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Nantes de 1870 à 1922 - Nouvelle décadence et retour de la fortune

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Nantes a, depuis 1810, considérablement amélioré ses services publics. Son port, dont la décadence était complète en 1892, s'est relevé considérablement depuis la création du canal maritime. La situation de Nantes et son activité industrielle lui permettent de nourrir des rêves très ambitieux.

La déclaration de guerre agite Nantes. — Pendant les quelques semaines qui précédèrent la chute de l'Empire, la guerre avec la Prusse occupa tous les esprits à Nantes. Le 17 juillet, des groupes nombreux parcoururent les rues de la ville en criant : à Berlin ! Le 18, des manifestations hostiles eurent lieu tenue Camus devant la maison du Consul de Prusse ; le 19, on faillit mettre le feu à l'imprimerie du Phare de la Loire, opposé à la guerre. Nos premiers revers calmèrent cette excitation ; les élections municipales du 7 août se passèrent dans le calme ; la garde nationale fut organisée ; le changement de régime ne provoqua qu'une effervescence passagère.

Nantes travaille pour la défense nationale. — La gravité de la situation fit écarter bientôt les préoccupations politiques. Le Dr Guépin, nommé préfet, et le maire Waldeck-Rousseau, unirent leurs efforts pour mettre la ville sur le pied de guerre. Les armes manquaient : la fonderie Voruz fabriqua des canons, des mitrailleuses ; d'autres ateliers fournirent des obus, transformèrent des fusils ; dans les prairies, près des ponts, des baraques abritèrent des femmes employées à confectionner des cartouches. Les vêtements, les chaussures, les conserves destinées à l'armée sortirent en quantité considérable de nos usines.

Nantes prépare sa défense. — Les Prussiens, continuant leur marche en avant, ne pouvaient avoir d'autre objectif que Nantes, le plus grand centre d'approvisionnement de l'Ouest. Il ne s'agissait plus pour les Nantais de voler au secours de la frontière violée, mais da préparer la défense de leurs foyers.

Le Dr Guépin, sentant ses forces physiques décliner, accablé par la nouvelle de la chute de Metz (octobre 1870), qui causa à Nantes une consternation profonde, avait donné sa démission ; mais Waldeck-Rousseau sut faire face à la situation. Les mobilisés allèrent rejoindre le camp de Conlie ; la garde sédentaire, pourvue de cartouches, se tint prête à tout événement. Le Conseil municipal demanda que la, défense de l'Ouest fût confiée à un chef unique ; le maire d'Angers offrit au maire de Nantes d'associer les deux villes pour parer au danger grandissant (décembre 1870). La nouvelle du bombardement de Paris et celle de la présence d'un corsaire allemand sur nos côtes causèrent une grande agitation à Nantes. On voyait avec anxiété le champ des opérations se rapprocher de notre région. Des officiers prussiens, prisonniers sur parole, furent maltraités par la foule (20 janvier). Après la déroute du Mans, les mobilisés du camp de Conlie, regroupés et réarmés, vinrent grossir le nombre des défenseurs de Nantes ; mais l'armistice arrêta la marche des envahisseurs.

Nantes demande des écoles laïques. — Les royalistes triomphèrent aux élections législatives du 8 février 1871 ; mais les élections municipales d'avril montrèrent que Nantes restait fidèle aux idées libérales. La question de l'enseignement y préoccupait beaucoup les esprits. Les groupements républicains demandèrent, dans une adresse à l'Assemblée nationale, que l'instruction fût déclarée laïque, gratuite et obligatoire, et qu'en attendant des écoles laïques fussent créées à Nantes. Le Conseil municipal, étant entré dans ces vues et ayant supprimé la subvention accordée aux frères, le Conseil général lui vota un blâme pour avoir créé des écoles d'immoralité et d'irréligion qui répandent dans le département de funestes principes (27 octobre 1871).

Nantes manifeste contre la politique de l'Assemblée nationale. — Les républicains nantais firent une vive opposition à la politique de l'Assemblée nationale dont ils demandèrent la dissolution. De grands banquets offerte, à Louis Blanc (1872), à Gambetta (1873), furent présidés par le vétéran de la démocratie nantaise, le père Guépin, dont los obsèques, en mai 1873, provoquèrent une grandiose manifestation.

A son passage à Nantes, en 1874, le président Mac-Mahou reçut un accueil plutôt froid, et fut salué par des cris de « Vive la République ! ».

Les luttes politiques sont parfois assez vives. — Le gouvernement voyait d'un mauvais oeil l'attitude de la municipalité nantaise Il révoqua le maire Arsène Leloup en décembre 1872, à la suite de manifestations qui s'étaient produites à la gare d'Orléans, à l'arrivée d'un train de pèlerins. Après un court retour de Waldeck-Rousseau à l'Hôtel de Ville, le gouvernement nomma une municipalité dont les membres furent choisis en dehors du conseil municipal [Note : Depuis 1874, les maires de Nantes ont été : Charles Lechat (1874) ; Mathurin Brissonneau (1881), Colombel (1881), Edouard Normand (1885), Guibourg de Luzinais (1888), Riom (1892), Etiennez (1896), Sarradin (1899), Guist'hau (1908), Bellamy (1912), ....].

Un député de Nantes, M. Laisant, fit partie des 363 et fut réélu en octobre 1877. Les luttes politiques ont continué depuis lors ; et à chaque élection s'affrontent royalistes, républicains, socialistes.

L'application des lois sur Lee Congrégations (1880), l'affaire, Dreyfus (1898-1900), les inventaires des églises (1905-1906) ont causé à Nantes des troubles parfois extrêmement violents.

La guerre de 1914-1918 modifie la vie nantaise. — La guerre trouva Nantes calme et résolue. En Août 1914, une activité fiévreuse règne dans nos rues ; sur les quais, jour et nuit, les trains passaient bondés de soldats. La vie habituelle fut suspendue ; un grand nombre de magasins et d'usines fermèrent leurs portes ; les écoles et beaucoup de locaux inoccupés servirent de cantonnements.

Dés les premières semaines, parut la foule misérable des évacués, des réfugiés, Italiens, Belges, puis Français (11.000 ont été logés à Nantes pendant la guerre). Plus tard, on acclama les contingents anglais ; des convois de blessés arrivèrent ; ces malheureux furent soignés dans les nombreux hôpitaux inetallés en ville. Des régiments russes défilèrent dans nos rues (1916).

Mais le ravitaillement de la ville était difficile. On dut constituer, dès 1914, des stocks de farine, de bois, de charbon ; on réduisit considérablement l'éclairage des voies publiques ; le sucre manqua, le blé devint rare. Il fallut subir le régime des cartes ; chaque mois, d'avril 1918 à juin 1919, on vit de longues files de gens se présenter dans les écoles pour retirer leurs tickets de pain.

Trains de matériel, trains de soldats passaient toujours nombreux sur la Fosse ; on regardait avec curiosité dans le port les bateaux « camouflés ». Enfin voici les Américains : Nantes les accueillit avec enthousiasme.

Nantes fête l'armistice et la paix. — Il est midi ; toutes les cloches de la ville se mettent en branle, les sirènes des usines et des bateaux hurlent avec ensemble. C'est la signature de l'armistice (11 novembre 1918). Une foule énorme se répand dans les rues ; on s'écrase place Graslin, place Royale, rue Crébillon ; des drapeaux alliés flottent à toutes les fenêtres ; le soir on illumine. Nantes déborde de joie.

La signature de la paix (29 juin 1919) et les fêtes de la Victoire (13-14 juillet 1919) provoquèrent beaucoup moins d'enthousiasme.

Nantes poursuit sa transformation et s'agrandit. — De très importants travaux ont été exécutés à Nantes de 1870 à nos jours. De 1873 à 1895, on a établi les Boulevards de ceinture ; c'est à cette époque qu'ont été percés ou terminés les rues de Coulmiers (1874), de Strasbourg (1877), Gambetta (1875-1884), le boulevard Saint-Aignan (1881), les rues Desaix (1882), Jeanne-d'Arc (1892), Dupleix (1899), l'avenue Carnot (1899), les boulevards Van-Iseghem (1898-1901), Vincent-Gache (1905) ; on a transformé et agrandi les places Canclaux (1876), Saint-Similien (1892), Viarmes (1909), Bretagne (1912) ; on a créé le Champ de Mars (1893-1900), acheté le parc de Procé (1910), aménagé celai du Petit-Port ; construit les ponts de la Tortière (1876-1878), Haudaudine (1877), du Repos de Jules-César (1879), de la Motte-Rouge (1880), le pont à transbordeur (1903) ; la passerelle de Barbin, établie en bois en 1875, a été remplacée par un pont en pierres en 1913.

De nombreux monuments publics ont été édifiée à cette époque : le musée Dobrée (1862-1900), les églises Saint-Donatien (1873-1878), Saint-Similien (1872-1898), le Lycée de garçons (1893), le Lycée de filles (1913-1922), l'Hôtel des Postes (1881) ; la caserne Cambronne (1882), la Cathédrale a été achevée (1893), la porte Saint-Pierre dégagée (1910-1913. On a construit encore : le musée des Beaux-Arts (1893-1900), le marché de Feltre (1906), l'hôpital militaire Broussais (1912), le palais des œuvres sociales (Bourse du Travail) (1912-1914).

La partie urbaine de la Chézine a été recouverte (1886-1890-1906) ; l'île Lemaire ou Mabon a été supprimée (1900) ; la partie inférieure de la boire de Toussaint (1903), le canal qui traversait la Prairie au duc (1918) ont été comblés ; de nouveaux quais ont été établis : quais des Antilles (1902-1904), de Roche-Maurice (1912), du Président Wilson (1913-1922).

En 1908, une loi a prononcé l'annexion des communes de Chantenay et de Doulon à la ville de Nantes, ce qui a porté la population de la cité à 170.000 habitants.

Des inondations et des désastres affligent Nantes. — De 1870 à nos jours, notre ville a connu deux inondations terribles, en 1872 et en 1910 ; le quai Ernest-Renaud s'est écroulé (1911), ainsi que le pont Maudit (1913) ; le théâtre de la Renaissance a été détruit par un incendie (1912).

Les services publics prennent une nouvelle extension. — La Ville a racheté, en 1895, le service des eaux qui appartenait à une compagnie privée. Une nouvelle prise d'eau, des bassins filtrants ont été installés à la Roche, et d'immenses réservoirs construits à la Contrie.

Un important réseau d'égouts, non encore achevé, améliorera encore la situation sanitaire de la ville, et évitera le retour d'épidémies aussi meurtrière que celle de choléra qui, en 1893, causa à Nantes 396 décés.

L'éclairage électrique, adopté, par des particuliers vers 1880, ne fut etilisé sur les voies publiques qu'en 1891. Il a pris depuis une très grande extension, surtout lorsque les tramways à air comprimé, inaugurés en 1879, ont été remplacés par des tramways électriques. (Ceux-ci ont transporté 13.170.133 voyageurs en 1913, et 19.922.119 en 1918.) Cette transformation a permis la création d'une importante usine d'électricité à Chantenay (1913).

L’Institut Pasteur a été fondé en 1896, et la Bourse du Travail en 1893.

De nouvelles lignes de chemins de fer ont été construites : Nantes-Pornic-Paimbœuf-Machecoul (1875-1876), Nantes-Châteaubriant (1877), Nantes-Segré (1885) ; la gare de l'Etat a été édifiée en 1887 ; la ligne de Legé a été ouverte en 1893, celle d'Anjou on 1899, celle de Blain en 1901. On parle depuis longtemps de déplacer la voie des quais.

Des écoles sont créées en grand nombre. — En 1874, le Conseil municipal décida de fonder 12 écoles pour chaque sexe. La ville en avait commencé la création sans attendre l’autorisation ministérielle qui ne vint qu'en 1879. La première école publique de filles (rue Sarrazin) date de 1871, ainsi que 4 nouvelles écoles de garçons. De 1872 à 1879, furent établies 3 écoles de garçons et 5 écoles de filles ; de 1880 à 1896, 5 écales de garçons et 4 écoles de filles ; de 1896 à 1918, 6 écoles de garçons et 6 écoles de filles ; des cantines scolaires ont été installées en 1908.

Les dépenses inscrites au budget de la Ville pour l'Instruction publique, qui étaient de 2.800 francs en 1870, sont passées à 657.756 francs en 1881, et à 4.029.759 fraues en 1921.

Nantes comptait au 31 décembre 1921 : 21 écoles publiques de garçons avec 106 maîtres recevant 5.569 élèves ; 23 écoles publiques de filles avec 158 maîtresses recevant 4.293 élèves ; 4 écoles maternelles avec 9 maîtresses recevant 385 élèves ; 17 écoles libres de garçons avec 53 maîtres recevant 2.821 élèves ; 35 écoles libres de filles avec 238 maîtresses recevant 4.790 élèves ; 5 écoles maternelles libres avec 6 maîtressee recevant 283 élèves.

L'Ecole Livet, achetée par l'Etat avec le concours de la Ville en 1898, est devenue une Ecole nationale professionnelle ; l'Ecole primaire supérieure de filles (Ecole Vial), et l'Ecole primaire supérieure de garçons (avenue Launay), ont été traneformées en Ecoles pratiqnes de commerce et d'industrie. Une nouvelle E. P. S. de garçons a été ouverte en 1904 rue Maryland, et une E. P. S. de filles en 1919 place de la République. Le Lycée de filles a été créé en 1881.

Le port de Nantes se relève grâce au canal maritime. — En 1870, la situation du port était loin d'être brillante. Une loi de 1866 avait enlevé aux navires français la protection qui leur avait été jusque là accordée. La Loire, de plus en plue ensablée, ne permettait plus aux navires importants de remonter à Nantes. Les digues, les dragages n'avaient point donné les résultats attendue. Une solution s'imposait : la création d'un canal latéral. Les Nantais ne l'obtinrent qu'après de longues démarches. Les travaux commencèrent en 1882 ; mais le canal ne fut ouvert à la navigation qu'en 1892. Les navires d'un fort tonnage purent accéder à nos quais. Nantes, qui était tombé au douzième rang des ports français, remontait au huitième dès 1896. La prospérité de notre port n'a fait que grandir depuis lors, malgré l'abandon du canal, aujourd'hui détrôné par le fleuve lui-même aménagé par de grands travaux depuis 1908.

Le mouvement du port s'accroit rapidement. — A peu près stationnaire de 1870 à 1893, le mouvement du port maritime (poids des marchandises embarquées et débarquées) a été :

En 1893 de 544.221 tonnes ; en 1903 de 1.109.525 tonnes (tonnage doublé en 10 ans) ; en 1913 de 1.963.715 tonnes.

Le nombre de navires de plus de 5 mètres de tirant d'eau remontant à Nantes qui était de 6 ou 1893, est passé à 320 en 1903 et à 561 en 1913. Nantes était, en 1912, le sixième port de France, après Marseille, Rouen, Le Havre, Bordeaux, Dunkerque.

De grands travaux améliorent le port. — De grands travaux out été exécutés de 1908 à 1914 pour améliorer le port : rescindement des îles, approfondissement du lit du fleuve par des dragages et des dérochements, construction de nouveaux quais, éclairage du port à l'électricité, perfectionnement de l'outillage. Le grand programme, fixé par la loi du 7 août 1913, prévoyait 28.500.000 francs de travaux dont la guerre a empêché en grande partie l'exécution. Il reste à terminer l'aménagement du bras de Pirmil, à reconstruire les vieux ponts, à créer un bassin de marée et une forme de radoub [Note : En 1921, le port de Nantes offrait à la navigation de mer : 5.128 mètres de quais publics et 1.009 mètres de quais privés, et à la navigation intérieure 1.135 mètres de cales et quais]. Ce sera l'œuvre des années à venir. Le port de Nantes y trouvera la source d'une nouvelle prospérité : surtout si, en continuant les travaux commencés en amont, on arrive enfin à rendre la Loire navigable jusqu'à Orléans, ou même, rêve ambitieux, mais non impossible, on parvient à faire de Nantes le point terminus d'une grande voie fluviale Suisse-Océan.

Le port de Nantes importe 5 fois plus qu'il n'exporte. — En 1913, notre port entretenait des relations suivies avec l'Algérie et les colonies françaises d'Amérique, avec l'Angleterre, la Hollande, la Russie, l'Allemagne, les pays scandinaves, l'Espagne, le Portugal, le Brésil ; des lignes régulières le reliaient aux ports français de Bordeaux, Bayonne, Brest, Le Havre, Dunkerque. Les principales importations étaient celles des phosphates et engrais chimiques, des céréales, de la houille, des pâtes de bois, du fer, de la fonte et de l’acier : elles constituaient environ les 5/6 du trafic total du port. (En 1913 : importations : 1.499.943 tonnes ; exportations : 275.430). Les exportations consistaient, surtout, avant la guerre, en minerai de fer, grains et farines, briquettes, matériaux de construction, navires, engrais, sucres, fruits et légumes frais, œufs, tourteaux.

Le trafic par chemin de fer est considérable. — Le trafic fluvial, sauf pour les foins, est peu important ; mais les gares de Nantes ont un mouvement considérable. Il est passé de 693.475 tonnes en 1892, à 1.554.965 tonnes en 1904 et à 4.172.851 tonnes en 1913. En 1913, plus de 3.300.000 voyageurs sont descendus à Nantes, ou y ont pris le train.

L'Industrie nantaise se développe après 1870. — En 1870, Nantes fut un des principaux centres de fabrication pour les canons, les munitions et les approvisionnements de l'armée. Après la paix, la construction du matériel de chemin de fer devint la principale industrie nantaise. Nos filatures et nos tissages, incapables de soutenir la concurrense normande, déclinèrent rapidement ; les tanneries et les fabriques de chaussures maintinrent plus longtemps leur activité, bien réduite aujourd'hui. La loi accordant des primes à la construction et à la navigation assura, il y a une vingtaine d'années, à nos chantiers navals une prospérité extraordinaire qui ne survécut pas à la suppression des primes. Après la crise, provoquée par l'entrée en France des conserves portugaises et espagnoles, nos usines de conserves et celles qu'elles font vivre [fabrication des boîtes en fer-blanc et des caisses en bois) ont pris de nouveaux développements. Nos raffineries ne tiennent plus le premier rang en France, mais leur production demeure importante ; la fabrication des engrais et des produits chimiques prend de plus en plus d'extension ; nos établissements métallurgiques sont en progrès.

Nantes possédé aussi des savonneries, des biscuiteries, des chocolateries, une papeterie, une manufacture de tabac, des fabriques de meubles, de briquettes, etc., mais conserves alimentaires, constructions navales, engrais, raffinage de sucre sont ses principales industries.

La guerre modifie la vie économique de Nantes. — Le trafic du port de Nantes pendant la guerre de 1914-1918 a surtout consisté en importations d'approvisionnements pour l'armée ou de matières premières pour les usines de guerre. Après une légère baisse en 1914 (1.820.407 tonnes), un bond formidable marqua le mouvement de 1915 (2.566.739 tonnes), et celui de 1916 (2.891.778 tonnes) ; mais cette augmentation, due aux transports de guerre, devait être éphémère. Le trafic, retombé à 1.849.248 tonnes en 1917, se releva en 1918 (2.235.485 tonnes) pour revenir en 1920 à 1.903.926 tonnes et, en 1921 à 1.200.628 tonnes.

Les conditions économiques nouvelles ont modifié profondément certains éléments du commerce nantais. Les importations de phosphates naturels sont tombées de 195.595 tonnes en 1913 à 26.323 en 1918 ; celles de nitrate de soude de 26.710 tonnes en 1913 à 0 en 1918. Du côté des exportations, le minerai de fer est passé de 185.108 tonnes en 1913 à 2.500 en 1917.

L'industrie nantaise a aussi été transformée par la guerre. Nantes n'a pas fondu de canons comme en 1810, mais elle a fabriqué des obus et du matériel. Les constructions navales ont été, pendant cette période, presque complètement abandonnées.

Nantes deviendra une grande ville industrielle. — Depuis l'armistice, on a repris les anciennes fabrications ; mais les améliorations et les agrandissements réalisés pour la guerre subsistent et permettront une production accrue quand la crise actuelle aura pris fin. De nouvelles usines se sont établies, surtout du côté de Saint-Joseph-de-Portrieq et sur les rives de la Loire, entre Couëron et Basse-Indre. Il n'est pas téméraire de penser que, dans un avenir assez rapproché, la Basse-Loire ne sera qu'une longue rue bordée d'usines. Alors Nantes ne sera pas seulement un port de premier ordre, mais aussi une grande ville industrielle.

 

COMPLÉMENTS ET RÉCITS.

I. — Mort du Docteur Guépin.

Après une courte maladie, le docteur Guépin mourut d'une hémorragie cérébrale, le 21 mai 1873, à l'âge de 68 ans.

Sa mort eut un immense retentissement, non seulement à Nantes, mais dans toute la région de l'Ouest et parmi ses nombreux amis de France et de l'étranger.

De la ville et des départements voisins, des milliers de personnes accoururent pour le contempler une dernière fois. Ce qui se passa alors à Nantes a laissé un profond souvenir à toutes les personnes qui en furent témoins.

Toutes les classes de la société, sans distinction de fortune ou d'opinion, se pressaient autour du lit funèbre. Tous éprouvaient ce saisissement, cet étonnement douloureux qui s'emparent de la foule au moment où disparaissent certains hommes, bien rares à la vérité, qui, par leur nom sans cesse répété, par la sympathie qui les entoure, par la grande part qu'ils prennent à la vie commune, sont intimement liés à chacun de leurs concitoyens. Il semble, en les perdant, que nous perdons quelque chose de notre être, qu'une partie de nous-même meurt avec eux.

Ici cette émotion était poignante, On serrait la main du cadavre, on lui parlait, ou l'embrassait, beaucoup pleuraient. C'était une touchante fête familiale où toute une population exprimait les sentiments de reconnaissance, d'affection, de regret avec l'éloquence spontanée du cœur.

Une foule considérable accompagna le docteur Guépin à sa dernière demeure, Des fenêtres, on jetait des fleurs sur le cercueil ; les magasins étaient fermés en signe de deuil public. (Docteur MOTAIS).

 

A voir : Monuments cités dans le chapitre ; le port ; les nouveaux quais du bras de Pirmil.

Bibliographie : Paul Eudel : Le Comité républicain de Nantes ; Figures nantaises ; Artillerie nantaise en 1810 ; — Sibille : Rapport sur l'extension du port de Nantes ; — Elicio Colin : Le Port de Nantes ; — Gabory : Les Refugiés chez nous ; — X. : La Municipalité de Nantes et son œuvre pendant la guerre ; Comptes rendus des séances du Conseil municipal de Nantes ; Exposés annuels des travaux de la Chambre de Commerce de Nantes.

 

Population et budget de la ville de Nantes.
1449 : budget (dépenses) : 5.096 livres [Note : Pour la période antérieure à 1800, les chiffres sont empruntés à Mellinet].
1514 : budget (dépenses) : 17.246 livres.
1681 : budget (dépenses) : 17.144 livres.
1700 : population : 42.309.
1760 : population : 48.762 ; budget (dépenses) : 412.512 livres.
1780 : population : 54.434.
1790 : population : 81.648 ; budget (dépenses) : 437.000 livres.
1791 : budget (dépenses) : 1.001.938 livres.
1792 : population : 72.695.
1802 : population : 77.356 ; budget (dépenses) : 417.730 francs.
1814 : population : 67.067 ; budget (dépenses) : 794.699 francs.
1821 : population : 68.427 ; budget (dépenses) : 1.020.069 francs.
1831 : population : 85.738 ; budget (dépenses) : 1.114.254 francs.
1841 : population : 83.389 ; budget (dépenses) : 1.500.542 francs.
1851 : population : 96.362 ; budget (dépenses) : 1.787.554 francs.
1861 : population : 113.625 ; budget (dépenses) : 3.222.986 francs.
1871 : population : 118.317 ; budget (dépenses) : 3.257.344 francs.
1881 : population : 124.319 ; budget (dépenses) : 5.049.776 francs.
1891 : population : 125.029 ; budget (dépenses) : 5.123.447 francs.
1901 : population : 132.990 ; budget (dépenses) : 6.012.870 francs.
1911 : population : 170.535 ; budget (dépenses) : 17.144.814 francs. [Note : Après l'annexion de Chantenay et de Doulon].
1921 : population : 183.704 ; budget (dépenses) : 29.887.048 francs.

Note : Douves et Porte Saint-Nicolas : Ces douves, creusées en 1591, bordaient l'enceinte fortifiée. Elles occupaient l'emplacement compris aujourd'hui entre la rue de Gorges et l'Hôtel des Postes. Elles formaient une "demi-lune" sur la place Royale et aboutissaient à l'Erdre par la rue de l'Arche-Sèche, qui n'est qu'une vieille douve remblayée. — La porte Saint-Nicolas aboutissait sur la place Royale. Les murailles furent abattues et les douves comblées à la fin du XVIIIème siècle.

Note : Bastion et fossés de la Porte Saint-Pierre : Ces ouvrages occupaient une grande partie de la place Louis XVI actuelle et s'avançaient presque jusqu'à la chapelle de l'Oratoire. Ils ont été démolis en 1764. A droite se trouve la porte Saint-Pierre

Note : De la porte Saint-Nicolas partaient deux rues celle du Bignon-Lestard (aujourd'hui rue Rubens) et la rue de la Fosse. Entre ces deux voies existait un vaste espace où le roc affleurait en maints endroits, mais dont certaines parties étaient cultivées en jardins autour de l'enclos des Capucins (Cours de la République). C'est sur ces terrains que, trente ans plus tard, la ténacité de Graslin créera le quartier qui porte son nom.

Note : Eglise Sainte-Croix et Tour du Bouffay vers 1845 : La façade de Sainte-Croix date de 1685. Restaurée en 1840, cette église fut surmontée du beffroi actuel en 1859. On y plaça en 1861 la grosse cloche de 8.000 kilogrammes, enlevée de la Tour du Bouffay lors de la démolition de celle-ci en 1848.

(F. Guilloux).

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