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SAINT-POL-DE-LEON SOUS LA REVOLUTION (CHAPITRE 28). |
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CHAPITRE XXVIII.
SOMMAIRE.
Le Tribunal révolutionnaire de Brest blâme le comité de surveillance de Saint-Pol à cause des arrestations précitées et irrégulières qu'il a commandées. — Tableau où figurent les noms des personnes arrêtées et les motifs qui ont déterminé leur arrestation.
Le comité de surveillance de Saint-Pol, nous avons eu maintes fois l'occasion de le remarquer, était souverainement ennemi du chômage. Aussi bien, ne ménageait-il pas les mandats d'arrêt. Le 28 floréal, an II (18 mai 1794), le brigadier de la gendarmerie de Saint-Pol recevait l'ordre de faire conduire et transférer dans les 24 heures le « détenu Roussel, prêtre réfractaire, aux ci- devant Capucins de Landerneau pour y demeurer en état de réclusion, conformément à la loi ».
Le 10 thermidor, le lendemain de la chute de Robespierre, il faisait arrêter « Jean-Louis Laugée de Kerrigou, venu de Crozon à Saint-Pol ; la fille Le Veyer, demeurante avec son père, rue des ci-devant Carmes ; la fille Cren, demeurante chez la veuve Laurial ; la fille Kerjean-Kersauson, les trois, ex-religieuses, et la fille Kernoter Le Veyer, demeurante chez la veuve Lesmel, tous de la commune de Saint-Pol ».
La plupart de ces arrestations étaient si précipitées et s'opéraient d'une façon si irrégulière que le tribunal révolutionnaire de Brest, qu'on ne taxera pas de modération, se croyait parfois comme obligé de demander de nouveaux éclaircissements au comité de surveillance de Saint-Pol.
Ainsi, dix-huit officiers du 106ème régiment, caserne à Saint-Pol, avaient été écroués. Le 4 fructidor, an II (22 août 1794), l'accusateur public près le tribunal révolutionnaire de Brest, écrivait aux membres du comité de surveillance de Saint-Pol en ces termes :
« Citoyens,
Vos lettres
des 28 thermidor et 1er fructidor viennent de me parvenir ; je vous en accuse
réception, ainsi que des paquets qui s'y trouvaient joints.
Veuillez me faire connaître les noms et les motifs qui ont occasionné l'arrestation des officiers du 106ème régiment dont vous me parlez dans votre lettre du 28, afin que l'on puisse savoir si leur affaire est de la compétence du tribunal ; où bien prendre un partit à l'égard des papiers que vous m'avez fait passer.
Quant à Jean-Louis Laugée, voici l'observation faite, au sujet de son incarcération, au comité de surveillance de Saint-Pol.
Dans le tableau des motifs de l'arrestation de Jean-Louis Laugée, vous dites que cette homme, âgé de 62 ans, père de six enfants, habite la campagne depuis dix-huit mois, où il n'a fréquenté personne ; quel mal a-t-il donc pu faire pour mériter sa détention, et de quel danger peut-il être pour la chose publique ? Combien y a-t-il eu d'assemblées primaires à Pol-de-Léon, depuis qu'il y fait sa résidence, et va-t-on dans le lieu de son habitation proclamer les dites assemblées ? Je vous requiers de répondre de suite à ces questions.
Avant de priver de sa liberté un individu, il me paraît, citoyens, que vous devez méditer un peu plus la loi du 17 septembre ; elle est la règle de votre conduite.
Je vous ai écrit le 27 du passé et j'attends incessamment une réponse à cette lettre.
Le substitut de l'accusateur public. — Signé : M. Grandjean ».
Ce Grandjean se signala par sa cruauté pendant la Terreur. Donzé-Verteuil, plus féroce encore que son substitut, écrivait deux jours avant au comité de surveillance de Saint-Pol :
« Citoyens,
Par une lettre du 2 thermidor dernier, je vous invitois à
m'envoyer le plus promptement possible les motifs de l'arrestation de la femme
Chef de Bois, détenue depuis neuf mois à la maison d'arrêt de Saint-Pol ; je
réitère aujourd'hui la même invitation, la première n'ayant point eu d'effet ;
j'attends cette pièce pour mettre le parquet du
tribunal à même de statuer sur cette accusation, conformément à l'arrêté du
Représentant du peuple qui lui attribue la connoissance des affaires de cette
nature. Salut et fraternité. L'accusateur public : Donzé-Verteuil » [Note :
Voir Archives de la Municipalité de Brest].
Ces témoignages, auxquels on pourrait joindre plusieurs autres, suffisent pour juger le comité de surveillance de Saint-Pol.
Pour ne pas tomber dans des redites, en rapportant tous les mandats d'arrêt lancés par le comité de surveillance, nous reproduisons ici un tableau fort intéressant, expédié dans le courant de ventôse par le comité de Salut public de Paris, à tous les comités de surveillance des départements de la République. L'ancien secrétaire de la mairie de Saint-Pol, M. Henry, eut l'obligeance de nous donner communication de ce tableau dont l'original se trouve aux archives départementales.
Chaque comité devait, sous sa responsabilité, le remplir dans le délai de huit jours, à compter du jour de sa réception. Comme le comité de Saint-Pol trouvait bien restreint le temps donné pour remplir le tableau, deux de ses membres, Loussaut et Le Roux, se rendirent à Morlaix pour consulter le Directoire du district. Voici la lettre qu'ils adressèrent, à cette occasion, aux membres du comité :
« Morlaix, 2 heures de l'après midy de ce jour 2 germinal, an II. Loussaut et Le Roux, membres du comité de surveillance de Saint-Pol à leurs collègues.
Collègues et frères,
En arrivant ici un quart d'heure avant midy nous nous sommes
rendus près l'agent du Directoire du district, il nous a dit que le délai pour
remplir le tableau en question était absolument de rigueur et qu'il n'étoit
point en son pouvoir de le proroger. Il nous a donné une invitation adressée au
comité de surveillance d'ici pour nous accorder l'entrée aux différentes maisons
d'arrêt. Nous travaillons sans relâche à notre commission afin de pouvoir nous
rendre le plus tôt possible près de vous. Quant à la demande de fonds vous
verrez dans la lettre du Directoire dont Marion est porteur, la réponse à notre
réclamation à cet égard. Salut, fraternité. — Signé : Le Roux, Loussaut ».
DISTRICT DE MORLAIX DÉPARTEMENT DU FINISTÈRE.
TABLEAU à remplir par le Comité de surveillance de Saint-Pol-de-Léon, sous sa responsabilité, dans le délai de huit jours, à compter du jour de sa réception.
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(abbé J. Tanguy).
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