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SAINT-POL-DE-LEON SOUS LA REVOLUTION (CHAPITRE 25).

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CHAPITRE XXV.

SOMMAIRE.

Fête de l'Être Suprême à Saint-Pol. — Demande par le Directoire de Morlaix du compte de gestion que la municipalité n'a point présenté depuis 1789. — Difficultés à trouver des moissonneurs pour faire la récolte. — Nouveaux changements dans le conseil municipal. — Chute de Robespierre. — Plaintes des malades de l'hospice. — Incurie et négligence des directrices laïques. — Réquisition de grains à livrer dans les 34 heures. — La municipalité demande à l'autorité supérieure la réintégration des Hospitalières à l'hospice.

Depuis longtemps, Robespierre convoitait le pouvoir suprême. Il était de toute nécessité pour lui de faire disparaître tout d'abord les obstacles qui s'opposaient à ses desseins ambitieux. Hébert, Danton, Chaumette, Camille Desmoulins ne tardèrent pas à être sacrifiés, comme l'avaient été les Girondins. Ses rivaux les plus redoutables tombés, il voulut gouverner, et ses complices, Couthon et Saint-Just servaient docilement sa politique. Il était persuadé que désormais il n'avait plus rien à craindre. Disciple de Rousseau, Robespierre croyait à l'existence de l'Etre Suprême et à l'Immortalité de l'âme. A ses yeux, l'athéisme était un crime qu'un gouvernant ne devait pas laisser impuni. Il exposa à la Convention, dans un langage sentimental et mystique, sa religion, qui était « la religion universelle de la nature ». Il fit voter des fêtes à la Liberté, à la Justice, à l'Humanité, et après avoir proclamé la liberté des cultes, il lui inspira le décret suivant qui fut adopté au milieu des transports d'un enthousiasme hypocrite : « Le peuple Francais reconnaît l'existence de l'Etre Suprême et de l’Immortalité de l'âme ». Il commanda une fête solennelle qui fut célébrée le 20 prairial (8 juin 1794).

Dans cette fête, il parut comme président de la Convention, un bouquet d'épis et de fleurs à la main ; au milieu du Champ de Mars s'élevait une montagne symbolique, ornée d'arbres. Des jeunes filles, vêtues de blanc, la gravirent en chantant l'hymne à l'Etre Suprême de Marie-Jh-Chénier et le dithyrambe sur l'Immortalité de l'âme de Delille. Des hommes habitués au crime pouvaient-ils entendre sans terreur ces vers courageux ?

Dans sa demeure inébranlable,
Assise sur l’Eternité,
La tranquille Immortalité,
Propice au bon, et terrible au coupable,
Du temps qui, sous ses yeux, marche à pas de géants,
Défend l'ami de la justice.
Et ravit à l'espoir du vice
L'asile horrible du néant.
Oui, vous qui, de l'Olympe usurpant le tonnerre.
Des éternelles lois renversez les autels,
Lâches oppresseurs de la terre,
Tremblez, vous êtes immortels.

Ce fut le dernier triomphe du tyran. Quelques semaines après, la Convention s'insurgeait contre lui et Robespierre, avec quelques-uns de ses séides, gravissait lui-même les degrés de l'échafaud qu'il avait fait gravir à des milliers de victimes innocentes. La justice de Dieu a son heure.

Les Pères conscrits de Saint-Pol tinrent aussi à célébrer dignement la fête de l'Etre Suprême et à rappeler ce qui s'était passé à Paris.

Voici ce qui fut convenu dans la séance du 19 prairial, an II, tenue par le citoyen Trobert, maire provisoire, assisté des citoyens Conversy, Péron, Le Roux, Peychaud et Ménez, officiers municipaux. Présent le citoyen Le Bourguays, agent national.

Le conseil délibérant sur les détails de la fête à célébrer demain en l'honneur de l'Etre Suprême, ouï l'agent national,

« Arrêtte :
En 1er lieu, de requérir le citoyen commandant temporaire de faire battre la générale demain à midy pour faire assembler sur la Grande Place en grande tenue la totalité de la troupe et la garde nationale de cette commune, à l'effet d'assister à la dite fête ;

En 2ème lieu, de faire sonner la cloche à six, sept et huit heures du soir de ce jour, ainsi que demain à six heures du matin, sept et huit heures, pour annoncer la cérémonie ;

En 3ème lieu, d'inviter par une bannie qui sera faite ce jour par un officier municipal en écharpe tous les citoyens de cette commune de se trouver à la dite fête ;

En 4ème lieu, d'inviter spécialement à la cérémonie les membres du comité de surveillance, la Société populaire et la Justice de paix ;

En 5ème lieu, de faire chanter des hymnes patriotiques sur la Montagne élevée sur la Grande Place, sur la quelle se rendra demain le corps municipal vers les trois heures de relevée ;

Invite au surplus l'agent national de prononcer un discours analogue à la fête.

Fait et arrêté en conseil municipal les jours, mois et an que devant. Signé : Le Bihan, officier municipal, Péron, Le Roux, Ménez, J. Peychaud, Villeneufve, it., Trobert, maire provisoire, Labbé, secrétaire greffier ».

Nous n'avons pu donner ici le discours du citoyen Le Bourguays, ce discours n'ayant pas été transcrit sur le registre [Note : Reg. 25. Fol. 21].

Le Directoire du district de Morlaîx avait demandé à la municipalité de Saint-Pol de lui envoyer un état des biens communaux de son ressort. Cet état, paraît-il, fut trouvé absolument insuffisant, n'ayant pas été dressé conformément aux articles de la loi du 10 juin dernier. En conséquence, le Directoire écrivait au conseil municipal de Saint-Pol, le 18 prairial, pour le presser de remplir cette lacune dans le plus court délai.

Le 24 prairial, la municipalité s'assemblait et adressait au Directoire de Morlaix la délibération suivante :

« L'assemblée déclare que d'après le plus scrupuleux examen de la loi sus-mentionnée il n'existe point sous l'étendue de la commune des biens proprement communaux ; que l'état qui a été adressé au Directoire ne renfermait que des parcelles de terrein non closes et sur les quelles les habitants de la commune n'ont jamais prétendu avoir un droit commun ; que ces biens paroissent devoir être plutôt considérés comme biens nationaux comme dépendants du cy-devant fief des Reguaires de Léon à Saint-Pol ;

Que cependant pour faciliter l'exécution de la loi du 10 juin dernier, au cas que l'administration juge qu'elle soit applicable aux objets dont l'état lui a été déjà envoyé ; charge les citoyens Le Bihan et Ollivier Grall de descendre dans le jour pour prendre exactement le dénombrement et l'estimation des dits terreins ; observe que le champ dit Saint-Rock et la chapelle y étant quoi qu'appartenant exclusivement à la commune et formant un bien patrimonial ne paroissent point susceptibles de partages jusqu'à ce que la commune n'ait totalement payé ses dettes et par ce que d'ailleurs le dit champ, muré en grande partie et à une certaine distance de Saint-Pol pourroit être très avantageusement pris sous tous les rapports pour Champ de Repos ; — charge cependant les commissaires cy-dessus dénommés de se procurer sans délay l'état de la consistance et de l'évaluation du dit terrein ; arrête que copie de la présente délibération sera envoyée au Directoire du district de Morlaix pour statuer définitivement si les biens dont l'état lui a été déjà transmis peuvent être considérés comme susceptibles de partage, ou s'ils ne doivent point plutôt être regardés comme dépendants d'un bien national » [Note : Reg. 25. Fol. 21-22].

Depuis 1789, les marguilliers de Saint-Pol n'avaient présenté aucun compte de gestion. Le 5 thermidor, an II (24 juillet 1794), le Directoire du district de Morlaix enjoignait à la municipalité de lui adresser sans délai un compte général des recettes et des dépenses effectuées depuis la dite époque. Le conseil chargea le citoyen Le Bihan de dresser ce compte [Note : Reg. 25. Fol. 29-30].

Quelques jours après, le conseil municipal de Saint-Pol était de nouveau rappelé à l'ordre par le même Directoire. Cette fois, il s'agissait de l'arrêté du comité de Salut public du 11 prairial qu'il était mis en demeure de faire exécuter avec toute la célérité que son importance exigeait, son but étant d'assurer la subsistance de tous les Français.

Ce n'était, parait-il, qu'avec de grandes difficultés qu'on arrivait à trouver des moissonneurs pour faire les récoltes. Nous reproduisons la délibération prise le 17 thermidor par le conseil municipal, en réponse à la lettre du Directoire du district de Morlaix, en date du 12 du même mois.

« Considérant que cet arrêté déjoue toutes les intrigues de la malveillance, en mettant en réquisition les citoyens et les citoyennes qui sont dans l'usage de s'employer aux travaux de la récolte, en prononçant les peines les plus sévères contre ceux qui se refuseroient à cette réquisition et qui se rendroient coupables de toute coalition tendante à faire abandonner ou suspendre les travaux de la moisson ou exiger des prix arbitraires ; que les officiers municipaux sont responsables de son exécution, arrête, ouï l'agent national d’employer tous les moyens qui sont en son pouvoir pour l'exécution du dit arrêté de veiller soigneusement à ce que les cultivateurs n'accordent pas aux journaliers un prix excédant le maximum fixé par l'arrêté du Directoire ou district de Morlaix, de prendre toutes les mesures nécessaires pour la réunion de tous les dits journaliers à la place, arrêtant en conséquence que les officiers municipaux se trouvent alternativement, suivant l'ordre du tableau, tous les matins sur la Grande Place pour veiller à la pleine exécution de la loi.

Arrête de faire une publication pour enjoindre à tous les citoyens de la commune de se conformer scrupuleusement aux dispositions de la loi relative à la taxe des différentes denrées et marchandises ainsi qu'à la taxe des journées d'ouvriers ;

Invite les bons citoyens à dénoncer les infractions qui viendroient à leur connaissance à la municipalité qui ne cessera elle-même de surveiller et de poursuivre les abus de toutes espèces ;

Le conseil est dans la ferme intention de poursuivre les réfractaires suivant les rigueurs des lois et défend tout attroupement et rassemblement illégal sous les peines qui échoient » [Note : Reg. 25. Fol. 33-34.].

Le prix des journées des ouvriers et journaliers qui s'occupaient habituellement des travaux de la campagne ainsi que celui du transport de la récolte et de la location des voitures servant aux dits travaux avait été fixé, ainsi qu'il suit, par la municipalité, dans sa séance du 17 juillet 1794 :

- Sarcleurs et ouvriers pour ameloner le foin : 9 sols (si nourris), 1 livre 4 sols (si à leurs frais).
- Faucheurs : 1 livre 4 sols (si nourris), 1 livre 19 sols (si à leurs dépens).
- Scieurs de blé : 18 sols (si nourris), 1 livre 13 sols (si à leurs dépens).
- Batteurs de blé : 1 livre 10 sols (si nourris), 2 livres 5 sols (si à leurs dépens).
- La voiture, un charretier et 4 chevaux : 6 livres 15 sols (si nourris), 11 livres 5 sols (si à leurs dépens).

Des changements s'opérèrent en même temps dans le conseil municipal. Le citoyen Miorcec fut nommé maire en remplacement du citoyen Trobert, qui devenait instituteur de la langue française à Plougoulm.

« Le citoyen Ménez était nommé agent national, en remplacement du citoyen Le Bourguays.

Furent nommés officiers municipaux : les citoyens Michel, cultivateur et Varsavaux, marchand ;

Notables : Kervingant, Sévézen, Le Boulc'h, Combot, Le Hir, Cadiou, tous d'un civisme et d'un zèle reconnus.

Ces différentes nominations devaient être adressées pour approbation à la Société populaire et aux représentants du peuple à Brest ».

Quelques semaines auparavant, le 21 juin, le restant de la grosse cloche de la cathédrale, soit 1,920 livres, et dont il a été parlé plus par ailleurs, était expédié à Morlaix, ainsi que les cloches des chapelles de Keramprat et de Kerénec. En échange de ces cloches, la municipalité avait reçu antérieurement une pièce de canon ; bonne fortune pour les braves municipaux...

Le 3 août, le conseil général de la commune de Saint- Pol, croyant sans doute relever le prestige des officiers municipaux, arrêta qu'à partir de ce jour, ils siégeraient avec leurs écharpes et les notables avec un ruban tricolore à la boutonnière.

Le lendemain, 17 thermidor, an II (4 août), la municipalité était mise au courant des événements qui s'étaient passés à Paris lors du 9 thermidor, par une lettre du Directoire du district de Morlaix ainsi que par une proclamation de la Convention nationale sur la conspiration de Robespierre, Couthon et autres contre la République et par une lettre du comité du Salut public au représentant du peuple près les côtes de Brest.

Ici, il va nous être donné une fois de plus de voir la versatilité du conseil municipal de Saint-Pol qui prodiguait ses éloges à la Montagne et ratifiait ses plus extrêmes mesures.

Nous reproduisons textuellement cette partie de sa délibération.

« L'Assemblée, pénétré du saint enthousiasme de la Liberté, indigné des projets liberticides de Robespierre et de leurs vils satellites, transporté de joie des nouveaux triomphes que la République vient d'emporter, arrête oui l'agent national et au milieu des acclamations répétées de Vive la République, Vive la Convention de se transporter sur le champ dans les différentes rues et carrefours de cette commune pour donner aux citoyens connoissance officielle du nouveau succès que venoit d'avoir les vrais amis du peuple et de la juste punition d'infâmes conspirateurs » [Note : Reg. 25. Fol. 33].

« Le 3 fructidor, an II (21 août 1794), la citoyenne Leslay adressait une pétition au Directoire du district de Morlaix pour réclamer des effets qui lui appartenaient et lui avaient été enlevés à la mort de la veuve Launay chez laquelle ils se trouvaient. (Me Anne-Marie-Françoise de Coatanscours, veuve Launay de l'Etang, ex-comtesse, âgée de 65 ans, née au château de Kerjean, demeurant à Saint-Pol et sa belle-sœur, madame Suzanne-Augustine Barbier de Lescoet, veuve de Coatanscours, ex-marquise, âgée de 70 ans, née à Saint-Vougay, demeurant à Kerjean, avaient été toutes deux condamnées à mort le 9 messidor (27 juin 1794), par le tribunal révolutionnaire de Brest, et exécutées le même jour) ».

Le Directoire du district de Morlaix écrivit à la municipalité de Saint-Pol de vérifier les revendications de la citoyenne Leslay. Celle-ci ne pouvait invoquer d'autres témoignages que celui de deux anciens domestiques de la veuve Launay, Marie-Anne Merrien, ancienne cuisinière de la veuve Launay et le citoyen Pierre Caro. Ce dernier étant gravement malade, fut interrogé chez lui, et il déclara en effet « qu'à sa connaissance la citoyenne Leslay avoit dans l'ancienne demeure de la veuve Launay plusieurs effets qui lui appartenoient privativement et consistant dans un lit, une comode, quatre paires de draps et deux douzaines et demie de serviettes ».

Marie-Anne Merrien avait fait la même déclaration et signé sur le registre [Note : Reg. 25. Fol. 41].

On arrêta que copie de ce procès-verbal serait adressé à Morlaix.

Le lendemain, 4 fructidor, le conseil se réunissait de nouveau sous la présidence du citoyen Miorcec, maire, assisté des citoyens Conversy, Le Roux, Villeneufve, Le Bihan, Peychaud, Michel et Varsavaux, officiers municipaux.

Présent le citoyen Ménez, agent national.

C'est une séance très intéressante et fort instructive. On y voit ce que le conseil avait gagné à expulser les sœurs de hospice et à les remplacer par des laïques. Aussi bien, reproduirons-nous intégralement cette délibération du 4 fructidor (22 août 1794).

« Lecture prise d'une lettre du citoyen Kervengant, capitaine de visite, en date de ce jour mentionnant des plaintes faites par les malades de l'hôpital de cette Commune, le conseil considérant qu'il est urgent de vérifier les dites plaintes, considérant en outre qu'il convient surtout, vu le changement d'administrateur de constater l'état des différentes denrées de première nécessité qui existent dans le dit hôpital nomme ouï l'agent national, les citoyens Miorcec, maire, Le Roux et Michel, officiers municipaux, ainsi que les citoyens Varsavaux, Sévézen, et Ménez, agent national, pour descendre sur le champ au dit hôpital pour dresser état dont est cas conjointement avec le citoyen Rageul, administrateur.

Lecture aussi prise d'une lettre de l'agent national près le Directoire du district de Morlaix, en date du 28 thermidor, qui d'après la loi du 15 nivôse dernier et du 30 germinal, suivie d'un arrêté du comité du Salut public du 27 prairial demande compte et état des taxes révolutionnaires, emprunts, saisies, échange et de l'argenterie des églises et des dons volontaires destinés à être employés pour la défense de la Patrie ou à être versés au trésor public, nomme, ouï l'agent national, les citoyens Le Roux, Le Bihan et Le Hir pour remplir le vœu de la lettre cy-dessus mentionnée.

Fait et arrêté les dits jour et an. — Signé : Villeneufve, off. m.. Le Bihan, off. m., Conversy, off. m., Miorcec, maire, Ménez, agent nat., Varsavaux, off. m., Michel, off. m., Le Roux, off. m., Peychaud, off. m., Labbé, secrétaire greffier ».

En conséquence, de la délibération de l'autre part, nous, maire, agent national et officiers municipaux sus-dénommés, nous nous spmmes de suite transportés au dit hôpital, à l'effet de faire la vérification énoncée cy-dessus. En présence du citoyen Guillaume-Pierre Rageul, administrateur que nous avons installé en la dite qualité, et avons procédé comme suit :

GRAINS EXISTANT EN NATURE.
Un boisseau de seigle froment et un quart d'avoine.
Soixante livres de lard.
Beurre, néant.
Vin, néant.
Huile, néant.
Miel, néant.
Pain cuit jusqu'à dimanche pour les pauvres seulement. On sera obligé d'acheter celui pour les militaires malades.
Riz, néant.
Sucre, environ cent cinquante livres.
Neuf chandelles.
Quatre briques de savon.
Huit cents fagots.
Bois de corde, néant.
Environ huit charretées de landes.

BESTIAUX.
Trois vaches.
Trois génisses.
Un veau de huit jours.
Deux jeunes cochons.

LINGERIE.
Cent quarante sept draps usés.
Cent chemises d'hommes tant bonnes que mauvaises.
Trente huit chemises de garçons usées.
Cent quatre chemises de femmes usées.
Cent cinq chemises de filles usées.
Vingt douzaines de lin en bois.

PHARMACIE.
Néant.

Fait et arrêté sur les lieux en présence du citoyen Rageul, administrateur, qui signe avec nous les jour, mois et an que devant. Ce qui surprend le plus, c'est que dans cette expertise, pas le moindre blâme n'est infligé à l'administrateur de l'hôpital [Note : Reg 25. Fol. 43].

Le 6 fructidor, le conseil donnait lecture d'une lettre du Directoire du district de Morlaix en date du 3, « requérant les citoyens officiers municipaux de Saint-Pol de faire rendre sans délai au magasin du dit Morlaix la quantité de 300 quintaux avoine, 250 quintaux foin et 300 quintaux paille dont le prix sera payé aux propriétaires au taux du maximum.

Ouï l'agent national, le conseil délibérant arrêta de faire passer incesamment par voye de réquisition à Morlaix la quantité de 200 quintaux foin, et d'observer au reste à l’administration supérieure que la municipalité n'était point dans le cas d'envoyer les autres objets jusqu'à ce que la récolte ne fût plus avancée dans la commune ».

Dans la séance tenue le 7 fructidor, sur l'observation que l'hôpital se trouvait absolument dénué de denrées de première nécessité ; que les militaires et les indigents malades qu'il renfermait étaient à la veille de manquer de subsistance, la somme de 400 livres généreusement avancée par le citoyen Le Bihan, officier municipal, étant épuisée ;

Le citoyen Michel, officier municipal, fit offre d'une somme de 600 livres, à titre d'avance, pour subvenir aux besoins pressants d'un établissement précieux sous tous les rapports ;

« Sur quoy, le conseil délibérant, ouï l'agent national, accepta avec enthousiasme et reconnaissance les offres civiques du citoyen Michel et lui décerna acte du dépôt qu'il mettait entre les mains du citoyen administrateur Rageul » [Note : Reg 25. Fol. 44].

Le 14 et le 21 fructidor, an II (1er et 9 7bre 1794), nouvelles réquisitions de grains, faites par le Directoire du district de Morlaix avec injonction de livrer, au plus tard dans les 24 heures, au magasin des subsistances militaires 40 quintaux froment, de préférence en grains de la récolte de 1793. Comme la municipalité de Saint-Pol était autorisée à faire des réquisitions directes dans toute l'étendue du canton, le conseil, ouï l'agent national, arrêta que la commune de Saint-Pol fournirait 6 quintaux, Roscoff, item, Plouénan, 16 quintaux et Plougoulm, 12 quintaux pour former la totalité de 40 quintaux [Note : Reg 25. Fol. 46-47].

Les directrices laïques qui avaient remplacé les sœurs à l'hospice (15 septembre 1793) étaient au nombre de six, savoir :

La citoyenne Beuscher , principale directrice , à : 800 livres.
La citoyenne Le Gros, 2ème directrice, à : 560 livres.
La citoyenne veuve Dugay, 3ème directrice, à : 540 livres.
La citoyenne Jégou, Ve Mériadec, 4ème directrice, à : 540 livres.
La citoyenne Quéméneur, cuisinière, à : 400 livres.
La citoyenne Lojou, fille de cuisine, à : 200 livres.

On a vu par ailleurs comment les choses se passaient à l'hospice sous le régime laïque. Sur les plaintes répétées des malades et des infirmes de l'établissement, en présence du désordre et du gaspillage qui y régnait, le conseil général se crut enfin obligé de faire un appel au dévouement des anciennes directrices. Après s'être adressé au Directoire du district de Morlaix, puis à l'administration supérieure de Quimper pour en obtenir la réinstallation des sœurs à l'hospice, le conseil général, par suite d'un arrêté du Département, en date du 3 thermidor, an III (22 juillet 1795), autorisait les religieuses de Saint-Thomas de Villeneuve à reprendre leur ancien poste [Note : Reg. 27. Fol. 105-107].

(abbé J. Tanguy).

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