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L'ANCIENNE CATHÉDRALE DE RENNES

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L'ancienne cathédrale de Rennes, dédiée à saint Pierre, s'élevait là même où se trouve aujourd'hui l'église métropolitaine de cette ville : le portail avec ses deux tours qui décorent celle-ci sont les seules parties restées debout du vieil édifice.

En 1181, Philippe, évêque de Rennes, jeta les fondements de cette cathédrale et en bâtit le chevet. « Les chroniques nous ont conservé une légende merveilleuse se rattachant à ces premiers travaux. Guidé par une révélation, le prélat constructeur fouilla dans les décombres de la cathédrale primitive , tombée en ruine et y trouva un trésor qui le mit à même de faire face aux dépenses du nouvel édifice. Continuée par Herbert, l'évêque thaumaturge qui ressuscitait les enfants morts et se faisait obéir des animaux sans raison, puis par les autres évêques de Rennes ses successeurs, la construction de la cathédrale ne s'acheva qu'au milieu du XIVème siècle » (M. de la Bigne-Villeneuve : Bulletin arch. d'Ille-et-Vilaine, VI).

Le bienheureux prince breton Charles de Blois y contribua par ses largesses : il fit faire la grande rose du transept septentrional la décora de peintures aussi bien que toutes les vitres éclairant le haut du chœur, bâtit quelques autels et fonda plusieurs chapelles en l'honneur des saints rois ses prédécesseurs sur le trône de Bretagne, Salomon et Judicaël, et des saints, également nationaux, Yves Donatien et Rogatien ; il donna aussi des tapisseries d'Arras pour orner le sanctuaire, des statues, des tableaux et beaucoup d'autres choses. Enfin la cathédrale, ainsi achevée et ornée par la générosité de ce pieux prince, put être consacrée, et, en 1359, l'évêque de Rennes, Pierre de Guémené, en fit la solennelle dédicace, le 3 novembre.

Postérieurement à cette époque de nombreuses chapelles furent ajoutées an plan primitif en forme de croix latine ; la cathédrale se composa donc d'une nef principale avec collatéraux, des transepts et d'un chœur terminé en hémicycle accompagnés de bas-côtés ou déambulatoires ; les chapelles, malheureusement placées d'une façon un peu irrégulière, rayonnaient autour de l'édifice entier. Enfin, à l'époque de la Renaissance le portail et les tours durent être relevés sur un nouveau plan, mais ils ne furent achevés qu'en 1704, tels que nous les voyons aujourd'hui. Vers le même temps les nefs et le chœur s'écroulèrent en partie, il fallut les démolir et songer à reconstruire une nouvelle cathédrale ; c'était en 1754 et la Révolution arriva avant la mise à exécution du plan que l'on projetait.

Avant de renverser le vénérable édifice construit par le moyen âge, l'intendant de Bretagne Le Bret fit fort à propos dresser, en 1755, des procès-verbaux relatant tous les monuments et intersignes qui existaient alors dans les diverses parties de l'église, et il les fit accompagner d'un plan par terre. C'est le seul document qui nous reste pour donner idée de l'ancienne cathédrale de Rennes dont on n'a conservé ni dessin, ni croquis.

Ces procès-verbaux nous apprennent que le chœur de S.-Pierre était éclairé par onze fenêtres décorées de riches verrières resplendissant des armoiries de France et de Bretagne, du Dauphin, des seigneurs de Châteaubriant, d'Espinay, de Goulaine, de l'évêque Aymar Hennequin, du cardinal Arnaud d'Ossat, de plusieurs chanoines, etc. Les murs, au pourtour du chœur et de la nef, étaient peints et semés d'hermines sans nombre, et les colonnes ainsi que les arcades couvertes de fleurs de lys. Un magnifique retable en bois sculpté et doré s'élevait derrière le maître-autel, représentant, dans plusieurs groupes de personnages en plein relief, diverses scènes de la vie de la Très Sainte Vierge : c'est ce retable, dont le cardinal Saint-Marc avait entrepris naguère la restauration, qui se trouve encore maintenant dans la première chapelle méridionale de la métropole.

Les stalles et la clôture du sanctuaire se faisaient remarquer par un curieux travail de sculpture sur bois dans le style du XVIème siècle. Le Chapitre fit faire ces stalles en 1520, et « en reconnaissance de tous les dons conférés par les seigneurs de la maison d'Espinay à l'église de Rennes, voulant donner à Guy II d'Espinay une preuve et un témoignage public et durable de gratitude, il lui concéda le privilège d'avoir, dans le chœur de son église, une stalle affectée à son usage, armoriée de ses armes, entre les stalles assignées au chantre et au Scholastique, vis-à-vis la chaire épiscopale » (ibidem II, 26).

Quant à la clôture du choeur proprement dit, nous savons que « sur les faces latérales de la balustrade reposaient quatre colonnes en cuivre supportant une frise ornée de même matière. La partie centrale, où s'ouvrait l'entrée du chœur, était en menuiserie pleine, au sommet de laquelle régnaient une frise et une corniche : là se dressaient les statues en bois des douze Apôtres ». En 1707, le Chapitre défendit « de laisser monter personne en ce jubé, aux jours de festes et cérémonies, à cause des accidents qui pouvaient arriver ».

Enfin il y avait dans le choeur une statue de Moïse et un aigle dont il est souvent fait mention dans les actes anciens: c'était très probablement de grands lutrins à l'usage des chantres.

Plusieurs personnages importants avaient reçu la sépulture dans cette partie de l'église ; ainsi l'on y voyait « au milieu du chœur une plaque de cuivre sur laquelle était écrit : CY GIST LE CORPS D'ISABELLE DE BRETAGNE, SŒUR UNIQUE DE LA REINE ANNE QUI DÉCÉDA LE X DE JUIN MIIIIcc IIIIxx IX, DE SON AGE LE HUITIESME avec un écu de Bretagne au bas de la plaque, accompagné de ces mots : PRIEZ DIEU POUR ELLE » (Inventaire de la cathédrale en 1755 - Archives du Chapitre). Les tombeaux des évêques François Larchiver, décédé en 1619, et Bertrand de Marillac, mort en 1573, apparaissaient ensuite. D'autres tombes épiscopales s'y trouvaient également, mais cachées sous le pavé : c'étaient celles d'Herbert (+ 1198), de Robert de la Rivière (+ 1450) et de trois autres prélats dont on ne put savoir les noms : on ne les reconnut qu'aux crosses qui accompagnaient leurs ossements ; les vases funéraires en terre et en verre, que l'on trouva dans leurs tombes, indiquaient une époque assez reculée. L'on découvrit aussi le cœur de Charles de Cossé, duc de Brissac, maréchal de France, lieutenant général au gouvernement de Bretagne, décédé à Rennes, le 14 novembre 1621, « renfermé dans un coffre de pierre, à quatre pieds de distance du tombeau d'Isabelle » (Inventaire de la cathédrale en 1755 - Archives du Chapitre).

Derrière le chœur la chapelle absidale ou de la Cherche portait le nom de chapelle du S.-Sacrement ; elle avait été construite par l'évêque Guillaume Brillet, et Paul Hay, marquis des Nétumières, s'en disait, en 1755, le présentateur à cause de sa terre du Vaufleury. On y voyait les armes du fondateur : d'argent à trois têtes de loup coupées de sable, et les tombeaux des prélats Guillaume Brillet (+ 1148) et Jean-Baptiste de Beaumanoir (+ 1711), ainsi que ceux de François Harpin seigneur de Marigné, président au parlement de Bretagne (+ 1607), de Robert Constantin, chanoine de Rennes et abbé de Saint-Jean de Chartres (+ 1650), de Gabriel Constantin Ier de la Fraidière, son père (+ 1661), de quelques autres membres de ces deux familles de Marigné et Constantin et de plusieurs chanoines. Mgr de Bréteuil (+ 1732) y avait aussi été inhumé, mais on ne lui avait pas encore élevé de tombeau.

A droite de cette chapelle absidale se trouvait celle appelée de Saint Armel ou de l'Annonciation. Elle avait été bâtie par l'évêque Michel Guibé, et le marquis des Nétumières en était aussi le patron et présentateur, à cause de sa terre de St-Jean-sur-Couasnon, qu'avait possédée le fondateur. Cette chapelle renfermait le tombeau et les statues de l'évêque Michel Guibé et du cardinal Robert Guibé, celui de leur frère Jacques Guibé, lieutenant au gouvernement de Rennes (+ 1509) et de ceux de plusieurs dignitaires et chanoines.

Continuant de descendre le déambulatoire méridional, on trouvait la chapelle Ste Marguerite, prétendue par le comte de Saint-Gilles-Péronnay, à cause de sa terre de la Durantaye, et renfermant le tombeau de Jean Le Breton, seigneur de Lancé, archidiacre de Rennes (+ 1400) ; et la chapelle St Nicolas, prétendue par Guy de Sarsfield, seigneur de la Motte-Saint-Armel, et contenant le tombeau d'Isaac Loaisel , seigneur de Brie, et président au Parlement (+ 1634).

Dans le transept du midi se trouvaient : à l'est la chapelle de l'Ange Gardien, avec le tombeau de l'évêque Raoul de Tréal ; — à l'extrémité, sous une grande verrière, don des ducs de Bretagne, l'autel St Sébastien ou du bon Yves, accompagné des tombeaux des évêques Aymar Hennequin (+ 1596) et Yves Mahyeuc (+ 1541) ; — enfin, à l'ouest, la chapelle de la Trésorerie ; là se trouvaient les sépultures des trésoriers du chapitre, du nom de Huart, de Gervais Huart, conseiller au parlement et de Jeanne Loüis, sa femme.

Dans le collatéral méridional de la nef se trouvait la chapelle St Martin de la Grille, fondée par Bertrand de Coëtlogon, archidiacre de Porhoët en 1470, et dépendant de la terre de Méjusseaume entre les mains de Joseph Freslon, seigneur de la Freslonnière, en 1755 : on y voyait le tombeau-arcade du fondateur et dans le vitrail les portraits des seigneurs et dames de Coëtlogon, avec leurs armoiries : de gueules à trois écus d'hermines.

Traversant la nef, déjà démolie en partie en 1755, nous trouvons accolé à l'une des colonnes de l'inter-transept l'autel de N.-D. du Pilier, construit sous les orgues et prétendu par le seigneur de Châteauloger, en Saint-Erblon, à cause de Robin Raguenel son fondateur au XIVème siècle.

Le transept septentrional était occupé, presque en entier, par la chapelle de N.-D. du Vœu, élevé à l'époque de la peste de Rennes, en 1634, par Mgr de Cornulier, le Chapitre et la Maison de Ville. Cet évêque mort en 1639 y avait son tombeau et ses armoiries : d'azur au rencontre de cerf surmonté d'une hermine d'argent.

A côté et à l'est de ce transept était la chapelle de St Michel « depuis longtemps abandonnée, » puis, en remontant le déambulatoire du chœur, celle de Villeboul, renfermant les tombeaux de l'évêque Anselme de Chantemerle (+ 1427), du chanoine Guillaume de Villeboul, fondateur (+ vers 1550), et de Pierre de Bauldrier, doyen de Fougères (+ 1582).

Venaient ensuite, en contournant toujours l'abside, la chapelle de Rillé avec la tombe de son fondateur Sébastien Thomé, abbé de Rillé et trésorier de Rennes (+ 1569) ; — la chapelle St Claude, prétendue par Thomas Morand, seigneur de Penzes et de Bouëdrier, où reposait le chanoine Jean Bouëdrier sous un tombeau-arcade, — et enfin la chapelle St André renfermant le mausolée et les statues de ses fondateurs Henry de Villeblanche, seigneur de Broons, gouverneur de Rennes, etc., et Renée de Bagatz, sa femme, morts vers la fin du XVème siècle.

Outre les nombreux tombeaux apparaissant encore en 1755 dans le sanctuaire et dans les quinzes chapelles entourant la cathédrale, il y avait de plus d'autres sépultures dans les nefs, dans les transepts et dans les recherches ou déambulatoires du chœur. Au haut de la grande nef reposaient les évêques Alain I (+ 1156) et Etienne de Fougères (+ 1178) ; dans le déambulatoire se trouvait, derrière le sanctuaire, la tombe de l'évêque Alain de Châteaugiron (+ 1328) ; enfin les dalles funéraires d'une foule de chanoines, semi-prébendés, prieurs, prêtres et officiers du Chapitre formaient littéralement le pavé de l'église entière et il est impossible de songer à les rappeler en détail tous ici.

Il est bien fâcheux que l'inventaire dressé en 1755, d'où nous avons extrait ce qui précède, se soit borné à signaler les tombeaux et les nombreux écussons sculptés sur les murailles, aux clefs de voûte et sur les mausolées, ou peints en litres dans les chapelles et en vitraux étincelants dans les fenêtres. Nous savons, il est vrai, que ces murailles étaient couvertes d'hermines et de fleurs de lys, mais ce que nous ignorons, ce sont les sujets décorant les voûtes du chœur garnies de « lambris peints qui représentent des saints et des objets de piété ; » ce sont les scènes et les personnages figurant dans les verrières de l'abside et dans ces deux grandes vitres des transepts « œuvre de haute entreprise » dues à la piété des princes de Bretagne ; ce sont enfin les descriptions détaillées des autels et de leurs retables, des balustrades et des clôtures de chapelles que le XVIème siècle cisela si finement, des statues les plus vénérees, des crédences les mieux ornementées, de tout ce mobilier religieux, en un mot, dans la confection duquel excellèrent les ouvriers-artistes du temps passé.

Quoi qu'il en soit de cette fâcheuse lacune, nous pouvons nous représenter l'ancienne cathédrale de Rennes comme n'étant point dépourvue au moyen âge d'une certaine splendeur d'architecture et de décoration et comme méritant par suite les regrets unanimes qu'occasionna sa ruine dans le siècle dernier.

(abbé Guillotin de Corson).

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