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SAINT-POL-DE-LEON SOUS LA REVOLUTION (CHAPITRE 27). |
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CHAPITRE XXVII.
SOMMAIRE.
Formation du comité de surveillance. — Liste des suspects. — Nombreux mandats d'arrêt. — Etat de la maison d'arrêt. — Translation de quelques détenus à Morlaix. — Délivrance de plusieurs certificats de civisme. — Arrestation de M. Didier Galès, ancien recteur de Plouzévédé. — Correspondance curieuse d'un détenu. — Lettre du comité révolutionnaire de Landerneau à celui de Saint-Pol. — Réponse de ce comité.
La Convention avait prescrit d'établir dans toutes les communes des comités de surveillance à l'instar du comité de sûreté générale de Paris. A Saint-Pol, en vertu d'un réquisitoire de la municipalité, les citoyens Jean Loussaut, Julien-Jean Le Roux, Charles-Armand-René Péreault, Jean-Pierre Sévézen, Pierre-Dominique Mezangeau, Pierre Richard, Philippe-Louis Miorcec, Yves Le Bihan, Henry-François Villeneufve et Pierre-Marie Trobert, nommés par l'Assemblée primaire, tenue le dimanche précédent, membres du comité de surveillance, se réunirent le neuvième jour de la 1er décade du second mois de la seconde année de la République (31 octobre 1793), à 2 heures de relevée, dans une des salles du ci-devant évêché, à l’effet de procéder, par scrutin de liste, à l'élection d'un président, d'un vice-président et d'un secrétaire, pris entre eux. Les citoyens Jean Le Pen et Jean Pouliquen, qui avaient été également choisis par l'Assemblée, firent défaut.
Chaque membre des dix présents, ayant fait son billet et déposé dans une urne, les trois citoyens les plus anciens d'âge, Mezangeau, Le Bihan et Villeneufve en firent le dépouillement. Le citoyen Loussaut, ayant réuni huit voix, fut nommé président, et le citoyen Mézangeau qui avait obtenu sept voix, vice-président. Aucun membre n’ayant eu la majorité des suffrages pour être secrétaire, il fallut procéder à un second tour de scrutin. Le citoyen Miorcec, ayant réuni sept voix, fut élu secrétaire. A 6 heures du soir, le président leva la séance.
Il fut arrêté qu'une expédition du tout serait envoyée sans délai au comité de sûreté générale de la Convention à Paris.
Voilà donc le comité de surveillance institué à Saint-Pol. Il ne fut pas plus tôt organisé qu'il se mit à lancer de nombreux mandats d'arrêt [Note : Extrait du registre des délibérations du comité de surveillance de Saint-Pol, district de Morlaix, département du Finistère. Fol. 4 et 5, verso et recto].
Dès le lendemain en effet de sa formation, 1er novembre 1793, il se réunissait sous la présidence du citoyen Loussaut. Etaient présents : les citoyens Mézangeau, vice-président, Miorcec, secrétaire, Le Roux, Sévézen fils, Pierre Richard, Yves Le Bihan, Villeneufve, Trobert, Le Pen et Pouliquen. Absent, le citoyen Péreault. Voici ce qui fut arrêté dans cette séance :
« Le président a mis à l'ordre du jour la formation d'une liste de personnes suspectes à laquelle on a vaqué de suite.
Un membre a proposé une dénonciation contre Jean-François Scouarnec, père d'un prêtre émigré. Le membre entendu et l'Assemblée connoissant le dit J. F. Scouarnec, ennemi de la Révolution, n'ayant point accepté la Constitution républicaine, n'ayant jamais pris aucune part dans ce qui intéresse la Révolution ny fréquenté sa section et les Assemblées primaires, ny fait aucun service dans la garde nationale que par remplacement, n'a pu obtenir de certificat de civisme, quoique jouissant d'une pension de la Nation, comme ancien employé des douanes nationales.
La ditte Assemblée a d'une voix unanime décerné sur le champ un mandat d'arrêt contre le dit J. F. Scouarnec, le quel mandat a été délivré au citoyen Kesler, brigadier de la gendarmerie nationale. Le citoyen président a aussitôt nommé les citoyens Le Roux et Sévézen, fils, pour apposer les scellés sur les papiers du dit Scouarnec qui de suitte se sont rendus en la demeure de ce dernier.
Les citoyens Le Roux et Sévézen, de retour de la demeure du dit Scouarnec, ont déposé sur le bureau un paquet de lettres et papiers cachette, et lecture faite du tout en présence de la femme Scouarnec, l'Assemblée a gardé le nombre de quinze pièces qui seront envoyées au comité de sûreté générale ».
Signé sur le registre : Villeneufve, Mézangeau, vice-président, Loussaut, président, Le Bihan, Le Pen, Trobert, Sévézen, Le Roux, Pouliquen, Richard, Miorcec, secrétaire.
Ce même jour le brigadier Kesler notifiait au comité que Scouarnec avait été écroué à la maison d'arrêt.
La famille Scouarnec était originaire de Lampaul-Guimiliau. L'abbé Scouarnec, n'étant encore qu'acolyte, avait été pourvu le 20 février 1788 de la chapellenie dite d'Yves Priser Kerduoch, fondée en l'église de Cléder. Sept jours après, au rapport de Figuières, notaire à Saint-Pol, il en prenait possession. Le 21 juillet 1790, il recevait ses lettres de confesseur. Quelque temps après, pour ne pas prêter serment et échapper à la proscription il émigra en Angleterre. Il s'y trouvait avec 39 autres ecclésiastiques du diocèse de Léon. D'après ses lettres que le comité de surveillance dut intercepter presque toutes, il y était assez heureux, tandis que les prêtres qui s'étaient retirés à Jersey et à Guernesey se trouvaient dans une profonde misère. Il recevait deux guinées par mois [Note : Ancienne monnaie d'or anglaise, valant 26 fr. 47]. Partout la population se montrait très sympathique aux prêtres Français. L'abbé Scouarnec était logé chez une dame catholique dont il ne donne pas le nom, à un mille d'Exeter. Il y avait là une église catholique où ses compagnons et lui pouvaient dire tous les jours la Sainte Messe, même ostensiblement.
L'abbé Scouarnec entretenait, paraît-il, une correspondance suivie avec une certaine Catherine Pouliquen, la quelle Catherine, ainsi que sa sœur Marie Yvonne Pouliquen, mariée à un Caroff, et demeurant à Morlaix, rue de Bourret, devait avoir des relations d'amitié avec la famille Scouarnec, car on s'écrivait fréquemment. Nous reproduisons textuellement ici une lettre de Catherine Pouliquen au père de l'émigré. Cette lettre résume parfaitement ce que l'abbé Scouarnec redit presque dans les mêmes termes dans plusieurs lettres. Nous croyons qu'on la lira avec intérêt :
« Monsieur,
J'ai reçu une lettre de M. votre fils le 15 de ce
mois (novembre 1792, selon toute apparence), par la qu'elle il me charge de vous
assurer de son respect ainsi que sa maman et de vous dire qu'il
est supérieurement bien et qu'enfin il a reçu deux de vos lettres, il nous dit
de lui écrire encore au plustôt, « car l'Angleterre est en deuil depuis le petit
jusqu'au grand pour notre infortuné monarque, et qu'ils doivent bientôt tomber
sur la France » et que probablement nous serons privés de la seule consolation
qui nous restoient de pouvoir au moins lui écrire, il m'a donné la liste de ses
confrères qu'il me dit de vous passer : ses compagnons sont, Le Gall de Lampaul,
Messager de Saint-Sauveur, Bodros de Plouiderne, Saillour curé de Saint-Vougais,
Marc de Landerneau, Floch de Berven, Bouroullec de Plouederne, Person de
Lambezellec.
Voila ce qui vivent avec lui chez une dame catholique, les autres sont a un mil d'Exeter même qu'il vois tous les jours : ce sont Grall de Pleibert, Fur de Plougourvest, Dom Fanch et son neveu, idem, Laurent recteur de Cléder, Postec, idem, Kerguevelen de Plouénan, Bleuven de la Retraite, Bléas le jeune de Landivisiau, Kerjean de Guipavas, Riou de Bohars, Rolland père capucin de Roscoff, Mallegol de Brest, Rogues de Landivisiau, Le Recteur de Plougar, Breton de Plougar, Bernicot de Guipavas, Birilic, idem, Pastezen, idem, Le Got de Cleder, Perrot de Plouneves, il y a encore quelqu'un dont il ne se souviens de leurs noms, il dit que l'angletere cette terre vraiment hospitalière se fait un plaisir de prévenir leurs besoins. On s'occupe deux aux pieds du tronne même, ainsi il ne leur manquent rien que le plaisir de recevoir leurs parents et amis. — Si vous lui écrivez vous aurez la bonté de l'assurer de mes... en cas que votre lettre puisse parvenir et que la mienne ne pourois pas. Adieu croyez moi pour la vie avec le plus sincère attachement avec le quel j'ai l'honneur d'être Monsieur votre très humble et obéissante servante, Catherine Pouliquen ».
« Ma chère mère, mon frère, ma belle sœur vous prient d'agréer leurs respects ainsi que Madame votre épouse ».
Cette lettre fut interceptée par le comité de surveillance de Saint-Pol. Il en fut de même de quelques autres écrites par lui soit à ses parents, soit à Catherine et à Marie-Yvonne Pouliquen. Celles qui lui furent adressées par sa famille, par Catherine et par Marie-Yvonne Pouliquen, ainsi que les lettres de ces dernières à son père ne furent guères plus heureuses. Aussi bien, ne recevant aucune nouvelle de la maison, l'abbé Scouarnec, disait-il dans une de ses lettres, qu'il était dans des transes mortelles.
Avant de finir avec la famille Scouarnec, nous tenons à citer quelques lignes d'une lettre adressée à l'abbé par une de ses cousines. Nous croyons qu'on les lira avec plaisir.
« Mon cher cousin,
Je suis bien fâché de n'avoir pu vous écrire plus tot, mes les
circonstances ne me le permetés pas... Vous voudrez bien recevoir mes
remerciments des livres que vous avez bien voulu me faire passer par ce Mr
prêtre. Sans dout nous jurerons (?), je vous fais mon compliment de ne l'avoir
pas fait, quoique votre frère en soit bien fâché. Vous deviez selon lui être le
recteur de Sein Sauveur et peut être même évêque, jugé comme ils sont aveugle.
Je vous prie de persister dans la même fermeté que vous avez eu depuis le
commencement. Nous nous proposons de partager notre misère ensemble, rira bien
qui rira le dernier.
Je suis en attendant le plaisir de vous voir mon cher cousin, votre affectionné cousine, Le Veyer Kernoter.
A Saint-Pol-de-Leon. Le 31 juillet 1792.
A Monsieur Monsieur Scouarnec prêtre de Lampaul- Guimilox à Lampaul ».
Cette lettre fut également interceptée par le comité de surveillance de Saint-Pol. Au dos de toutes les lettres saisies, il y a ces mots : « District de Morlaix, département du Finistère, comité de surveillance de Saint-Pol-de-Léon ». Signé : Loussaut.
Revenons à notre comité. Il ne connaît point le chômage.
2 novembre 1793. Mandat d'arrêt contre Gaspar Dreppe, professeur d'hydrographie. Saisie de ses papiers. Quelques-uns sont reconnus être de l'écriture de Jean-Marie Perrin, membre de la commission départementale. On arrête qu'un membre sera député vers les représentants du peuple à Brest pour leur remettre les dites pièces qui étaient au nombre de trois et solliciter leur décision. Dreppe fut incarcéré à Brest. Dans ses démêlés avec la municipalité, Perrin s'était montré favorable à Dreppe, comme le prouvent les pièces en question où il lui traçait la marche à suivre pour sa défense. Le tribunal révolutionnaire de Brest élargît Dreppe qui revint à Saint-Pol.
Le même jour, 2 novembre 1793, autres mandats d'arrêt contre Jolivette, élève de Dreppe et demeurant chez lui ; — Contre François-Augustin Prud'homme, ancien député, ancien maire de Saint-Pol-de-Léon ; — contre Jeanne Martin, femme du citoyen Jean Peychaud ; — contre Ollivier Coroller. Exécution des dits mandats déclarée par les gendarmes.
3 novembre 1793 (13 brumaire, an II). — Mandats d'arrêt décernés contre Clet-Marie Le Coat, de Saint-Pol ; — Yves-Michel-Hervé Chef du Bois, ancien sénéchal, ancien maire de Saint-Pol, et contre son épouse ; — contre Geffroy de Rochglas ; — Louis Poulpiquet Brescanvel et son fils Emilien Poulpiquet ; — Claudine Le Gall, femme Foll ; — Vincent-Marie Gélébart, demeurant sur la Grande Place ; — Delvincourt, ancien archiviste de l’évêché, demeurant à la Grande Rue ; — Yves Derrien, menuisier, demeurant dans la rue des cy-devant prêtres ; — Le Forestier, femme Derrien du Roslan, de Saint-Pol ; — Yves Saout, fils de Nicolas.
Rapport des gensdarmes sur l'exécution des mandats décernés ce jour, excepté celui contre Delvincourt qui s'était soustrait aux perquisitions. Delvincourt s'était réfugié à Poullesqué, en Plougoulm, où il se tint caché jusqu'à la chute de Robespierre.
Ce même jour, le comité de surveillance invitait la municipalité à pourvoir aux réparations de la maison d'arrêt. Ne fallait-il pas, en effet, disposer un local qui pût contenir tous ceux qui seraient décrétés d'arrestation, en attendant qu'on les conduisit soit à Morlaix, soit à Brest ? Quelques mois après, le Directoire du district de Morlaix adressait au comité de surveillance la pièce suivante :
Force au gouvernement révolutionnaire.
Morlaix, duodi la 3ème décade de ventôse, an II de la République Française, une et indivisible (22 ventôse — 13 mars 1794).
L'agent national, près le district de Morlaix, aux citoyens composant le comité de surveillance de Saint-Pol,
Républicains,
Je vous prie de me marquer, dès la réception de la présente, le nombre de détenus que peut contenir la maison d'arrêt de votre commune.
Salut et fraternité, Signé : Saillour.
Le comité s'exécuta de bonne grâce, comme on le peut voir.
Etat du nombre de lits que l'on peut placer à la maison d'arrêt
de la commune de Saint-Pol-de-Léon, et ce
conformément à la lettre de l'agent national du district de Morlaix du 22
ventôse, l'an IIème de la République une et indivisible.
Le présent état envoyé à l'agent national du district de Morlaix, le 22 ventôse, l'an II de la République une et indivisible. Signé : Miorcec, secrétaire.
Le chiffre des lits désignés dans cette pièce est inexact, ainsi qu'il est facile de le constater. En réalité, il ne comprend que 84, au lieu de 87.
14 brumaire, an II (4 novembre 1793). — Continuation de la liste des gens suspects. Du même jour, à deux heures de relevée, mandat d'arrêt contre Jacques-François-Michel Kerhorre, demeurant à Kerrom.
15 brumaire. — Continuation de la liste des gens suspects.
16 brumaire. — Pétition des élèves de Dreppe pour que le cours d'hydrographie ne souffre de stagnation.
Du même jour, à deux heures de relevée, continuation de la discussion sur les gens suspects. Mandats d'arrêt contre Anne Le Roux, femme Prigent, de la rue Corre ; — Jeanne Le Roux, femme d'Yves Saout, Grande Rue ; — veuve Le Borgne Coetivy avec les deux filles du Dresnay ; — les Porsmoguer, sœur et fille d'un émigré ; — veuve Launay L'Etang et sa sœur veuve Coatanscours.
Des gendarmes constatent l'exécution des dits mandats [Note : Comité de surveillance de Saint-Pol].
Madame Anne-Marie-Françoise de Coatanscours, veuve Launay de l'Etang, ci-devant comtesse, âgée de 65 ans, née au château de Kerjean, demeurant à Saint-Pol, et Madame Augustine Barbier de Lescoet, veuve de Coatanscours, ex-marquise, âgée de 70 ans, née à Saint-Vougay et demeurant à Kerjean, sur l'ordre du comité de surveillance de Saint-Pol, furent arrêtées et conduites au château de Brest, « pour n'avoir fréquenté que la caste nobiliaire et avoir manifesté des principes contraires à ceux de la Révolution ». Comme le fait remarquer M. Levot, Histoire de Brest, pendant la Terreur, p. 343, faire un crime à des personnes d'extraction noble de n'avoir fréquenté que des nobles, c'est joindre l'odieux au ridicule. Condamnées à mort et à la confiscation de leurs biens, le 9 messidor (27 juin 1794), elles furent exécutées le même jour. M. Le Tersec, notaire à Lesneven avait tout fait pour les sauver.
17 brumaire (7 novembre 1793). — Continuation de la liste des suspects.
Mandats d'arrêt contre la veuve Mercerel, la femme Kerisnel, Aignant Joguet, père, sa femme et ses deux filles, le nommé Andrieux, dit la Ligne, la fille Huon Kerilliau et la veuve Lesguern.
Du dit jour après midy, rapport du citoyen Perreault, de retour de sa mission près les Représentants du Peuple, qui a remis sur le bureau une décharge du paquet qu'il a donné aux Représentants. Signé : Duran, secrétaire de la commission.
Continuation de la liste des suspects. — Mandats d'arrêt contre Bernard Le Bouhec et La Bléas, célibataire.
18 brumaire. — Mandat d'arrêt contre Jeanne Françoise La Personne, femme Floch.
Le 19, le comité de surveillance autorise la sortie, de la maison d'arrêt, de Jeanne Le Roux, femme Le Saout, pour maladie grave, sous la responsabilité de son mari. Après midi un projet de règlement pour la maison d'arrêt est déposé sur le bureau par le citoyen Trobert.
20 brumaire. — Discussion et adoption de plusieurs articles du dit règlement. Ce même jour s'est présenté le citoyen Saillour, commissaire du Directoire du district de Morlaix, qui a exhibé une commission pour requérir de la municipalité et du commandant du 77ème régiment quatre-vingts hommes de la troupe pour joindre l'armée du général Tribout en marche contre les brigands. Le même citoyen Saillour a fait connaître que sa mission l'autorisait à mettre en activité la garde nationale de Saint-Pol pour faire le service pendant l'absence de cette « trouppe de ligne et à avisir à sa solde ». Il requiert aussi « une assemblée générale des corps constitués à la municipalité pour prendre sans délai des mesures relativement aux circonstances actuelles occasionnées par l'incursion des brigands sur le territoire des Côtes-du-Nord, voisin du nôtre, après leur déroute de la Vendée ».
Le citoyen Laporte, receveur des domaines nationaux et agent du payeur de la guerre, est mis en arrestation dans son bureau et gardé à vue par un factionnaire.
24 brumaire. — Dans la séance de ce jour, il est donné lecture d'une lettre du comité de surveillance de la section de la maison commune de Morlaix en date du même jour, et copie d'une lettre sans date, signée veuve Roulloin, trouvée chez les Beaumont, père et fils, à Morlaix, lors de leur arrestation [Note : C'est ce Beaumont lequel, d'après l'avis du conseil municipal de Morlaix, sous le premier empire, a donné son nom au joli cours ainsi nommé et qui se prolonge jusqu'en face du Cuburien, en aval de la rivière].
Les membres du conseil, Pen et Richard, sont nommés à l'effet de se transporter avec le juge de paix chez la veuve Roulloin et Marie-Jeanne Roulloin et d'y perquérir les papiers et les effets suspects qui peuvent s'y trouver.
25 brumaire (15 novembre 1793). — Mandats d'arrêt décernés par le comité de surveillance contre Claudine Le Hir, veuve Roulloin, Marie-Françoise Roulloin, sa fille et Marie-Jeanne Roulloin.
26 brumaire. — L'après-midi de ce jour, le comité de surveillance arrête, après discussion des pièces relatives à Laporte, qu'il sera écrit sur le champ aux Représentants du Peuple près les côtes de Brest, au directeur de la régie nationale du département et au payeur de la guerre pour vérifier les caisses et pourvoir à son remplacement, et d'après ces préalables, être le dit Laporte constitué en arrestation, conformément à la loi.
Quatre jours après, le brigadier de la gendarmerie de Saint-Pol reçoit l'ordre de constituer en état d'arrestation Mathurin Larvor, perruquier, ex-sous-chantre, et le gardien de la maison d'arrêt de l'y recevoir, au moment désigné, conformément à la loi. Réquisition est en outre faite « à tous dépositaires de la force publique aux quels le présent mandat d'arrêt sera notifié de prêter main forte pour son exécution en cas de nécessité ». Ce Mathurin Larvor devait être un bien dangereux aristo, vu le luxe de précautions qu'on déployait à son sujet.
Le 2 frimaire (22 novembre 1793). — Le citoyen Roussin, vérificateur des domaines nationaux, se présente au comité de surveillance et lui exhibe le pouvoir qui lui a été délégué par le citoyen Fabre, directeur des domaines nationaux, en date du 28 brumaire, pour vérifier la caisse de Laporte. Il requiert un commissaire du comité pour être présent à la vérification. Le citoyen Sévézen est nommé à cet effet.
Le lendemain, se présente également le citoyen Le Blanc, commis du citoyen Gratien, agent du payeur de la guerre, et il demande qu'il lui soit aussi adjoint un membre du comité pour vérifier la caisse de Laporte, comme agent du payeur de la guerre. Le comité charge de cette fonction le citoyen Sévézen, déjà nommé pour la vérification de la caisse des domaines.
Le 5 frimaire. — Communication est donnée au comité par les citoyens Roussin et Le Blanc des pièces suivantes : 1° procès-verbal de vérification de la caisse de l'enregistrement des domaines nationaux ; 2° d'un compte... concernant les dépenses de guerre ; 3° d'un reçu du conseil d'administration du 106ème régiment, du 14 septembre 1793, portant 6,000 livres au profit de Laporte. Les dites pièces, simplement visées par le comité, ont été remises aux citoyens Roussin et Le Blanc pour les représenter à qui de droit. Arrêté de maintenir provisoirement le dit Laporte en arrestation dans son bureau. Le citoyen Roussin, employé supérieur est requis de se charger de la recette et de la régie.
Trois jours après, dans une séance tenue à 4 heures du matin, lecture d'une lettre du procureur syndic du district de Morlaix, en date du 7 frimaire.
Mandats d'arrêt en conséquence décernés contre les nommés Provost et son épouse, Blondin et Goujon cy-devant domestiques chez du Dresnay émigré et remi sur le champ au citoyen Moy, gendarme. Pereault, Pen et Le Roux sont nommés pour être présents à leur (arrestation) et se saisir des papiers suspects.
Les dits commissaires de rétour déposent une obligation sur timbre datée de Lesplouénan le 7 août 1791, signée Le Rouge de Boucherolle portant une somme de cent cinquante livres au profit du dit Provost en acquit de du Dresnay pour une jument payable à la Saint-Michel alors prochaine. — Arrêté de remettre la dite cédule au citoyen Roussin enregistrateur par intérim pour en poursuivre la rentrée au profit de la République. — Reçu du dit Roussin porté en marge. Ce même jour, 8 frimaire, les citoyens Duménil et Découvrant remettaient au comité une lettre de Morlaix demandant des renseignements sur les complices de du Dresnay.
Le lendemain, le citoyen Guibert, maire de Roscoff, annonçait que l'émigré du Dresnay était à Plouvorn et y recrutait [Note : M. du Dresnay était un officier distingué. Voir M. de Laurentie, Histoire de France]. Les citoyens Le Roux, Pereault et Trobert, furent choisis par le comité de surveillance pour se concerter avec les citoyens Gautier, Bonal et Le Gorre, venus de Brest à Saint-Pol avec une commission du conventionnel Bréard pour visiter les côtes depuis Brest jusqu'au château du Taureau, au sujet de la dénonciation du citoyen Guibert. Les commissaires de rétour rapportèrent au comité que les citoyens Garliec et Bonal se chargeaient de faire les poursuites relatives au dit du Dresnay ; d'après les observations des citoyens Trobert et Pereault, chargés par un arrêté de la commission administrative de la vérification des lettres et paquets au bureau de la poste, le comité authorise les citoyens Trobert et Pereault à apposer leur visa sur les lettres adressées aux détenus, s'il ne s'y trouve rien de suspect, pour être remises par le directeur au concierge de la maison d'arrêt, et à remettre au bureau du comité les suspectes.
Pétition faite, ce même jour 9 frimaire, par le citoyen Loussaut au comité en faveur d'une femme agonisante réclamant les secours du citoyen Maubec, médecin, détenu. Les citoyens Le Roux et Villeneufve sont nommés pour accompagner le dit Maubec chez la moribonde et le reconduire à la maison d'arrêt.
10 frimaire. — Discussion sur une lettre de Roscoff en datte du jour d'hier venant du comité de surveillance de cette ville avec copie d'un billet à ordre daté... Guernesey le 14 novembre 1792, signé, Yves Lubin Salaün, Kertanguy.
Du dit jour après midy, discussion reprise sur la copie du billet. Mandat d'arrêt contre Yves Lubin Salaün. Les citoyens Mézangeau, Pen et Trobert sont nommés pour aller visiter les papiers du dit Salaün. Ils constatent qu'ils n'ont rien trouvé de suspect ni sur le dit Salaün, ni en sa demeure. Copie de la séance du comité de Saint-Pol sera envoyée à celui de Roscoff pour le mettre à même de statuer ce que de droit.
Trois jours après, les citoyens Le Roux et Villeneufve faisaient au comité de surveillance un rapport contre les femmes de Toulgoet et de Stangalen, détenues, surprises par les dits commissaires causant avec leurs maris dans la cour de la maison d'arrêt contre les dispositions de la consigne. Il est arrêté qu'il sera notifié aux femmes Toulgoet et Stangalen de se retirer dans le jour de Saint-Pol et de se rendre incessamment à Carhaix, lieu de leur résidence, et qu'elles seront mandées de suite au comité. A la notification qui leur est faite par le président, elles ont déclaré y adhérer. Même injonction à la fille de Renaud, de Landerneau, à Saint-Pol depuis l'arrestation de son père.
Du même jour (13 frimaire). — Après midy, mandats d'arrêt contre la femme Poulpiquet de la Villeneuve et femme d'émigré, la veuve de Mathezou Kurunou et ses deux filles, et la veuve Kergaradec.
Du 14 frimaire. — Approbation des certificats de civisme des citoyens Jean- Julien Le Roux, Jean-Pierre Sévézen et Jacques Menez. Le 6 frimaire, les citoyens Jh-Marie Guillaume, Philippe-Louis Miorcec, Jean Loussaut, François Stéphan, Trobert, professeur de physique, Yves Le Bihan, Jean Le Pen..., Laot, huissier, et Henry-François Villeneufve avaient obtenu la même faveur.
Dans cette même séance, tenue le 14 frimaire (4 décembre 1793), sont entrés au comité les citoyens Heriez, Colinet, Cuny, Jézéquel et Bidouret, munis d'une commission des Représentants du Peuple près les côtes de Brest et de Lorient. Le comité, de concert avec les délégués : 1° Copie produite d'une lettre écrite par le citoyen Olive, canonnier sur les forts, donnant des renseignements sur les Kerbalanec, père et fils [Note : MM. Botloré (ou Bolloré) de Kerbalanec, père et fils, firent bravement le coup de feu à la journée du 19 mars à Saint-Pol et à la bataille du 23, à Kerguiduff, en Plougoulm. Un valet de pied du manoir de Tronjoli, de Cléder, se fit également remarquer par la justesse de ses coups. A notre grand regret, nous ignorons le nom de ce vaillant]. — 2° Claudine Le Gall, femme d'Hamon, boucher, est autorisée à sortir de la prison, sous la responsabilité de son mari, pour ses couches ; mais, après son rétablissement, elle devra rentrer dans la maison d'arrêt.
Translation à Morlaix des détenus Hervé Chef de Bois... oter (Kernoter), Scouarnec, Jolivette, Renaud, de Lesneven, Renaud, de Landerneau, Poulpiquet Brescanvel, Michel Kerhorre, Glausie, Maculoch fils, Studdart, Dreppe, Coroller, Mallier, Paul Domin. — Copie sera donnée aux délégués des interrogatoires des dits Mallier, Domin et de la lettre relative aux Kerbalanec.
Du même jour après midy, le comité s'est occupé des expéditions des pièces demandées par les commissaires délégués, nommés plus haut.
« Du 15 frimaire. — Approbation donnée au certificat de civisme de Jean-Marie Conversy. Discussion sur la situation actuelle de la ville. Arrêtté qu'il sera écrit aux délégués Heriez, Cuny, Jézéquel, Teconnier, Bidouret et Colinet pour les inviter à retarder leur départ de cette ville jusqu'à l'arrivée d'un renfort indispensable pour la garnison. Le citoyen Trobert est chargé de rédiger une adresse au citoyen Bréard, représentant du peuple à Brest et d'y exposer les besoins urgents de la ville et de la commune [Note : Jean-Jacques de Bréard, fils de Jacques Michel de Bréard, seigneur des Portes, en Poitou, commissaire de la marine au port de Rochefort, était issu d’une ancienne famille de Normandie. Il naquit à Saint-Domingue vers 1760. « Je suis né dans un pays libre, a-t-il écrit lui-même ; j’ai sucé le lait d'une sauvage ; la France est ma patrie d'adoption ». Ses actes firent bien voir qu'il avait sucé le lait d'une sauvage, car il fut un farouche conventionnel]. Cette adresse fut adoptée à l'unanimité trois jours après.
Ces braves patriotes de Saint-Pol vivaient dans des transes mortelles. Ils redoutaient sans cesse un soulèvement de la partie saine de la population, qui en était de beaucoup la plus nombreuse. Aussi bien, faisaient-ils des appels répétés à la force armée.
Ce même jour, 15 frimaire, deux cultivateurs amenés après midy devant le comité donnent lieu à prendre des renseignements sur la récette que fait le citoyen Le Floch pour le... (citoyen) Louis François Montigny. Pen, Sévézen et Richard sont nommés pour se transporter avec les deux cultivateurs chez le dit Le Floch, et s'informer s'il est muni d'un certificat de résidence du dit Montigny. Les commissaires de rétour rapportent les réponses du dit Le Floch et déposent des papiers trouvés en sa demeure. — Mandat d'arrêt contre le dit Le Floch.
Le comité de surveillance de Saint-Pol ne reste pas inactif.
Du 16 frimaire. — Mandats d'arrêt contre Louis Roulloin et le nommé Bourgonnière, ci-devant employé dans les Devoirs. Les commissaires de recherchent et de salut public annoncent au comité qu'ils vont faire partir pour Morlaix de la maison d'arrêt de cette commune les nommés René Carter, Anglais, la veuve du Han, Goujon, Villancourt, son nègre, Prud'homme, Yves Le Saout, la fille Bléas, Maliscot, Hémélie Poulpiquet, Bourgonnière, Joguet, père, Joguet, fille aînée, la veuve Kurunou et sa fille, Quarré Daligny, la femme Kerisnel, la veuve Coatanscours, Marie J... Chaillou, Grand-maison et Ferrand.
Du 20 frimaire. — D'après lecture d'une lettre à l'adresse du comité de surveillance et souscrite des quatre filles Bourgonnière, détenus à la maison d'arrêt de cette ville, deux commissaires sont nommés pour conduire les dites filles Bourgonnière à la maison commune afin d'y signer leurs certificats de résidence et les réconduire ensuite à la maison d'arrêt ».
Le lendemain, le brigadier de la gendarmerie nationale de Morlaix, le citoyen Le Guern présentait au comité de surveillance un ordre des commissaires de recherches et de salut public pour la translation à Morlaix des nommés Gérard Mège et René Ollivier. Le comité adhère à cette translation après décharge, signée du dit Le Guern.
Du 22 frimaire. — Approbation donnée aux certificats de civisme de Léonard Chambonneau, Pierre Le Hir, Berdelo, Bolloré, Jean-Marie Lucas, Dominique Prat et Pierre Richard. — Discussion sur le certificat de civisme de Pierre- Marie Deniel, destitué par les délégués de la place de procureur de la commune. Cet acte seulement motivé sur son intempérance. Scrutin ouvert ; approbation donnée au dit certificat de Pierre-Marie Deniel.
Ivrogne et ardent persécuteur de saintes religieuses, le citoyen Deniel méritait bien un tel certificat.
Du dit jour après midy. — Approbation donnée aux certificats de civisme de Jean-Marie Coguiec, Joseph Choquer, Yves Pleiber, Antoine Martin, préposés des douanes nationales... (Déposé) sur le bureau des certificats de civisme de Jean-Marie Le Bihan, Site (Cité), Le Sueur, Le Roux, L'héréec, Kerbiriou et Provost. Tardé à délibérer jusqu'à informations suffisantes.
Pierre-Claude Delabardon, serrurier de la rue Verderel, se présente pour faire signer son passeport pour Brest. Un membre représente qu'il est frère d'émigré. Mandat d'arrêt contre le dit Pierre-Claude D’alabardon. Discussion sur le certificat de civisme du citoyen Hervé-Marie Figuières. Arrêté que le dit certificat ne sera point visé, qu'au préalable le dit Figuières n'ait prouvé avoir envoyé au ministre de la justice son acceptation de la Constitution républicaine.
Du 24 frimaire. — Billet du citoyen Maubec, en date de ce jour, attestant que la femme Kermenguy, détenue à la maison d'arrêt, est dangereusement malade. Le comité authorise le citoyen Mazéas, gardien, à faire transporter la dite femme Kermenguy en sa demeure, et arrêtte qu'elle y sera gardée à vüe par les citoyens Mathurin... et André Munut, à l'alternative, à ses frais.
28 frimaire. — Lecture donnée d'un certificat des officiers municipaux de Roscoff constatant que le citoyen Jacques Dalabardon, prêtre, est détenu au château de Brest depuis le 27 mai dernier. Le comité arrêtte de mettre en liberté Pierre-Claude Dalabardon, détenu d'après la suspicion de l'émigration de son frère. On lui délivre un laissez-passer pour Brest.
29 frimaire. — Approbation des certificats de civisme du citoyen Perreault, membre de ce comité et du citoyen Rageul de cette ville.
Du 1er nivôse, l'an II de la République (21 décembre 1793). — Approbation donnée aux certificats de civisme des citoyens Mézangeau, membre de ce comité et Jacquinot, commandant contemporaire (?)
Du même jour, après midy, approbation donnée au certificat de civisme de Claude Le Bot. — Arrivée d'un détachement de la force armée, en cantonnement à Cléder qui a conduit devant le comité un prêtre réfractaire. Billet en datte..... par Kerguvelen, maire provisoire de Cléder...... Loussaut officier du bourg annonçant la capture ....... (d'un) prêtre nommé Didier Galès, ancien recteur de la paroisse de Plouzévédé. Réponse du comité au dit billet. Arrêté que le dit Galès sera incessamment transféré à Morlaix dans le plus grand secret. Les citoyens Loussaut et Le Roux sont chargés des préparatifs de ce départ qui s'exécutera dans la nuit. Les mêmes sont authorisés à réquérir telle escorte qu'ils jugeront nécessaire.
Du 3 nivôse (23 décembre 1793). — Les citoyens Loussaut et Le Roux déposent sur le bureau un billet constatant qu'ils se sont acquittés de la commission leur déférée par le comité dans sa séance le 1er de ce mois et ont conduit à Morlaix le nommé Didier Galès, prêtre réfractaire, le dit billet daté de Morlaix le 2 nivôse, signé des administrateurs et secrétaire du Directoire du district. Les mêmes déposent une somme de deux cents livres par eux reçues, savoir cent livres du citoyen Loret sur mandat du district et pareille somme de cent livres des citoyens délégués par les citoyens représentants et formant la commission de recherche et de salut public en ce département. Le comité arrête de garder la moitié de cette somme pour frayer aux dépenses de la translation de Galès à Morlaix et de faire passer l'autre moitié à la force armerée du détachement de Cléder. Lettre au maire, officiers municipaux et commandant de la force armée à Cléder.
Du même jour, 3 nivôse. — Sur les cent livres rétenus au comité, alloué quarante livres aux commissaires Loussaut et Le Roux, trente-six livres à Christophe Cueff, voiturier, et vingt-quatre livres aux gens d'armes. Reçu déposé au bureau, signé Kerguvelen, portant 98 livres 15 sols. Arrêté que tous les habitants qui logeront des étrangers seront tenus de venir, à leur arrivée, déclarer leurs noms au comité.
Du 5 nivôse. — Discussion sur la translation projettée de Laporte à la maison d'arrêt. Lettre aux administrateurs du district à ce sujet.
Du 6 nivôse. — Lecture du décret du 14 frimaire, publié le jour d'hier et déposé sur le bureau par le président. Arrêtte que les membres qui réunissent des places incompatibles feront sur le champ leur option, les articles 8 et 9 concernant la presque totalité des membres de ce comité. Suivent les dites options. Après une longue discussion, arrêté qu'aucun des membres ne pourra abandonner le poste qui lui est confié, comme membre de ce comité, qu'après une décision motivée des représentants près, les côtes de Brest et de Lorient, et que copie au long de cette délibération sera transmise sans délai à la municipalité.
Envoi officiel fait au comité par la municipalité du bulletin de la Convention sous deux numéros renfermant les décrets sur le mode de gouvernement révolutionnaire provisoire et d'une copie certifiée d'une adresse aux Représentants. Le comité adhère à cette adresse. Lettres de Saillour, agent national de Morlaix ; la première annonçant qu'il allait faire rendre ses comptes définitifs à Laporte, et la seconde demandant les motifs de l'arrestation de la femme Pierquin, gendarme. Nomination provisoire du citoyen Mézangeau à la présidence du comité et du citoyen Villeneufve pour secrétaire.
Nous croyons devoir reproduire ici quelques lettres intéressantes dont les originaux avaient été déposés au comité de surveillance de Saint-Pol.
L'une de ces lettres est du 8 décembre 1793, et l'autre du 30. Cette dernière n'est que la répétition en termes presque identiques de la première. Elles étaient adressées de Bicétre par un prêtre qui y était détenu au citoyen Picrel jeune, négociant à Roscoff. Ces lettres furent interceptées par le comité de surveillance et elles ne parvinrent pas à leur destinataire, celui-ci étant aussi lui-même alors en état d'arrestation. Dans ces pièces, il est question d'un trésor, consistant en or, de valeur importante, d'après l'auteur des lettres. Voici ce que nous lisons dans la première qui est du 8 décembre. Nous ne changeons rien au texte :
« Quoique d'une part inconnue que cette lettre Monsieur ne vous surprenne point. Lisés et quelque délicat qu'en soit l'objet profités sans inquiétude et sans trouble du secret que je vais vous révéler. Quant à vos principes en matière de Révolution quels qu'ils soient, persuadés vous que la discrétion vous intéresse seul, car tout devient indifférent à qui comme moi ne tient plus à la vie, lisés dis-je.
Sans vous arrêter en en approfondir les causes malheureusement trop communes contre nous ecclésiastiques, apprenez que sans espoir de la recouvrer jamais, j'ai perdu la liberté et qu'en attendant la décision qui doit me débarrasser de la vie, je traine honteusement le reste de mon existence dans l'enceinte infernale de Bicêtre. Mais un engagement sacré et dont j'ai le ciel pour témoin et pour juge me fait loi de vous révéler un secret dont dépend sa satisfaction ma conscience une fois dégagée de cette obligation humaine. J'attendrai avec résignation et patience l'instant où il plaira à l'auteur de toutes choses de m'appeller à lui. Je laisse dans ce monde misérable une créature sans appui, sans fortune, car ce fut moi qui reçut le dépôt sacré. Cet objet n'est qu'une foible portion de toutes ce que les événements m'ont forcé de dérober aux recherches des hommes dans un moment où je n'avois pas encore perdu comme aujourd'hui tout espoir de le recouvrer. Cependant assurés moi, faites moi le serment que vous l'acquiterés, et je vous abandonne le reste ; en vous faisant parvenir avec des détails plus étendus une indication précise du lieu où est enterré ce trésor jusqu'à présent connu de Dieu seul et de moi.
Je saisis avec avidité la première occasion qui m'a offert la possibilité de vous écrire, occasion rare et presqu'inespérable que j'épiais depuis quatre mois ; elle est d'autant plus précieuse qu'il n'entre ni ne sort de cette maison aucune lettre qui ne soit lue. Je profite pour celle-cy d'un malheureux qui vient de subir une condamnation de quatre ans qui vient de finir, qui intéressé par son propre malheur au sort des autres infortunés s'est chargé de cacher cette lettre sur lui pour en sortir et la mettre à la poste à Paris. A la vérité j'ai été obligé de le tromper un peu en lui disant qu'il ne s'agissait que d'affaires de famille, mais ce mensonge ne saurait être désagréable à Dieu, car je ne pouvois pas m'exposer à mettre cet homme dans une confidence aussi délicate. Quant à votre réponce voici ce que j'ai avisé. Vous pourés m'écrire comme s'il était question d'affaires de famille. J'entendrai toujours bien ce que vous voudrai me dire, par exemple vous pouvés dire. Je vous prie mon cousin de me marquer juste l'état de toutes vos affaires avec la famille si vous voulés que j’agisse en conséquence, etc. Vous sentés qu'à cette manière je verrai aisément que vous me demandés l'indication précise de l'endroit ou est enterré ce dont je vous parle dans les cours de cette lettre. Je vous répondrai dans le même stile. Par ce moyen vous ne serés nullement compromis et pour vous éviter tout à fait de l'être en manière quelconque vous ferés votre signature à rebours, c'est-à-dire en commençant par la dernière lettre de votre nom et finissant par la première.
Je sais bien qu'il me seroit possible d'entretenir correspondance avec vous d'une manière plus claire, en mettant dans mes intérêts un des hommes... (qui) servent les prisonniers, car j'ai des preuves que cette sorte d'hommes est propre à tout, mais c'est à force d'argent qu'on obtiens d'eux des légers services tels que de mettre en secret une lettre à la poste, et malheureusement je suis dépourvu à cela près des quelques fonds trop modiques pour cette entreprise et que ma situation d'ailleurs me rend trop précieux pour les hazards avant de connoître vos intentions.
Réfléchissés maintenant. Monsieur, sur ce que vous avés à faire et rappelés vous surtout que les moments sont comptés.
J'attends votre réponse que vous m'adresserés ainsi qu'il suit : Au citoyen Jean Charles Rénaux, détenu à Biscêtre.
Par réflexion et pour que mon nom ne
soit pas un motif de compromise, quoiqu'on m'arracherait la vie avant mon
secret, je profite de celui d'un jeune homme qui est avec moi et qui reçoit
beaucoup de lettres aux quelles on fait peu d'attention,
il est convenu de me remettre la vôtre à son arrivée pour
quelques bagatelles que je lui donne, d'ailleurs comme elle ne contiendra que
des détails de famille, il ne pourroit en abuser ».
Biscêtre ce 8 décembre
1793.
Cette lettre,, nous l'avons déclaré, fut saisie par le comité de surveillance, ainsi que quelques autres également adressées à M. Picrel de Séville (Espagne) et de Gênes (Italie).
Les extraits suivants tirés du comité de surveillance de Saint-Pol.
Copie de la lettre écrite à la veuve Launay Coatanscours. (Exécutée à Brest, le 27 Juin 1794).
A Tréguier, 15 novembre 1793, an second de la République française.
« Respectable citoyenne,
Voulez-vous agréer l'homage de mon reconnaissant souvenir de vos bontés et permettre que je m'informe des nouvelles de votre santé et de tout ce qui vous apartient. Je désire ardemment que ma lettre vous trouve en santé et tranquillité.
Si vous avez occasion denvoyer à Roscoff, je désirerai bien que je (?) (vous) fissiez dire au citoyen Beloir qu'il m'a promis des pâtes d'asperges, et que je le prie de ne pas m'oublier comme il la fait lanée dernière ce qui m'arrière d'un an. Objet très intéressant pour quelqu'un qui est pressé de jouir.
Vous me rendré également service de me dire si M. de Kertanguy est à Saint-Pol, j'ai une affaire de conséquence pour lui et je ne sais ou le prendre.
Nous n'avons ici d'autres nouvelles si non qu'il part beaucoup de troupes contre les rebelles, tous nos nobles cy-devant sont arrestation chez eux avec des gardes du Lézard (?) come les autres faites agréer mes respects à votre société et parents et veuillez bien me conserver toujours un peu de part dans les sentiments dont vous m'avez honoré et que je mériterai jusqu'à mort. (Votre très humble et très obéissant serviteur. Signé, le citoyen Du But, prêtre).
Copie de la lettre écrite par le district de Morlaix à la municipalité de Saint-Pol, le 1er ventôse, l'an second de la République française une et indivisible (19 février 1794).
« Citoyens,
Nous sommes instruits
qu'il existe chez Gélébart, marchand de votre commune et actuellement en état
d'arrestation différentes étoffes propres à l'habillement des citoyens de la
première réquisition et dont nous éprouvons ici une pénurie absolue.
Nous vous prions en conséquence de descendre concurremment avec le juge de paix en la demeure du dit Gélébart pour y faire inventaire des étoffes qui pourroient servir... (e) stimation et qui seroient jugées telles par le citoyen Gilbert, chef d'atelier de notre commune, dont le prix sera payé au propriétaire aux taux du maximum.
Nous vous invitons à faire part de la présente au comité de surveillance pour qu'il ait à permettre au dit Gélébart d'assister par lui-même à cette opération.
Signé : Verchin, André Rozec, Guiomar, Sylvestre Denis.
Pour copie conforme ; signé : Labbé, secrétaire greffier » [Note : Nous avons bien connu un des signataires de cette dernière pièce, André Rozec, un des administrateurs du Directoire du district de Morlaix, mort à Guimaëc, en 1858, à l'âge de 95 ans. Il a joué un rôle assez important pendant la Révolution, comme le prouve sa signature qu'on voit dans les délibérations du Directoire, il avait acheté le presbytère de Guimaëc qu'il donna sous Louis XVIII à la fabrique, moyennant douze services par an. Dans l'acte de donation il s'en était réservé la jouissance jusqu’à sa mort, ce qui, à cette époque, se pouvait faire. Nous étions loin de soupçonner que M. Rozec eût été un des membres actifs du Directoire du district de Morlaix. Maintes fois cependant nous eûmes l'occasion de causer ensemble de la Révolution et des hommes de la Révolution. Sur ce terrain il montrait toujours une grande réserve. Un jour que nous lui citions certains faits qui s'étaient passés à Morlaix, il nous demanda avec un air de surprise : mais, est-ce que vous avez vu cela ? Non, Monsieur, car nous n'étions pas encore de ce monde. Mais nous avons beaucoup lu et beaucoup entendu parler des personnes de ce temps. Ce n'est que par nos recherches et nos études sur la Révolution dans notre Basse-Bretagne que nous avons connu ce que fut alors M. Rozec. Comme nous causions un jour du terrible procès et de l'exécution à Brest des vingt six administrateurs du Finistère, il nous avoua toute la peur qu'il éprouva de partager leur malheureux sort, il ne fut pas compromis. Quand nous l'avons connu, M. Rozec menait la vie la plus exemplaire et faisait beaucoup d'aumônes. Du reste il ne possédait pas mal le biens à Guimaëc. A 94 ans, il jeûnait encore et faisait maigre tout le carême. Dans sa dernière maladie, il ne perdit point connaissance. A une demande que nous lui fîmes sur son état, il nous répondit en latin par ces paroles de Job : Expecto douce veniat immutatio mea].
Madame Duplessix Coroller avait son mari en état d'arrestation à Lannigou, près Morlaix, et sa santé laissait beaucoup à désirer. Le 27 février 1794, elle écrivait en ces termes au comité de surveillance de Saint-Pol :
« Aux citoyens,
Citoyens président et
membres du comité de surveillance de Saint-Pol-de-Léon.
Citoyens,
En
m'accordant la sortie de mon mari pour les règlements de ma tutelle, vous m'avez
rendu un service dont je serai à jamais reconnaissante. Mais à ce premier
bienfait, je vous prie d'en joindre un second, qui me sera d'autant plus doux,
qu'il contribuera au rétablissement de sa santé.
Oui, citoyens, trois mois de détention dans la maison Lannigou, à Morlaix, ont considérablement endommagé la santé de mon mari, tant par le deffaut d'air que par l'impossibilité de cet exercice de corps si nécessaire à la santé et au quel il était si habitué.
Cette maison en effet est très incommode pour maison d'arrêt ; elle n'a aucune issue au dehors, et les appartements en sont fort étroits.
Cependant elle est surchargée de détenus, et presque tous y sont malades. Mon mari, citoyens, est malheureusement de ce nombre, et comme il en est sorti provisoirement, je vous demande, citoyens, comme une grâce spéciale, sa translation à la maison d'arrêt de la Retraite à Saint-Pol.
Je me charge de l'y conduire moi-même, et je rends sa caution volontaire.
Je vous prie donc, citoyens, de prendre en considération la présente pétition et d'y faire droit conformément à mes vœux.
En statuant ainsi, vous sauverez les jours du père d'une nombreuse famille, et dont il est le seul soutien.
Votre concitoyenne.
Signé : Duplessix Coroller.
Morlaix, le 8 ventôse, l'an IIème de la République une et indivisible ».
Nous ne savons, si, comme le demandait Madame Duplessix, on fit droit à sa demande.
Quelques semaines après, le 4 floréal, an II (24 avril 1794), le comité révolutionnaire de Landerneau adressait au comité de surveillance de Saint-Pol une lettre conçue en ces termes. Ces intrépides magistrats ne dormaient que d'un œil, et ils étaient toujours aux aguets.
« Citoyens frères et amis,
La correspondance d'un nommé
Montigny de Paris, ci-devant marquis, chevalier de Saint-Louis, etc., avec
Ollivier de cette ville. Le Floch et La Personne de votre commune nous a fait
naître quelque doute sur le civisme et la bonne foi de cet ex-marquis ; nous
craignons qu'à l'appuy d'un certificat de résidence et secondé par d'anciens
agens entachés d'aristocratie, il ne veuille s'approprier quelques biens
appartenant à des émigrés et dont il aurait peut-être fait la recette [Note
: Le marquis de Montigny ne possédait pas mal de biens en Plougoulm,
comme le prouve un Aveu du 23 avril 1736. Plusieurs
de ces biens lui étaient revenus de la succession de sa mère dame Françoise-Yvonne
de Quélen. Ces terres avec les fermes ont été vendues depuis. — Voir
Histoire de Plougoulm, p. 136].
Nous avons fait part de nos inquiétudes au comité révolutionnaire de sa section à Paris qui l'a provisoirement consigné en état d'arrestation dans sa chambre à la garde de deux sans-culottes. Interrogé sur ses biens dans le Finistère, il a répondu qu'il en avait, mais que c'était à domaines congéables.
A lui demandé, quels sont les biens qu'il a à domaine congéable dans le département du Finistère ? — A répondu qu'il n'en savait pas le nombre dans le district de Morlaix et de Lesneven, et qu'il n'a jamais sçu le nom des villages et qu'il ne sçait pas non plus le nom des fermiers.
A lui demandé, quels sont ses correspondants dans ce pays la et quels sont les revenus qu'il en retire ? — A R. : Le nommé Floch à Morlaix dans une maison d'arrêt, que cela lui rapportoit cinq à six mille livres, et qu'il écrit aussi au nommé Ollivier à qui il a envoyé des certificats de résidence. — A lui demandé, à qui il a acheté les biens qu'il a dans le département du Finistère. — A R. : Que ces biens lui venaient de son père ; — tu n'en as donc pas acquis? — Mon Dieu, non, citoyen.
A lui demandé s'il connoit beaucoup de ci-devant nobles de ce département la. — A R. : Très peu. — Demandé, nommes-en quelques-uns ? — A R. : Qu'il a connu M. de la Vieuville et qu'il la su ici, et monsieur de Chateaugiron et la Nausset. — A lui demandé s'il a achetté du bien de ce dernier ? — A R. : Non du tout. — A lui demandé s'il n'écrit à d'autres personnes que le Floch et Ollivier ? — A R. : A la sœur de le Floch, et relativement à ses biens, etc.
Vous penserez peut-être comme nous citoyens quand vous aurez lu le procès de l'interrogatoire qu'a subi Montigny à Paris, nous vous invitons à faire paraitre devant vous La Personne à lui faire déposer le rentier de Montigny, et surtout les baux à ferme pour savoir s'ils sont passés au nom de Montigny en propre ou comme porteur de procuration.
Enfin, nous ne doutons pas, frères et amis, que vous ne fassiez dans cette occasion tout ce qui dépendra de vous pour découvrir la vérité.
Vous voudrez bien aussi nous en donner avis sur le champ pour que nous puissions écrire à la section sur la quelle réside Montigny.
Nous vous prévenons au surplus que La Personne prévient Ollivier, par sa lettre du 25 germinal, qu'elle a effectué la recette, à quelques articles près, qui regardent des verreux et des gens de mauvaises volontés, etc.
Salut et fraternité ».
Signé : Le Bihan président, Thomas, Jehan, Bte Roulloin, secrétaire.
Ce qui suit prouve que le comité de surveillance de Saint-Pol prit au sérieux la recommandation de celui de Landerneau :
« Vive la Montagne.
Liberté, Egalité, Fraternité.
Ce jour neuf floréal, l'an II de la République Française, une et indivisible.
Nous, Jean Le Pen et Jean-Pierre Sévézen, membres du comité de surveillance de
la commune de Saint-Pol-de-Léon, en vertu de l'arrêtté du dit comité du jour
d'hier, on veut dire du 7 courant, sommes transportés en la demeure de
Louis-Michel Le Floch à l'effet de nous faire représenter le rentier du nommé
Montigny de Paris, ainsi que ses titres de propriété conformément à la demande
en faite par le comité révolutionnaire de Landerneau le sept courant, où étant
arrivés nous y avons trouvé la nommée La Personne à la quelle ayant déclaré le
sujet de nôtre transport, elle nous a sur le champ représenté le dit rentier du
quel nous nous sommes ressaisis avec les cent vingt-neuf pièces y renfermées et
consistantes en quittances, actes, lettres, projets de lettres et comptes,
relevés, notés, enveloppés et garants de biens pour être par nous déposés au dit
comité ; des qu'elles pièces nous avons donnés une réconnoissance à la dite La
Personne, à la qu'elle ayant aussi demandé si
elle a qu'elle que correspondance avec le citoyen Ollivier de Landerneau
relativement à la récette des biens du dit Montigny ? — a dite que non, ainsi
qu'il est constaté par sa déclaration ci-jointe d'elle souscrite. Fait en la
demeure du dit Le Floch les jour et an que devant en présence du citoyen
Villeneufve, membre du dit comité qui souscrit avec nous.
Signé : Sévezen,
Villeneufve, Le Pen ».
Voici la déclaration faite par la femme La Personne
dont il est question dans cette pièce :
« Je, soussigné, déclare n'avoir
aucune correspondance comme procuratrice du citoyen Le Floch avec le citoyen
Ollivier de Landerneau relativement aux affaires du citoyen Montigny demeurant à
Paris, particulièrement depuis l'arrestation de mon beau frère ; à Saint-Pol ce
jour 9 floréal l'an second de la République française une et indivisible.
Signé : Antoinette La Personne ».
Cinq jours après, elle adressait ce pli au
comité de surveillance : « J'ai reçu des citoyens Villeneufve et Sévézen le
rentier de Montigny avec cent quatre pièces y renfermées dont décharge à
Saint-Pol-de-Léon ce jour 14 floréal l'an deux de la République française.
Signé : Antoinette La Personne ».
Le 23 floréal le comité révolutionnaire de
Landerneau écrivait à celui de Saint-Pol :
« Frères et amis,
Nous vous
avons invité par notre lettre du 4 courant à nous donner quelques renseignements
sur La Personne qui depuis la détention de son beau frère Le Floch fait les
affaires de l'ex-marquis Montigny, mis en arrestation chez lui.
Nous renouvellons nos instances de nous faire parvenir, par le premier ordinaire, les renseignements que vous avez pu vous procurer relativement aux affaires de ce Montigny.
Le précis de l'interrogatoire qu'a subi Montigny, et que nous vous avons envoié, nous dispense d'entrer dans de plus longs détails sur cet individu.
Salut et fraternité. Signé : Thomas. ».
Le 27 floréal, le comité de Saint-Pol répondait à celui de
Landerneau :
« Frères et amis,
Nous avons reçu deux lettres des 4 et
23 du courant, la vérification, l'inventaire et l’envois que nous avons faites à
l'accusateur public d'une infinité de lettres et papiers trouvés en la demeure
de Le Floch concernant Montigny nous ont empêchés de vous répondre plus tôt. Par
l'examen scrupuleux que nous avons fait de ces papiers nous avons vu que
Montigny jouit dans ce département d'un revenu annuel d'environ neuf mille
livres, et que ces biens presque tous donnés à titre de domaine congéable, lui
appartiennent héréditairement en propriété.
Salut et fraternité ».
(abbé J. Tanguy).
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