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District de Redon : Formation du district de Redon.

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SOMMAIRE. – 1° Le Département : les 9 districts. — 2° « Arrondissement » du District de Redon : cantons et communes. — 3° Vœux émis par les communes pour obtenir de nouvelles limites au district et aux cantons.

L'Assemblée nationale [Note : Lettres-patentes du roi données à Paris le 4 mars 1790 sur les décrets de l'Assemblée nationale des 15, 16 et 26 février 1790, ordonnant la division de la France en 83 départements], dans son œuvre de réaction contre l'Ancien Régime, décréta que la France devait être désormais divisée en 83 départements. Son but était double : d'une part, faire disparaître même le nom des provinces dans le but d'éviter tout fédéralisme, d'autre part, établir une puissante décentralisation contraire à toute tentative d'absolutisme.

Ce travail fut fait avec une très grande conscience par les députés des provinces de concert avec le comité d'administration. On conserva autant que possible les limites des provinces qui devinrent ainsi limites des nouvelles circonscriptions, et c'est ainsi que la Bretagne fut divisée en cinq départements. Il n'entre pas dans le cadre de cette étude de suivre le travail des députés bretons et d'analyser les raisons qui les déterminèrent à limiter, tel qu'il l'est actuellement, le département d'Ille-et-Vilaine. Il ne nous appartient pas davantage d'étudier les motifs de « l'Arrondissement » du District de Redon.

Les lettres patentes du 4 mars 1790, qui ordonnaient la division de la France en 83 départements, établissaient aussi que ces départements seraient subdivisés en districts dont le nombre ne pourrait excéder neuf. Le département d'Ille-et-Vilaine comprit donc neuf districts dont les chefs-lieux étaient Rennes, Saint-Malo, Dol, Fougères, Vitré, La Guerche, Bain, Redon et Montfort, formant ainsi des circonscriptions sensiblement moins étendues que ne le sont celles des arrondissements actuels.

Le District de Redon était limité à l'est et au sud par la Vilaine, à l'ouest par son affluent l'Aff. La limite abandonnait l'Aff en un point situé un peu au nord de Loutehel et remontait en suivant une ligne S.O.-N.E. jusqu'au ruisseau du Canut, au nord de Baulon. Elle changeait alors de direction, suivait le Canut jusqu'au sud de Guichen et atteignait en droite ligne Guipry sur la Vilaine. La carte de France divisée en 83 départements et subdivisée en districts [Note : Voir Ch.-L. Chassin, La Vendée et la Chouannerie, XIème vol.], présentée à l'Assemblée nationale en 1791 par de Belleyme, donne en gros à ce district la forme d'un losange dont la grande diagonale est dirigée du nord au sud.

Ainsi délimité, ce district correspondait assez bien à la région naturelle redonnaise, très plate au sud, s'élevant en ondulations lentes vers le nord. A coup sûr il ne constituait une individualité ni géographique, ni économique, car, à l'est tout au moins, il est difficile d'établir des différenciations très nettes dans le relief du sol, dans la constitution géologique entre le district de Redon et celui de Bain.

En dépit de son peu d'étendue, il était divisé en neuf cantons. Nous en trouvons l'énumération dans le procès-verbal d'élection de MM. les Administrateurs du District de Redon au département d'Isle-et-Vilaine [Note : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine. L 341]. Ce sont Redon, Renac, Sixt, Pipriac, Guipry, Maure, Guignen, Baulon, Campel. Ces neuf cantons comprenaient vingt-six communes.

Une pièce postérieure au temps de la formation du district, puisqu'elle date de l'an III, nous donne la population de son « Arrondissement » par commune. Aucune modification ne s'étant introduite dans la division administrative du district, il n'est nullement téméraire de la considérer comme exacte, à peu de choses près, pour 1790. Les résultats auxquels elle conduit et que nous indiquons sont tout à fait approximatifs ;

Il ne semble pas, en effet, qu'un recensement exact ait été fait à cette époque [Note : A. D. I.-V. 2 L 90. Etat général des recensements des grains remis à l'administration du District par toutes les communes de l'arrondissement].


Redon : 3.549 hab.
Bains : 3.989 hab.


Renac : 1.096 hab.
Langon : 1.365 hab.
Brain : 1.677 hab.

3.
Sixt : 1.776 hab.
Saint-Just : 1.772 hab.


Guipry : 2.360 hab.
Lohéac : 318 hab.
Lieuron : 646 hab.


Pipriac : 2.540 hab.
Bruc : 1.129 hab.
Saint-Ganton : 540 hab.
Maure : 3.494 hab.


Saint-Seglain : 740 hab.
Comblessac : 796 hab.
Saint-Germain-des-Prés : 71 hab.
Les Brûllais : 788 hab.


Guignen : 2.660 hab.
Mernel : 631 hab.
La Chapelle-Bouexic : 957 hab.


Baulon : 1.368 hab.
Lassy : 744 hab.
Goven : 1.963 hab.


Campel : 612 hab.
Loutehel : 349 hab.

au total 37.430 habitants.

Le simple examen de ces chiffres montre quelle était l'étendue infime — je ne dirai pas de quelques-uns de ces cantons — mais de tous ces cantons. Aussi n'est-il pas étonnant que plus tard ils aient été réduits à quatre et que la commune de Saint-Germain-des-Prés ait disparu.

Si l'on jette maintenant un regard sur une carte administrative du département d'Ille-et-Vilaine, on se rendra aisément compte de la situation défectueuse du chef-lieu de district et des chefs-lieux de cantons. Presque aucun d'entre eux ne constitue proprement un centre. Redon surtout possède une situation typique, tout au sud de la région qu'il administre, voyant ses abords même dépendre soit du district de Rochefort (Morbihan), soit du district de Blain (Loire-Inférieure).

Ainsi s'explique que les communes appelées à donner leur avis sur « l'Arrondissement » du District, que le Directoire lui-même, aient proposé de nombreuses modifications. On peut en distinguer deux grandes catégories : les premières se rapportent, d'une manière générale, à l'ensemble du District ; les secondes sont particulières à tel ou tel canton.

Dès le 11 décembre 1790, le Directoire examine un projet présenté par un de ses membres, relativement à une nouvelle formation des cantons du District. « Le Directoire... considérant qu'il est du plus grand intérêt pour les peuples de circonscrire définitivement et d'une manière plus commode les cantons, même d'en réduire le nombre : voulant d'ailleurs satisfaire aux demandes et aux vœux manifestes de plusieurs paroisses telles que Mernel et La Chapelle-Bouexic, et de détruire tout germe des divisions connues tant au Département qu'au District, a arrêté et arrête : 1° que les neuf cantons du District de Redon seront réduits à sept, etc., etc... ».

Cette proposition intéressante (A. D. I.-V. 2 L 81a, folios 67-68) ne reçut aucune suite. Soumis au Directoire du Département, celui-ci répondit le 17 décembre qu'un tel arrêté était inexécutable pour le moment et pendant les deux années d'exercice des juges de paix qui venaient d'être nommés au prix de nombreuses difficultés. « Les assemblées primaires, ajoute la lettre des administrateurs, sont fatigantes pour le peuple et il serait à craindre qu'il se rebutât, dégoûté d'un état de choses qui le met si souvent en mouvement. Ces sortes d'assemblées sont rarement paisibles. Il ne faut pas les multiplier » (A. D. I.-V. 15 M 1).

Les communes, consultées à ce sujet durant l'année 1790, pensent toutes qu'il convient de restreindre le nombre des districts et de procéder à un « arrondissement » nouveau. De l'examen des motifs qu'elles donnent, il ressort surtout que les populations souhaitent de ne pas voir la justice trop éloignée des justiciables. C'est ainsi que la bourgade de Lohéac, parce qu'elle occupe le centre du district et se trouve sur la grande route de Redon à Rennes demande un siège de justice dont le ressort comprendrait Lohéac, Guignen, Guichen, Saint-Senoux, Saint-Malo-de-Phily, Guipry, la trêve de Saint-Ganton, Pipriac, Bruc, Saint-Seglain, Lieuron, Maure, Mernel et La Chapelle-Bouexic.

Un projet anonyme présenté le 16 juin 1790 est encore beaucoup plus radical (A. D. I.-V. 15 M 15). Il ne songe pas à déplacer le chef-lieu de district comme celui de Lohéac y tendrait. Etant donné que Redon est le chef-lieu, il s'agit d'en faire le centre d'une région nouvelle. On donnerait les communes de Guignen, Mernel et La Chapelle-Bouexic au district de Bain ; celles de Lassy, Baulon, Goyen au district de Rennes ou à celui de Montfort. Pour compenser cette perte, on prendrait aux départements voisins les communes plus rapprochées de Redon que de leur chef-lieu actuel, Avessac, Saint-Nicolas et sa trêve, Massérac, Guémené, Bellay et sa trêve, Fégréac, Saint-Gildas-des-Bois, Sévérac, Theillac à la Loire-Inférieure ; Rieux, Allaire, Saint-Vincent et sa trêve, Saint-Perreux, Glenac et sa trêve, La Gacilly, Carentoire et ses trêves au Morbihan. Il ne semble même pas que l'on ait pris ce projet au sérieux : mais il est intéressant en ce qu'il définit, d'une manière fort nette, l'état d'esprit des populations. D'ailleurs de tels projets n'ont jamais été exécutés, et plus tard, lors de la division des départements en arrondissements plus étendus, l'ancien district de Redon fut augmenté seulement aux dépens de celui de Bain, tandis que les communes que l'on avait proposé d'enlever aux départements de la Loire-Inférieure et du Morbihan leur restèrent affectées.

Enfin un troisième projet tout à fait général aussi fut soumis au Directoire par le corps municipal de Guipry (A. D. I.-V. 15 M 15). Il demandait d'abord la réorganisation du canton de Guipry par l'adjonction d'un certain nombre de communes. A cette requête était jointe d'une manière tout inattendue une pétition des communes de Guignen, La Chapelle, Lieuron, Lohéac, Bruc, Pipriac, Saint-Germain-des-Prés, Saint-Senoux, ayant pour but de faire de Lohéac le chef-lieu du District.

Puis, pendant les quatre derniers mois de 1790, ce furent de nombreuses requêtes des communes tendant au transfert de leur chef-lieu de canton, à la modification de leur circonscription. Le 1er septembre 1790, c'est le conseil général de Goven qui demande que sa paroisse soit distraite du district de Redon pour être annexée à celui de Montfort ou à celui de Rennes. Le Directoire reconnaît le bien fondé de cette requête, mais tarde à y répondre jusqu'à ce qu'on ait définitivement statué sur les modifications nécessaires à opérer dans la démarcation actuelle des limites du District. Le 8 octobre, les officiers municipaux, notables et habitants de La Chapelle Bouexic réclament à leur tour un « nouvel Arrondissement » de leur paroisse aux dépens des communes voisines. Le 4 novembre, puis le 7, on communique au Directoire une requête des habitants de Mernel désireux d'être séparés du canton de Guignen et d'être annexés à celui de Maure.

L'année suivante, le 8 février 1791, les habitants de Loutehel demandent que leur paroisse soit enlevée au canton de Campel et réunie à Maure, « attendu que si les frais des juges de paix se prélèvent sur les contribuables de chaque canton, il serait impossible à celui de Campel de subvenir aux frais du sien à raison du peu d'aisance des habitants et de la petitesse du canton ». Leur avis est qu'il convient de supprimer le canton formé par Campel et Loutehel et d'en établir un autre, ayant pour chef-lieu Comblessac, avec les communes de Loutehel, Saint-Seglain et les Brûllais enlevées au canton de Maure qui en compensation recevrait Campel, chef-lieu de canton actuel, et Mernel du canton de Guignen. On nommerait dès lors un juge de paix pour le canton de Comblessac, aux frais duquel il serait facile de subvenir (A. D. I.-V. 2 L 81b).

Et en effet, d'une manière générale, tout le monde est fort mécontent de l'arrondissement du district et de celui des cantons. Les habitants trouvent la justice trop éloignée ou trop coûteuse : ce sont des dérangements, des dépenses continuelles [Note : Le Conseil général de Brain demande, le 1er juin 1791, qu'on enlève le chef-lieu de canton à Renac pour le donner à Brain comme plus central. Le Directoire estime qu'il n'y a pas lieu à délibérer quant à présent. A. D. I.-V. 2 L 81b].

Pour être complet, il nous faut aussi mentionner quelques-unes des requêtes des communes, désireuses d'acquérir quelques villages appartenant à une commune voisine ou de s'assurer la possession de quelques lambeaux de terrain contesté, tant il y avait d'incertitude et d'indécision dans leurs limites. Le 6 juin 1791 les communes de Pipriac et de Saint-Ganton se disputent les villages du Jarillé, de la Vionnaye, de la Touraudaye et de Romédon. Le 26 juin 1792, c'est la municipalité de Langon qui demande au District de fixer, d'une manière définitive, ses limites du côté de Brain.

Quels qu'aient été les résultats de ces conflits d'intérêt, ce nous importe peu. Dans les registres de délibération du District nous n'avons rien trouvé qui leur donne une solution définitive. Mais ce qui est certain, c'est que tous les projets de réorganisation totale sont restés lettre morte. Il suffit pour s'en convaincre de parcourir deux pièces imprimées, l'une en 1790, l'autre en l'an III, rue de l'Hermine, à Rennes, chez la veuve de François Vatar, sous le titre de Distribution du Département en Districts et de ces Districts en Communes (A. D. I.-V. 15 M 1 et 2).

Ce qui frappe, c'est la similitude parfaite de ces deux pièces : les cantons ont les mêmes chefs-lieux, ils sont divisés de la même façon, les noms des communes n'ont pas changé. On s'est borné à supprimer le mot Saint devant Saint-Just et Saint-Seglain. Il ne semble pas — du moins nous n'en avons trouvé aucune trace — que Saint-Just ait été appelé Bourgjust, comme le remarque avec une amertume exagérée l'auteur de l'Histoire abrégée de la Ville et de l'Abbaye de Redon. L'on ne s'étonnera que médiocrement de la persistance de ces cadres administratifs, si l'on songe qu'une transformation complète aurait amené de nouvelles élections, de nouveaux motifs de réunions dans un pays déjà travaillé profondément par les germes de la révolte. Le désir de l'apaisement seul dut déterminer les membres du Directoire d'Ille-et-Vilaine à maintenir l'état de choses existant.

Dès la fin de 1792, à part une contestation entre les communes de Lohéac et de Guipry, le 21 frimaire an III, soit résignation, soit conséquence des difficultés croissantes, on ne s'occupe plus de ces questions. On vit dans un état de surexcitation continuelle et de crainte énervante, et les municipalités ont mieux à faire que de demander le transfert du chef-lieu de canton ou de se disputer quelques misérables villages.

(Léon DUBREUIL).

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