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L'ENSEIGNEMENT
AU COLLÈGE DE L'ORATOIRE DE NANTES

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NOTES SUR L'ENSEIGNEMENT AU COLLÈGE DE L'ORATOIRE DE NANTES à la fin du XVIIIème siècle.

Au moment où la question du « surmenage scolaire » a ramené l'attention sur tout ce qui a trait à l'Enseignement, il nous a paru assez curieux et intéressant à la fois de retracer en quelques pages les aspects que présentait l'Enseignement, une quarantaine d'années avant la Révolution, dans l'un des collèges les plus réputés et les plus vénérables de Bretagne.

Nantes : collège de l'Oratoire.

Le collège de l'Oratoire [Note : Cf. Les détails dans Léon Maître, L'Instruction publique dans les villes et les campagnes du comté nantais avant 1789, Nantes, 1882, p. 159 et sqq.], établi, en effet, à Nantes dans l'ancien collège de Saint-Clément (fondé en 1557) avait eu, depuis un bail de 1625 avec la Ville, le monopole de l'enseignement secondaire dans la cité, ce qui avait provoqué quelques contestations en 1642 et 1650 de la part des professeurs particuliers, sans parler des pédagogues. Devenus maîtres de la Faculté des Arts, en 1625, après de sérieuses difficultés pour s'y faire agréger, les Oratoriens avaient relevé au début du XVIIème siècle la Faculté de Théologie tombée en décadence à la fin du XVIème siècle. Mais le XVIIIème siècle ne devait pas être aussi brillant : vers 1754 éclata une grande détresse financière, puis, en 1787, des accusations de relâchement dans l'enseignement seront portées contre l'Oratoire de Nantes.

Le cadre monumental [Note : D'après le plan manuscrit n° 1518 de la Bibl. mun. de Nantes et Alfred Rouxeau, Laënnec avant 1806, Paris, 1912, p. 36] du collège, qui s'élevait derrière la cathédrale, le long du cours des Etats et de la place Foch actuelle était le suivant : un assez vaste quadrilatère de bâtiments avec une belle façade enchâssant la chapelle (vers 1930, les Archives départementales) et avec un beau jardin à la française.

Quel enseignement y donnait-on et de quelle manière ? Tel est le sujet de notre étude très sommaire.

I. — Enseignement proprement dit.

Ce sont deux palmarès en latin sous forme d'affiches, pour les années 1766 et 1769, qui nous renseignent principalement sur l'Enseignement secondaire de l'époque.

§ 1. — ENSEIGNEMENT SECONDAIRE.
Donné, semble-t-il, comme auparavant, par un seul professeur dans chaque classe, cet enseignement est réparti en sept classes, de la Septième à la Rhétorique, sans aucune subdivision, selon la tradition du moment.

En Rhétorique, les élèves apprennent l'Amplification, l'Interprétation, le Discours concis, le Discours grec et font des exercices de Mémoire au lieu des Déclamations, par intermittence, de la Rhétorique, de la Géographie et des Amplifications qui figuraient seules au programme vers le milieu du XVIIème siècle.

L'enseignement de la Seconde à la fin du XVIIIème siècle est identique à celui de la Rhétorique, excepté l'Amplification. Le palmarès de 1766 atteste qu'à ce moment le Discours libre est en honneur, niais les Fables remplacent ce dernier en 1769.

Le programme de la Troisième ne diffère pas de celui de la Seconde en 1766.

En Quatrième, on n'enseigne plus que le Discours libre, l'Interprétation et la Mémoire, alors qu'en 1791-1792, les études (Cf. A. Rouxeau, op. cit., p. 37) porteront sur la Religion, la Constitution, la géographie de l'Afrique, l'Histoire romaine, l'Orthographe, les principes du français et du latin, les éléments de versification latine.

Quant à la Cinquième, à la Sixième et à la Septième, le Discours libre et la Mémoire y sont les seules matières profesées. Toutefois, en 1769, l'Histoire est ajouté à l'enseignement de la Septième.

§ 2. — ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR.
L'enseignement supérieur, en pleine décadence à l'Oratoire de Nantes, ne comprend jusqu'en 1765 que deux classes : celle de Théologie et celle de Physique et Logique ou Philosophie, puis cette dernière exclusivement.

Vers 1669 et postérieurement, semble-l-il, en Physique et Logique, les élèves employaient leur temps à la Dictée, à l'Explication, à la Discussion et aux soutenances de thèses dont nous reparlerons, sans compter, au XVIIIème siècle, quelques rares exercices de physique.

Mais la Faculté des Arts de l'Université de Nantes se trouve dans une telle décrépitude, qu'en fait, il n'est plus nécessaire de poursuivre des études en vue du baccalauréat, de la licence et du doctorat ès-Arts. La qualité de membre de l'Oratoire de Nantes donne à son titulaire, sans aucun obstacle, les droits et prérogatives attachés à ces diplômes. Toutefois, en 1765, les maîtres ès-Arts obligent les Oratoriens à élargir un peu le cadre de ceux qui composent la Faculté des Arts [Note : Il est à peine besoin de rappeler qu'avant la Révolution toute personne munie au moins de la maîtrise avait le droit de se faire agréger, sous certaines conditions d'honorabilité, à la Faculté dans l'ordre de laquelle elle avait conquis ses diplômes et, aussitôt, elle faisait partie du cadre enseignant de la dite faculté].

Les classes de Théologie ne sont plus qu'une ombre, par suite de la concurrence du séminaire diocésain libéré de toute entrave [Note : Cf. dans L. Maître, op. cit., p. 245-249, les principaux épisodes de la lutte entre l'Oratoire de Nantes et le Séminaire diocésain qui ne put s'établir à Nantes qu'en 1670, avec certaines restrictions, puis obtint la liberté complète de son enseignement en 1722] et dont les cours sont seuls valables au regard de l'autorité ecclésiastique, car la question du Jansénisme étant très en honneur à l'Oratoire de Nantes, Mgr de la Muzanchère a voulu soustraire ses séminaristes à l'emprise de cette doctrine [Note : A propos du Jansénisme à Nantes et des résistances de l'Oratoire à la bulle Unigenitus, etc..., se reporter à M. Bachelier, Le Jansénisme à Nantes de 1714 à 1728]. Aussi, en 1765, les Oratoriens sont-ils obligés de renoncer définitivement à enseigner la Théologie dont les cours avaient été dédoublés, de 1653 à 1716. Le Séminaire diocésain et surtout le Séminaire irlandais installé, en 1765 même, au Manoir de la Touche profitent de cette nouvelle situation.

Connue on le voit, les Humanités à la fin du XVIIIème siècle sont en honneur à l'Oratoire de Nantes et aucune place importante ne semble réservée aux sciences. Quant à l'enseignement sans latin, il est superflu d'indiquer qu'on l'ignore.

 

II. — Personnel enseignant.

Les noms et qualités des professeurs plus ou moins remarquables de l'Oratoire de Nantes nous sont connus, grâce aux « Etrennes nantaises » de 1757 à 1788. Malgré la sécheresse d'une assez longue énumération de noms et de dates, nous ne croyons devoir en omettre aucun, car, avec le supérieur et le préfet, tous les professeurs jusqu'à la Sixième composent, on le sait, la Faculté des Arts de Nantes.

Sont successivement supérieurs [Note : De 1761 à 1764. Il ne semble pas y avoir eu de supérieur à moins que ce ne fut Le Loyer indiqué par M. Léon Maître, op. cit., p. 188] :

Le Doux de Monceaux (1757).
(Lebreton) de la Barbonnière (1758-1760).
Le Loyer (1761-1764 ?, prof. Physique 1757-1758).
Begulle de la Roche (1765-1769).
Bernard de la Tourette (1769-1773, prof. Phys. 1767- 1768).
Servant, du Vivier (1774-1777).
Isnard (1778-1781, prof. 1776)
Gaffaud (1782-1786).
Latyl (1787-1791).

Le poste de Préfet est occupé pendant le même temps par :

De la Borde (1757-1760).
Olliver (1761-1763, prof. 1757- 1758, 1760).
Durif (1764-1767, 1769-1778, 1780-1784).
Mercier (1768, prof. 1757-1767).
Londiveau (1779, prof. 1772-1778).
Tardif (1786-1788).

Les professeurs de Physique et de Logique permutent, entre eux presque tous les ans. Voici leurs noms :

Fortier (1757).
Arnauld (1758-1763).
Fen (1759-1760).
Rousseau (1761-1762).
Conigut (1764, rhéto 1765).
Boyals (1765).
Cournant (1769, rhéto 1768).
D'Anjou des Molières (1769- 1770).
Ferré (1770-1772).
Telmon (1772-1773).
Codet (1773-1777).
Roman (1774-1777, rhéto 1771-1772).
Blanchard (1778-1781).
Oudet (1778-1779).
Mouchet (1780-1784).
Budan (1782-1784, autre classe 1780-1781).
Besile (1786-1787).
Foulard (1786-1787).
De l'Etoille (1788-1790).
Mollet de la Barre (1788).

Dans toutes les autres classes, les professeurs changent de cours chaque année, de manière à suivre leurs élèves autant que possible ; mais, en 1764 et surtout en 1767, 1786 et 1788, le personnel enseignant est presque entièrement renouvelé. Nous en ignorons la cause. Au surplus, les professeurs en général, ne restent pas longtemps au collège nantais. De 1757 au moins à 1767, les professeurs de la Troisième à la Sixième et, de 1762 à 1767, ceux de la Seconde sont appelés régents.

Pour éviter la multiplicité des dates nous pensons préférable de se borner à la liste suivante [Note :  La présente liste a pour but de suppléer aux lacunes très nombreuses de la liste dressée par M. L. Maître, op cit. p. 189] par ordre chronologique sans tenir compte de la classe, depuis la Rhétorique jusqu'à la Sixième.

Bodin (1757). Du Vergé (1757-1759). Le Bourdais de Chassily (1757-1758). Jailliant (1757-1761). Limonnas (1758-1762). Le Moine (1759, 1763-1765). Pralon (1759-1764). Nivoy (1760-1763, 1765). Garnier (1761-1763). Heron (1762-1763). Papon (1763-1764). Calvet (1764-1765). Betaulaud du Drut (1764-1766, 1774-1775). Baland (1764-1765). Ysouart de Lisle (1767). Le Roux (1767). Hevillard (1767-1770). Petiot de Poincy (1767-1770). Poly (1767-1768). Chapelet (1767). Tabaraut (1768-1776). Oudin (1769-1770). Villier (1769). Bergasse (1769). Erpel (1770-1772, 1779). Doué (1770-1771, 1773-1776). Rouve (1771). Blanche (1771-1773). Cousinerie (1772). Duchemin (1772-1774). Robert de la Revol (1773-1776). Dupuy de la Barthe (1773). Ernel (1774). Brondeau (1775). Menc (1775). Duvaublin (1776). Perès (1776-1777). Herbert (1777-1779). Venières (1777-1778). Crenière (1777-1780). Foisy (1777). Besançon (1778). De l'Hopital de Belestat (1778). Paris (1779). Brizard (1779). Sourbieux (1780-1781). Outier (1780-1782). Guillebaut (1780-1783). Le Chanteur (1781-1782). Chamoulaud (1781). Lefebvre (1782-1783). Ferret (1782-1783). Coiffet (1782-1783). Boety (1783). Suavin (1783-1788). D'Haumiers (1783-1784). Bouveron (1784). Salomon (1784). Grafteaux (1784-1787). Billard (1786). Mercier (1786-1787). Attanoux (1786-1787). Begât (1786-1787). Averti de la Piquerie (1787). Lachaud (1788-1791). Cattaert (1788). Truc (1788). Cauvin (1788). Bompart (1788-1789).

Un autre nom doit retenir notre attention, car nous le retrouverons au cours de notre élude. c'est celui de Joseph Fouché.

 

III. — Elèves.

Les élèves de l'Oratoire de Nantes appartiennent à de vieilles familles de la noblesse ou de la bourgeoisie. Voici quelques noms nantais marquants, pris au hasard :

Charette de la Colinière. Lemasne. Blanchard de la Musse. Tatin des Loges. Libaut de Latouche. Burot de l'Isle. Poydras. Baudry-Duplessis. Chiron de la Casinière. Chaurand de l'Epinay. Grand-Maison. Goulin. Ganachaud. Ceineray. Espivant de la Ville-Boisnet. Le Grand de la Pommeraye. Deurbroucq. Cadoudal. Beruet.

Si Nantes et la région bretonne, c'est-à-dire Le Croisic, La Chapelle-sur-Erdre, Clisson, Le Pellerin, Bourgneuf, Châteaubriant, Rennes, Brest, Port-Louis, voire Noirmoutier, Luçon et le Poitou fournissent le principal contingent d'élèves à l'Oratoire de Nantes, celui-ci cependant est encore fréquenté par des élèves venus de pays lointains, tels le Cap Saint-Domingue, Léogane, le Cap-Français, le Cap (de Bonne-Espérance), « l'Amérique » autrement dit la Louisiane, la Guadeloupe, Port-au-Prince, la Martinique, Grand-Goave et même Bilbao [Note : Au sujet de Bilbao et des relations commerciales de Nantes au XVIIIème s., cf. Paul Jeulin, L'Evolution du Port de Nantes. Paris, 1929, p. 142-144, 290-304 (passim)], etc..., à cause des relations commerciales unissant le port de Nantes à ces possessions coloniales et étrangères.

Décernées à la fin de l'année, généralement le 10 août, pour stimuler le zèle des écoliers, les récompenses n'ont pas toujours existé, faute de ressources ; car lorsqu'on distribue des prix, c'est aux frais des élèves qui ont été obligés de faire entre eux une collecte. Ce régime de prix passagers dure jusqu'en 1783, date où la Ville alloue 400 livres par an pour les prix de l'Oratoire de Nantes (L. Maître, op. cit., p. 181).

Les prix, distribués, comme nous le verrons, dans la grande salle du collège, au milieu, la plupart du temps, d'exercices et de scènes de théâtre, sont au nombre de deux ou trois par classe, suivant les matières et, plus vraisemblablement, selon le nombre des élèves. Il y a, en outre, une quantité variable d'accessits : de 4 à 8. Mais l'ardeur des élèves s'étant fort probablement ralentie vers 1769, une nouvelle récompense est créée : le prix d'excellence avec accessits. Il existe déjà des « mentions » d'accessit ou de prix.

 

IV. — Exercices complémentaires de l'Enseignement.

En dehors de l'enseignement proprement dit, des exercices ont lieu à l'Oratoire de Nantes dans le but de développer l'étude de certaines matières. Ces exercices s'appellent tantôt thèses, tantôt discours académiques, tantôt, exercices littéraires, tantôt théâtre.

Des affiches en latin surmontées des armoiries de l'Oratoire représentant deux anges tenant entre eux, d'une main une grande couronne d'épines, avec « Jesus Maria », et de l'autre une palme, ont été placardées sur les murs de la cité aux endroits usités et ont été adressées aux principales notabilités de la Ville, aux parents des élèves, ou bien de petites brochures imprimées (en latin surtout pour les thèses, en français pour les autres exercices) ont été envoyées à ces mêmes personnages [Note : Les affiches et brochures étaient imprimées chez André Querro, puis chez sa veuve, imprimeur Juré de l'Université de Nantes]. Par ce procédé le public est averti et peut assister aux exercices.

Les thèses consistent à faire développer, en séance publique, par un élève probablement de la classe de Physique et Logique ou Philosophie, un sujet généralement de philosophie, qui relève de l'enseignement de la Faculté des Arts.

Vers 1669, les thèses imprimées étaient soutenues tous les quinze jours, les grands actes solennels ayant lieu à la Saint-Marc l'évangéliste (25 avril), fête du patron de la chapelle du collège, et à la fin de l'année (L. Maître, op. cit., p. 171). En est-il de même à la fin du XVIIIème siècle ? Nous ne le croyons pas, malgré le petit nombre de thèses que nous possédons.

Les développements des thèses portent sur l'Ethique, la Logique, l'Ontologie, la Pneumatologie, la Métaphysique, etc..., matières de prédilection des soutenances.

Cependant la monotonie et l'uniformité sont inconnues à l'Oratoire de Nantes.

Alternant avec les thèses, les discours académiques sont l'occasion pour l' « Orator Nannetensis » (personnage anonyme dont on ignore le mode de désignation), de prononcer une sorte de discours académique sur un sujet déterminé, en soutenant le bien fondé du sujet annoncé. Celui-ci, comme pour les thèses, est toujours d'ordre philosophique ou moral mais plus approfondi. Le choix singulier de l'orateur et le caractère un peu particulier du débat ne permettent guère l'exposé libre de toutes les opinions. L' « Orateur nantais », en effet, doit tendre de tous ses efforts à défendre jusqu'au bout l'idée ou l'axiome proposé.

D'un caractère un peu différent est l'exercice littéraire appelé parfois exercice académique et, presque toujours suivi de théâtre.

Plus nombreux, semble-t-il, que les exercices étudiés jusqu'à présent, les exercices littéraires ont souvent lieu à l'occasion de la distribution des prix, soit aux environs du 10 août. Des questions sont posées à certains élèves, généralement des écoliers de seconde, nominalement désignés et qui doivent répondre aux questions indiquées ou bien parler sur une partie du sujet préalablement délimitée. Celui-ci est des plus divers, suivant les jours ; il concerne tantôt l'histoire ancienne, moderne ou provinciale, tantôt la littérature pure, la rhétorique, tantôt la morale ou certains phénomènes sociaux.

A la fin de la séance publique, un exercice intéressant et plaisant : le théâtre, est réservé aux spectateurs.

Les pièces de théâtre ou petites scènes sont jouées, soit à l'occasion des prix, soit à propos des exercices littéraires sur lesquels elles se greffent fréquemment, en illustrant ces derniers. Parfois aucun lien ne les unit.

Si vers 1669, selon M. Léon Maître L. Maître, op. cit., p. 172), la tragédie était représentée deux fois par an par les élèves de Rhétorique, il ne semble plus en être tout à fait de même à la fin du XVIIIème siècle. Nous croyons que la tragédie a tendance de plus en plus à faire place au drame... peu dramatique du reste, et aux pastorales. Très souvent une « Ouverture » est prononcée par un élève choisi à l'avance et un remerciement est chanté, de la même façon, à la fin de la représentation théâtrale.

Quelquefois l' « Eloge » d'un grand personnage tel que le roi Louis XV (en 1774) est fait par le professeur d'éloquence.

L'Eloge constitue un véritable enseignement pour les élèves et a le mérite de traiter une question contemporaine.

Enfin pour être complet, signalons de modestes expériences de physiques, auxquelles les Oratoriens sont tenus, par leur contrat avec la Ville (D'après L. Maître, op. cit. p. 165 et 179), d'inviter le maire et les échevins, comme avant 1672.

Un futur oratorien ou, plutôt un futur socius : Joseph Fouché [Note : Joseph Fouché selon L. Madelin : Fouché. t. Ier. Paris. 1901. p. 3-23), né en 1759 au Pellerin, était originaire d'une famille de capitaines au long-cours. Entré comme élève à l'Oratoire de Nantes en 1768, à cause de ses aptitudes pour les sciences exactes le P. Durif le poussa vers le professorat. Aussi Fouché entra-t-il au collège de l'Oratoire à Paris, en 1781, fut-il en qualité de socius (laïc faisant partie de la Congrégation de l'Oratoire, mais n'ayant pas reçu les ordres) professeur aux collèges de Niort, Saumur, Vendôme, enfin à Juilly en 1787, puis à Nantes, en 1790, et préfet, en 1791-1792. avant de devenir un homme politique], clerc tonsuré du Pellerin, nous apparaît sous un jour inconnu au cours d'une expérience de physique où, par une singulière ironie, il occupe le rôle assez curieux de Théophile.

Tels sont, résumés à grands traits, les diverses formes que connut l'enseignement renommé au collège de l'Oratoire de Nantes à la fin du XVIIIème siècle.

Donné par des professeurs dont quelques-uns ont laissé un nom réputé à l'époque parmi les Oratoriens ou les éducateurs, cet enseignement conforme aux traditions du XVIIIème siècle, a, grâce à sa haute valeur, puissamment contribué à la diffusion de l'instruction secondaire et supérieure dans la classe noble ou bourgeoise qui fournit tant d'hommes cultivés et remarquables à la Bretagne peu avant la Révolution. Et la variété des matières combinant la formation intellectuelle proprement dite avec la distraction instructive des élèves n'a pas été étrangère à ce résultat.

(Par Paul Jeulin).

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