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Nantes de 1650 à 1789 - L'Apogée de la prospérité nantaise

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Grâce aux efforts de ses armateurs et surtout aux mesures prises par Colbert, Nantes, occupe vers 1700 le premier rang parmi les ports français. Enrichie au XVIIIème siècle par la traite des nègres, elle se transforme complètement.

Nantes ne prend plus part à la vie politique du pays. — Après la soumission du duc de Mercœur, aucun événement important n'a agité notre cité. Cette phase de vie paisible ne prendra fin qu'avec la tourmente révolutionnaire.

De loin en loin, la ville sera encore un théâtre, elle assistera, presque indifférente, à quelques drames auxquels elle n'aura point pris part. C'est à peine si les nombreux abus du despotisme royal provoqueront parfois des velléités de résistance. En commerçants avisés, les bourgeois nantais préféreront marchander, transiger, et... payer, plutôt que d'entrer en lutte avec le pouvoir.

En 1654, un des chefs de la Fronde, le cardinal de Retz, enfermé au Château de Nantes, s'évada.

Louis XIV vint à Nantes en 1661, et, la veille de son départ, il y fit arrêter le surintendant Fouquet, accusé de s'être enrichi aux dépens de l'Etat et de vouloir se faire proclamer souverain indépendant de la Bretagne.

L'impôt du papier timbré provoque une émeute. — En 1675, l'établissement de l'impôt du papier timbré et du monopole de la vente du tabac provoqua en Bretagne, parmi les pauvres gens, une grave révolte. A Nantes, une émeute éclata. Le gouverneur, ayant fait relâcher les meneurs arrêtée pour délivrer l'évêque que la foule avait pris comme otage, fut destitué par Louis XIV. La répression fut impitoyable dans toute la province. Les Etats achetèrent à prix d'or — 3 millions — la clémence royale.

Les protestants nantais persécutés après la révocation de l'Edit de Nantes. — Les persécutions contre les protestants n'avaient jamais complètement cessé. Au mois de septembre 1685, le Parlement de Bretagne ordonna la démolition du temple de Sucé. Un mois après paraissait l'Edit de révocation (18 octobre 1685). Fléchier vint prêcher à Nantes. Ses éloquents sermons n'ayant point eu de succès auprès des calvinistes, le roi envoya des dragons pour vivre à discrétion chez les protestants jusqu'à ce qu'ils se fussent convertis. Il y eut des abjurations, mais pas de conversions sincères.

Nantes souffrit moins que beaucoup d'autres villes de la Révocation de l'Edit de Nantes, car les protestants y étaient en nombre restreint. Riches d'ailleurs, pour la plupart, ils se soumirent au nouvel état de choses en attendant des jours meilleurs. Les vaisseaux hollandaise favorisèrent l'évasion de ceux qui voulurent s'exiler et permirent bien des retours clandestins, malgré la surveillance active de la police et les peines sévères infligées aux délinquants.

Des conspirateurs sont exécutés à Nantes. — Le Régent, qui avait dissous les Etats de Bretagne, coupables de résister à ses demandes d'argent, était particulièrement détesté dans notre province. Quelques gentilshommes bretons, avec l'appui du roi d'Espagne, essayèrent d'exciter un soulèvement. Ils échouèrent dans leur tentative. Une Commission réunie à. Nantes condamna vingt d'entre eux à la peine de mort. Seize avaient pris la fuite ; les quatre autres, du Couëdic, de Pontcallec, de Montlouis et de Talhouet, furent décapités sur la place du Bouffay (1720).

Les libertés municipales sont violées au XVIIème siècle et au XVIIIème siècle. — A l'avènement de Louis XIV, les privilèges de la ville de Nantes avaient été confirmés. Cela n'empêcha point les autorités d'intervenir souvent dans les élections et d'influencer le choix des maires ou échevins.

Les ordonnances de 1667 et 1669 restreignirent le privilège de la noblesse aux maires qui auraient été en exercice pendant au moins 3 ans. Les anciens magistrats municipaux ou leurs descendants reçurent confirmation de leur noblesse moyennant un versement de 1.000 livres dans les caisses royales. Un édit de 1692 supprima les fonctions de maire et érigea cette charge en office héréditaire, sous la dénomination de « Conseiller du roi, maire perpétuel ». Julien Proust acquit la charge pour 54.500 livres. Il avait droit à la noblesse, et la Ville devait lui payer 2.120 livres de gages par an. Proust étant mort en 1715, la Ville racheta le droit de choisir son maire par 85.213 livres 15 sous versés à la veuve.

En 1722, Louis XV mit encore à l'encan les charges de maire et d'échevins. La Ville s'en rendit acquéreur pour 1.069.420 livres. Le choix des principaux magistrats municipaux par l'élection ayant été rétabli en 1733, les bourgeois nantais décidèrent d'offrir au roi les sommes qui leur étaient dues. Ils purent enfin jouir en paix de leurs anciennes prérogatives. Cependant, Louis XVI s'immisça encore dans les affaires de la ville en décidant, en 1786, une surtaxe d'impôts, et, en 1787, en nommant le maire de Nantes de sa propre autorité.

Les deniers de la Ville sont gaspillés. — Les impositions étaient votées par les Etats de Bretagne. Le gouverneur appartenant le plus souvent à la haute noblesse, préférait le séjour de la cour à celui de la Bretagne : il abandonnait l'administration à l'Intendant. Entre les Etats, où dominait la noblesse rurale, le Parlement, cour de justice, et le gouverneur, représentant du roi, les conflits étaient fréquents ; mais l'autorité royale imposait toujours sa volonté.

Le gouverneur contrôlait l'administration de la cité nantaise et il dut, à plusieurs reprises, intervenir pour éviter le gaspillage des deniers communaux. En 1666, il prit des mesures pour obliger la Ville à ne plus contracter de dettes pour donner des fêtes, ou offrir des cadeaux, ce qui n'empêcha pas une banqueroute partielle en 1670. Au XVIIIème siècle, Nantes connut de meilleurs administrateurs ; le nom de l'un d'entre eux, quatre fois réélu maire de 1720 à 1729, Gérard Méllier, mérite de passer à la postérité.

Les revenus de la cité étaient surtout fournie par les droits d'octroi perçus à l'entrée ou à la sortie des marchandises, par la location des halles, moulins, boutiques, maisons appartenant à la Ville, par le produit des droits de pêche.

Nantes est encore une ville moyennâgeuse en 1700. — Au commencement du XVIIIème siècle, les faubourgs avaient grandi, leur importance dépassait celle de la vieille ville, qui restait enfermée entre ses murailles du Moyen-Age. Les portes Saint-Pierre, Sauvetout, Saint-Nicolas, de la Poissonnerie, les poternes Briand-Maillard, de la Saulzaie, du Port-Communeau, subsistaient encore. La douve Saint-Nicolas occupait l'emplacement actuel de la rue de l'Arche-Sèche, d'une partie de la place Royale ; la rue de Gorges était un quai qui bordait le Port-au-Vin.

La rue du Calvaire était alors l'avenue du convent des Filles du Calvaire ; le terrain occupé aujourd'hui par la place Royale était encombré d'affreuses maisonnettes en bois appartenant à la duchesse du Barry ; la rue Crébillon n'existait pas, ni la place Graslin, ni les belles rues qui y aboutissent.

Nantes devient une ville moderne au XVIIIème siècle. — Le XVIIIème siècle fut une époque de grands travaux de voirie à Nantes. Le quai de la Fosse fut prolongé ; une chaussée et un pont le relièrent à l'Ermitage en 1708. Mais ce fut surtout sous l'administration de. Gérard Mellier (1720-1729) que notre ville se dépouilla de son caractère moyenâgeux. Les rues tortueuses furent redressées ; la construction de nouvelles maisons en bois fut interdite ; la Saulzaie allongée forma l’île Feydeau qui se couvrit de belles maisons. Celles-ci gardent encore des vestiges de leur primitive splendeur (Temple du Goût : 16, quai Duguay-Trouin et 30, rue Kervégan). Le lit de l'Erdre fut rétréci ; la motte Saint-Pierre aplanie.

Le mouvement suscité par Mellier, favorisé par la prospérité croissante du port, s'accentua. On construisit le quai de la Madeleine (1735), les quais Brancas et Flesselles (1743) ; les chantiers de constructions navales furent transférés à. l'Ermitage. Beaucoup de maisons de la vieille ville furent rebâties ; les fortifications furent démolies entre 1753 et 1789. En 1763, fut édifiée la Cour des Comptes (préfecture actuelle) sur les plans de Ceineray ; en 1774, on perça la route de Rennes ; en 1776, furent bâties les Salorges. En 1785, un receveur des fermes, Graslin, créa le quartier qui porte encore son nom et y fit construire un théàtre sous la direction de Crucy.

L'état sanitaire s'améliore. — L'état sanitaire s'améliorait peu à peu à mesure que la ville se modernisait. Le service de nettoiement des voies publiques, mal assuré jusqu'alors par des vagabonds, fut confié à l'hospice du Sanitat. Les épidémies firent moins de ravages qu'aux siècles précédents.

L'Hôtel-Dieu, commencé en 1643 sur la prairie de la Madeleine, fut continué. Des ressources régulières furent assurées aux hospices qui eurent le privilège de la fourniture des châsses et ornemente, de la perception des droits sur la vente de la viande aux malades pendant le Carême, sur le lestage des navires, sur les amendes de police.

L'Enseignement se développe. — L'enseignement secondaire était donné au collège Saint-Jean et au collège Saint-Clément. Ce dernier subsista seul à partir de 1656. Son administration était confiée, depuis 1625, aux Oratoriens qui défendirent âprement leur monopole de l'enseignement secondaire à Nantes contre des particuliers qui essayaient de leur faire concurrence.

On a peu de renseignements sur les écoles primaires au XVIIème siècle. Si elles n'étaient pas très rares, une ou deux seulement étaient gratuites, et leur programme était bien restreint. D'après l'ordonnance du 13 juillet 1634, quand un maître avait été autorisé par l'évêque à ouvrir une école, défense lui était faite « de tenir en la ville de Nantes et faubourgs des petites écoles pour y enseigner à lire sans la permission de MM. de Ville, leur ayant apporté attestation de leur religion, bonne vie et moeurs, fait paraître comme ils savent couramment et sans hésiter lire le latin et le français, tant des livres imprimés que dans les écritures faites à la main et qu'ils n'ont point de mauvais accent ou prononciation ».

La permission d'enseigner la lecture et l'écriture ne donnait pas le droit d'enseigner la grammaire qui faisait partie du programme des études du collège.

Au XVIIIème siècle (vers 1729) les Dames de Saint-Charles installèrent des écoles de filles rue Saint-Charles (près Saint-Donation) et rue Sainte-Marie (près place Bretagne) ; les Ursulines en tenaient une autre.

Les Frères de la Doctrine Chrétienne fondèrent vers la même époque deux écoles rue Saint-Léonard et rue Saint-Nicolas. La Ville ne leur accordant que des subventions maigres et intermittentes, ils ne purent vivre qu'en développant leur pensionnat au détriment des classes gratuites. Des particuliers, prêtres et laïcs, donnaient aussi des cours, en général peu suivis. En 1789, on comptait à Nantes une vingtaine d'écoles de garçons fréquentées seulement par 1.950 élèves (sur 80.000 habitants).

Les services publics s'organisent. — Au Moyen Age, Nantes n'avait de communications avec Paris que par occasions ou par exprès. En 1554, Jean Cornichon établit un bureau de postes à Nantes qui devint bientôt bureau royal. Ce bureau ne dut pas avoir une longue existence, car en 1637 une nouvelle poste aux lettres fut créée à Nantes, avec 2 courriers par semaine. Les lettres étaient taxées : celles d'une demi-feuille à 2 sous, celles d'une feuille à 3 sous, et les paquets d'une once à 5 sous.

Les voitures publiques pour le transport des voyageurs apparurent beaucoup plus tard. En 1786, furent établis les services Nantes-Paimbœuf, et Nantes-Angers avec correspondance pour Paris (90 heures de voyage) ; en 1787, le service Nantes-Rennes. Les premiers fiacres circulèrent à Nantes vers 1770.

En 1697, une ordonnance de Louis XIV prescrivit l'achat d'appareils d'éclairage pour les rues de la ville. Nantes eut 150 lanternes dans lesquelles on brêlait de la chandelle pendant 3 mois d'hiver ; les habitants étaient tenus de les allumer eux-mêmes. Le nombre de ces lanternes fut augmenté peu à peu. En 1777, il y en avait 550 qui furent remplacées par des réverbères.

Pour combattre les incendies et empêcher le renouvellement de ceux qui avaient détruit, en 1680 et 1682, le quartier Saint-Nicolas, presque entièrement construit en bois, des pompes furent achetées avec le produit de loteries organisées dans ce but.

L'Eglise de Nantes est riche. — L'Eglise catholique entretenait alors à Nantes treize paroisses, des chapelles, de nombreux couvents, deux séminaires. L'évêque faisait face aux dépenses qui lui incombaient dans son diocèse avec le revenu de ses biens (forêt de Sautron), avec le produit des dîmes que lui versaient plusieurs paroisses ; il partageait avec le roi les redevances perçues à la foire du Marchix et les droits payés sur les marchandises qui passaient sur les Hauts-Pavés. Pendant 15 jours, personne ne pouvait vendre vin sans sa permission : c'était le banc de vin.

Nantes devient le premier port de France. — Des efforts furent tentés pour sortir notre marine de la décadence où elle était tombée. En 1646, se fonda une Société de commerce, la Bourse commune de Nantes, qui eut surtout des relations avec Madagascar ; mais c'est à Colbert que nous devons la renaissance de notre port. Sa création de la Compagnie des Indes Orientales fut pourtant accueillie avec froideur par les Nantais ; mais il écouta les doléances de nos négociants et donna à leurs maux un remède efficace.

Les Hollandais formaient à Nantes de puissantes Sociétés n'employant que des gens de leur nation. Ils étaient les maîtres absolus des cours. Les ordonnances de Colbert interdisant aux étrangers d'apporter en France d'autres marchandises que celles de leurs pays, établissant des droits d'entrée sur leurs vaisseaux et leurs cargaisons, leur défendant tout commerce avec nos colonies, accordant une prime à tout navire construit en France ou acheté à l'étranger, abolissant une partie des péages sur la Loire, (il y en avait 30 de Roanne à Nantes), changèrent la face des choses. Le commerce nantais progressa d'une manière foudroyante. En 1704, notre port avec ses 1.332 navires [Note : Brest, 936 ; Bordeaux, 644 ; Le Hâvre, 570 ; Marennes, 483 ; Toulon, 472 ; Marseille, 463] tenait le premier rang en France, et peut-être en Europe.

Ses vaisseaux sillonnaient les mers, allant surtout en Amérique où ils portaient du boeuf salé, du vin, de l'eau-de-vie, des toiles, et d'où ils rapportaient des denrées coloniales (sucre, cacao, coton, etc.) ; ils pêchaient la morue à Terre-Neuve). Notre commerce était toujours très actif avec l'Espagne et la Hollande, plus intermittent avec l'Angleterre et les autres pays du Nord. Le cabotage était important, le trafic avec l'intérieur considérable (sels, blés, vins, eaux de-vie, toiles, denrées coloniales).

Les Corsaires nantais sont hardis et redoutés. — Pendant les guerres de Louis XIV, les navires nantais eurent à se défendre contre les entreprises des corsaires espagnols, hollandais et anglais. Nos armateurs se décidèrent eux aussi à armer en course, et à donner la chasse aux vaisseaux ennemis, malgré la crainte des pontons anglais. Nos corsaires se distinguèrent par leur audace et leur intrépidité, ils remontèrent souvent la Loire avec de riches prises. Parmi eux, il faut retenir les noms de Vié, de Crabosse, et surtout de Cassard.

Après une crise, le commerce nantais se relève. — Vers la fin du règne de Louis XIV, notre ville subit une crise passagère. L'argent fait défaut. Le roi doit, à Nantes, plus de 100.000 livres à des matelots qui, ne pouvant plus obtenir de crédit, même au nom de Louis le Grand, refusent de s'embarquer. De leur côté, les négociants, qui ont subi de fortes pertes perdant la dernière guerre, sont découragés. Mais le commerce des matières d'or et d'argent, qui prend alors naissance, se développe d'une façon étonnante et donne des bénéfices importants.

La traite des nègres enrichit les armateurs nantais. — Le commerce du bois d'ébène va porter a son apogée la fortune de Nantes. Ce trafic, qui nous semble aujourd'hui d'une immoralité révoltante, était considéré comme parfaitement honnête au XVIIIème siècle. Il consistait à échanger, en Afrique, contre des étoffes, de l'eau-de-vie, des armes, ou d'autres produits français, des nègres qu'on allait revendre comme esclaves aux colons des îles d'Amérique.

Les premiers armements pour la traite eurent lieu en 1695 ; ils ne se multiplièrent à Nantes qu'après l'abolition, en 1716, du monopole dont jouissaient deux Compagnies.

Notre ville devint alors le grand port d'attache des « négriers », et nos navires transportèrent dans nos colonies des Antilles, surtout à Saint-Domingue, des dizaines de milliers de nègres.

Nos armateurs réalisèrent dans ce commerce de prodigieuses fortunes dont témoignent encore les magnifiques palais élevés par eux sur la Fosse.

La prospérité nantaise décline. — La prospérité du port de Nantes atteignit son apogée vers le milieu du XVIIIème siècle ; puis elle déclina peu à peu. Le fleuve s'ensablait de plus en plus ; les grands navires avaient dù s'arrêter à Couëron, puis à Paimboeuf. Cette ville était même devenue l'avant-port de Nantes, le grand entrepôt de nos négociants dont les marchandises remontaient le fleuve sur des gabares. Les guerres avee l'Angleterre avaient occasionné des pertes sérieuses et affaibli notre marine. Cependant le trafic de notre port était encore considérable au début de la Révolution.

L'industrie nantaise est importante à la fin du XVIIIème siècle. — A la fin du XVIIIème siècle, on trouvait à Nantes des fabriques de toiles, des corderies, des tanneries, une faïencerie, une verrerie, des chantiers de constructions navales assez peu florissants, des fabriques de fournitures pour navires, mais les principales industries étaient les distilleries, les raffineries de sucre, et surtout les fabriques d'indiennes (pour cargaisons de négriers) qui occupaient à Nantes 4.500 ouvriers.

Le peuple reste misérable. — Le XVIIIème siècle a été pour Nantes la période la plus brillante de son histoire commerciale. En 15 ans, un négociant s'enrichit et fait bâtir. Mais cette fortune est concentrée entre les mains de deux à trois cents personnes qui détiennent à elles seules toute l'activité économique de la cité ; elle n'atteint pas la masse qui reste toujours rivée au boulet de sa misère ou de sa médiocrité.

Les Corporations se jalousent. — Les artisans nantais étaient parqués en une quarantaine de corporations. Celles-ci étaient souvent jalouses les unes des autres ; et il y eut de véritables luttes épiques entre les barbiers et les chirurgiens, les épiques entre les barbiers et les chirurgiens, les épiciers et les apothicaires, les cordonniers et les savetiers. Dans tous les métiers, l'accès de la maîtrise était à peu près imposible pour les simples ouvriers, et l'étroitesse des règlements entravait tout progrès.

 

COMPLÉMENTS ET RÉCITS.

I. — Les “ Dragonnades " à Nantes (1685).

M. Jacob de Bie, consul de Hollande à Nantes, a été traité d'une manière impie par les dragons, ainsi que beaucoup d'autres malheureux. Ils sont tombés dans sa maison, ont tout brisé, ont défoncé les barriques de vin, l'ont tiré hors de son lit et l'ont forcé d'allumer cent chandelles dans toute sa maison ; ils ont allumé un grand feu devant lequel ils l'ont attaché à un poteau du lit et l'ont rôti ainsi tout nu, surtout les pieds qui étaient très déformés. Ensuite ils lui arrachèrent le poil des jambes. Il criait : « Tuez-moi plutôt, je ne puis changer, la foi vient d'en haut, etc. ». Mais ils répondirent : « Nous ne voulons pas vous tuer, mais vous torturer jusqu'à la moelle des os ». Enfin, se pouvant plus supporter ces souffrances, il promit de changer. (VAURIGAUD).

II. — La Traite des Nègres.

Les peuplades noires vivaient en guerres continuelles. Les vaincus étaient massacrés ou emmenés en captivité. Quand les blancs parurent sur les côtes d'Afrique, les indigènes n'hésitèrent pas à livrer leurs prisonniers en échange de marchandises européennes. Ils organisèrent des expéditions contre les tribus du centre pour se procurer du bétail humain. On vit même des pères vendre leurs enfants.

Toute la côte occidentale de l'Afrique était visitée par les trafiquants. Les indigènes accueillaient avec joie les capitaines de navires qui leur apportaient de l'alcool et des ornements. Le clinquant était La principale qualité des objets pour ces peuples naïfs. On leur portait des toiles aux couleurs criardes, des sabres enfermés dans des fourreaux rouges ou verts, des fusils au canon long et brillant, faisant beaucoup de bruit.

On pratiquait surtout la traite de novembre à mai. Aussitôt son arrivée dans un port africain, le capitaine rendait visite au roi et aux notables du pays, à qui il offrait des cadeaux, puis il achetait sa cargaison.

La traite finie, les captifs étaient entassés dans la cale des navires, enchainés deux par deux, par un pied et une main, sans qu'ils pussent s'asseoir, ni se tenir debout, et on mettait à la voile au plus vite. Sur mer, le moindre mouvement du navire faisait rouler les nègres les uns sur les autres, et beaucoup étaient étouffés. Deux fois par jour, on leur donnait une pâtée de fèves ou de haricots avec un peu d'eau. Les maladies faisaient parfois de terribles ravages parmi les captifs, et, jointes aux coups et aux privations, elles en faisaient périr un grand nombre pendant la traversée.

En Amérique, après le débarquement, la vente commençait. Les acheteurs affluaient sur les quais, examinant chaque nègre eu détail, le faisant courir, sauter, lui donnant des fardeaux à soulever, et, le prix convenu, chacun emmenait sa marchandise. Les colons payaient presque toujours en sucre brut que les navires emportaient pour le raffiner et le vendre.

Pendant tout le XVIIIème siècle, Nantes fut le principal port d'attache des négriers français. En 1785, sur 105 navires faisant la traite, 38 étaient de Nantes. Nos armateurs achetaient annuellement une moyenne de 12.000 nègres en Afrique qui coûtaient 8 à 9 millions en 1780. La mort en réduisait le nombre à 9.000 environ que l'on revendait, surtout à Saint-Domingue, pour 17 millions. Le bénéfice moyen était de 50 pour cent, mais il atteignait parfois 200 pour cent.

Et pendant que s'édifiaient ainsi de prodigieuses fortunes, le pauvre nègre arraché au sol natal, privé de tout, était condamné à un travail continuel, dans un climat brûlant, sous le fouet toujours agité d'un conducteur féroce (D'après AUGEARD).

III. — Les " Planteurs de Saint-Domingue ".
De tous les hôtels qui environnent la Bourse, en particulier de ceux de l'île Feydeau, on voit converger vers elle, non sans une certaine solennité, nos planteurs de Saint-Domingue, appuyés sur leurs hautes cannes à pomme d'or. Ils y forment un groupe à part, ne se mêlant jamais, que lorsque les affaires l'exigent, aux autres négociants qui ne les abordent qu'avec les marques d'un profond respect. Ce n'est pas, du reste, en négligé qu'ils s'y présentent, mais en grande toilette de ville, coiffés, poudrés, en habit de soie de couleur sombre ou tendre suivant la saison, en longue veste, gilet et culotte également de soie, bas blancs et souliers à larges boucles d'or ou d'argent. Ils portent l'épée au côté, privilège nobiliaire ....

Ce qu'il faut admirer le plus, c'est la finesse et l'éclat de leur linge. On avait remarqué que l'eau des sources montagneuses de Saint-Domingue lui donnait une blancheur bien plus grande que celle de nos rivières de France. Quoi de plus simple que de l'y envoyer quand on a à sa disposition des navires périodiquement en partance ?

Mais la Bourse se ferme, et, un à un, ou par petits groupes, on voit rentrer nos négociants dans leurs fastueux hôtels (Francis LEFEUVRE).

 

A voir : Quai de la Fosse, quai Duguay-Trouin, rue Kervégan : belles maisons du XVIIIème siècle ; Au Musée Dobrée : Dessins du Vieux-Nantes, rue Gambetta : ancien collège Saint-Clément ; rue Heuri-IV : chapelle de l'Oratoire.

Bibliographie : Plan de Cacault (1756) ; — Gabory : La Marine et le Commerce de Nantes au XVIIème siècle et au commencement du XVIIIème ; — Augeard : Etude sur la Traite des Noirs et le Commerce nantais ; — F. Lefeuvre : Souvenirs de Nantes avant et pendant la Révolution ; — Péju : La Course à Nantes aux XVIIème siècle et XVIIIème siècles ; — De la Nicollière-Teijeiro : Jacques Cassard ; — Renoul : Graslin et le quartier qui porte son nom ; — Mellier : Arrêts et règlements de la Mairie de Nantes.

(F. Guilloux).

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