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NEUVAINE A SAINT-AMAND EN 1675

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L'église de Rennes célébrait ces jours derniers (14 novembre) la fête de saint Amand, l'un de ses plus anciens évêques, prédécesseur immédiat de saint Melaine. En 1675, une neuvaine solennelle fut faite devant la chasse de saint Amand, pour obtenir de Dieu la cessation des pluies continuelles qui désolaient la province. D. Morice, dans son histoire inédite de l'abbaye de Saint-Melaine, qui se trouve dans la collection des Blancs-Manteaux (vol. LXXXVI), nous a laissé un récit curieux de cette cérémonie, à laquelle prirent part la milice bourgeoise de Rennes et toutes les classes de la population. — Le journal manuscrit d'un contemporain, Morel, procureur au présidial, nous fournit aussi quelques circonstances qui complètent la relation du Bénédictin. Nous donnons ici les deux fragments :

Extrait de l'Histoire de l'abbaye de Saint-Melaine, Chap. IX : De la dévotion à saint Amand.« On a remarqué ci-devant que selon toutes les apparences, le corps de saint Amand, évêque de Rennes, avait été enterré dans le lieu où est aujourd'hui situé le monastère de Saint-Melaine. C'est le sentiment qu'a suivi le P. Lobineau dans la nouvelle Vie des Saints de Bretagne qu'il a donnée au public. Mais cet auteur ne nous apprend point, en quel temps ce saint corps a été élevé de terre ; en quel lieu il fut transporté pendant les ravages des Normands, qui désolèrent la province pendant le IXème siècle ; et comment il s'est conservé dans son entier jusqu'à nos jours.

Le plus ancien monument qui nous reste de la mémoire de saint Amand est le bréviaire imprimé pour le monastère en 1525 ou 1526, dans lequel la feste de saint Amand est marquée au XIIIe de novembre. Le procès-verbal de visite faite par M. de Vienne au mois de mars 1623, nous apprend qu'il y avait dans le thrésor une châsse d'argent, dans laquelle les religieux assurèrent être les reliques de M. saint Amand. On ne trouve rien de ce saint depuis ce temps-là jusqu'à l'an 1675, auquel le culte de ce saint commença à devenir célèbre dans la ville. Et on le regarda dès lors comme un des principaux patrons du pais.

Les pluyes continuelles ayant désolé cette année la province, et en particulier le territoire de Rennes, les religieux de Saint-Melaine, suivant les obligations de leur état, firent des prières publiques et des processions dans leur monastère, afin de fléchir la colère de Dieu, et d'attirer les bénédictions du ciel sur les biens de la terre, qui périssaient visiblement par l’intemperie de l'air. Ils commencèrent cette cérémonie le 10 juillet par une procession, qu'ils firent autour de leur cloître, et à laquelle ils portèrent la châsse de saint Amand.

Plusieurs personnes, qui avaient avis de la neuvaine que l'on devait faire, accoururent à Saint-Melaine, et assistèrent avec beaucoup de piété à la procession et aux prières.

Dès le soir mesme le temps changea, et la sérénité qui dura pendant trois semaines, donna lieu de faire la récolte. Le lendemain tout le peuple vint en foule rendre ses devoirs au saint évêque, auquel il se crut redevable après Dieu du changement arrivé dans la saison.

La guerre était alors fort allumée entre la France, l'Angleterre et l'Espagne. Les allarmes continuelles, que donnaient sur les côtes les flottes anglaises, avaient mis tous les habitants de la province en armes ; les milices bourgeoises de Rennes faisoient la garde jour et nuit à l'Hôtel-de-Ville. Ces compagnies voulurent prendre part à la dévotion publique, et en demandèrent la permission à M. le gouverneur et aux religieux. Elles vinrent donc en armes les unes après les autres rendre leur respect à saint Amand, et assistèrent deux à deux aux processions, faisant au sortir de l'Eglise une décharge de leurs mousquets.

La première compagnie ayant offert au saint évêque une couronne de fleur d'orange, fit naître l'envie aux autres de se distinguer aussi par quelque présent. Mais les dernières compagnies l'emportèrent sur les premières par la magnificence et la richesse de leurs présents.

La compagnie de la Charbonnerie offrit une couronne d'argent ; celle du Champ-Jaquet et de la rue aux Foulons offrit un coeur d'argent couronné, celle du puits du Mesnil offrit un bouclier d'argent ; celle de la rue Neuve offrit un mitre d'argent ; celle de la rue Saint-Michel offrit une bannière de satin blanc, garnie d'une frange d'or, représentant d'un côté saint Michel et de l'autre saint Amand ; cette bannière fut suspendue au-dessus du choeur de l'église, où elle se voit encore aujourd'hui ; la compagnie de la rue Haute offrit une image d'argent en relief représentant un évêque couché ; ce présent fut le plus beau de tous. Enfin les vassaux de l'abbaye répandus dans la rue de Saint-Melaine et dans le cimetière Sainte-Anne, ayant veu passer toutes les compagnies, voulurent aussi avoir leur jour, et on le leur accorda ; ils offrirent un ange d'argent soutenant une crosse, avec deux étendarts, dont l'un représentait sainte Anne et l'autre saint Amand. Il fallut prolonger la neuvaine jusqu'au 6 août, affin de donner le temps à toutes les compagnies de satisfaire à leurs voeux et à leur dévotion pour saint Amand.

Outre ces processions particulières, il y en eut une générale de tout le clergé séculier et régulier de la ville, à laquelle assistèrent Messieurs du Parlement en robe rouge, avec un peuple innombrable : chacun s'empressant de témoigner son respect et sa reconnaissance à l'égard de saint Amand. C'est la première solennité que je trouve avoir été célébrée en l'honneur du saint évêque ; sa mémoire a toujours été depuis en bénédiction, et on a eu recours à son intercession dans les calamités publiques. Les marques évidentes qu'on en a reçu l'ont fait regarder comme un des patrons de la ville de Rennes ».

Extrait du Journal de Morel, procureur au Présidial.« Comme dans les mois de juin et juillet, cette année 1675, les pluyes estoient abondantes et tout à fait dommageables aux biens et fruits de la terre, on fit des prières publiques et toutes les cinquantaines firent voyage en corps à l'Abbaye royale des Bénédictins de Saint-Melaine pour y vénérer les reliques de saint Amand.

La cinquantaine de la rue Tristin commença et porta une belle couronne de fleurs, le mardy 9 juillet 1675. L'après-midy du même jour les autres cinquantaines continuèrent alternativement jusqu'à la douzième. Chaque compagnie entrant baissait ses armes et les habitants marchaient en grande humilité, quatre de front, jusqu'au maître-autel par l'aile de l'église du côté de l'Epistre : chacun s'agenouillait, faisait son oraison et passait devant les saintes Reliques, qui étaient placées sur un grand tapis près le balustre du grand autel, vis-à-vis du choeur ; plusieurs cierges blancs étaient allumés autour des Reliques ; les religieux Bénédictins chantaient des prières et firent ensuite la procession des Reliques autour de leur cloître.

Cette procession était précédée et suivie par les douze cinquantaines qui rentrèrent dans l'église, passèrent par devant les Reliques, s'inclinèrent de nouveau et firent une décharge générale au bas de l'église » (P. D.-V.).

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