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LA PAROISSE DE SAINT-THÉGONNEC SOUS LA RÉVOLUTION

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Poursuites contre les prêtres insermentés.

La loi du 17 mai 1791 reconnaissait aux insermentés le droit de célébrer la messe dans les églises constitutionnelles ; mais là se bornait sa tolérance. Tout autre exercice du culte leur était interdit. Par cette même loi les catholiques étaient autorisés à louer des édifices et à les céder pour le culte à des ecclésiastiques de leur choix. La moindre attaque contre la Constitution entraînait la fermeture de ces édifices. Le Finistère avait déjà pris de l'avance sur Paris. Le Directoire de ce département agissait comme s'il n'y avait eu au-dessus de lui ni Assemblée nationale, ni loi, ni roi. De bonne heure il se montra intolérant et sectaire, et il ne sera satisfait que le jour où il obtiendra la proscription des prêtres fidèles, proscription qu'il poursuivra avec acharnement. Des plaintes lui arrivaient de plusieurs municipalités contre les désordres suscités dans les paroisses par l'antagonisme qui existait entre les partisans du curé réfractaire et les défenseurs du curé constitutionnel. Le Directoire essaiera de mettre fin à cet état de choses déplorable, et naturellement ce n'est pas contre les curés intrus qu'il prendra des mesures. Il va déblayer le terrain sous les pas des prêtres assermentés.

Le décret du 21 avril 1791 ordonnait aux curés et aux vicaires, qui n'avaient pas prêté le serment, de quitter dans les huit jours leurs paroisses, et leur prescrivait de s'en éloigner à la distance d'au moins quatre lieues, sous peine d'être poursuivis comme perturbateurs de l'ordre public. Dans une lettre à Lanjuinais en date du 22 avril, l'évêque du Finistère, Expilly, se vantait d'avoir conseillé au Département de prendre cet arrêté. Ce décret ne fut pas accueilli avec grande faveur par tous les districts. Lesneven refusa de l'appliquer. Morlaix réclama un sursis pour son exécution. Son application immédiate, déclara ce district, serait de nature à porter atteinte à la paix publique. Il vaudrait mieux laisser le temps faire son œuvre. Morlaix cependant communiqua le décret aux municipalités de son ressort.

A partir de ce moment, les dénonciations se multiplièrent au chef-lieu du district. Les officiers municipaux de Plounéour-Ménez, dans un procès-verbal adressé à Dissez, procureur-syndic, dénoncèrent Briand et Floc'h, leurs ci-devant recteur et vicaire, comme agitateurs et fauteurs de trouble dans la paroisse. Le procureur, dans son rapport du 28 juin au Département, déclarait que la garde nationale voudrait éloigner ces ecclésiastiques ainsi que bien d'autres, comme le curé de Saint-Thégonnec, et les rassembler en un lieu de sûreté, tel que le séminaire de Quimper. Les Administrateurs du district, parmi lesquels nous trouvons Bernard Breton, du Herlan, en Saint-Thégonnec, s'opposèrent à cette mesure violente.

Les deux clergés restaient donc toujours en présence et continuaient de se servir, tous deux, de l'église paroissiale, du moins pour la célébration de la messe. Expilly poussait le Département à faire exécuter l'arrêté du mois d'avril, comme seule mesure propre à rétablir la paix dans les paroisses de son diocèse. Encouragé par de nombreuses pétitions venues des districts ou des municipalités, ainsi que par la déclaration du Conseil épiscopal, le Directoire départemental se décida à prendre l'arrêté du 2 Juillet. Cette date ouvrait pour le clergé du Finistère l'ère officielle de la persécution.

Ce décret ordonnait aux ecclésiastiques qui n'avaient pas obtempéré à l'arrêté du 21 Avril de se rendre à Brest en état d'arrestation. Il chargeait les districts de désigner à l'Administration les prêtres « dont la conduite et les discours faisaient naître des troubles ». Ce décret ne tarda pas à être exécuté. La garde nationale opéra d'abord au chef-lieu du district pour se jeter ensuite sur les paroisses environnantes. Les dénonciations faites précédemment allaient porter leurs fruits.

Le 5 Juillet 1791, le gendarme Kessler arrivait à Pleyber-Christ signifier deux extraits du Département, l'un au ci-devant recteur et l'autre au ci-devant vicaire. Il ne trouva au presbytère que la servante. Celle-ci se garda bien de trahir son maître et répondit qu'elle ignorait le lieu de sa retraite. Le gendarme n'avait plus d'autre ressource que de déposer ses papiers chez François Mer, juge de paix, avec ordre de les transmettre, quand faire se pourrait, à leurs vrais destinataires. La veille, deux autres gendarmes de Morlaix, Le Page et Cherville, s'étaient rendu à Plounéour-Ménez. Ils furent plus heureux que leur collègue. Le recteur, Jean Briand, n'avait pas jugé à propos de se soustraire aux recherches de la police. Il déclara au gendarme que c'était pour lui une affaire de conscience de rester dans sa paroisse malgré l'arrêté du 2 Juillet. Deux jours après, il était conduit à Brest pour être interné aux Carmes. René Abjean et Robert Tanguy, recteur et vicaire de Saint-Thégonnec, ne tardèrent pas à l'y rejoindre.

Les prêtres détenus aux Carmes étaient traités avec la dernière rigueur. Leurs gardes étaient les premiers à les abreuver d'outrages. Ils ne se génaient pas pour leur déclarer que s'ils étaient les maîtres, ils se feraient une joie de les suspendre aux lanternes de l'établissement. Par un raffinement de cruauté digne de brutes avinées, ils leur faisaient connaître les propos ignobles qui circulaient en ville à leur sujet, tout en les exagérant avec un malin plaisir. Ils leur rapportaient les massacres réels ou imaginaires commis sur des prêtres en différents points de la France, la fureur de la populace de Brest contre des curés qu'elle accusait de pactiser avec l'ennemi, et le projet du club brestois de les transférer des Carmes au bagne. A ces tortures morales s'ajoutaient les souffrances physiques. Aucune liberté n'était laissée à ces ecclésiastiques. Défense leur était faite de se promener au jardin. Toute visite leur était interdite, et leurs correspondances étaient interceptées. Il ne leur était pas même permis de voir les personnes qui leur apportaient leurs effets, et si parfois leurs linges s'égaraient, leurs réclamations n'avaient guère de chance d'être écoutées.

Véritables reclus, ils n'apprenaient du dehors que ce que la malignité de leurs gardiens voulait bien leur faire connaître. Ils se plaignirent du régime barbare qu'on leur faisait subir. Ils demandèrent avec instance leur transfert en une autre ville qui aurait eu pour leurs malheurs plus d'égards. Leurs doléances, confiées au major de vaisseau, Louis-Marie Carnavalet, furent transmises au Département peu de jours avant l'amnistie proclamée par le roi.

Le 13 septembre, Louis XVI, après une nouvelle acceptation de la Constitution, fit porter à l'Assemblée un message qui se terminait par ces mots : « Pour que la loi puisse d'aujourd'hui commencer à recevoir une pleine exécution, consentons tous à l'oubli du passé ; que les accusations et les poursuites qui n'ont pour principe que les événements de la Révolution soient éteintes dans une réconciliation générale ». La grande majorité de l'Assemblée couvrit d'applaudissements la lecture de ce message, et l'amnistie fut votée d'acclamation.

L'ordre arriva aussitôt dans les provinces de relâcher les prêtres. Le Département du Finistère dut, à son grand regret, faire profiter de l'amnistie les ecclésiastiques détenus aux Carmes. Son arrêté du 22 Septembre 1791 était rédigé avec tant de restrictions, qu'il était facile de prévoir que la liberté rendue aux prêtres fidèles ne serait pas de longue durée. Le décret du 21 Avril était toujours en vigueur et interdisait aux insermentés l'accès de leurs anciennes paroisses. L'abbé Briand, de Plounéour, l'abbé Abjean et son vicaire, Robert Tanguy, de Saint-Thégonnec, quittèrent la prison des Carmes le 27 Septembre, après y avoir séjourné pendant deux mois et demi. Les frais de leur détention fixés à une livre par jour furent supportés par le Trésor public. La Nation eut à payer, pour ces trois détenus, la somme de 248 livres.

Le recteur de Saint-Thégonnec, de retour des Carmes, se savait soumis à une surveillance active. Se voyant dans l'impossibilité d'exercer son ministère dans son ancienne paroisse, il prit le parti de s'en aller. Il s'embarqua pour l'Agleterre, gardant sans doute l'espérance de revoir bientôt ses paroissiens. Robert Tanguy abandonna cette fois son recteur. Il refusa, malgré la suspicion dont il était l'objet, de quitter le pays. Il continua de résider sur le territoire de Saint-Thégonnec ; mais il devait sans cesse être sur ses gardes pour ne pas trahir sa présence et être dénoncé au chef-lieu du district. Allanet veillait et tenait à être maître incontesté dans sa paroisse.

Le Directoire du département, comme nous l'avons vu, n'avait pas de son plein gré laissé échapper les prêtres prisonniers aux Carmes. Il était persuadé que l'ordre ne pouvait être maintenu dans les paroisses, tant qu'un seul prêtre réfractaire serait laissé en liberté. Il connaissait suffisamment les populations bretonnes pour savoir leur attachement aux curés insermentés. Aussi était-il décidé d'employer la manière forte pour faire la place nette aux prêtres jureurs dont les plaintes arrivaient sans cesse jusqu'à lui. Ce que la loi n'autorisait pas, l'arbitraire allait le permettre. Le district de Brest, par ses dénonciations réitérées, provoquera de la part du Département l'arrêté du 29 Novembre 1791. En vertu de cet arrêté,

« 1° Tous les ecclésiastiques qui, par leurs munœuvres, leurs écrits, leurs discours, leurs suggestions et leur conduite se sont rendus suspects d'incivisme, et se sont montrés fauteurs de troubles et de désordres, soit en affaiblissant le respect dû aux lois, soit en dépréciant les fonctions des ecclésiastiques assermentés, soit en détournant les fidèles du culte entretenu aux frais de l'État, soit enfin en excitant des émeutes populaires, et pour quelque cause que ce puisse être, seront sur-le-champ saisis par la force publique et conduits dans la ville de Brest pour y être mis en état d'arrestation jusqu'à nouvel ordre.

2° Les ecclésiastiques qui ont déjà été détenus dans cette ville ou qui ont été désignés pour l'être et ne s'y sont pas rendus, seront, par le seul fait de cette détention et de cette désignation, regardés comme suspects de favoriser les troubles, et saisis partout où ils se trouveront pour être conduits à Brest et y demeurer en arrestation provisoire ».

A l'aide de ces articles, il n'était guère difficile aux prêtres assermentés de se débarrasser de leurs adversaires. Aussi la chasse aux prêtres réfractaires allait-elle être menée bon train dans tous les coins du département.

Robert Tanguy, récemment échappé des Carmes, réussit à dépister les recherches des gardes nationaux ; mais il n'en fut pas de même de son ancien collègue, Guy Cras. Ce dernier se savait surveillé et n'ignorait pas qu'il avait été souvent dénoncé par le curé intrus. Il eut beau de méfier, et se montrer le moins souvent possible en public, il ne parvint pas à tromper la vigilance d'Allanet. Sa retraite avait été signalée au district de Morlaix, et un beau matin, le 13 janvier 1792, il fut surpris par les gardes nationaux chez le bedeau, Guillaume Bonnet, au bourg de Saint-Thégonnec. Conduit à Morlaix, il fut ensuite dirigé sur Brest pour être interné au Château. La municipalité protesta contre cette ingérence du district dans ses affaires et réclama la mise en liberté de l'abbé Cras. « L'arrestation du sieur Cras, lui fut-il répondu, est fondée sur ce qu'il a fait plus de mal dans ce canton que tout autre ». Ce fanatique, ajoutait-on, attirait à ses offices les trois quarts de la paroisse, et le remettre en liberté constituerait un vrai danger pour la sécurité publique.

Un mois plus tard, dans la nuit du 10 au 11 Février, trois gendarmes accompagnés de leur brigadier, venaient frapper à la porte du presbytère de Saint-Thégonnec. Le curé intrus ne dut pas être surpris par cette visite nocturne puisque c'était sur son appel que la maréchaussée s'était mise en mouvement. Il introduisit dans sa maison les quatre gendarmes et leur exposa son plan de campagne. Il était inutile de faire des perquisitions pendant la nuit chez les deux prêtres qu'il s'agissait de capturer. Les abbés Drolac'h et Rolland, au dire d'Allanet ne couchaient jamais chez eux et avaient soin, pour mieux dépister les recherches de la police, de ne jamais passer deux nuits successives sous le même toit. Le mieux était d'attendre le lever du jour et de surprendre ces prêtres au moment où ils se présenteraient à l'église pour célébrer la messe. Il fallait avant tout éviter d'ameuter la population. Le conseil était bon. Il fut suivit. Il n'y avait plus qu'à se coucher et à attendre avec patience le moment convenu.

A six heures du matin. le bedeau, Guillaume Bonnel, après avoir sonné l'Angélus, tinta la cloche de la messe. Le curé avait oublié de réveiller ses hôtes. Les gendarmes étonnés d'avoir dormi si tard, s'habillèrent à la hâte et se précipitèrent à l'église. Ils virent l'abbé Rolland à l'antel ; mais ils n'osèrent le troubler dans ses fonctions liturgiques. Ils ne voulaient pas non plus tâcher leur proie et ils se résignèrent à assister à la messe du prêtre réfractaire. Leur présence en ce lieu et à cette heure matinale n'était pas de nature à rassurer le petit groupe de fidèles qui tenaient chaque jour à entendre la messe avant de se livrer à leurs travaux. On les épiait, sûrs qu'on était de leurs intentions hostiles. Tout à coup on entendit le tocsin. Une jeune fille du nom de Françoise Le Roux s'était suspendue à la corde de la cloche. Le brigadier voulut lui faire lâcher prise ; mais mal lui en prit. La jeune fille lui avait entortillé la corde autour du corps et paralysait ses mouvements. Le gendarme Moulinier vint au secours de son chef. D'un coup de sabre il coupa la corde. Mais déjà l'éveil était donné dans le bourg. Les habitants arrivèrent en foule devant l'église. Les uns, comme Alain Gérec, étaient armés « d'une faucille à manche au bout d'une perche ». Les autres, comme Jean Abgrall tenaient en mains un fusil ou un bâton. Tous s'excitaient mutuellement à tomber sur les gendarmes, lorsque survinrent l'officier municipal, Salomon-Marie Le Roux, ceint de son écharpe et François-Marie Rideller, secrétaire-greffier de la municipalité. Les gendarmes durent exhiber leurs papiers. Pendant la lecture faite à haute voix par Le Roux, le peuple murmurait et menaçait les policiers. Force fut pour rétablir l'ordre de requérir le maire ; mais pendant qu'on se rendait au village du Herlan distant de quinze cents mètres du bourg, l'émeute grondait de plus en plus fort. Les gendarmes, après avoir renfermé l'abbé Rolland à la sacristie, durent se tenir sur la défensive sous le portique de l'église. En ce moment survint le maire, Bernard Breton. Il fit comprendre aux agents qu'ils devaient se retirer devant l'émeute. Il allait lui-même leur délivrer un certificat pour attester qu'ils avaient bien rempli leur mission. Les gendarmes, heureux de se tirer de cette bagarre, sans avoir été trop maltraités, prirent la route de Morlaix, escortés par le maire jusqu'au mur du jardin du presbytère. Après leur départ la foule se hâta de délivrer l'abbé Rolland.

Que faisait en ce moment le curé Allanet ? Il est à croire que ce jour il ne se rendit pas de bonne heure à l'église. De son presbytère, il dut voir avec dépit les gendarmes cheminer seuls sur la route de Morlaix. Les abbés Drolac'h et Rolland leur avaient, pour cette fois encore, faussé compagnie.

Cette affaire de rébellion eut son dénouement devant le tribunal de simple police de Saint-Thégonnec. Alain Gérec et Françoise Le Roux furent condamnés à se présenter devant la municipalité pour être publiquement réprimandés, avec défense expresse de récidiver. Le châtiment infligé par le juge de paix, François-Marie Menez, n'était pas, il faut l'avouer, bien rigoureux. Le cas de Jean Abgrall était plus grave. Il avait porté atteinte à la dignité des agents de la force publique. D'après sa déposition, il assistait à la messe lorsque survinrent les gendarmes. Il sortit aussitôt de l'église pour prévenir l'officier municipal, Salomon Le Roux, qui demeurait au bourg. Dans le cimetière, il fit la rencontre du gendarme Le Page qui, sans doute, y faisait le guet et qui le menaça de son sabre. Jean Abgrall ne se laissa pas intimider par cette menace et répliqua au gendarme : « Qu'un brave soldat ne devait pas se contenter de présenter une seule arme, mais bien deux », afin que son adversaire pût en choisir une pour se défendre. Il put continuer son chemin et rentré chez lui, il prit son fusil et un bâton. Le voilà de nouveau dans le cimetière, « dans l'intention de présenter le choix de ces armes au sieur Le Page pour faire partie avec lui ». Jean Abgrall, pour le rôle facétieux qu'il avait joué, le jour de l'émeute, écoppa de trois jours de prison qu'il dut faire à Morlaix (Procès-verbal de gendarmerie — Arch. dép. — Série L. Liasse 198).

Le maire, Bernard Breton, après avoir reconduit les gendarmes jusqu'au mur du presbytère, se rendit au marché de Morlaix. De retour à Saint-Thégonnec, il voulut ôter tout prétexte aux perquisitions du District, en se chargeant lui-même de rechercher les deux prêtres dont on réclamait l'arrestation, bien décidé, il faut le croire à ne trouver personne. Le procès-verbal qu'il adressa à cette occasion au chef-lieu du District nous le montre dans l'exercice de ses fonctions. Il se réserva de perquisitionner au bourg, confiant à Bonnel sacristain et héraut municipal le soin de faire des recherches à la campagne.

Les prêtres réfractaires savaient à quoi s'en tenir sur les dispositions du District à leur égard. Les poursuites qui n'avaient pas d'abord abouti recommenceraient bientôt. L'abbé Yves Rolland qu'on avait dû relâcher le matin s'était hâté de quitter le bourg pour se réfugier dans une maison amie à la campagne.

Le maire se présenta chez lui et ne fut pas surpris d'entendre Jeanne Rolland, soeur du prêtre insermenté, lui déclarer que son frère Yves venait de partir pour une destination inconnue. Il se présenta ensuite à Penanrabat, près du bourg, chez l'abbé Drolac'h. Il dut en repartir sans avoir pu obtenir de renseignement au sujet du lieu où s'était retiré le prêtre réfractaire. Tout ce qu'il put savoir, c'est que les deux ecclésiastiques qu'il recherchait avaient fui sous un déguisement. La troisième maison qu'il visita fut celle de Robert Tanguy, ci-devant vicaire de la paroisse. Jeanne Lever, la personne préposée à la garde de la maison, lui déclara que, depuis quelques jours, elle n'avait pas entendu parler de l'abbé Drolac'h, et que depuis le matin, elle n'avait eu aucune nouvelle de l'abbé Rolland. Le maire se contentait volontiers des renseignements qu'on voulait bien lui donner et prenait soin d'enregistrer le tout dans son procès-verbal. Il fit une dernière démarche aussi infructueuse que les précédentes chez son héraut municipal, Guillaume Bonnel. C'est chez ce sacristain qu'un mois auparavant, les gardes nationaux de Morlaix avaient réussi par surprise, grâce à la dénonciation du curé intrus, à se saisir de l'abbé Guy Cras. Fatigué par une journée si bien remplie, le maire se déchargea sur Guillaume Bonnel du soin de perquisitionner à la campagne. Il lui désigna le village de Kernisan, comme lieu de retraite ordinaire des prêtres insermentés, avec ordre de faire des recherches particulièrement chez Barbe Grall, veuve de Jean Pennec et chez Pierre Fichou. Les résultats de l'enquête faite par le héraut municipal sont ainsi consignés dans la dernière ligne du rapport du maire. « Le sieur Bonnel arrive et n'a rien trouvé ».

Références — Peyron. Op. cit. tome II. p. 2 et 169. — Archives départementales. Série L. Liasses 42, 45, 61, 62, 69, 108. — Séance du 21 Avril 1791 au Directoire du Département.

(F. Quiniou).

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