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NOTICE HISTORIQUE SUR LE CHATEAU DE NANTES (au XVème siècle).

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Jeanne de Navarre, duchesse de Bretagne, avait épousé à Nantes, le 3 avril 1402, Henry de Lancastre, roi d'Angleterre. La nouvelle reine était sur le point de partir, quand elle apprit, le 1er octobre, l'arrivée de son oncle Philippe, duc de Bourgogne. Celui-ci fit assembler, au Château de la tour Neuve, les évêques de Nantes, de Rennes, de Vannes, de Léon et de Tréguier, le sieur de Laval, Charles de Dinan, le sire de Quintin, les seigneurs de Châteaubriand, de Montfort, de la Roche-Bernard, de Lohéac, de la Hunaudaie, de Coetquen et de Montauban. En leur présence, Jeanne de Navarre confia à son oncle la tutelle de son fils Jean V et des princes Arthur et Gilles, frères du jeune duc. Elle se démit également du gouvernement de la Bretagne en faveur de Philippe de Bourgogne, « qui 'accepta et fit serment de bien et loyalement s'en acquitter, de garder et conserver de bonne foi les libertez, franchises et prérogatives de l'église, noblesse et villes du pays » .

Les seigneurs bretons n'avaient pas approuvé le choix d'un fils de France pour tuteur des enfants de Jean IV. Afin d'apaiser leurs craintes, Jeanne de Navarre essaya de livrer le Château de la tour Neuve au sire de Clisson. Mais Gilles Delbiest, qui en était gouverneur, protesta énergiquement contre cette décision, et il déclara qu'il ne rendrait le Château, dont il avait le commandement, qu'au tuteur de Jean V ou à ce duc lui-même, quand il aurait atteint sa majorité (Pierre-le-Baud, Histoire de Bretagne, chapitre 47, page 438).

Le 30 juillet 1406, furent arrêtés à la tour Neuve les articles du mariage projeté entre Jean d'Armagnac, vicomte de Lomeigne et Blanche de Bretagne, soeur de Jean V.

Bernard, comte d'Armagnac, le vicomte de Lomeigne, son fils, et le duc de Bretagne, s'obligèrent à l'accomplissement de ce mariage. « Ce que les députez ont juré devant Estienne, évesque de Dol , au Chastel de la tour Neuve, à Nantes, le pénultième jour de juillet de l'an 1406, présens :  Monseignour l'évesque de Vennes, chancelier de Bretagne ; ledit évesque de Dol ; noble et puissant homme Chartes de Rochan ; messire Jehan de la Tieulle, docteur en décretz et en loix, conseiller de mondit seigneur le duc ; noble homme messire Gautier de Passac, chevalier ; seigneur de la Croisette, chambelain, et honorable homme et discret messire Guillaume Boisfratier, docteur en décretz et en loix » (Archives de Nantes, Trésor des Chartes, arm. II, case G).

« Le vendredy sixième jour d'aoust, environ hore de prime, l'an 1406, Jeanne, fille du roy de France, duchesse de Bretagne, comtesse de Montfort et de Richemont, estant de présent (la Dieu grâce) de saine pensée et entière raison, fit au Chastel de la tour Neuve son testament ou dernière volonté. Présens à ce et appelez pour témoins : R. P. en Dieu l'évêque de Dol ; messire Jehan de Rieux, chevalier, sire de Châteauneuf ; messire Ermel de Chasteaugiron ; messire Jehan le Vager, chevalier ; dame Béatrix de la Lande ; maistre Robert, Brochereul et Gacien de Monceaux ; Tristan de la Lande ; maistre Hervé le Grant ; maistre Jehan Mervain ; Pierre Yvette ; Fr. Guillaume de Paux, de l'ordre des frères Menours du couvent de Nantes ; Pierre de la Mareschée ; Guillaume de Beaubois ; maistre André Simon ; Jehan Hervé ; Eon de la Fosse, et plusieurs autres » (Dom Morice, Preuves, tome II, colonne 774).

Le dimanche après la fête de la Nativité de saint Jean-Baptiste, 26 juin 1407, fut célébré dans la chapelle de la tour Neuve, le mariage de Blanche, fille de Jean-le-Vaillant, duc de Bretagne et de Jeanne de Navarre, avec Jean, vicomte de Lomeigne, fils aîné du comte d'Armagnac.

Aux mêmes lieu, jour et heure, messire Alain de Rohan, fils du vicomte de ce nom, épousa Marguerite, soeur germaine de Blanche de Bretagne.

Henry, évêque de Vannes, bénit les deux unions en présence de Jean, frère de Blanche et de Marguerite, de la duchesse Jeanne de France et de « plusieurs haults et notables prélats et barons, dames et damoiselles, qui là pour ce faire s'assemblèrent » (Pierre le Baud, Histoire de Bretagne, chapitre 47, page 441).

Le 23 décembre 1410, le duc Jean V ratifia au Château de la tour Neuve le traité de Lamballe, que Marguerite, comtesse de Penthièvre, lui avait envoyé par ses procureurs généraux, Brien Raclez, Prigent de Kernechriou, Pierre de Botloy, Guillaume Simon, Jean Goudin et Guilllaume Beaupel. Ce traité avait été conclu, le 8 août, par Jean de Malestroit, évêque de Saint-Brieuc, pour le duc de Bretagne et par le duc de Bourgogne, au nom d'Olivier de Penthièvre.

Le traité de Lamballe ne fut qu'une trève de courte durée. Les Penthièvre, qui n'avaient point abandonné leurs prétentions sur le duché de Bretagne, résolurent de s'emparer de Jean V. Ils avaient juré de tirer vengeance de la captivité du connétable de Clisson, qui avait dit ouvertement à la cour de France : « qu'il tenait le duc de Bretagne pour un seigneur déloyal, et qu'il jetait le gant à qui oserait soutenir le contraire ».

Pour couvrir cette trahison sous les apparences de l'amitié, Olivier de Blaye, comte de Penthièvre, parti de Lamballe au mois de février 1420 avec les sires de la Hunaudaie et de Thomelin, vint trouver le duc de Bretagne dans son Château de la tour Neuve. Jean V l'accueillit avec les plus grands honneurs et l'invita à manger à sa table. De son côté, Olivier pria très affectueusement le duc d'aller à Champtoceaux, où se trouvaient sa mère et ses frères, et, le lundi 21 février, il vint l'éveiller pour le départ au Château de la tour Neuve. Olivier, prenant le duc par la main, lui dit : « qu'il était haute heure, que les dames l'attendaient à Châteauceaux, et que tout était prest pour le régaler, le pressant de se disposer à partir ». La trahison était sur le point de se consommer et le lendemain, le duc de Bretagne était prisonnier des Penthièvre.

Nous trouvons dans le Trésor des Chartes de Bretagne, les ordonnances suivantes, qui furent faites et passées à la tour Neuve sous le gouvernement de Jean V.

Le 16 juillet 1420, en présence de l'évêque de Saint-Brieuc, du vicomte de Rohan, du sire de Châteaubriand et du vice-chancelier, Jean V, duc de Bretagne, comte de Montfort et de Richemont, accorda certains priviléges à son bien-aimé et féal chevalier et chambellan, Jean, sire de Penhoet, amiral de Bretagne.

Le 4 février 1421, Bertrand de Dinan, sire de Champtoceaux, maréchal de Bretagne, fut nommé capitaine du Château de la Tour Neuve, à la place de Tristan de la Lande, chevalier, seigneur du Vaurouaud et de Guignen qui remplissait cette fonction depuis 1418.

Le 16 juillet 1423, le duc donna à ses officiers un mandement touchant les vaisseaux mouillés dans les ports de Landerneau et de Camaret. La lecture en fut faite au Château devant Guillaume de Montfort, Jean Auger, Jean de Musillac, chambellans, l'archidiacre de Rennes, le maître des requêtes et le sénéchal de Nantes (Dom Morice, Preuves, tome II, col. 1138).

Le pénultième jour d'octobre de l'année 1423, le duc de Bretagne prononça la confiscation des biens de Maurice de Ploesquellec. Les témoins, appelés et requis pour cette ordonnance, furent les comtes de Porhoet et d'Etampes, les sires de Châteaubriand, de Rieux, de Guémené-Guingamp, de Montauban, le grand maître d'hôtel, l'archidiacre de Rennes, le sénéchal de Nantes et Jean Mauléon.

Le 4 mars 1424, Jean V, dans un grand conseil tenu au Château, assigna en commencement de partage à son frère Richard, comte d'étampes, la ville et le château de Clisson, l'Epine-Gaudin, les villes et seigneuries de Saint-Père-en-Retz, Lavau, les pêcheries et retraite de Pillau, Sainte-Lumine, du Loroux-Bottereau et le château de Palluau.

Le 20 du même mois, le duc de Bretagne commanda d'armer les communes, en présence du comte de Richemont, du sire de Châteaubriand, de Robert d'Epinay et Jean de Lannyon, chevaliers, de Jehan Mauléon, du maréchal et de l'amiral de Bretagne.

Le 20 octobre suivant, Jean V remit, devant le comte d'Etampes et le sire de Mollac, des lettres d’Etat à Henry de Juch, ambassadeur.

Au mois d'octobre 1431, Isabeau de Bretagne, fille de Jean V, épouse de Guy de Laval, accoucha au Château d'une fille, qui fut baptisée dans la cathédrale par Jean du Bouc, évêque de Tréguier. Elle eut pour parrain Richard, comte d'Étampes et pour marraine Yolande d'Anjou, comtesse de Montfort.

Le sire de Châteaubriand fut nommé, en 1436, capitaine du Château.

L'année suivante, Olivier Gillet, fermier du droit de 2s par muid pour les réparations de la ville, fut accusé de malversation. Il fut enfermé dans les prisons de la tour Neuve, où il resta pendant deux mois, sans assister à aucun service.

Le jour de la Quasimodo, le lieutenant du Château le conduisit à la prévôté, où il devait subir un interrogatoire. Comme il revenait par la rue qui longe les Jacobins, Olivier Gillet échappa à la surveillance du lieutenant et se réfugia dans l'église qui était un lieu de franchise.

Gilles de Laval, seigneur de Retz, maréchal de France, fils aîné de Guy de Laval et de Marie Craon de la Suze, fut arrêté en 1440 par ordre du duc Jean V et enfermé au Château. Son procès, qui eut un grand retentissement en Bretagne, fut fait à la tour Neuve pour les crimes de sortilége et d'hérésie, par l'évêque de Nantes, chancelier de Bretagne et par Jean Blouin, vicaire de Jean Merry, inquisiteur dans le royaume de France. La suite du procès eut lieu au Bouffay par Pierre de l'Hôpital, sénéchal de Nantes et de Rennes. Les procédures durèrent depuis le 19 septembre jusqu'au 25 octobre, et Gilles de Retz fut condamné à être brûlé vif.

Tombé malade au Château de la tour Neuve, Jean V se fit transporter au manoir de la Touche, propriété appartenant alors à l'évêque. Il y mourut le 29 août 1442, vers les deux heures du matin. Le corps du duc de Bretagne fut apporté à la tour Neuve, où il fut veillé avec la vraie croix de l'église cathédrale par Pierre Mouraudiére et Jean du Mâle. L'évêque Jean de Malestroit, les chapitres de Saint-Pierre, de Sainte-Radégonde et de Notre-Dame, les Jacobins, les Carmes et les Cordeliers, vinrent processionnellement chercher au Château le corps de Jean V, qui fut enseveli dans le choeur de la cathédrale.

Le sire Louis de Guémené-Guingamp chancelier de Bretagne, fut nommé capitaine du Château en 1444.

Voici le mandement que le duc adressa au sire de Guémené, le 21 novembre 1444 :

« François, par la grâce de Dieu, duc de Bretagne.... à notre très cher et très ami cousin le sire de Guémené-Guingamp, salut. Comme pieça vous avons institué notre capitaine de notre chatel et ville de Nantes, aux honneurs, droits, gages, profits et émolumens accoustumés et qui y appartiennent, avec pouvoir de y commettre tous officiers qui y seront nécessaires pour la garde et autres choses de notre dit chatel et ville, et en continuant de bien en mieux le don et institution que nous avons fait de laditte capitainerie, vous mandons et expressement enjoignons, que pour la seureté de notre dit chatel et ville et a ce que aucun inconvenient ne nous en advienne, que Dieu ne veuille, vous meitez généralement... et officiers appartenants à laditte garde et entièrement en ..... et déboutant tous autres y mis et institués, quelques lettres qu'ils en ayent par avant ces dites nos présentes ; de ce vous avons donné plein pouvoir, auctorité et mandement spécial ; mandons et commandons à tous nos justiciers, officiers féaux et sujets..... et à nos commis que en ce faisant vous soit obéy. Donné à la Bretaiche, le 21 jour de nov. l'an 1444.  (Signé), par le duc de son commandement : Bachelier » (Dom Morice, Preuves, tome II, colonne 1370).

Jean l'Abbé en fut nommé lieutenant en 1448.

Le 27 juin 1448, François Ier, duc de Bretagne, conclut à la tour Neuve le traité de Nantes avec Jean, comte de Penthièvre. Ce seigneur, qui n'avait nullement trempé dans l'attentat commis sur la personne de Jean V, vint à Nantes trouver le duc de Bretagne, pour le supplier de lui rendre ses bonnes grâces. Par le traité de Nantes, qui fut la suite de cette réconciliation, les Penthièvre renoncèrent formellement, à tous les droits qu'ils pouvaient avoir sur le duché de Bretagne. François Ier leur rendit tous les biens que Jean V avait usurpés sur leur maison, excepté la terre de Clisson, qui avait été donnée à Richard, comte d'Etampes. Les Penthièvre eurent en indemnité 120.000 écus d'or (D'Argentré, Histoire de Bretagne, livre II).

Jacques Bonamy, seigneur du Bois-Méchine, écuyer tranchant du duc, et le comte de Richemont, furent nommés, en 1450, capitaines du Château, dont Georges de l'Espervier obtint la lieutenance.

Pierre II, duc de Bretagne, époux de Françoise d'Amboise, était, depuis quelque temps, retenu par la maladie au Château de la tour Neuve. Au mois de juillet 1457, il envoya dans les villes de Paris et de Tours son maître d'hôtel, Pierre de Plufragan, avec ordre de ramener deux médecins célèbres : Robert-le-Poitevin et Jacques du Parz. Robert, qui répondit seul à l'appel du duc de Bretagne, ne put définir le caractère de la maladie, qu'on attribua au maléfice. Les soupçons se portèrent sur l'évêque de Rennes, Jacques d'Epinay. Ce prélat, regardé depuis longtemps comme complice des assassins de Gilles de Bretagne, n'était pas aimé de Pierre II, qui, dans l'assemblée des Etats, avait donné le pas sur lui à l'évêque de Dol.

La maladie du duc faisait de rapides progrès ; les remèdes étaient impuissants et le mystère toujours impénétrable. Quelques seigneurs, effrayés de l'état de langueur de Pierre II, lui firent entendre qu'un maléfice ne se pouvait guérir que par un autre et qu'il fallait pour cela avoir recours aux sorciers. Le duc de Bretagne eut horreur du remède, et répondit généreusement : qu'il aimait mieux mourir de par Dieu que de vivre de par le diable. Françoise d'Amboise ne quittait pas la chambre du duc ; elle le servait elle-même et ne se couchait que sur des tapis ou des oreillers. Mais les prières et les soins furent inutiles. Pierre II rendit le dernier soupir le 22 septembre 1457, entre neuf et dix heures du matin.

Pierre II avait fait son testament le 5 septembre, et il avait choisi pour exécuteurs testamentaires « sa tres chere seur et compagne la duchesse, sondit beau oncle le connestable et beau cousin d'étampes ; et pour y servir, conseiller et solliciter, et faire tout ce que bons serviteurs peuvent, et doivent faire pour leur prince, seigneur et maistre en tel cas, il ordonna ses conseillers : Jehan de la Rivière, chancelier ; R. P. en Dieu l'évesque de Vennes, Henry de Villeblanche, chevalier et grand maistre d'hostel ; maistre Jehan Loaysel, président de Bretagne ; Michel de Parthenay, chevalier et chambellan ; messire Bertrand de Coettennezre, son aumosnier, et Jehan du Houx, ausmonier de sa seur et compagne ; Guillaume Chauvin, président des comptes ; Olivier de Coetlogon controlleur général, et Guillaume de Bogier, trésorier de l'espargne » (Dom Morice, Preuves, tome III, colonne 1703).

Pendant la maladie de Pierre II, dix-huit religieuses de Sainte-Claire arrivèrent à Nantes : mais, leur monastère n'étant pas terminé, Françoise d'Amboise les reçut au Château, où elles restèrent jusqu'au 3 août 1457.

Le 27 septembre de la même année, René Douaud avait été nommé lieutenant du roi au Château de Nantes.

Le 14 juin 1458, Arthur III, duc de Bretagne, comte de Richemont et connétable de France, donna l'ordre à Jean Huguet et à Henri de Kelben d'amener au Château les enfants du feu sire de Guémené.

Arthur III mourut à la tour Neuve, le mardi, jour de Saint-Etienne, 26 décembre 1458, vers les six heures du soir. Ce prince s'était confessé la veille et avait assisté le jour de Noël à matines, à la messe de minuit, à la grand'messe du jour et à vêpres. Il entendit encore la messe le jour de sa mort. On attribue la mort de ce prince au chagrin que lui causa la résistance de l'évêque de Nantes, Guillaume de Malestroit. On répandit aussi le bruit que le duc avait été empoisonné dans le voyage qu'il fit à Vendôme pour rendre hommage au roi de France.

Sous le règne de ce prince, on commença à se servir d'artillerie à Nantes, et on apporta quelques changements dans les fortifications du Château, afin de le rendre propre à se défendre contre les armes à feu.

François II, fils de Richard, comte d'Etampes et de Marguerite d'Orléans, succéda à son oncle Arthur III.

Le 6 janvier 1459, il nomma capitaine du Château messire Henri de Villeblanche, chevalier, seigneur de Maumuczon et de Bagar, qui eut pour successeur Tanneguy du Chastel.

Le 30 mars, François II fit son entrée à Nantes, où il y eut à cette occasion des fêtes brillantes. La Cour habitait la tour Neuve, et on y distinguait quatre duchesses de Bretagne, ce qui n'était pas encore arrivé : Marguerite de Bretagne, épouse de François II, et trois duchesses douarières : Isabeau d'Ecosse, veuve de François Ier ; Françoise d'Amboise, veuve de Pierre II, et Catherine de Luxembourg, veuve d'Arthur III.

Le 4 avril suivant François II donna au Château une ordonnance pour la réformation de la monnaie.

Au mois de novembre 1461, le hérault Normandie vint annoncer au duc de Bretagne l'arrivée du roi Louis XI. Le messager fut reçu dans la grande salle du Château de la tour Neuve, où se trouvaient François II, Guillaume Chauvin, Olivier de Quelen, grand maître de l'artillerie, le trésorier Landais, Tanneguy du Chastel et une foule de seigneurs.

Le hérault du roi de France salua le duc de Bretagne et lui dit : « Mon très gracieux et redouté seigneur, le roi de France, m'envoie par devers vous, François, duc de Bretagne, comte de Montfort et de Richemont, d'Etampes et de Vertus, et son lieutenant général dans l'Anjou, le Maine, la Touraine et la Normandie, pour vous faire savoir qu'ayant entrepris un voyage à Saint-Sauveur-de-Redon afin de satisfaire à un voeu, il désire vous saluer dans votre cité de Nantes. » — « Eh quoi, répondit le duc de Bretagne, notre bel oncle et souverain Louis nous ferait l'honneur de nous visiter.... Il peut compter sur notre empressement à le bien recevoir, et nous irons nous-même à sa rencontre. Bretagne, ajouta-t-il, en appelant son hérault, conduisez le messager du roi à nos maistres d'hostel, qu'il soit traité magnifiquement, comme l'envoyé d'un puissant souverain et gracieux allié  ».

Le messager de Louis XI quitte la grande salle du Château ; plusieurs seigneurs l'entourent et l'interrogent ; François II reste seul avec ses conseillers.

« Eh bien, Messieurs, dit le duc, notre féal parent Louis veut donc, malgré que nous ayons pu faire, nous rendre sa visite : cette fois-ci, je le vois trop, nous ne pourrons l'éviter ; Dieu veuille qu'il n'ait d'autre but que son saint pélerinage ». — « Dieu le veuille ! répéta Guillaume Chauvin ». « Par malheur, s'écria Landais, on sait que chez sa gracieuse majesté la politique marche toujours avant le ciel : la Bretagne est meilleure à connaître que la petite chapelle Saint-Sauveur ». « Aussi sais-je, dit le duc, mais, de par Dieu, il trouvera dans ce duché ce qu'il n'y cherchait pas : des places fortes et de bonnes garnisons ». — « Ajoutez, Monseigneur, répliqua Olivier de Quelen, des serviteurs dévoués et incorruptibles ». « Sa gracieuse majesté, alerte à débaucher les autres, y a bien su pourtant rencontrer des Montauban, des Pont-l'Abbé, murmura le trésorier ». « Du moins, s'écrièrent les conseillers, elle n'en trouvera pas parmi nous ». « Eh, s'écria Tanneguy, que feraient-ils à la Cour de ce farouche sire ». « Il est vrai, répondit Landais, que pour ceux qu'il ne paie pas, c'est un séjour assez triste ; mais si l'avare monarque laisse échapper de ses Etats des gens, dont il n'a que faire, ses beaux écus d'or vont chercher ceux qui peuvent servir ses projets ». « Par saint Martin de Tours, ajouta Duchastel, il est certain que pour mon compte, il me doit tous les frais des funérailles que j'ai faits pour son valeureux père, le roi Charles VII, que Dieu absolve ; mais, si j'ai quitté sa Cour, c'est que j'ai pensé avant tout, qu'il en revenait peu d'honneur. On n'y saurait parler franchement, et je ne suis pas versé, moi, dans la grande science de la dissimulation ». En parlant ainsi, Tanneguy arrêta ses regards sur le trésorier de Bretagne.

François II, qui, pendant cette conversation, se promenait à grands pas dans la salle, s'arrèta tout-à-coup. « Qu'espère-t-il enfin, s'écria-t-il, séduire nos sujets, s'attirer leurs acclamations, examiner nos places de guerre, compter nos soldats et m'obliger à courber la tête devant lui, dans la capitale de mes Etats ! ..... Roi cauteleux et félon, trop dangereux allié, vos desseins diaboliques me sont connus : vous regardez d'un oeil de convoitise et peut-être comme votre, notre duché et celui de notre bien-aimé cousin de Bourgogne. Vous m'accablerez encore de vos caresses ; mais, à travers ce faux semblant, je retrouverai toujours la haine que m'a vouée le Dauphin.... [Note : Louis XI, n'étant encore que Dauphin, avait éprouvé un refus du duc de Bretagne pour une demande de 4.000 écus, et il avait promis d'en tirer vengeance]. En m'accordant encore de vains honneurs, vous viendrez peut-être m'attaquer traitreusement ? Que ne m'est-il permis de prévenir vos projets sinistres ». « Pourquoi donc ne pas le faire, dit Olivier, vos places ne sont-elles pas assez fortes, vos défenseurs assez nombreux ? Le duc de Charolais n'attend que le signal » « Olivier, si je le savais.... » — « Monseigneur, reprit Chauvin, y aurait-il honneur et gloire à attaquer un prince qui vient comme ami et allié dans vos Etats. N'avez-vous donc pas fait serment à Louis, comme à votre souverain ? » « Mon serment, répondit le duc, me rend-il donc son humble vassal, a-t-il quelques droits sur mes Etats et mes sujets ? Je n'ai point courbé le genoux devant lui et ne lui ai pas remis mon épée, grâce aux sages conseils du brave Tanneguy du Chastel ». — « Et d'ailleurs, Monseigneur le duc, ajouta Olivier de Quelen, n'a-t-il pas assez de griefs. Ce gouvernement de la Normandie que le roi lui donnait, lorsque le duc de Bourgogne en était déjà investi. Ces seigneurs bretons qu'il attire chaque jour vers lui ; ses projets avoués de se rendre maître de la Bourgogne et de la Bretagne, comme il l'est déjà du Roussillon et de la Provence. Quand le danger est prochain, est-il quelque ménagement à garder avec un ennemi traitre et déloyal ». — « Le courage est quelquefois un conseiller imprudent, dit le trésorier ; en cas de guerre, le roi Louis, avec son armée permanente, serait prêt à entrer en campagne bien avant Monseigneur le duc : mieux vaut l'astuce et la dissimulation, malgré qu'on en dise, avec ce maître fourbes .... Les Anglais sont bien près et les Bourguignons bien loin ! ». « Pierre Landais a raison, répondit François II, les Anglais ne cherchent que l'occasion de débarquer sur les côtes de Bretagne ; notre cousin de Bourgogne, grâce aux précautions adroites du roi Louis, n'a pu se concerter avec nous. Attendons le moment propice ; j'ai un vaste projet... Ainsi donc, recevons le très-aimable sire ; mais, par Notre-Dame-Duguesclin, comme disent nos vieux Bretons, il verra que nous avons autour de nous bon nombre de valeureux guerriers, et que notre Cour peut marcher de pair avec la sienne ». « Il ne vous faudra pas beaucoup de peine, Monseigneur, pour la surpasser en magnificence, reprit Tanneguy en souriant ». « Pierre, dit le duc, je m'en rapporte à vous pour bien faire les choses : prenez dans mes coffres autant d'écus qu'il faudra pour préparer au roi une réception splendide. Guillaume Chauvin, rassemblez les gens de mon conseil et de ma maison ; Olivier de Quelen donnez l'ordre de transporter sur les tours du Château les couleuvrines et autres pièces qui sont dans notre arsenal, afin qu'on puisse les tirer à l'arrivée du roi ; vous m'accompagnerez à Redon avec vos francs-archers. Quant à vous, mon brave Tanneguy, à qui j'ai confié la garde de notre cité, redoublez de soins cette nuit, augmentez le nombre des sentinelles ; on ne saurait prendre trop de précautions, quand on reçoit un allié aussi fidèle que le roi Louis ».  François II s'éloigna en prononçant ces dernières paroles.

Quelques heures après, le duc de Bretagne, accompagné de chevaliers, de barons et de ses francs-archers, partit au devant du roi de France. Le lendemain, Louis XI, entouré d'un brillant cortége, fit son entrée à Nantes par la porte Saint-Nicolas ; et, en apercevant le Château de la tour Neuve, il dit à François II : « Par saint Martin de Tours, voilà une demeure, où tous les rois du monde pourraient se croire en sûreté ». « Aussi le suis-je, répondit le duc, autant que mon cousin de Bourgogne dans sa petite ville de Péronne ». On traversait alors le pont-levis du Château, le cortége mit pied à terre au bas du grand escalier et entra dans la salle du conseil, où était une table splendidement servie.

Louis XI, qui était à la place d'honneur, se montra fort gai pendant le repas. Il faisait au duc des protestations d'amitié et adressait des compliments aux dames et aux seigneurs. Au dessert, des musiciens chantèrent une ballade en l'honneur du roi, laquelle avait été composée par le sire Meschinot.

Le roi de France se retira ensuite dans l'appartement qu'on lui avait préparé, et resta seul avec les sires de Thouars, de Montauban et de Babois, père et oncles de la duchesse Françoise d'Amboise.

Louis XI voulait faire épouser un de ses favoris à la veuve de Pierre II, et il envoya Montauban et Babois s'emparer de Françoise d'Amboise. Ceux-ci avaient exécuté les ordres du roi et ils traversaient la ville avec leur captive. Mais Olivier, page de la duchesse, donne l'alarme, les habitants se rassemblent et entourent les soldats du roi. « A qui veut-on faire violence, s'écrient-ils ? » — « Que vous importe, dit Montauban, laissez passer les gens du roi ». — « Du roi ? se croit-il donc en France pour exercer ses attentats ?... Aux armes, Messieurs les bourgeois, aux armes ! ....... Mettez les chaînes dans les rues, sonnez le tocsin et allez prévenir le sire Tanneguy et ses francs-archers ».

Averti de ce qui se passait, Tanneguy du Chastel entra précipitamment dans la grande salle du Château, où étaient réunies les cours de France et de Bretagne. « Monseigneur le duc, dit le gouverneur, on a tenté de commettre un acte inique ; on a voulu enlever la duchesse Françoise ». — « Enlever la duchesse, s'écria François II, et qui donc ose se permettre cet attentat ». — « Monseigneur, reprit Tanneguy, vos archers et vos bourgeois ont arraché la duchesse des mains des coupables, qui ont résisté longtemps, en se disant gens du roi et du vicomte de Thouars : le trouble est dans la ville et le peuple en rumeur poursuit les coupables et veut en tirer vengeance ». — « Allez, Tanneguy, et vous Monsieur l'amiral, ajouta le duc, calmez cette agitation et que la duchesse soit placée sous votre sauve-garde. ».

Tanneguy et l'amiral sortirent du Château. « D'où vient donc, dit François II, que le vicomte de Thouars se permet une telle entreprise en votre nom ? ». « Mon cousin, répondit le roi, le vicomte de Thouars est le père de Françoise ; il a tout droit sur elle ». « Non pas, tant qu'elle est dans mes Etats et sous ma protection ; mais je connais les desseins que l'on a de son apanage ; je sais que votre favori ..... ». — « Duc François, oubliez-vous que vous êtes devant votre souverain ? ». « Mon souverain .... je n'en connais pas d'autre que moi dans mes Etats ». « Prince, adieu » dit Louis ; puis, se retournant vers ses seigneurs, il ajouta : « Que tout soit prêt pour le départ, au lever de l'aurore ».

Le lendemain matin, le roi de France prenait la route de Paris, pendant que Françoise d'Amboise cheminait vers le château du Gâvre, sous le protection de Tanneguy du Chastel et de l'amiral de Bretagne.

Le 29 juin 1463, Marguerite de Bretagne, épouse de François II, accoucha au Château de la tour Neuve, d'un fils, qui fut nommé comte de Montfort. Les parrains et marraines furent le comte de Laval, l'amiral de Bretagne, les duchesses Françoise et Catherine avec la comtesse de Laval. Il fut baptisé par Yves de Pontfal, évêque de Vannes. On lui donna pour nourrice Catherine Lévesque et pour gouvernante la dame de Penmarc. La joie, que cette naissance avait causée, ne dura pas longtemps. Le comte de Montfort mourut au Château le 25 août de la même année.

Nous trouvons dans les registres de la chancellerie de Bretagne, sous la date de 1466, les deux mandements suivants, donnés par le duc François II, pour la reconstruction du Château de la tour Neuve.

« François ..... à touz ceulx qui ces présentes lettres verront salut. Comme pluseurs des chasteaulx et villes de nostre pais et duchié sont de present en decadence et soient besoigneux de reparacion, ce que entendons et desirons de brieff réparer et faire mectre en bon estat, et soit ainsi que, entre autres places de nostre dict duchié, notre Chastel de la tour Neufve de Nantes, qui est l'un des lieu d'iceli auquel nous et notre très chiere et très amée seur et compaigne la duchesse avons acousturné faire et faczons le plus souvent résidence, et lequel chastel est situé en l'une des plus principales et magnifiques villes de nostre dict pais, soit si petitement logé et indigent de reparacion que souventes fois advient, quant aucuns princes ou seigneurs viennent devers nous, que ne pouons ne nous est bonnement possible en iceli chastel les recevoir et loger aussi honorablement et bien que faire le vouldrions, et lequel nostre chastel, pour lesdictes causes, avons volunté et grant désir de réparer et mectre en grant et bon appareill de logeis et fortificacion, qui par ce mesmes pourra estre et tourner au bien, sceurté et défence de nostre dict pais, et en iceli euvre mectre et faire mectre des deniers de noz revenues, jusques à parachevement de l'euvre d'iceli chastel, savoir faisons que nous, ce que dessus considéré, désirans à nostre entencion l'euvre et emparement de logeis et fortificacion de nostredict chaste! de la tour Neufve estre en toute diligence commencée et iceli estre continué et parfait jusques à parachevement, comme il est bien requis, au jour d'uy, pour lesdictes causes et autres considérations qui à ce nous ont meu et meuvent, avons voulu, déliberé et ordonné, et par ces presentes, voulons, deliberons et ordonnons touz et chacun les deniers, tant de rachaz, soubz-rachaz, ventes, lodes et octrises, bris et peczois de mer, amendes extraordinaires de forfaitures et deliz autres que les ordinaires de nos cours et juridicions, escheuz et advenuz, ou qui au temps à venir escherront et adviendront, en quelque lieu et endroit que ce soit, es receptes de nostredict pais, depuis le premier jour de ce present moys d'octobre, soient mis, convertis et emploiez à la reparacion, logeis et fortificacion de nostredict chastel de la tour Neufve, selon le devis que de ce par nous, les gens de nostre conseil et autres se cognoissans en celle matière en sera fait... Donné en nostre ville de Nantes, le XIIème jour d'octobre, l'an mil IIIIc LXVI. Signé : François. Par le duc , G. Richart » (Archives de Nantes, Registre de la chancellerie de Bretagne, folio 125 et 126).

« Mandement à Olivier Baud, trésorier des guerres, de bailler et délivrer à Guillaume Geraut, receveur de Nantes et miseur des euvres et reparacions du boulevart que on fait au Chasteau dudit lieu, la somme de IIc livres monnoye, restante de mil livres qui luy estoient couchées en l'estat de son office pour emploier au portal de Brest, et dont en a poié VIIIc livres, affin que le dict Geraut, miseur surdict, puisse assembler des attraiz et matières, pour icelle euvre. XXVIème jour de novembre LXVI. (Signé Milet) » (Archives de Nantes, Registre de la chancellerie de Bretagne, folio 156).

Dans un voyage qu'il fit en Normandie, François II s'était épris d'Antoinette de Villequier, dame de Magnelais, cousine d'Agnès Sorel. Le duc de Bretagne n'écoutait ni les remontrances de son épouse et de Françoise d'Amboise, ni les murmures de son peuple. Il continuait ses voluptueux plaisirs, donnant à sa dame des fêtes brillantes et des tournois chevaleresques dans son Château de la tour Neuve.

La duchesse Marguerite de Bretagne mourut à la tour Neuve, le 25 septembre 1469. Elle avait fait son testament dans sa chambre au Château, le 22 du même mois, en présence du chancelier, du maître d'hôtel, du trésorier général, de son aumônier, de Jean Bloffet, capitaine des gardes, de Guermnenguy, provincial des Carmes, et de la dame du Chaffaut. Elle avait choisi pour exécuteurs de ses dernières volontés : Guillaume Chauvin, Pierre Landais et Philippe des Essars, sieur de Thieux (Dom Morice, Preuves, tome III).

En 1469, François II avait envoyé vers le roi de France le chancelier de Bretagne. L'objet de cette députation était l'éclaircissement de quelques clauses du traité d'Ancenis. Le roi, après avoir entendu le chancelier, le fit suivre par l'évêque d’Avranches, le bailli de Sens et Jean du Moulinet. Dès que les envoyés du roi furent arrivés à Nantes, le duc fit assembler les Etats au Château de la tour Neuve. On y fit publiquement la lecture du traité d'Ancenis en présence des ambassadeurs. Le duc ratifia le traité et il en jura l'observation sur une partie de la vraie croix, « laquelle à cet effet fut en grande reverence et solemnité apportée de Sainct-Lô d'Angers à Nantes par Guy, evesque de Langres, assisté de MM. Jean Joussel, chanoine de Chartres, de Sainct-Martin et de Sainct-Lô, et Henry Cactic, deputez du chapitre de la dite église ».

Se tournant ensuite vers les princes, barons, chevaliers et députés des Etats, il leur ordonna de faire le même serment. L'évêque de Rennes, après avoir remercié le duc de l'honneur qu'il faisait aux Etats, ajouta qu'ils approuvaient le traité d'Ancenis et, qu'ils juraient de l'observer (Albert-le-Grand, Vie des saints de Bretagne).

Le 9 avril 1470 furent arrêtés à la tour Neuve les articles du mariage projeté entre François II et Marguerite de Foix, fille de Gaston, comte de Foix et prince de Navarre. Ce contrat fut ratifié le 26 juin 1471, devant Jacques, évêque de Rennes ; Guy, comte de Laval, sire de Vitré ; Jean de Laval, sire de la Roche ; Jean, sire de Rieux et de Rochefort ; Gilles de Tournemine, sire de la Hunaudaie ; Jean de Quelenec, vicomte du Fou, amiral de Bretagne ; Jean, sire du Pont-l'Abbé ; Jean, sire de Coetquen, grand maître d'hôtel, et plusieurs autres seigneurs. Le mariage fut célébré le lendemain dans la chapelle de la tour Neuve (Taillandier, Histoire de Bretagne, tome II, livre XIII page 110).

M. Regnaud. de Biénéen fut nommé en 1471 lieutenant du Château à la place du sieur Corée, qui quitta le service de la Bretagne avec Tanneguy du Châtel, disgracié par les intrigues de la dame de Villequier.

En 1472, Pierre d'Aidie fut nommé gouverneur du Château, dont il fit réparer les fortifications.

Jourdan Faure de Versois, abbé de Saint-Jean-d'Angély, était en 1472 prisonnier au Château de la tour Neuve. Accusé d'avoir empoisonné Charles, duc de Guyenne, frère du roi de France, il fut arrêté par Odet d'Aidie, sire de Lescun, ainsi que Henri de la Roche, son complice. Lescun les livra au duc de Bretagne, qui lui répondit : « Ils auront le loyer qu'ils ont mérité et voudrois que je tinsse aussy bien en mes mains ceulx qui les ont fait faire, que j'ai ceulx-ci, car je ne les laisserois point aller sans pleiges et croy qu'il n'y a homme en chrestienté qui les sçut pleiger ». Louis XI, s'étant réconcilié avec François II, envoya à Nantes plusieurs membres du parlement pour juger le prisonnier. Mais, pendant l'instruction du procès, l'abbé de Saint-Jean-d'Angély fut trouvé mort dans sa prison. On prétendit qu'il avait été tué par la foudre ; il est cependant plus probable qu'il fut étranglé par des commissaires royaux et peut-être même par ordre de François II.

6 avril 1473. « Mandement aux gens des comptes d'allouer et passer en clere mise et descharge à Guillaume Geraut, receveur ordinaire de Nantes et miseur des euvres du Château de Nantes, sur les deniers qui luy ont esté ordonnez pour emploier esdiz édiffices, la somme de 480# monnoie, quelle luy avoit esté ordonnée, tant pour ses gaiges des mises desdiz édiffices, que pour l'eslignement desdiz deniers et assignations pour deux années. Et luy allouer ce que, par la relation du contrerolleur, il montrera avoir paié à Mathurin Rodier, maistre des euvres de Saint-Pierre de Nantes, pour avoir vacqué ladite derroine année sur les ediffices dudit chasteau, pour les divis d'iceulx ; mesmes luy allouer par ladite relation doresnavant, les journées de Jacquet Bodart et Jean Pasquier, maistres ouvriers desdits ediffices, à la somme de 5s par jour ouvrable, pour chascun d'eulx, à commencer le premier lundi prochain, qui sera le douzième jour de ce présent mois d'avrill ; néanmoins que paravant ces heures, ilz n'eussent accoustumé avoir que 4s 2d par jour, chascun d'eulx » (Archives de Nantes, Registre de la chancellerie de Bretagne).

Le 20 juin 1473, les terres, seigneurie et chastellenie de Houdan furent vendues à François II par Jean Morbier, chevalier, seigneur de Villers. Ce contrat eut lieu à la tour Neuve.

La même année, Pérot d'Aidie fut nommé capitaine du Château.

Bertrand de illusillac commandait en 1474 les francs-archers de la garde du duc, qui étaient casernés au Château.

Le 21 janvier 1475 fut fait à la tour Neuve le traité de mariage entre Pierre de Rohan, seigneur de Gié, et Françoise de Penhoet, fille unique et seule héritière de Guillaume de Penhoet, vicomte de Fronsac. Ce mariage fut consenti par Pierre de Penhoet, archidiacre de Ploecastel, oncle et curateur de ladite demoiselle, Olivier de Coetmen, François Angier, seigneur du Plessis-Angier et de Montrelais, Louis de la Forêt, François de Lesquelen, Jean de Lesquelen, Gilles du Mas et François de Coeaux, parents et amis de Françoise de Penhoet (Dom Morice, Preuves, tome III).

Marguerite de Foix, seconde épouse de François II, accoucha au Château, le 26 janvier 1476, d'une fille que fut la célèbre Anne de Bretagne. Le peuple montra une grande joie à la nouvelle de cette naissance, et il vint saluer de ses acclamations la jeune princesse, qu'on lui presenta du haut des remparts.

Le 22 avril suivant, fut conclu à la tour Neuve un traité entre le prince d'Orange et François II, pour le partage de Catherine de Bretagne en présence de Guillaume Chauvin, Guy du Bouchet, vice-chancelier, Renaud Godelin, sénéchal de Nantes, Eustache d'Epinay, sieur de Thieuc, et Jean Ordrify, conseillers généraux, Pierre le Comte et René de Coentumer, maîtres des requêtes, et Jean Blanchet, procureur de Nantes.

Guillaume de Rosnivinen fut nommé en 1477 capitaine des francs-archers de garde au Château.

François II poussait activement les travaux du Château de la tour Neuve, car, à la date de 1477, nous trouvons dans les Registres de la chancellerie de Bretagne le mandement suivant :

« Mandement aux gens des comptes de allouer et passer en descharge à Guillaume Gerault les sommes et chascune qui ensuivent, et pour les causes cy après déclérées, savoir : pour ses gaiges d'un an, qui finira au premier jour de mars prochain venant, IIc # ; pour les gaiges du conterolle des repparacions du Chasteau, pour ledict an, C# ; item, les mises que ledict Gerault apparoistra par les relations dudit contrecolle avoir faites pour la faczon et ouverture des cuisines faites en l'édifice neuf.... » (Archives de Nantes, Registre de la chancellerie de Bretagne de 1477, folio 9, verso).

Cet édifice neuf, où l'on établissait les cuisines, n'était point l'une des pièces de la fortification de la tour Neuve. C'était le bâtiment principal d'habitation, ce magnifique palais de nos ducs, que l'on voit à droite en entrant dans la grande cour du Château, et qui devait être construit, au moins en partie, en 1477.

Pendant cette même année, Jean Brevete, trésorier de l'église de Tours, fut envoyé par Louis XI en ambassade près de François II. Le lendemain de son arrivée, 22 août, l'ambassadeur dit la messe dans la chapelle de la tour Neuve. Le duc, entouré de sa Cour, y assistait, et, au moment de l'élévation., il prononça à haute voix ces paroles : « Je, François, par la grâce de Dieu, duc de Bretagne, je jure que tant que mon très redouté seigneur Louis, par la grâce de Dieu, roi de France, vive, je ne le prendrai, ni tueré et ne feré prendre, ni tuer, ni attenteré, ni mal feré à sa personne. Jure aussi que je ne lui feré guerre ni à son royaume ».

Vers la fin de l'année 1479, le vicomte de Rohan fut arrêté par ordre du duc de Bretagne et conduit dans les cachots de la tour Neuve.

Alain de Rohan avait enfermé une de ses soeurs dans une tour du château de Josselin. René Keradreux, gentilhomme attaché au vicomte, fut sensible au malheur de Mlle de Rohan, dont il était peut-être la cause : car elle trouva le moyen de lui écrire pour le prier de se trouver à une fenêtre basse du château. A peine Keradreux était-il arrivé à l'endroit indiqué, qu'il fut attaqué par plusieurs seigneurs qui sortaient du manoir de Josselin. Le gentilhomme se défendit avec courage ; mais, accablé sous le nombre de ses blessures, il tomba mort sous les regards de Mlle de Rohan. Le duc de Bretagne, informé de cette nouvelle, soupçonna le vicomte d'avoir commis cet assassinat : il le fit arrêter le 3 novembre et enfermer dans les prisons de la tour Neuve. Guillaume Bigot, sénéchal de Guérande, les sénéchaux de Rennes, de Broerech et de Ploermel furent commis, par lettres du 7 novembre, pour informer sur le crime. Le duc fit saisir les domaines que le vicomte possédait en Bretagne, et l'année suivante, il nomma, pour en faire la régie, Olivier Avaleuc, qui prêta serment de fidélité. Le vicomte Alain de Rohan sortit de prison quelque temps après, aucun des témoins ne l'ayant chargé du meurtre de Keradreux (Taillandier, Histoire de Bretagne, tome II, livre XIV).

18 février 1480. « Mandement aux gens des comptes d'allouer et passer en descharge à Guillaume Gerault, receveur et miseur des deniers ordonnez pour les euvres et édiffices du Chasteau de Nantes, la somme de 3.000#  monnoie, qu'il a payé et avancé, du commandement du duc, savoir à Pierre Champeigne, charpentier, à valoir sur ce que lui pourra estre deu sur ladicte charpenterie, 2.100# et à Jehan Bouger, couvreur d'iceulx édifices, 900# monnoie » (Archives de Nantes, Registre de la chancellerie de Bretagne).

Comme nous l'avons vu plus haut, c'est en 1466 que François II fit commencer les travaux de reconstruction du Château. L'architecte, ou plutôt le maître des oeuvres, comme on disait à cette époque, se nommait Mathurin Rodier. Jacques Bodart, Jean Rouxeau, Jean Pasquier et Pierre Champeigne étaient chargés de faire exécuter les plans du maître des oeuvres.

On doit au duc François II, la belle et haute façade du côté de la ville, le palais intérieur qui lui est adossé, et les tours de la Boulangerie, du Pied-de-Biche, des Espagnols et des Jacobins.

Ces tours tirent leur nom de circonstances particulières à chacune d'elles. La tour de la Boulangerie, située à droite de la porte d'entrée, emprunte son nom au four que existait à son rez-de-chaussée ; la tour du Pied-de-Biche, située à gauche de la même porte, à une prison qui s'appelait le Pied-de-Biche, dans laquelle les gouverneurs faisaient enfermer les habitants qu'ils voulaient rançonner ou qui leur paraissaient suspects. Ces deux tours contenaient trois étages de casemates, servant de cachot pour les soldats de la garnison ou pour les prisonniers de guerre.

La tour des Jacobins fut ainsi nommée, parce qu'elle s'élève en regard du couvent des Jacobins, fondé en 1240 par le vicomte de Rohan, baron de Vitré. Elle s'appelle aussi tour des Anglais, à cause des prisonniers anglais qui y furent enfermés.

La tour des Espagnols tire son nom d'une circonstance analogue à la précédente. Indépendamment d'un souterrain, cette tour avait deux étages, dont le premier servait de cantine et le deuxième de prison.

Près de la tour des Espagnols était l'appartement du lieutenant du roi, à l'extrémité duquel étaient une glacière et une laverie. A l'autre extrémité, du côté de la tour, se trouvait une pièce voûtée qui renfermait les archives des ducs de Bretagne, et qui ne s'ouvrait que par lettres de cachet. Au-dessus des archives, était la chapelle du Château, à laquelle on arrivait par un escalier tournant, situé à la gorge de la tour des Espagnols. Le deuxième étage formait le logement de l'aumônier.

En arrière de la façade principale du Château, était le palais des ducs de Bretagne. Au rez-de-chaussée se trouvaient des pièces réservées à des prisonniers d'état ; au premier et au deuxième étage étaient les appartements du duc et du gouverneur. Les étages supérieurs, qui s'étendaient sur les tours de la Boulangerie et du Pied-de-Biche, étaient occupés par la compagnie des francs-archers et les serviteurs de François II.

Ce palais des anciens ducs de Bretagne est le reste le plus remarquable de l'architecture du XVème siècle dans notre ville. Déjà, dans ce siècle de pieuses croyances, d'amour et de chevalerie, la pierre ne se plaçait plus froidement taillée sur les murailles de guerre ; mais elle prenait mille formes, elle s'animait de mille ornements sous la main dis picoteurs de pierres.

Sous le règne de François II, le Château resté seul à Nantes, depuis la transformation du Bouffay en palais de justice, perdit son nom de tour Neuve pour prendre celui de château de Nantes.

Depuis longtemps le trésorier Pierre Landais et Guillaume Chauvin, chancelier de Bretagne, étaient dans de fort mauvais termes. François II, conseillé par Landais, fit arrêter le chancelier, le 5 octobre 1481, par Clartière, capitaine des francs-archers. Il le fit enfermer non pas au Bouffay, comme quelques écrivains l'ont prétendu, mais au Château de Nantes. Le 16 octobre, les sénéchaux de Dinan, de Lamballe et de Ploermel, furent nommés pour instruire le procès et examiner l'accusation portée en même temps contre Jean Chauvin, Guillaume Ferron, Jacques Raboceau et Guillaume de Paris. Cependant le chancelier se défendit d'une manière si nette et si convaincante, que ses juges n'osèrent ni le condamner ni l'absoudre. François II donna la charge de chancelier à François Chrétien, procureur près la Cour d'Auray, seigneur de Pontmoriou, fils du vicomte de Trévenec, et le 20 décembre, il fit saisir les biens de son ancien serviteur par Guillaume du Cellier. En 1482, Guillaume Chauvin fut conduit au château d'Auray par Clartière et ses francs-archers, puis au château de l'Ermine, près de Vannes, où il mourut de misère et de chagrin.

En avril 1482, il y eut des joûtes au Château en présence de la duchesse et d'une foule de barons.

« Estat de la despense pour le fait de la guerre ...  à Guillaume de Rosnyvinen ayant la charge de douze francs-archers estans à la garde du Chasteau de Nantes,  lui sera payé pour les gages et soulde desdits archers pour un an, la somme de 504# » (Dom Morice, Preuves, tome III).

En 1484, le Château de Nantes vit s'accomplir dans ses murs un événement célèbre : c'est la révolte des nobles contre Pierre Landais, trésorier général de Bretagne.

Pierre Landais était fils d'un tailleur de Vitré. Placé au service du tailleur du duc de Bretagne, il sut plaire à François II, qui le retint près de lui. Il en fit d'abord son valet, puis il le nomma maître de sa garde-robe, et enfin trésorier général, charge qui était la plus importante du duché.

Cependant la morgue de Pierre Landais ne tarda pas à soulever contre lui la noblesse bretonne. La mort du chancelier mit, le comble à l'indignation des seigneurs, qui résolurent de se saisir de Pierre Landais et de le perdre. Landais se tenait ordinairement au Château de Nantes ; mais quelquefois il habitait sa maison de la Papotière. Les mécontents, qui voulaient exposer au duc de Bretagne les excès de son ministre et lui demander qu'il les punît, se divisèrent en deux bandes. Deux jours après la mort de Guillaume Chauvin, 7 avril 1484, les seigneurs, commandés par le maréchal de Rieux et Jean de Châlons, prince d'Orange, se rendirent au Château de Nantes, à la nuit tombante. Après avoir ouvert les portes et les poternes, dont ils s'étaient procuré les clefs, ils les barricadèrent avec soin. Ils se dispersèrent ensuite dans tous les appartements pour chercher le trésorier et ils pénétrèrent jusque dans la chambre de François II. Mais leurs recherches furent inutiles ; Landais était à sa maison de campagne.

Pendant ce temps, le peuple, croyant qu'on en veut à la vie du duc de Bretagne, prend les armes. Les bourgeois se rendent au Château et menacent d'en forcer les portes ; ils couvrent le fleuve de leur milice et pointent les canons devant la forteresse. Quelques coups de mousquets sont même échangés et deux gentilshommes, Pierre le Flo et Thomas Champion, sont tués par le peuple. Les conjurés effrayés obligent le duc à monter sur les remparts et à déclarer qu'on n'a rien tramé contre sa personne.

L'autre bande s'était dirigée vers la Papotière. Mais Pierre Landais, averti par un serviteur fidèle, prit la fuite et se retira au château de Pouancé. De là il écrivit au duc, qui l'envoya chercher sous bonne escorte, et il revint à Nantes où il reprit son autorité.

Dans la prévision des vengeances de Landais, les conjurés s'étaient retirés à Ancenis ; ils furent déclarés rebelles et leurs biens furent confisqués. Le ministre voulut attaquer ses ennemis et l'armée ducale s'avança vers cette ville ; mais, une fois en présence des conjurés, elle se joignit à eux au lieu de les combattre, tant la haine contre le trésorier était grande et générale. Les deux armées réunies marchèrent alors sur Nantes.

Dès que le peuple fut instruit de ces événements, il se porta au Château, demandant avec fureur qu'on livrât le ministre à la justice. Landais, ne pouvant prendre la fuite, alla se réfugier auprès du prince et se cacha dans une armoire dont le duc prit la clef. François II, effrayé lui-même d'un tumulte qui augmentait sans cesse, envoya son beau-frère, le vicomte de Narbonne, haranguer la foule du haut des remparts. Mais celui-ci ne put se faire entendre, et il dit au duc en revenant : « Monseigneur, je vous jure Dieu que j'aimerois mieux estre prince d'un million de sangliers que de tel peuple que sont vos bretons. Il vous faut de nécessité délivrer vostre thérosier, aultrement nous sommes tous en dangier ». Bientôt le chancelier, François Chrétien, suivi du peuple, présenta un décret de prise de corps au duc de Bretagne, qui, saisi de terreur, fut obligé de lui remettre son favori. « Je vous le baille, dit le duc, et vous commande sur vostre vie, que vous lui administriez justice et que ne souffriez aucun grief ou desplaisir lui estre fait hors justice. Il a esté cause de vous faire chancelier, et, pour ce, soyez lui ami en justice ». Le chancelier ne répondit rien et emmena Landais, au milieu des insultes de la populace, à la tour de la porte Saint-Nicolas. Pierre Landais fut condamné à mort, et pendu sur la prée de Bièce, le 19 juillet 1485.

En 1484, François de Bretagne, seigneur d'Avaugour et de Clisson, et Guillaume Guillemet, furent nommés capitaine et lieutenant du Château de Nantes.

Le mardi 9 août 1485, les articles du traité de Bourges, conclu entre Charles VIII et le duc de Bretagne, furent lus au Château de Nantes, en présence de François II, de l'archevêque de Bordeaux, du seigneur de Rochecouart, de Jean Bochart et Jean Pellien, conseillers et ambassadeurs du roi. Après la lecture des articles du traité, le duc déclara les avoir pour agréables et il fit « serment solemnel sur les esvangiles de N. S., lesquelles il a corporellement touchées, de les entretenir et garder selon leur forme et teneur, sans enfraindre, moyennant que le roi de sa part le face semblablement ».

Le 13 août suivant, François II fit remise de rachat à Olivier de Saint-Denoual, son bien-aimé et féal écuyer.

Gilles du Man et Geoffroy Ruffier furent nommés en 1486 lieutenants du Château de Nantes.

1486. « Mandement s'adressant à Yvonnet Gareau, miseur de l'euvre du Chasteau de Nantes, de se transporter tout incontinent ou envoyer à Taillebourg, par mer, quérir et achatter pierres et icelles faire conduire par decza, pour estre employées oudit euvre » (Archives de Nantes, Registre de la chancellerie).

Le Château de Nantes avait pour gouverneur en 1486 le prince d'Orange, Jean de Châlons, qui le mit en état de défense et qui ajouta de nouvelles pièces d'artillerie à celles qui garnissaient déjà les remparts. Ces mesures étaient nécessitées par la présence devant Nantes de quatre mille lances françaises, sous les ordres du marquis de l'Hôpital. Mais les Français se retirèrent après un blocus de six semaines.

Nous trouvons dans le Trésor des Chartes de Bretagne, la pièce suivante, qui nous donne le nombre et la description de l'artillerie du Château de Nantes en 1486.

« Du XVIIIème jour d'octobre, l'an mil IIIIc IIIIxx VI. Au Chasteau de Nantes, et premier, en la chambre sur la porte à saillir sur les fossez, une couleuvrine de fonte, à chevalet et son affut, pesant VIxx X livres.
Item, une pareille couleuvrine o son affut assortée en la canonière de la vyr à monter en ladicte chambre, pesant VIIxx X livres.
Item, ung gros canton de fonte de la faczon de Guion des Landes, assorté, ou hault de ladicte chambre, pesant avecques ses deux chambres....
Item, une grosse couleuvrine de fonte, de la façon Fontin, à chevalet, assortée à la poterne de la douve, pesant VIIIxx livres.
Item, IIII autres couleuvrines grosses avecques leurs affuz estant sur le pan de mur, pesant XIxx livres chacune, entre le portal des dictes douves et la grosse tour.
Item, en la première chambre basse de ladicte grosse tour, troys gros canons perriers de fonte, avecques leurs boytes ; qui sont II boytes.
Item, en es chambres première, du second estage, ung gros canon à deux chambres et deux grosses couleuvrines de fonte.
Item, plus oudit estage, ung gros canon avecques deux chambres et troys couleuvrines de fonte et leur chariot.
Item, sur la voulte de ladite tour, deux gros canons avecques leurs boytes et deux serpentines et leurs chambres, le tout de fonte. Item, plus sur ladite voulte XI couleuvrines de fonte sur leurs chevalez.
Item, sur le mur du hault de la tour, deux grosses serpentines à boytes, et ung gros canon à boyte, le tout de fonte.
Item, sur le pan de mur d'entre ladite grosse tour et la tour où couche monseigneur le prince, seix couleuvrines de fonte et leurs affutz. Item, canon et ses boytes, de fonte, nommé Quelant et son poulain. Item, une grosse serpentine sur ses boytes aussi de fonte.
Item, en la chambre où se fait la bouteillerie de monseigneur le prince, en ladite tour, une serpentine et ses boytes de fonte.
Item, sur le pan de mur, depuis la tour du logeix de mondit seigneur le prince, et la tour ou souloit logier Clertière, huit couleuvrines et leurs affutz ; troys gros canons et leurs boytes et une grosse serpentine non afûtée, le tout de fonte.
Item, en la première chambre de ladite tour de Clertière, où est logé à présent Bohu, ung gros canon de fonte et ses boytes.
Item, soubz ladite tour, une coulleuvrine et son affut.
Item, au coing du grant pan de mur d'entre ladite tour et la première tour du portal, une couleuvrine et son affut.
Item, sur la grosse tour de Bourgongne, quatre coulleuvrines à chevalet qui sont de fonte.
Item, deux couleuvrines de fonte dont l'une est rompue, sur la tour du duc. Item, au premier estage de la première tour du portal du Chasteau, douze hacquebuthes, dont deux rompues. Item, une coulleuvrine de fonte rompue, du poix de VIIxx livres.
Des arbalestres, trante brigandines, poudres, sallepestres, saulmons de plomb qui y sont »
(Archives de Nantes, Trésor des Chartes, arm. S, case A, n° 13).

François II avait reçu le duc d'Orléans à sa cour, mais il eut bientôt à se repentir de son imprudente hospitalité ; car Mme de Beaujeu fit marcher contre la Bretagne une puissante armée.

Alors le Château de Nantes fut le centre d'une grande coalition. Une ligue y fut signée par le prince d'Orange, le roi et la reine de Navarre, le duc de Bretagne, le cardinal de Foix, le roi des Romains, les ducs de Lorraine et d'Orléans, le maréchal de Rieux, les comtes de Comminge, de Dunois, de Nevers et d'Angouléme, les sires d'Albret, de Lescun, de Pons, d'Orval et de Lautrec. Ils exposèrent dans un manifeste, que les bonnes intentions du roi Charles pour la paix « ayant été annihilées par l'ambition et la convoitise d'aucunes personnes estantes de présent autour dudit roi, lesquelles voulaient contre droit et raison enlever la couronne de Bretagne aux filles de François II, ils s'étaient confédérés pour le bien du royaume et promis de s'entre-aider, se soumettant, s'ils manquaient à leur parole, à voir les autres traîner leurs armes à la coue de leurs chevaux ».

Le 20 juin 1487, Gilles de Bourbon, comte de Montpensier, lieutenant de Charles VIII, roi de France, se présenta sous les murs de Nantes avec dix mille hommes.

Depuis longtemps on avait pris de grandes précautions militaires en prévision de cet événement. Les fortifications étaient réparées et le Château était pour ainsi dire reconstruit en entier. On avait abattu les maisons situées sur les mottes Saint-Pierre et Saint-André, pour rendre plus facile le jeu de l'artillerie et on avait fait venir de Hollande les canonniers les plus habiles. Dès le commencement du siège, le duc quitta le château et alla habiter dans la Grande-Rue chez un riche bourgeois nommé Guyolle. Le duc avait été bien inspiré ; car un instant après son départ, un boulet de couleuvrine, qui certes n'était point dirigé au hasard, brisa la fenêtre de la chambre où François II avait coutume de coucher.

Pendant que le comte de Montpensier pressait le siége par des attaques réitérées, un renfort de dix mille hommes fut introduit dans la place, et quinze cents Guérandais, portant des croix noires pour signe de ralliement, y pénétrèrent sous la conduite de Dunois. L'armée ennemie, désespérant de s'emparer de la ville et du Château, leva le siége le 6 août.

Cependant les Français étaient parvenus à se faire de nombreux partisans à Nantes, où une conspiration éclata bientôt. Des archers de la garde du duc, des arbalétriers et plusieurs de ses domestiques, excitèrent le peuple à la révolte. Les habitants, qui s'étaient assemblés au bruit du tocsin, prirent des canons et coururent assiéger le Château où étaient le duc d'Orléans, le comte de Dunois et d'autres Français attachés au duc de Bretagne. Mais la bonne contenance du duc d'Orléans mit en fuite les assiégeants. Les coupables furent bientôt pris, et un mandement de François II leur fit obtenir bonne et brève justice.

Le 15 mai 1487, Marguerite de Foix, épouse de François II, mourut au Château de Nantes.

12 mars 1487. « Pencion de la somme de 40# par chascun an, à Jacquet Bodart, qui avoit esté maistre maczon de l'ediffice du Chasteau de Nantes, à lui estre poyée sur les deniers ordonnez à la reparacion dudit Chasteau » (Archives de Nantes, Registre de la chancellerie).

7 août. « Ordonnance, par chascun an, à Jehan Rouxeau, maistre des ouvres du Chasteau de Nantes, de la somme de 25# pour ses gaiges desdictes ouvres, oultre ses journées, ainsi que levoit et prenoit, Jacquet, Bodart, précédent maistre desdictes ouvres. Et à commencer ladicte ordonnance le premier jour de janvier derroin passé  » (Archives de Nantes, Registre de la chancellerie).

Le 6 septembre 1487, en présence de l'évêque de Nantes, du comte de Comminge, du sire de Coetquen, du sire de Maupertuis et du gouverneur de Montfort, réunis dans la grande salle du Château, le duc de Bretagne érigea la seigneurie de la Hunaudaie en baronnie pour le sire de la Hunaudaie (Dom Morice, Preuves, tome III).

Le même jour, François II érigea également en baronnie la terre de Coetmen pour son bien-aimé cotisin et féal Jean de Coetmen, vicomte de Coetmen et de Tonquédec, en considération de ses bons et loyaux services. Les seigneurs, que le duc avait appelés en qualité de témoins, étaient l'évêque de Nantes, le comte de Comminge, le vice-chancelier, les sires de Couesquen, de Vauclerc et de Maupertuis et le gouverneur de Montfort (Dom Morice, Preuves, tome III).

Les Etats de Bretagne se tinrent au Château de Nantes, le samedi 17 novembre de la même année. Me Jean Kerbontier, procureur de Vannes, lut aux Etats le mandement de Français II du 6 septembre, qui érigeait la seigneurie de Coetmen en baronnie. Après cette lecture, le sire Jean de Coetmen fut mené, sur l'ordre du duc de Bretagne, par Mery de Tour, au rang des barons présents aux Etats.

François II, par mandement du 22 août, institua capitaine du Château et des cent gentilshommes de sa maison, Jean, sire de Rieux, de Rochefort et d'Ancenis, comte d'Aumale, vicomte de Donges et maréchal de Bretagne, à la place de Jean de châlons, prince d'Orange.

Le 2 avril 1488, Jean de Rieux, afin de solder les hommes qui composaient la garde de sa pupille, exigeait la restitution de certains bijoux qu'on refusait d'abord de lui remettre. Ce conseil se tint au Château dans la chambre de la comtesse de Laval « ou estoient présens et appelez par mondit seigneur le maréchal et lieutenant général : nobles et scientifiques hommes, messire Gilles de la Rivière, vice chancelier de Bretaigne ; Olivier de Couaymen ; Odet d'Aydic, sennechal de Carcassonne ; Raymond de Cardillac, seigneur de Saint-Cire ; maistre Jean Blanchet, sennechal de Nantes ; maistre Rolland Gaulteron, sennechal de Lamballe ; Guillaume de Bogier, contrerolle général de Bretaigne ; Gilles Thomas, trésorier de l'espargne ; maistre Jean du Cellier, seigneur du Bays ; Pierre de Vay, seigneur de la Rochefordière ; l'un des audicteurs des comptes, et plusieurs autres ».

Les bijoux, que réclamait le maréchal de Rieux, lui furent livrés le 6 avril, dans la chambre du seigneur de Comminge.

Le 8 septembre 1488, François II mourut à Couëron, léguant la couronne ducale à sa fille Anne de Bretagne, qui institua Jean de Robien, gouverneur du Château, le 14 avril de l'année suivante.

A l'insu de la duchesse, le sire d'Albret, en 1489, « tira de son trésor du Château de Nantes, plusieurs vases d'or et d'argent, 2 flacons de vermeil pesant 207 marcs 4 onces 7 gros, 2 grands drageoirs de vermeil pesant 239 marcs et un sacraire, servant à mettre le corpus Domini, pesant 54 marcs. Ces riches matières furent portées à la monnaie et, par ordre d'Albret, réduites en gros au cours de 2s 6d, et en monnaie noire ». La duchesse approuva cette conduite, le 9 août 1490 (Travers, Histoire de Nantes, tome II, chapitre XCIV, page 210).

A son arrivée à Nantes, Anne de Bretagne se rendit directement au Château, où elle fut reçue par son grand maître d'hôtel, le sire de Grimault, au son des trompettes et au bruit de l'artillerie. La duchesse fut conduite dans une salle richement tapissée. « Une table merveilleusement dressée était au haut d'icelle, et aux deux ailes, deux longues tables entre les quelles se montrait un riche buffet de vaiselle d'or et d'argent doré, somptueusement labouré, avec baraults, flacons, estamaux, couppes, vases en grand nombre que faisait si beau voir que la duchesse voulait incontinent. aller disner ; mais le ceremonial devait être observé. A la fin, tout fut servi de bon vin et viande fraiche en grande abondance. On se mit à table, à chacune santé sonnèrent les trompettes et la fête se termina moult bien ».

Anne de Bretagne était vivement tourmentée par le maréchal de Rieux et la comtesse de Laval, pour qu'elle épousât le sire d'Albret, dont l'alliance, malgré sa laideur et son âge, n'avait pas été tout-à-fait repoussée par François II. D'autres conseillers de la duchesse, soumis au roi d'Angleterre, lui faisaient épouser par procuration Maximilien, roi des Romains. Informé de cette nouvelle, que resta longtemps secrète, le roi de France gagna le sire d'Albret. De son côté, en apprenant ce mariage, d'Albret ne put maîtriser sa fureur, et il vendit à Charles VIII la ville et le Château de Nantes. Dans le traité, qui constatait son infime trahison, d'Albret cédait à Charles VIII les droits qu'il prétendait avoir sur la Bretagne, pour 25.000# de rente. De plus, le roi de France s'engageait à pardonner à d'Albret et à ses adhérents tous les crimes qu'ils pourraient avoir commis et dont on pourrait les accuser. Telles furent les conditions de ce honteux traité que d'Albret osa signer et que Charles VIII approuva sous le cachet de ses armes.

Dans la nuit du 19 au 20 mars 1491, le sire d'Albret ouvrit les portes du Château de Nantes à Louis de la Trimouille et à Guischard d'Albon-de-Saint-André, commandant des troupes françaises. D'Albret s'empara cette nuit même des bagues, joyaux, perles, saphirs et autres bijoux qui étaient dans la trésorerie de l'épargne du Château, sous la garde de Gilles Thomas. La ville, qui tenait encore pour la duchesse, se rendit en présence de l'artillerie de la forteresse, et surtout grâce à l'influence du maréchal de Rieux ; mais à la condition toutefois de conserver ses droits et priviléges. Ce traité eut lieu au Château le dimanche 20 mars 1491 entre les sires d'Albret, de la Trimouille et de Saint-André, lieutenants du roi et autres capitaines et gens de guerre, d'une part ; et la comtesse de Laval, le maréchal de Rieux et les gens d'église, nobles, bourgeois, manants et habitants de Nantes, d'autre part.

Charles VIII, qui attendait à Tours la réussite du complot, envoya d'abord son lieutenant le duc de Bourbon, et le 26 mars il fit son entrée à Nantes. Le roi reçut le serment des habitants le 4 avril, et, en quittant Nantes, il laissa pour la garde du Château mille hommes de guerre à pied, sous les ordres du sire de la Trimouille. Il donna le commandement de la forteresse à Alain de Mont-Ménard, sire de Rochefort.

C'est le 6 décembre 1491 que Charles VIII épousa la duchesse Anne. Ce mariage fut célébré à Langeais, et non pas dans la chapelle du Château de Nantes, comme l'ont prétendu quelques écrivains.

« Extrait d'un rolle des parties et sommes de deniers que le roy nostre sire a voulu estre payées par Jean Briconnet, conseiller dud. seigneur et receveur general de ses finances.
Audit Jehan le Gendre, 3.000# tournois pour partie de la somme de 12.000# à lui ordonnées pour estre baillée à M. d'Elbret sus et en déduction de 11.000 escus de 35s tournois pièce, dont icelui seigneur a fait don en faveur des services qu'il lui a fait en la prise et réduction en son obéissance des ville et chastel de Nantes.
Au même 5.000# pour le payement de mille hommes de guerre a pié à la morte paye ordonnez à la garde des ville et chastel de Nantes, en mai »
(Dom Movice, Preuves, tome III, colonne 696).

Pierre Daux, bailli des Montaignes, et Merlin de Cordeboeuf succédèrent dans la lieutenance du Château à René Chauvin, seigneur de la Muce.

Arthur de l'Espervier de la Bouvardière, écuyer tranchant de la reine Anne, en fut nommé capitaine en 1495.

« Tres cher et tres amez, nous avons pour plusieurs bonnes et raisonnables causes donné à nostre amé et féal cousin, conseiller et chambellan, le sire de la Trimoille, chevalier de nostre ordre, lieutenant général en Bretaigne, l'office de capitaine de nostre ville, cité et chastel de Nantes et semblablement luy avons baillé la charge des mille mortepayes que nous avons ordonnées et establies pour la garde, seureté et défense desdits ville et chastel ...... Donné à Sablé, le 21e jour d'aoust, 1406. Signé : Charles, et au-dessous, Bohier » (Dom Morice, Preuves, tome III, colonne 784).

Charles VIII étant mort le 6 avril 1498, Louis XII, son successeur, fit proposer à la reine Anne de l'épouser. Celle-ci accepta, et, pour gage de la parole qu'elle donna au roi, elle mit en sa possession la ville et le Château de Nantes pour un an. Le roi, par ses lettres du 19 août 1498, s'obligea à les lui remettre, si, dans l'an de la date de ses lettres, le mariage proposé ne pouvait s'accomplir. La garde du Château fut laissée au sire de la Trimouille, qui promit par serment de le rendre à la souveraine de Bretagne, si, dans le temps arrêté, le roi ne l'épousait pas.

Le sire de la Trimouille et Cordebœuf, son lieutenant, donnèrent leur démission le 1er décembre. La reine nomma alors Arthur l'Espervier, sire de la Bouvardière, à la capitainerie du Château, dont Charles de l'Espervier obtint la lieutenance.

Le lundi 7 janvier 1499, fut signé au Château le contrat du mariage arrêté entre Louis XII, roi de France, et Anne de Bretagne, devant les cardinaux de Saint-Pierre-ès-liens et d'Amboise, le seigneur de Ravestain, le prince d'Orange, le marquis de Rothelin, les comtes de Rohan, de Guise, de Ligny, de Dunois et de Rieux, les évêques de Saint-Brieuc, d'Alby, de Luçon, de Léon, de Septe, de Cornouaille, de Bayeux ; les sires de Gyé et de Baudricourt, maréchaux de France ; les seigneurs de Sens, de la Trimouille, de Chaumont, de Beaumont, d'Avaugour et de Tournon ; les abbés de Redon et de Moustier-Ramé ; Jacques de Beaume, général des finances en Languedoc ; Charles de Haut-Bois, président des enquêtes ; Philippe Bandot, gouverneur de la chancellerie de Bourgogne ; René du Pont, archidiacre de Ploucastel ; Amaury de Quenequivilly, Roland de Scliczon, Alain Marec, sénéchal de Rennes ; Gabriel Myron, médecin ; Guillaume Gédouin, conseiller de la reine et Jean Robineau, notaire du roi. Entre autres clauses, il fut stipulé que les épousailles auraient lieu au Château de Nantes (Dom Morice, Preuves, tome III, colonne 813).

Le même jour et en présence des mêmes personnages, Louis XII signa les articles touchant les droits et priviléges de la Bretagne (Dom Morice, Preuves, tome III, colonne 815).

Le lendemain, 8 janvier, Louis XII, revêtu des ornements royaux et Anne de Bretagne, parée d'un somptueux manteau d'or, reçurent la bénédiction nuptiale, dans la chapelle du Château, de la main du cardinal de Rouen. Deux jours avant, Yves de Quirissec, grand vicaire de Jean d'Epinay, évêque de Nantes, avait accordé la dispense des trois bans et du temps. La cérémonie religieuse finie, les dames d'honneur et les seigneurs vinrent saluer le roi et la reine de France. Le soir, après les joûtes, il y eut au Château un grand repas qui se prolongea jusqu'à minuit.

En 1499, la reine Anne fit abattre plusieurs maisons pour la fortification du Château de Nantes, et l'agrandissement des douves. Voici la déclaration des prisages de ces maisons, qui se trouve dans les registres de la Chambre des comptes, à la date du 27 janvier 1500.

« Et avons trouvé qu'il a esté mys et employé aux accroissements dud. chasteau au dedans de lad. ville es douves et fossez et aux places, chemins et yssues d'iceulx entre la rivière de Loire et couvent des Jacobins, les maisons de Richard le Comte et de feu Olivier le tailleur à présent estant les prochaines dud. Chasteau, l'église Sainte-Aragonde et le chemin qui descend devers Saint-Pierre à lad. église, les maisons et jardrin du doyenné et le mur de la ville du costé devers Richebourg, le nombre de 23 maisons qui estoient, de lad paroisse de Sainte-Aragonde et plusieurs jardrins, le tout fyé et estaige dud. évesque, et au dehors de lad. ville devers Richebourg avons trouvé que, outre les douves et fossez de lad ville, presque vis-à-vis de la prouchaine tour de dessoubz de celle de S. Laurent, tirant au Chasteau, rendant à 2 croix de bois à present estant sur le bord du chemin qui descend de la porte de S. Pierre à lad. rivière de Loire, presque vis-à-vis du coing du bas du jardin des sr et dame (le roi et la reine) les jardrins estant au long d'iceluy chemin, les maisons d'un nommé Rimenton et Jacquot Olivier, qui à présent, sont, les prouchaines du Chasteau, lad. rivière de Loire et led. Chasteau y avoit paravant le commencement de l'accroissement d'iceluy Chasteau et le siège qui derrain fut mis et apposé au devant de lad. ville et Chasteau, le nombre de 32 maisons et estaiges par plusieurs jardrins et que partie d'iceulx furent du temps du feu duc (Franois II) desmolies et abattues pour mettre et employer oud. accroissement et que autre partie furent desmolies et abattues durant les guerres et grant parties bientôt après et dempuis et que le tout de l'emplacement d'icelles maisons et jardrins et de leurs pourprins ont esté mis et employés et à présent sont oudit eslargissement du Chasteau et desd douves » (Archives de Nantes, Registre de la Chambre des Comptes).

La reine Anne acheta aussi une partie du terrain des frères Prêcheurs et elle donna 1.200# aux Jacobins, dont le cimetière avait été pris pour l'agrandissement des fossés. Elle augmenta les fortifications du Château et fit construire la tour du Fer-à-Cheval, ainsi que les deux tours basses et la courtine, qui les relie du côté de la Loire.

La tour du Fer-à-Cheval, située du côté de Richebourg, contenait plusieurs souterrains et des chambres parfaitement voûtées, portant des écussons aux armes de Bretagne. « Sa forme, élevée et élégante, dit M. le colonel Allard, a généralement donné lieu de penser, que c'était l'ancienne chapelle du Château. Il suffit d'observer de près son architecture et les détails de sa construction pour se convaincre que c'est une erreur. La porte et les deux grandes fenêtres étagées qui sont pratiquées sur le pignon, montre que ce devait être un bâtiment d'habitation, et ce qui le prouve encore plus, ce sont les tuyaux de cheminées et les lieux d'aisance, qu'on trouve au rez-de-chaussée ». Du reste, il résulte des procès-verbaux de l'événement, que la chapelle du Château fut détruite lors de l'explosion de la poudrière, le 5 prairial an VIII.

La courtine qui joignait les deux tours donnant sur le fleuve, était un chemin de ronde à machicoulis. A cette muraille était adossé l'arsenal du Château, sous lequel se trouvait une poterne qui conduisait à la Loire, et près de laquelle était établie une grue pour le chargement et le déchargement des navires. Le petit bâtiment qui faisait suite à l'arsenal, et qui se reliait à la tour de la Rivière, servait de logement à une partie de la garnison et contenait des chambres réservées à des prisonniers d'Etat.

(Charles Bougouin).

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