Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

Nantes au temps des Francs

  Retour page d'accueil       Retour "Histoire de Nantes"       Retour Ville de Nantes   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Victime des invasions, Nantes redevient une ville prospére sous l'impulsion de ses évêques. — Ruinée de nouveau par les Normands, elle trouve un sauveur en Alain Barbe-Torte.

Les Bretons envahissent l'Armorique. — Vers la fin du Vème siècle, les Bretons, qui habitaient l'Angleterre actuelle, la Grande Bretagne, chassés de leur pays par les envahisseurs saxons, vinrent, sous la conduite de moines, s'installer en Armorique. Ils y apportèrent leur langue celtique (le breton d'aujourd'hui), leurs mœurs et leur religion : l'Armorique devint alors la Bretagne.

Les Gallo-Romains, reculant devant les Bretons, ne conservèrent que les territoires de Nantes et de Rennes. Ces pays, qu'on a appelés plus tard les Marches franco-bretonnes, placés à la limite de la Bretagne, de la Gaule et de l'Aquitaine, se verront, pour le malheur de leurs habitants, âprement disputée par des voisins également avides.

Les Francs s'emparent de la Bretagne. — Les grandes invasions se produisirent tardivement en Bretagne. Un chef barbare, probablement un pirate saxon, Chillon, assiégea Nantes pendant les dernières années du Vème siècle. Après 60 jours d'efforts inutiles, il renonça à son entreprise. Les Francs de Clovis furent nos premiers conquérants barbares. Ils abordèrent la rive droite de la Basse-Loire vers 509, après avoir soumis les Goths qui occupaient la rive gauche.

Les Francs, comme autrefois les Romains, n'exterminèrent point les vaincus. Il s'installèrent en petit nombre dans le pays, de sorte qu'au VIème siècle la grande majorité de la population était encore de race gauloise.

Nantes reprend de l'importance. — Nantes, malgré les pillages et les destructions subis depuis les jours prospères qu'elle avait connus sous la domination romaine, était, au VIème siècle, une cité assez considérable. En dehors de son enceinte fortifiée, elle possédait des faubourgs assez importants : Saint-Similien avec sa première église chrétienne, Saint-Donatien avec sa chapelle Saint-Etienne qui subsiste encore dans le cimetière de ce quartier, et les chapelles toutes proches de Saint-André et de Saint-Clément. Le port de la Fosse avait une aumônerie de Saint-Julien dont la chapelle se trouvait sur l'emplacement actuel de la place de la Bourse. Tous ces temples chrétiens et ceux élevés à l'intérieur des murailles Saint-Aubin (place Saint-Vincent), Saint-Saturnin (place du Change) marquaient un développement considérable du christianisme à Nantes. Mais le commerce de Rezé l'emportait sur celui de notre ville à cause des difficultés de la navigation. L'Erdre n'était qu'un marais fangeux qui s'étendait de la rue de la Poissonnerie au rocher de Saint-Nicolas.

L'Evêque devient le chef de la cité. — Lorsque les fonctionnaires romains qui dirigeaient l'administration de la cité quittèrent Nantes, l'évêque était la seule autorité qui pût recueillir leur succession et assurer l'exercice du pouvoir qu'ils laissaient vacant. De fait, le chef religieux devint le maître incontesté de la ville, et peut-être du diocèse.

Pendant plusieurs siècles l'évêque de Nantes va jouir d'une puissance régalienne. Il battra monnaie, il percevra des droits sur les marchandises qui entrent en ville ou qui en sortent. Le produit de ces droits, joint aux revenus de ses immenses propriétés, lui assureront des ressources considérables avec lesquelles il entreprendra de grands travaux publics.

Saint Félix crée le port de Nantes. — L'œuvre accomplie à cette époque par les évêques de Nantes est importante, mais la tradition s'est complue à l'attribuer presque tout entière au plus grand d'entre eux, saint Félix, qui occupa le siège épiscopal de Nantes de 550 à 583.

Saint Félix, originaire d'Aquitaine, fut un chrétien ardent, qui sut convertir les païens encore nombreux dans son diocèse. Il fit achever la cathédrale commencée par son prédécesseur, et que nos chroniqueurs nous présentent comme une merveille du temps.

Ce fut aussi un grand administrateur. Il créa réellement le port nantais du Moyen-Age. Il fit creuser le canal qui sépare la prairie de Mauves de celle de la Madeleine, ce qui jeta la Loire dans le Seil de Mauves, ruisseau marécageux qui longeait la face sud de notre cité. Il ouvrit le port de la Fosse par l'enlèvement de la partie du rocher de Miséri qui s'avançait dans la Loire. Il releva le niveau de l'Erdre par l'établissement de la chaussée de Barbin, supprimée en 1887.

Ces monuments et ces travaux nous montrent que Nantes prenait une importance croissante, que son commerce se développait et qu'elle jouissait alors d'une civilisation aussi brillante que celle qu'elle avait connue au temps des Romains. Pendant ce temps, sa rivale, Rezé, moins favorisée, déclinait.

Nantes souffre sous les derniers Mérovingiens. — La main énergique de saint Félix avait contenu les pillards bretons ; mais, après sa mort, ceux-ci recommencèrent leurs incursions et leurs dévastations. Ils s'emparèrent même de Nantes en 589, au moment des vendanges, et firent transporter à Vannes tout le vin récolté.

Nantes faisait alors partie de la Neustrie et eut beaucoup à souffrir des démêlés de ce royaume avec l'Austrasie.

L'évêque de Nantes Emilien ne fut pas tué, comme on l'a dit, au siège d'Autun, en combattant les Sarrasins, mais les milices des Namnètes étaient aux côtés de Charles-Martel à la bataille de Poitiers (732).

Les Carolingiens fondent le Comté Nantais. — Les rois mérovingiens, qui avaient besoin de la puissance des évêques de Nantes pour défendre leurs Marches franco-bretonnes, s'étaient bien gardés d'affaiblir leur pouvoir, mais il apparut aux Carolingiens qu'un bras séeulier monterait une meilleure garde contre Bretons ou Normands. D'où la création du Comté nantais qui n'apparait de façon certaine que sous Charlemagne.

Les comtes remplacèrent les évêques à l'armée et se substituèrent à ceux-ci dans l'administration de la cité. De cette division de l'autorité naîtront de nombreux conflits.

Un des premiers comtes de Nantes fut sans doute Hoël, qui, compagnon de Roland, neveu de Charlemagne et gouverneur des Marches franco-bretonnes, aurait été tué avec lui et 2.000 miliciens bretons à Roncevaux.

Francs et Bretons étaient souvent aux prises ; aussi notre pays souffrit beaucoup de ces guerres continuelles.

Charlemagne soumit les Bretons, mais ceux-ci profitant de la faiblesse des successeurs du grand empereur, reconquirent leur indépendance avec Nomenoë qui, après avoir battu le roi Charles le Chauve (845). fut le premier Breton ayant régné sur toute la péninsule.

Nomenoë s'empara de Nantes et joignit à la Bretagne le pays de Retz qui, jusque là, avait fait partie du Poitou. Après sa mort les Bretons se divisèrent, et leurs luttes intestines favorisèrent les entreprises des Normands.

Les Normands ruinent Nantes. — Ces pirates parurent la première fois devant. Nantes en 843. Ils égorgèrent l'évêque saint Gohard sur les marches de l'autel, incendièrent la cathédrale et pillèrent la ville qui avait alors 8.000 habitants.

Ils recommencèrent leurs brigandages en 853, en 867, malgré la construction des premiers ponts en bois sur la Loire, destinés à empêcher leurs flottes de remonter le fleuve. Repoussés en 888 par Alain le Grand, qui avait convié Bretons et Gallo-Romains à s'unir pour la défense commune, ils reparurent devant Nantes en 919, s'en emparèrent, malgré Les fortifications élevées autour de la cathédrale, et la saccagèrent après avoir constaté la fuite des habitants.

Alain Barbe-Torte chasse les Normands. — Pendant 20 ans, les Normands furent maîtres du pays et Nantes resta déserte. Mais le petit-fils d'Alain le Grand, un jeune homme de 20 ans, Alain Barbe-Torte, revint d'Angleterre où sa famille s'était réfugiée et fut le libérateur de la Bretagne, Après trois ans d'efforts opiniâtres, il remporta eux le coteau de Saint-Nicolas, à Nantes, où les Normands avaient concentré leurs forces, une victoire décisive (939).

Nantes n'était plus que ruines ; les édifices publics eux-mêmes avaient été détruits par l'incendie. Alain fit passer à travers les débris la Chaussée qu'il ouvrit entre la Cathédrale et le Change, et qui s'appelait encore il y a quelques années la Grande-Rue. Il repeupla la ville en en faisant un lieu d'asile pour les serfs et les fugitifs. Alain Barbe-Torte mérite d'être considéré comme le deuxième fondateur de Nantes.

 

COMPLÉMENTS ET RÉCITS.

I. — Siège de Nantes par Chillon (vers 490).
La ville de Nantes fut étroitement assiégée par une puissante armée de barbares païens conduits par un vaillant capitaine, nommé Chillon, lequel la pressa si vivement qu'au bout de soixante jours, la réduisit à l'extrémité. Les Nantais se voyant en un danger inévitable eurent recours à leurs saints patrons, saint Donatien et saint Rogatien, lesquels ne leur faillirent pas, car le soixante et unième jour du siège, à l'heure de minuit, le général Chillon, étant campé sur une petite colline de la rivière d'Erdre, entre le faubourg du Marchix et le moulin de Barbin, vit une longue procession composée de personnages accoutrés de blanc, tenant des cierges allumés dans la main, lesquels, sortant de l'église Saint-Similien (hors des murs de la cité) et en même temps une autre procession toute semblable, sortant de l'église des glorieux martyrs saint Donatien et saint Rogatien, vint à la rencontre de la première, et, s'étant affectueusement salués, se mirent en oraison, et puis se retirèrent chacune au lieu d'où elle était sortie. Tout à l’instant, l'armée barbare se débanda et prit la fuite, les soldats étant saisis d'une telle frayeur et terreur panique qu'ils ne cessèrent de fuir jusqu'à ce qu'ils se virent hors de la Marche nantaise. Chilien fut tellement étonné de cette vision et de ses suites qu'il se fit baptiser. (D'après GRÉGOIRE DE TOURS).

[Note : Le fait rapporté par Grégoire de Tours n'est pas absolument invraisemblable étant données les mœurs du temps, mais il contient certainement une part de légende].

II. Prise de Nantes par les Normands (843).
Les Normands ayant mis à la voile se rendirent devant Nantes, Saint Gohard, évêque de cette ville, voyant l'ennemi si près convoqua le peuple en l'église cathédrale et l'exhorta à endurer patiemment le martyre si telle était la volonté de Dieu ; puis il se disposa pour dire la messe, le jour de saint Jean-Baptiste, 24 juin 843.

Cependant au point du jour les Normands descendent à terre et se disposent à l'assaut. Ils plantent leurs échelles au pied des murailles qu'ils franchissent sans éprouver beaucoup de résistance. Ils courent par les rues, massacrant tous les habitants qu'ils rencontrent, « sans pardonner à âge ni à sexe ».

Tous les gens de la ville et ceux des alentours s'enfermèrent et se barricadèrent dans la cathédrale, implorant le secours du Ciel.

Les barbares étant arrivés à Saint-Pierre y donnent l'assaut : les uns mettent les portes en pièces, les autres entrent à l'escalade par les fenêtres, et « ayant comme des loups carnassiers forcé le parc de la bergerie de Jésus », ils se ruent sur cette population désarmée, frappant à tort et à travers, écrasant la tête des petits enfants contre les murs, traînant les femmes par les cheveux, tuant les hommes avec la plus grande cruauté.

Tandis que ces massacres se commettaient dans la nef, l'évêque saint Gohard était à l'autel et célébrait la messe, assisté de ses archidiacres, chanoines, chantres, chapelains, et des moines du monastère d'Aindre. Bien que les cris de cette multitude qu'on égorgeait sans pitié, ni merci, fut capable de troubler les plus courageux, le prélat, et à son exemple ses officiers, attendirent que les barbares ayant forcé les barrières du chœur les vinssent trouver sur leurs sièges. Saint Gohard fut rudement arraché de l'autel par un Normand qui l'ayant jeté à terre, lui fit « voler la tête de dessus les épaules ».

Après qu'ils eurent tué le saint évêque, ils massacrèrent de même les chanoines, les prêtres, les moines, les choristes, et pillèrent le riche trésor de l'église de Saint-Pierre avec toute l'argenterie et tous les ornements du monastère d'Aindre (Indret). Puis ils mirent le feu au superbe vaisseau de la cathédrale et aux autres églises de la ville. Le soir, ils se retirèrent en leurs navires entraînant plusieurs captifs et porteurs d'un grand butin.

Les Nantais fugitifs et ceux qui avaient été rachetés ou qui s'étaient échappés pendant que les Normands s'entrebattaient pour le partage du butin dans l’île de Noirmoutier. trouvèrent à leur retour à Nantes la ville toute désolée et ruinée. (D'après ALBERT LE GRAND).

A voir : Le canal Saint-Félix ; A la Cathédrale, tableau représentant le martyre de saint Gohard ; Au musée Dobrée, sarcophages mérovingiens retirés des anciens cimetières de Nantes ; armes normandes trouvées en Loire.

Bibliographie : Merlet, la Chronique de Nantes ; Albert Le Grand, les vies, gestes, morts et miracles des saints de la Bretagne ; Léon Maitre, Nantes avant les Normands ; catalogue du Musée Archéologique de Nantes ; tous les ouvrages sur la Cathédrale.

(F. Guilloux).

© Copyright - Tous droits réservés.