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MANOIR DE LA BOISSIERE (BOIXIERE) EN PLUGUFFAN.

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Cet antique manoir situé à 3000 mètres au sud-sud-ouest du bourg de Pluguffan, n'est plus aujourd'hui qu'une ferme. Bâti au sommet d'un plateau, il dominait une certaine étendue de terrain. Ou y accède par une longue avenue, plantée de hêtres de chaque côté, et qui va déboucher, en bas, sur le chemin de Pluguffan à Peumerit.

Les bâtiments nombreux, à l'usage du fermier, se développent autour de la cour qui était fermée par un portail. Au sud se trouve un grand jardin complètement entouré de hautes murailles. De l'ancien château il ne reste plus que quelques vieux murs, la base d'une tour carrée et un vieil escalier.

Nous extrayons d'un aveu de la seigneurie de Quéménet l'article suivant concernant le manoir de la Boissière :

« Manoir de la Boixière et dépendences, pareille seigneurie de ligence et droits seigneuriaux et féodaux qu'a ledit seigneur marquis de Molac sur le manoir de la Boixière, ses mettairies, moulins, rabinnes, bois de haute futtaye et taillis, prééminences et droits honorifiques, avec toutes leurs terres chaudes, froides, prés, franchises, montagnes, issues et dépendances, le lieu de Kerouyen aux issues dudit manoir, moulin de Guilliabonnet, villages de Kerdannez, de Kermoizan, de Kerguebet, manoir, lieu et moulin de Treffren, lieu noble de Kervevec, de Kerneson, Sans aux issues du village de Kerraou, lieu de Kergoniam, manoir de Kermorvan, villages de Kergoet, de Keryenic, Kerinic, de Keraman, manoir de Kerlever, lieu de la petite Boixière et autre lieu scitué au bourg paroichialle dudit Pluguen et tous autres lieux. Rentes, cheffrentes et fieffs en dépendants avec l'arrière fieff supérieur et dominant sur les proches fiefs dépendants dudit manoir et terres de la Boixière et sa supériorité sur les prééminences et droits honorifiques d'icelle sauf droit d'impunissement que ledit seigneur marquis de Molac réserve expressément contre les adveux de laditte terre fournis à laditte seigneurie de Quéménet sur lequel manoir de Treffren est deub à laditte seigneurie de Quéménet vingt-trois solz monnoye de cheffrente conformément aux adveux y fournis par damoiselle Catherine Hingars, dame de la Boixière, le 8 janvier 1509, et par damoiselle Marie de Kerguelenen, aussy dame de la Boixière, le 23 juin 1553, et sur le manoir de Kerlever quinze sols monnoye, aussy de cheffrentes conformément à l'adveu fourny à ladite seigneurie, par escuier Allain de Kerloaguen, sieur de Crecheaz et de la Boixière, le 23 juin 1607 et sur le village de Kerancam, six deniers ». (Archives de la Chambre des Comptes à Nantes. Domaine du roi. Juridiction de Quimper, vol. 11, aveu n° 102, 16 janvier 1700).

La Boissière appartenait lors de la réformation des fouages en 1441 à Thébaud de Lezongard, Nous voyons encore « Thebaud de Lezongar, en son hostel de la Boixière, exempt » à la réformation de 1444. En 1536 « Christophe de Lezongar, sieur de la Bouëxière, Lezongar et Cosker, de Treben, de Kerleonezre » est déclaré noble et exempt.

Puis cette terre passa à la famille de Kerloaguen par le mariage, en juin 1500, de Jeanne de Lezongard, fille du seigneur de la Boissière et de Marie de Quélen, avec Rolland de Kerloaguen, seigneur de Cree'heuzen, fils de René de Kerloaguen, seigneur de Crec'heuzen, La Salle et Toulgueuff, et de Jeanne de Guermeur (Bibl. personnelle, Arm. Mss.).

Voir   Ville de Pluguffan (Bretagne) " La famille de Kerloaguen ". 

En 1669, le château de Boissière avait un nombreux personnel, nous trouvons : « messire Bertrand Visdelou, chapelain de Monsieur de Créacheuzen » et « damoiselle Thoré, gouvernante chez lesdits sieurs de Créacheuzen, la Boissière, etc. ».

Vers la fin du XVIIème siècle les registres ne mentionnent plus aucun membre de la famille de Kerloaguen, et nous voyons qu'à partir de cette époque la seigneurie de la Boissière était échue ou avait été acquise par la maison de Kersulguen.

Marc-Antoine de Kersulguen, seigneur de la Boissière, ne laissait pas d'héritier mâle, aussi la Boissière passa à la maison de Tinténiac par le mariage de Anne-Antoinette de Kersulguen avec François-Hyacinthe de Tinténiac, en 1747.

Voir   Ville de Pluguffan (Bretagne) " La famille de Kersulguen ". 

Le 3 octobre 1747 « vu le décret de mariage de messire François Hyacinthe de Tinténiac, chevalier, chef de nom et d'armes, marquis de Quimerch [Note : QUIMERC'H. — Quimerc'h ou Kymerc'h, ancienne seigneurie passée dans la maison de Tinténiac par le mariage de Françoise de Kymerc'h avec Pierre de Tinténiac, fils de Guillaume de Tinténiac, sgr de la Cocquerays, et de Jeanne de la Rivière, est situé près de Bannalec, sur le bord d'un étang, entouré de bois, sur la gauche de la route de Bannalec à Quimperlé. Cette terre a donné son nom à une très ancienne famille, florissante au XVème siècle, dans l'évêché de Quimper, et qui portait pour arme : D'hermines au croissant de gueules, aliàs : D'argent au croissant de gueules, à un écu d'or chargé de 3 tourteaux de gueules], fils mineur de feu autre messire François-Hyacinthe de Tinténiac et de dame Rose de Tréouret, domiciliés en la paroisse de Saint-Colomban, ensemble le décret de damoiselle Anne-Antoinette-Françoise de Kersulguen, fille de feu messire Marc-Antoine de Kersulguen et de dame Anne-Gabrielle de Quélen, par les juges du Quémené, etc., — et le permis de Monseigneur pour fiancer et épouser les susnommés dans la chapelle de la Boixière, etc.. ».

Le mariage fut célébré le 9 octobre, au milieu d'une très nombreuse assistance, dans la chapelle de la Boissière.

Le 15 juin 1772, fut célébré dans la chapelle du château de la Boissière au milieu d'une brillante et nombreuse assistance le mariage « de haulte et puissante demoiselle N. de Tinténiac, fille de très haut et très puissant seigneur François-Hyacinthe de Tinténiac, marquis dudit nom, et de très haulte et très puissante dame Anne-Antoinette-Françoise de Kersulguen..., avec haut et puissant seigneur N. du Breil, chevalier, seigneur et marquis de Rays, capitaine des dragons au régiment de Jarnac, fils de haut et puissant seigneur du Breil, chevalier, marquis de Rays et de haulte et puissante dame Maurice-Josèphe du Halgoët, domiciliés à Tréguier ».

Le manoir de la Boissière était une demeure des plus animées ; toute la noblesse du pays s'y trouvait réunie constamment ; les domestiques étaient recrutés au loin, dans le pays français. Nous voyons, dans les registres que « Mathurin Noël, originaire de Rieux, jardinier de la Boixière », se maria en 1721, et qu'en octobre 1724 fut aussi célébré le mariage de « Joseph Calonnier, natif du diocèse de Coutance, en Normandie, cuisinier chez Monsieur de la Villeneuve (de Kersulguen) de cette paroisse ».

La maison de Tinténiac posséda la Boissière jusqu'à la Révolution, époque à laquelle elle fut vendue nationalement.

(Paul Aveneau de la Grancière, 1896).

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