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Nantes de 1830 à 1870 - Nouvelle prospérité économique

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Les Révolutions de 1830, 1848, 1870 trouvent un accueil sympathique à Nantes où les idées libérales ont fait de grands progrès. La renaissance économique se poursuit et, en 1855, notre ville est redevenue un grand port.

Nantes adhère au nouveau gouvernement. — Le sang avait coulé, l'entente n'était plus possible entre les autorités et le peuple dont l'exaspération allait croissant. La Chambre de Commerce prit sur elle d'administrer la ville en attendant que fût institué un nouveau pouvoir régulier.

Le 12 août 1830, l'avènement de Louis-Philippe fut proclamé à Nantes ; le drapeau tricolore flotta de nouveau sur les édifices publics ; les fleurs de lys disparurent ; mais les partis ne désarmèrent pas.

Les légitimistes s'agitent. — Le général qui commandait à Nantes avait vainement essayé de soulever la Vendée ; mais déserteurs et réfractaires ne s'en donnaient pas moins rendez-vous dans l'Ouest. Des bandes armées sillonnaient le pays ; à Nantes même, les partisans du régime déchu avaient des fabriques de cartouches, des dépôts d'armes et d'approvisionnements. Malgré leur activité, les troupes gouvernementales étaient impuissantes ; l'épidémie de choléra augmentait l'irritation populaire contre les légitimistes.

La duchesse de Berry essaie de soulever la Vendée. — C'est à ce moment que la duchesse de Berry vint en personne pour organiser la révolte. Elle ne put provoquer chez les Vendéens le mouvement en masse qu'elle espérait, et les troupes de Louis-Philippe eurent facilement raison de ceux qui avaient répondu à l'appel de la duchesse. Celle-ci, comprenant l'inutilité de ses efforts, se réfugia à Nantes le 9 juin 1832.

Malgré leurs recherches, malgré les mesures draconiennes pries contre les parents des déserteurs et des réfractaires, les autorités ne parviennent pas à découvrir la retraite de la duchesse.

L'audace des légitimistes s'accroit ; ils trouvent des complices jusque dans la magistrature ; l'opposition plaisante le gouvernement qui a pourtant envoyé à Nantes ses meilleurs policiers. Thiers veut en finir ; il remplace le préfet de Saint-Aignan, un ancien émigré, gêné avec ses anciens amis, par un homme d'une énergie brutale, prêt à employer tous les moyens, Maurice Duval, que la population accueille par un formidable charivari.

Malgré l'activité fiévreuse de la police, Madame est toujours introuvable. Alors Maurice Duval soudoie un homme de confiance de la duchesse de Berry, le juif Deutz, qui lui livre le secret tant cherché. La duchesse, qu'un feu allumé par des gendarmes force à sortir de sa cachette, est arrêtée le 9 novembre 1832, dans la maison du Guiny, 3, rue Haute-du-Château (aujourd'hui rue Mathelin-Rodier), Enfermée d'abord au château, elle fut ensuite internée à Blaye.

La misère provoque des désordres. — La Révolution de 1830, en arrêtant la vie économique de la ville, avait condamné au chômage un grand nombre d'ouvriers. Ceux-ci attribuaient leur misère aux machines dont l'usage commençait à se répandre à Nantes ; ils voulurent même saccager une filature des Ponts qui fonctionnait à la vapeur ; une grue fut brisée quai de l'île-Gloriette ; des pêcheurs de sable mirent une drague en pièces. Des arrestations ayant été opérées, on craignit un soulèvement général de la population ouvrière.

De 1836 à 1848, il y eut à Nantes de nombreuses grèves ; quelques-unes dégénérèrent en émeutes. De sévères condamnations provoquèrent une telle irritation que le moindre incident amenait des troubles dans la rue. C'est ainsi qu'en janvier 1843, des manifestations tumultueuses se prolongèrent pendant une semaine : ce fut l'émeute légumineuse et laitière.

L'année 1847 fut marquée par la cherté excessive du pain et une grande misère de la population ; on dut ouvrir des ateliers de charité. De nouvelles grèves furent durement réprimées.

Le nombre des électeurs est très peu élevé. — Pour les élections législatives, le cens électoral, qui était de 300 francs sous la Restauration, avait été ramené à 200 francs, et le cens d'éligibilité de 1.000 à 500 francs. Cette réforme n'augmenta pas beaucoup le nombre des électeurs nantais qui s'éleva à : en 1831 : 843 ; — en 1834 : 921 ; — en 1837 : 998 ; — en 1839 : 966 ; — en 1842 : 859 ; — en 1846 : 1.118.

Pour les élections municipales, le nombre des électeurs était un peu plus considérable. En 1831 : 2.746 ; — en 1834 : 2.883 ; en 1837 : 2.704 ; — en 1840 : 2.826 ; — en 1843 : 2.847 ; — en 1846 : 3.048.

Le choix du maire appartenait au roi ; de 1832 à 1848, la faveur de celui-ci maintint Ferdinand Favre, à la tête de l'administration de notre ville.

On fête la Révolution de Juillet. — Un monument fut élevé au Cimetière Miséricorde à la mémoire den victimes de la Révolution de 1830. Les 29 et 30 juillet 1831, de grandes fêtes commémorèrent à Nantes le souvenir des journées de Juillet 1830 et de ses victimes. Un banquet de 4.840 couverts fut servi sur le Cours Henri IV (Cours de la République).

En 1832 et 1833, ces fêtes nationales ne furent pas moins brillantes, mais dès 1834 l'enthousiasme diminua ; bientôt ce ne fut plus qu'une manifestation républicaine on l'on exaltait les morts de 1830.

Nantes accepte la République de 1848. — La population nantaise accueillit avec enthousiasme la Révolution de Février ; mais les autorités hésitaient à reconnaître le gouvernement provisoire. Le 26 février, des groupes s'étant formés sur la place Royale y plantèrent un arbre de la Liberté, et parcoururent les rues aux cris de Vive la Liberté ! Vive le gouvernement Républicain ! Le Conseil municipal se décida alors à accepter le nouvel ordre de choses. Le maire et le préfet furent révoquée ; Colombel fut nommé maire, et le Dr Guépin préfet. L'évêque et le général ayant adhéré au nouvel état de choses, le calme se rétablit rapidement. Partout on fit disparaître le souvenir de la Monarchie ; la place Royale devint la place de l'Egalité ; la place Louis XVI, la place de la Liberté ; la rue d'Orléans, la rue du Peuple ; sur les monuments publics, un inscrivit la devise : Liberté, Égalité, Fraternité ; pour occuper les ouvriers sans travail, on créa des ateliers municipaux.

Les républicains sont battus aux élections. — Les élections se firent au scrutin de liste pour tout le département, et, pour la première fois, au suffrage universel. La liste républicaine, où figuraient Ledru-Rollin, Guépin, Mangin, fut battue par une liste où, à côté de quelques libéraux timides, se présentaient des adversaires du nouveau régime. Au nombre des élus on compta Waldeck-Rousseau, Ferdinand Favre, l'abbé Fournier, curé de Saint-Nicolas, Billault, le futur président du Corps législatif sous l'Empire, Lanjuinais. Les suffrages de la ville avaient été submergés par ceux des campagnes. La proclamation du résultat provoqua à Nantes des manifestations au cours desquelles la cure de Saint-Nicolas fut envahie et saccagée.

La substitution du travail à la tâche à la journée dans les ateliers municipaux provoqua une émeute le 19 juin.

A la nouvelle des troubles de Paris, 200 volontaires nantais s'embarquèrent pour la capitale où ils combattirent avec les généraux nantais Bedeau, Lamoricière et de Bréa. Ce dernier ayant été tué pendant qu'il parlementait avec les insurgés, son corps fut ramené à Nantes et enterré avec grande solennité le 5 juillet.

Louis Bonaparte : Nantes : 7.225 voix ; Dép. de Loire-Inférieure : 44.812 voix ; France : 5.534.520 voix
Gavaignac  : Nantes : 6.713 voix ; Dép. de Loire Inférieure : 33.236 voix ; France : 1.448.302 voix.
Ledru-Rollin : Nantes : 3.708 voix ; Dép. de Loire-Inférieure : 5.405 voix ; France : 371.431 voix.

La réaction se fait sentir à Nantes. — Les élections de 1849 consacrèrent la défaite complète des partis libéraux dans le département. Les députés sortants, à l'exception de F. Favre, furent battus, et les légitimistes l'emportèrent, toujours grâce aux suffrages des campagnes.

L'inauguration du chemin de fer de Saumur à Angers procura à Louis-Napoléon Bonaparte l'occasion de faire un voyage en Bretagne. Le prince-président fut vivement acclamé à son passage à Nantes, le 30 juillet 1849.

La réaction commençait à se faire sentir : on perquisitionnait sans motifs chez les républicains, on traquait les organisateurs de réunions publiques ; cependant la population acclamait, le 16 octobre 1850, un convoi de détenus qui traversait Nantes en chantant la Marseillaise et en criant : « Vive la République ! ».

Nantes est impuissante contre le coup d'État. — A la nouvelle du coup d'État du 2 décembre 1851, d'énergiques protestations sont formulées par le Conseil municipal, par quelques membres du Conseil général, par la presse. L'ancien préfet Maurice Duval, nommé commissaire extraordinaire du gouvernement dans les provinces de l'Ouest, demande, sous peine de révocation, l'adhésion des fonctionnaires au coup de force du Président ; il interdit toute polémique aux journaux ; des perquisitions ont lieu chez les républicains ; la garde nationale est dissoute. La population est calme ; elle voit passer, menottes aux mains, des ouvriers d'Indret qu'on mène en prison ; elle apprend que plusieurs Nantais, dont le Dr Guépin, ont été arrêtée et incarcérée ; elle n'ose protester.

Les plébiscites ratifient la politique de Louis Napoléon. — Le plébiscite du 20 décembre 1851 ratifia le coup d'État.

Nantes ……… Inscrits : 28.026 ; Votants : 15.484 ; Oui : 12.186 ; Non : 3.298.
Loire-Inférieure ....... Inscrits : 141.781 ; Votants : 67.609 ; Oui : 62.094 ; Non : 5.231.
France……… Oui : 7.481.000 ; Non : 647.000.

Le rétablissement de l'Empire fut approuvé le 21 novembre 1852.

Nantes ……… Inscrits : 28.026 ; Votants : 12.864 ; Oui : 10.461 ; Non : 2.154.
Loire-Inférieure ....... Inscrits : 141.781 ; Votants : 80.020 ; Oui : 75.945 ; Non : 3.487.
France……… Oui : 7.824.000 ; Non : 253.000.

(A remarquer l'augmentation du nombre des votants et de celui des « oui » dans le département, dans toute la France, et leur diminution à Nantes).

Les autorités témoignent leur fidélité à l'Empereur. — Pendant les dix premières années de l'Empire les élections, grâce à la candidature officielle, furent autant de succès pour la politique de Napoléon III. Nantes, à laquelle l'empereur avait redonné pour maire Ferdinand Favre, ne manqua pas d'illuminer et de voter des adresses pour célébrer le mariage du souverain, la naissance de son fils, les victoires de ses armées. Elle eut même à loger 800 prisonniers autrichiens en 1859.

En 1860, des volontaires nantais et bretons, les zouaves pontificaux, commandés par Lamoricière, allèrent soutenir les soldats dn pape luttant contre l'Italie.

Royalistes et républicains font opposition au régime impérial. — L'Empire eut comme adversaires les royalistes et les républicains. A Nantes, les uns et les autres eurent fréquemment à subir les rigueurs de la police et de la justice impériales : perquisitions, amendes, emprisonnement, suspension de journaux. Le chef des républicains, très populaire dans les milieux ouvriers nantais, était le Dr Guépin ; leur phalange se groupait autour du Phare de la Loire, le plus vigoureux des journaux avancés d'alors, dirigé par les frères Mangin.

Les idées libérales se réveillent. — Les élections de 1863 marquèrent le réveil des idées libérales à Nantes. Lanjuinais, qui demandait la liberté de la presse et celle des élections, l'abolition de la loi de sûreté générale, la fin de la guerre du Mexique, fut élu contre Voruz, candidat officiel. La ville lui donna une majorité écrasante : (8.850 voix contre 4.492), diminuée d'ailleurs par les suffrages campagnards.

Le mouvement s'accentua : le Dr Guépin entra au Conseil général en 1864, au Conseil municipal en 1865 ; mais la grande bataille se livra aux élections législatives de 1869, où royalistes et républicains donnèrent l'assaut au candidat ministériel, Gaudin. Celui-ci n'obtint à Nantes que 3.308 voix contre 9.406 au Dr Guépin, 2.609 au baron de Lareinty, royaliste. Grâce encore aux électeurs des communes rurales, Gaudin fut élu au 2ème tour. Après la proclamation du résultat, les gendarmes chargèrent sabre au poing sur la place de la Préfecture ; quelques manifestants furent blessés.

La République est proclamée à Nantes en 1870.
Le plébiscite du 8 mai 1870 marqua aussi nettement l'opposition de nos concitoyens à l'Empire. Les résultats furent les suivants :

Nantes ……… Inscrits : 25.384 ; Votants : 17.282 ; Oui : 6.463 ; Non : 10.183.
Loire-Inférieure ....... Inscrits : 154.447 ; Votants : 110.391 ; Oui : 92.943 ; Non : 15.923.
France……… Oui : 7.308.000 ; Non : 1.560.000.

Les résultats de la ville furent salués par les acclamations de la foule. Au mois d'août 1820, les républicains obtinrent 32 sièges sur 36 au Conseil municipal, et Waldeck-Rousseau fut chargé d'exercer les fonctions de maire.

Le 4 septembre, les nouvelles de Paris provoquèrent une vive effervescence en ville. Le Conseil municipal se réunit, adhéra à la Révolution, et Waldeck-Rousseau, du haut du perron de l'Hôtel de Ville, proclama la République.

Nantes continue sa transformation. — De 1830 à 1870, l'aspect de la ville de Nantes a été modifié par de grands travaux. Les percées nouvelles furent achevées et continuées : rues Boileau, Jean-Jaurès, Kléber, de Flandre, de Bréa, Deshoulières ; boulevards Lelasseur, Sébastopol, escalier de Sainte-Anne ; mais l'établissement du chemin de fer détruisit l'admirable promenade de la Fosse ; le pont Maudit et celui de l'Erdre, encore en bois, furent reconstruits en pierres. Un pont suspendu fut établi sur le canal Saint-Félix ; il fut refait en pierre (pont de la Rotonde) quand il se fut écroulé au passage d'un troupeau de bœufs (1866). Des cales et de nouveaux quais furent construits ; des trottoirs établis dans les quartiers du centre et on commença à les recouvrir d'asphalte (1859) ; la plupart des rues furent pavées.

Mais les plus grands travaux de voirie de cette époque sont dûs à des particuliers : passage Pommeraye, nouveaux quartiers de la Madeleine et de la Prairie-au-Duc, du Sanitat, de Saint-Félix, de Sainte-Aune. Le Jardin des Plantes fut agrandi et transformé. Le Bouffay fut démoli et sa cloche de 8000 kilos installée dans le beffroi de l'église Sainte-Croix restaurée.

Les constructions nouvelles furent très nombreuses : Hospice Saint-Jacques (1831), Poissonnerie (1852), Palais de justice (1852), Temple protestant (1855), Hôtel-Dieu (1863), Gendarmerie (1864), Théâtre de la Renaissance (1865), Fontaine place Royale (1865), Muséum (1868), Prison (1869). La plupart des églises furent reconstruites : Saint-Clément (1841-1857), Saint-Nicolas (1844-1854), NotreDame-de-Bon-Port (1854-1858) ; de nouvelles furent édifiées : Saint-Félix (1840), Saint-Anne (1850), La Madeleine (1853).

Les transports publics se développent. — Les services de bateaux à vapeur reçurent un développement considérable grâce à la concurrence de compagnies rivales ; de 1837 à 1840, des services maritimes furent organisés sur Bordeaux et la Bretagne. Les voitures publiques, plus nombreuses, accélérèrent leur vitesse, grâce au macadamisage des routes.

En 1834, on put aller de Nantes à Paris sans changer de voiture. Ce trajet qui exigeait 36 heures on 1836, n'en demanda plus que 26 en 1839, et 23 en 1845, quand les voyageurs purent aller prendre le train à Tours. Il y avait un courrier postal tous les jours pour Paris et quelques communes de la banlieue nantaise, un courrier tous les deux jours pour le reste du département. Plusieurs lignes d'omnibus traversaient la ville.

Le tracé de la ligne de chemin de fer, et surtout l'emplacement de la gare, provoquèrent de vives discussions à Nantes, qui ne fut mise en communication directe avec Paris qu'en 1851, Le prolongement de la ligne jusqu'à Saint-Nazaire, auquel s'opposaient les commerçants nantais, fut inauguré en 1857, et l'embranchement Savenay-Redon on 1862. La ligne Nantes-Clisson-La Roche-sur-Yon fut ouverte en 1866.

Les services publics sont améliorés. — L'éclairage de la ville fut amélioré par l'augmentation des reverbères et surtout par le remplacement des lampes à huile par des becs de gaz (1840) ; les particuliers se servaient déjà de l'éclairage au gaz depuis 1837. Le nombre des agents de police qui n'était que de 7 en 1830, fut porté à 50 en 1847. Le télégraphe électrique fut installé à Nantes en 1852.

De 1830 à 1870, la Ville prit la charge et la direction de nombreuses « salles d'asile », d'une école primaire supérieure de garçons et de 2 écoles primaires de garçons (rue Petit-Pierre-Beauséjour et rue Beaumanoir). Elle accorda des subventions aux frères des écoles chétiennes et à quelques institutrices congréganistes qui instruisaient gratuitement les petites filles. Il existait un grand nombre d'écoles libres.

En 1870, il y avait 27 écoles de garçons (2 publiques, 12 gratuites) recevant 5.561 élèves, et 67 écoles de filles (pas une seule publique, 9 gratuites) recevant 6.206 élèves.

L'Ecole Livet, fondée en 1846, devenait peu à peu une école professionnelle de premier ordre.

L'Ecole des Sourds-Muets, établie en 1856 à la Persagotière, prospérait sous l'intelligente direction du frère Louis.

Des Nantais, écrivains et soldats, se distinguent. — Les Nantais préfèrent le négoce aux lettres. Cependant les Nantais Charles Monselet et Jules Verne se firent à Paris une réputation d'écrivains. Rappelons que la mère de Victor Hugo était Nantaise, et que Michelet, qui habita notre ville en 1852 et 1853, y composa une partie de son « Histoire de la Révolution française ».

Pendant la conquête de l'Algérie se distinguèrent trois généraux nantais, Lamoricière, Bedeau et Mellinet (Emile). Co dernier, commandant de la Garde impériale, prit part aux batailles de Magenta et de Solférino.

La situation sanitaire devient meilleure. — Meilleure qu'au Moyen-Age, la situation sanitaire de Nantes laissait encore à désirer. Le choléra en 1832, en 1849, en 1854, en 1866, fit chaque fois des centaines de victimes. Le service public de la répurgation n'existait pas. En 1834, un entrepreneur se chargea de tenir propre le devant des maisons moyennant une redevance mensuelle de 0 fr. 75. On dut faire fermer une usine de conserves installée en plein centre de la ville, rue Santeul. L'eau était fournie par quelques puits ou achetée aux porteurs d'eau. Les hôpitaux étaient insuffisants et en mauvais état. L'installation d'un service d'eau (1854-1856) et la reconstruction de l'Hôtel-Dieu (1863) améliorèrent la situation.

Le commerce de Nantes éprouve de grands soucis. — La Révolution de 1830 interrompit la renaissance commerciale de Nantes, les transactions reprirent sitôt l'orage passé ; mais la navigabilité de plus en plus défectueuse de la Loire ensablée, l'établissement du chemin de fer, la répartition des lignes transatlantiques, la concurrence naissante de Saint-Nazaire, et surtout la question des sucres donnèrent de grands soucis à nos commerçants.

Nantes devient le premier marché de France pour les sucres. — Nos importations de sucres de canne de la Réunion allaient toujours en augmentant mais la production du sucre de betterave menaçait les débouchés de nos raffineries, d'autant plus que le sucre colonial payait 49 francs de droits par 100 kilos et le sucre indigène 11 francs seulement.

Pendant quinze ans, députés, Chambre de commerce, Conseil municipal luttèrent pour obtenir que les deux sucres fussent traités sur un pied d'égalité. Nos négociants descendirent même deux fois dans la rue. Ils obtinrent enfin satisfaction. En 1855, Nantes tenait la première place en France pour les sucres, mais Paris ne tarda pas à la supplanter. Nos importations de sucre atteignirent les chiffres suivants :
1835 : 10.500.000 kil.
1847 : 20.786 .000 kil.
1851 : 15.730.000 kil.
1853 : 21.875.000 kil.
1835 : 40.651.000 kil.
1870 : 49.520.000 kil.

Le port de Nantes retrouve son ancienne importance. — Le mouvement du port suivait aussi une marche ascendante :
1833 (entrées et sorties) : 272.837 tonneaux.
1842 (entrées et sorties) : 379.970 tonneaux.
1855 (entrées et sorties) : 489.617 tonneaux.
1860 (entrées et sorties) : 586.000 tonneaux.

Notre port se classait au deuxième rang pour le nombre des navires, et au quatrième pour le tonnage, avec 593 voiliers et 20 vapeurs jaugeant 91.564 tonneaux.

L'industrie nantaise subit des fluctuations. — Les troubles provoqués par la révolution de juillet, ceux apportés par l'introduction des machines à vapeur, l'établissement de zones d'importations des houilles anglaises qui imposait à Nantes un droit de 1 fr. 10 par 100 kilos, alors que Bordeaux ne payait que 0 fr. 33, les difficultés de tout ordre, analysées plus haut, nuisirent grandement au développement de l'industrie nantaise.

Nos filatures et nos tissages de coton sont alors les premières manufactures de la place ; mais leur prospérité décline à partir de 1848. Les industries du cuir, notamment les fabriques de chaussures, sont très florissantes ; les raffineries sont nombreuses et importantes ; les usines de conserves ne cessent d'accroître leur production.

Les chantiers de construction, transportés de la Chézine sur la Prairie-au-Duc, maintiennent leur réputation jusqu'en 1866 ; les forges de marine, les fabriques de cordages suivent leur fortune. L'industrie des machines à vapeur naît et se développe ; les fonderies prennent une grande extension ; Voruz se livre à la fabrication du matériel de chemin de fer (sauf les locomotives). Nantes, avec ses noirs de raffinerie, devient un grand centre de commerce d'engrais ; on y entreprend, en 1865, la fabrication des phosphates et engrais chimiques dont l'emploi se vulgarise, grâce au chimiste nantais Bobierre, le Pierre l'Ermite des engrais.

 

COMPLÉMENTS ET RÉCITS.

Logement d'un ouvrier pauvre à Nantes vers 1835.

Si vous voulez savoir comment il se loge, allez par exemple à la rue des Fumiers (actuellement rue Marmontel) qui est presque exclusivement occupée par cette classe ; entrez, en baissant la tête, dans un de ces cloaques ouverts sur la rue et situés au-dessous de son niveau. El faut être descendu dans ces allées où l'air est humide et froid comme dans une cave ; il faut avoir senti son pied glisser sur le sol malpropre et avoir craint, de tomber dans cette fange, pour se faire une idée du sentiment pénible qu'on éprouve en entrant chez ces misérables ouvriers.

De chaque côté de l'allée, qui est en pente, et par conséquent au-dessous du sol, il y a une chambre sombre, grande, glacée, dont les murs suintent une eau sale, recevant l'air par une espèce de fenêtre demi-circulaire, qui a deux pieds dans sa plus grande élévation. Entrez, si l'odeur fétide qu'on y respire ne vous fait pas reculer. Prenez garde, car le sol inégal n'est ni pavé ni carrelé, ou au moins les carreaux sont recouverts d'une si grande épaisseur de crasse qu'on ne peut nullement les apercevoir. Et voyez ces trois ou quatre lits mal soutenus et penchés, à cause que la ficelle qui les fixe sur leurs supports vermoulus n'a pas elle-même bien résisté. Une paillasse, une couverture formée de lambeaux frangés, rarement lavée, parce qu'elle est seule, quelquefois des draps, quelquefois un oreiller, voilà le dedans du lit. Des armoires, on n'en a pas besoin dans ces maisons. Souvent un métier de tisserrand et un rouet complètent l'ameublement.

Aux autres étages, les chambres, plus sèches, un peu plus aérées, sont également sales et misérables.

C'est là, souvent sans feu l'hiver, sans soleil le jour, à la clarté d'une chandelle de résine, le soir, que des hommes travaillent pendant quatorze heures pour un salaire de 15 à 20 sous. (A. GUÉPIN et E. BONAMY).

 

A voir : Tous les monuments cités dans le chapitre ; — Place Delorme : Statue de Guépin ; — Eglise Saint-Nicolas : Tombeau de Mgr Fournier ; — Cathédrale : Tombeau de Lamoricière ; — Cimetière Miséricorde : Monument aux victimes de la Révolution de 1830 ; — Rue des Capucins : plaque rappelant la fondation de l'Ecole Livet.

Bibliographie : Guépin et Bonamy : Nantes au XIXème siècle ; Maillard : Nantes et le Département au XIXème siècle ; L'Art à Nantes au XIXème siècle ; — M. L. P. : Guépin de Nantes ; — Motais : Le Dr Guepin ; — Chassin : Souvenirs d'un Etudiant de 1848 ; — Giraud-Mangin : Ceux de jadis ; — Libaudière : Histoire de Nantes (1830-1848) ; — Livet : L'Institution Livet.

(F. Guilloux).

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