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CULTE DE SAINT AMAND A RENNES

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Nous ne savons presque rien de l'évêque saint Amand sinon que, se trouvant sur le point de mourir, il choisit saint Melaine pour son successeur sur le siége de Rennes. L'abbé Déric croit cependant que saint Amand fut lié d'amitié avec saint Paulin évêque de Nole et avec le poëte Sancte, et qu'il s'établit entre ces trois grands hommes un commerce de lettres dont il reste encore des fragments (Histoire ecclésiastique de Bretagne, I, 278). « Le corps de saint Amand fut enterré, selon toutes les apparences, dit Dom Lobineau, au lieu même où fut bâtie depuis l'église Saint-Melaine, près de laquelle il y avait un cimetière ». Quoiqu'Albert Le Grand dise que cet évêque, sacré en 478, mourut en 505, il est plus prudent d'avouer, avec Dom Taillandier, qu'on ignore l'année précise de sa mort qui dut arriver vers le commencement du VIème siècle. Sa fête se célébre le 14 novembre, et il est considéré à juste titre comme l'un des patrons de Rennes. A ce titre il mérite que nous consacrions quelques pages à l'histoire de son culte parmi nous.

L'histoire ne nous apprend pas malheureusement en quel temps le corps de saint Amand fut levé de terre, et transporté du cimetière de Rennes dans l'église abbatiale de Saint-Melaine, pour y être exposé à la vénération des fidèles ; elle ne nous dit point non plus en quels lieux ses saintes reliques furent transportées pendant que les Normands ravageaient la Bretagne au IXème siècle, et comment ce corps de notre bienheureux évêque se conserva dans son entier jusqu'à nos jours.

« Le plus ancien monument qui nous reste de la mémoire de saint Amand, est le bréviaire imprimé pour le monastère de Saint-Melaine en 1525 ou 1526, dans lequel la fête de saint Amand est marquée au XIIIème de novembre. Le procès-verbal de visite fait par Mr de Rennes (Pierre de Cornulier, évêque de Rennes, de 1619 à 1639) au mois de mars 1623, nous apprend qu'il y avait dans le trésor de Saint-Melaine, une châsse d'argent, dans laquelle les religieux assurèrent être les reliques de Monsieur saint Amand » (Histoire inédite de l'abbaye de Saint-Melaine, p. Dom Lobineau - Bibliothèque Nationale, fonds des Blancs-Manteaux).

Ce fut vers cette époque et non pas seulement en 1675, comme l'a cru Lobineau, que le culte de saint Amand commença à devenir célébre, et qu'on invoqua ce bienheureux dans les calamités publiques. Ainsi dès le 8 mai 1637, nous voyons le Chapitre de Rennes prendre la décision suivante : « Messieurs (les chanoines), pour cause des grandes sécheresses et afin de requérir et demander à Dieu de la pluie, cessation de la contagion et la paix, ont arresté que lundy prochain, 8 heures du matin, tout le clergé des processions générales, prêtres séculiers et réguliers, s'assembleront céans (c'est-à-dire à la cathédrale), pour aller en l'église Saint-Melaine quérir les châsses de Monsieur saint Amand, évesque de Rennes, les apporter en cette église cathédrale, y dire et célébrer la sainte messe, et après les reporter en ladite église Saint-Melaine, et puis tous ensemble finir lesdites processions en cette église » (Délibérations du Chapitre - Archives départ. d'Ille-et-Vilaine).

Mais en 1675 eut lieu une manifestation éclatante du peuple rennais en l'honneur de son saint patron. Dom Lobineau nous en a conservé le souvenir dans son Histoire manuscrite de l'abbaye de Saint-Melaine. Voici comment s'exprime le docte bénédictin : « Des pluies continuelles ayant désolé cette année-là la province et en particulier le territoire de Rennes, les religieux de Saint-Melaine, suivant les obligations de leur état, firent des prières publiques et des processions dans leur monastère, afin de fléchir la colère de Dieu et d'attirer les bénédictions du ciel sur les biens de la terre, qui périssaient visiblement par l'intempérie de l'air. Ils commencèrent cette cérémonie le 10 juillet, par une procession qu'ils firent autour de leur cloître et à laquelle ils portèrent la châsse de saint Amand. Plusieurs personnes qui avaient avis de la neuvaine que l'on devait faire, accoururent à Saint-Melaine et assistèrent avec beaucoup de piété à la procession et aux prières. Dès le soir même le temps changea, et la sérénité qui dura pendant trois semaines donna lieu de faire la récolte. Le lendemain, tout le monde vint en foule rendre ses devoirs au saint évêque auquel il se crut redevable, après Dieu, du changement arrivé dans la saison ».

« La guerre était alors fort allumée entre la France, l'Angleterre et l'Espagne ; les alarmes continuelles que donnaient sur les côtes les flottes anglaises avaient mis tous les habitants de la province en armes. Les milices bourgeoises de Rennes faisaient la garde nuit et jour à l'hôtel-de-ville. Ces compagnies voulurent prendre part à la dévotion publique et en demandèrent la permission à M. le gouverneur et aux religieux. Elles vinrent donc en armes les unes après les autres, rendre leurs respects à saint Amand, et assistèrent deux à deux, aux processions, faisant au sortir de l'église une décharge de leurs mousquets. La première compagnie ayant offert au saint évêque une couronne de fleurs d'oranger fit naître l'envie aux autres de se distinguer aussi par quelques présents ; mais les dernières compagnies l'emportèrent sur les premières par la magnificence et la richesse de leurs présents. La compagnie de la Charbonnerie, [Note : Les rues de la Cordonnerie, du Puits-du-Mesnil, Neuve et Tristin, ont disparu par suite de l'incendie de 1720 : elles se trouvaient aux environs de la Cathédrale et de l'Hôtel-de-Ville actuel] offrit une couronne d'argent ; celle du Champ-Jacquet et de la rue aux Foulons offrit un cœur d'argent couronné ; celle du Puits-du-Mesnil offrit un bouclier d'argent ; celle de la rue Neuve offrit une mitre d'argent ; celle de la rue Saint-Michel offrit une bannière de satin blanc garnie d'une frange d'or, représentant d'un côté saint Michel et de l'autre saint Amand ; cette bannière fut suspendue au dessus du chœur de l'église où elle se voit encore aujourd'hui ; celle de la rue Haute offrit une image d'argent en relief représentant un évêque couché ; ce présent fut le plus beau de tous. Enfin les vassaux de l'abbaye répandus dans la rue Saint-Melaine et dans le cimetière Sainte-Anne [Note : Le cimetière Sainte-Anne tirait son origine du voisinage de l'ancien hôpital du même nom ; c'est la place Sainte-Anne d'à-présent], ayant vu passer toutes les compagnies, voulurent aussi avoir leur jour et on le leur accorda. Ils offrirent un ange d'argent soutenant une crosse, avec deux étendarts, dont l'un représentait sainte Anne et l'autre saint Amand. Il fallut prolonger la neuvaine jusqu'au 4 août, afin de donner le temps à toutes les compagnies de satisfaire à leurs vœux et à leur dévotion pour saint Amand. Outre ces processions particulières, il y en eut une générale de tout le clergé séculier et régulier de la ville, à laquelle assistèrent Messieurs du Parlement en robe rouge, avec un peuple inombrable ; chacun s'empressant de témoigner son respect et sa reconnaissance à l'égard de saint Amand » (Hist. ms. de l'abbaye de Saint-Melaine, par Dom Lobineau).

Une relation contemporaine complète ce qui précède et nous donne le nom du quartier de la première compagnie ou cinquantaine, comme on disait alors : « La cinquantaine de la rue Tristin commença et porta une belle couronne de fleurs, le mardy, 9 juillet 1675. L'après-midy du même jour, les autres cinquantaines continuèrent alternativement jusqu'à la douzième. Chaque compagnie entrant baissait ses armes, et les habitants marchaient en grande humilité, quatre de front, jusqu'au maître-autel, par l'aîle de l'église du côté de l'épître: chacun s'agenouillait, faisait son oraison et passait devant les saintes reliques qui étaient placées sur un grand tapis, près le balustre du grand autel, vis-à-vis du chœur ; plusieurs cierges blancs étaient allumés autour des reliques ; les religieux bénédictins chantaient des prières et firent ensuite la procession des reliques autour de leur cloître. Cette procession était précédée et suivie par les douze cinquantaines qui rentrèrent dans l'église, passèrent par-devant les reliques, s'inclinèrent de nouveau et firent une décharge générale au bas de l'église » (Journal de Morel, cité ainsi que la page précédente de D. Lobineau, par M. Paul de la Bigne-Villeneuve dans les Mélanges hist. et arch. bret. I. 6.).

« Ces cérémonies, continue Dom Lobineau, donnèrent occasion aux religieux de Saint-Melaine de faire faire une châsse magnifique pour y déposer les reliques du Saint dont ils conservent depuis plusieurs siècles la dépouille mortelle. Ils en formèrent le dessein quelques mois après et le firent exécuter par le sieur Boullemer orfèvre de la ville de Rennes ; ils lui donnèrent pour cet effet la vieille châsse d'argent, qui pouvait valoir 150 livres, avec les vœux qui avaient été offerts par les milices bourgeoises, et il en fit un ouvrage aussi accompli qu'on en puisse faire en province. Lorsque la châsse fut achevée on choisit le 6 de novembre 1679 pour y déposer les reliques du saint pontife. On avait fait faire en même temps une châsse de bois doré pour y déposer celles de saint Melaine patron du monastère. Ce fut Mr d'Estrades, ancien évêque de Condom et abbé commendataire de Saint-Melaine, qui fit la cérémonie de ces deux translations. Il fit l'ouverture des anciennes châsses en présence de toute la communauté, de M. de Melloret, fameux médecin , et de M. Moreau, chirurgien, que l'on avait appelés exprès. On trouva dans la châsse de saint Amand à peu près le nombre des os qui composent le corps humain, excepté un ossement qu'on avait donné, le 19 juillet 1619, aux chanoines réguliers de Géneston ; mais il n'y avait dans celle de saint Melaine que quatre grands ossements. On dressa sur-le-champ un procès-verbal de cette ouverture dans lequel sont nommés tous les ossements qu'on y avait trouvés et leur nombre, et l'on renferma le tout dans les nouvelles châsses pour servir d'instruction à la postérité. On exposa ensuite les deux châsses dans l'église où il se fit tous les jours un grand concours de peuple que la cérémonie y attira et qui assista à la procession que l'on fit à l'abbaye de Saint-Georges immédiatement après la grand'messe » (Hist. ms. de l'abbaye de Saint-Melaine).

Dom Lobineau ajoute encore que la fête de saint Amand était autrefois « de première classe et de premier ordre » à l'abbaye de Saint-Melaine, mais qu'elle avait été réduite, « depuis quelques années, au rite des fêtes de 2ème classe et de 2ème ordre » sous lequel elle se fêtait de son temps le 14 novembre.

La mémoire de saint Amand continua d'être bénie à Rennes, et l'on eut toujours recours depuis à son intercession dans les calamités publiques. Voici comment on vénérait ses reliques au XVIIIème siècle lorsqu'elles étaient portées en procession, pour obtenir « l’heureuse disposition du temps » (Telle fut, entre autres, la procession du 10 juin 1709 - Délib. capit. Arch. départ.).

Les religieux bénédictins de Saint-Melaine apportaient eux-mêmes le corps de Saint-Amand à la cathédrale à l'heure de complies ; à leur arrivée les chanoines se rengeaient du côté de l'épître et cédaient aux bons pères les hautes stalles du côté de l'évangile. Deux moines revêtus d'aubes et de dalmatiques portaient le corps du saint évêque et le déposaient sur une crédence placée à cet effet au milieu du chœur, sous la lampe. Les complies étant achevées, on chantait l'Exurge et l'on commençait ensuite les litanies des Saints pendant que le cortége se mettait en ordre pour la procession. La châsse ne quittait point le couvent de Saint-Melaine et les religieux chargés de la porter se plaçaient au milieu des autres religieux. Sorti par la grande porte, le cortége allait par le chemin le plus court à l'église abbatiale de Saint-Melaine où étant arrivé l'on chantait un motet ; puis l'évêque ou le trésorier du Chapitre disait les oraisons après lesquelles tout le clergé, les prêtres séculiers et les réguliers, même les bénédictins, revenaient à la cathédrale Saint-Pierre ou l'on terminait la cérémonie par le chant du Salve Regina.

A l'époque néfaste de la Révolution française, la châsse d'argent qui renfermait le corps de saint Amand fut détruite par les iconoclastes, mais les précieuses reliques du bienheureux échappèrent à l'impiété.

Le corps du saint Evêque de Rennes repose maintenant dans la cathédrale, placé dans une fort belle châsse de bois doré et exposé comme jadis à la vénération des fidèles. On continue la tradition chère au peuple rennais et l'on porte encore processionnellement ces reliques insignes dans les rues de la ville, lorsqu'éclate quelque calamité publique, pour désarmer la colère divine par l'intercession de saint Amand.

Voir aussi  Ville de Rennes (Bretagne) "Neuvaine à saint Amand en 1675"

(abbé Guillotin de Corson).

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