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Nantes aux XIVème et XVème siècles - Les derniers siècles de la cité bretonne

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Après la guerre de Cent Ans, qui provoque en Bretagne une terrible guerre de succession, les ducs, dont Nantes est la résidence, s'appliquent à conserver leur souveraineté ; mais le mariage d'Anne de Bretagne avec le roi de France marque la fin de l'indépendance bretonne.

La Guerre de Succession de Bretagne est un épisode de la Guerre de Cent Ans. — A la mort de Jean III, en 1341, la couronne ducale revenait légitimement à la fille de son frère aîné, Jeanne de Penthièvre, qui avait épousé Charles de Blois, neveu du roi de France Philippe VI de Valois. Jean de Montfort, frère cadet de Jean III, prétendit passer avant sa nièce. La majorité des Bretons penchait pour Montfort, ami des Anglais ; mais Charles de Blois avait ses partisans, et les Français soutenaient ses prétentions. Il en résulta une terrible guerre, qui ne fut d'ailleurs qu'un épisode de la grande Guerre de Cent Ans entre la France et l'Angleterre.

Dès 1342, l'armée française, après un siège long et cruel, pendant lequel les bourgeois nantais perdirent beaucoup de monde, s'empara de Nantes qui tenait pour Montfort. Celui-ci fut fait prisonnier.

Charles de Blois s'établit dans notre ville qui repoussa les assauts anglais avec une ardeur égale à celle qu'elle avait mise à se défendre contre les Français.

Charles de Blois, ayant été tait prisonnier à son tour en 1345, la lutte continua avec une énergie farouche, chaque parti ayant à sa tête la femme de son chef. Cette guerre des deux Jeanne fut souvent marquée par des combats féroces, parmi lesquels le Combat des Trentes (1351) fit revivre un instant les beaux jours de la Chevalerie. En 1352, le château de Nantes fut pris par 52 Anglais qui, la surprise passée, furent massacrés.

Jean de Montfort était mort ; mais son fils Jean recommença la lutte contre les adversaires de son père. Charles de Blois, qui avait confié le commandement de son armée à Duguesclin, fut défait et tué à la bataille d'Auray (1364).

Jean IV est reconnu duc de Bretagne. — Jean de Montfort, reconnu comme duc par le traité de Guérande (1365), prit le nom de Jean IV. Il entra à Nantes ; pour tenir la ville en respect, il fit bâtir le château de Pirmil. Les partisans de Charles de Blois trouvèrent un chef dans Olivier de Clisson. Jean IV dut se réfugier en Angleterre pendant que Duguesclin occupait Nantes (1373).

Chassé parce qu'il était trop Anglais, Jean IV fut rappelé quand le roi de France Charles V voulut profiter de l'occasion pour s'emparer de la Bretagne. Les Nantais accueillirent le duc, mais refusèrent l'entrée de la ville à ses alliés anglais qui l'assiégèrent vainement pendant deux mois (1380-1381). En voulant venger son connétable Olivier de Clisson que Jean IV avait essayé de faire assassiner à Paris, le roi Charles VI devint fou (1392).

Sous Jean V la paix renaît en Bretagne. — Jean IV mourut à Nantes en 1399. Son fils Jean V fut mêlé aux querelles des Armagnacs et des Bourguignons, et embrassa tour à tour l'un et l'autre parti.

Pris par trahison et enfermé dans un château par l'ambitieuse Marguerite de Clisson, fille du connétable, il fallut avoir recours aux armes pour le délivrer.

Après la soumission des rebelles, la Bretagne put enfin respirer en paix et panser les blessures de ces longues guerres civiles.

Ce fut sous le règne de Jean V, en 1434, que fui posée la première pierre de notre cathédrale actuelle. Par de sages mesures (primes, réductions de droits, traités de commerce), Jean V favorisa le développement du commerce nantais. Les bourgeois de Nantes lui doivent la confirmation de leurs premiers privilèges.

Gilles de Rais est exécuté à Nantes. — A cette époque, de nombreux sorciers furent brûlés à Nantes. Un maréchal de France, Gilles de Rais, grand seigneur breton, qui avait dissipé son immense fortune en faisant des travaux d'alchimie et en menant une vie princière, fut convaincu de nombreux meurtres d'enfants et d'autres crimes abominables. Condamné à mort, il fut pendu, puis brillé, en 1440, près de l'endroit oit s'élève aujourd'hui l'Hôtel-Dieu. Contrairement à la croyance populaire, Gilles de Rais n'a rien de commun avec le Barbe-Bleue de la légende.

Un connétable de France devient duc de Bretagne. — Jean V mourut en 1442 au manoir de la Touche que l'on peut encore voir aujourd'hui entre le Musée Dobrée et la rue Voltaire. Le trône ducal fut occupé successivement par ses deux fils, puis par son frère Arthur de Richemont, connétable de France, qui avait achevé l'œuvre de Jeanne d'Arc en expulsant les Anglais. Richemont devint le duc Arthur III dont le court régne (1457-1458) fut attristé par un conflit avec l'Evêque de Nantes, lequel mit la ville et les domaines du souverain breton en interdit.

François II sauvegarde l'indépendance bretonne. — François II (1458-1488) le remplaça et mit tous ses soins à sauvegarder l'indépendance de la Bretagne, menacée par Louis XI. Dans ce but, il s'allia avec Charles le Téméraire et même avec le roi d' Angleterre. Il déclara quatre fois la guerre au roi de France; mais celui-ci, plus habile, lui fit chaque fois abandonner ses alliés et le désarma sans combattre. Louis XI mourut cependant avant d'être arrivé à ses fins.

Le ministre Landais est mis à mort. — Les inconséquences de François II s'expliquent surtout par les influences contraires qui dominaient tour à tour son esprit faible et indécis : le chancelier Chauvin l'inclinait vers la France ; le tailleur Landais, devenu trésorier des Etats de Bretagne, qui tenait pour l'indépendance, l'emporta, et fut le véritable maître du duché à partir de 1475.

Habile administrateur, mais dur et autoritaire, il fit périr son rival Chauvin. Par ses mesures contre la noblesse et le cierge, il provoqua un soulèvement des seigneurs. Ceux-ci s'étant emparés de sa personne, le condamnèrent à être pendu, et la sentence fut aussitôt exécutée sur la place du Bouffay (1485).

François II réorganise les défenses de Nantes. — François II, par son œuvre personnelle et par celle de ses ministres, mérite une place importante dans l'histoire de notre ville. C'est sur ses ordres que fui commencée la construction du Château actuel qui remplaça celui de la Tour Neuve, trouvé « indigent de réparations ». Il consacra un soin particulier aux défenses de Nantes, dont il avait fait sa capitale et sa résidence, et fit placer sur les fortifications restaurées les premiers canons qui aient paru dans notre cité.

Il créa une milice et et organiser sous le nom de Jeu du Papegault des exercices de tir à l'arbalète et à l'arquebuse. Comme ses prédécesseurs, il encouragea le commerce ; il accorda aux bourgeois de nouveaux privilèges et fonda l'Université de Nantes.

Anne est la dernière duchesse de Bretagne. — François II prit part à la révolte des seigneurs contre Anne de Beaujeu. En 1487, Nantes subit un siège de six semaines ; la défaite de Saint-Aubin-du-Cormier (1488) sonna le glas de l'indépendance bretonne. François II mourut la même année à Couëron.

Il laissait une fille, Anne de Bretagne, dont la main fut très convoitée. Par crainte de la France, la jeune duchesse fut mariée, par procuration, à Maximilien d'Autriche, mais le roi Charles VIII s'étant emparé de Nantes, par trahison, Anne, faite prisonnière à Rennes, dut épouser le vainqueur, c'est-à-dire la France (1492).

Après la mort de Charles VIII, Anne revint à Nantes où on lui fit une belle réception et où fut célébré son mariage avec Louis XII (1499).

Jusqu'à sa mort (1514), Anne, la bonne Duchesse, qui avait un culte profond pour sa chère Bretagne, et qui a voulu que son cœur y fût déposé, continua à gouverner son duché avec habileté et en toute indépendance.

La Bretagne est réunie à la France. — Sa fille, Claude de France, lui succéda et laissa, à perpétuité, la jouissance de la Bretagne à son mari Francois Ier, roi de France. Celui-ci fit décider par les Etats de Bretagne, en 1532, malgré l'opposition des députés de Nantes, la réunion du duché à la France.

Henri II, héritier de sa mère, fut le premier prince qui ait été, de son chef, duc de Bretagne et roi de France. Avec lui les deux couronnes furent unies pour toujours.

 

COMPLÉMENTS ET RÉCITS.

I. — Un duel judiciaire à Nantes en 1385.
Jean de Beaumanoir ayant été tué dans un guet-apens, son frère Robert accusa Pierre de Tournemine d'être l'instigateur du crime. Devant le manque de preuves et les dénégations de Tournemine, le duc de Bretagne décida qu'on s'en remettrait au « jugement de Dieu » et qu'un duel judiciaire aurait lieu entre les deux chevaliers. Des lices de 80 pas de long et 66 de large furent dressées au Bouffay de Nantes.

Au jour assigné, le 20 décembre 1385, le duc assisté de ses barons, présida cette étrange Cour de Justice. Robert de Beaumanoir, monté et armé se présenta d'abord et demanda qu'on fit appeler à haute voix par un héraut le sire de Tournemine. Celui-ci ne parut qu'au troisième appel.

Après vérification des armes, les combattants prêtèrent serment « sur les saintes reliques et le missel », puis remontèrent à cheval.

Alors commença le combat. Les deux adversaires se chargèrent vigoureusement et pendant longtemps ni l'un ni l'autre ne put marquer quelque avantage. L'issue paraissait douteuse, mais finalement après avoir « besogné », tant à cheval qu'à pied, Beaumanoir assaillit si rudement Tournemine qu'il le mit « hors d'haleine », et le contraignit de dire qu'il se rendait. Le vaincu dut avouer son crime.

L'ordre de combat condamnait le défaillant à être traîné par les pieds autour du camp et pendu après ; mais Beaumanoir, satisfait de sa victoire, demanda et obtint la grâce du chevalier assassin.

II. — Retour d'Anne de Bretagne à Nantes en 1498.
Bientôt elle se mit en route pour son duché où l'attendait à Nantes une réception magnifique. Le Chapitre en chape alla au-devant d'elle jusqu'à la tour de Sauvetout, portant des saintes reliques et marchant en procession. Là, une jeune fille, superbement habillée, vint à sa rencontre ; elle était montée sur « une grande beste appelée un olifant » ; du haut d'une petite tour placée sur l'animal que conduisaient deux bons Nantais déguisés en sauvages, elle présenta les clefs de la ville à la reine. Cet éléphant, qui n'était qu'une feinte, pour me servir de l'expression du temps, contenait dans son intérieur des hommes qui le faisaient marcher et qui ne paraissaient point. La reine fit son entrée sous un dais de velours noir : des croix noires et des étendards en satin noir, blanc et violet, la précédaient ; les trompettes de ville avec leurs instruments ornés de deuil sonnaient la marche ; ils avaient des chapeaux noirs, des habits mi-partie noirs, blancs et violets ; les bannières étaient aussi en deuil. Avant son passage au carrefour du Pilori, la ville fit représenter une pièce à la mode du temps, à son arrivée ; il en fut de même au carrefour Saint-Jean. Non contente de ces témoignages d'affection, la ville offrit à la fille de son dernier duc, le jour de son arrivée, deux pots on vermeil, deux bassins, deux flacons et six tasses couvertes, magnifique présent qui contenait cent marcs d'argent et cent cinquante huit ducats d'or. Vingt-deux pipes de vin furent distribuées aux grands seigneurs et aux officiers de la reine.

Le maréchal des logis, les fourriers, valets et portiers reçurent ensemble 37 écus d'or. La reine en échange de tant de courtoisie fut pleine de gracieuseté pour ses chers Nantais auxquels elle accorda le droit de méage et de pavage pour 10 années. (Dr GUÉPIN).

III. — Le cœur d'Anne de Bretagne est déposé à Nantes.
Anne de Bretagne mourut au château de Blois eu 1514. Elle n'avait pas encore 37 ans. Des obsèques imposantes lui furent faites et son corps fut inhumé à Saint-Denis.

Avant de mourir, Anne avait demandé que son cœur fût déposé à Nantes dans le tombeau de son père. Louis XII l'envoya dans une boîte d'or en forme de cœur surmonté d’une couronne et entouré d'une cordelière, et portant des inscriptions rappelant les mérites de la princesse : En ce petit vaisseau d'or fin et monde - Repose ung plus grand cœur que oncque dame eut au monde...

Ce vase fut transporté en grande pompe à l'église des Carmes ; sur le passage du cortège, les rues étaient tendues de blanc ; les fenêtres de chaque maison éclairées par deux cierges. Un crieur, vêtu de velours noir, ouvrait la marche ; il agitait à chaque carrefour les deux sonnettes qu'il avait à la main, puis demandait des prières pour la reine défunte. Cent hommes le suivaient, habillés de noir, portant des torches du poids de deux livres. Ensuite venaient toutes les notabilités de la ville ; le chancelier de Bretagne portait le cœur de la « bonne duchesse », qui fut déposé dans une chapelle magnifique.

 

A voir : A l'extrémité du cour Saint-André, statues de Duguesclin et d'Olivier de Clisson ; à l'extrémité du cours Saint-Pierre, statues d'Arthur III et d'Anne de Bretagne ; Place Jean-V, manoir de la Touche ; au Musée Dobrée, boîte en or ayant renfermé le cœur d'Anne de Bretagne ; canons des XIVème et XVème siècles.

Bibliographie : Chroniques de Froissart et toutes les histoires de Bretagne ; Bossard et de Maulde, Gilles de Rais (dans cet ouvrage figure la copie des pièces du procès). Voir aussi l'essai de réhabilitation de Gilles de Rais tenté par M. Salomon Reinach, les études du chanoine Durville et celles de l'abbé Bourdeaut sur Jean V.

(F. Guilloux).

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