoussé le métal et déterminé des pans lisses ; or, ici, la concavité est quelque peu rugueuse. Je serais porté croire, sans pourtant oser l'affirmer, que nous sommes en présence, non de la trace d'un coup, mais bien d'un défaut dans la matière. On se rendrait compte ainsi du motif qui a porté le graveur à éloigner d'une façon légèrement anormale la seconde syllabe de turfic de la première : après avoir tracé tur, ayant trouvé dans la ligne de l'inscription commencée cette cavité, il a dû rejeter au-delà, la syllabe fic. En tout cas, s'il faut y voir le résultat d'un coup, cet accident est bien ancien, de beaucoup antérieur à ceux qui ont déterminé les autres inégalités de la surface. Ces dernières, en effet, laissent voir librement la matière de la cloche, tandis que, dans l'autre, la couleur naturelle du métal est remplacée par une patine d'une teinte pareille à celle qui couvre les caractères.

De l'exposé précédent il ressort que :

La cloche de Stival, d'après une tradition immémoriale, a appartenu à saint Mériadec, qui s'en est servi ;

Elle remonte au cinquième ou au sixième siècle ;

La forme des lettres de l'inscription est celle des caractères usités simultanément, vers cette époque, en Irlande et sur le continent ;

L'inscription serait un compliment adressé à son œuvre par l'ouvrier satisfait.

La paroisse de Stival peut, à juste titre, se montrer fière de posséder un pareil trésor.

(abbé Euzenot).

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