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SAINT-POL-DE-LEON SOUS LA REVOLUTION (CHAPITRE 5).

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CHAPITRE V.

SOMMAIRE.

Contribution du quart. — Loi martiale. — Les élèves du collège se partagent en deux camps. — Institution de la milice nationale. — Les titulaires des bénéfices doivent dans les deux mois faire la déclaration de ces bénéfices.

Dans les temps troublés, toute autorité qui recule devant la répression perd son prestige, et l'anarchie finit par prendre le dessus. Ce qui se passait à Paris, ce qu'on voyait se passer journellement dans les provinces n'étaient guère de nature à séduire ni à rallier tous les esprits. Beaucoup de personnes considéraient avec horreur le nouvel ordre de choses qu'on essayait d'établir. De regrettables conflits surgissaient entre les habitants d'une même paroisse, entre les membres de la même famille. Une foule de gens sans aveu se livraient à tous les excès, parcouraient les campagnes, semant partout la terreur, brûlaient les châteaux, au nom du roi, et en égorgeaient les propriétaires, après les avoir soumis aux plus atroces tortures. Ces horribles malfaiteurs sont connus sous le nom de chauffeurs.

A Saint-Pol, aussi bien qu'ailleurs, les esprits étaient également divisés, et le bon ordre laissait grandement à désirer. Nous en avons la preuve manifeste dans les mesures que le Conseil permanent crut devoir prendre dans sa séance du 11 septembre 1789, et dont voici la teneur :

« Devant les abus qui se multiplient, les discours envenimés qui se répandent, les séditions qui s'élèvent, le Conseil déclare qu'il abandonnera le système de la douceur pour déployer désormais toute la rigueur des lois contre ceux qui troubleraient l'ordre public ;

Ordonne de se conformer aux lois actuelles, en attendant que l'Assemblée nationale en ait promulgué d'autres ;

Ordonne de respecter les ministres de la religion et l'autorité des magistrats ;

Défend d'attenter soit à la personne ou à la propriété de qui que ce soit ;

Défend toutes démarches irrégulières, tous écrits clandestins, tous discours séditieux, tous attroupements et toute assemblée illicite tant de jour que de nuit ».

« Le présent règlement sera imprimé, affiché, publié et envoyé dans toutes les villes du ressort ».

Signé : Le Hir, président, Verchin, Laugée, Conversy, etc., etc. [Note : Reg. 19. Conseil perm. Fol. 11]

Depuis plusieurs années les deniers publics étaient dilapidés. Les contrôleurs généraux, tenant sans doute à se montrer agréables au Gouvernement, avaient prodigué l'argent à pleines mains, et dans l'intervalle, il ne s'était pas rencontré un ministre, soit assez habile pour rétablir les finances sur une base solide, soit assez énergique pour mettre une borne aux frivoles dépenses de la cour. Lors de la convocation des Etats Généraux en 1789, la situation financière était des plus critiques et le pays était menacé d'une banqueroute imminente. En face de ce péril, l'Assemblée nationale fit un appel au patriotisme de tous les Français. Le 6 octobre 1789, elle publia un décret exigeant de chaque citoyen le quart de son revenu ; étaient cependant exemptés de cette contribution tous ceux dont le revenu ne dépassait pas quatre cents livres.

Pour parvenir à l'exécution de ce décret, le Conseil de la commune de Saint-Pol arrêta :

« 1° Qu'il serait formé par les soins du greffier un registre composé de cent feuillets du meilleur papier libre pour recevoir toutes les déclarations afin de contributions des divers citoyens de chacun des quartiers de la ville et campagnes dépendantes ;

2° Que des commissaires seraient nommés pour recevoir et enregistrer les dites déclarations jour par jour et pendant le temps prescrit, depuis huit heures du matin jusqu'à midi, et depuis deux heures de l'après-midi jusqu'à six heures du soir, à commencer le lundi, 16 octobre, jusqu'au 31 décembre 1789. Les noms des contribuants avec le montant de leurs contributions seraient portés sur le registre ;

3° On adresserait également des exemplaires imprimés de la déclaration du roi et du décret de l'Assemblée nationale concernant la contribution patriotique aux recteurs des paroisses voisines, Plouénan, Plouvorn, avec les trêves de Sainte-Catherine et Mespaul, en dépendantes, Plougoulm, Sybirill, Cléder, Plouescat, Tréflaouénan et trêves de Trézélidé et Kerrau (?), Plouzévédé et l’Isle de Bas, avec ordre de publier le tout aux prônes de leurs prochaines grand'messes ».

Avertissement formel était fait en outre aux corps politiques de s'assembler sans autre indication préalable à l'effet de nommer au moins trois commissaires, sachant tous signer et dont l'un devait même savoir écrire et enregistrer les déclarations des contribuants sur le cahier chiffré et millésimé duquel ils seront tenus de pourvoir dans les trois jours qui suivront la dite publication [Note : Reg. 18. Fol. 25, recto].

La France était, à vrai dire, devenue une arène de gladiateurs. L'anarchie avait balayé l'ordre. Dès le 14 juillet 1789 la Révolution était faite. Devant les attentats qui se commettaient journellement, l'Assemblée nationale rendit, le 21 octobre, un décret établissant la loi martiale pour dissiper les rassemblements populaires.

Le conseil de Saint-Pol crut, dans la circonstance, devoir faire l'emplette de deux drapeaux rouges qu'on déploierait, s'il y avait émeute, avant de charger. Le dimanche 15 novembre, la compagnie des grenadiers de la milice nationale et une compagnie des volontaires nationaux se réunirent sur la Grande Place à 9 heures du matin, et, à l'issue de la messe, elles parcoururent avec les officiers toutes les rues de la ville avec les dits drapeaux, précédés par les huissiers et le sergent de police, dont un devait faire lecture, à haute et intelligible voix, de la loi martiale.

Cette démonstration, nous en aurons assez souvent l'occasion de la consigner, n'arrêtera pas à Saint-Pol l'agitation populaire. Les élèves eux-mêmes du collège se partageront en deux camps, les rixes dans la ville seront fréquentes entre la milice bourgeoise et les écoliers.

L'enthousiasme à Saint-Pol pour la contribution patriotique avait besoin, paraît-il, d'être quelque peu chauffé. Du 16 octobre au 27 novembre 1789 une seule et unique déclaration avait été faite. Dans une séance, tenue le même jour à l'hôtel de ville, il fut arrêté que « le dimanche suivant une nouvelle publication serait faite, à son de caisse, ainsi que le mardi, au cours du marché, par un sergent de police qui avertira tous les citoyens contrinuables tant de la ville que des campagnes en dépendantes de venir incessamment faire leurs dites déclarations au bureau qui continuera d'être tenu chaque jour de 8 heures du matin à midi, et depuis 2 heures de l'après-midi jusqu'à 6 heures du soir, à la salle des délibérations de la municipalité, le conseil chargeant M. le procureur du roi-syndic de veiller à ce que les dites déclarations soient effectuées aux jours précités et dûment certifiées ».

Dans cette même séance du 27 novembre 1789, la communauté déclara admettre et approuver l'état général arrêté par MM. du Conseil relativement à la milice nationale qui serait et demeurerait en conséquence composée comme il suit :

ETAT-MAJOR.

Colonnel commandant et inspecteur de la dite milice nationale : M. Hervé Chef du Bois, sénéchal, maire en exercice.

Colonnel en second : M. DE KERNOTER-LE COAT.

Major général : M. LAUGÉE, échevin.

Capitaine, aide majour général : M. LA TESTE, ancien échevin.

Porte-drapeau : M. LE GUÉVEL.

Adjudants : MM. POISSOT ET LEVOT.

PREMIÈRE COMPAGNIE — Grenadiers.

Capitaine commandant : M. LE BOUHEC.
Capitaine en second : M. JOGUET.
Lieutenant en premier : M. RIOU DE KERSALAUN.
Lieutenant en second : M. DU COIN.
Sous-lieutenants : MM. PETITMER ET ORDO.
Sergent-major et fourrier : André MUNUT.

Sergents :
Louis ROBINAUD.
François PLAUTROU.
Gabriel FLOCH.
Allain PERROT.
Jacques HERRY.
Louis MASSON.

Caporaux :
Jean MORGANT.
Yves BELLOUR.
Joseph MASSON.
René LE GAC, dit TOBIE.
Pierre SÉVÉNO.
Louis GUIVARCH.

54 grenadiers et 1 tambour. Total, cy : 68 hommes.

DEUXIÈME COMPAGNIE — Chasseurs

Capitaine commandant : M. LE FLOCH, échevin.
Capitaine en second : M. FIGUIÈRES, échevin.
Lieutenant en premier : M. CHAMBONNEAU.
Lieutenant en second : M. GUILMER.
Sous-lieutenants : MM. LUCAS ET LE BIHAN.

Sergent-major et fourrier : Yves Floch.

Sergents :
François KERGRIST.
Gérard LE BERTOU.
François PÉRON.
François MAZÉAS.
Charles FLOCH.
François GUIVARCH.

Caporaux :
Paul ROIGNANT.
Mathurin BALANANT.
Jean VAZEL.
Yves LE ROUX DIT ST-YVES.
Jean POULIQUEN.
René CREIGNOU.

54 chasseurs et 1 tambour. Total : 68 hommes.

TROISIÈME COMPAGNIE — Fusiliers.

Capitaine commandant : M. MIORCEC.
Capitaine en second : M. KERROUMAN.
Lieutenant : M. RAGEUL.
Sous-lieutenant : M. JAC.

Sergent-major et fourrier : Jean-Pierre SÉVÉZEN.

Sergents :
Jean BOSCHET.
Jean LE GALL.
Gabriel SAILLOUR.
François LE BOS.

Caporaux :
Louis PICART.
Joseph LE DERROFF.
Jean-Marie PERROS.
Prigent CREISMÉAS.

40 fusiliers et 1 tambour. Total : 50 hommes.

QUATRIÈME COMPAGNIE — Fusiliers.

Capitaine commandant : M. RAOUL.
Capitaine en second : M. DE COROLLER.
Lieutenant : M. LE CAM, FILS.
Sous-lieutenant : M. LE ROUX.

Sergent-major et fourrier : Tanguy BERGOT.

Sergents :
Jean MOREL.
François LARVOR.
Louis BOLLORÉ.
Jean PRIGENT.
Jean LE ROUX dit MÉDÉE.

Caporaux :
Charles-Marie LAOT.
Nicolas KERUBLER.
Claude QUÉRÉ.
Jean-Marie LE GALL.

40 fusiliers et 1 tambour. Total : 50 hommes.

Expédition de la délibération est adressée par M. le maire à Mgr le duc de Penthièvre pour que Son Altesse sérénissime daigne l'honorer de son approbation [Note : Reg. 18. Fol. 25, recto].

Un détachement du régiment de Beauce tenait garnison à Roscoff depuis quelque temps pour surveiller les opérations des Anglais et y maintenir le bon ordre. Le 1er décembre 1789, M. le comte de Thiard, commandant en Bretagne, fut prié de retirer ce détachement de Roscoff et même de le renvoyer rejoindre ses drapeaux à Brest. Les raisons mises en avant étaient les suivantes : « Le commerce du thé avait cessé, celui de l’eau-de-vie avait diminué. La milice nationale était suffisante pour maintenir le bon ordre et réprimer les désordres des Anglais ».

Les habitants, croyons-nous, avaient également à souffrir de la licence des soldats cantonnés à Roscoff. La discipline en effet s'était grandement relâchée dans l'armée.

L'occupation de Roscoff par le détachement du régiment de Beauce occasionnait en outre à la communauté de Saint-Pol une dépense annuelle de sept à huit cents livres, somme qui grevait fortement son budget [Note : Reg. 18. Fol. 31].

L'Assemblée nationale, par un décret du 13 novembre 1789, sanctionné par le roi, avait ordonné à tous les titulaires de bénéfices et à tous les supérieurs de maisons et établissements ecclésiastiques, de faire dans les deux mois la déclaration de tous les biens dépendant des dits bénéfices, maisons et établissements.

En novembre, même année, l'Assemblée nationale avait rendu d'autres décrets relatifs à la conservation des biens ecclésiastiques et à celle des archives et bibliothèques des nonnes, monastères et chapitres. Le tout fut consigné dans les registres des délibérations du Conseil municipal de Saint-Pol, avec ordre d'enregistrer, publier et afficher ces décrets ainsi que ceux qui prohibaient la disposition de tous bénéfices.

A l’exception des cures. Mais ces décrets de l'Assemblée nationale relatifs aux archives et aux bibliothèques des couvents et des monastères restèrent à l'état de lettre morte dans la plupart des municipalités. Après l'expulsion des religieux de leurs monastères, des religieuses de leurs communautés, les livres et les manuscrits les plus précieux servirent à allumer des feux de joie ou à bourrer les pipes des sans-culottes. Au surplus, pourquoi aurait-on conservé ces trésors, puisque la République « n'avait nul besoin de savants » [Note : Reg. 18. Fol. 33-35].

(abbé J. Tanguy).

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