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Nantes de 1532 à 1650 - La Cité Française - Le Règne de la Bourgeoisie

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En lui accordant le droit de former une communauté de ville les rois reconnaissent la puissance de la bourgeoisie nantaise. Au milieu des troubles religieux ou politiques, celle-ci défend ses privilèges, mais la prospérité de Nantes semble compromise par la décadence de son port au début du XVIIème siècle.

Nantes devient une cité française. — Nantes accepta sans résistance sa réunion au royaume de Francs. Les libertés dont elle jouissait lui furent conservées. Les Etats de Bretagne se réunirent comme par le passé et continuèrent de donner leur avis sur les affaires de la province. Les rois absolus échouèrent dans leurs tentatives d'introduire en Bretagne des impôts impopulaires, comme la gabelle, dont les Bretons furent dispensés jusqu'en 1789.

La Mairie nantaise est fondée en 1559. — Les bourgeois de Nantes firent confirmer par les rois de France les privilèges qui leur avaient été accordés par les ducs, et ils en obtinrent de nouveaux. Ils eurent à s'occuper des écoles, des hôpitaux, de la police.

En 1553, ils demandèrent la création d'une Communauté de ville avec maire et échevins, comme il en existait une à Angers depuis plusieurs années. La démarche n'eut pas de résultats immédiats, car ce ne fut qu'en 1559 que le roi accorda aux Nantais ce qu'ils demandaient.

Les fonctionnaires royaux, voyant leur autorité menacée, se liguèrent pour retarder l'application de l'ordonnance qui ne devint définitive qu'eu 1564, sous Charles IX. Le 28 novembre de cette année, los bourgeois assemblés choisirent comme maire Geoffroy Drouet, qu fut le premier maire de Nantes.

La bourgeoisie nantaise est riche et puissante. — Les bourgeois nantais étaient enfin arrivés à leurs fins. L'autorité était presque entièrement dans leurs mains ; leur richesse s'accroissait chaque jour, leur passage aux charges municipales leur conférait la noblesse. Les rois avaient pour ces marchands les plus grands ménagements, et c'est chez l'un d'entre eux, André Rhuys, dans sa maison des Tourelles (5, quai de la Fosse), que descendirent, lors de leur visite à Nantes, Charles IX, Henri III et Henri IV. Un grand nombre étaient des Espagnols ou des Portugais naturalisés.

Fiers de leur puissance et de leur fortune, les bourgeois nantais aimaient le faste et le luxe. Ils profitaient de toutes les occasions pour organiser des fêtes superbes, mais coûteuses, pour lesquelles la ville s'endettait, négligeant parfois ses besoins les plus urgents.

Les rois portent atteinte aux libertés municipales. — Les résistances des fonctionnaires du roi n'avaient pas complètement cessé, et les ennemis de la municipalité ne manquèrent pas de lui susciter des embarras. C'est ainsi que Henri IV obligea le Conseil de Ville à lui présenter une liste de trois noms parmi lesquels il choisit le Maire. Malgré leurs protestations, les bourgeois durent s'incliner devant la volonté royale. Louis XIII, en 1610, et Louis XIV, en 1644, confirmèrent les privilèges des Nantais qui purent de nouveau élire un maire de leur choix.

Le protestantisme s'introduit à Nantes. — Depuis longtemps les esprits étaient travaillés par les idées nouvelles. La prédication de Dandelot, frère de l'amiral Coligny, qui vint à Nantes en 1559, fut l'étincelle qui fit éclater l'incendie. Pendant l'année 1560, il y eut de nombreuses réunions secrètes, et les protestants commencèrent à s'organiser. Un pressoir de Barbin devint officiellement le lieu du culte. Des catholiques l'ayant incendié en 1561, les autorités refusèrent de poursuivre les auteurs du crime. Les Réformés étaient exaspérés ; une nouvelle provocation les entraîna à pénerer dans la cathédrale (certains même y entrèrent à cheval), à molester les fidèles et à saccager les autels. Le peuple se livra à des violences contre les protestants qui se réfugièrent à Blain avec leurs pasteurs, usant à leur tour de représailles contre les prêtres catholiques. A leur retour à Nantes, les persécutions recommencèrent, et un nouvel exode à Blain dura de 1567 à 1571.

Le massacre de la Saint Barthélemy n'est pas imité à Nantes. — A la suite du massacre des protestants à Paris, le jour de la Saint Barthélemy, le duc de Montpensier, gouverneur de Nantes, qui se trouvait dans la capitale, écrivit à la Municipalité pour lui annoncer le meurtre des huguenots et engager les Nantais à imiter les Parisiens. Le maire Harrouys et ses collègues refusèrent d'accéder à cette demande et interdirent tout excès contre les calvinistes. Un certain nombre de protestants, effrayés, n'en quittèrent pas moins Nantes et se réfugièrent soit à Blain, soit à La Rochelle, soit même en Angleterre ou en Hollande.

Nantes est menacée par les protestants. — Les chefs protestants, qui comptaient parmi eux La Noue Bras-de-Fer, soldat aussi intrépide que vertueux, né à Bourgneuf, étaient devenus maîtres des plus importantes bourgades des environs, Blain, Le Croisic, Machecoul, Pornic et avaient des visées sur Nantes ; des corsaires rochelais bloquaient l'embouchure de la Loire. La ville alarmée se tint sur ses gardes. On augmenta les défenses en entourant de fortifications le faubourg du Marchix. Les habitants furent assujettis aux plus pénibles corvées et durent eux-mêmes, par mesure de précaution, éclairer les rues.

Le duc de Mercœur veut se rendre indépendant. — L'ambition du duc de Mercœur, nommé gouverneur de Nantes en 1582, fit de notre cité une citadelle de la fameuse Ligue, fondée par Henri de Guise pour la défense de la foi catholique. Mercœur était un prince lorrain ; mais la duchesse, sa femme, « la belle Nantaise », était une Bretonne qui tenait à Nantes une véritable Cour. Elle sut habilement se concilier toute la population de la ville.

Après l'assassinat du duc de Guise, Mercœur se révolta onvertement contre Henri III. Il refusa de reconnaître Henri de Navarre comme roi et essaya de rétablir à son profit l'indépendance de la Bretagne. Neuf années (1589-1598) d'une guerre féroce, où intervinrent Anglais et Espagnols, ravagèrent et dépeuplèrent la province. Pour soulager la misère des Nantais, accablés d'impôts et de corvées, on dut avoir recours à des taxes sur les habitants aisés.

L'abjuration de Henri IV lui ramena les Bretons. Mercoeur résista encore, puis comprit qu'il devait se soumettre. Le roi lui pardonna.

Henri IV se montre sévère pour Nantes. — Henri IV vint à Nantes en 1598. Ce fut dans notre ville qu'il signa (au château, disent les uns; dans la maison des Tourelles, disent les autres) le fameux Edit de Nantes qui accordait aux protestants la liberté de conscience. Entré par la porte Saint-Pierre, et frappé par l'aspect imposant du Château, il s'écria, dit-on : « Ventre Saint-Gris, les ducs de Bretagne n'étaient pas de petits compagnons ».

« Le bon roi Henri » se vengea sur notre cité de la résistance de Mercoeur qui reçut de son vainqueur quittance des sommes considérables dues par lui, Mercoeur, à la ville de Nantes.

Nous avons déjà vu que le droit de choisir leur maire fut enlevé par Henri IV à nos bourgeois (1599). Lors de son mariage avec Marie de Médicis (1608), Henri IV exigea des Nantais une contribution de 24.000 livres qui, après de nombreuses réclamations, fut réduite à 12.000 livres. Les deniers communaux furent saisis ; il fallut payer, car tel était le bon plaisir « du meilleur de nos rois ».

Les protestants nantais sont persécutés sous Louis XIII. — L'Edit de Nantes interdisant d'établir un temple à moins de 3 lieues de la ville, les protestants choisirent Sucé comme lieu de culte, et s'y réunirent de 1601 à 1625 dans une grange. Ils s'y rendaient chaque dimanche à pied, en voitures, ou en barques.

Les Réformés s'étant réunis à la Rochelle, malgré les ordres du roi, et ayant décidé de résister par la force, des poursuites furent engagées contre eux. Un seigneur nantais, David de la Muce-Pouthus, fervent calviniste, fut condamné à une mort terrible. Comme il s'était réfugié à la Rochelle, on dut se contenter de l'exécuter « par figures et effigies », sur la place Saint-Pierre, en 1622.

Quelques centaines de prisonniers protestants furent enfermés au Sanitat. Une vingtaine furent pendus, les autres envoyés aux galères.

Après l'édit de pardon de 1623 la colonie protestante qui s'était accrue, surtout du fait de l'établissement à Nantes de nombreux Hollandais, fit construire un temple à Sucé (1625).

La justice royale s'exerce à Nantes.Richelieu, qui fut un moment gouverneur de Bretagne, vint dans notre cité en 1626 avec Louis XIII, qui y était déjà passé en 1614 et 1622. Une magnifique réception fut faite au roi et à son ministre. La main impitoyable de celui-ci s'appesantit à Nantes sur le jeune comte de Chalais qui eut, la tête tranchée sur la place du Bouffay, en 1626, pour avoir conspiré avec le frère de Louis XIII contre le terrible cardinal.

En 1628, la ville dut « offrir » au roi les douze canons qui la défendaient, fournir 12 vaisseaux armés pour le siège de la Rochelle et démanteler le château de Pirmil. En 1637, Louis XIII, prenant sous sa protection les Portugais qui s'étaient réfugiés à Nantes, destitua le maire et les échevins qui avaient favorisé des émeutes populaires contre ces malheureux étrangers.

Nantes construit des hôpitaux et des monuments. — L'état sanitaire n'était pas meilleur qu'aux siècles précédents. Les épidémies de 1532, 1549, 1553, 1583, 1596, 1597, 1602, 1603, 1612, 1624, 1625, 1631, 1632, 1633, 1637 furent très meurtrières, malgré de sévères mesures de police.

La Ville porta ses soins sur les hôpitaux. En 1612, fut bâti le Sanitat, tour à tour hôpital, prison, asile, et dont la porte se voit encore aujourd'hui entre les nos 81 et 82 du quai de la Fosse.

L’hôpital de l'Erdre, construit au début du XVIème siècle, était incommode et malsain. En 1643, on le remplaça par un nouvel établissement, édifié prairie de la Madeleine, sur l'emplacement de l'Hôtel-Dieu actuel.

Pendant le XVIème siècle et la première partie du XVIIème, les constructions furent assez nombreuses à Nantes. C'est à cette époque que fut édifiée la plus grande partie de notre cathédrale ; le château fut achevé et... défiguré. Pendant les guerres religieuses, on prit un soin spécial des fortifications anciennes, et on en éleva de nouvelles autour du Marchix.

Les ponts de la Loire qui étaient encore en bois, furent rebâtis en pierres ; certains étaient garnis de moulins, de boucheries, de maisons (pont de Pirmil) ; de nouveaux quais furent établis ; les douves de Saint-Nicolas creusées (1591).

Le commerce nantais prospére, puis décline. — Au XVIème siècle la marine nantaise se développa. Les chantiers de construction de Nantes comptaient parmi les plus importants de France. Ce sont eux qui lancèrent sous François Ier, le bateau La-Non-Pareille, ainsi appelé pour « sa dernesurée grandeur », et, sous Henri II, le Grand-Henri et le Grand-Carraquen, « les plus grands qu'on n'ait point vus en notre Océan ». En 1583, ces chantiers furent transportés du Port-au-Vin à l'Ile-Gloriette.

Le commerce du sel était considérable à cette époque. Tous les ans 5 à 6.000 vaisseaux chargés de cette denrée remontaient le fleuve, venant de Bourgneuf ou du Croisic. Les autres trafics, déjà signalés au précédent chapitre, se développaient; les commerçants nantais s'enrichissaient.

En 1565, ils installèrent un Tribunal de Commerce, chargé de défendre leurs intérêts et de juger les différends pouvant s'élever entre eux.

Cette prospérité prit fin au début du XVIIème siècle. Les causes de la décadence furent la piraterie toujours très audacieuse à l'embouchure de la Loire, et surtout la concurrence des Hollandais qui avaient peu à peu accaparé tout le commerce européen. Le découragement était tel que le port de Nantes, qui possédait 150 navires au XVIème siècle, n'en avait plus que 12 en 1645.

 

COMPLÉMENTS ET RÉCITS.

1. — Règlement de police pour la Ville et le Comté nantais (1594).
Ce règlement édictait des peines afflictives contre ceux qui juraient ou blasphémaient dans les cabarets, défendait de vendre à boire et à manger les fêtes et dimanches pendant les offices, interdisait au bas peuple les jeux de hasard (dés, cartes, etc.) permis aux nobles et aux riches bourgeois.

Le prix de la main-d'œuvre était fixé à 10 sous par jour pour les maçons et charpentiers, à 8 sous pour les manœuvres ; les ouvriers étaient obligés de s'y soumettre sous peine d'amende et de punition corporelle en cas de récidive.

Une course de voiture à deux chevaux depuis le port jusqu'au centre de la ville se payait 2 ou 3 sous. A l'auberge, il en veillait 45 sous par jour pour un homme et un cheval ; à ce prix, le voyageur devait être parfaitement servi tant en mets de choix qu'en vins étrangers et son cheval devait recevoir cinq mesures d'avoine. Si le voyageur avait un domestique, c'était pour lui un surcroît de dépense de 7 sous 6 deniers par jour. Le piéton payait 30 sous par jour dans les meilleurs hôtels.

Les bouchers et les boulangers devaient être approvisionnés pour trois mois. Les bouchers étaient tenus de ne vendre que de bonne viande sous peine du fouet pour le première fois, et pour la seconde d'être pendus, étranglés. Des peines très sévères menaçaient les boulangers qui se seraient permis de vendre à faux poids ou de livrer de mauvais pain.

Les cordonniers ne devaient employer que du cuir bien accoustré et couroyé.

La Mairie compléta peu après sa publication, ce règlement, en y ajoutant un article qui défendait aux artisans de boire des vins étranger, et de manger du gibier. (D'après GUÉPIN).

II. — Condamnation de protestants nantais en 1922. David de la Muce-Ponthus, de Nantes, et André Le Noir, pasteur à Blain, ayant pris part à l'assemblée des protestants, à la Rochelle, furent poursuivis devant le Parlement de Rennes qui rendit le 15 janvier 1622 le jugement suivant : « La Cour a déclaré et déclare David de la Muce et André Le Noir suffisamment atteints et convaincus du crime de lèse-majesté au premier chef et, pour réparation et dans l'intérêt public, les a condamnés et condamne à être pris par l'exécuteur criminel de la conciergerie de ladite Cour, en chemise, tête et pieds nus, tenant chacun d'eux en leurs mains une torche de cire ardente du poids de quatre livres, trainés sur des claies au devant de la principale porte et entrée de l'église cathédrale de Saint-Pierre de cette ville, et là, à genoux, faire amende honorable et requérir pardon à Dieu, au roi et à la justice, puis conduits à la place du grand bout de la cohue de cette ville, et, là, tirés, démembrés par quatre chevaux, et quartiers de leurs corps portés aux quatre principales avenues de cette dite ville, et les a déclarés eux et leur postérité ignobles et roturiers ; ordonne que les maisons et le château dudit de la Muce seront démolis et ruinés, et leurs bois de haute futaie abattus et coupés à hauteur d'homme pour perpétuelle mémoire de leur rébellion et félonie, et les a solidairement condamnés en 10.000 livres d’amende… ».

Cet arrêt fut exécutés « par figure et effigies », car de la Muce et Le Noir étaient dans la Rochelle, à l'abri de la justice royale. Le château de la Muce fut démoli et rasé, et les bois coupés à hauteur d'homme. (D'après B. VAURIGAUD).

III. — L'Exécution de Chalais (1626).
Le jour de l'exécution (18 août), Chalais avait été transféré dans la prison du Bouffay ; dès le matin, deux compagnies du régiment des gardes étaient venues prendre possession de la place ; deux haies de soldats maintenaient une voie libre depuis l'échafaud jusqu'à la perte de la prison ....

Le soir, sur les six heures, cette porte s'ouvrit. Chalais en sortit à pied, assisté de sou confesseur ; sa figure était calme, il baisait de temps à autre la croix de son chapelet.

Arrivé sur l'échafaud, il ôta lui-même son pourpoint, et, s'étant tourné vers le bourreau, il le pria doucement de ne point le faire languir. Malheureusement l'execuleur habituel avait été enlevé, pendant la nuit, par les amis de Chalais qui espéraient par là gagner du temps et peut-être obtenir sa grâce. On avait donc été obligé d'avoir recours à un compagnon cordonnier, condamné à être pendu 3 jours plus tard, et qui avait accepté cette affreuse mission en échange de la vie. Le premier coup d'épée fit seulement tomber M. de Chalais sur l'échafaud ; le bourreau lui en donna quatre autres. Au troisième, Chalais s'écria : Jesus Maria ! Ce fut sa dernière parole. Mais la tête n'était point séparée du tronc ; le bourreau alla chercher une doloire de tonnelier et en donna vingt-neuf coups avant de terminer son œuvre. (H. ETIENNEZ).

 

A voir : 5, quai Fosse : maison des Tourelles ; Entre les nos 81 el 82 quai Fosse : ancienne entrée du Sanitat.

Bibliographie : De la Nicollière : Un point de l'Histoire de Nantes (La Saint-Barthélemy) ; Hauser : François de la Noue ; — X. : 3° centenaire de l'Edit de Nantes ; — Renoul : Le Tribunal consulaire de Nantes ; — Dubuisson-Aubenay : Itinéraire de Bretagne (1636).

(F. Guilloux).

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