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Nantes de 1800 à 1830 - Renaissance commerciale et industrielle

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Nantes accueille avec faveur tous les régimes que la France se donne de 1800 à 1830 ; son principal souci est de retrouver la prospérité commerciale et industrielle qu'elle a perdue pendant la Révolution.

Nantes accepte le coup d'Etat du 18 Brumaire. — On était, las à Nantes comme à Paris du gouvernement du Directoire, aussi la nouvelle du coup d'Etat du 18 Brumaire fut saluée dans notre ville comme un heureux événement.

Bonaparte, premier consul, ayant organisé les préfectures en 1800, un ancien « Directeur », Letourneur, fut nommé préfet de la Loire-Inférieure. Il avait reçu les instructions suivantes : rassurer les possesseurs de biens nationaux, rendre aux catholiques les moyens de pratiquer leur culte ; prendre des mesures pour que « bleus » et « blancs » pussent vivre en paix à côté les uns des autres. Cette dernière prescription sera difficile à réaliser, car jusqu'à la Restauration la révolte sera toujours prête à éclater dans l'Ouest, où la conscription bonapartiste ne sera pas mieux accueillie que la conscription révolutionnaire.

La Municipalité est réorganisée et le culte rétabli. — La loi du 17 février 1800 ayant donné au premier consul le droit de désigner les maires et adjoints des villes dépassant 5.000 habitante, Bonaparte, pour flatter le haut commerce nantais et se l'attacher, eut soin de choisir dans son sein les magistrats municipaux et accorda à ceux-ci le droit de porter l'épée.

La nouvelle Administration ne put que constater l'entier délabrement des finances municipales, le dénuement complet des hôpitaux et le besoin urgent de réparations des quais et édifices publics. De longues années seront nécessaires pour améliorer une pareille situation.

En 1803, après la signature du Concordat, Mgr Duvoisin fut nommé évêque de Nantes. Il fut sacré dans la Cathédrale qui venait d'être, en même temps que les autres églises, rouverte su culte catholique.

Nantes acclame l'Empire. — En 1804, M. Bertrand-Geslin fut nommé maire. Devançant de quelques jours la démarche du Sénat, le Conseil municipal de Nantes vota une adresse à Bonaparte où il disait : « Successeur de Charlemagne. vous en avez toutes les vertus héroïques, grand conquérant, législateur profond, protecteur des arts, le titre d'empereur vous était dû : la France s'empresse de vous l’offrir. Ceindre votre front du bandeau impérial, c'est répondre à ses vœux ». Aussitôt la proclamation de l'Empire, les autorités prêtèrent serment à Napoléon Ier ; les aigles impériales furent posées sur l'Hôtel de Ville, la statue équestre de l'Empereur dressée dans la salle du Conseil municipal. Le 6 janvier 1805, de grandes fêtes eurent lieu à l'occasion du couronnement.

Napoléon Ier visite Nantes. — Malgré la soumission exemplaire des autorités municipales, Napoléon Ier hésita avant de venir à Nantes. L'Ouest était toujours agité, les Anglais bloquaient l'embouchure de la Loire ; l'Empereur craignait les vieilles idées d'indépendance bretonne ; il se souvenait que Nantes avait épousé avec ardeur les idées révolutionnaires. Il visita cependant notre ville, aven l'impératrice Joséphine, en août 1808. Il y fut reçu avec un grand enthousiasme par toute la population. C'est pendant son séjour à Nantes que Napoléon Ier apprit la capitulation du général Dupont à Baylen.

Nantes approuve le régime impérial. — De 1809 à 1814, la ville de Nantes ne fut le théâtre d'aucun événement marquant. Eu 1810, des marchandises anglaises furent saisies en exécution du « blocus continental » ; les étoffes furent brûlées, et 1.260 pièces de faïence furent brisées. La naissance du roi de Rome (1811) fut fêtée avec magnificence. La même année, l'évêque Duvoisin fut chargé par l'Empereur de négocier sa réconciliation avec le Pape. En 1813, la Mairie décida d'offrir à Napoléon Ier, battu en Russie, 50 cavaliers montés dont l'équipement coûta 63.000 francs.

La police impériale avait à sa tête Fouché, né au Pellerin, député de la Loire-Inférieure à la Convention, un « régicide ». Elle supprima en fait toute liberté. A Nantes, il était défendu aux journaux de critiquer les actes du gouvernement, même au sujet des réparations du Pont-Rousseau, de parler de l'agitation royaliste ; on interdit la représentation de l'Athalie de Racine.

L'évêque recommanda dans un mandement spécial le catéchisme napoléonien qua le clergé n'accepta pas sans résistance.

Nantes salue le retour des Bourbons. — Le 9 avril 1814, la nouvelle de l'abdication de l'Empereur et du retour des Bourbons fut accueillie avec joie par les Nantais. La ville fut rapidement illuminée, plus pour célébrer le départ d'un maître dont la politique avait été néfaste au commerce de Nantes, que pour saluer le retour d'un prince dont on avait perdu le souvenir. Le Maire et le Préfet lancèrent des proclamations en faveur de Louis XVIII. Le peuple, que la Charte n'intéressait guère, ne vit d'abord dans ce changement de régime que le commencement d'une ère de paix, la suppression d'impôts trop lourds ; mais l'insolence des nouveaux dirigeants et leur maladresse provoquèrent un revirement qui ne tarda pas à se manifester. Au théâtre Graslin, des applaudissements saluèrent l'apparition des aigles romaines ; on dut interdire les emblèmes séditieux.

Le retour de Napoléon est bien accueilli par les libéraux. — C'est dans cet état d'esprit que Nantes apprit, le 12 mai 1815, le retour de Napoléon Ier. Le Maire et le Préfet se déclarèrent fidèles à la cause de Louis XVIII. L'Empereur fut mis hors la loi ; ordre était donné de le saisir mort ou vif. De nombreux Nantais se firent inscrire pour aller combattre « l'usurpateur ». Ils se dirigèrent sur Paris, mais ayant appris à Ancenis la fuite de Louis XVIII, ils revinrent à Nantes. Le 24 mars, la proclamation impériale fut bien accueillie par les libéraux ; on brisa les vitres de la Préfecture : M. Bertrand-Geslin fervent bonapartiste, redevint maire.

La Vendée se soulève de nouveau. — Les Vendéens, que ces troubles et la menace de guerre étrangère rendaient plus hardis, reprirent les armes. En mai 1815, ils se trouvaient en grand nombre sur la rive gauche de la Loire. Les Nantais menacés élevèrent à la hâte des fortifications qui furent sans objet.

La seconde Restauration rencontre de l'opposition. — La bataille de Waterloo, où se distingua le général Cambronne, un Nantais, changea encore une fois la face des choses. Le drapeau blanc flotta de nouveau sur les édifices publics, et de grandes fêtes célébrèrent le 30 juillet le deuxième retour des Bourbons. Au mois de septembre 1815, 2.000 Prussiens occupèrent la ville. Ils n'y restèrent que 14 jours. La 2ème Restauration, qui se présentait « le rameau d'olivier à la main », reçut l'adhésion raisonnée des commerçants et des industriels qui avaient besoin de la protection du gouvernement ; la noblesse fut plus enthousiaste ; le peuple, désorienté par des changements trop fréquents, laissa faire. Cependant un fort noyau de mécontents, bonapartistes ou républicains, formera une opposition qui se traduira par des manifestations tumultueuses au cours desquelles les royalistes, la boutonnière ornée d'un lys blanc, en viendront parfois aux mains avec leurs adversaires parés d'oeillets rouges, de violettes ou d'immortelles.

La Terreur Blanche sévit à Nantes. — Le parti royaliste, assoiffé de vengeance, déchaîna une réaction violente. Le Maire et le Préfet, qui tentèrent d'arrêter les excès, furent destitués. Le 9 novembre 1815, le vicomte de Cardaillac, commissaire spécial de police, s'installa à Nantes. Il fit aussitôt des coupes sombres dans les bureaux de la Mairie ; six commissaires de police (sur 8) furent révoqués ; les fonctionnaires dont la fidélité était douteuse furent traqués ; les emblèmes impériaux enlevés, même dans les maisons particulières, et brûlés en tas dans la cour des casernes ; une cour prévotale instituée. Cardaillac, qu'on a surnommé le Carrier de la Terreur blanche, fit pendant quelques mois régner sur Nantes une terreur morale qui causa presque autant de frayeur que les noyades de son terrible prédécesseur. Certains de nos compatriotes durent même s'expatrier.

L'opposition fait des progrès. — La Terreur avait enhardi les royalistes qui organisèrent un mouvement contre le régicide. De nombreux Nantais apposèrent leur signature sur un registre où était formulée une protestation contre la mort de Louis XVI. Ces manifestations, la crise du blé, qui fut grave en 1816 et en 1817, la loi électorale de 1820 qui réduisit à 607 le nombre des électeurs nantais (sur 68.000 habitants), grossirent le parti des mécontents. Ceux-ci avaient pour organe l'Ami de la Charte, l'ancêtre du Phare de la Loire, dont le directeur, Victor Mangin, vit plusieurs fois s'ouvrir devant lui les portes de la prison.

Malgré les autorités qui faisaient leur cour au pouvoir en envoyant des adresses au Roi et en organisant des fêtes à l'occasion des événements importants : mort du duc de Berry (1820), naissance du duc de Bordeaux (1821), paix avec l'Espagne (1823), sacre de Charles X (1825), prise d'Alger (1830), l'opposition ne fit que grandir à Nantes. Des sous-officiers, accusés de complot, ayant été acquittés en 1822, de violentes manifestations eurent lieu sur la place du Bouffay. Le premier régiment suisse fut chargé de réprimer les mouvements séditieux, mais des troubles éclatèrent par suite de l'attitude arrogante des officiers ; il y eut des arrestations et des condamnations.

Nantes adhère à la Révolution de 1830. — Dans ces conditions, la Révolution, provoquée à Paris par les Ordonnances do Charles X, ne pouvait manquer d'avoir à Nantes une répercussion immédiate. Le 29 juillet, la jeunesse libérale s'organisa, une garde nationale fut formée. Les autorités décidèrent d'appeler des soldats. Le peuple irrité cria : « Vive la Liberté ! » et se joignit aux révoltés. Des barricades s'élevèrent. Le pont de Pirmil fut coupé. On arrêta les meneurs ; mais une partie de la troupe fraternisa avec les émeutiers. Les soldats restés fidèles à l'ancien ordre de choses eurent un engagement avec la garde nationale sur la place Louis XVI. Les autorités capitulèrent ; mais dix Nantais avaient été tués.

La transformation de la Ville est reprise. — La transformation de notre ville, commencée au XVIIIème siècle et, interrompue par la Révolution, fut reprise sous le Consulat et l'Empire.

L'explosion de la poudrière du Château en 1800 détruisit une tour et quelques maisons ; elle fit de nombreuses victimes. Le cimetière de Miséricorde fut entouré de murs (1803), la place Graslin pavée (1803), le Cours Saint-André déblayé et planté (1806), le portait de l'Hôtel de Ville édifié (1808). La visite de Napoléon fit aboutir la construction du Théâtre et de la Bourse ; les quais du Port-Maillard et du Château furent établis, les travaux du canal de Nantes à Brest entrepris en 1813. Mais c'est surtout sous la Restauration, et sous l'impulsion du maire Louis Lévesque (1819-1830), que commencèrent les grands travaux. Le tombeau de François II fut placé dans la Cathédrale ; de nouvelles rues ouvertes : rue du Calvaire (1825), rue d'Orléans (1827), rue Boileau (1828) ; la rue Crébillon alignée (1828) ; les ponts d'Orléans et de l'Ecluse remplacèrent les vieux ponts de la Casserie et des Halles. De nouveaux quartiers furent tracés sur l'emplacement du bois et de la tenue de Launay (1828), entre la prison et Saint-Similien (rue Jean-Jaurès). Le Jardin des Plantes fut ouvert au public en 1829, et, la même année, on installa l'Abattoir.

Des Musées et des écoles sont créés. — Les richesses artistiques, autrefois dédaignées par les Nantais, furent l'objet des préoccupations de nos édiles. Les premières collections du Musée des tableaux, achetées en 1806, s'accrurent, en 1810, de la belle collection Cacault ; la Bibliothèque municipale fut ouverte en 1809, le Muséum d'histoire naturelle en 1810.

Le Lycée et l'Ecole de Médecine furent créés en 1808. La plupart des écoles primaires avaient disparu pendant la Révolution. Le besoin de nouveaux établissements se faisait vivement sentir. Les autorités n'intervinrent que pour contrecarrer les initiatives privées, comme celle de la Société pour l'instruction gratuite fondée à Nantes en 1816 ; la Société de l'Ecole mutuelle fut plus heureuse en 1818 ; les frères avaient été rappelés en 1816 ; les sœurs rouvrirent leurs écoles. En 1830, il y avait à Nantes 79 écoles de filles recevant 2.145 élèves ; 21 écoles de garçons recevant 1.050 élèves. Seules les écoles congréganistes étaient florissantes, la plupart des autres avaient souvent moins de dix élèves.

De nouveaux moyens de transport sont organisés. — La navigation à vapeur fut l'objet de nombreux essais peu concluants à Nantes de 1803 à 1820 ; en 1821, un bateau « zoolique », mû par le piétinement des chevaux sur un plancher mobile, fit le voyage de Nantes à Nort. Deux Américains installèrent dans notre ville les premiers services de bateaux à vapeur : Nantes-Paimbœuf-Saint-Nazaire (1822), puis Nantes-Angers. Le nouveau mode de locomotion fut bien accueilli du public et se développa rapidement. En 1825, on pouvait envoyer des marchandises par eau de Nantes à Paris.

En 1830, deux compagnies assuraient le service des voyageurs pour Paris ; leurs diligences faisaient le voyage en 48 heures par Le Mans, et en 54 heures par la levée de la Loire ; des entreprises de roulage transportaient des marchandises dans la capitale en 16 jours par service ordinaire, et en 7 jours par service accéléré. Des voitures partaient tous les jours pour Bordeaux, Rennes, Lorient, Quimper ; mais les voyages étaient difficiles pour les localités non directement desservies.

Les premiers omnibus furent établis à Nantes par un Nantais, Stanislas Baudry vers (1828).

Le commerce nantais sommeille sous l'Empire. — En 1800, le cabotage avait encore à Nantes une petite importance, mais la navigation au long cours était à peu près anéantie. Avec le Consulat et l'Empire, la situation s'améliorera dans une faible proportion. De 1800 à 1815, nous serons presque constamment en guerre avec l'Angleterre, l'ennemie mortelle de Napoléon Ier, et notre marine ne pourra en cette période troublée retrouver son ancienne prospérité.

La grande foire nantaise fut rétablie en 1806, et le commerce intérieur, qui n'avait pas à craindre les canons anglais, put reprendre son cours normal, souffrant toutefois du manque du produits d'échange, apportés autrefois des colonies par nos bateaux.

Le commerce de Nantes prend de l'essor sous la Restauration. — A partir de 1815, le mouvement ascendant fut continu. La perte de Saint-Domingue avait amené un changement de direction dans le commerce nantais. Notre port qui, au XVIIIème siècle, trafiquait surtout avec les Antilles, porta son activité vers la Réunion.

La traite des nègres continua d'être pratiquée par quelques armateurs nantais ; mais ce ne fut plus qu'un trafic secret et honteux qui aura disparu en 1830.

La pêche à la baleine, entreprise en 1817, sur l'initiative de M. Dobrée, fut, pendant les années qui suivirent, excessivement prospère.

Eu 1830, notre port avait dépassé son mouvement de 1790 et accusait, en entrées et sorties, 4.755 navires représentant un tonnage de 263.000 tonnes.

L'industrie nantaise se développe de 1800 à 1830. — L'industrie nantaise avait, en général, moins souffert que le commerce des orages de la Révolution.

En 1800, les toiles peintes, la clouterie, la raffinerie occupaient encore un assez grand nombre d'ouvriers. Avec la tranquillité intérieure, ateliers et usines s'ouvrirent peu à peu.

En 1806, au moment du blocus continental, Napoléon Ier fit de Nantes le siège d'une des 4 raffineries impériales, et le département fut taxé à une culture de 100 hectares de betteraves. Malgré les avantages offerts, les ensemencements diminuèrent peu à peu. En 1830, nous avions 13 raffineries, presque toutes dans le quartier Richebourg.

Nos chantiers de construction avaient repris leur activité ; il y en avait 14 en 1830, sur l’ile Gloriette, à la Chézine, à la Piperie, à Chantenay.

L'industrie des conserves alimentaires, préparées selon le procédé Appert, naquit alors à Nantes. Joseph Colin, de la rue des Salorges, après 15 ans de recherches et d'essais, put se livrer à la fabrication des conserves en 1824.

Mais les principales industries nantaises étaient, en 1830, celle du tissage du coton (30 fabriques, surtout dans le quartier Saint-Similien) et celle du cuir (30 tanneries sur l'Erdre et 8 chamoiseries sur les Ponts).

 

COMPLÉMENTS ET RÉCITS.

I. “ La Garde meurt et ne se rend pas ".

La phrase fameuse inscrite sur le socle de la statue de Cambronne, érigée sur le Cours de la République à Nantes, à une origine fort suspecte. Aucune des affirmations produites à ce sujet n'a pour auteur un irrécusable témoin auriculaire.

A défaut d'un survivant du 2ème bataillon du 1er chasseurs, un seul homme pouvait rendre un témoignage décisif. C'était Cambronne lui-même. Or Cambronne a constamment et obstinément nié avoir prononcé la phrase dont on lui a fait un titre de gloire.

N'étant pas homme de plume, il n'a jamais protesté par écrit contre les récits où tant d'écrivains lui prêtèrent un rôle qui ne fut point le sien ; mais quand on l'a questionné directement, sa réponse a toujours été négative. (D'après Henri Houssaye).

II. — Les Diligences à Nantes vers 1825.

Je serais bien ingrat si j'oubliais les diligences, tant elles m'ont fait passer d'agréables instants. Dieu sait avec quelle impatience, mes frères et moi, nous attendions la venue de nos bonnes chargées de nous ramener de l'école ! C'est qu'il ne s'agissait de rien moins que d'arriver avant 4 heures et demie sur la place du Théâtre, pour assister au départ de la voiture des Messageries royales de Nantes à Paris, dite du Grand Bureau. Nombre de curieux comme nous, et ils n'avaient pas notre âge pour excuse, ne faisaient jamais défaut à cette quotidienne représentation.

La voiture jaune et armoiriée de fleurs de lys pour justifier son titre, avec les quatre compartiments de coupé, intérieur, rotonde et impériale, formait un imposant monument que six énergiques chevaux de poste, à queue retroussée, n'étaient pas de trop pour traîner. Aujourd'hui on les attellerait trois de front ; on préférait alors les placer deux à deux en trois volées. Un vieux postillon, vêtu du costume traditionnel (petite veste à revers rouges et grosses bottes), monté sur un des chevaux de timon, et armé d'un grand fouet, semblait conduire l'équipage que menait en réalité un gamin d'une quinzaine d'années, perché sur un des chevaux de la volée de devant ; son fouet à lui avait une mèche aussi longue que le manche était court, et, durant tout le parcours de la ville, il le faisait claquer artistement au-dessus de sa tête coiffée d'un bonnet en peau de renard à queue pendante. Après l'appel des voyageurs et leurs derniers embrassements, le signal du départ était donné, et, au milieu d'une gerbe d'étincelles, la lourde machine s'ébranlait sous le pénible effort des six chevaux. (Francis LEFEUVRE).

III. — Le tombeau de François II, duc de Bretagne, ou tombeau des Carmes.

Pour honorer la mémoire de son père François II, Anne de Bretagne confia à Michel Columb le soin de lui dresser un magnifique tombeau.

Ce monument, un des chefs-d'œuvre de la sculpture française, fut édifié, en 1507, à Nantes, dans l'église des Carmes. Il recouvrit avec les restes du duc, ceux de ses deux femmes, Marguerite de Bretagne et Marguerite de Foix. Sept ans plus tard, ou y déposa, enfermé dans une boîte en or, le coeur de la duchesse Anne.

Ouvert en 1590 à la suite d'une inondation, puis en 1727 à la requête de Mellier, maire de Nantes, le tombeau fut démoli lors de la vente de l'église des Carmes pendant la Révolution. Les pierres qui le composaient, les cercueils et le cœur d'Anne de Bretagne furent, en 1792, transportés à la Cathédrale où le monument devait être rétabli.

Crucy dressa des plans ; mais le manque de ressources, et surtout les événements révolutionnaires, ne permirent pas de les exécuter.

En mars 1793, tous les cercueils en plomb déposés à la Cathédrale furent violés : on dispersa les ossements, et le métal servit à la fabrication des munitions de guerre. La boîte qui contenait le cœur d'Anne de Bretagne disparut. Elle a été retrouvée à Paris, en 1819. On peut la voir aujourd'hui au Musée archéologique de Nantes.

Quant au tombeau lui-même, on perd absolument sa trace jusqu'en 1800. Il semble bien que c'est aux efforts de l'ingénieur Grolleau, et surtout à ceux de l'architecte Crucy, qu'on en doit la conservation, C'est probablement ce dernier qui put, grâce à sa situation, faire enlever les pierres de la Cathédrale et les déposer en lieu sûr. Il est possible, comme on l'a affirmé, qu'elles aient été enfouies dans l'enclos des Ursulines (Jardin des Plantes actuel).

Le tombeau des Carmes ne revint au jour que pour être menacé d'une transformation désastreuse : Crucy proposa, en 1800, d'en faire la base d'une colonne à élever en l'honneur des défenseurs de la Patrie ! L'Administration n'accepta pas, heureusement, cette suggestion ; mais le tombeau resta en morceaux.

Ce ne fut qu'en 1817, sur l'initiative du maire de Saint-Aignan, qu'on se décida enfin à rétablir le monument à la place et dans l'état où il se trouve actuellement.

L'œuvre de Michel Columb ainsi restaurée n'était guère qu'un cénotaphe. Pour lui rendre sa fonction de tombeau, on y déposa, le 28 août 1817, des ossements sauvés de la destruction de l'église des Chartreux, et attribués à Arthur III, duc de Bretagne, comte de Richemont, connétable de France, vainqueur des Anglais à Formigny. (D'après le chanoine DURVILLE).

 

A voir : Statue de Cambronne ; — Théâtre Graslin ; — Bourse ; — Portail de l'Hôtel de Ville ; — Plaque rappelant la mort de Cambronne (rue J.-J.-Rousseau, no 3).

Bibliographie : L. Brunswicg : Cambronne. — H. Houssaye : La Garde meurt et ne se rend pas ; — Lefeuvre : Nantes pendant les premières années de la Restauration ; Libaudiere : Précis de l'Histoire de Nantes (1815-1830) ; Origine de l'industrie nantaise ; l'Enseignement à Nantes.

(F. Guilloux).

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