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LES COLLÈGES DE NANTES

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COLLÈGES DE NANTES : SAINT-JEAN ET SAINT-CLÉMENT.

 

Collège de Saint-Jean. — Nous connaissons le nom du fondateur de cet établissement. Un riche bourgeois, du nom obscur de Guillemin Delaunay, par acte du 15 juillet 1471, légua deux maisons sises rue Saint-Léonard, près du mur d'enceinte, en exprimant le désir qu'elles fussent le siège d'une école gratuite de grammaire, « pour iceulx escoliers estre receus à y estudier sans en payer quelconque debvoir » (Archives de la mairie, série GG). Telle est la fondation qui a donné naissance au collège Saint-Jean.

L'exécution de la donation est confiée à Raoul Moreau « maistre escole de l'église de Nantes » auquel appartenait l'institution et la révocation des régents en grammaire et aussi à deux maîtres nommés Thomas Loisel et Guillaume Meslin, qui sont désignés de suite pour diriger le nouveau collège. Guillemin Delaunay leur demande, en retour de ses bienfaits, de conduire les écoliers deux à deux à l'église Saint-Saturnin, en chantant une hymne ou une prose en l'honneur de la Vierge, d'assister à une grand'messe chaque samedi et de prier ensuite sur sa tombe. Les débuts de la maison ne furent pas heureux. Thomas Loisel et son collègue conduisirent-ils mal l'entreprise, ou bien furent-ils accablés de charges ? nous l'ignorons. Toujours est-il avéré qu'ils se retirèrent sans avoir rempli les conditions de leur bail. La veuve de Guillemin Delaunay, Marie Turmel, voyant que les bâtiments n'étaient pas entretenus, donna 66 livres pour les frais de réparation, et 16 livres pour amortir une rente dont ils étaient grevés. Ce don est inscrit dans l'acte de ratification qu'elle souscrivit en 1475, en faveur du collège Saint-Jean. Le régent qui succéda aux premiers, et qui occupait la maison à la même date, est Jacques Lohier. Ce n'est pas lui qui reçut les fonds. La donatrice voulant éviter de nouvelles négligences de la part des régents, institua les scholastiques de la cathédrale gardiens de ses volontés, et leur attribua le pouvoir de nommer le principal à perpétuité.

La dotation n'était sans doute pas suffisante, car on se plaint au siècle suivant de la décadence du collège et on reproche au scholastique de ne pas veiller sur l'entretien des bâtiments qui menacent ruine [Note : Narration sommaire de ce qui est advenu à Nantes par ceux qu'on a prétendu conspirateurs contre la Majesté du Roi. (Bibliothèque nationale, Fonds Colbert XXVII, f° 88, 89). Pierre Sublet, prêtre, était principal en 1552. Jean Lévesque, docteur en théologie, y demeurait en 1558 et 1559, mais j'ignore à quel titre]. Les officiers municipaux offrirent leur aide. Dans la requête qu'ils adressent à l'Evêché, ils disent que leur intention est « d'augmenter et perpétuer l'exercice littéraire, animer et enflammer la jeunesse à l'étude des lettres, et par mesme moyen semer entre les escholiers et estudiants des deux collèges, une saincte envie et une louable jalousie à qui mieulx » (Travers. Histoire de Nantes). Ils restaurèrent la maison aux frais de la ville, et quand ils eurent un pied dans l'établissement, il leur fut facile de s'en rendre complètement propriétaires. Leur prise de possession est de 1582. Ils nommèrent des régents, tracèrent des règlements, comme pour un collège municipal, sans que personne élevât de réclamation.

En 1617, Robert de Lisle, principal, aurait voulu, malgré l'opposition de son collègue Laurent Fouqueré, donner de l'extension au programme des études, il essaya de créer quatre classes au lieu de deux. Aussitôt ses confrères du collège Saint-Clément poussèrent les hauts cris, l'accusèrent d'ambition et lui envoyèrent une assignation à comparaître devant le prévôt de Nantes. Par sentence du 7 septembre 1617, ce juge le condamna à cesser ses innovations qui, du reste, étaient en dérogation avec le traité conclu avec la Mairie. Le défendeur ne se tint pas pour battu, il porta appel au Parlement. Ses adversaires lui firent répondre que ses prétentions ne tendaient à rien moins qu'a ruiner le collège Saint-Clément, et l'Université intervenant à son tour au procès, réclama un privilège pour le collège Saint-Clément qui était le sien, disait-elle, tandis que l'autre n'avait pas de réputation. Le premier avait des gages assurés pour un bon nombre de régents, tandis que l'autre n'avait aucune prébende à offrir à ses pédagogues. « Il n'était pas raisonnable, disait-on, que l'institution de la jeunesse se fit en un lieu sans nom et sans aveu ». La Cour admit cette dernière opinion, bien qu'elle fût intolérante au dernier chef, et ordonna que la sentence du prévôt sortirait son effet (Privilège de la Faculté des Arts, p. 42).

Robert de Lisle s'étant démis de sa charge, la Ville le remplaça par Laurent Fouqueré, auquel elle joignit Julien Feilleteau, maître écrivain. Leur résidence fut fixée dans l'ancien et dans le nouveau logis, et il fut convenu que leurs leçons se borneraient aux premiers principes, suivant la décision consacrée par l'arrêt de la Cour.

En 1632, Jacques Davy se présenta devant les officiers municipaux, en disant que plusieurs habitants le priaient de prendre la direction du Collège. Ses services furent acceptés et il conserva ses fonctions jusqu'en 1651, époque où il les résigna en faveur de Pierre Célard, licencié en droit. A propos de ce changement, une contestation inattendue éclata et entraîna encore un procès. Le scholastique de la cathédrale, qui, depuis près d'un siècle, ne s'occupait plus des affaires du collège Saint-Jean, prétendit alors intervenir dans la nomination du régent, alléguant qu'il ne pouvait y avoir de prescription contre les termes de la fondation de Guillemin Delaunay. Le candidat agréable au scholastique était le sieur Célard ; la mairie lui préférait l'abbé René Lévesque. La Cour du Parlement devant laquelle on porta le débat, se prononça en faveur du scholastique, par arrêt du 28 août 1651. Les défendeurs interjetèrent appel au Conseil du Roi et se préparèrent à lutter à outrance, mais bientôt ils comprirent qu'il était de leur intérêt de transiger et rédigèrent un accord qui fut signé par les deux parties, le 14 février 1655 (Archives départementales, série D).

Considérant que le collège Saint-Jean et le collège Saint-Clément tombaient en ruine, les contractants convinrent que le premier serait vendu par la Ville, et que le produit de l'adjudication serait appliqué aux frais de reconstruction du second. L'acte stipulait que les acquéreurs de la maison seraient tenus de servir aux scholastiques de la cathédrale la rente accoutumée de 40 sous et la Mairie, de son côté, s'engageait à servir une rente de 50 livres à un chapelain de l'église Saint-Saturnin, qui serait chargé d'acquitter les messes fondées au collège. Il fut également arrêté que la classe de sixième, au collège Saint-Clément, s'appellerait la classe Saint-Jean, qu'elle serait soumise à l'inspection du scholastique, toutes les fois que cet ecclésiastique le jugerait à propos, et que la Mairie lui ferait l'honneur de le convoquer toutes les fois qu'il y aurait lieu d'élire un principal.

En conséquence le collège Saint-Jean fut mis en vente et adjugé le 9 mars 1656, au sieur Baudouin (Michel), marchand, pour la somme de 9.600 livres (Fonds de l'Oratoire – Archives départementales).

Au premier article des statuts de la Faculté des Arts de l'Université de Nantes, il avait été stipulé que la ville de Nantes aurait deux collèges, pas davantage. On ne voulait pas une concurrence sans bornes, dans la crainte que tous les établissements ne fussent condamnés à végéter dans une médiocre aisance. Je n'ai presque rien à dire sur la seconde maison qui fut opposée à celle qu'avait fondée le bourgeois Delaunay. Elle n'est connue dans l'histoire que par une seule phrase extraite des registres de la Faculté des Arts de l'an 1502, la voici : « Maître Charles Gaurays, de la Faculté des Arts, était régent au collège de Melleray » (Magister Carolus Gaurays, facilitatis artium in pedaqogio de Melleray regens. – Archives départementales, série D).

J'ai cherché dans tous les quartiers de la ville quelle pouvait être la maison citée incidemment dans ce passage, et je n'en ai pas vu d'autres que le logis possédé par l'abbaye de Meilleray, au coin de la rue de Beau-Soleil et de la rue de Briord. Les religieux de Melleray ou de la Meilleraie étaient obligés d'avoir, comme les autres moines, une maison particulière qui leur servait d'hôtellerie quand ils venaient en diverses circonstances au chef-lieu du diocèse. Il est possible qu'ils aient consenti à céder quelques chambres quand le duc François II se mit en quête de locaux convenables pour installer les régents.

Un troisième collège a fleuri aussi à Nantes, au moment où les deux premiers tombèrent en décadence ; bien que son existence ait été courte, il est convenable d'en faire mention ici, afin que tous les efforts tentés en Bretagne puissent être comptés plus tard dans une histoire général de l'Instruction. Le mouvement admirable qui, au XVIème siècle, porta tant d'esprits cultivés vers l'étude des chefs-d'oeuvre de l'Antiquité, se fit sentir en Bretagne comme ailleurs, et eut son retentissement jusque dans le monde des écoliers. Les jeunes intelligences elles-mêmes poussèrent le désir d'apprendre jusqu'à la passion et accoururent en foule aux leçons des Universités. C'est alors que, pour venir en aide aux établissements trop étroits de la ville, un généreux ecclésiastique offrit les bâtiments de son bénéfice. Olivier Richard, docteur ès-droits et grand vicaire du diocèse de Nantes, abandonna, le 2 juin 1521, la jouissance du prieuré de Sainte-Croix, dont il était pourvu, y compris les maisons et jardins qui en dépendaient, afin d'y installer un nouveau collège (Archives départementales, série D, collèges). Un régent, Guillaume Le Bossec, en prit possession de suite et y fut aussitôt entouré d'une nombreuse jeunesse. Dans une requête adressée par son successeur, Guillaume Larcher, à la municipalité, vers 1526, pour obtenir une avance de 400 livres, il rapporte que l'école de Sainte-Croix renferme 300 écoliers « tant pansionniers que caméristes venus de divers lieux » (Archives municipales, BB, liasse 3. Voir aussi GG). On lui accorda 100 livres en novembre 1526.

L'abbé de Marmoutier, duquel relevait le prieuré de Sainte-Croix, et le Roi, qui était héritier des droits des princes de Bretagne fondateurs, donnèrent leur assentiment à la démission consentie par le grand vicaire Olivier Richard ; mais la cour de Rome ne jugea pas à propos de ratifier cette sécularisation. L'usage de convertir les bénéfices ecclésiastiques en dotations était alors une innovation. Cinquante ans plus tard la proposition n'eut pas rencontré la même résistance.

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Collège de Saint-Clément. — Privé de tout espoir de ce côté, le Conseil des bourgeois chercha en vain, pendant plusieurs années, des bâtiments assez vastes pour remplacer l'école de Sainte-Croix. Aucun terrain n'étant disponible dans l'enceinte de la ville, il dut choisir parmi les immeubles situés hors des murs et jeta ses vues sur l'hôpital Saint-Clément. Les chanoines de la Cathédrale, qui en étaient propriétaires, voulurent bien entrer en arrangement, et le 29 juillet 1555, l'acquisition fut conclue par les officiers municipaux. Cinq ans auparavant, ceux-ci avaient acheté aussi les écoles de droit de la rue Saint-Gildas. Malgré ces sacrifices, les bourgeois étaient encore disposés à supporter de nouvelles dépenses pour établir leurs collèges dans une situation qui ne laissât rien à désirer. Ils firent venir de Paris un maître-ès-arts, régent en l'Université, l'abbé Pierre Bintin, recteur de la Couyère, qui enseignait au collège de Lisieux, et passèrent un traité avec lui le 14 juillet 1557.

Par cet acte il est admis pour principal du collège Saint-Clément à la condition qu'il entretiendra quatre autres régents « gens doctes, fameux, de bonne vie et conversation », qu'il enseignera les lettres grecques et latines par lecture et disputes, suivant l'usage suivi dans les collèges de l'Université de Paris « à l'instar desquels le collège de Nantes sera entretenu, régi et gouverné ». Le principal est autorisé à percevoir les devoirs ou prix adoptés dans les collèges de Paris tant sur les portionistes (pensionnaires) que sur les martinets (externes).

Il aura pour ses gages 700 livres la première année, et 600 livres les années suivantes.

La Ville prend à sa charge l'entretien des bâtiments, les réparations de la chapelle et la fourniture du mobilier.

L'ouverture des classes aura lieu le 1er octobre 1557 et le traité est conclu pour 3 ans (Archives de la mairie, GG).

Il paraît que la municipalité avait trop présumé de ses forces en acceptant les termes de ce contrat, car dès le début de l'institution elle eut toutes les peines du monde à régler les gages promis aux régents. Ses ressources ne lui permettaient pas de s'acquitter autrement que par des à comptes sur chaque annuité. Prévoyant que cette pénurie pourrait compromettre la prospérité du collège, elle s'adressa à l'Evêché et obtint, le 24 avril 1559, un décret épiscopal qui réunissait le titre et les revenus de la cure de Saint-Julien-de-Vouvantes à la charge de principal du collège Saint-Clément (Table des registres du secrétariat. – Archives départementales, G). Malgré cet appoint, la situation ne fut pas mieux équilibrée. On voit, par exemple en 1563, que la Ville est redevable d'arrérages qui s'élèvent à la somme de 2.736 livres, et en 1573 de nouvelles réclamations annoncent que les gages ne sont jamais payés complètement. Fatigués de ces retards sans cesse renouvelés, les régents déclarèrent qu'ils ne voulaient plus continuer leurs classes et abandonnèrent la maison en 1578 [Note : Parmi ceux qui enseignèrent dans cette première période, je citerai Guillaume Gruen, régent en 1560 (G. 253, Archives départementales), et Jacques Le Bigot, co-régent en 1567. Les autres sont inconnus. (Archives de la mairie, GG)].

On alla jusqu'à Angers demander un autre principal sans réussir dans les négociations. Celui qui consentit à prendre vers 1580, cette succession peu séduisante, se nommait Jacques Macé, homme très accommodant et très zélé dans ses fonctions, sur la régence duquel nous possédons quelques détails de moeurs qu'il est bon de noter ici. Il eut plus d'une difficulté dans le cours de son administration. Dès le début, les écoliers se plaignaient qu'on leur imposât des taxes supplémentaires pour la chandelle, la toile des fenêtres et l'entretien des bancs. Appelé à se défendre en 1579, le principal répondit qu'il suivait l'usage des collèges de Paris, comme le comportaient les termes de son bail.

Au dehors il avait des concurrents qui menaçaient sérieusement ses intérêts. Au lieu de vivre dans l'internat de Saint-Clément, des étudiants préféraient se mettre en pension chez des particuliers, nommés pédagogues, qui leur laissaient une grande liberté. Il vécut en bonne intelligence avec ces rivaux tant qu'ils restèrent dans leurs attributions et ne reçurent que peu de pensionnaires, mais lorsqu'il les vit prétendre à l'enseignement des humanités dont ils étaient exclus par les règlements, il sortit de sa tolérance habituelle pour les poursuivre en 1583.

Ceux qu'il prit à partie étaient quatre pédagogues du faubourg Saint-Clément [Note : La sentence est du 12 janvier 1583. On les nommait Jacques Lemée, Gilles Rocheront, Maurice Seue et Jean Gaillard. (Privilèges de l'Université de Nantes, p.. 56)]. Le prévôt de Nantes qui, en 1561, avait déjà condamné leurs confrères à rentrer dans l'ordre, leur rappela dans sa sentence que les seules écoles publiques, reconnues dans la ville et les faubourgs de Nantes, étaient celles de Saint-Jean et de Saint-Clément. Il ajoutait qu'ils ne devaient enseigner à leurs élèves d'autres connaissances que la lecture, l'écriture et le calcul ; que, pour les autres leçons, les enfants devaient se rendre aux deux collèges, en payant à chaque principal les droits fixés [Note : La taxe était de deux sous par mois]. Il fut défendu de nouveau aux pédagogues de recevoir chez eux plus de 6 ou 7 élèves en pension. Le Parlement de Rennes, à qui l'affaire fut déférée en appel, confirma cette doctrine par un arrêt en date du 13 août 1587.

Pour justifier le monopole qu'il revendiquait, le principal du collège de Saint-Clément était tenu d'avoir un personnel nombreux et capable de conduire les élèves jusqu'au terme des humanités. Jacques Macé le comprit si bien, que, sans attendre les propositions de la Ville, et sans y être contraint par aucun article de son bail, il adjoignit aux quatre régents ordinaires un premier régent de rhétorique et un professeur de philosophie, dont les gages étaient à sa charge. Le fait est constaté dans une délibération de 1586. Pour l'indemniser, la municipalité lui accorde à cette date une gratification de 133 écus, attendu que la cure de Saint-Julien-de-Vouvantes, qui lui était comptée pour 900 livres, ne lui rapportait que 600 livres (Livre des délibérations de 1586). Cette somme ne suffisait pas à combler le déficit. Les mauvaises années qu'on venait de traverser, la famine, la peste, la cherté des vivres, les réparations locatives, les gages du personnel, la guerre, avaient amené une telle détresse au collège que Jacques Macé avait été obligé d'emprunter jusqu'à 2.000 livres sur son patrimoine. Comme la ville tenait à conserver son principal, elle vota, le 19 janvier 1587, un supplément d'indemnité de 333 écus. Les maîtres des requêtes de la Chambre des Comptes ne voulurent pas ratifier cette dépense sur le compte en décharge du miseur municipal, mais le duc de Mercoeur intervint et rétablit l'article supprimé [Note : Mandement royaux, vol. XIII, f° 75. (Archives départementales, B). Le mandement du duc de Mercoeur est plein de détails sur cette époque. Cette concession est faite « pour ne donner audit Macé occasion d'aucun mescontantement (dit Mercoeur), mais continuer à pollicer, orner et faire instruire en toutes honestes et vertueuses perfections la jeunesse dudit collège, comme estant chose la plus singulière remarquable et recommandable des républiques, voire le principal ornement et décoration d'icelles »].

Pendant les troubles de la Ligue, Jacques Macé eut à souffrir plus d'une fois des incursions des gens de guerre. L'armée du prince de Dombes et les compagnies du sire de Lavardin ont, dit-il, enlevé les récoltes de la cure en passant dans la paroisse de Saint-Julien-de-Vouvantes, à tel point qu'il est demeuré trois ans sans jouir des revenus de ce bénéfice. Les pèlerins ont cessé de venir en voyage à la statue de saint Julien, comme de coutume, et le vicaire perpétuel a pris ce que les soldats n'ont pas emporté (Archives de la Mairie, GG). Ces détails sont dans la requête qu'il adressa à la mairie, vers 1598, pour avoir une indemnité de 1.500 livres à titre de compensation, car il estime que sa cure lui vaut, année moyenne, 500 livres.

Le bail qui fut conclu en 1614, pour 12 ans, entre la Ville et son successeur, Michel Bigot, existe au dossier du collège. Cet acte précieux va nous retracer fidèlement la physionomie de la maison et les règles de conduite imposées aux régents. L'acte porte : qu'il logera et nourrira dans le collège un philosophe et six régents en humanités ; qu'il ne pourra donner moins de 300 livres au régent de philosophie, au premier régent moins de 240 livres, et au second régent moins de 150 livres. Ce personnel devra être catholique et non engagé dans les liens du mariage. Chaque matin, une messe sera célébrée en la chapelle du collège, et, le soir, les écoliers chanteront un salut.

Les leçons accoutumées seront données suivant les règles adoptées dans les plus fameux collèges de la capitale, et, outre l'enseignement professé dans les classes de grec et de latin, l'un des régents est obligé de faire une lecture, chaque jour, en grec, pour l'instruction des pensionnaires et des externes capables de le suivre. Les élèves seront astreints à faire des compositions et des dissertations, à réciter des leçons, à parler en latin, et se livreront aux exercices de la déclamation, tels qu'ils se pratiquent à Paris. Le principal ne peut s'associer aucun maître sans l'autorisation de la ville, ni rien changer aux usages établis ; il se contentera de l'ordinaire fourni à ses prédécesseurs ; il nourrira convenablement les élèves, ne percevra qu'une rétribution modérée des pensionnaires et des externes, n'exigera rien des écoliers nécessiteux et se fera immatriculer sur les registres de l'Université pour jouir des avantages accordés à tous ses suppôts. La Ville se réserve la jouissance de la cure de Saint-Julien-de-Vouvantes, et en échange elle allouera une subvention de 1.500 livres au principal, qui n'aura, pour toute charge matérielle, que l'entretien du carrelage et des vitres.

En l'année 1619, le collège Saint-Clément vit s'élever à côté de lui une congrégation qui devait bientôt l'absorber. Les Oratoriens avaient acheté dans le voisinage le plus rapproché, sans doute en prévision de l'avenir, la tenue de la Belonnerie pour y bâtir leur communauté. Grâce à la réputation de science qu'ils s'étaient acquise, et aussi à l'appui de leurs puissants protecteurs, il ne leur fut pas difficile d'obtenir la préférence sur le principal, Michel Bigot [Note : En arrivant à Nantes, les Oratoriens s'étaient établis à l'hôtel de Briord qu'ils avaient acheté, le 7 avril 1621, de la duchesse de Mercoeur].

A l'expiration du bail, le conseil de Ville, appelé à délibérer sur son renouvellement, décida, le 2 mars 1625, que l'administration du collège de Saint-Clément serait remise aux mains des prêtres de l'Oratoire pour une période de six années, après laquelle la Ville se réservait la liberté de les remercier, si elle, n'était pas satisfaite de leurs services. Le nouveau traité est conforme au précédent, en ce qui regarde le personnel et la subvention, mais il stipule qu'il y aura trois classes de pensionnaires, l'une à 120 livres, l'autre à 150, et la plus élevée à 180 livres. Sur la question des études, l'acte recommande aux Pères de ne pas omettre les cérémonies de la fête Saint-Marc, « auquel jour pour l'ordinaire les énigmes et divers actes de philosophie ont accoutumé de se faire tous les ans » (Titres de l'Oratoire de Nantes. – Série H, Archives départementales de la Loire-Inférieure). Les échevins se réservent le droit de visiter le collège et de statuer sur les réclamations des écoliers. Chaque élève devait payer deux sous par mois pour l'entretien d'un portier. Il est à remarquer que ce concordat fut soumis à l'approbation du Roi et de l'Evêque, et qu'il ne fut pas question de l'agrément de la cour de Rome, comme pour les actes du XVème siècle.

Dès que les Oratoriens curent pris possession du collège, ils s'empressèrent de solliciter l'incorporation de leurs régents dans l'Université, afin de jouir des privilèges et immunités conférés à tous ses membres. Ils furent immatriculés le 7 avril 1625, mais non sans restriction ; car dès cette époque les Universités du royaume, attachées aux principes du gallicanisme, tenaient en suspicion toutes les congrégations et se mettaient en garde contre leurs empiétements. Le registre de leur admission porte qu'ils pourront prendre toutes sortes de degrés dont ils seront jugés capables, « sans que toutefois ils puissent avoir jamais aucune voix délibérative qu'en la Faculté des Arts, en laquelle ils se retireront pour délibérer des affaires qui se présenteront ».

Dans la séance du 4 janvier 1626, les délibérants poussèrent plus loin la défiance. Il fut arrêté, ce jour-là, que les Oratoriens ne pourraient pas prendre de degrés en dehors de la Faculté des Arts. Ils parvinrent cependant à s'affranchir peu à peu de cet ostracisme, car on voit qu'en 1652 on leur accordait six voix dans les assemblées générales de l'Université.

La municipalité, plus bienveillante pour les Oratoriens, leur continua sa confiance en renouvelant le bail à plusieurs reprises, et leur vint en aide, toutes les fois qu'ils réclamèrent une augmentation de traitement ou de personnel. La requête que Michel Arminot, préfet du collège de Saint-Clément, lui adressa pour lui exposer la nécessité d'accroître le nombre des professeurs, est pleine de détails instructifs. Le cours de philosophie en 1653 était suivi par 160 élèves, et, à la fête de la Madeleine, la plupart avaient soutenu publiquement des épreuves qui avaient satisfait tous les auditeurs.

Ce succès ne fut probablement pas sans influence sur la résolution que prit aussitôt la Ville d'ouvrir de nouvelles classes, pour soulager les professeurs et retenir les élèves dans un établissement si bien dirigé. On voit dans le bail conclu en 1654, que les magistrats municipaux consentirent à la fondation d'un second cours de philosophie et d'un cours de théologie, moyennant une allocation annuelle de 500 livres, et, deux années après, une autre subvention de 300 livres fut encore accordée pour le traitement d'un second professeur de théologie.

On ne pouvait pas moins faire pour un collège auquel on attribuait le monopole exclusif de l'enseignement secondaire, surtout après avoir fermé la bouche à tous ceux qui se présentaient pour ouvrir des cours. Au XVIIème siècle comme au XVIème, on vit apparaître des particuliers audacieux qui tentèrent, malgré les défenses réitérées des cours de justice et de la Faculté des Arts, d'ériger chaire contre chaire, revendiquant la liberté des leçons avec opiniâtreté. Un irlandais, Richard Gybbon, ayant voulu faire un cours de philosophie, fut cité par le bedeau général de l'Université à comparaître devant le recteur et les docteurs assemblés et condamné le 30 novembre 1642 à cesser ses leçons. Il continua. Alors le procureur général de l'Université l'ajourna devant le prévôt de Nantes, juge-conservateur des privilèges de l'Université, qui lui imposa silence le 18 avril 1643.

Après quelques années d'intervalle, R. Gybbon recommença ses leçons en compagnie d'un autre irlandais, Patrice Maubrony, et tous deux ensemble se mirent à faire des classes de grammaire, de rhétorique et de philosophie. Comme ils avaient besoin d'élèves, ils accueillaient tous ceux qui venaient à eux, sans examiner leurs antécédents, et admettaient complaisamment aux cours de rhétorique ou de philosophie, ceux mêmes qui sortaient de quatrième. Chez eux, point de correction sévère. Leur école devint alors le refuge des mauvais écoliers de Saint-Clément : les fripons, les vicieux, les débauchés s'y donnaient rendez-vous, certains qu'ils auraient leur indépendance. Qu'arriva-t-il ? C'est que les élèves des Oratoriens, mal disposés, négligeaient d'étudier, parce qu'ils avaient la certitude d'être reçus chez les Irlandais ; ils devenaient insolents envers leurs maîtres, ne craignaient plus les châtiments, et à la première menace, ils quittaient le collège. Retirés chez leurs nouveaux maîtres comme dans une citadelle, ils se vengeaient de leurs anciens régents en venant faire du tapage ou en débauchant de bons écoliers. Si un fripon de l'Oratoire voulait semer le désordre dans la maison, il avertissait les insubordonnés du collège irlandais et tous ensemble armés d'épées et de bâtons, ils venaient porter le trouble dans les classes (Privilèges de l'Université, p. 10-13). Il était impossible de tolérer de semblables vexations. Dans une assemblée générale de l'Université du 7 mars 1649, défense fut signifiée aux Irlandais de continuer leurs leçons. Loin de tenir compte de cette sommation, les récalcitrants s'adjoignirent un autre maître, le sieur Benoît. Cette fois, le procureur général de l'Université déféra leur désobéissance au juge prévôt qui les condamna en les menaçant de la prison, le 10 janvier 1650. Benoît seul se retira, ses collègues Gybbon et Maubrony ne firent aucune soumission, ils feignirent seulement de se justifier en montrant une permission signée de trois docteurs en théologie et des lettres de maîtres ès-arts. On leur répondit que les théologiens n'avaient pas qualité pour délivrer des autorisations semblables et que les maîtres ès-arts ne pouvaient enseigner que dans les chaires établies dans les collèges de Saint-Jean et de Saint-Clément.

On croyait que, cette fois enfin, ces deux acharnés lutteurs rendraient les armes : on se trompait. Il existe encore trois sentences de condamnation portées contre eux : l'une du 18 mars 1650, émanant du prévôt, leur enjoint de quitter la ville et les faubourgs dans le délai d'un mois, sous peine d'être expulsés comme perturbateurs du repos public ; une autre émanant de l'Evêque, agissant en qualité de chancelier et de juge conservateur apostolique des privilèges de l'Université, à la date du 8 juillet suivant, leur interdit de tenir des écoles publiques ou particulières dans la ville de Nantes, une dernière enfin, du 21 juillet 1650, prononcée aussi par le siège de la prévôté, leur enjoint de quitter la ville immédiatement, sous peine d'être expulsés à leurs frais (Privilèges de l'Université de Nantes, p. 10-13). Il ne leur restait plus qu'à invoquer la juridiction souveraine du Parlement. Ce recours, s'ils en usèrent, ne leur fut certainement pas plus favorable que les juges de Nantes. Bien que cette querelle fût un peu longue, elle devait avoir ici sa place, elle nous peint exactement quelle était la véritable situation du corps enseignant au XVIIème siècle.

Les années qui suivirent furent consacrées à l'étude de la reconstruction des logements, car il importait de se mettre à l'abri de toute critique. Le collège de Saint-Clément, comme celui de Saint-Jean, était dans un tel état de délabrement vers 1650, qu'il devenait impossible d'y habiter, et du reste les salles ne pouvaient plus contenir le nombre toujours croissant des élèves. En étudiant les moyens de se créer des ressources, la Ville crut que la meilleure combinaison serait d'aliéner les immeubles du collège Saint-Jean et d'en appliquer le prix à l'amélioration du collège Saint-Clément. Ce plan adopté, la première pierre du nouvel édifice fut posée le 24 mars 1655 (Archives de la mairie, GG. — Voir aussi Liasses de l'Oratoire, Archives départementales, H). Pour s'acquitter envers le scholastique, on plaça au-dessus de la porte de la sixième l'inscription suivante : Schola Joannea fundata a domino Guillelmo Delaunay et translata in collegium Clementinum anno 1656.

Les travaux se poursuivirent lentement jusqu'en l'année 1678 ; néanmoins, les leçons des professeurs continuèrent avec la régularité habituelle ; nous en avons la certitude par une relation contemporaine conservée au greffe de Nantes. Le roi Louis XIV, qui ne laissait rien vivre hors de sa tutelle et rêvait sans doute de réorganiser les Universités, soumit celle de Nantes à une inspection minutieuse en 1669 (Archives du greffe, minutes de 1669). Habituée à vivre en dehors de tout contrôle et à régler elle-même sa discipline, la Faculté des Arts avait lieu d'être surprise de cette ingérence insolite [Note : Le fait n'était pas sans précédent. En enregistrant les lettres de confirmation de Charles IX, de 1564, le Parlement de Bretagne avait arrêté que deux conseillers seraient chargés de procéder à la réformation de l'Université de Nantes]. Cependant elle fit bon accueil au délégué de l'autorité royale. Le sénéchal de Nantes, Jacques Charette, chargé des fonctions de commissaire enquêteur, se rendit au collège Saint-Clément pour y questionner les régents et visiter les classes. Le procès-verbal qu'il a rédigé en cette circonstance va nous donner des détails du plus haut intérêt sur l'état de la Faculté des Arts au XVIIème siècle [Note : La Faculté des Arts au XVIIIème siècle tenait ses réunions dans la chapelle de Saint-Marc, attenante au collège].

Le délégué du roi fut reçu, le 4 juin 1669, à l'entrée du collège Saint-Clément, par le supérieur, le préfet et le professeur de théologie, qui lui montrèrent une grande cour contenant 150 pieds de longueur et 100 de largeur, autour de laquelle s'élevaient cinq classes nouvellement bâties, à savoir : la théologie, la physique, la logique, la rhétorique et la seconde ; et, à côté, une grande salle servant aux exercices publics, tels que les discussions. Les étages au-dessus des classes n'étant pas achevés, le principal ne pouvait loger aucun pensionnaire, et on voyait les fondements des constructions de deux autres classes. Quant aux bâtiments de la troisième, de la quatrième, de la cinquième et de la sixième, l'inspecteur les trouva totalement en ruines et constata que les murailles étaient « ventrues, lézardées et contreplombées ».

Lorsqu'il interrogea le principal sur la méthode suivie pour l'enseignement, il lui fut répondu que les deux professeurs de théologie faisaient leur classe l'un le matin, de huit heures et demie à dix heures, et l'autre le soir, de trois à quatre heures. Ils consacraient une demi heure à dicter les leçons d'un traité, une autre demi heure à l'explication du texte, et le reste du temps à disputer, prenant pour base de leur enseignement des traités de scholastique et la doctrine des sacrements. Le samedi était plus particulièrement consacré aux discussions.

Les élèves de logique et de physique, nommés aussi philosophes, restaient en classe deux heures le matin et deux heures l'après-midi, et leur temps se partageait de même entre la dictée, l'explication et la discussion ; cependant la dernière demi heure leur était laissée pour écrire. De quinze jours en quinze jours, ils soutenaient des thèses imprimées [Note : Le dossier de l'Université renferme encore plusieurs de ces thèses : les unes sont dédiées à Jésus enfant, d'autres à Jésus jeûnant, et toutes rédigées en latin] ; mais les grands actes solennels avaient lieu à la Saint-Marc et à la fin de l'année.

En rhétorique, les élèves étaient dirigés ainsi : de mois en mois, ils se livraient aux déclamations ; deux fois par an, ils jouaient la tragédie et expliquaient des énigmes avec affixes. Pendant la classe, qui durait deux heures le matin et deux heures le soir, le professeur expliquait ses cahiers de rhétorique et de géographie, écoutait la récitation des leçons, corrigeait les amplifications et donnait des sujets de composition. Ici, les Pères de l'Oratoire firent observer qu'ils ne partageaient pas l'opinion de ceux qui blâmaient la méthode de dicter des cahiers, car l'expérience leur démontrait que cet usage retenait les écoliers plus assidus.

Dans les classes inférieures, les élèves, après la récitation, rendaient raison de leurs leçons, les professeurs en expliquaient de nouvelles, corrigeaient et donnaient même par écrit la correction des thèmes, faisaient expliquer quelques auteurs, le plus ordinairement des historiens, et classaient de temps en temps leurs élèves selon leur mérite. Les distributions de prix publiques et particulières n'avaient lieu que rarement, parce que le collège ne recevait aucun don pour subvenir à cette coûteuse cérémonie.

Le principal ajouta que la population du collège, uniquement composée d'externes, s'élevait à onze ou douze cents élèves, ainsi répartis : 110 en théologie, venus, les uns du Comté Nantais et de la Basse-Bretagne, les autres du Poitou, de la Normandie et même de l'Irlande [Note : Ils étaient cinq Irlandais] ; 76 en physique, 164 en logique, 116 en rhétorique, 124 en seconde, 206 en troisième, 188 en quatrième, 189 en cinquième, 106 en sixième. La plupart de ces écoliers venaient des pays indiqués plus haut.

Il fallut montrer ensuite à l'inspecteur les contrats conclus avec la municipalité, de laquelle le collège recevait alors une subvention de 2.300 livres. A propos du bail de 1654, le principal fit remarquer que le prix des vivres ayant presque augmenté de moitié depuis 1625, la Ville leur avait permis de lever quatre sous par mois sur chaque élève, au lieu de deux, pour le droit du portier, et qu'ils retiraient de cette taxe douze ou quinze cents livres, au plus [Note : Cette somme était employée à l'entretien du matériel du collège]. La modicité de ce revenu provenait de ce que, les théologiens ne payant rien, les élèves des hautes classes s'autorisaient de leur exemple pour refuser leurs deniers, et de ce que les élèves des basses classes étaient généralement pauvres, dit le rapport.

Tous les samedis, à l'issue de la classe du soir, les élèves de troisième, de seconde et au-dessus, s'assemblaient pour entendre une exhortation pieuse, et le dimanche matin ils assistaient à la messe, après avoir récité les heures de Notre-Dame. Le catéchisme se faisait aussi le samedi.

Le 8 juin, le commissaire enquêteur rassembla le recteur de l'Université, le grand vicaire de l'évêque chancelier, maître Giraud, Pierre Poullain, Jean Fouchard, docteur, régents de la Faculté des droits civil et canon, avec quelques membres des autres Facultés, et fit comparaître devant eux le préfet de l'Oratoire, accompagné de quelques professeurs, pour connaître leur opinion sur les réformes jugées nécessaires. Ceux-ci exposèrent qu'ils croyaient leur méthode d'enseignement « très utile et bonne », mais ils reconnurent qu'elle était susceptible d'être améliorée. Suivant leur avis, la réforme des méthodes devait s'étendre à tous les collèges, à cause des communications qui les liaient les uns aux autres. Ils proposèrent de retrancher les questions qui ne sont « que de pures chicanes sans avoir rapport aux autres sciences ou de mathématique ou de théologie, » et de bannir des cours de théologie les vaines et subtiles discussions qu'on avait l'habitude de mêler à l'interprétation des vérités de la religion.

Quant aux humanités, il leur paraît désirable que les éléments de la langue latine soient mis à la portée des commençants, dans des manuels écrits en français, et plus clairs que la grammaire de Despautère, d'autant que ce livre ne fait qu'embarrasser les enfants [Note : Despautère est un grammairien flamand du XVIème siècle. Sa grammaire était d'un usage général dans les écoles de France, malgré ses imperfections. Elle faisait le supplice des écoliers. A Rennes, on se servait au XVIIème siècle du livre de Donat, grammairien du IVème siècle, précepteur de saint Jérôme. Son titre était : De octo partibus orationis].

« Et afin de bien enseigner la jeunesse, il seroit nécessaire d'establir une bonne discipline, de retrancher le trop grand nombre, comme quantité de paisants qui viennent de la campagne, qui seroient plus propres à aprendre des mestiers ou à labourer la terre ou dans le comerce que aux estudes, attendu le peu de disposition qu'ils ont, et pour cet effect, après que lesdits révérends pères auroient jugé du peu de disposition qu'ont ces sortes d'escoliers pour l'estude et fait advertir les parans de les retirer du collège, et en deffault de le fere, ils en donneront avis au séneschal de la ville qui les feroit sortir. Mais d'autant que l'on peult objecter que lesdits escoliers estudient pour estre prestres à la campagne, il seroit à désirer que MM. les évêques y donnassent ordre, afin d'empescher les plaintes des recteurs des paroisses. Et à l'égard de la discipline, qu'il feust absolument deffandu à tous les escoliers, de quelque condition qu'ils puissent être, de porter aucunes espées pendant le temps qu'ils sont aux estudes » [Note : Cet abus existait encore sous Louis XV].

La gent écolière n'a jamais été facile à gouverner ; elle était d'autant plus rebelle, à cette époque, qu'on lui accordait des privilèges trop étendus pour ne pas exciter son insolence. En matière de discipline, l'autorité des régents n'allait pas très loin, surtout envers les externes, puisqu'ils ne pouvaient expulser les insubordonnés sans une sentence du juge prévôt. Avant de recourir à cette extrémité, ils épuisaient tous les genres d'avertissements, mais souvent sans succès, comme le prouve la requête suivante :

A Monsieur le prévost de Nantes, juge conservateur de l'Université de Nantes.

« Supplient humblement les révérends pères de l'Oratoire de Nantes et messire Charles Gaultier, prêtre, l'un d'yceux, régent de la classe de logique ;

Disant que, quoyqu'ils tâchent avecq douceur de tenir en leurs debvoirs tous leurs escolliers en chacune classe, cependant quelque soing qu'ils ayent pris pour régler les moeurs et mauvais comportements de René Pigeon, l'un de leurs escolliers de logique, lequel quelque remontrance que les suppliants lui ayent peu faire, ne l'ont jamais peu empêcher depuis les deux ans derniers de faire des désordres dans les classes ;

Entr'autres lorsque le régent explique et dicte à tous les escolliers de la classe pour les instruire, ledit Pigeon se plaist à parler et empescher que les autres escolliers n'entendent. Et lorsque le régent veult imposer sillence, ledit Pigeon lui profère des injures, l'appellent b... c... et autres, et qu'il aille .... etc. 

Et encore le jour d'hier, le père préfet étant venu en classe dire audit Pigeon qu'il en eust sorty, attendu son insollence, ce qu'il auroit reffusé et se seroit mis à se mocquer. Et comme le procédé dudit Pigeon donne mauvais exemple aux autres escolliers, qu'il peut en attirer d'autres à son parti et les corrompre, il est de la dernière conséquence d'y apporter au plustôt les ordres nécessaires ; pourquoi ils requièrent, etc .. » [Note : Elle est en date de 1678].

Les Oratoriens n'avaient-ils pas raison de demander la réforme d'une discipline qui les obligeait à déployer tant de cérémonie et tant de formes de procédure pour se débarrasser d'un écolier impertinent et grossier ?

Les jeunes gens ont été les mêmes à toutes les époques, dans tous les pays ; ceux qui venaient étudier à Nantes, de Quimper, de Poitiers, du Mans, de La Rochelle, au temps de Louis XIV, n'étaient pas moins tapageurs que ceux du temps de saint Louis, les moindres prétextes leur étaient bons pour exciter des disputes et remplir les rues de leurs rixes bruyantes. Ils se réunissaient par province, pour constituer des groupes qu'ils nommaient nations, élisaient des officiers, appelés comtes ou prieurs, et quand un nouvel arrivant se présentait, il était obligé de payer sa bienvenue, bon gré mal gré. Aux jours de fête et d'examen, les camarades d'une même classe se donnaient rendez-vous dans les tavernes, et leurs banquets se terminaient souvent par des scènes scandaleuses. Tous ces faits leur sont reprochés dans une sentence du prévôt de Nantes, du 29 novembre 1649, qui qualifie leurs assemblées d'illicites et ordonne aux étudiants de rompre avec tous ces usages (Privilège de la Faculté des Arts, p. 46). Une autre sentence de la même année les accuse d'abus non moins graves. On en voyait qui se permettaient de choisir eux-mêmes leur classe et qui se glissaient sur les bancs à l'insu du professeur. Le juge les rappela à l'ordre en leur défendant d'entrer dans une classe sans produire un billet signé du préfet des études (Privilège de la Faculté des Arts, p. 48).

La plupart de ces étudiants vivaient, dans des pensions particulières, qu'on nommait pédagogies, et sur lesquelles les Oratoriens, comme membres de la Faculté des Arts, exerçaient un droit de contrôle. De tout temps, ces établissements avaient été soumis à des règles qui empêchaient le premier venu de prendre l'enseigne lucrative de maître de pension. Quiconque voulait s'intituler pédagogue était tenu d'expliquer quelques textes grecs ou latins, de répondre sur les principes de ces deux langues et de connaître la prosodie. La surveillance s'étant relâchée au commencement du XVIIème siècle, on vit une quantité de particuliers qui osèrent ouvrir des pensions sans avoir appris un mot de latin, ou sans avoir poursuivi leurs études jusqu'au grec. Les sous-maîtres qu'ils s'adjoignirent, pour mieux tromper les parents, ne furent pas plus lettrés et les enfants manquèrent de répétiteurs éclairés. Certains hôteliers ne firent pas difficulté de recevoir des jeunes gens, et ce qui se passa alors nous explique la plainte suivante : « Certaines  maisons de pensions, dit un juge, avaient plutôt l'apparence de breland et de cabaret que de séminaires d'écoliers : c'étaient jeux et banquets continuels » (Privilège de la Faculté des Arts, p. 27 et 28).

Ailleurs, c'était un autre désordre : tous les maux que peut engendrer une concurrence effrénée s'étalèrent au grand jour. La ville était remplie de maîtres sans vergogne qui ne craignaient pas d'employer tous les artifices pour attirer à eux les écoliers, même au prix des promesses les plus contraires à la discipline. Ceux qui étaient les moins répréhensibles avaient encore le tort de recevoir plus de pensionnaires qu'ils n'en pouvaient diriger ; ils traînaient après eux de longues bandes d'écoliers, qui formaient autant de camps opposés que d'établissements, entraient en querelle au moindre propos et se prenaient aux cheveux à chaque sortie de classe. Le juge de police informé de tous ces faits, en juillet 1650, défendit aux pédagogues d'accepter chez eux plus de sept pensionnaires, de les laisser promener le jour et la nuit avec des armes ou autrement, sous peine de 300 livres d'amende, et tout cabaretier eut l'ordre de ne plus loger d'étudiants. Le 11 novembre suivant, une sentence du prévôt avertit aussi les pédagogues et les sous-maîtres employés chez eux qu'ils devaient tous se présenter devant la Faculté des Arts pour répondre aux examens d'usage (Privilège de la Faculté des Arts, p. 27 et 28).

Les directeurs de collège avaient intérêt à ce que ces prescriptions fussent observées, car une licence sans bornes aurait infailliblement paralysé le progrès des études et réduit à néant les bénéfices qu'ils retiraient de leur internat ; aussi leur vigilance était-elle attentive à signaler les réfractaires. A la fin du bail conclu en 1664, les Pères de l'Oratoire remontrèrent au Conseil de Ville que depuis l'année 1625, ils n'avaient pas cessé de diriger leur collège avec zèle et succès, qu'ils avaient montré en toutes circonstances un dévouement sincère à leurs fonctions et qu'ils étaient tout prêts à contracter un engagement à perpétuité aux conditions qui leur avaient été imposées auparavant. Reconnaissants des services qu'avait rendus la Congrégation, le maire et les échevins de Nantes, après en avoir délibéré, signèrent, le 5 février 1672, un traité en vertu duquel les Oratoriens devenaient propriétaires de l'immeuble de Saint-Clément (Fonds de l'Oratoire -  Archives départementales, H). Il est convenu, dans ce contrat, que les clauses du dernier bail sont maintenues, que la mairie ne se dessaisit pas de son droit de surveillance et de police dans la maison, que les Oratoriens continueront d'inviter les magistrats municipaux à la harangue du jour de la Saint-Martin et aux autres exercices publics, qu'ils rédigeront les programmes nécessaires pour la réception de chaque maire, enfin que les grosses réparations des bâtiments seront à la charge de la Ville.

Il faut croire que les installations intérieures du collège, l'économat, les dortoirs, la nourriture et tout ce qui regarde le pensionnat furent très négligés, car nous voyons renaître encore au XVIIIème siècle le goût des pensions particulières et les familles s'empressent d'envoyer leurs enfants chez des pédagogues. Forts de la préférence qu'on leur accordait, ceux-ci se multipliaient dans tous les quartiers et prétendaient enseigner en dehors de tout contrôle, sans s'arrêter aux défenses portées dans les règlements. Le nombre des récalcitrants devint si considérable qu'il fallut invoquer l'assistance du Parlement de la province. Un arrêt du 10 juillet 1752 remettant en vigueur les anciennes dispositions relatives à la police des études, autorisa les Oratoriens à faire des visites dans les pédagogies, défendit à tous les maîtres de donner des répétitions de grammaire et de philosophie sans avoir subi un examen devant la Faculté des Arts et de recevoir chez eux les élèves chassés du collège. Un des articles ordonnait de conduire les écoliers à l'Oratoire, dès qu'ils seraient en état d'en suivre les leçons, à moins que la volonté des parents s'y opposât. A l'aide de cette dernière réserve les pensions particulières s'émancipèrent et retinrent un grand nombre d'élèves, saisissant tous les prétextes pour éluder les règlements. L'Oratoire avait affaire à des rivaux qui ne battaient pas facilement en retraite : il ne fallut pas moins de trois arrêts pour les réduire à l'obéissance (Archives d'Ille-et-Vilaine, C 1315). Le dernier, celui du 9 mai 1757, porte que les maîtres pourvus de lettres de maîtres ès-arts obtiendront seuls la permission de tenir école de répétition et que pas un maître nouveau ne sera admis aux épreuves, avant que le nombre des titulaires ne soit réduit à 20. Cette bataille ne fut pas la dernière : les partisans de la liberté d'enseignement ne s'apaisèrent que le jour où ils purent entamer le monopole des Oratoriens. Il n'était pas possible que les pédagogues se résignassent longtemps à remplir simplement le rôle de répétiteurs ; du moment qu'on exigeait d'eux un diplôme de maître, ils devaient inévitablement prétendre à s'élever au rôle de professeur et c'est ce qui arriva.

Ces vingt pédagogues, autorisés par le Parlement, devinrent peu à peu des maîtres de pension chez lesquels des élèves eurent la faculté de faire une grande partie de leurs humanités. Les étudiants qui sortirent de leurs mains furent de bons latinistes, peut-être, mais on s'aperçut bien vite qu'ils lisaient trop assidûment les ouvrages de l'école philosophique et sensualiste à la mode. L'Evêque de Nantes, dans une lettre de 1777, ne dissimule pas les inquiétudes que lui causent les doctrines prônées dans les collèges libres et se plaint de la mauvaise éducation qu'y reçoit la Jeunesse (Archives d’Ille-et-Vilaine, C 87).

Atteints dans leurs intérêts par la concurrence de leurs rivaux, les Oratoriens avaient besoin, plus que jamais, de la dotation de 2.300 livres, qui leur était servie par la Ville, il est même établi qu'elle était loin de suffire à l'entretien des douze prêtres qui se partageaient la direction de la maison. Vers 1754, les professeurs exposèrent leur détresse dans un mémoire qui fut envoyé à la Cour. Après avoir pris connaissance de leurs raisons, le Contrôleur général fit écrire par l'Intendant à la municipalité, que le Roi était tout disposé à ratifier la délibération qui porterait à 4.250 livres la pension ordinaire de l'Oratoire. Cette somme fut portée au compte de 1756 et y demeura jusqu'en 1789 (Archives départementales de la Loire-Inférieure, C, liasse de l'instruction. Archives d'Ille-et-Vilaine, C 58). Un autre fonds de 400 livres fut également voté par la Ville à partir de 1783, pour payer la dépense des livres de prix. Avant cette date, les frais de la distribution étaient couverts au moyen d'une contribution payée par les élèves eux-mêmes. La question des réparations vint ensuite. Dès cette époque, chaque imputation de crédit au budget municipal amenait des explications ; l'Intendant de la province, résidant à Rennes, les provoquait toujours quand elles ne lui parvenaient pas claires et précises. La correspondance que lui adressa son subdélégué à Nantes, M. Ballais, au sujet de la subvention du collège, est curieuse, elle retrace ce qu'on pensait à Nantes des Oratoriens.

On les accusait en général de relâchement ; ceux-ci se justifiaient en disant qu'ils étaient rebutés par le mauvais vouloir de la Ville. Les toits à demi découverts rendaient inhabitables, en temps de pluie, les chambres des pensionnaires, les portes et les croisées étaient presque toutes à renouveler, en un mot, tout annonçait un délabrement complet, qui éloignait les élèves et refroidissait le zèle des professeurs.

« Cette espèce de délaissement auquel le collège semble avoir été condamné depuis quelques années, dit l'abbé  Latyl, supérieur, n'a pas peu contribué à discréditer le collège dans le public ; il n'a que trop favorisé des préjugés injustes ou des systèmes particuliers d'éducation, qui, multipliés à Nantes plus qu'ailleurs, malgré leur absurdité et leur peu de succès, anéantissent peu à peu l'éducation publique et préparent le malheur de la génération prochaine en la dévouant à l'ignorance et à la frivolité » (Lettre du 12 octobre 1787. – Archives départementales, C, instruction).

« Ce n'est pas le mauvais état du collège, répond le subdélégué, qui en empêche la fréquentation, les classes ont été réparées en 1786, c'est la mauvaise éducation qu'on y reçoit par la négligence et la frivolité de ceux qui le dirigent. Les pères sont forcés d'envoyer leurs enfants à Tyron, à Sorèze et à la Flèche pour recevoir des principes qu'il serait bien moins coûteux de leur faire prendre sous leurs yeux, si la conduite des Oratoriens pouvait inspirer quelque confiance » (Lettre du 1er janvier 1788. – Archives départementales, C, instruction).

Le même magistrat dit dans une autre lettre « on n'a pas d'autre reproche à faire aux Oratoriens qui tiennent le collège de Nantes, que celui d'une extrême dissipation, toujours à la promenade ou dans les cercles, les heures qu'ils sont obligés de passer en classe, sont pour eux des moments d'ennui et de dégoût dont les leçons se ressentent. L'esprit et le goût du monde, qui ont toujours régné à l'Oratoire de Nantes, ont rendu son collège très faible dans tous les temps, et aujourd'hui les parents qui veulent que leurs enfants reçoivent une éducation moins négligée les envoient ailleurs » (Lettre du 27 janvier 1788. – Archives départementales, C, instruction).

La conduite que tinrent les Oratoriens pendant les événements de la Révolution vint bientôt confirmer le jugement que le subdélégué osait porter sur eux. Il est avéré que la plupart des membres de cette congrégation n'ont pas reculé devant l'apostasie et se sont empressés de quitter l'habit ecclésiastique pour se glisser dans les fonctions publiques. Fouché, le plus connu d'entre eux, après avoir été préfet des études, accepta le poste de principal quand le supérieur Latyl fut nommé député à la Constituante. Il présenta un règlement intérieur qui fut accepté le 8 décembre 1791, mais il eut beaucoup de peine à l'appliquer. Dans une lettre qu'il adressa à la Mairie le 27 juillet 1792, il se plaint que sa congrégation a perdu toute autorité, qu'il n'y a plus de cohésion dans le personnel enseignant, que les traitements ne sont plus servis régulièrement et que l'insubordination se manifeste de toutes parts (Archives départementales, série L, instruction). Pour 95 élèves instruits au collège, Fouché déclare que la liste de ses collègues comprend deux préfets de pension, un économe, un bibliothécaire, deux professeurs de philosophie, un de rhétorique, un de seconde, un de troisième, un de quatrième, un de cinquième, un de sixième, et un suppléant.

Ce corps n'avait plus que l'apparence de la vie, sa dissolution approchait. Les scellés furent mis sur les meubles et les chambres, en novembre 1792 ; les sept derniers professeurs se dispersèrent au mois de décembre, après avoir emporté ce qui était à leur usage personnel ; au mois d'août 1793, l'église fut donnée au Commissaire des guerres, pour en faire un magasin à fourrages, et le collège fut mis à la disposition du directeur des hôpitaux, le 30 octobre 1793 (Liasse des Inventaires.— Carton du district de Nantes, 1792, et registre de l'administration centrale).

Nantes : collège de l'Oratoire.

 

PIÈCES JUSTIFICATIVES.

RÈGLEMENT INTÉRIEUR ADOPTÉ POUR LE COLLÈGE DE L'ORATOIRE EN JUILLET 1650.

1° Considérez la culture des lettres comme un vain exercice pour ceux qui n'adorent pas Dieu, et invoquez sans cesse le secours du Tout-Puissant.

2° Assistez tous les jours à la messe en tenant un livre de prières à la main.

3° Confessez-vous tous les mois et communiez si vous en avez la permission.

4° Honorez vos maîtres comme vos parents, parce que leurs efforts pour former vos esprits sont une véritable paternité. Obéissez-leur avec joie et empressement.

5° Ne donnez jamais de nom injurieux à vos camarades, ne leur reprochez pas leurs difformités naturelles, ne les frappez pas.

6° Quand le signal vous appelle à la classe, rendez-vous à votre place modestement, de même que quand vous entrez au collège, joignez-vous à votre section, à votre décurie et quand vient la demi-heure accordée entre chaque leçon, ne perdez pas votre temps à des bagatelles et à des puérilités, mais employez-le à réciter vos leçons au décurion.

7° Que le décurion arrive en classe avant l'heure, qu'il n'excuse pas plus de trois fois ceux qui réciteront mal leurs leçons. Qu'il examine l'encrier et la boîte qui doit contenir trois plumes. Il sera puni par le maître s'il remplit mal son office.

8° Dans l'enceinte du collège, les élèves de quatrième et des classes supérieures doivent parler latin.

9° Il ne faut pas troubler le maître par des chuchottements, mais au contraire écouter attentivement ses explications.

10° Il faut s'abstenir de toute inscription et de tout dessin sur les murs, sur les tables, sur les bancs, sur les portes et les fenêtres.

11° Que personne ne sorte du collège sans la permission du maître, et quand il doit faire une absence, que l'élève avertisse le Préfet (Privilèges de la Faculté des Arts, p. 33).

 

DISTRIBUTION DU TEMPS adoptée aux collèges Saint-Clément, Saint-Jean et dans les autres pédagogies de Nantes.

Le lever est à 5 heures du matin. Tous les élèves rendent grâces à Dieu et récitent la salutation angélique en s'habillant.

De 5 heures 1/2 à 6 heures 3/4, on reste à l'étude. (Au collège Saint-Jean et dans les pédagogies, on récite les leçons à 6 heures 1/2, on déjeune et on se rend au collège).

A l'Oratoire, on va déjeuner à 7 heures moins un quart, à 7 heures on récite les leçons et on corrige les devoirs.

A 7 heures 1/2, on va en classe avec le précepteur. Les rhétoriciens rendent compte de leur étude à leur maître et à 8 heures ils vont en classe.

A 10 heures, on va à l'église entendre la messe.

A 10 heures 1/2, la cloche annonce le dîner et l'on se rend au réfectoire et après le repas a lieu la récréation. Il est défendu de jouer aux jeux de hasard et de se livrer aux exercices dangereux.

A midi on entre en étude.

Un quart d'heure avant la cloche de la classe du soir on goûte. Dans le collège Saint-Jean et dans les pédagogies, on récite à ce moment les leçons, on goûte et on se rend au collège.

Au premier signal de la classe du soir, un récite sa leçon ou on apporte son devoir au maître, ensuite on l'accompagne à la classe. Les élèves de la classe de rhétorique font comme le matin, et après la classe ils rentrent dans leur chambre ou dans la salle commune [Note : Chaque pensionnaire avait sa chambre. (Règlement de 1756. Archives de la Mairie, GG)]. 

A 6 heures après la salutation angélique, on va au réfectoire prendre son souper et la récréation a lieu ensuite après le repas.

A 7 heures 1/2 on reprend ses livres en main et un peu avant 8 heures 1/2 on repasse toutes les leçons de la journée. Au collège Saint-Jean et dans les pédagogies on corrige les devoirs de 8 heures à 8 heures 1/2.

A 8 heures 1/2 a lieu la prière du soir, après laquelle on va se coucher.

 

Autres règles à suivre dictées en 1650.

Parlez toujours latin.

N'entrez pas dans les études, dans les classes, dans les chambres sans la permission du maître.

Ne nourrissez pas d'oiseaux, de vers à soie ou d'autres bêtes.

Ne sortez pas du collège sans la permission du professeur et quand vous êtes externe ne couchez pas, ne mangez pas, ne prenez aucune nourriture en dehors de votre pension.

Ne causez pas avec les étrangers, et n'écrivez à personne sans la permission de votre maître.

Ne riez pas au lit, ne badinez pas, et quand vous vous levez et quand vous vous couchez, ne vous montrez pas déshabillé.

Les jours de sortie saluez les prêtres, les religieux, les magistrats que vous rencontrez. N'achetez pas de saucisson, de gâteaux et de fruits (Privilèges de la Faculté des Arts, p. 34 et 35).

 

LISTE DES MEMBRES DE LA CONGRÉGATION DE L’ORATOIRE DE NANTES.

SUPÉRIEURS DU XVIIème SIÈCLE.

Drouyn (Bonaventure).

Delorme (Louis).

Martin (Jacques).

Bossé.

Perrin.

Martin (Jean).

Baron (Simon).

Aucher (Antoine).

Hébert.

Saint-Germain (Robert de).

Souard (Claude).

Allard.

Chartier.

Féret (Gabriel).

Gérard (Etienne).

Robineau (Jean).

Floriot (André).

Perrée (Jean).

Chancelier (Louis).

Meray (Jean).

 

SUPÉRIEURS DU XVIIIème SIÈCLE.

Thyas (Antoine).

Lefebvre (Etienne).

De la Place (Jean).

Valory (de).

Fremon (Louis).

Lelarge de Lignac (Joseph-Alb.).

Cosnard du Tilly (Henri).

Giraud (Jérôme-Marie).

Farcy de la Dagrie (Jacques).

Ledoulx de Monceaux (Jean-Claude).

Lebreton de la Barbonnière (Julien).

Le Loyer.

Begulle de la Roche.

Bernard de la Tourette (Pierre).

Duvivier.

Isnard (Joseph).

Gassaud (Louis).

Latyl (Jean-Paul-Marie-Anne).

Fouché (Joseph).

Noyer (Pierre), principal provisoire.

 

PROFESSEURS DE L'ORATOIRE.

XVIIème SIÈCLE.

Bréard (Robert). Morieult (R.). Percheron (P.). Bonnet (L.). Perrin (Jean). Jossan (Jean). Sérard (François). Coquerie (P. de la). Vidal (P.). Thorentier (J.). Richerot (René). Dorron (Charles). Poncet (Claude). Sainte-Marthe (Abel-Louis). Renaud (François). Mercyé (Jean). Varin (Emm.). Leblanc (Jean). Leroy (Daniel). Doucet (Jean).

XVIIIème SIÈCLE.

Péan (Michel). Bossé (René). Galipaud. Sauvage, préfet. Hubert. Remillot. Geoffroy. Gauthier. Lamarque (de). Levassor. Duvernet (Joseph). Bonfils (Pierre). Lignac (Adrien de). Thibeaudeau (Hilaire). Chevrière (Bonaventure de la). Roure (Jacques-Hyacinthe). Romain (Jacques). Crenier (René-Nicolas). Giraud (Joseph). Durif. Petit. Mouchet. Londiveau (Julien). Lenoble. Ruelle (Claude). Biscarat (Denis). Bourdin du Branday (François). Faye (François). Lachaud (Joseph). Chevas (Pierre). Duperret (Gabriel).

L. Maître.

 Ville de Nantes Voir L'enseignement au collège de l'Oratoire de Nantes à la fin du XVIIIème siècle.

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