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L'HOTEL DE VILLE DE RENNES

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Lors du terrible incendie du mois de décembre 1720 qui ravagea la ville et la consuma presque entièrement, la maison commune ou hôtel de ville, située en dehors du foyer de l’incendie avait été préservée.

Robelin, ingénieur de la marine, fut désigné par le roi Louis XV pour dresser le plan de reconstruction de la ville, ce plan fut approuvé par arrêt du Conseil d'Etat du 12 août 1723, ordonnant qu’il serait exécuté.

Hôtel de Ville de Rennes (Bretagne)

Dans ce projet, Robelin prévoyait une place neuve dans le quadrilatère formé par les rues actuelles de l'Hermine, de l'Horloge (anciennement rue de Pezé), rue de Volvire et le prolongement de la rue d'Estrées.

Mais Robelin auquel la Communauté et des particuliers suscitaient de nombreuses difficultés dut demander son remplacement. 

Le Roi envoya à Rennes le contrôleur général de ses bâtiments, Jacques Gabriel [Note : Jacques Gabriel est né à Paris en 1667, il est mort en 1742 ; il était l’élève de Mansard, il fit partie de l'Académie d’architecture (1699) ; il fut Inspecteur général des bâtiments royaux et des manufactures royales et premier Ingénieur des ponts et chaussées du royaume] pour continuer l’oeuvre abandonnée par Robelin. Celui-ci modifiant en partie les plans de son prédécesseur, propose la suppression de cette place et suggère de construire des maisons sur l’islot réservé par Robelin. Cette proposition fut rejetée par la Communauté.

Jacques Gabriel, inspecteur général des bâtiments royaux à Rennes (Bretagne)

Le 1er janvier 1725, le maire de Rennes, Rallier du Baty, donne communication à sa compagnie d’une délibération des Etats de Bretagne « faisant don à la Ville de 300.000 livres, en conséquence de l’incendie à la fin de 1720 pour être employé aux ouvrages et édifices publics qu’il est nécessaire de rebâtir ».

« Ce même jour, après avoir appelé les sieurs Chevalier et Huguet fils, architectes à Rennes, la Compagnie est d’avis de demander que la place neuve formée dans le plan dudit sieur Robelin fût laissée vide en l’état qu’elle y a été projetée sans y bâtir aucun îlot comme l’a proposé le sieur Gabriel ».

La Communauté désirait avant toutes choses la reconstruction de la tour de l’horloge public, et le 22 février 1725 elle demande « le rétablissement de la tour, mais elle estime qu’à l’égard de la manière de la faire, il serait inutile et prématuré de la proposer jusqu’à ce que le dessin ait été approuvé ».

Elle demande en outre que la somme de 300.000 livres accordée par les Etats soit employée :

« 1° Pour le rétablissement de l’horloge public ;

2° Pour celui des fontaines publiques ;

3° Pour rendre la rivière navigable toute l’année au moins depuis Rennes jusqu’à Messac, entrepôt de Redon ».

La Communauté de ville voulait la reconstruction de la tour, mais ne voulait que cette reconstruction ; elle ne pensait pas édifier un bâtiment pour le Présidial et encore bien moins construire un hôtel de ville, celui qui existait près la place Saint-Pierre, rue de la Vieille-Monnaie et qui avait été préservé de l’incendie lui suffisait.

C’est alors que le roi Louis XV, par arrêt du 3 août 1725, ordonne que les plans et projets des nouveaux édifices publics seront faits par le sieur Gabriel qu’il nomme directeur général pour le rétablissement des édifices publics de la ville de Rennes, capitale et principale ville de la Bretagne. Gabriel était contrôleur des Bâtiments de Sa Majesté, premier ingénieur des Ponts et Chaussées de France.

Quelques mois après, Gabriel, abandonnant en partie son idée de bâtir des maisons sur la place, propose « la construction au milieu de la place neuve d’une tour pour y placer l’horloge public, il y conserverait une place octogone qui aurait quatre entrées par lesquelles on verrait cette tour depuis le pied en passant, et que la Ville profiterait en même temps de quatre îlots dans les encoignures sur lesquels on construirait des maisons élevées d’un rez-de-chaussée, un entresol, un premier étage et comble ».

Ce projet donnait satisfaction à la Communauté puisqu’il prévoyait la construction immédiate de la tour de l’horloge, et le 30 septembre 1725, elle l’approuvait en ces termes :

« L’idée et le dessein dudit sieur Gabriel est très beau et très utile à la Ville de Rennes, les emplacements dans les quattre islots très-bien distribuez, d’autant plus encore que les maisons qui doivent composer ces quatre islots n’ayant que des boutiques et entresolles au-dessus et un étage seulement avec un comble et par conséquent étant basses n’opposeront point l’horloge public de se faire entendre, laisseront presque autant d’air aux maisons des particuliers qui bâtissent actuellement qu’ils en avoient auparavant et forment une place octogone fort régulière ».

Ce projet était déplorable, il était petit, mesquin, et n’eût laissé qu’une place exiguë, resserrée, sans aucun caractère, il fut abandonné pour des raisons que, si nous ne les avions relevées dans le registre des procès-verbaux de la Communauté, nous croirions de la légende ; en effet, on lit dans le procès-verbal du 5 juin 1726 : « Le plan qui avait été proposé de faire au dedans de la place royale quatre islots dans les quatre encoignures composés de maisons qui n’auraient qu’un rez-de-chaussée, entresol, premier étage et comble seulement, en quoi il se trouvait un inconvénient qu’on ne pouvait donner parce que les maisons qui sont dans le pourtour de cette place seront beaucoup plus hautes auraient été fort incommodées par les fumées qui proviendraient des cheminées de ces quatre îlots, que pour s éviter cet inconvénient, dans la nécessité qu’il y a de bâtir un présidial qui doit se faire aux dépens de Sa Majesté, où les Etats de la province pourraient se tenir commodément, et un hôtel pour le logement du Commandant de la province, on a dressé un nouveau plan qui divise cette place en deux parties égales séparé par deux grandes entrées, dans les deux côtés de laquelle régneront deux grands édifices, et au milieu de l’un desquels édifices qui est celui projeté pour le présidial, il sera une tour qui fait partie du corps de ce bâtiment, en saillie d’environ deux toises sur le devant de la place, tour dans laquelle doit être placé l’horloge public, et deux fontaines dans les encoignures de cet édifice, en saillie sur la place. De l’autre côté de cette place et en parallèle de ce bâtiment, il y en aura un autre destiné pour le logement du Commandant ».

Et dès ce moment, on voit apparaître que l'Intendant gouverneur de la province voulait construire un bâtiment pour remplacer le Présidial incendié, et un hôtel pour le logement du Gouverneur, et il voulait que ces bâtiments soient construits avec les 300.000 livres accordées par les Etats pour la reconstruction des ouvrages et édifices publics.

La Communauté accepta en partie la proposition du Gouverneur et le pria de demander à Gabriel un projet pour la construction d’un bâtiment qui pût servir au Présidial et à l’ornement de la place.

Le 8 octobre 1728, Gabriel remit au Gouverneur les plans et dessins datés du 6 octobre pour la reconstruction du Présidial et de la tour de l’horloge au nord de la place neuve, ces bâtiments aspectés au midi, avec deux pavillons en retour à l’est et à l’ouest, la façade nord de ces bâtiments bordant la rue de l'Hermine, tels d’ailleurs qu’ils sont indiqués sur le plan de reconstruction de la ville par Forestier, de 1728.

Ce projet très étudié et prêt à l’exécution comprenait :

« Le plan des fondations et caves du bâtiment du Présidial et de la tour de l’horloge, le plan du rez-de-chaussée et entresol, le plan du premier étage, le plan de l’étage d’attique, le plan des balustrades et combles, les élévations, les divers plans de la tour de l’horloge ; le plan et élévation des fontaines de la place neuve ».

« Il prévoit aussi le plan d’un emplacement à acquérir pour l’hôtel du Commandant, au sud de la place, et un mémoire pour la conduite qui amènera les eaux des douves et du vivier Louis ».

Hôtel de Ville de Rennes (Bretagne)

Dans ce projet, il n’est nullement envisagé la construction d’un bâtiment pour l’hôtel de ville et cela se comprend, car l’hôtel de ville situé rue de la Vieille-Monnaie bien qu’incommode et en piètre état suffisait aux besoins de la Communauté.

Comme suite à ce projet, la Communauté, sur la proposition du maire Rallier, décida le 20 décembre 1728 « que la Tour de l’horloge soit démolie pour mettre le sieur Ecolasse et autres en état de construire des maisons dans leurs emplacements ».

L’adjudication eut lieu le 28 avril 1729 à Legué et la démolition fut achevée la même année. Mais l’idée de construction d’une tour pour l’horloge publique, isolée au milieu de la place n’était pas complètement abandonnée par la Communauté et nous avons trouvé dans les archives un projet et un mémoire sans date et non signé que l’auteur décrit ainsi :

« MÉMOIRE instructif pour le Bâtiment de l'Orloge public et de trois fontaines qu’on propose de faire dans la place neuve de Rennes.

PREMIEREMENT

On croit qu’il serait bon de bâtir cet orloge dans le milieu de la dite place, en suivant, au surplus, les projets du sieur Gabriel pour le bâtiment du présidial ; ledit orloge étant construit suivant les plans, coupes et élévation cy-joints fera la décoration de cette place, et servira de monument public ; on y trouve deux utilités : celle de se faire entendre de loin, étant isolé, et celle d’être posé presque au milieu de l’enceinte de la ville, et d’y trouver trois fontaines publiques éloignées du présidial et des maisons, auxquelles elles causeraient beaucoup de bruit et ces fontaines, outre leur utilité, feraient une décoration très agréable par leur construction.

Le plan de cet édifice est de figure octogonalle, dirigé suivant les points cardinaux du monde, comme est le plan ; dans les quatre faces opposées seront des colonnes accouplées, d’ordre ionique avec leurs pilastres, posées sur les Dez ; on a choisi cet ordre, comme le plus solide, après le Dorique et qui peut souffrir les décorations qu’on ne peut admettre à ce dernier.

Le piédestal ou stilobate qui portera les colonnes et le surplus de l'Edifice, est composé avec toute la solidité possible, et décoré d’assises alternatives de Rocaille et de Rustique, ainsi que les niches, comme il se pratique pour les fontaines, avec des Masquarons qui serviront à donner l’eau dans une coquille et qui tombera dans un bassin, jusqu’à remplir à trois pouces près du niveau de son bord, et d’où elle coulera pour se perdre par un tuyau dans les conduits publics afin que les pavés soient toujours propres et sans glaces sur le pavé l’hiver.

Ce piédestal sera orné sur chaque niche des fontaines, sur l’une par les armes du Roy, sur l’autre, par celles de Monseigneur le comte de Toulouze, sur la dernière, par celles de la Province, et sur la porte, on y mettra les armes de la Ville, le tout en sculpture de Taillebourg bien exécutée.

Sur les faces au-dessous des colonnes, seront des Masques de fleuves ornez de festons de coquillages, pour orner ces parties.

On a tâché de saisir dans ce nouveau projet, choses qui font l’essentiel d’un beau et parfait bâtiment, scavoir : la décoration gracieuse, la solidité et la commodité, sans aucune répétition d’ordre d’architecture ; en effet, rien n’est plus Majestueux, dans un édifice public qu’un seul ordre et rien n’est plus mesquin lorsqu’on les répète sans nécessité quoy que différeras entr’eux ; on peut ajouter que la commodité s’y trouve entièrement par l’escalier à vis à jour qui montera depuis le rez-de-chaussée jusqu’à la chambre des Rouages, sans répétition de voûtes n’y de planchers d'Etage en Etage ; le jour de cet escalier sert très utilement pour passer les contrepoids des mouvements, qui auront toute la hauteur de l’édifice à descendre. Cet escalier sera de pierre de grain ; les marches seront posées en feuilleures les unes sur les autres et porteront noyeau à leur teste suivant le plan de leur rempant.

On observera de faire dans les murs circulaires de la cage de cet escalier, quatre sièges de pierre de grain en niches, pour s’y reposer, et quatre autres petites niches pour pouvoir y mettre des lumières la nuit en cas d’incendie, lors qu’on est obligé de sonner le tocsin ; les dites niches seront espacées à distances égalles sur la hauteur de l'Edifice depuis le rez-de-chaussée jusqu’à la chambre des Rouages et on mettra audit escalier une rampe de fer du haut en bas très solide.

Ledit escalier sera voûté en cul de four à jour pour porter la chambre des Rouages, cette chambre sera éclairée par quatre lucarnes en glacis, qui ne paraissent point ou peu par dehors.

On montera de ladite chambre sur la platte forme de l’orloge par un escalier de bois, avec ses apuis et balustres au haut duquel il y aura une trape en écoutille, couverte de plomb, à recouvrement, retenue avec des pantures et des gonds, cette trape se lèvera par le moyen d’un contrepoids, lorsqu’on sera obligé d’y monter.

On a laissé des jours pour éclairer cet escalier des quatre costés, et donner de l’air aux câbles des contrepoids, et on donne à ces jours, à l’endroit des colonnes, la figure de médaillons, comme il se pratique en pareil cas pour plus de décoration on pourra les orner avec des panneaux de fer d’un dessein gracieux et les vitrer si on le juge à propos, faisant des panneaux qui s’ouvriront à chaque médaillon.

Le tour de cet édifice sera orné de trois marches de pierre de grain au rez-de-chaussée qui formeront une estrade circulaire qui sera défendue par un rang de heurtoirs à l’exception du devant des fontaines qu’on laissera libre pour l’utilité publique.

Le couronnement et comble de fer d’assemblage de bonne grosseur et qualité, qui portera le timbre et les appeaux, paroît convenable à un orloge, parce qu’il laisse le son plus libre et ne reçoit point, ou peu, l’impression des coups de vent, et est d’une décoration légère à l’œil ; il sera aussy d’une grande solidité par ses trois enrayures et par son assemblage, les consoles qui en sont les pièces principales, seront insinuées et contenues dans le socle de pierre de grain de deux pieds de profondeur, et cette partie des consoles sera couverte et revêtue d’une chaussure de métal d’un pouce d’épaisseur et qui excèdera de trois pouces le dessus du socle, le tout couvert de plomb bien soucié à recouvrement, pour empescher que les sels de la pierre de grain et l’humidité ne fassent rouiller et périr par laps de tems les dites consoles, ce qui n’arivera certainement pas en prenant cette précaution, et en donnant, de trois ans en trois ans, une impression de noir à l’huile sur le tout dudit assemblage de fer.

La platte forme sera couverte de plomb posé sur une bonne chape de ciment d’un pied de hauteur battue et réduite à neuf pouces d’épaisseur selon les règles des citernements, elle sera faite convexe pour l’écoulement des eaux qui tomberont sur le pavé de la place par huit gargouilles, l’impérialle, la boule et la flèche qui terminent l’ouvrage seront couverts de plomb bronzé sur les costés, ou doré, si l’on veut, ainsi que la girouëtte.

On met aussy quatre cadrans au dit édifice, soit pour marquer les heures, les jours des mois, ou telles choses curieuses et utiles qu’on voudra.

Cet édifice doit être bâti sur un bon solide de maçonnerie de pierre de cahot avec mortier de chaux vive et sable neuf, le piédestal sera de pierre de grain, y compris la corniche ; les rocailles des assises et des niches seront de Taillebourg, ainsy que les ornements ; le surplus sera aussy tout de Taillebourg, posé en parement des boutisses et couvantes, et le derrière de bonne maçonnerie de pierre de cahot, à l’exception des colonnes qui seront toutes de Taillebourg.

La cage de l’escalier sera de maçonnerie de pierre de cahot, dont le parement intérieur sera de moëlon piqué, avec des assises de pierre de grain de dix pieds en dix pieds, sur un pied de hauteur pour plus de liaison et de solidité.

Comme on ne propose cet édifice que pour procurer l’avantage de la ville par ce nouveau projet qu’on peut exécuter sur le champ et avec bien moins de dépense que celuy qu’on propose de faire en bâtissant le Présidial, on est persuadé que les personnes zellées pour le bien de la Ville de Rennes l’auront agréable, avec d’autant plus de raison qu’il est insusceptible d’aucun embrasement, on entrera dans le détail de cet édifice par un devis très exact, et raisonné, s’il a le bonheur de plaire et on en fera l’estimation juste si on le souhaite.

A Rennes, le .. ».

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Ce projet est accepté et signé par le maire Rallier, mais il est vivement combattu par Gabriel qui écrit à M. De La Tour, intendant, le 11 septembre 1729 :

« J’ai vu le nouveau dessein pour faire une tour isolée dans la place neuve, ç’a été ma première idée, S. A. S. le Premier Ministre en a aussi approuvé le dessin et l’état de dépense, MMrs. de la Communauté me firent proposer un grand bâtiment qui put servir au Présidial et à l’ornement de la place, au-dessus duquel on élèverait cette tour pour l’horloge ; j’en saisis la proposition comme la meilleure et la plus convenable, et j’en fis les desseins que j’ai eu l’honneur de vous laisser et qui furent approuvés par la Communauté, de Mgr le Maréchal d'Estrées et de Messieurs les Commissaires des Etats, ainsy je persiste dans l’exécution de ce projet, l’autre serait un colifichet dont la lanterne de fer ne pourrait résister aux vents et aux tempêtes... d’ailleurs, elle n’est pas à beaucoup près assez élevée pour que ce timbre se fit entendre dans toute la ville et ce timbre serait trop faible ».

Et plus loin, il ajoute :

« Ce n’est pas d’aujourd’hui que je vois ces variations à Rennes, Mr le Maire qui est à la teste de la communauté est un très honneste homme bien zélé pour le bien public, mais naturellement inquiet, et si je ne m’étais roidy contre les différentes oppositions au sujet du Pallais, je n’y aurais pas fait se qui est et je n’aurais pas rectifié le mauvais état de ce batiment et la mauvaise disposition de la place. Je vous conseille donc, Monsieur, d’en faire de même et de déterminer votre adjudication de cette tour de l’horloge suivant les desseins que j’ay eu l’honneur de vous laisser et suivant le devis que j’en ay fait. On ne peut pas comprendre le batiment du Présidial dans l’adjudication et le remettre au tems où il se trouvera des expédiens pour les fonds. Ce bastiment mesme peut se réduire si on le trouve trop grand pour l’usage auquel on le destine et on pourra se contenter d’un costé pour rédiger toutes les dispositions, et employer l’autre costé à des maisons particulières de fond en comble qui seront toujours d’un bon débit à cause de la place où sera l’hostel du Commandant et la juridiction du Présidial ».

La Communauté n’est pas convaincue par l’argumentation de Gabriel, elle ne pense qu’à la tour de l’horloge, elle ne veut que la tour, le bâtiment du Présidial ne l’intéresse que peu, et elle accepte toutes les propositions que l’on peut lui faire concernant la construction d’une tour de l’horloge.

Le maire Rallier avait approuvé un projet de tour quadrangulaire, et cependant, le 9 septembre 1729, il soumet à sa compagnie un nouveau projet dressé par Huguet, architecte à Rennes : « Mr le Maire dit à la Compagnie que le Sr Huguet, ingénieur, luy a communiqué un plan, élévation et coupe d’une tour composée d’un stilobate en rocaille et rustique, de forme octogonale, sur laquelle il élève un ordre ionique couronné de son entablement et frontons pour y placer l’horloge public dans la partie supérieure avec la chambre des mouvemens au dessous, dans lequel stilobate il y a placé trois niches décorées dans lesquelles il y aura trois gargouilles fluantes d’eaux potables qui tomberont dans trois bassins avec trois ouvertures en médaillons ovales sur les quatre faces, pour éclairer l’escalier à vis en dedans qui servira pour monter à la chambre des rouages et à l’horloge, que cette tour ne pouvant être mieux placée qu’au milieu de la place neuve où elle se trouve presqu’au centre de la ville, isolée de tous costés, le cit. Sr Huguet lui auroit marqué en même tems que l’exécution de ce projet couteroit beaucoup moins de dépense que ceux qui ont été cy-devant proposés et qui n’ont point encore été approuvés, et ferait une décoration gracieuse dans cette place.

Sur quoi, Mr le Maire luy auroit dit de représenter ses plans, desseins et coupe avec son devis et mémoire instructif sur iceux à la première assemblée de l’hôtel de ville pour y être vus et examinés et sçavoir s’ils conviennent, et la Compagnie ayant eu avis que ledit Sr Huguet était dans la grande salle, elle lui auroit fait dire d’entrer à l’assemblée, ce qu’ayant fait il a représenté sur le bureau sesd. plans, élévation et coupe, le devis et les observations qu’il en a dressé, lesquels ayant été vus et examinés, et donné lecture dud. devis et observations, et après avoir consulté sur le tout les personnes les plus habiles sur la matière qui avoient été conviées de s’y trouver.

La Communauté a donné acte aud. Sr Huguet de la représentation desd. plans, coupe et élévation et de la lecture desd. observations et devis et du dépôt qu’il en a présentement fait. Elle a arresté qu’attendu que l’exécution en coutera beaucoup moins de dépense que ceux qui ont cy devant proposés et fera une décoration gracieuse, qu’après avoir été chyffrés ils seront incessamment envoiiés à Monseigneur le Controlleur général pour le supplier très humblement de les faire approuver par un arrest du Conseil qui en ordonne l’exécution et que lad. tour sera placée au milieu de la place neuve isolée de tous cotés ».

Ce nouveau projet de tour de l’horloge ne devait pas être le dernier. Peu de temps après, un autre architecte de Rennes, Le Mousseux, qui avait été adjoint à Gabriel, le 29 avril 1725, pour la confection des plans et la surveillance des travaux, soumet à la Communauté un projet d’aménagement de la place neuve dans lequel il prévoit en plus de la tour de l’horloge, un bâtiment pour l’hôtel de ville, un bâtiment pour le Présidial, ou deux maisons en hôtels ou quatre maisons ordinaires. Le procès-verbal du 26 janvier 1730 le relate en ces termes :

« Le Maire présente sur le bureau de la Compagnie quatre plans signés de Mousseux, architecte, touchant la construction qu’il propose pour la nouvelle tour de l’horloge public de cette ville, le premier intitulé projet pour un hôtel de ville, élévation du bâtiment du Présidial et de la tour de l’horloge du côté de la place, le second plan du rez-de-chaussée du présidial et de la tour de l’horloge ; le troisième, plan du premier étage ; le quatrième, plan de la place neuve avec les projets pour la tour de l’horloge, le présidial, l’hôtel de ville ou deux maisons en hôtels ou quatre ordinaires suivant une décoration convenable ».

Et le 3 février suivant, la Communauté après avoir étudié les projets de Mousseux, dressé, un mémoire d’observations, mais n’osant pas entrer en lutte avec l'Intendant arrête que ce projet « sera soumis à l'Intendant seulement pour faire tel usage qu’il jugera à propos, au surplus déclare se référer au choix de M. Gabriel pour l’exécution des plans et projets qu’il a lui-même dressés ou pour celui du sieur Huguet qui avait été agréé par la Communauté ». C’est la première fois qu’il est question de construire un hôtel de ville, jusqu’à ce jour, il n’avait été envisagé que l’édification d’une tour de l’horloge à laquelle la Communauté tenait avant toute autre, et la construction d’un bâtiment pour le Présidial que voulait le Gouverneur.

La réponse de l'Intendant était à prévoir, celui-ci transmet à Gabriel les projets de Huguet et de Le Mousseux et lui demande d’établir un nouveau projet prévoyant la construction d’un hôtel de ville.

Gabriel fait diligence, abandonnant son idée première de construire au nord de la place neuve, il dresse un nouveau projet de l’ensemble à bâtir à l’ouest de la place, en bordure de la rue de Pézé (rue de l'Horloge actuelle).

Par suite de cette nouvelle conception, l’hôtel du Gouverneur qui devait être construit au sud de la place neuve est reporté sur un terrain resté libre à l’est de la place neuve.

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L'Intendant transmet ce projet à la Communauté, et celle-ci, contrainte, elle était sous la tutelle de l'Intendant, par une délibération du 23 mars 1730, non inscrite au registre des procès-verbaux de la commune, approuvait les plans de Gabriel, abandonnant ceux de Huguet et de Le Mousseux.

« Le premier est le dessein de l’horloge public avec les éléments et ordres d’architecture convenables pour son élévation, avec un enfoncement au retz de chaussée de cette tour pour y placer un pied d’estal de marbre blanc pour porter la statue pédestre de notre auguste monarque Louis XV heureusement régnant aujourd’huy, aux deux côtés de laquelle tour sont deux corps de logis doublés avec leur attique, l’un pour servir d’hôtel de ville au lieu et place de l’ancien qui est mal situé et menace ruine et l’autre pour y tenir le Présidial, pour être construits dans toute la longueur de la place neuve à prendre depuis le haut de lad. place d’icelle, lad. tour et les deux bastimens proposés isolés par le derrière de la rue de Pézé, l’autre plan est celui du rez de chaussée seulement de l’hôtel du Commandant en chef de la Province ».

Gabriel voyait grand, il voulait bâtir des monuments et non des maisons, et il écrivait à l'Intendant, le 20 février 1730 : « On ne m’imputera pas d’aimer à bâtir les édifices publics autrement que pour l’immortalité ».

Mais cette délibération, non inscrite aux registres de la Communauté, ne suffisait pas à l'Intendant de la Tour qui le 13 avril 1730 écrit au Maire et aux échevins :

« Je vous envoyai, Messieurs, il y a quelques jours les plans de M. Gabriel pour la construction de la tour de l’horloge, accompagnée d’un bastiment pour le Présidial et d’un autre pour un hostel de ville que vous trouvastes bien, je ne vous demandais pas pour lors de délibération par écrit parce qu’elle paraissait inutile après celle que vous en aviez donnée pour vous en rapporter aux lumières de M. Gabriel pour les plans qu’il pouvait dresser pour les ouvrages publics, en quoy vous aviez grande raison par rapport à sa supériorité dans l’architecture, cependant comme il paraît convenable que vous disiez votre sentiment sur l’emplacement et la position de ces trois édifices sur la place neuve sur lequel l’arrest du 12 avril 1723 avait réservé de statuer, estant certain qu’on ne pourrait en faire un meilleur usage que celuy qui est proposé par M. Gabriel et dans lequel la Communauté trouvera un hostel de ville où rien ne manquera et convenable à la dignité de la capitale de la province, au lieu de la maison qu’elle occupe aujourd’huy qui non seulement est mal située et peu commode, mais encore qu’on prétend être en si mauvais état qu’elle n’est soutenue que par des étais dont elle est appuyée en plusieurs endroits ; ce que je vous demande donc aujourd’huy est une délibération pour approuver les projets de M. Gabriel tant pour placer la maison du Gouverneur dans l’islot M que pour mettre la tour de l’horloge avec les deux bastiments destinés pour l’hostel de ville et le Présidial sur la place neuve vis-à-vis le gouvernement, où, certainement, elles ne peuvent être mieux situées tant pour la commodité publique que pour l’ornement de votre ville.

Je vous prie de me remettre s’il est possible la délibération que je vous demande dès demain, s’il est possible, ou dimanche pour le plus tard ».

Malgré cette mise en demeure, la Communauté n’est pas encore vaincue et ce n’est qu’un mois plus tard, le 16 mai 1730, que le Maire présente à la Compagnie le « nouveau projet de Gabriel pour le Présidial, la tour de l’horloge et l’hôtel de ville qui lui fut envoyé par l'Intendance », la Communauté décide qu’elle « l’étudiera et fera un mémoire d’observations à soumettre à la prudence et à la capacité de M. Gabriel ».

Lassé de ces atermoiements et de ces discussions, l'Intendant demande et obtient du Roi un arrêt du 25 mai 1730 qui ordonne que :

« Le bâtiment du Présidial sera bâti sur les deniers qui ont été ou qui seront reçus du produit de la vente de mille arpents de bois donnés par Sa Majesté dans les forêts de Rennes et du Gavre pour la réédification de la Ville de Rennes... 

Pour le bâtiment de l’hôtel de ville, la dépense sera payée par la Communauté tant sur les deniers qu’elle pourra retirer de la vente des emplacements de l’ancien hôtel de ville que de ceux qu’elle pourra prendre sur les octrois... ».

Et le 25 mai 1730, Gabriel remet les plans et devis daté du même jour, pour la construction d’une tour de l’horloge, devis dans lequel il est écrit :

« Cette tour ayant été détruite par l’incendie, il n’a pas été trouvé d’endroit plus convenable à l’utilité et à la décoration de la ville que dans la place neuve entre deux corps de bâtiments dont l’un destiné à l’hôtel de ville, l’autre au Présidial, en face de l’entrée de l’hôtel du Gouverneur de la Province, elle aura 37 pieds de face sur la place et la rue de derrière... ».

Enfin, le 20 décembre 1730, Gabriel remet les dessins et devis du bâtiment de l’hôtel de ville qu’il décrit ainsi :

« Ledit hôtel de ville occupera une partie du grand corps de bâtiment qui doit être construit dans un des côtés de la place neuve opposé à l’hôtel que l’on doit bastir sur ladite place pour le Gouverneur de la Province, au milieu duquel corps de bâtiment doit être érigée une tour pour l’horloge et aux deux côtés le Présidial et ladite maison de ville qui sera placée au bout d’embas de ladite place neuve, il aura 18 toises 9 pouces de longueur depuis l’encognure du frontispice sur la place de ladite tour de l’horloge jusqu’à l’encoignure du mur de face et retour sur la rue Beaumanoir formant un gros pavillon dans le bout de 12 toises 3 pieds en carré... Se terminera en ligne circulaire jusques à la jonction du frontispice de la tour de l’horloge ».

Et le 1er janvier 1731, le Maire donne rapport d’une ordonnance rendue par Mgr l'Intendant de Bretagne notifiant arrêt du Conseil du Roi du 23 mai 1730 : « Approuvant et confirmant les plans et élévations dressés par le sieur Gabriel, tant pour les fontaines publiques que pour la tour de l’horloge et la maison du gouvernement ensemble pour les deux bâtiments projetés l’un à droite de la tour de l’horloge pour le Présidial, l’autre à gauche pour le nouvel hôtel de ville et prescrivant qu’ils soient adjugés le plus tôt possible, stipulant que les ouvrages des fontaines publiques et de la tour de l’horloge seront payés sur les fonds restant des 300.000 livres accordés par les Etats de Bretagne pour les édifices publics, ceux du bâtiment du Présidial sur les deniers qui ont été et qui seront reçus du produit de la vente des 1.000 arpents de bois donnés par Sa Majesté dans les forêts de Rennes et du Gavre, et ceux du bâtiment de la maison du gouvernement, tant sur les sommes qui resteront des deniers provenant des dits bois après le parfait paiement de la dépense du Présidial, que sur les autres fonds restant de ceux accordés pour la réédification de la ville. — Et à l’égard du nouveau bâtiment de l’hôtel de ville, la dépense sera payée par la Communauté tant sur les deniers qu’elle pourra retirer de la vente des emplacements et bâtiments de l’ancien hôtel de ville dont Sa Majesté permet au Maire et échevins de disposer, que sur les deniers qu’ils pourront prendre sur les octrois de la Communauté, et nomme le sieur Abeille en qualité d'Ingénieur en chef pour être chargé seul à l’avenir de la conduite et inspection des travaux au lieu et place du sieur Mousseux ».

C’était la dépossession de la Communauté de ville par l’autorité royale et la direction des travaux remise à l'Intendant gouverneur de la province ; aussi la Communauté donne acte de la représentation qui lui est faite et dit que « ces actes seront enregistrés au greffe de l’hôtel de ville pour y avoir recours toutefois et quantes et au surplus que les ordonnances, arrêts, devis et plans seront déposés aux archives... et nomme pour l’examen de la tour de l’horloge le Maire et divers échevins qui appelleront tel ingénieur qu’ils jugeront à propos pour dresser les observations qu’ils croiraient nécessaires ».

Cette Commission rédige un long mémoire d’observations et critiques sur la tour de l’horloge. Gabriel répond le 20 janvier 1731 : « J’aurais dû croire que le Roy m’ayant fait l’honneur de me nommer à la Direction générale des édifices de la Ville de Rennes et mes projets ayant été approuvés au Conseil, que Messieurs le Maire et eschevins auraient pu prendre confiance en mes propositions et s’en rapporter à moy comme Sa Majesté. Il ne paraîtra pas probable au public que je pusse construire une cage où je ne pourray loger l’oiseau (c’était l’expression dont s’était servie la Commission). Il faut que ceux qui leur ont donné ces avis aient bien peu d’expérience pour ne pas comprendre qu’il y a beaucoup plus d’espace qu’il ne faut dans l’étage de la tour proposée pour placer les mouvements de l’horloge... ».

Il est à remarquer que toute la correspondance de Gabriel est adressée à M. l'Intendant ; c’est à lui seul qu’il soumet les projets, c’est à lui qu’il remet les devis, c’est à lui qu’il conseille l’adjudication des travaux, c’est encore à lui qu’il s’adressera plus tard lorsque des difficultés surviendront pendant l’exécution des travaux. Gabriel, fort de sa nomination par le Roi de Directeur général pour le rétablissement des édifices publics de Rennes, ne correspondra jamais avec le Maire, ni avec la Communauté, il paraît avoir voulu l’ignorer ; l'Intendant de la Province était le grand maître et la Communauté ne pouvait qu’enregistrer ses ordonnances.

Ce fut heureux, car la Communauté, timide à l’excès n’aurait jamais entrepris la construction du bel édifice que nous admirons tous les jours ; elle ne voulait pas construire d’hôtel de ville, elle voulait seulement la reconstruction de la tour de l’horloge. La ville venant d’être ravagée par l’incendie, la Communauté devait envisager de grosses dépenses pour la réédification de la cité, et si les Etats de Bretagne lui avaient accordé 300.000 livres pour les édifices publics, y compris la tour de l’horloge, si le Roi lui avait donné le produit de la vente des 1.000 arpents de bois à prendre dans les forêts de Sa Majesté, pour le Présidial, le Roi et les Etats laissaient à la charge de la Communauté toutes les dépenses nécessaires pour la construction de l’hôtel de ville.

Ce projet comprenait pour l’hôtel de ville :

Au rez-de-chaussée, un grand vestibule donnant accès à l’escalier d’honneur ; au nord, sur la place, le logement du portier ; au sud, en bordure de la rue de Volvire, le greffe et le logement du greffier ; sur la rue de Pézé, le logement du fontainier et le magasin ; dans la partie circulaire au niveau de la place, le corps de garde de la patrouille et à l’entresol, le major de la milice bourgeoise.

Au premier étage, sur la place, la grande salle des fêtes ; au sud, sur la rue de Volvire, la salle du Conseil ; les pièces dans la partie circulaire étaient réservées pour le Maire et le deuxième étage servait de logement aux officiers de la ville.

Sous la tour de l’horloge se trouvait au rez-de-chaussée en bordure de la rue de Pézé un magasin, et, au premier étage une chapelle avec petite sacristie.

Dans le bâtiment du Présidial devait exister, au rez-de-chaussée, un grand vestibule donnant accès à l’escalier d’honneur, les greffes et des chambres de dépôt.

Au premier étage, la salle du Présidial, la salle du Conseil et la salle du Criminel.

Dans l’étage d’attique, des logements.

L’adjudication des travaux de la tour de l’horloge eut lieu le 1er mars 1731 par l'Intendant. Baudouin demanda 132.000 livres. L'Intendant estimant ce prix trop élevé, une deuxième adjudication eut lieu le 15 mars 1731 et Lesaché (ou Le Saché) demanda 110.000 livres ; ce prix ne convint pas encore à l'Intendant qui fit procéder le 21 mars suivant à une troisième adjudication et Lesaché fut déclaré adjudicataire après avoir réduit sa demande à 98.000 livres.

Le 2 avril, il traite les travaux du bâtiment de l’hôtel de ville pour 134.000 livres et ceux du bâtiment du Présidial pour 116.000 livres, soit au total pour 348.000 livres.

Quelques jours auparavant, l'Intendant avait adjugé, le 10 février 1731, l’enlèvement des terres et gravois qui encombraient la place neuve.

L’adjudication définitive des travaux avait été faite par l'Intendant, les 21 mars et 2 avril, et c’est seulement après l’adjudication passée le 5 avril que le Maire put communiquer à sa compagnie : « les devis dressés par Gabriel et les plans, profils et élévation remis par Gabriel à l'Intendant, le 21 mars 1731 ».

Aussi, la Communauté, sans prendre aucune délibération, arrête seulement : « qu’il sera déposé aux archives pour y avoir recours en cas de besoin ».

Et les travaux commencèrent.

Mais si la Communauté devait abandonner la direction des travaux, elle songeait toujours à son horloge et surtout à sa grosse cloche et ses appeaux, et, par ses délibérations du 19 juillet 1731, elle soumit à M. l'Intendant le résultat de la Conférence que le Maire a eue avec MM. Brochard et Chauchard, maîtres fondeurs au sujet des cloches de l’horloge et propose « que le timbre de la nouvelle horloge soit de seize milliers de pesanteur, de six pieds huit pouces de diamètre et qu’il soit fait qu’à l’égard des appeaux si on en montait, une octave composée de huit tons dont le plus gros serait de deux milliers et les sept autres de moindre poids à proportion formant le diapazon et pèseraient six milliers » et le 2 août, l'Intendant rendait une ordonnance en exécution de la délibération du 19 juillet disant : « que le timbre de l’horloge aurait six pieds huit pouces et les appeaux au nombre de douze composeraient une octave et demie de ton faisant les règles du diapazon depuis l’ut d’embas jusqu’au sol faisant la quinte au-dessus de l’octave ». En conséquence, le 23 août, la Communauté nomme des commissaires « pour passer marché de la refonte desdits timbre et appeaux avec les fondeurs les plus expérimentés ». Et dès le 30 août, le Maire est autorisé à passer marché « avec les sieurs Chauchard et Brochard, fondeurs, à charge de leur payer la somme de cinq mille livres et de leur fournir le métail nécessaire », ce marché fut approuvé par l'Intendant.

Le 24 octobre, la Communauté remet aux fondeurs 24.335 livres de métail provenant des débris de la grosse Françoise et des appeaux.

Le 6 décembre, la grosse cloche et les appeaux étaient fondus et un procès-verbal des 22, 23 et 30 novembre relate « le poids des douze appeaux pour servir à l’horloge public de cette ville et de l’accord des dits appeaux au ton de la musique qui se sont trouvés justes à leurs tons suivant l’avis des Sr Le Brun, maître de musique de Saint-Pierre et Fel aussi maître de musique et organiste ».

La grosse cloche et les appeaux furent fondus dans le parc des Pères Bénédictins, religieux de l’abbaye de Saint-Melaine où ils restèrent jusqu’en 1744, c’est-à-dire pendant treize années.

Sur la grosse cloche de l’horloge devaient figurer les écussons en relief des armes de Sa Majesté ;

De S. A. S. Monseigneur le Comte de Toulouse ;

De Monseigneur le Maréchal d'Estrées ;

De Monseigneur le Comte de Châteaurenault ;

De Monseigneur de la Tour, Intendant en cette Province ;

De Monseigneur le Comte de Volvire ;

De Monsieur le Marquis de Pézé ;

De Monsieur le Marquis de Montataire ;

De la Province ;

De la Ville ;

De Monsieur Rallier, Maire.

Les travaux de construction, au début, avancèrent assez rapidement, puisque le 24 avril 1732, la Communauté vote « le projet de médailles à faire frapper pour être jetées dans les fondations des édifices publics », et que le 26 juin 1732, « Monseigneur le Comte de Volvire donne avis que Monseigneur le Comte de Toulouse a consenti à poser la première pierre de l’édifice de la tour de l’horloge ».

Mais si les travaux avançaient, la Communauté n’avait pas encore en sa possession les grosses des adjudications, elle ignorait que des modifications avaient été apportées aux dessins de Gabriel, elle s’en plaint vivement et par une délibération du 23 octobre 1732, la Communauté se plaint « que depuis 19 mois que les adjudications de la tour de l’horloge, du Présidial et de l’hôtel de ville ont été faites à l'Intendance, le sieur Le Sacher, adjudicataire, est en défaut de remettre les grosses des adjudications, elle se plaint que des modifications ont été apportées, que les ornemens des façades auraient été changés et considérablement diminués, ce qu’elle ne peut vérifier n’ayant point de devis ni de plans, et elle prie le sieur Lemasson de présenter incessamment requête au Gouverneur ».

Elle met en demeure Le Sacher, le 27 novembre 1732.

Le 22 janvier 1733, la Communauté n’a pas encore reçu les dessins lavés, la Communauté présente une requête à Mgr le Gouverneur pour que « le sieur Le Sacher ou l'Ingénieur Abeille lui remette les dessins lavés des ornemens et ordres d’architecture ».

Enfin, on en arriva à la pose de la première pierre, et le procès-verbal de la cérémonie nous donne une image saisissante de la vie publique à cette époque.

PROCES-VERBAL DE LA POSE DE LA PREMIÈRE PIERRE le 12 avril 1734.

« Messieurs de la Communauté s’étant assemblés ce jour en leur hôtel en ont party aux dix heures et demie du matin et sont allés en corps en habit de cérémonie à l’hôtel de Monsieur le Comte de Volvire où après que Monsieur Bodin (syndic) lui a fait un compliment en termes fort gracieux auquel il a répondu de même, il s’est mis à la teste de la Communauté et a marché entre Messieurs les Connétables, précédés immédiatement du héraut de la ville en cotte d’armes, de trois huissiers en robe, des gardes de Monsieur le Comte de Volvire, des gardes avec leurs capitaine et lieutenant et hallebardiers de la Communauté, les milices sous les armes et bordant la haye depuis son hôtel jusqu’à la place royalle où l’on s’est rendu dans cet ordre, et à l’arrivée de la place, il s’est fait une décharge de canons et de toute l’artillerie ; au moment où le sieur Abeille fils pour le sieur Abeille son père, Ingénieur en chef de cette ville, absent, accompagné du sieur Le Saché, adjudicataire, entrepreneur des dits édifices faisant pour lui et le sieur de Verneuil, son associé, se sont avancés pour présenter un tablier de satin blanc à Monsieur le Comte de Volvire au haut de la bavette duquel était un soleil lumineux avec un écusson couronné renfermant au dessous trois fleurs de lys pour armes de France, au milieu du tablier une minerve assise portée par des nuages tenant un compas de la main droite, prenant des mesures sur une carte déroulée sur ses genouils, de la main gauche tenait une pique, couëffée d’un casque, habillée d’un corcelet d’armure avec une tête de méduse au milieu dudit corcelet, sous, son bras gauche élevé, un cupidon aislé tenant un cartouche, sur l’écusson, trois fleurs de lys et un chevron brisé y représentant les armes de Monseigneur le comte de Toulouse, au-dessous des nuages une banderolle en festons suspendue par chaque bout par un cupidon ailé portant pour devise : Ad utrumque parata et dans les festons des fleurs de lys et erminnes représentant les armes de la Province et au milieu de la banderolle étaient suspendues les armes de Monsieur le Comte de Volvire, lequel tablier a été attaché par ledit sieur Lesaché au devant de mondit sieur le Comte de Volvire. Ensuite de quoy il s’est transporté dans le même ordre au pied de la tour de l’horloge où luy a été présenté par Mr. de Troncq, Connétable, dans un bassin d’argent, une bouëtte de plomb soudée dans laquelle est renfermée une médaille représentant d’un costé le portrait du roi Louis 15 règnant avec des termes autour : Ludovicus 15 Rex christianissimus et de l’autre une figure représentant une déesse tenant de la main droite une pique et de la main gauche un écusson aux armes de la ville sur lequel elle s’apuie, et autour est écrit : Rhedonœ incensœ anno 1720, restauratœ anno 1731 et au-dessous 1732, laquelle bouëtte a été mise au bruit du canon, des trompettes, des tambours, des violons, par Monsieur le Comte de Volvire au fond d’un trou creusé exprès en une pierre, trois pieds plus bas que le pavé sous le massif d’avant-corps au midi de ladite tour du côté de la place, servant de socle aux colonnes du premier étage et au moment ledit sieur Lesaché lui a présenté une truelle d’argent avec laquelle il a pris du mortier dans un plat d’argent qui lui a été présenté par un enfant de six ans, en a mis suffisamment sur ladite bouette pour la couvrir et a frappé plusieurs coups d’un marteau d’argent, ensuite ladite bouette a été recouverte d’une pierre de grain et maçonnée au pourtour.

Cela fait, Monsieur le comte de Volvire s’est transporté dans le même ordre au bâtiment de l’hôtel de ville où luy ayant été présenté une pareille bouette de plomb, où est renfermée une semblable médaille par Monsieur Bodin, syndic de la Communauté, dans le même bassin d’argent il l’a prise et placée dans un trou fait pour la recevoir sous la première boutisse du jambage de la porte principale dudit hôtel de ville au rez-de-chaussée du vestibule et au même orient que la tour, ensuite de quoy ce trou a été couvert d’une pierre de grain taillée toute preste. De là, on s’est transporté dans le même ordre au bâtiment du Présidial pour poser une pareille bouette dans un trou fait exprès entre la première et la seconde assise au-dessus du pavé dans l’angle de l’avant-corps et le pied droit de l’arcade atenant la porte principale d’entrée du vestibule sur la place au même orient qu’aux deux précédents édifices, et la bouette de plomb dans laquelle est enfermée la troisième médaille semblable aux autres a été présentée dans le même bassin d’argent par Monsieur Dutertre, second connétable à Monsieur le Comte de Volvire qui l’a mise en place dans un trou semblable aux autres dans la même forme.

Et pendant toute cette cérémonie, il a été fait plusieurs décharges de canons et de l’artillerie et les peuples ont crié Vive le Roy et après cela, Monsieur le Comte de Volvire et la Communauté ont sorti de la place dans l’ordre où ils étaient arrivés et se sont rendus à l’hôtel de ville, les rues étant bordées par les milices, lesquelles étant arrivées sur la place de la Monnaie, Monsieur le Comte de Toulouse en a fait la revue, après quoy il les a congédiées.

Et ayant été préparé à dîner pour le recevoir, on s’est mis à table ; les violons ont joué, les trompettes ont sonné, la santé du Roy, de la Reine, de Monseigneur le Dauphin, de Monseigneur le Comte de Toulouse et de Monsieur le Comte de Volvire ont été salués, et à chaque salut il s’est fait une décharge de canons, et Monsieur le Comte de Volvire s’étant retiré et reconduit, la Communauté s’est rassemblée et après en avoir délibéré, elle a arrêté qu’il serait rapporté procès-verbal et écrit sur son registre une relation de ce qui s’est fait ».

De ces médailles, il en fut frappé une en or pour le Roi, vingt en argent remises au Comte de Toulouse pour les personnes de la Cour, et cent en bronze pour le Corps de ville et les principaux de la cité. La médaille d’or pesait six onces demi-gros, et celles d’argent 9 marcs, 7 onces, cinq gros, elles furent payées à J. C. Roettiers, graveur, 3.432 livres, 16 sols, 6 deniers (deux de ces médailles sont conservées au Musée).

Dès le commencement des travaux, Le Saché s’aperçut que le prix qu’il avait demandé était trop réduit et qu’il lui était impossible de continuer. Le 23 décembre 1733, l’adjudication des 21-27 mars et 2 avril 1731 fut résiliée, mais cependant Le Saché put continuer avec de nouvelles prévisions élevant la dépense, et sous une demi-régie ; et les travaux reprirent, mais très lentement, si bien que lors d’une visite de Gabriel, en juin 1734, les maçonneries étaient montées seulement aux premières assises, au-dessus des retraites du rez-de-chaussée et, sur un rapport du sieur Abeille du 6 août 1734, on constate que Le Saché avait déjà touché 206.000 livres alors que l’adjudication totale ne s’élevait qu’à 358.070 livres, y compris 10.070 livres pour l’augmentation de la tour de l’horloge. Ne pouvant continuer les travaux, Le Saché rétrocède à Beaudouin le 26 mars 1735 la main-d’oeuvre et la taille de pierre; il est dans une situation tellement obérée, harcelé par ses créanciers, qu’il demande à être payé tous les quinze jours ; il se plaint que des changements ont été apportés par Gabriel, l'Intendant refuse sa demande et le renvoie à la Communauté pour les travaux concernant l’hôtel de ville.

Péniblement, les travaux se continuent jusqu’en 1738 et les 6 mars et 24 juin, sur ordre du Roy, Abeille procède aux toizé des travaux exécutés.

Le montant s’élève pour l’hôtel de ville à 94.438 livres 18 sols 1 denier, pour la tour de l’horloge à 38.755 livres 2 sols 1 denier, pour le Présidial à 39.801 livres 17 sols 2 deniers. Soit au total : 172.995 livres 17 sols 4 deniers. Et l’entrepreneur avait déjà touché : 253.734 livres 7 sols 3 deniers.

Le Saché n’accepte pas ce compte alléguant que les fondations du bâtiment de l’hôtel de ville ont été construites sur pilotis, que le mode de construire imposé par Gabriel était plus onéreux que la façon de bâtir à Rennes, et il remet un mémoire en rectification de celui établi par Gabriel, s’élevant : Hôtel de ville : 126.839 livres 15 sols 0 denier ; Tour de l’horloge : 66.116 livres 11 sols 10 deniers ; Présidial : 58.262 livres 6 sols 2 deniers ; auxquels il ajoute pour matériaux et équipages : 77.576 livres 5 sols 2 deniers. Soit un total de : 328.794 livres 18 sols 2 deniers.

Lassé de toutes ces discussions et se rendant compte que Le Saché et son associé Verneuil ne pourraient terminer les travaux, Gabriel propose la résiliation des marchés du 21-27 mars et 2 avril 1731, et l’établissement d’une régie et il écrit à l'Intendant : « prenant ce parti, on s’assure que les fonds seront appliqués aux travaux sans distraction ; pour cette régie il faudra un ingénieur, un régisseur et un contrôleur », et par un arrêt du 23 décembre 1738, le marché fut définitivement résilié et une régie fut ordonnée. Cette régie fut établie le 28 avril 1739 avec Abeille père, Ingénieur en chef de la réédification de la ville, Abeille fils, contrôleur, et Chocat de Grandmaison, régisseur.

Gabriel, tout en reconnaissant que Le Saché fut un parfait honnête homme et qu’il avait exécuté les travaux à son entière satisfaction, fut toujours sourd aux réclamations cependant très justifiées de Le Saché, et s’appuyant sur les marchés passés, il refusa de lui accorder les suppléments de prix que celui-ci demandait.

Il fut cependant obligé, après la résiliation du marché de Le Saché, et au moment de l’établissement de la régie, d’établir, le 18 octobre 1738, un nouveau devis élevant la dépense à 536.704 livres 12 sols 11 deniers, alors que les marchés de Le Saché n’étaient que de 348.000 livres.

Le 16 mars 1741 « la charpente de l’hôtel de ville étant heureusement parachevée et en état de recevoir la couverture, les charpentiers et couvreurs ayant demandé qu’il leur fût permis d’entrer dans la chambre du Conseil, et iceux introduits les premiers ont présenté à la Communauté une branche de lorier en signe de réjouissance et les couvreurs une ardoise en plomb armoyée de ses armes, comme ces démarches ont parues avoir pour objet une gratification, la Communauté leur alloue une somme de 48 livres, tant pour eux sieur Etienne charpentier et sieur Labbé couvreur que pour les autres charpentiers et couvreurs ».

L’hôtel de ville fut donc couvert en 1741, et les membres de la Communauté, désirant être agréables à M. l'Intendant, décidèrent, le 2 août 1742 que ses armes seraient placées dans le vestibule du nouvel hôtel de ville. Le 11 octobre 1742, on dressa le procès-verbal de renable et l’année suivante l’hôtel de ville, sans être complètement achevé, était suffisamment avancé pour que la Communauté pût en prendre possession et y tenir ses réunions.

Il n’y eut aucune cérémonie d’inauguration, un simple procès-verbal du 18 juillet 1743 relate succinctement le fait en ces termes : « La Communauté s’est transportée en la chambre du Conseil de l’hôtel de ville neuf place d’armes à l’effet d’y délibérer sur les différentes affaires qui la regardent et y continuer d’y tenir ses séances à l’avenir ».

Depuis ce moment 1743, les travaux furent complètement suspendus, l’hôtel de ville était inachevé, les travaux de la tour de l’horloge et du bâtiment du Présidial étaient arrêtés, les travaux entrepris étaient trop importants pour l’époque, les ressources de la Communauté étaient épuisées, le produit de la vente des 1.000 arpents de bois donnés par le Roi pour la construction du Présidial était insuffisant, il n’y avait plus de fonds ; malgré les demandes faites à l'Intendant, les entrepreneurs ne pouvaient être payés, les lettres écrites à M. le Contrôleur général restaient sans réponse.

L'Intendant écrit : « L’état misérable où se trouvent les serruriers de Rennes qui ont travaillé aux ouvrages de serrurerie du nouveau Présidial et qui n’en ont point été payés faute de fonds, vivement poursuivis par leurs créanciers .. ».

Cette situation dura dix ans et le 19 septembre 1753, Joseph Ollivier, serrurier, réclame à nouveau les 3.113 livres qui lui sont redues et il écrit « qu’il est réduit à la mendicité. Les marchands de fer ont obtenu contre moy plusieurs sentences consulaires par corps, nous avons jusqu’à ce jour payé les intérêts au denier dix pour éviter l’emprisonnement de nos personnes et la vente de nos meubles, nous sommes décrédités ».

Le 15 février 1755, nouvelle réclamation.

Joseph Piot dit Cadet et Jean Marmayon dit Bayonnais qui ont traité la charpenterie réclament.

Les menuisiers François Volant, André Nicolas dit La Croix, Julien Travers et Jean Tanguy qui avaient passé marché le 2 novembre 1740, et entrepris les travaux en 1741, réclament paiement et renouvellent leur demande en 1758.

Les sculpteurs Verbercht et Vanderwort qui avaient commencé leurs travaux en 1742, achevés en 1746, demandent le paiement des 6.000 livres qui leur sont encore dues ; en 1758, ils n’étaient pas encore payés.

Cependant, le bâtiment du Présidial n’était pas encore achevé ; les maçonneries et la couverture étaient seules terminées ; le grand escalier en pierre prévu par Gabriel en bordure de la rue de l'Hermine n’était pas fait ; il ne fut même jamais exécuté ; dans les années qui suivirent, on se contente d’un escalier en bois, très simple ; les travaux exécutés se détériorent, le bâtiment est abandonné.

Les officiers et juges du Présidial qui étaient toujours installés dans le vieil hôtel de Brissac se plaignent, ils écrivent en 1757 que leur bâtiment est en très mauvais état ; ils renouvellent leur demande le 15 novembre 1758 et ce n’est qu’en 1760 que fut traitée la menuiserie du siège du Présidial.

Et auparavant, le 22 février 1754, du Parc Poulain, avocat, demandait dans le nouveau bâtiment du Présidial « pour les écoles, une salle destinée pour la Prévoté, devenue sans situation par suite de la suppression de cette juridiction, la Communauté étant obligée de loger la Faculté » et en même temps, le 22 mars 1754, les avocats demandèrent « une salle pour installer leur bibliothèque et ils offrent de faire l’installation à leurs frais et de construire un escalier à cet étage » (étage de l’attique). Ce n’est qu’en 1762 que le Présidial fut achevé et que les officiers purent s’y installer.

Gabriel, dans son projet de la tour de l’horloge, avait prévu une chapelle au premier étage. Il est à présumer que cette chapelle ne fut pas exécutée de suite, car le 23 février 1764, la Communauté décide « qu’il sera fait un devis à l’effet de rendre la chapelle édifiée dans la tour de l’horloge public dans un état décent pour qu’on puisse y célébrer la messe ». Ce devis fut fait par Forestier et le 1er mars, la Communauté décide « pour donner un témoignage de considération à Messieurs les Officiers du Présidial de Rennes et à Monsieur le Sénéchal en particulier, consentir qu’ils aient l’usage de ladite chapelle et puissent y faire célébrer la messe quand il leur plaira sans que pour raison dudit consentement, ou que pour toutes autres causes prévues ou imprévues, Messieurs les Officiers du Présidial puissent dans aucun tems directement ou indirectement prétendre aucun droit à la propriété ou copropriété de ladite chapelle qui appartient à la Communauté de Rennes ».

Hôtel de Ville de Rennes (Bretagne)

Les présidiaux furent supprimés par la Révolution en 1790 et remplacés par un tribunal civil qui tint ses audiences dans les mêmes locaux ; ce tribunal était composé de cinq juges, un commissaire du Roi et un greffier.

Le même décret créa quatre justices de paix qui s’installèrent à l’entresol et le tribunal de Commerce créé peu de temps après siégea dans une des salles basses.

Le bâtiment du Présidial fut alors dénommé Palais de Justice, l’ancien Palais du Parlement de Bretagne conservant le seul nom de Palais.

Jusqu’en 1836, le Tribunal civil siégea dans le pavillon nord. A cette époque, la commune devant fournir un logement aux Facultés qui venaient d’être créées voulut les installer dans ce bâtiment et en revendiqua la propriété, bien que le Présidial ait été bâti sur les fonds reçus du produit de la vente des mille arpents de bois donnés par Sa Majesté Louis XV, et, pour justifier sa demande, elle allégua que ce bâtiment avait été construit sur un terrain lui appartenant.

Des difficultés s’élevèrent entre les administrations départementale et municipale lorsqu’une transaction heureuse intervint le 24 mai 1836.

Le département abandonnait à la commune la propriété du Présidial et celle-ci abandonnait au département l’ancienne salle de la Tournelle et l’ancienne chapelle du Palais de Justice dans lesquelles elle avait installé l'Ecole de droit.

Les Facultés de droit, des lettres, des sciences s’installèrent au premier étage de 1836 à 1838 où elles restèrent près de quarante années.

Dans l’étage d’attique, on aménagea la bibliothèque municipale et les archives.

Plus tard, on installa dans la salle sud du rez-de-chaussée le Conseil des prud’hommes, et le vestibule et les deux autres salles qui n’avaient jamais été terminées restèrent sans emploi bien déterminé.

Nous avons vu que la grosse cloche de la tour de l’horloge et ses appeaux avaient été fondus en 1731, mais les travaux de construction de la tour avancèrent si lentement que ce n’est que, treize ans plus tard, en 1744, les 15, 16 et 17 mars que Joseph Piot, dit Cadet et Jean Marmayon, dit Bayonnais purent en faire le transport du couvent des Bénédictins où elles étaient déposées, jusqu’au pied de la tour, et le 26 avril suivant « ladite cloche et les appeaux furent montés sur le plafond, en haut de ladite tour et la cloche fut placée où elle est suspendue présentement ».

Mais si les cloches étaient mises en place, la tour étant presque achevée, la Communauté n’avait pas d’horloge, et les cloches étaient sans emploi. Ce n’est que 17 ans plus tard, le 3 mars 1761 que Jacques Anthoine, flamand d’origine et horloger de profession (il est né à Mont-sur-Marciennne, diocèse de Liége) propose de faire « une orloge sûre et propre à régler les travaux publics et particuliers et donner le jeu nécessaire à la principale cloche destinée à sonner les heures au moyen d’un marteau de 250 livres pesant, et de marteaux proportionnés au volume des douze appeaux, tant pour annoncer les demi-heures, quarts d’heure et trois quarts d’heure, que pour former le carillon qui exprimera le nombre de quinze airs en musique », mais la commune ne traita que le 16 avril 1761 pour une horloge, un mouvement et un marteau, le carillon ayant été jugé inutile par Mgr l'Intendant.

L’horloge fut achevée les années suivantes.

En 1767, on suspendit les deux appeaux et 47 ans après l’écroulement de la vieille tour, les habitants purent enfin, ainsi que le demandait le Maire, le 19 août 1723, régler leurs occupations sur l’horloge publique [Note : Il ne fut donc suspendu que la grosse cloche et deux appeaux, les dix autres restèrent sans emploi. On n’est pas très fixé sur ce que devinrent ces appeaux. Nous avons retrouvé une délibération du Conseil de la Commune du 7 messidor, an XIII, ordonnant que, sur une demande de Mgr Enoch, évêque de Rennes, les cloches restées dans la tour de l’horloge depuis trente à quarante ans, seront mises à la disposition des fabriciens de Rennes. On peut donc croire que ces cloches ont été placées dans les diverses églises de la ville].

Cette horloge fut remplacée au cours du XIXème siècle et en 1870-1872, le dôme de l’horloge étant en mauvais état fut refait depuis le sommet de la tour par l’architecte Martenot.

A l’origine, ce dôme était surmonté d’une fleur de lys, sous la Révolution, on la remplaça par un bonnet phrygien, l'Empire y substitua l’aigle impériale, la Restauration rétablit la fleur de lys et Martenot concilia toutes les opinions en terminant le dôme par un drapeau aux armes de la ville formant girouette. A ce moment, l’horloge fut refaite et le cadran portait trois aiguilles, l’une d’elles, en avance de 17 minutes indiquait l’heure du méridien de Paris.

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Hôtel de Ville de Rennes (Bretagne)

Au cours de cette étude, nous avons vu que l’oeuvre si belle et si harmonieusement conçue par Gabriel était restée inachevée, seules, les façades avaient été terminées, et encore les balcons n’étaient ornés ? que d’un cadre en fer avec grillage, la porte du Présidial était en bois brut. Aucune des salles n’était terminée, sauf les salons du premier étage de l’hôtel de ville ; la salle des fêtes, décorée par Millardet, architecte en 1831, avait été restaurée sous Napoléon III dans le goût de l’époque, les bureaux et services de la mairie étaient incommodes, mal installés et en mauvais état. Dans le pavillon du Présidial, rien n’existait qu’un aménagement pour la bibliothèque et les archives municipales au premier et au deuxième étage, et la salle du Conseil des Prud’hommes au rez-de-chaussée.

Lorsqu’en 1912, le conseil municipal, sous l’administration de M. Jean Janvier, maire de Rennes, décida l’achèvement de l’hôtel de ville, sa restauration et son aménagement, ces travaux furent entrepris aussitôt et terminés en 1914 sous l’habile direction de M. Emmanuel Le Ray, architecte municipal qui, avec un grand sentiment artistique et archéologique, et une haute valeur professionnelle, a dignement achevé l’oeuvre du grand architecte Gabriel.

PAVILLON NORD, ancien Présidial :

Rez-de-chaussée : A droite du vestibule d’entrée, la salle du Panthéon aux enfants de Rennes morts pour la France, au cours de la grande guerre de 1914 à 1918. Sur un haut lambris de marbre rehaussé d’attributs en bronze, portant les tables des morts pour la Patrie, règne une large et puissante fresque du bon peintre Godet, enfant de Rennes, retraçant l’épopée glorieuse des soldats de 1914-1918.

Dans la salle des mariages, à gauche du vestibule, trois superbes toiles de Louis Roger, ancien élève de l'Ecole des Beaux-Arts de Rennes, prix de Rome :

Le Foyer, la Famille. — Un père, laboureur, rentre à la maison, la journée de travail accomplie, heureux d’y retrouver les siens.

L'Idée de Patrie. — Dans la campagne, une tranchée occupée par des soldats défenseurs du sol jusqu’à l’extrême sacrifice, un tertre funéraire surmonté de petits drapeaux.

Les Fiançailles. — En fin d’une belle matinée, deux jeunes gens échangent leurs premiers serments, cependant que les boeufs du labour sont au repos sous un chêne et que les moutons paissent dans une verte prairie.

Un second vestibule formant atrium donne accès au premier étage où sont aménagés dans le plus pur style Louis XV un salon d’attente, le cabinet du maire à l’angle sud, le cabinet des adjoints à l’angle nord.

La salle de réunion du Conseil municipal est placée au deuxième étage et les services municipaux sont répartis tant au rez-de-chaussée qu’au premier et deuxième étage.

Hôtel de Ville de Rennes (Bretagne)

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PAVILLON SUD, ancien Hôtel de Ville :

Le pavillon sud est en entier réservé aux réceptions officielles.

Autrefois, la rampe du grand escalier était constituée par de simples barres de fer supportant un grillage. M. Le Ray a composé une superbe rampe en fer forgé qui complète et achève l’escalier monumental de Gabriel.

Hôtel de Ville de Rennes (Bretagne)

Au haut de cet escalier d’honneur, deux peintures en fresque de Louis Roger :

Au pays légendaire d'Armor. — Dans un paysage exprimant l’âpreté et aussi le charme des côtes bretonnes, un vieux berger conte les histoires légendaires de la race d'Armor à un groupe de jeunes gens attentifs.

Rennes, centre intellectuel de la Bretagne. — La ville de Rennes, entourée de l'Harmonie, de l'Eloquence et de la Renommée préside à une joute intellectuelle entre tous ses enfants, étudiants des Sciences et des Arts, assis devant elle sur un hémicycle de pierre et écoutant un jeune poète qui chante la beauté et les charmes de la cité. Au fond, une vue générale de la ville, son beffroi, les tours de la cathédrale, divers clochers, des paysages de la Vilaine, etc.

L’ancienne salle des fêtes a été restaurée et en partie refaite ; sur les impostes des portes sont des peintures de Jobbé-Duval. Toutes les autres salles ont été reconstituées dans le plus pur style Louis XV et servent de salons de réception.

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L’ancienne chapelle au premier étage de la tour de l’horloge a été décorée de peintures de Jules Ronsin, directeur de l'Ecole des Beaux-Arts de Rennes.

Hôtel de Ville de Rennes (Bretagne)

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Aux glorieux enfants de la terre bretonne. — Sur un fond de lauriers fleuris, au milieu d’une architecture commémorative, la Bretagne, assise, garde pieusement le souvenir de ses glorieux enfants. A ses pieds, une femme et un enfant viennent tendrement déposer des fleurs, un Breton se tient dans une attitude méditative.

Au-dessus des portes des couloirs, le Dévouement et le Patriotisme.

Les portes d’entrée, les balcons ont été faits dans le style XVIIIème siècle de la façade.

L’inauguration des travaux d’achèvement fut faite très simplement et sans faste par M. Raymond Poincaré, président de la République Française, le 1er juin 1914.

Voir aussi  Rennes (Bretagne) La façade de l'Hôtel de Ville de Rennes.

(G. Nitsch).

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