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SAINT-POL-DE-LEON SOUS LA REVOLUTION (CHAPITRE 8).

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CHAPITRE VIII.

SOMMAIRE.

Abolition des titres de noblesse. — Destruction des armoiries. — Constitution civile du Clergé. — Le Directoire du District de Morlaix invite le Procureur de la Commune de Saint-Pol à notifier avec prudence et circonspection les décrets concernant la Constitution civile et la fixation de son traitement à Mgr de La Marche et à MM. les Chanoines de Léon. — Le Conseil Municipal prie le Directoire du District de Morlaix de vouloir bien s'en charger lui-même et de plaider sa cause auprès de l'Assemblée Nationale.

L'Assemblée nationale, après avoir aboli les privilèges de la noblesse, abolit aussi les titres de comte, duc, baron, marquis, chevalier, sur la demande même de plusieurs nobles, tels que Lameth, Lafayette, Noailles, Saint-Fargeau, Tracy et Mathieu de Montmorency. Mais non contente de supprimer les titres, elle voulut également faire disparaître tout vestige qui rappelât l’ordre de la noblesse. Le 25 septembre 1790, le Directoire du département du Finistère adressait à la municipalité de Saint-Pol un arrêté, relatant le décret rendu le 19 juin par l'Assemblée nationale, concernant la suppression des divers attributs et privilèges de la féodalité.

Trois mois étaient accordés pour procéder à cette destruction. Dans le ressort de Saint-Pol le terme expirait le 8 novembre 1790.

A cette injonction le Conseil municipal de Saint-Pol répondit par la délibération suivante : « La municipalité considérant que son ressort renferme quantité d'édifices publics et notamment des églises et chapelles vastes et étendues dont les vitraux sont surchargés d'écussons et armoiries dont on ne connait pas les cy-devant seigneurs, ce travail entraînera des dépenses considérables a chargé les membres du bureau d'écrire à ceux du Directoire du district de Morlaix pour leur demander si les frais seront avancés par la municipalité, notamment pour remplacer les vitres et combler les caveaux funéraires et si elle pourra décerner exécutoire aux ouvriers qu'elle emploiera vers les ci-devant seigneurs qui lui sont connus ou les fermiers des maisons marquées d'armoiries, d'après le dit délai expiré et d'après les interpellations publiques düement faites à ce sujet » [Note : Ibid. Fol. 80. Reg. 20].

Les vandales de cette néfaste époque, jaloux sans doute des lauriers de leurs devanciers du Vème siècle, voulurent également laisser des traces de leur passage, et ils promenèrent partout leur marteau démolisseur.

Le temps des plus rudes épreuves approche.

L'Assemblée nationale, violant la liberté des cultes, prétendit imposer de force au clergé et au peuple catholique de France une Constitution schismatique et jansénienne, menteusement appelée Civile. Elle ne tint aucun compte des observations et des protestations les plus judicieuses, et les évêques aussi bien que les prêtres restés fidèles à l'Eglise furent persécutés avec fureur et traqués comme des fauves. Pour échapper à la mort, ils durent, en grand nombre, s'expatrier. Cette atroce persécution ne prit fin qu'au Concordat de 1802.

Les évêques de Léon et de Quimper, prévoyant les difficultés que devait faire naître la Constitution civile du clergé, n'avaient pas attendu sa publication pour prendre une précaution que la prudence leur avait dictée. Chacun d'eux écrivit séparément au Souverain Pontife pour réclamer ses conseils dans la situation critique où ils se trouvaient, Mgr de La Marche le 18 juin, et Mgr de Saint-Luc le 11 juillet 1790.

Pie VI observait alors avec une attention douloureuse la marche si rapide et si déplorable des affaires en France. Il considérait avec effroi les entreprises audacieuses de l'Assemblée nationale contre l'Eglise ; mais jusqu'à ce moment, il n'avait pas cru devoir faire entendre publiquement la voix puissante du successeur de saint Pierre, et il s'était borné à gémir dans un Consistoire secret sur les maux qui accablaient l'Eglise gallicane. Sa réponse à l'évêque de Léon, datée du 4 août 1790, était écrite avec beaucoup de réserve, sans doute pour ne pas choquer des ennemis du Saint-Siège, aussi haineux qu'ils étaient puissants.

Voici la traduction française de cette lettre :

« A notre vénérable frère Jean-François, évêque de Léon.

Pie VI.

Vénérable Frère, salut et bénédiction apostolique.

Votre lettre du 18 juin, nous a informé des maux qui troublent l'Eglise de France, et dont chaque jour vous voyez les progrès avec effroi. Les nombreux complots formés pour abolir dans ce royaume puissant la religion catholique qui en faisait la base et le triomphe, étaient parvenus à notre connaissance ; et le sentiment de tristesse dont ils nous ont pénétré est si vif, que de toutes les calamités réservées à cet âge, calamités dont nous sommes investi de toutes parts et presque accablé, il n'en est point pour nous de plus pénible et de plus pénétrante. Mais convaincu qu'il n'est pas possible d'arrêter aucune mesure qui ne soit pleine de dangers, nous sollicitons depuis longtemps le secours du Père des lumières ; nous avons ordonné même des prières publiques pour en obtenir qu'il soutienne et dirige notre faiblesse, pour le bien de son Eglise, dans des conjectures (?) aussi délicates, et qu'il se ressouvienne de ses divines miséricordes. Nous n'avons pas manqué non plus d'exciter la piété et la foi de Sa Majesté très chrétienne pour empêcher qu'il ne concoure par son silence et surtout par son consentement, aux scandales que s'est permis l'Assemblée nationale, et qui ouvrent la plus large carrière au schisme et à l'erreur. Nous avons fait de plus intervenir ceux de nos frères qui jouissent de la faveur d'approcher et d'entretenir Sa Majesté ; nous leur avons écrit pour les exhorter vivement dans le Seigneur, et nous leur avons demandé, par toute l'autorité de notre ministère, de venir au secours de l'Eglise, de la religion, de la patrie et du prince lui-même, à qui le titre de roi très chrétien est aussi cher qu'il est glorieux. Que le Dieu des miséricordes soutienne de sa grâce nos démarches, et daignant agréer nos vœux, qu'il confonde et dissipe par sa vertu les conseils des impies.

Nous avons été ravi d'admiration en voyant et l'inaltérable fermeté de vos principes et le caractère sacerdotal avec lequel vous êtes résolu de maintenir et de justifier votre ministère contre les innovations établies par l'Assemblée Nationale. Car vous avez raison d'observer que personne n'a le droit, contre l'approbation du siège apostolique, pas plus d'étendre les fonctions du ministère épiscopal sur un territoire étranger à sa juridiction, que de les resserrer dans un espace plus borné. Quant au plan de conduite à tenir dans le cas où quelque violence étrangère voudrait vous arracher à votre troupeau, il nous paraît bien difficile de le tracer d'une manière précise ; car vous remarquerez que les obligations du pasteur se modifient souvent selon le temps et les circonstances. Vous n'ignorez pas que nos ancêtres ont quelquefois donné pour les temps de tribulation des avis différents. On les a vus, les uns courir d'eux-mêmes au devant des dangers, les autres s'y soustraire momentanément, sans craindre le reproche de prévarication ; aussi Notre Seigneur, après avoir recommandé à ses apôtres de joindre à la simplicité de la colombe la prudence du serpent [Note : St-Math. 10, 6], n'a pas voulu qu'ils se missent en peine de ce qu'ils auraient à dire devant les puissances. Mais tel est le système du jour, et l'esprit de révolte s'agite dans l'intérieur de la France avec tant de violence contre les puissances légitimes, que nous ne croyons pas pouvoir exciter par de nouveaux motifs le zèle du corps épiscopal, sans exposer à plus de dangers la dignité sacerdotale. Telle est la réponse que nous avons cru devoir faire à votre lettre, vénérable frère, vous dont les vertus excitent et notre tendre attachement et notre profonde admiration. Nous vous donnons affectueusement, et du fond du cœur, ainsi qu'au troupeau confié à vos soins, notre bénédiction apostolique, en témoignage de notre bienveillance pontificale.

Donné à Rome à Sainte-Marie-Majeure, le 4 août 1790, la 16ème année de notre Pontificat.

CALLISTE MARINI, secrétaire de Sa Sainteté pour les lettres latines ».

Dans sa lettre à l'évêque de Quimper, datée du 1er septembre, le Souverain Pontife évitait aussi de se prononcer ouvertement sur la Constitution civile du clergé et d'accorder les pouvoirs extraordinaires que le prélat lui avait demandés [Note : L'abbé Tresvaux. T. 1er, pp. 99-102].

La Constitution civile du clergé avait été décrétée le 12 juillet 1790 par l'Assemblée constituante. Le 22 octobre, le Directoire au district de Morlaix adressait au conseil municipal de Saint-Pol une lettre invitant le procureur de la commune à notifier avec prudence et circonspection les décrets concernant la Constitution du clergé et la fixation de son traitement à Mgr de La Marche et à MM. les chanoines de Léon.

La mission dont le Directoire de Morlaix chargeait le conseil municipal, ne laissa pas de le jeter dans un grand embarras. A la suite de la séance tenue le 24 octobre 1790, le conseil, ouï M. le procureur de la commune, écrivait en ces termes au Directoire de Morlaix : « Considérant que toutes les démarches, que tout ce que le conseil avait fait jusque-là avait été dénaturé, considérant que si l’on notifiait ce même jour les décrets en question à M. l’évêque et à MM. les chanoines dont les demeures en cette ville et les ci-devant revenus servaient à alimenter l'industrie et l'agriculture du ressort et dont la privation leur sert de prétexte de refus au payement de la contribution patriotique, elle pourrait amener des désordres et des troubles que la garde nationale serait dans l'impossibilité de réprimer, le conseil municipal de Saint-Pol prie MM. les membres du Directoire du district de Morlaix, dont l'autorité est plus importante de notifier eux-mêmes directement la Constitution civile du clergé et son traitement à M. l'évêque et à MM. les chanoines [Note : Reg. 20. Fol. 84-85].

Cinq jours après, le 27 octobre, MM. du Directoire du district de Morlaix demandèrent aux officiers municipaux et au conseil général de Saint-Pol « un état des maisons religieuses de l'un et de l'autre sexe, un état circonstancié des individus qu'elles renfermaient, et les vœux de la commune pour la conservation ou le renvoi des communautés des Carmes, des Minimes et des Ursulines ».

Voici la réponse que le conseil municipal de Paint-Pol adressa au Directoire de Morlaix :

« L'Assemblée délibérant, ouï le procureur de la commune, prie MM. les administrateurs du Directoire du district de Morlaix de prendre en considération les pertes immenses que Saint-Pol vient d'essuyer par l'anéantissement de son siège épiscopal, d'un chapitre, d'un séminaire, d'une commission intermédiaire et d'une belle juridiction ; que la ville est déjà dépouillée de ses meilleurs établissements qui faisaient subsister, à défaut de commerce, d'industrie et de manufactures, une infinité de personnes ; qu'il ne lui demeure que trois communautés, savoir : les Ursulines, établissement absolument consacré à l'instruction de la jeunesse, qui doit être conservé aux termes des décrets ; une communauté de Carmes, contenant six religieux et pouvant en contenir au moins vingt ; une de Minimes contenant trois religieux, dont elle demande la conservation.

Dans le cas où on ne pourrait conserver la communauté des Minimes, l'Assemblée municipale demande que MM. du département y établissent une manufacture de toile, un atelier de charité ou tout autre établissement public, et au séminaire, soit une école de marine, soit une retraite d'hommes.

La conservation du collège est la dernière ressource de Saint-Pol par le grand nombre d'écoliers qui font vivre en cette ville plus de cent familles qui se trouveraient privées de pain, si on leur enlève cette dernière ressource. Le conseil général en demande aussi la conservation et charge le bureau municipal d'adresser la copie de la délibération aux administrateurs du district de Morlaix et d'y joindre une copie du dernier exposé de la situation désastreuse de la ville de Saint-Pol à l'Assemblée nationale » [Note : Conseil général. Fol. 12-13].

L'article 45 du décret de l'Assemblée nationale dû mois de décembre 1789 prescrivait le renouvellement de la municipalité et du conseil général dans les communes ; on devait en outre procéder alors au choix des officiers et des notables qui devaient sortir par la voie du sort.

Pour se conformer à ce décret, le conseil municipal de Saint-Pol, dans sa séance du 7 novembre 1790, arrêta qu'au préalable on se réunirait le dimanche suivant à 8 heures du matin dans l'église des Minimes pour y assister à une messe.

Il fut aussi arrêté qu'une bannie serait faite à l'issue des vêpres au son du tambour et le mardi (jour du marché) à 10 h. 1/2 du matin pour prévenir tous les citoyens actifs de l'heure et de l'endroit fixé pour l'assemblée.

Six jours après, à savoir le 13 novembre, M. Le Hir, maire de Saint-Pol, et M. Conversy, officier municipal, donnaient leur démission.

Le 21, MM. Guillaume, notaire, Le Bihan, marchand, Deniel, homme de loi, Berdelo, marchand, et Blandin, marchand de vins, étaient élus officiers municipaux ; MM. Lucas, Combot, Morel, Péron, Grall, Caroff, Rageul, Guilmer, Joguet, Claude Combot, Bellour étaient nommés notables, et M. Raoul était élu maire.

(abbé J. Tanguy).

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