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LE RÉGIME RÉVOLUTIONNAIRE DANS LE DISTRICT DE REDON Pièces justificatives |
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PIÈCES JUSTIFICATIVES :
1° Projet du 16 juin 1790 tendant à modifier
la circonscription du District de Redon.
2° Délibération du Directoire et
adresse à la Convention nationale au sujet de la condamnation de Louis XVI.
3° Remontrance sur la nécessité des travaux publics.
4° Budget de 1792.
5°
Biens nationaux de première origine vendus par le Directoire du District de
Redon.
6° Adresse du District de Redon à l'évêque Claude Le Coz,
métropolitain du Nord-Ouest, et réponse de l'évêque.
7° Affaire Marti.
8°
Réorganisation de la garde nationale de Redon. Election des chefs (30 septembre
1793).
9° Réquisitoire du procureur-syndic sur la Constitution du 24 juin
1793, le 14 juillet suivant.
10° Rétractation des corps constitués du
District de Redon qui avaient adhéré aux décrets du Département relatifs à la
force départementale.
11° Représentation d'un des directeurs relative à la
force départementale.
12° Réquisitoire du citoyen Bellouard relativement aux
prêtres insermentés.
13° Réunion plénière tenue à Redon pour résister à la
chouannerie.
14° Appel fait à Carrier par le Directoire de Redon (2 frimaire
an II).
15° Noms des émigrés du district de Redon.
16° L'esprit public.
17° Louis XVI mourant.
18° Répartition par communes du contingent militaire
du district (17 mars 1793).
19° Arrêté du Directoire relatif à la nomination
d'un élève à l'Ecole normale supérieure.
20° Adresse du Directoire de Redon à
la Convention nationale au sujet de la mort de Robespierre.
21° Adresse du
Comité révolutionnaire « à ses frères, les braves parisiens ».
22°
Mention honorable décernée au Comité révolutionnaire de Redon.
23° Invitation
aux maires, agents nationaux et officiers municipaux de Maure, Guignen, etc. de
faire approvisionner les marchés de Rennes (6 nivôse an III).
24° « Les
administrateurs et agent national près le District de Redon aux municipalités et
administrés du District » (1er fructidor an II).
25° Déclaration de
grains enlevés à la Foret-Neuve.
*********
I. — Projet du 16 juin 1790 tendant à modifier la circonscription du District de Redon (A. D. I-V. 15 M 15).
II. — Délibération du Directoire et adresse à la Convention nationale au sujet de la condamnation de Louis XVI (A. D. I.-V. 2 L 82c, folios 14 et 15).
« Du samedi dix-neuf de janvier mil sept cent quatre-vingt treize, l'an deuxième de
la Liberté avant midi.
Séance publique, tenue par le citoyen Bellouard,
membre du Directoire, Bastide et Malherbe, membres du conseil, ces derniers
appelés au lieu et place des citoyens Gentil et Symon, en commission et absents.
Présent le Procureur-Syndic.
Le citoyen Bellouard a dit : Citoyens, mes
collègues, un vrai républicain ne peut être insensible au sentiment de justice
et de fermeté que vient de manifester la Convention ; et, en punissant de mort le
plus perfide des tyrans, elle vient de donner un grand exemple à l'univers. Je
vous propose donc, Citoyens, de complimenter cette auguste assemblée sur son
énergie. En jugeant Louis Capet, sans appel au peuple, elle vous a sauvé des
horreurs d'une guerre civile, depuis si longtemps projetée par le fanatisme et
l'orgueil humilié. Bellouard ». .........................
« Le Directoire, après avoir entendu le
Procureur-Syndic, arrête d'envoyer à la Convention l'adresse dont la teneur
suit :
Représentans du Peuple,
L'Assemblée Législative, liée par un
fatal veto, voyait le bien, l'aimait et ne
pouvait le faire : la journée du 10 août la mit à même d'enchaîner le monstre
qui nous dévorait, et elle le fit. Ne pouvant passer outre, d'après le ridicule
serment de maintenir la Constitution, elle demanda une Convention Nationale. Le
peuple, toujours souverain, forma cette Convention, lui confia tous ses pouvoirs
et la chargea de prononcer entre l'Assemblée devenue dénonciatrice et le plus
traître des Roix. Les forfaits de Louis Capet étaient connus, — sa sélératesse
(sic) évidemment démontrée ne laissait aucun doute sur son dessein fortement
prononcé d'asservir et d'écraser de nouveau un peuple généreux... —
Législateurs, le salut de ce peuple toujours aimable, toujours aimant, aurait-il
cessé même un instant d'être la Loi suprême ?... Pourquoi donc ces lenteurs,
enfans informes de la pusilnemmité (sic) ?... Pourquoi cet appel au peuple qui
n'est qu'un cercle vicieux, puisque ce peuple vous a revêtu de sa toute
puissance et vous a chargé de juger ?... Nous vous le dirons en hommes libres :
jusqu'à ce moment, vos craintes, vos défiances, vos perpléxités nous ont
cruellement affligés ; — déchirés par nos incertitudes, partagés entre la crainte
et l'espérance, nous ne savions si nous devions nous louer ou nous repentir de
nos choix... Aujourd'huy nous ne balançons plus, vous vous êtes élevés à la
hauteur de vos fonctions, vous avez prononcé l'arrêt de mort contre le Tigre,
et, en l'exterminant, vous nous avez rendu la vue de la liberté, et vous vous
êtes assurés notre confiance. Nous le savons, Législateurs, il en est parmi vous
pour qui le salut du peuple n'est rien, il en est qui sont sortis de notre sein
et qui ont perdu notre confiance en s'opposant par une pitié cruelle au supplice
du plus inhumain des mortels ; l'indiférence (sic) et le mépris, l'indignation et
la pitié, voilà les sentiments qui les attendent parmi nous. Nous jurons de
vivre libres, et de mourir s'il le faut pour faire exécuter votre sage décret ».
III. — Remontrance sur la nécessité des travaux publics (A. D. I.-V. 2 L 81 b, folios 49, 50 et 51).
« Du samedi sept mai mil sept cent quatre-vingt onze, aux neuf heures du matin.
Séance du Directoire du District de Redon, tenue au lieu ordinaire, présidée par M. Le Marchant, où étaient MM. Villerio, Guillemoys et Dayot, procureur-syndic, M. Hénaud, absent.
Un membre a dit : Messieurs,
Un concours de circonstances inévitables a
dû diminuer momentanément dans tout le Royaume la masse des travaux, ralentir la
marche de ceux qui étaient entrepris et réduire par là un grand nombre de
citoyens à un état d'inaction et de détresse dont les ennemis de la chose
publique n'ont que trop su profiter pour décrier l'heureuse révolution qui
régénère la France.
L'Assemblée Nationale, toujours guidée par des
principes d'humanité et de justice, s'est empressée de venir au secours des
malheureux. Une somme de 15.000.000, à prendre sur les fonds du trésor public,
est destinée à l'entretien et établissement d'atteliers (sic) de charité dans
les quatre-vingt trois Départemens, en assurant des alimens à l'indigence. Cette
ressource doit tourner en même temps à l'utilité commune.
Déjà, sur cette
somme, chaque Département a dû recevoir celle de 40.000 l., un précédent secours
de 30.000 l. et, pour le même objet, a été accordé à chacun d'eux, et notre
District y a été apparti (sic) pour la somme de 3.000 l. Il ne s'agit donc plus
que de répondre aux vues bienfaisantes de l'Assemblée Nationale et du Roi, en
déterminant le genre de travaux auxquels il convient de faire l'application de
ces fonds, travaux qui doivent nécessairement varier suivant les lieux, sans
cependant s'écarter du but de leur établissement, le bien public.
On ne
peut se dissimuler que le Département de l'Isle et Vilaine est un des moins
aisés. Le District de Redon surtout est
notoirement pauvre. En général peu cultivé, au milieu des terres et privé des
avantages du commerce par l'éloignement de toute communication, il éprouve des
besoins réels et multipliés. Sa situation connue dispense de tout détail
ultérieur et sera pour lui un titre aux bienfaits d'une Nation généreuse et
compatissante.
Dans un temps où l'éclat du trésor public permettroit des
sacrifices plus étendus, on solliciteroit l'établissement de maisons de dépôt et
d'hospices pour les vieillards et les enfants sans ressources, pour les pauvres
infirmes de l'un et l'autre sexe. On y feroit administrer les secours de la
médecine, en même temps qu'on les propageroit au dehors pour en faire jouir ceux
que leur situation en priveroit et que les circonstances ne permettroient point
d'admettre aux dépôts. Ces établissements pourroient être vivifiés par des
manufactures en laine, fil, coton. Enfin des sages femmes instruites,
honnêtement salariées et distribuées par cantons, dirigeroient le travail des
accouchements et enléveroient à une mort cruelle et journalière un nombre infini
de mères et d'enfants.
En attendant que cette douce perspective se réalise,
moment désirable et bien désiré que le nouvel ordre de choses nous laisse
appercevoir (sic) de près, occupons-nous de l'emploi des sommes que nous sommes
chargés de faire fructifier !
L'Assemblée Nationale et le Roi mettent, avec
raison, au nombre des travaux les plus essentiels, les desséchemens et les
défrichemens : à la vérité nos paroisses limitrophes de la rivière de Vilaine y
possèdent des marais ; mais outre que partie de ces terrains sont divisés entre
les particuliers, outre que quelques-uns sont en contestation entre les
paroisses, le flux de la mer met un grand obstacle à leur dessèchement.
D'ailleurs ces marais produisent à ces paroisses un avantage bien précieux. On
en retire annuellement un bourier ou gouesmon (sic) propre à fertiliser les
terres et le seul engrais que les riverains aient à leur disposition.
Quant
aux défrichemens, nous possédons des landes considérables. Une partie pourroit
être susceptible de culture et l'intérêt général demanderoit qu'on les mît en
valeur. Mais à qui doivent appartenir ces vagues
immenses ?... D'après l’arrondissement prochain des paroisses, chaque commune
deviendra-t-elle propriétaire de ce qui s'en trouvera renfermé dans ses limites ?
et alors même à quelle partie donnera-t-on la préférence ? Les défrichemens et
desséchemens opérés ne présenteront-ils pas l'apparence de faveurs particulières
dont il faut éviter jusqu'au plus léger soupçon, suivant l'instruction du Roi du
26 décembre dernier ?
Proposera-t-on de faire pratiquer des chemins de bourg
à bourg, comme quelques-uns semblent le désirer ? Cette opération, vraiment
utile, pourroit remplir les vœux des législateurs et du gouvernement, mais
s'exécuteroit-elle partiellement ou en son entier dans toute l'étendue du
District ? Dans la première hypothèse, ne seroit-ce pas tomber dans
l'inconvénient prévu par les ordres du Roi et paroître favoriser quelques
paroisses au détriment des autres ; au second cas, les secours à. toucher
seroient évidemment insuffisants. On seroit obligé d'abandonner des travaux à
peine commencés et l'emploi des deniers tomberoit en pure perte. Ce projet qu'il
est à désirer de voir effectuer, doit donc être renvoyé à un temps plus
opportun.
Il reste à parler des grandes routes et des canaux, objets
visiblement d'une utilité générale. Etablir des communications entre les
différentes parties de l'empire, les rendre faciles et en assurer la permanence,
c'est le moyen d'animer le commerce et l'industrie, sources précieuses de
prospérité publique et individuelle. Il ne s'agit point d'entreprises nouvelles,
à cet égard, dans l'étendue du District, mais seulement de continuer,
d'entretenir et perfectionner celles qui sont commencées. Les travaux en ce
genre peuvent se faire progressivement en proportion et suivant la mesure des
secours successifs que la sagesse du gouvernement destinera, dans le besoin, au
soulagement de la classe souffrante. Il est vrai qu'il y a des fonds
particuliers attribués à l'entretien et au perfectionnement de ces objets, mais
n'est-il pas indifférent par quels moyens et sur quels fonds le bien se fasse ?
Tout n'est-il pas puisé dans le trésor public ? D'ailleurs
pour ne point déranger l'ordre rétabli dans les finances, ne
pourroit-on pas feindre ici un prêt à la caisse destinée aux opérations et
entretien des chemins et canaux qui en feroit le remboursement à
l'administration du District, qui se ménageroit par là un second emploi de la
même somme, suivant l'exigeance (sic) des circonstances ? Ce dernier parti paroit
le seul à suivre, quant à présent. Néanmoins, Messieurs, je soumets le tout à
votre prudence et vous prie d'en délibérer... ».
IV. — Budget de 1792 (A. D.
I.-V. 2 L 81c).
(Contingent du District de Redon).
(1) Il n'est pas tenu compte des taxes révolutionnaires, recettes extraordinaires, etc..
V. — Biens nationaux de première origine vendus par le Directoire du District de Redon (A. D. I.-V. I Q 345).
(1) En floréal an 2 (avril-mai 1794) les assignats ne valaient plus que 18 % environ de leur valeur. Donc 687,527 livres en assignats se réunissent en numéraire à peu près à 125,000 livres.
VI. — Adresse du District de Redon à l'évêque Claude Le Coz, métropolitain du Nord-Ouest et réponse de l'évêque (A. D. I.-V. 2 L 81b).
Du 17 mai 1791.
« ... Un membre a dit : Messieurs,
Enfin nous
voyons s'achever heureusement la constitution de l'Empire français ; assise sur
des bases fixes et inébranlables, elle n'a plus rien à redouter des tentatives
de ses ennemis ; fondée sur la justice et la raison, elle sera immuable comme
elles. En vain le fanatisme religieux avait-il préparé ses poisons, aiguisé ses
poignards, la lumière perce les ténèbres, le monstre démasqué tombe expirant au
pied de la Religion victorieuse.
Déjà cette religion sainte, rendue à sa
première dignité, brille d'un nouvel éclat. A des prélats ambitieux et
réfractaires ont succédé des personnages pieux et éclairés. La France entière a
applaudi au zèle épuré de ses électeurs ; nous avons en particulier, Messieurs, à
nous féliciter du choix des nôtres. On ne pouvait en faire un plus heureux. Je
ne m'arrêterai point à vous retracer les grandes qualités qui caractérisent le
digne Métropolitain du Nord-Ouest. Avoir nommé M. Le Coz c'est en avoir fait
l'éloge. Je me borne à vous proposer de lui présenter l'expression des
sentiments de respect et de vénération que ne manque jamais d'inspirer la vertu
et dont nous sommes tous pénétrés pour la sienne.
Sur quoi délibérant, le
Directoire, ouï le procureur-syndic, a unanimement adopté la motion ci-dessus,
arrête qu'une expédition en sera envoyée à M. Le Coz, Evêque-Métropolitain du
Nord-Ouest en témoignage des sentiments d'estime et de vénération dont
l'administration est pénétrée pour la personne de cet illustre prélat. Arrête en
outre que cet envoi sera accompagné d'une lettre officielle qui sera enregistrée
à la suite de la présente.
Monsieur,
Nous avons l'honneur de vous adresser ci-jointe une expédition de notre arrêté de ce
jour, dont nous vous prions d'accepter l'hommage. Vous y trouverez l'expression
fidelle (sic) des sentiments respectueux que la connoissance de vos lumières, de
votre Patriotisme et de vos autres vertus n'a cessé de faire éprouver à chacun
de nous, sentimens qui, s'il étoit possible d'y ajouter se fortifieroient de
plus en plus par le zèle et l'application que vous mettrez au maintien d'une
constitution qui honore également la Religion et la Patrie.
Nous avons
l'honneur d'être, etc...
Le Marchant, Villerio, Hénaud, Guillemoys, Dayot,
procureur-syndic ; Chevalier, secrétaire ».
« Rennes, le 21 mai 1791,
Messieurs,
Je viens de lire, avec le plus vif intérêt, l'éloquent discours de
l'un d'entre vous et la délibération y relative que vous avez bien voulu
m'adresser. Ce témoignage d'estime de la part d'un district aussi éclairé, m'est
bien flatteur, Messieurs, et je vous en fais mes sincères remerciemens.
Il
n'est manœuvre qu'on n'emploie, il n'est effort qu'on ne fasse pour égarer nos
bons citoyens et les porter à une guerre civile. Aidé de vos lumières, secondé
par votre patriotisme, Messieurs, j'espère écarter d'eux ce fléau terrible et
fixer enfin, dans ce Diocèse et spécialement dans le District de Redon, cette
paix précieuse qui peut seule faire notre bonheur commun. J'ai l'honneur
d'être avec le plus respectueux dévouement, Messieurs, etc... + C. Le Coz,
Evêque Métropolitain de l'Isle et Vilaine ».
VII. — Affaire Marti (A. D. I.-V. 2 L 82c, folio 56).
« Du mercredi treize
mars mil sept cent quatre-vingt treize, l'an second de la République française.
Séance tenue par le citoyen Gentil, vice-président, Symon et Bastide,
administrateurs ; présent le citoyen Bellouard, substitut du procureur-syndic.
Les citoyens Lesage, avoué près le tribunal du district de Redon, et Duval
fils, aubergiste au bourg de Maure, entrés en la salle de l'administration ont
séparément et verbalement fait leurs déclarations contre le nommé Marti, chef de
la brigade de gendarmerie de Lohéac ; lesquelles déclarations prises en
considération, le Directoire, ouï le substitut du Procureur-Syndic, a arrêté
qu'elles seraient littéralement inscrites au présent, ce qui a été fait de la
manière suivante.
Le citoyen Lesage a déclaré que passant à Lohéac le 26
février dernier, il trouva sur la route le nommé Marti, chef de la brigade de
gendarmerie de Lohéac, qui le pria d'entrer avec lui chez Prévert, aubergiste ;
que, montés ensemble dans une chambre, Marti dit au déclarant qu'il se « foutait
» du district ; qu'il était l'ami des gens de campagne et que ceux-ci voulaient
qu'il fût leur chef ; qu'il avait été le dimanche précédent à Maure où tout le
monde l'avait pris pour chef, et qu'il leur avait prêché comme un docteur, que
les habitants de Maure se plaignaient que le citoyen Duval fils du bourg de
ladite paroisse avait tous les papiers envoyés par le district, qu'il ne les
donnait point à la nouvelle municipalité, qu'il croyait lui-même que ledit Duval
était bien coupable, et que les paroisses de Maure, Comblessac et Loutehel
l'auraient incendié ; que lui, Marti, en avait averti l'enregistrateur dudit
lieu pour qu'il sortît de chez Duval. Telle est la déclaration dudit Lesage
qu'il affirme véritable et a signé : Lesage.
Ledit Duval fils a déclaré que
le nommé Marti, chef de la brigade de gendarmerie de Lohéac, étant allé à Maure,
le dimanche 24 février dernier, apporter un paquet pour le
recrutement de Chateauneuf, au lieu d'y mettre le bon ordre, il y
causa le plus grand tumulte, qu'ayant accusé Joseph Davi de la Vilaine en Maure,
et ledit Duval de garder et de décacheter tous les papiers qui étaient envoyés
du District, d'où ils tiraient les décrets concernant les prêtres, sur ce
rapport un grand nombre saisit ledit Davi en le poussant et le maltraitant,
disant qu'il y avait longtemps qu'il faisait la Loi et qu'à leur tour ils se
vengeraient de ces bougres-là ; que ces particuliers menacèrent de mettre le feu
à la maison du citoyen Duval fils, que lui Marti en avait averti le citoyen
Bernard qui demeure chez ledit Duval, autrement qu'il courrait le plus grand
risque possible, que ledit Marti dit qu'il était à la tête de six ou sept cents
hommes pour les commander. Telle est la déclaration, etc... Duval ».
VIII. — Réorganisation de la Garde nationale de Redon. Election des chefs, le 30 septembre 1793 (A. D. I.-V. 2 L 95).
Etat-Major.
Michel Evain, commandant.
Pierre-Toussaint Le Clerc, commandant en second. Jean Pellan, adjudant. François
Dutemple, porte-drapeau. Armand Evain, porte-banneret.
Compagnies.
Grenadiers.
Jean-Baptiste Barbe, capitaine. François Le Batteux, lieutenant.
Alexandre Molié, 1er sous-lieutenant. Jean-Marie Le Dault, 2ème sous-lieutenant. 2
sergents, 4 caporaux, 60 grenadiers.
1ère de fusiliers.
Jean-Marie Symon,
capitaine. Jean-Baptiste Béranger, lieutenant.
Jean-Baptiste Hervy, 1er sous-lieutenant. René Dalifar, 2ème sous-lieutenant. 2
sergents, 4 caporaux, 60 fusiliers.
2ème de fusiliers.
Jean-Baptiste
Tessier, capitaine. François Bellouard, lieutenant. Guillaume Evain, 1er
sous-lieutenant. Bernard Moriette, 2ème sous-lieutenant. 2 sergents, 4 caporaux,
60 fusiliers.
3ème de fusiliers.
Julien Lollivier, capitaine. Julien
Cartier, lieutenant. Joseph Neutrec, 1er sous-lieutenant. Denis Ménager, 2ème
sous-lieutenant. 2 sergents, 4 caporaux, 60 fusiliers.
4ème de fusiliers.
Charles Seguin, capitaine. Pierre Vallée, lieutenant. Etienne Ménard, 1er
sous-lieutenant. Sébastien Glard, 2ème sous-lieutenant. 2 sergents, 4 caporaux, 60
fusiliers.
Tambours : Augustin Gicquel, Michel Simon.
Sapeur : Joachim Duchesne.
IX. — Réquisitoire du procureur-syndic sur la Constitution du 24 juin 1793. — Le 14 juillet 1793 (A. D. I.-V. 2 L 83a).
« Citoyens, liés par le serment que
nous avons solennellement prêté de maintenir la liberté, l'égalité, l'unité et
l'indivisibilité de la République, la fidélité au peuple et la haine aux tyrans,
quelle doit être notre conduite dans des circonstances aussi difficiles ?... —
L'exécution de la loi !
Citoyens, le 9 juin dernier, vous reçûtes l'arrêté
du département d'Ille et Vilaine, relatif à la force départementale ; vous le
fîtes exécuter ; c'était une loi pour vous dès qu'elle était
émanée d'une administration supérieure et qu'elle n'était alors
contrariée par aucun décret. Aujourd'hui, le Ministre de l'Intérieur vous
envoie officiellement l'acte constitutionnel du 24 du mois dernier. J'en
requiers, conformément aux lois sur l'organisation des corps administratifs,
l'enregistrement, l'affiche, la publication et l'envoi aux municipalités du
ressort. Bellouard ».
X. — Rétractation des corps constitués du District de Redon qui avaient adhéré aux décrets du Département relatifs à la force départementale (A. D. I.-V. 2 L 84a).
« Du mardi 16 juillet 1793, l'an 2 de
la République française, une et indivisible.
Le Directoire, ayant fait
convoquer les différents corps constitués sur le décret de la Convention
Nationale du 26 juin 1793, le procureur-syndic a requis la lecture de l'adresse
et du décret.
Après de vifs débats, l'Assemblée a pu les concilier. Il a été
arrêté que ceux qui seraient d'avis de la rétractation la souscriraient, que la
feuille destinée à recevoir l'acte de rétractation serait envoyée par original à
la Convention Nationale, et que l'adresse à nos législateurs serait transcrite.
Redon, 16 juillet 1793, l'an 2 de la Rép. franç. Bellouard,
procureur-syndic ».
« Législateurs,
Quand nous avons organisé une force
départementale, nous ne crûmes pas attaquer la Convention, nous crûmes concourir
à sa splendeur et à sa gloire.
Mais l'expérience nous a prouvé qu'on nous
trompait et, qu'une puissance monstrueuse voulait s'élever au-dessus de la
vôtre. Frappés d'étonnement et de douleur, nous jurons une haine
éternelle à ces ennemis de l'ordre, qui, le mot de République
une et indivisible à la bouche, servent leurs projets liberticides. Qu'ils
tremblent ces monstres à figure humaine, ces caméléons qui ne se couvrent du
manteau du Républicanisme que pour mieux tromper le Peuple et renverser l'arbre
sacré de la Liberté.
Nous vous annonçons, Législateurs, que nous venons de
transmettre l'acte constitutionnel aux cantons de notre arrondissement. Puissent
nos Ennemis ne pas tromper encore nos frères des campagnes sur l'ouvrage de
votre sagesse qui seule peut amener le bonheur. Nous rappelons, au nom de la
loi, la force armée de notre District.
Le zèle et la fidélité des braves
citoyens de Paris suffisent pour vous défendre des efforts de la
malveillance..Bellouard, procureur-syndicc»».
« Nous [Note : En marge : « L'original dont copie est ci-contre a été adressé au citoyen
Sevestre, membre de la Convention pour le lui remettre, 1er août 1793. »], soussignés, pour satisfaire aux
dispositions du décret de la Convention Nationale, du 26 juin dernier, déclarons
nous rétracter de la part que nous avons prise aux arrêtés des 8, 9, 10 et 21
juin, concernant les forces départementales, déclarons de plus adhérer aux
décrets de la Convention Nationale.
A Redon, le 15 juillet 1793, l'an 2 de
la République française.
Signé : Bellouard, procureur-syndic ; Le Batteux,
administrateur ; du Bourblanc, substitut du Procureur de la Commune ; Lallemand,
membre du Directoire en l'absence de Gentil ; Lodin, membre du Directoire, pour
le 1er arrêté seulement ; Binel, pour les trois premiers arrêtés seulement ;
Bastide, administrateur ; Le Dault, membre du Conseil de la Commune ; Pellan
aîné, officier municipal ; Picot, officier municipal ; Normand, membre de la
Commune ; Mirey, notable ; Texier, officier municipal ; Boullay, officier
municipal ; Degousée, président ; Herbin, officier municipal ; Matard, officier
municipal ; Duval, caissier du District [Note : En marge : « Pour
adhésion, Chevalier »] ; Molié,
membre du conseil du Directoire ; pour adhésion Mintière, administrateur et
enregistrateur ; Murié, notable ; Salou, notable ; Berranger, officier municipal ;
Raulin, secrétaire de l'administration ; Dumoutier, maire ; Pavin, notable ;
Dumont, caissier du District...
Revenu de Caen. de la force départementale,
et dans l'intention de me rétracter dès le moment que j'ai connu les décrets de
la Convention Nationale, je déclare cejourd'hui, à mon arrivée, adhérer
entièrement à la rétractation de mes collègues ci-dessus soussignés et accepter
la Constitution dans son entier.
Redon, ce 5 août 1793, l'an 2 de la
République française une et indivisible. — Gentil [Note : Le 12 août 1793,
l'administration délivrait à Gentil un certificat en ce sens], Bastide.
Pour
adhésion à la dite rétractation pour les mêmes motifs les dits jour et an que
devant : Blanchet, procureur de la Commune » (A. D. I.-V. 2 L 84a folio
82).
XI. — Représentation d'un des Directeurs relative à la force départementale (A. D. I.-V. 2 L 83a, folios 43-44).
« Du 25 juillet 1793, l'an 2 de la République française. Séance
publique présidée par le citoyen Degousée, où étaient les citoyens Bastide,
Binel, Lodin et Lallemand. Le procureur-syndic présent.
Il a été
représenté par un membre que pour faire cesser la responsabilité des
administrateurs du District de Redon sur l'organisation de la force
départementale il était nécessaire de prendre une mesure vigoureuse, que,
quoique le Directoire eût adressé son acte de rétractation à la Convention
Nationale et qu'il eût écrit au commandant des volontaires
de Redon et aux jeunes gens eux-mêmes, ils resteraient
peut-être malgré eux sous les drapeaux de la force départementale, que le seul
moyen de faire revenir dans leurs foyers les jeunes gens qui ne les ont quittés
que par amour pour la patrie, que dans le dessein de réprimer l'anarchie et,
d'obtenir une constitution, il était du devoir du District d'écrire au
Département, de rappeler le commissaire Jehanne que, faute de déférer à notre
arrêté, de déclarer le Département et le commissaire personnellement
responsables de tous les évènements qui pourraient arriver à notre jeunesse et à
les faire poursuivre comme traîtres à la patrie, comme désorganisateurs, comme
dilapidateurs des fonds publics, et ne se masquant sous le voile de l'intérêt
que pour servir leurs intérêts particuliers, et cherchant dans l'anarchie et la
guerre civile les moyens d'obtenir des magistratures à vie.
Qu'est-ce que
la tyrannie ? Si ce n'est de se rendre indépendants du peuple, si ce n'est de se
servir du fruit de ses travaux, et de s'en emparer pour son intérêt particulier,
pour satisfaire la haine de sa vengeance, de vouloir influencer l'opinion
publique par des écrits captieux, de s'attacher plutôt à l'opinion d'un membre
qu'à celle du souverain.
Qu'appelle-t-on rébellion ? Si ce n'est d'employer
les armes pour faire triompher son opinion, armer une faction du peuple contre
le peuple entier.
Vos motifs sont découverts, c'est pour vos intérêts que
vous travaillez le peuple..
N'est-ce pas une révolte que d'avoir arrêté les
caisses, que d'avoir défendu de reconnaître les représentants du peuple auprès
des armées ou dans les départements ?
Et dans quels moments surtout ? Lorsque
pour empêcher l'envahissement du territoire français, nous sommes obligés
d'avoir onze armées, que la Convention a fait lever 300.000 hommes pour les
recruter. Non, il faut marcher sur Paris, il faut laisser aux brigands de la
Vendée le temps de s'emparer de quelques places maritimes, pour donner l'entrée
aux Anglais, pour faire passer le peuple breton dans l'administration du prince
de Galles..
L'or de Pitt a circulé, il a plus
compté sur nos divisions que sur ses armes [Note : De telles accusations
sont l'effet de l'esprit de parti. Les travaux déjà nombreux que l'on a publiés
sur la période révolutionnaire démentent complètement ces rumeurs sans
fondement]. Nous serions bien coupables si
nous permettions que les armes de notre jeunesse servissent à des projets aussi
barbares et aussi atroces ; devrions-nous être immolés, devrait-on nous mettre le
poignard sur le sein, disons la Vérité et bravons toute crainte.... ».
XII. — Réquisitoire du citoyen Bellouard relativement aux prêtres insermentés (A. D. I.-V. 2 L 82°, folio 10).
« Du mardi 15 janvier 1793, l'an second de la
République française. Séance publique tenue par les citoyens Bastide et
Malherbe, membres du Conseil, et le citoyen du Bourblanc, second suppléant,
convoqué par le citoyen Bellouard, substitut du procureur-syndic, en commission,
pour concourir aux opérations du Directoire, attendu le défaut de remplacement
du citoyen Hénaud, et l'absence pour commission, des citoyens Gentil et Symon,
membres du Directoire. Le substitut du procureur-syndic présent.
Le substitut
du procureur-syndic a dit :
Citoyens, le salut de la Patrie est
trop essentiellement lié au maintien du bon ordre et à la stricte exécution des
lois pour que votre sollicitude n'emploie pas les mesures répressives contre des
abus sans nombre, introduits par l'extrême facilité qu'ont toujours eu près des
municipalités de ce district des prêtres réfractaires et perturbateurs, des
émigrés rentrés malgré les sages précautions indiquées par l'administration..
Ces prêtres, sous le spécieux prétexte que, par les lois du 26 décembre 1790, 17
avril 1791 et 26 août 1792, ils ne sont pas tenus au serment comme simples
ecclésiastiques, sont restés travestis dans les campagnes, pour remplir des
fonctions publiques, dire des grand-messes, des vêpres, auxquelles les habitants
des campagnes circonvoisines de trois à quatre lieues se rendent exactement les
dimanches et fêtes. Ces prêtres administrent les sacrements, prêchent, élèvent
la jeunesse dans une erreur fanatique et contre-révolutionnaire.
Les autres se
présentent aux municipalités qui leur délivrent des certificats de résidence
avec une lâche complaisance ; chaque jour il vous est présenté de ces actes, et
jusqu'ici je n'ai vu la punition d'aucun de ces abus..
Je requiers donc que
vous sévissiez contre ces municipalités ennemies de tout ordre, dont la majeure
partie a même refusé le serment prescrit par la loi et que vous arrêtiez que
toutes les fois qu'un ecclésiastique non-conformiste se permettra de dire des
messes ou de remplir toute autre fonction publique dont l'objet ne tend
évidemment qu'à alimenter le fanatisme et les horreurs de l'anarchie, qu'une
force armée proportionnelle à la population soit employée contre et aux frais de
la municipalité qui autorisera de telles infractions, le tout sous l'approbation
du Département et a signé,Bellouard, Substitut du Procureur-Syndicc»».
XIII. — Réunion plénière tenue à Redon pour résister à la Chouannerie (A. D. I.-V. 2 L 84a, folios 78-79).
« Du dimanche 30 juin 1793, l'an 2 de la
République..
Séance du Conseil Général en permanence, présidé par le citoyen
Degousée, où étaient les citoyens Bastide, Binel, Lodin, Le Batteux, Rozy aîné,
Barbe, Molié et Lallemand, présent le Procureur-Syndic.
Les citoyens Le
Gall, Gaillard et Meunier, commissaires des districts de Rochefort et Josselin,
et des municipalités de Josselin et Malestroit, ont représenté et donné
communication des commissions qui leur ont été délivrées par les différentes
autorités qu'ils représentent.
Leur mission
tendante à resserrer de plus en plus (dans les circonstances orageuses où
l'invasion des Brigands met, plusieurs départements voisins) la fraternité et
l'intelligence si nécessaires pour conserver l'unité et l'indivisibilité de la
République française ; — à avoir une connaissance parfaite de la situation de
notre ville, menacée par ces mêmes brigands qui, en ce moment, entourent et
assiègent peut-être la ville de Nantes ; — à établir enfin des courriers sûrs et
fréquents pour leur communiquer nos craintes ou notre sécurité, afin de recevoir
de leurs contrées les secours dont nous pourrons avoir besoin.
Le Conseil
Général après avoir témoigné aux citoyens commissaires leur sensibilité à leur
démarche civique et républicaine, ont d'abord invité leurs frères du District de
Blain de se rendre dans la salle des séances, pour y faire par eux-mêmes le
récit de ce qui s'était passé dans leur chef-lieu : ceux-ci également jaloux de
fraterniser se sont rendus à l'invitation et ont satisfait aux différentes
questions ainsi que le prouve le procès-verbal par eux rédigé.
Pour
répondre à la seconde question, les mêmes administrateurs du Conseil Général du
District de Redon ont fait inviter le citoyen Prat, chef de brigade, de se
rendre au milieu d'eux et d'y faire l'exposition simple de l'état dans lequel se
trouve cette ville qu'il commande maintenant. Cet officier entré et interpellé a
répondu qu'il ne connaissait point encore la place ; que, quant à la force, il
avait maintenant six à sept cents hommes, mais qu'il ne pouvait compter que sur
la moitié, le reste étant des soldats de la nouvelle levée, par conséquent peu
aguerris.
L'Assemblée ayant dit sur la position où se trouve la ville de
Nantes, que (s') il arrivait que cette place vint à être soulevée par les
rebelles, Redon, par sa situation était une ville à conserver précieusement ; que
si les rebelles s'en emparaient, Rennes et le département du Morbihan étaient
exposés à leur invasion ; qu'ils pénétreraient aisément jusqu'à
la côte par différents points ; que Redon moyennant une
garnison de 1.000 à 1.200 hommes bien disciplinés, avec quatre ou cinq pièces de
position, un pont-levis sur la chaussée de Saint-Nicolas, un épaulement ou
retranchement sur la prairie d'Aucfer (lequel servirait à joindre les deux
rivières), serait dans le cas de résister aux Brigands ; que ce poste enfin
étant conservé, il pourrait même servir à reconquérir la ville de Nantes, parce
qu'il conserverait le moyen de faire venir des troupes par Vannes, Saint-Brieuc,
Lorient et, autres endroits.
Pendant que l'Assemblée s'occupait d'assurer la
liberté et l'existence de Redon à la disposition de la République, est venu un
ordre adressé au chef de brigade du 39e régiment d'infanterie, de faire partir
la garnison de Redon, de toutes armes pour se transporter à Roche-Sauveur.
Les administrateurs du Conseil Général, le procureur-syndic
entendu, considérant qu'il est important que Redon ne soit pas sans troupes
d'abord pour conserver les bateaux du côté de la ville de Redon pour assurer en
tous évènements la retraite à nos troupes ; secondement pour maintenir la paix et
la tranquillité dans nos campagnes circonvoisines ; troisièmement pour conserver
les papiers du district et la sûreté de deux caisses, celle du district de Redon
et celle de Blain qui est dans nos murs : arrêtent, sous leur responsabilité, de
retenir à Redon jusqu'à nouvel ordre 80 hommes du Département des Cotes du Nord,
commandés par le citoyen Berthelot, duquel il a été délivré acte au commandant
de la place, et une copie au citoyen Berthelot.
L'Assemblée a levé la
séance en se jurant amitié et fraternité. Avant de se séparer, il a été encore
arrêté qu'un courrier partira de Redon tous les jours à midi, pour se rendre à
Peillac où il trouvera celui de Malestroit, et que cette correspondance aura
lieu autant que les circonstances critiques nous entoureront ».
XIV. — Appel fait à Carrier par le Directoire de Redon (2 frimaire an II) (A. D. I.-V. 2 L 83a, folios 133-134).
« Du vendredi deux frimaire, l'an deuxième de la République une et indivisible...
Séance
publique permanente présidée par le citoyen Degousée, présents les citoyens
Gentil, Bastide, Lanoë et Lallemand, administrateurs, présent aussi le citoyen
Binel, procureur-syndic.
Les administrateurs du District de Redon, n'ayant
pour ambition que le bonheur public, pour désir que la tranquillité de leurs
concitoyens, pour but que le ferme établissement et le maintien de la République
une et indivisible, jaloux surtout de braver la mort ou de périr plutôt que
d'infâmes scélérats ou de vils esclaves souillent la terre qu'ils habitent, et
celle même qui les environne.
Les mêmes administrateurs considérant que la
malveillance redouble de fureur à, proportion qu'eux-mêmes redoublent de
vigilance ;
Considérant que la horde sanguinaire qui a dévoré la Vendée,
loin d'être anéantie a profité de ses échecs et de ses débris même pour rallumer
et propager le fanatisme qui pervertit les campagnes ;
Considérant que des
scélérats débandés se réunissent aux mécontents de tous les genres et font de
criminels efforts pour empêcher la jeunesse en réquisition de se lever en masse
et de sauver la patrie en danger ;
Considérant l'état de dénûment en
munitions, en armes et en hommes, dans lequel se trouvent Redon et les postes
qui l'environnent ;
Considérant que le plan bien réfléchi et actuellement
connu des brigands est de s'emparer du Morbihan et du Finistère où ils
trouveraient des amis... des frères... et des secours en tous genres.....
Considérant enfin que le citoyen Carrier, représentant du
peuple, peut seul fournir les secours nécessaires à une vigoureuse
défense, depuis que son collègue Pocholle a fait partir de Rennes les trois
armées qui y étaient réunies :
Arrêtent, le procureur-syndic entendu, 1°
que le citoyen Le Batteux, membre du District et président du Comité de
surveillance de Redon, partira sur le champ pour instruire le brave et intrépide
Carrier, et lui peindre leur position et celle des Districts environnants ;
2°
Que le même commissaire prendra auprès du représentant sus-nommé toutes les
mesures et tous les moyens propres à mettre les républicains de Rochefort, de
Redon et autres lieux environnants, en état de se battre et de périr
glorieusement et utilement pour leur patrie ;
3° Qu'il accélera sa marche et
ne quittera le représentant qu'au moment où il aura obtenu les secours qu'il
demande, le chargeant surtout de représenter les lettres et de développer les
motifs de la présente pétition ».
XV. — Noms des émigrés du District de Redon d'après l'état général des immeubles vendus du 13 floréal an II, au 2ème semestre de l'an VIII inclusivement (A. D. I.-V. 1 Q 346).
PREMIER REGISTRE.
Eustache de la Houssaye (Redon).
Fidèle, Pierre, Armand et, Pélagie Le Chauff Le
Hellec.
Kersauson, prêtre.
Jean-Lambert Boisjan (Bruc).
Picor de Peccadeu
(Langon).
Fournier d'Allérac (St Ganton).
St Mallon (Les Brûllais).
Pierre
Poisson, recteur (Bains).
Becdelièvre (Maure).
Jean Le Chauff (Maure).
Davy de la Jaril (ou David du Jaril) (Maure).
Guichardy
(Martigné), propriétaire dans le district de Redon.
Becdelièvre fils (Penhouët),
propriétaire dans le district de Redon.
Jaril fils (Lieuron).
Henry Quisistre
Baralain (Langon).
Constant Marnière (Bruc).
De la Ruée fils (Sixt).
Gouro de
Pommery (Sixt).
De Quélo (Bains).
Louis Dunoday (Bains).
DEUXIÈME REGISTRE.
Charles Sévère de Montluc (Pancé), propriétaire à Pipriac.
Louis François Elie
Camus de Pontcarré (Pipriac).
Grignard-Champsavain (Baulon).
Mlle Prévost de
la Touraudais (Goven).
Mme La Bouexière, épouse de M. Romyvineu Kermarchand.
De
Limoge (chanoine de St Pol de Léon), propriétaire à Maure.
Fournier de la
Chataigneray (Maure).
Jean René Marnière (Guer), propriétaire à Maure.
Servande de Villecerf (Comblessac).
Les frères Tanouarn.
Louis Marie Guéril.
André Thomelin.
Romyvineu de Piré.
Antoine Pierre Huchet.
Alexis du Bouexic.
Bothelerais.
Esprit Clair de la Bourdonnaye-Blossac.
Les messieurs de Piré.
Mlle
Lebateur du Couessal.
Fournier Pélan.
XVI. — L'Esprit public, d'après la correspondance décadaire de l'Agent national avec le Comité de Salut public (A. D. I.-V. 2 L 95 bis).
24 Ventôse an II. — Il (l'esprit public) n'a pas éprouvé de variations, toutes les idées paraissent fixées sur les grands coups que la République va porter à nos ennemis et je ne sache pas qu'aucun individu doute de son succès.
4 Germinal an II. — Il ne varie pas, les administrés se soumettent à la loi et les malveillants se taisent. Les communes ne parlent des prêtres d'aucune espèce, et celles où les prêtres assermentés ont abdiqué n'ont pas paru en prendre de l'inquiétude. Il semble, au contraire, que cette disparition d'êtres trompeurs, a réuni les esprits fanatisés avec les patriotes.
11 Germinal an II. — Il se maintient. L'ordre et la tranquillité règnent dans nos campagnes.
23 Germinal an II. —
Les communes du District se maintiennent dans le bon esprit, car malgré les
soulèvements de celles des districts de Rochefort et de Roche-Sauveur qui sont
auprès de nous, elles ne participent point à la dépravation du leur. Vingt et
quelques de ces brigands, au nombre de 300 armés, viennent de périr sous les
coups d'un détachement de notre garnison, un de leurs chefs a été tué, l'autre
pris et reconnu, par ses papiers, pour être ci-devant capitaine au Régiment de
Picardie.
Cet événement nous a donné connaissance qu'il y a environ un mois
vingt hommes bien montés se sont embarqués au Passage-Neuf, à une lieu de nous,
munis de passeports en règle. On ne doute plus que ces hommes étaient échappés
de Savenay où l'armée de Talmont a trouvé sa fin, et que ce sont eux qui se
répandent et soulèvent les campagnes du Morbihan. Mais comment ont-ils pu se
procurer des passeports ? Ou ils sont faux, ou les municipalités des Districts
qui nous environnent sont scélérates.
30 Germinal an II. — L'esprit public s'éclaire chaque jour. Nulle arrestation n'a eu lieu dans cette décade, dans l'étendue du District.
9 Floréal an II. — Les progrès sont lents dans nos campagnes. Cependant dans plusieurs communes les peuples s'assemblent les jours de décadi.
19 Floréal an II. — Les Chouans échappés à la poursuite de l'armée vers les districts de Fougères et de Vitré se sont jetés précipitamment sur celui-ci. Les précautions que l'administration du District a prises, pour leur couper le passage du Morbihan ne leur a pas permis d'y faire de grands ravages, ni de séjourner longtemps sur ce territoire. Nos campagnes désarmées, ne pouvant opposer de résistance, ont évité la rencontre des Chouans, et si quelques-uns d'entre eux ont été forcés de les suivre, ils leur ont échappé et sont rentrés dans le jour. —Je rendrai à cet égard un compte particulier.
29 Floréal an II. — J'ai été instruit que plusieurs des communes de ce District s'étaient, lors de l'incursion des Chouans, rassemblées, armées d'instruments tranchants, pour courir à la poursuite des brigands qu'ils n'ont pu atteindre dans leurs marches précipitées. On peut juger par cet acte de l'esprit public des administrés de ce District.
3 Prairial an II. — Aucuns des comités de surveillance de ce District ne m'ont annoncé d'arrestation dans cette décade. Lorsque les Chouans ont entré (sic) dans ce District, plusieurs des communes, armées d'instruments tranchants, se sont réunies en masse, pour s'opposer au passage de ces infâmes assassins, mais leur fuite précipitée n'a pas permis à ces braves cultivateurs de les atteindre. Il est aisé par cet acte de juger de l'esprit public dans les communes.
9 Prairial an II. — Il ne faut plus que de bons instituteurs pour instruire. A quelques communes près, l'esprit public est bon partout, et les communes que j'excepte sont loin de se soulever.
19 Prairial an II. — Des dénonciations que l'on ne prétend pas fondées (sic), ont été faites au représentant du peuple à Rennes. Plusieurs dénoncés ont été conduits et on attend incessamment, dans cette ville, le représentant du peuple Laignelot, qui éclaircira les faits. Ce que je vois de certain, c'est que des dénonciations vagues et exaspérées, nuisent infiniment à l'esprit public et jettent la terreur, qui ne doit être le partage que des ennemis de la République, dans le cœur des patriotes. — Il se fait de grands préparatifs pour célébrer demain la fête en l'honneur de l'Etre Suprême. Tous les habitants de cette ville s'empressent à concourir à l'embellissement de cette journée.
29 Prairial an II. — Je suis sorti vers les communes le 23 de ce mois. J'ai parcouru celles de Bains, Renac, Brain, Langon, Saint-Ganton, Guipry, Lohéac, Saint-Germain et Guignen. Je pars demain pour consommer ma tournée, et, jusqu'à présent, j'ai lieu d'être satisfait sur l'exécution des lois en général et sur le bon esprit qui y règne.
9 Messidor an II. — J'ai vu, en général, dans toutes les municipalités, la meilleure volonté et peu de moyens. Quelques citoyens épars, çà et là, les aident à l'exécution des lois. L'esprit public est bon. La loi s'exécute plus ou moins promptement selon la capacité des maires et des officiers municipaux et toutes celles qui étaient en retard, ce qui est le petit nombre, m'ont promis de mettre leur responsabilité à couvert. La commune de Saint-Germain-des-Prés, dont la population est de 51 individus, est comme nulle. Aucuns ne savent lire, un seul sait signer. Ainsi point de registre de délibérations, point d'enregistrement des lois, mais ils obéissent et fournissent aux réquisitions. Ils ont procuré trois défenseurs à la patrie de l'âge de 18 à 25 ans : ils sont bons. Ils ont le meilleur esprit,. et il ne leur manque que d'être plus instruits. Dans celles de Baulon et Maure, les Chouans, lors de leur invasion, ont déchiré et brûlé les décrets et autres papiers trouvés dans les municipalités.
19 Messidor an II. — Il n'y a point de changements dans l'esprit public. Quant à l'opinion religieuse, il ne reste, autant que je le pense, aux habitants des campagnes, que la vieille habitude de ne pas travailler les ci-devant dimanches, mais aucuns ne parlent des prêtres.
29 Messidor an II. — A mesure que l'on surprend des prêtres réfractaires, l'esprit public fait des progrès. Il en a été arrêté un dans cette décade.
9 Thermidor an II. — Il n'y a point de changement sensible en plus dans l'esprit public, cependant les individus s'approchent en plus grand nombre des fêtes décadaires.
19 Thermidor an II. — Il est bon, aime la Révolution et tous les jours fait de nouveaux progrès ; il serait à la hauteur où il doit être si des prêtres réfractaires, des chefs de brigands ne faisaient ce qu'ils peuvent pour faire des partisans : on prend des mesures pour les arrêter.
29 Thermidor an II. — Les administrés des campagnes sont de plus en plus travaillés par les malveillants, par des chefs de brigands, que nos démarches n'ont encore pu atteindre. J'ai instruit le Comité de Salut public de ce qui a été fait à cet égard par ma lettre des 24 et 25 de ce mois.
9 Fructidor an II. — Plusieurs jeunes gens de la 1ère Réquisition que les sollicitations ou la crainte ont arrêtés dans leurs foyers se sont présentés volontairement à l'administration du District qui les a accueillis paternellement ; cette mesure de douceur nous a paru propre à les rappeler en grande partie. Le 15 de ce mois partiront tous ceux qui voudront profiter de ce moment de faveur. Ainsi l'esprit public gagne dans les communes des campagnes.
22 Fructidor an II. — L'esprit de terreur répandu avait absorbé les idées, mais l'espoir de retrouver à l'ordre du jour la justice et la vertu ramène les républicains terrifiés, et l'esprit public y gagne d'autant plus que la liberté de discourir sans crainte d'être malintentionnément (?) interprété offrira des leçons instructives et encourageantes pour les moins instruits.
1er Vendémiaire an III. — Je ne me lasserai pas de dire que l'esprit public est généralement bon dans le District. Les habitants des campagnes ont la meilleure volonté pour l'exécution des lois, mais leur ignorance est, pour ainsi dire, sans bornes : il faut en quelque sorte les harceler pour les faire agir et dans plusieurs communes il n'y a pas un seul homme instruit. Je m'empresse lorsque je ne puis m'y rendre moi-même d'inviter les bons citoyens à s'y rendre, et par ce moyen l'exécution est plus active. — Si je particularise l'esprit public, je distinguerai dans la commune de Maure le quartier de Guoguen où l'esprit est mauvais. S'ils ne se soulèvent pas, c'est qu'ils craignent le reste des habitants. Je distinguerai, dans la commune de Goven, le quartier de Basse-Rivière qui s'est levé en insurrection lors du passage des Chouans et qui est resté depuis dans cet état. C'est un repaire de brigands. Plusieurs assassinats se sont commis aux environs. Ce local (sic), extrémité de notre District, est à deux lieues de Rennes, où on ne peut ignorer l'état de la commune de Goven.
11 Vendémiaire an III. — L'esprit est bon dans 22 communes. Dans 4 autres, il se fomente des attroupements. L'administration va prendre des mesures pour les empêcher. J'instruirai le Comité de Salut public et de Sûreté générale du résultat.
20 Vendémiaire an III. — Les insurrections que l'on avait à craindre dans ce district ne paraissent plus avoir de consistance après la destruction de plusieurs chefs et de trois prêtres réfractaires. Aussi l'esprit public se rapprochera des principes. En général les administrés de ce District sont simples et bons et il n'est pas à craindre qu'ils perdent de vue l'esprit de la Liberté et de l'Egalité.
29 Vendémiaire an III. — Les ci-devant nobles qui voulaient opérer un soulèvement dans les communes du District ont évacué le territoire depuis la mort d'un d'entre eux tué par les troupes de la République, comme je vous l'ai marqué dans les temps. S'ils ne paraissent pas, comme je l'espère, il n'y a pas à craindre de rassemblements et l'esprit public se soutiendra.
9 Brumaire an III. — Le Représentant du Peuple Boursault a, le 28 vendémiaire dernier, renouvelé les corps constitués de cette ville et a prononcé un discours qui a ranimé l'esprit public : il a parlé le langage de la Vérité, de la Justice et de la Vertu. Les communes des campagnes qui étaient invitées à se rendre ici, s'y sont trouvé et ont raconté à ceux qui n'étaient pas venus les sentiments de fraternité que le représentant leur avait inspiré, ce qui ne contribue pas peu à réveiller l'esprit public des ténèbres où l'avait plongé un moment de terreur.
29 Brumaire an III. — L'esprit public se soutient. Quelques scélérats cachés dans la commune de Goven cherchent à la corrompre, mais des détachements, soit de Rennes, ou des communes voisines, rassurent les patriotes et font fuir les Chouans. Des commissaires de l'administration et du Comité révolutionnaire vont, en exécution de l'arrêté du Représentant du Peuple Boursault, du 3 vendémiaire, parcourir la campagne, y prêcher la haine des Rois, des fanatiques et des aristocrates, l'unité et l'indivisibilité de la République, ce qui ne contribuera pas peu à raviver l'esprit public, car lorsque les cultivateurs entendront parler le langage de la Vérité, ils ne balanceront pas à se détacher du peu de fanatisme qui leur reste et à se dévouer entièrement à la République.
19 Frimaire an III. — L'esprit public se soutient dans toutes les communes de ce District et j'espère que la présence des commissaires qui y ont été les précédentes décades aura un bon effet.
1er Nivôse an III. — L'esprit des communes de ce District n'est, en général, pas mauvais. Un quartier de la commune de Goven récèle quelques mauvais sujets, jeunes gens de la 1ère réquisition qui se cachent le jour et rôdent la nuit, volent et assassinent les patriotes quoiqu'il y ait de la troupe dans les environs. J'espère que la loi d'amnistie les fera rentrer. J'en ai fait imprimer mille exemplaires, les ai distribués aux agents nationaux, aux municipalités, aux juges de paix et aux commandants des cantonnements en les requérant de les faire publier, afficher à différentes reprises dans tous les villages et hameaux afin que personne n'en ignore.
9 Nivôse an III. — L'esprit se soutient toujours. Deux compagnies de garde territoriales vont, en exécution des arrêtés des représentants du peuple dans les Départements, être formées. Elles seront chargées de poursuivre les Chouans, de protéger les personnes et les propriétés, de prêcher la haine des Rois et l'unité de la République, ce qui ne contribuera pas peu, joint à la Loi d'amnistie, à rétablir le bon ordre et la tranquillité.
19 Nivôse an III. — L'esprit public est toujours à la même hauteur. Cinq jeunes gens de la 1ère réquisition de la commune de Goven, 8 de celle de Baulon, et 2 du recrutement des 300,000 hommes, aussi de Baulon, se sont rendus à leurs municipalités et ont déclaré vouloir profiter de la loi d'amnistie. J'ai écrit à ces communes de me les envoyer, que je leur ferai donner une route pour se rendre sur les frontières s'ils n'étaient pas nécessaires à la culture des terres, mais s'ils l'étaient, qu'ils m'apportent un certificat d'elles qui le constate, que je leur donnerai des congés limités, y étant autorisé par la circulaire des représentants du peuple près les armées des côtes de Brest et de Cherbourg, en date du 2 de ce mois. J'espère que peu à peu tous les jeunes gens de la 1ère réquisition rentreront et alors tout sera plus tranquille.
29 Nivôse an III. — Il est toujours à la même hauteur.
9 Pluviôse an III. — Il est toujours à la même hauteur. Cependant il a déchu relativement au papier-monnaie qui perd infiniment par la circulation de faux assignats. Un des colporteurs de cette fausse fabrication a été saisi dans cette commune. Il en avait 1,350, livres en assignats de 125 à 250 livres. Il a été envoyé à Vannes, chef-lieu du département du Morbihan, parce qu'il est d'une commune de ce département. Il a avoué qu'il tenait ces faux assignats du nommé Pirio, chef des Chouans. Lacune.
20 Floréal an III. — Il n'y a pas eu de changements depuis mes derniers états.
XVII. — (A. D. I.-V. 9 M 22). — Affaire Julien Lolivier (an II).
LOUIS SEIZE MOURANT
AIR : Comment
goûter quelque repos.
XVIII. — Répartition par communes du contingent militaire du District (17 mars 1793) (A. D. I.-V. 2 L 82c).
XIX. — Arrêté du Directoire relatif à la nomination d'un élève à l'Ecole normale supérieure (A. D. I.-V. 2 L 83c, folio 18).
« ... Le Directoire jaloux de remplir les dispositions de la Loi relative à
l'établissement des écoles normales et d'y envoyer un citoyen qui unisse à des
mœurs pures un patriotisme épuré et les dispositions nécessaires pour recevoir
et pour répandre l'instruction,
Après avoir entendu l'Agent national,
arrête de nommer et nomme le citoyen L. Rivierre qui se rendra incessamment à
Paris et se conformera à la Loi précitée avec les avantages qu'elle promet.
Marvidès, Gentil, Saulnier, Binel, agent national, Raulin, secrétaire ».
XX. — Adresse du Directoire de Redon à la Convention nationale au sujet de la mort de Robespierre (A. D. I.-V. 2 L 83c, folio 120).
« Du vingt-cinq thermidor, l'an
II de la République française une et indivisible.
Séance publique et
permanente présidée par le citoyen Gentil, où étaient les citoyens Bastide et
Hunaut, administrateurs, présent le citoyen Binel, agent national.
Un
membre a dit : Citoyens, nous devons encore une fois la liberté à la Convention
nationale ; elle vient de la sauver encore ; elle vient d'affermir de nouveau la
République.
Peut-il exister un Républicain vertueux qui ne soit pénétré des
grandes obligations que nous devons à nos augustes Législateurs ? Certes, il ne
faut pas en douter, l'homme qui serait insensible à tant de bienfaits serait
indigne d'être libre.
La Convention nationale vient encore de donner un
grand exemple de justice ; elle a rejeté de son sein, elle a livré
au glaive de la loi les nouveaux tyrans qui voulaient nous
asservir.
Je demande, Citoyens, que l'adresse que je dépose soit envoyée à la
Convention nationale. Elle peint vos sentiments, elle peint les miens, et vous
vous empresserez comme moi à remplir un devoir aussi cher à nos cœurs.
Le
Directoire, après avoir entendu le membre et pris les conclusions de l'agent
national, ayant pris lecture de ladite adresse, a unanimement arrêté qu'elle
serait envoyée ce jour à la Convention nationale.
Les administrateurs composant le Directoire du District de Redon à la Convention nationale,
Législateurs, la patrie est encore une fois sauvée ; Catilina, Robespierre n'est
plus... Brutus français, vous avez démasqué le monstre ; sa tête a payé ses
crimes et la Liberté triomphe. Mais l'horreur et l'exécration publiques
poursuivront jusque dans le tombeau de contre-révolutionnaire si profondément
hypocrite. Il avait dit naguère : ils périront les traîtres, elles périront
toutes les factions. Il en est lui-même un exemple frappant. L'Etre suprême ne
veille pas en vain sur les destinées de la République française.
Il avait
assez vécu... Il l'a dit. Nature ! tu te refuses à l'idée déchirante d'avoir
enfanté un tel monstre.
Et toi, Patrie ! dont il profanait le nom avec tant
d'enthousiasme, ton triomphe est complet ; l'ennemi qui te déchirait, en te
caressant, est tombé ; ses complices sont anéantis et l'échafaud est devenu le
partage du crime.
Nouveau Manlius, Robespierre ou monstre — que n'as-tu vu
ces nouveaux Décius se sacrifier pour la liberté ? Que n'as-tu vu comme, au
milieu d'un peuple immense, de l'orage le plus violent, ils exposaient des jours
aussi chers aux Français ?
La liberté ! La Liberté les animait, et la mort,
dans ce jour horrible, n'était que pour les traîtres.
Achevez, dignes et
fidèles représentants d'un peuple libre, achevez vos augustes et sublimes
destinées. Anéantissez et les conspirations et
les conspirateurs, que les traîtres périssent, mais que le patriote assuré
jouisse sans crainte de la liberté qu'il adore, et du bonheur que vous lui avez
préparé.
Pour nous, fidèles observateurs de vos lois, fermes au poste que
vous nous avez désigné, notre point de ralliement sera toujours autour de la
Convention nationale, et tels seront irrévocablement nos vœux : Périssent les
traîtres ! Dévouement à la Convention nationale ! Vive la République !
XXI. — Adresse du Comité révolutionnaire « à ses frères, les braves Parisiens » (A. D. I.-V. 9 M 18).
« 18 thermidor an II.
Grâces, grâces immortelles te
soient rendues, à toi, peuple d'héros, qui fondas notre liberté, qui viens
de la consolider à jamais.
C'est toi qui frappas cette bastille, le rempart
des tyrans, cette barrière que le dernier des despotes français opposait à ton
énergie, d'où il comptait braver nos élans et nos efforts : elle tomba sous tes
mains triomphantes.
Ce n'était, braves Parisiens, que le prélude de ces
actions éclatantes, de ces traits sublimes qui vous font voler à l'immortalité,
en vous montrant le premier peuple de l'univers.
Le tyran arraché au trône
qui pesait sur nos têtes ; l'aristocratie déjouée dans ses complots qui voulait
nous ravir la liberté ; le fanatisme détruit dans ses menées obscures qui
voulait renouer et river nos chaînes ; tant de factions successives démasquées,
combattues et détruites : il restait des monstres plus exécrables encore, des
monstres qui, s'appropriant le fruit de nos travaux, allaient, se frayant au
trône un chemin ensanglanté, marcher sur nos corps expirants. Ces monstres sont
tombés sous vos coups.
Tels, mais moins heureux, vos vaillants ancêtres,
les fiers Parisiens qui, résistant seuls au vainqueur des Gaules, au maître des
Romains, eussent brisé l'esclavage du monde, s'il se fût trouvé un
peuple digne de la liberté, capable de seconder leurs efforts.
Ce peuple a enfin paru, ce sont tous, les Français. La Convention nationale
leur rendant par son énergie et par sa fermeté cette dignité que leur donne la
nature, les Français libres se sont élevés à la hauteur de leurs destinées.
Continuez,
généreux Parisiens, nous suivrons vos traces, nous marcherons avec
vous. L'ordre du ciel, car, oui, nous pouvons le dire, son ordre va s'accomplir.
La terre sera purgée des tyrans qui l'oppressent. Encore quelques jours et le
monde est libre.
Aux armes ! aux armes ! c'est le salut digne de vous. Nous
nous embrasserons sur la poussière du dernier des tyrans ».
XXII. — Mention honorable décernée au Comité Révolutionnaire de Redon (A. D. I.-V. 9 M 18).
« Paris, le 20 fructidor, deuxième année républicaine.
LIBERTÉ. EGALITÉ. RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
FRATERNITÉ. OU LA MORT.
CONVENTION NATIONALE
Commission des Dépêches.
Les Représentans du Peuple, composant la commission des Dépêches aux citoyens composant le Comité Révolutionnaire de Redon.
Il nous est parvenu, citoyens, une adresse que vous avez envoyée à la Convention
nationale, datée du 18 thermidor et adressée aux braves Parisiens, par laquelle
vous les félicitez d’avoir si bien secondé les
Législateurs, pour terrasser le traître Robespierre et ses complices.
Elle
lui a été lue aujourd'hui, et il en a été ordonné la mention honorable et
l'insertion au bulletin.
Salut et fraternité.
XXIII. — Invitation aux maires, agents nationaux et officiers municipaux de Maure, Guignen, etc... de faire approvisionner les marchés de Rennes (6 nivôse an III) (A. D. I.-V. 2 L 95 bis).
« ... Les besoins de cette cité (Rennes) sont pressants. Eh ! pourquoi vous refuseriez-vous à alimenter de vos denrées des frères, des amis, vos semblables qui ont tout fait pour assurer votre liberté et la leur, qui ont parcouru vos campagnes pour vous défendre des malveillants et des chouans. Combien d'entre eux ont perdu la vie pour s'opposer à l'entrée désastreuse des brigands sur vos communes. Laisserez-vous dans le besoin des subsistances de première nécessité les veuves qui pleurent, encore leurs maris morts pour vous défendre. Verrez-vous d'un œil sec et tranquille leurs enfants vous tendre des bras affaiblis par leurs besoins et le chagrin de la perte de leurs parents ; verrez-vous sans attendrissement des vieillards sur le bord de leur tombeau réclamer les aliments qui peuvent retarder l'approche de leur dernier moment, aliments que leur auraient procuré leurs enfants morts en défendant vos foyers. Ah ! si des motifs puissants ne peuvent vous rendre à l'exécution de la loi (8 vendémiaire an II), il reste les moyens coactifs à exercer envers vous. Eh ! n'en méritez-vous pas l'application rigide si vous vous obstinez à refuser avec la plus grande rigueur d'approvisionner comme par le passé les marchés de la commune de Rennes. Binel ».
XXIV. — « Les Administrateurs et Agent national près le District de Redon aux municipalités et administrés du District (1er fructidor an II) » (A. D. I.-V. 2 L 83b, folio 132).
« Les malveillants répandus dans vos campagnes s'agitent
en tout sens pour vous séduire et vous tromper.
Des prêtres fanatiques
réunis aux ci-devant nobles, vos tyrans, veulent établir sur les débris de la
plus belle république du monde leur religion monstrueuse, leur ancien droit de
la Dîme, des corvées, des rentes, des aveux, les droits exclusifs de chasse et
de pêche, leurs pigeons, leurs lapins, enfin toute leur tyrannie et vous plonger
dans le plus cruel esclavage.
N'écoutez pas, ou plutôt rejetez loin de
vous, Citoyens, les conseils perfides que ces scélérats proscrits offrent à
votre simplicité.
Rappelez-vous toujours que la liberté est le plus grand
de tous les biens, que l'amour de la patrie est le plus sacré des devoirs.
Rappelez-vous ce que la République a fait pour vous, ce qu'elle fait encore et
ce qu'elle se propose de faire par la suite. Souvenez-vous que vos enfants,
dociles à la voix de la patrie, sont sur les frontières, qu'ils combattent pour
votre défense. Oseriez-vous, en vous réunissant à des brigands, combattre contre
ces héros auxquels vous avez donné le jour et dont les travaux pénibles se
payent par la République par les secours qu'elle accorde à leurs parents
indigents.
Et vous que la Patrie a en vain appelés pour combattre ses
ennemis, jeunes gens de la 1ère réquisition ! ne vous laissez plus tromper,
devenez les défenseurs de la plus belle cause du monde, allez vous réunir à vos
frères qui combattent glorieusement sur les frontières ; allez-y affronter la
mort, car vous ne pouvez l'éviter si vous devenez les ennemis de votre patrie.
Vous aveugleriez-vous tellement sur vos propres intérêts que, ni la honte de
se réunir à des fripons assassins, ni la crainte de faire de votre pays une
nouvelle Vendée à détruire, vous donneriez la préférence à l'esclavage sur la
liberté, à la perte de vos biens et de vos
personnes sur le sentiment délicieux de la fraternité, à l'odieuse tyrannie sur
un gouvernement populaire auquel vous participerez nécessairement, à une
religion fanatique et sanguinaire sur la religion sainte que nous démontre la
nature animée par l'Etre suprême ?
Non, frères et amis, non. Vous ne
tromperez point notre attente ; vous serez ce que vous avez paru être à l'agent
national près le District quand il a parcouru les campagnes de ce territoire :
soumis aux lois, amis de la République, ennemis jurés des tyrans ; votre point de
ralliement sera toujours la Convention nationale, votre heureuse simplicité ne
sera pas le jouet des scélérats qui veulent vous précipiter dans leur ruine
inévitable. Vous vous lèverez au contraire, contre eux ; vous les saisirez ces
séducteurs odieux ; vous les amènerez au chef-lieu du District, et là, le glaive
tranchant de la Loi en fera prompte justice, et vous alors, tranquilles dans vos
foyers, vous jouirez en paix de vos propriétés, et vous participerez aux
bienfaits d'une grande nation et, concourrez avec elle à votre bonheur et à
celui des races futures.
XXV. — (2 L 83°, folio 102).
Du deux floréal an 3 de la République française, une et indivisible.
Séance publique et permanente présidée par le citoyen Gentil, vice-président, où étaient les citoyens Saulnier, Thélolan et Molié, administrateurs ; présent le citoyen Binel, agent national.
..........................
S'est présenté le citoyen Julien-Alexis Joyaut, fermier de la
terre de Rieux, appartenant à la nation et ci-devant à l'émigré Louis de Rieux ;
lequel déclare que la terre de Rieux est située dans plusieurs districts, que le
chef-lieu nommé la Forêt-Neuve est situé dans la
commune de Glenac, district de la Roche des Trois, département, du Morbihan ;
qu'après la dernière récolte il se rendit au Directoire du District de la Roche
des Trois et y déclara les grains et foins qu'il avait récoltés sur cette terre.
Qu'il résulte de la déclaration qu'il avait récolté cent soixante quinze demés
de bled seigle, douze demés de bled froment, trente demés d'avoine, le tout
mesure de La Gacilly et environ vingt-trois milliers de foin ;
Qu'il résulte
pareillement de la même déclaration qu'il fallait pour la provision de sa maison
à la Forêt-Neuve en Glenac, où il fait sa résidence habituelle soixante-quinze
demés de seigle, six demés de froment, dix demés d'avoine et quinze milliers de
foin, et qu'il fournirait le surplus dans les magasins de la nation ;
Que le
même jour ou le lendemain les administrateurs du District de la Roche des Trois
lui écrivirent de garder les grains et foins sus-référés, parce qu'ils étaient
dans l'intention de les faire passer à Redon dans les magasins de la République
;
Que depuis il a été plusieurs fois à la Roche des Trois, et qu'à chaque
voyage il a engagé les administrateurs à disposer des grains et foins dont il
s'agit ; qu'ils lui ont répondu qu'ils les feraient incessamment conduire à
Redon ;
Que le vingt-deux germinal dernier, le Cit. Larsonnier, garde des
magasins de la République à Redon, se transporta à la Forêt-Neuve avec des
voitures et un détachement et fit enlever les foins qui s'y trouvèrent, à une
très petite exception près que les voitures ne purent charger ;
Que le
lendemain vingt-trois germinal, il vint à Redon, vit le Cit. Aubry, fournisseur,
et le pria de faire enlever le plus tôt possible les grains restés à la
Forêt-Neuve, que ce dernier lui répondit qu'il les ferait enlever dans cinq ou
six jours et que pour cet effet il aurait besoin d'un détachement ;
Que lui
Joyaut vint à Redon hyer soir à l'effet de presser le Cit. Aubry de faire
exécuter cet enlèvement ; mais que le matin Louis-Thérèze Joyaut, sa sœur, lui a
écrit que les grains en question ont été enlevés la nuit dernière par une troupe
de brigands qui s'en est saisi violemment ; enfin que le particulier
qui commandait cet attroupement a donné une déclaration
dont voici les termes : « De par le Roi, — Je me suis transporté chez le nommé
Monsieur Joyault, avec deux cens hommes, pour enlever les grains destinés pour
la République. Fait dans la nuit du 21 avril 1795, l'an 3 du Règne de Louis
dix-sept, Roi très chrétien. Signé Constant, Capitaine de l'armée catholique et
royale de Bretagne ». A côté est l'empreinte d'un cachet rouge (armoyé, sur sire
rouge [sic]).
Le citoyen Joyaut a signé la présente déclaration et a déposé
la pièce ci-dessus copiée, même la lettre de sa sœur de lui contresignée. Il a
demandé acte du tout, ce que le Directoire, l'agent national entendu, lui a
décerné.
Joyaut,
Gentil, A. Molié, Thélohan, Saulnier.
Binel, agent
national.
Raulin, secrétaire.
(Léon DUBREUIL).
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