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RIOUST DES VILLES-AUDRAINS

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RIOUST DES VILLES-AUDRAINS, « LE LÉONIDAS BRETON », Jacques-Pierre Rioust des Villes-Audrains, qui devait mériter le surnom de « Léonidas Breton », naquit à Ploërmel le 3 février 1725, fils de Dominique Rioust, seigneur des Villes-Audrains, en Matignon, alors receveur pour la compagnie des Indes à l’entrepôt des tabacs à Ploërmel, et changeur royal (banquier), au département de Ploërmel, et d'Anne-Françoise Nicolas de la Motte-Colas dame du Pont-Brûlé, également en Matignon [Note : Voici la copie de son acte de naissance tel qu’il existe aux archives de Ploërmel : « Le 4 février 1725. Jacques-Pierre Rioust, fils de M. Dominique, receveur pour la Compagnie des Indes à l’entrepôt du tabac à Ploërmel, et de dame Anne-Françoise Nicolas, son épouse, a été baptisé par moy soussigné, recteur, et né le jour d’hier. Parrain : noble homme Pierre Guimar, sieur de la Grée (Pierre Guimar, sieur de la Grée, né en 1680, fils de Mathurin, sieur de la Grée, chirurgien à Ploërmel et de Anne Thoreau) ; marraine : demoiselle Jacquette Couëry. Présents, les soussignants : signé Pierre Guimar, Jacquette Couëry, Roulette Fily, Marie-Anne-Robert Rioust, Guillemin Rioust, Jeanne Rioust. — R. Pogam, recteur »]. Son père mourut à Ploërmel en 1735 et fut inhumé dans la chapelle des Ursulines. Après avoir fait ses études à Rennes, au collège des P. Jésuites, il alla demeurer chez sa mère à Matignon, au petit manoir du Pont-Brûlé, situé dans un des faubourgs de cette ville. 

En juin 1758, il était du nombre des volontaires bretons qui attaquèrent les Anglais débarqués à Cancale et les forcèrent à se rembarquer le 17 juin. Ceux-ci tentèrent, deux mois après, une nouvelle invasion en Bretagne ; et le dimanche 3 septembre une flotte anglaise de cent-vingt navires, commandés par l’amiral Howe et ayant à bord une armée de quinze mille hommes sous les ordres du général Bligh, parut devant le Dahouët et Pléneuf ; puis, tournant le cap Fréhel, elle débarqua sur le territoire de Saint-Briac, le 4 septembre dans l’après-midi, dix à douze mille hommes, dont deux-cents dragons à cheval, qui se portèrent sur Dinard. S’étant trouvés en présence des grenadiers du régiment du Boulonnais, qui avait pour colonel le comte de la Tour d'Auvergne et comptait dans ses rangs des gentilshommes volontaires, parmi lesquels étaient le marquis de Cucé, le marquis de Montaigu, le comte de Fournier de Varennes, MM. d'Assy, Grout, Trauchaut des Tullais, Péan de Pontphily, ils se replièrent sur l'Arguenon, dont ils voulurent tenter le passage à gué afin de gagner Lamballe et Saint-Brieuc.

La rivière de l'Arguenon, qui prend sa source près de Colinée et alimente l’étang de Jugon, se jette dans la mer au Guildo par un large estuaire qui forme un golfe entre les falaises de Saint-Jacut et de Saint-Cast. Un peu avant d’arriver à son embouchure, la rivière se rétrécit, entre les deux rives du Guildo, et on pouvait à marée basse la traverser à gué, le pont jeté à cet endroit n’ayant été achevé qu’en 1864 ; mais ce gué, sur fond de vase et de sable changeait à chaque marée et était par là-même dangereux.

Le général Bligh envoya pour le reconnaître et le sonder une escouade de deux-cents fantassins et de soixante dragons qui s’établit au couvent des Carmes, sur la rive gauche de l'Arguenon, au Guildo, où ils furent rejoints par l'Etat-Major anglais, tandis que le gros de l’armée se massait aux alentours. Ayant arrêté un propriétaire du pays, M. de la Chouë de la Mettrie, qui demeurait au manoir de la Chesnaie, en la paroisse de Trégon [Note : Maurille-Alexis de la Chouë de la Mettrie, né à la Mettrie, en Trégon en 1723, qui épousa à Monterrein en 1780, Renée du Boisbaudry, de la Haute-Touche, et fut fusillé par les Républicains près de Trégon le 26 pluviôse an III (17 mars 1792) il eut postérité], ils l’interrogèrent sur les distances du Guildo à Matignon, à Lamballe et à Saint-Brieuc ; et, voyant qu’il voulait les tromper, l’emmenèrent au couvent des Carmes pour le pendre. M. de la Mettrie, profitant de l’obscurité, réussit à s’échapper ; puis, traversant le gué, il alla prévenir le recteur de Matignon, M. le chanoine Félin, de l’intention qu’avaient les Anglais de passer l'Arguenon au Guildo. Bien qu’il fût environ neuf heures du soir, l’abbé Félin fit communiquer cette nouvelle à M. Rioust des Villes-Audrains. Celui-ci résolut de tenter de s’opposer à ce passage avec quelques volontaires. Il réunit ses domestiques, ses fermiers et ceux du voisinage, convoqua des habitants de Matignon, et dès le matin, du vendredi 8 septembre, il se trouva à la tête de 150 hommes environ, dont MM. de la Motte de la Ville-ès-Comte, Sohier de Vaucouleurs, Beauvais de Prémorvan, de la Lande de la Planche. Comme c’était le jour de la fête de la nativité de la Sainte-Vierge, la petite troupe entendit la messe du recteur à trois heures du matin ; et, armée de mauvais fusils, elle se porta sur le Guildo, distant de cinq kilomètres de Matignon. En même temps Rioust envoya des messagers prévenir de l’arrivée de l’armée anglaise le duc d'Aiguillon, qui se trouvait avec ses troupes près de Saint-Brieuc et les gouverneurs de Saint-Malo et du Fort-la-Latte.

Arrivés au Guildo, Rioust et ses volontaires occupèrent les maisons le long de la rivière et se postèrent derrière les murs des jardins de la rive gauche de l'Arguenon. Puis, quand au petit jour, les Anglais, profitant de la marée basse essayèrent de franchir le gué, ils tirèrent sur eux de nombreux coups de fusil, qui étonnèrent les ennemis et les empêchèrent d’avancer. Puis ignorant le peu d’importance de la troupe qui gardait le passage, ils firent venir trois canons qui tirèrent sur les maisons occupées par les défenseurs du gué. Ceux-ci ripostèrent de leur mieux et une de leurs balles brisa une des vitres d’une des fenêtres du couvent des Carmes, au-dessus de la tête du prince de Galles, le futur roi d'Angleterre Georges III, qui s’était établi chez les Carmes avec son Etat-Major.

Les journées des 8 et 9 septembre se passèrent dans cette fusillade réciproque. Mais un traître, un mendiant de Pluduno, nommé Grumellon, ayant révélé aux Anglais le petit nombre des défenseurs du gué, leurs douze mille soldats osèrent attaquer ces deux-cents hommes mal armés ; et, vers cinq heures du soir, le samedi 9 septembre, ils traversèrent l'Arguenon en deux colonnes, tandis que Rioust et sa vaillante petite troupe se dispersaient à travers champs.

Dans toute cette affaire, M. Rioust avait trouvé un aide spécial en l’alloué de Matignon, nommé Robillard, dont la famille occupa depuis et pendant cent-cinquante ans la ferme de Trébressan, en Hénanbihen.

Le résultat de ce retard de deux jours imposé à l’armée anglaise fut immense ; il permit à l’armée du duc d'Aiguillon d’arriver à marches forcées et de livrer le lundi 11 septembre dans les dunes de Saint-Cast, la célèbre bataille où les Anglais furent mis en complète déroute.

Ceux-ci, après avoir franchi l'Arguenon, avaient incendié toutes les maisons de la rive gauche ; puis, pillant et brûlant les fermes et les récoltes, occupé Matignon, où ils avaient ruiné en partie le manoir du Pont-Brûlé, demeure de celui qui leur avait opposé une si héroïque résistance. De là, apprenant l’approche des troupes malouines et de l’armée bretonne, ils s’étaient repliés sur Saint-Cast, afin de se rapprocher de leur flotte.

Pendant ce temps, Rioust et ses volontaires s’étaient retirés au village de Saint-Gueltas, en Hénansal, et avaient couché le 10 au soir à Monbran, d’où ils avaient gagné Saint-Cast pour prendre part à la bataille du 11.

L’on connaît les détails de ce combat si glorieux pour la Bretagne. Les résultats de cette victoire, qui n’avait été rendue possible que par l’héroïsme de Rioust des Villes-Audrains et de ses compagnons, furent considérables à tous les points de vue. La leçon fut rude et profitable aux Anglais qui n’osèrent plus tenter de débarquement sur les côtes de Bretagne si énergiquement défendues.

Rioust des Villes-Audrains mérita par son glorieux fait d’armes le surnom de « Léonidas Breton » . Il avait eu dans la bataille son fusil coupé par une balle et une foulure à la main droite. Le soir de cette victoire, le duc d'Aiguillon, voulant lui faire honneur, alla coucher dans sa maison du Pont-Brûlé. Cette maison existe encore au début du XXème siècle et appartient alors à la famille Augier de Lohéac [Note : Le Pont-Brûlé avait été acheté vers 1810, par François Bellebon, sieur de Canlou, receveur de l’enregistrement et des domaines à Matignon, époux d'Isabelle Juguet, et dont la petite fille Marie-Elisabeth-Anne Bellebon de Canlou, épousa en 1883 Alfred Angier de Lohéac, qui est mort en 1912, laissant postérité à Mauron].

Rentré dans la vie civile (il n’avait été militaire que le temps de devenir un héros), M. des Villes-Audrains, épousa à Quintin le 18 juin 1760, Guillemette Hénault, dame de Robien. Sa mère mourut aux Villes-Audrains en 1763, et fut inhumée dans l’église de Saint-Germain-de-la-Mer. Il se fit inscrire comme avocat au Parlement et sollicita une lieutenance de cavalerie, qui lui fut promise, mais qu’il n’obtint pas. Il demanda également en 1778 des Lettres d’anoblissement, qui ne furent accordées qu’à son fils en juin 1816.

Voici la lettre qu’il écrivit de Quintin le 17 juillet 1778 à M. Penaud, ingénieur des Ponts-et-Chaussées, pour le prier d’appuyer sa demande d’anoblissement : « Le jeudi, 7 septembre 1756, après-midi, un parti de dragons anglais allant du camp de Saint-Briac au Guildo, rencontra M. de la Chouë de la Mettrie, le fit prisonnier et l’emmena au couvent des P. Carmes du Guildo, où il fut interrogé sur les distances et les moyens d’accès de Lamballe et de Saint-Brieuc. Puis ce parti de dragons sonda le gué du Guildo et regagna le camp de Saint-Briac, emmenant M. de la Chouë qui parvint à s’évader. Il trouva au village de Sainte-Brigitte, entre le Guildo et Matignon, l’abbé Félin, chanoine de Matignon et chapelain de Sainte-Brigitte, auquel il fit connaître le projet des Anglais de traverser le lendemain le gué du Guildo. L’abbé Félin se rend dans la nuit chez moi et me fait part de ce projet. Je réunis en hâte quelques voisins et nous décidons de nous rendre de suite au Guildo pour essayer d’empêcher l’ennemi de passer. Nous recrutons en chemin beaucoup de paysans et nous étions soixante à quatre-vingts en arrivant au Guildo. Là, je postai mes compatriotes dans les jardins et les maisons du port. Les Anglais arrivèrent vers huit heures du matin le vendredi 8 ; et le feu commença des deux côtés. Dans l’après-midi les ennemis amenèrent trois canons, dont ils foudroyèrent le Guildo. Ils voulurent faire passer les dragons par un gué près de Quatrevaux ; un homme que j’avais posté sur une hauteur s’en aperçut et vint m’en avertir. Je courus avec vingt hommes et les arrêtai. Enfin nous arrêtâmes l’armée anglaise, forte de 13.000 hommes du vendredi matin au samedi soir.

J’avais envoyé des émissaires au duc d'Aiguillon et à plusieurs châtelains du voisinage, dont quelques-uns étaient venus me rejoindre : MM. de la Villès-Comtes, de Vaucouleurs, de la Planche, le Chevalier de Prémorvan.

L’ennemi parvint enfin à passer le gué le samedi à cinq heures du soir et campa entre le Guildo et Matignon. Moi, je rentrai dans ma maison à Matignon, où je reçus M. de Balleroy, capitaine du château de la Latte et M. de Marbœuf.

Dès le dimanche matin nous aperçûmes du haut de la tour de ma maison les ennemis qui s’avançaient sur deux colonnes sur Matignon. Nous nous retirâmes alors ; moi, n’emportant que mon fusil, et nous allâmes trouver l’armée du duc d'Aiguillon qui était à Saint-Potan. Pendant ce temps, les Anglais envahissaient Matignon ; et le général anglais Bligh s’établit dans ma maison, dont il fit son quartier général.

M. d'Aiguillon me demanda des renseignements sur le nombre des ennemis, les routes et les villages existants entre Saint-Potan et Saint- Cast, et m’incorpora à la compagnie de M. de Broc, avec lequel je pris part le lundi 11 septembre à la bataille de Saint-Cast. Le sort de cette victoire je ramenai le duc d'Aiguillon coucher dans ma maison ; mais les Anglais avaient pillé et saccagé les provisions et les meubles, coupé les arbres fruitiers et incendié deux milles gerbes de froment.

Aux Etats de 1758, M. de la Lande de la Planche [Note : M. de la Lande, seigneur de la Planche, en Saint-Denoual], reçut, comme volontaire à Saint-Cast, une pension, et M. de la Ville-ès-Comtes [Note : M. de la Motte, seigneur de la Ville-ès-Comtes, en Trégon] 3.000 livres d’indemnité, sa maison ayant été pillée. M. de Vaucouleurs [Note : Guillaume-Louis-Malo Sohier, seigneur de. Vaucouleurs, en Trélivan, capitaine, anobli en 1763, " pour services signalés aux combats de Saint-Cast ", et nommé lieutenant de vaisseau en 1778], obtint des Lettres de noblesse. J’aurais pu aussi demander des Lettres de noblesse, mais je préférai, vu mon âge, demander une lieutenance de cavalerie, qui me fut promise. De fait, je ne reçus rien, ni nomination, ni dédommagement pour les pertes que j’avais subies. Je ne demande pas de dédommagements, pouvant m’en passer ; mais je crois avoir mérité des Lettres d’anoblissement, que je sollicite de M. l'Intendant pour l’avancement de mes enfants ».

L'Intendant, par lettre du 1er août 1779 appuya cette demande près du ministre de la guerre : « Reconnaissant que le sieur Rioust des Villes-Audrains mérite les Lettres d’anoblissement qu’il réclame à titre de récompense ; et qu’il est d’autant plus convenable de lui accorder qu’il est d’une famille distingué, et que sa fortune, qui est de 5 à 6.000 livres de rentes, le mettra en état de soutenir cette qualité ».

Note : M. Rioust des Villes-Audrains ayant vaillamment repoussé en 1758 les Anglais sur les côtes de Saint-Cast, et ayant ensuite écrit une intéressante relation de ce fait d'armes, son fils fut anobli en 1818 (1816 ?) en mémoire de ces services rendus à la patrie. Le Roi lui donna pour armes : D'azur au coq d'argent, crêté, barbelé et membré de gueules, accompagné de trois étoiles d'or, et pour devise : Cantat pugnatque vicissim, en souvenir du combattant et du narrateur (Guillotin de Corson)

Le fils du « Léonidas Breton » fut enfin anobli en juin 1816.

En 1904, le Conseil municipal de Matignon décida de donner le nom de Rioust des Villes-Audrains à l’une des principales rues de la petite ville ; et le statuaire Guéniot a fait la maquette d’une statue du héros qui doit être érigée sur la place centrale.

En 1909, la ville de Ploërmel, sa ville natale, a donné son nom à une des rues.

Jacques Rioust des Villes-Audrains n’avaient eu qu’un fils :

Frédéric Rioust des Villes- Audrains, né à Quintin le 17 juin 1764, qui épousa Agathe de Lesquen de la Ménardais, dame de l'Argentaie, et fut anobli par Lettres royales du 22 juin 1816. Son fils, Frédéric Rioust de Largentaie, fut député des Côtes-du-Nord (aujourd’hui Côtes-d’Armor) de 1842 à 1856 ; place qu’ont occupé son fils de 1871 à 1886 et son petit-fils depuis 1884 (M. de Bellevue). 

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