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NOTICE HISTORIQUE SUR LE CHATEAU DE NANTES (au XVIème siècle).

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Le 10 janvier 1504 le roi de France Louis XII était à Nantes, où il fit une ordonnance pour le guet du Château par les habitants.

Le synode du 24 octobre de la même année, célébré par les grands vicaires Jean du Boschet, et Jean Deno, permit de dire la messe dans la chapelle du Château sur un autel portatif.

Les tapisseries d'Anne de Bretagne, qui étaient dans ses appartements du Château de Nantes, furent tendues dans l'église Saint-Nicolas à toutes les grandes fêtes, depuis le 16 octobre 1509 jusqu'au 26 octobre 1512.

Louis XII vint à Nantes le 5 avril 1510, et logea au Château, où la reine se plaisait comme au lieu de sa naissance.

« L'affection de cette dame (Anne de Bretagne) envers les hommes de valleur estoit grande, entre les quels fut Jean de Montdragon, capitaine espagnol, venu de long temps à son service, lequel elle fist capitaine des ville et chasteaux de Nantes » (D'Argentré, Histoire de Bretagne, livre XII).

Anne, duchesse de Bretagne et reine de France, mourut à Blois le 9 janvier 1514, à l'âge de trente-huit ans. Elle laissa dans la trésorerie du Château de Nantes beaucoup de riches effets et de belles tapisseries. L'inventaire en fut fait le 4 avril suivant : les bijoux furent donnés à Mme Claude de France, fille de la reine, et les tapisseries restèrent au Château.

Le roi de France était encore au Château de Nantes le 5 septembre 1520 et le 9 juillet 1522.

Louis du Bodys, seigneur des Arpentilz, remplace le sieur de Gournay dans la capitainerie du Château.

« Item, se décharge ledit miseur d'avoir payé à Phelippes Pouvreau, seigneur de Gournay, lieutenant de Monseigneur de Bouvinet, admiral de France et capitaine de Nantes, pour les gaiges de capitaine pour ung an et demy finy le derroin jour de décembre l'an mil cinq cens vingt, la somme de sept vingt dix livres monnoye de Bretaigne » (Archives de la ville de Nantes, Registre de Jehan Richerot, miseur, 1517-1520, folio 14, verso).

Anne de Montmorency, grand maître de la maison du roi, maréchal de France, gouverneur de Saint-Malo et de la Bastille, fut nommé en 1527, gouverneur du Château de Nantes. Cette place lui rapportait 1.500# tournois.

François Ier, roi de France, vint à Nantes les 13 juillet et août de l'année 1532. La reine Éléonore, sa seconde femme, y arriva le 14 août, vers les quatre heures du soir, et elle fit son entrée au Château sous un dais magnifique, porté par quatre habitants, précédée de trois bandes de jeunes gens, aux livrées de la reine, du dauphin et de la ville.

A l'occasion de l'arrivée du roi, la ville fit réparer le pont de Sainte-Radégonde, sur lequel la Cour devait passer pour se rendre du Château à la cathédrale.

François Ier, par des lettres datées du Château de Nantes, ordonna aux habitants de Chantenay et de Rezé de fournir chaque jour deux hommes pour faire le guet au Château.

Le 1er mai 1534, le roi donna l'ordre de prendre sur les fouages et les billots du diocèse de Nantes, 1.500# pour être employées aux réparations nécessaires à faire au Château.

Jean de Bretagne, seigneur de Brosse, comte de Penthièvre et duc d'Etampes, nommé gouverneur de Bretagne le 25 février 1543, fit son entrée à Nantes le 8 avril suivant. Le 28 mai, il donna un mandement à François du Puy du Four, chevalier, écuyer tranchant du roi, capitaine du Château de Nantes, pour commettre à la garde du Château quelques gentilshommes du ban et de l'arrière-ban du diocèse.

Marie Stuart, alors âgée de six à sept ans, vint à Nantes le 22 septembre 1548, et logea au Château, suivant l'ordre du roi Henri II, qui, dans sa lettre aux Nantais, les engagea à bien recevoir « sa très chère et très amée fille et cousine la royne d'Ecosse ». La garde de la jeune princesse se composait de cent cinquante enfants de son âge, avec capitaine, porte-étendard, sergent, fifre et tambourin, « tous joliment accoutrés, marchant par bon ordre au-devant de ladite reine, et portant piques et hallebardes, tous démontrant le bon voulloir et le coeur des habitants ».

Claude de Laval, chevalier, seigneur de Bois-Dauphin et de Théligny, remplace François du Pui du Four dans son commandement du Château en 1549.
Quittances de Claude de Laval.
« Nous, Claude de Laval, seigneur de Théligny Mangateau, capitaine et gouverneur des ville et Chasteau de Nantes, soubz la charge de hault et puissant seigneur Monseigneur Anne de Montmorency, connestable de France, confessons avoir eu et receu de Jullien Poullain, recepveur et miseur des deniers commis de la ville, la somme de 60 livres tournoy pour noz gaiges d'une demye année, quelle eschoira au dernier jour du mois de septembre prochain venant, de laquelle somme de 60 libres tournoy nous quittons le dit Poullain et promettons l'acquitter par la présente signée de nous le 10e jour d'aoust l'an mil cinq cens quarante neuf » (Archives de la ville de Nantes, section force publique, carton gouvernement, n° 18).

A cette pièce sont jointes deux autres quittances : l'une de 90#, l'autre de 120, en date des 8 juin 1550 et ... juin 1551.

Le ville de Nantes occupée de l'arrivée prochaine du roi de France, s'assembla au Château le 20 mai 1551. Parmi les questions qui furent proposées, on demanda si les avocats feraient partie du cortège. L'assemblée arrêta que désormais les avocats se trouveraient à l'entrée des rois et des reines, en habit décent, à cheval ou montés sur des mules.

Les ambassadeurs d'Angleterre, le marquis de Northampton, l'évêque d'Ely, les comtes de Rutland, de Vorcester et d'Ormond, se rendirent à Nantes, où ils croyaient trouver le roi de France. La ville leur donna, le 17 juin, au Château, une collation qui coûta 29# 3s 6d tournois.

Le dimanche 12 juillet 1551, Henri II et la reine Catherine arrivèrent à Nantes et descendirent au Château, où une chambre avait été richement meublée de six pièces de tapisserie de cuir doré, six chaises de point de Grenade et six de point d'Espagne.

Le jour de son entrée à Nantes, vers les neuf heures, le roi sortit du Château par la poterne de la Loire, et s'embarqua avec la reine, les cardinaux, les princes et les dames pour aller dîner à la Fosse. Le soir, en rentrant au Château, le roi, après avoir traversé la ville au milieu d'une foule enthousiaste, reçut les clefs de la forteresse, que lui présenta le duc de Montmorency. Henri II les lui rendit et les commit à la garde du sire de Bouchillon.

Le lundi matin, les nobles et les bourgeois de Nantes se rendirent au Château pour remercier le roi et la reine de l'honneur qu'ils leur avaient fait de venir les visiter. Ils firent aux souverains de magnifiques présents et les prièrent « de prendre en gré le bon zélé appareil et réception de leurs très-obéissants serviteurs les Nantois ».

Le mardi, après avoir entendu la messe dans l'église des Jacobins, le roi « prit son passe-temps avec ses princes et gentilshommes au très-antique, industrieux et plaisant exercice de l'arc ». Le soir, le roi sortit par la poterne de la rivière et alla voir un petit combat naval sur la Fosse.

Le mercredi matin, le roi et la reine partirent avec leur suite du Château de Nantes, « laissans le regret à leurs fidelez sujetz les Nantois de leur tant soudain département ».

Le 5 août 1554, Claude de Lavai donna la lieutenance du Château à Charles de la Touche, seigneur de Marigny, et Jean de la Tour, à la place du sieur de Boucillon, que exerçait cet emploi auparavant. Mathurin de Jarze en fut nommé capitaine la même année, ainsi qu'il résulte du mandement suivant :

« Nous, Jehan de la Tour, escuyer, seigneur dudit lieu, cappitaine de Piremil et lieutenant en la cappitainerie et gouvernement des ville et Chasteau de Nantes, soubz la charge de noble et puissant seigneur messire Claude de Laval, chevallier, seigneur de Théligny, gentilhomme ordinaire de la chambre du roy ; scavoir faisons à tous qu'il apartiendra, comme ainsi soit que pour ne pouvoir ordinairement vacquer aux choses qui sont occurrantes consernantes le service du roy nostre souverain seigneur, il soit besoing de y commettre ung bon et suffisant personnage qui puisse bien et fidellement s'en acquitter ; à ceste cause et autres nous movans, ayant aussi bone cognoissance de la preudomye, science, intégrité, expérience et fidélité de Mathurin de Jarze, escuyer, seigneur de Mille des Loges, l'avons nommé, commis, ordonné et député, et par ces présentes le nommons, commettons, ordonnons et deputons pour commander esdites ville et Chasteau pour et en nostre lieu tout aussi que si nous mesme y estions, en vertu du pouvoir à nous donné par le sieur de Laval, cappitaine et gouverneur susdit et mandons à tous qu'il apartiendra qu’ils aient a luy obéir comme à nous mesme. Donné au Chasteau de Nantes soubz nostre sin et scel de nos armes le dixiesme jour de juing mil cinq cens cinquante quatre » (Archives de la ville de Nantes, section force publique, carton gouvernement, n° 20).

En 1554, la ville de Nantes chargea Me Chopin de plaider devant les Etats pour obtenir le parlement. Dans sa plaidoirie, Me Chopin dit : « Que, audict Nantes, y a ung très-beau et grant Chasteau, lequel est le plus beau et le plus fort dudict duché, duquel ont acoustumé de habiter et loger le roy et monseigneur, quant leur bon plaisir est de venir en leur pays de Bretaigne ».

Le comte de Sançay, nommé lieutenant du Château de Nantes vers 1555, pensa devoir être le maître de la ville. Homme fier dominant, il fut presque toujours en lutte avec les habitants, qu'il faisait enfermer pour les moindres délits dans la prison du Pied-de-Biche.

Le comte de Sançay exigeait des habitants, pour le guet du Château, cinq sous de plus qu'ils ne devaient payer. La ville, afin d'entretenir la paix avec le gouverneur, décida, dans l'assemblée du 24 mars 1557, que les habitants sujets au guet, qui avaient manqué de le faire, paieraient au comte de Sançay 500 écus d'or pour le passe et à l'avenir 5d tournois par moi.

Quinze milliers de bronze de l'arsenal du Château furent, livrés à la ville de Nantes, en 1558, à condition de les faire fondre en artillerie, pour servir à la défense de la ville.

En 1558, on commença à précher le calvinisme à Nantes, et quelques religionnaires du Croisic furent enfermés au Château.

Vers 1560, l'étranger menaçait alors d'envahir la France, et l'ennemi intérieur n'était pas moins à craindre. Aucune entente n'était possible entre les habitants, et le lieutenarit du roi. Le Château avait besoin de réparations et le guet ne se faisait pas régulièrement. Les calvinistes affichèrent, à la porte de la herse du Château et aux portes des principaux officiers, des placards qui firent grand bruit. Pour cela, il fallait évidemment avoir des intelligences dans la place.

La garnison de la forteresse, qui, depuis quelque temps, n'était point payée, menaçait de se retirer, à l'instant où les attroupements des calvinistes la rendaient nécessaire au maintien de la tranquillité. La guerre devenait de jour en jour plus imminente ; les campagnes et la ville étaient en armes. Tous les habitants, propres au service militaire, se réunirent au Château, au mois de mars 1562, pour nommer des capitaines, centeniers, cinquanteniers et dizeniers, sous peine d'une amende de 25#.

Le 12 octobre 1565 au soir, Charles IX arriva à Nantes, et entra au Château par la porte de secours. Le lendemain, après avoir dîné chez André Ruys, riche négociant que demeurait sur la Fosse, il fit son entrée solennelle en ville ; il quitta Nantes peu de jours après.

En 1566, l'inventaire des titres du Château de Nantes fut fait par René de Bourgneuf, seigneur de Cucé, premier président au parlement de Bretagne, assisté de M. de Francheville, procureur général de la Chambre des Comptes et du greffier de la même chambre. « Ce manuscrit in-folio, relié en veau, est exécuté sur papier, à longues lignes, au nombre de 32 à 33 par page et il contient 277 feuillets ».

Vers 1568, la place était à la veille d'un siége par les calvinistes. En prévision de cet événement, Sébastien de Luxembourg, vicomte de Martigues, lieutenant général en Bretagne, ordonna à la ville de mettre au Château une fourniture de bon vin et cinquante setiers de farine. Le capitaine de Villemoys, avec deux cents hommes, devait défendre la forteresse. On fit exhausser la muraille qui reliait la tour du duc au Château, et nettoyer les douves, à commencer par celles de la tour du Fer-à-Cheval. On employa à ces travaux les habitants de la campagne, qui devaient cette corvée à cause de leur exemption du guet, de franc-archer et d'élu.

Le 6 février 1569, une compagnie d'arquebusiers à pied, commandée par le capitaine Kerdelan, fut installée au Château.

Le 21 octobre 1570, une petite troupe de calvinistes parut à Saint-Sébastien, sur la rive gauche de la Loire. Les gardes qui veillaient sur les remparts l'aperçurent et tirèrent sur elle le canon du Château. Les calvinistes se retirèrent en désordre.

Avec l'édit de pacification, la tranquillité reparut un instant et les quatre cents gardes du comte de Sançay sortirent du Château. Celui-ci, qui était en lutte perpétuelle avec les habitants, feignit de nouvelles craintes, pour avoir des troupes sous son commandement. Le roi accéda encore à sa demande et il lui envoya une compagnie de quatre-vingts morte-payes et de vingt arquebusiers sous les ordres du capitaine Gassion. La milice bourgeoise devait, en outre, fournir une garde de trente hommes par jour.

Le mercredi, 13 avril 1572, on fit conduire les deux grosses pièces d'artillerie qui défendaient la porte Saint-Pierre sur la plate-forme de la tour des Jacobins, où elles pouvaient être d'une plus grande utilité. On donna l'ordre de murer les deux poternes du Château et d'y faire monter la garde jour et nuit par les habitants.

Dans une assemblée tenue au Château le 3 mai 1572, et à laquelle assistait l'évêque, on décida que des gardes seraient établies aux portes de la ville et aux poternes du Port-Communeau, du Port-Maillard et de la cohue au blé.

La ville n'avait pas grande confiance dans le comte de Sançay et quelques-uns des soldats placés sous ses ordres. Afin de mettre la forteresse à l'abri des surprises, elle demanda au roi, en 1574 la permission d'y établir une garde bourgeoise. La ville obtint ce qu'elle désirait ; mais la bonne entente fut souvent troublée entre les habitants et les soldats du comte de Sançay.

Les calvinistes avaient juré de s'emparer de Nantes, et ils se croyaient assez forts pour exécuter ce projet. Une assemblée générale eut lieu au Château le 25 mars 1575, afin de prendre les mesures nécessaires pour maintenir la tranquillité publique. On arrêta d'appeler sous les armes la noblesse non suspecte, de couler à fond les bateaux que étaient en Loire, de changer tous les mois les clefs des portes et d'y faire conduire des pièces d'artillerie.

Une autre assemblée fut tenue au Château le 28 mars. Le vieux comte de Sançay et son fils, qui venait d'être nommé lieutenant, y assistèrent.

Le lendemain, dans une assemblée convoquée à la maison commune, on décida que cinquante habitants de la ville et des faubourgs feraient le guet au Château, et que les murailles de la forteresse, sujettes à l'escalade, seraient exhaussées. Le 30 mars, on fit acheter et conduire au Château cinquante setiers de blé et vingt-cinq pipes de vin. C'est seulement au mois d'avril que furent murées les deux poternes, le comte de Sançay s'y étant jusque-là refusé.

Au mois de janvier 1577, on apprit que les ennemis du roi voulaient s'emparer du Château, dont la garnison n'était alors que de soixante-dix hommes. Vingt-cinq habitants, à la solde de la ville, commandés par un capitaine, un sergent et un caporal, entrèrent dans la place, le 19 ou le 20 janvier.

Par ses lettres du 8 mai 1578, le roi donna la lientenance du Château de Nantes à messire Honorat de Bueil, sieur de Fontaine.

Le sieur de Partdieu, neveu du maréchal de Retz, fut nommé l'année suivante (1579) pour commander, en l'absence du comte de Sançay et du capitaine Gassion.

Louis de Bourbon, duc, de Montpensier, gouverneur de Bretagne, arriva à Nantes le 23 septembre 1579 et logea au Château avec sa suite. Sur sa demande, la ville lui donna une garde de trente habitants, pris dans les faubourgs et commandés par le capitaine, le lieutenant et l'enseigne de la compagnie de la Fosse.

Le comte de Sançay donna volontairement sa démission en 1580. Il laissa au Château le capitaine Gassion, que partagea le commandement avec M. du Cambout.

Le roi, par ses lettres du 5 septembre 1582, nomma gouverneur de Bretagne Philippe-Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur, frère de la reine de France, Mme Claude de Lorraine.

Le roi soupçonna bientôt le duc de Mercoeur d'être d'intelligence avec les Guises. Le gouverneur de Bretagne, en apprenant la mort du duc de Guise, résolut de faire revivre les prétentions de son épouse sur le duché [Note : Le duc de Mercoeur avait épousé, le 12 juillet 1579, Marie de Luxembourg, duchesse d'Etampes et de Penthièvre, vicomtesse de Martigues].

Le 2 mars 1589, le duc de Mercoeur fit arrêter sur la route Rennes à Paris, messire Claude de Faucon, seigneur de Ris, premier président du parlement de Bretagne, son fils, et Isaac Loisel du Brie, son gendre, conseiller au même parlement. Ces seigneurs furent conduits secrètement au Château de Nantes, et on ignora longtemps ce qu'ils étaient devenus. Enfin on apprit qu'ils avaient été arrêtés par des gens d'armes commandés par le capitaine de Vignancourt. La dame de Ris et le parlement de Rennes envoyèrent des députés au duc de Mercœur, demander des nouvelles des prisonniers et le prier de punir le sire de Vignancourt. Le duc dit qu'il ignorait l'emprisonnement des seigneurs et gagna ensuite les envoyés qui ne rapportèrent que ce que Mercœur avait voulu leur dicter. Le seigneur de Ris ne sortit de prison qu'après avoir payé une rançon de 10.000 écus d'or.

Le sieur Dubreuil, lieutenant du seigneur de Montbarat, gouverneur de Rennes ; Charles le Meneust, auditeur des comptes, furent également pris par les troupes de Mercœur et conduits à Nantes.

De son côté, la duchesse de Mercœur fit arrêter, le 7 avril 1589, comme contraires à ses desseins et enfermer au Château le maire Charles Harouys de l'Epinay et plus de quatre-vingts notables.

Le 21 mai suivant, Mme de Mercœur accoucha au Château d'un fils qui fut nommé Louis, avec les titres de prince et duc de Bretagne. Le jeune seigneur mourut le 11 décembre 1590.

La duchesse résolut de s'emparer du Château de Nantes, que la Ligue n'avait pas encore. Ce Château était commandé alternativement par M. du Cambout et le capitaine Gassion. Celui-ci se laissa tromper par la duchesse et lui livra la forteresse pendant le semestre de son commandement.

Le 1er juin, les soldats du duc de Mercoeur arrêtèrent à Chateau-Giron le comte de Soissons, lieutenant général en Bretagne, le comte de Vertus et le marquis de Noirmoutier, qu'ils amenèrent au Château de Nantes. Le comte de Soissons ne resta pas longtemps prisonnier, et il s'avisa, pour sortir du Château, d'un stratagème qui lui réussit. Il feignit un jour d'être malade et se fit servir à dîner dans sa chambre. Pendant qu'un page se mettait dans le lit à la place du comte, le sommelier emballa celui-ci dans un panier qui servait à transporter le service de table et l’emporta au travers des gardes jusque dans la ville, d'où le comte de Soissons s'enfuit à la hâte. La duchesse favorisa, dit-on, l'évasion du prince (Taillandier, livre XIX, page 373).

Au mois de décembre 1590, Pierre de Boiséon, sire de Coetnisan, était prisonnier du duc de Mercœur. Ce seigneur ne faisait point partie de la Ligue. Son château de Kérouféré, situé en Bretagne, attaqué par les ligueurs, se rendit le 19 novembre. A peine Pierre de Boiséon en était-il sorti, qu'il fut arrêté par les assiégeants et fait prisonnier au mépris de la capitulation. Après avoir été envoyé à Morlaix et à Hennebont, il fut conduit au Château de Nantes, où il resta dix-huit mois. Il paya 15.000 écus pour sa rançon (Taillandier, livre XIX, page 398).

1591. Estat abrégé de la despance nécessaire pour la solde et payement des gens de guerre qu'il convient d'entretenir en garnison aux places cy après pour la conservation d'icelles et maintenir le pays.
« NANTES.
Au gouverneur du Chasteau dudict Nantes, c escuz.
A une compagnye d'harquebuziers de deux cenz hommes qui seront en garnison audict Chasteau en quoy seront comprins les chefs, la somme de mil quatre vingz sept escuz deux tiers, savoir :
Au capitaine de la dicte compagnye, qui sera aussy lieutenant du gouverneur en la dicte place, L escuz.
Au lieutenant en la dicte compagnye XVIII escuz II tiers.
A l'enseigne, XII escuz.
A deux sergens, chacun VIII escuz, XVI escuz.
A quatre caporaux, à chacun VI escuz II tiers, XXVI escuz II tiers.
Et à IXxxXIII soldatz dudict nombre, v escuz a chacun,  IXc LXV escuz.
Revenant à la dicte première somme de M-IIIIxxVII escuz II tiers »
(Archives d'Ille-et-Vilaine, Collection des Etats de la Ligue).

En 1591, le Château renferma plusieurs prisonniers célèbres : c'étaient le chevalier du Goust, défenseur de Blain ; le sieur de Launas Blavon, conseiller au parlement de Bretagne, et le juge de Laval, nommé des Conières, que le duc de Mercœur fit pendre. « Ledit sieur duc estimoit que ledit juge de Laval estoit huguenot, mais il fit paroistre du contraire, car estant au pied de l'échelle, il voulut estre confessé et mourut catholique » (Taillandier, livre XIX, page CCXCIII).

Les soldats pris à la bataille de Craon (23 mai 1592) furent jetés dans les mêmes prisons.

Le duc de Mercœur était maître du Château de Nantes, auquel il faisait travailler sans relâche et il justifia ainsi la pensée, que lui prêtent tous les historiens, d'avoir cherché à faire revivre en lui l'indépendance des anciens ducs de Bretagne. Il fit construire le cavalier ou demi-bastion Saint-Pierre, dont la plate-forme servait de jardin à l'aumônier. C'est au saillant de ce bastion que les fortifications de la ville venaient se rattacher au Château. On lui doit également la courtine qui relie ce bastion à la tour du Fer-à-Cheval, et au milieu de laquelle se trouve la porte de secours, ainsi que la muraille qui joint la tour au Fer-à-Cheval à celle de la Rivière. En arrière de cette courtine, il fit élever une terrasse rectangulaire, occupant toute la longueur de la courtine sur une profondeur de 26 mètres. On arrivait à cette terrasse par la plate-forme de la tour de la Rivière. Le duc de Mercœur trouvant que la tour de la Loire, bâtie par la duchesse Anne, n'était ni assez élevée ni assez avancée sur le fleuve, ordonna d'entourer cette tour par le bastion qui porte son nom. Le bastion Mercœur, qui ne contenait ni souterrain ni bâtiments, était, par l'étendue de sa plate-forme, le meilleur ouvrage défensif de la place.

Toutes ces constructions portent, comme marque de leur origine, la double croix de Lorraine, pendante en relief sur leurs escarpes.

Le côté du Château baigné directement par la Loire, n'était précédé ni de fossés ni de contrescarpes. Les autres fronts de la forteresse étaient défendus par des murs et des douves, dans lesquelles on pouvait introduire l'eau du fleuve, au moyen de bâtardeaux établis aux saillants du bastion Mercoeur et de la tour du Fer-à-Cheval.

En 1593, le duc de Mercœur, qui était « poète lui-même et composait des odes, des sonnet, des stances dans le goût de l'époque… dépensa même jusqu'à 4.000 écus pour faire représenter, deux nuits de suite, dans la grande salle du Château de Nantes, une pastorale ingénieuse » (La Ligue en Bretagne, par L. Grégoire, chapitre VII).

En 1596, « L'agent d'Espagne à Nantes pressoit Mercœur d'y faire entrer ses soldats : j'ay ouy dire à plusieurs personnes de marque qu'il avoit offert au sieur de Mauléon, gouveneur du Château, 100.000 écus pour leur bailler le Château » (Montmartin).

La guerre civile n'était pas encore terminée. Le duc de Mercœur résistait seul au roi de France et la ville de Nantes devait être la dernière à se soumettre au Béarnais.

Un complot, formé en 1597 par Duplessy Mornay pour s'emparer de Mercœur, ayant échoué, Henri IV se décida à marcher contre lui.

Quelques jours après, le roi était à Angers. Le prince Lorrain tenait toujours ferme et continuait ses travaux. Le 2 janvier 1598, il envoya demander à la ville de lui prêter deux grandes couleuvrines pour défendre les approches du Château du côté de la Loire ; il fit aussi changer toutes les serrures de la forteresse. Mais pendant qu'il faisait ces préparatifs de guerre, la duchesse de Mercœur et Gabrielle d'Estrées traitaient en secret de sa soumission et de sa grâce. Le roi de France accorda au duc de Mercœur 235.000 écus pour ses frais de guerre et 1.666 écus de pension par an. Mercœur fut nommé gouverneur de Guingamp, Lamballe et Montemeurs. On arrêta aussi que la fille unique du duc de Mercœur épouserait César, duc de Vendôme, fils naturel du roi.

Le samedi 4 avril 1598, Albert de Gondy, duc de Retz, maréchal de France, prit possession du Château de Nantes, où il établit une garnison de cinquante hommes et dix valets.

Le roi de France, accompagné de l'archevêque de Reims, de l'évêque d'Angers, des ducs d'Epernon et d'Elbœuf, du comte de Schomberg et précédé de ses hommes d'armes, arriva bientôt à Nantes et entra au Château par la porte de secours, en passant devant les rangs de la milice bourgeoise.

Henri IV, en jetant les yeux sur les hautes tours du Château, sur ses courtines, sur ses larges fossés, en regardant cet ensemble imposant de fortifications, s'écria, en se tournant vers les seigneurs de sa suite : « Ventre saint Gris ! les ducs de Bretagne n'étaient pas de petits compagnons ! ». Le Château était, en effet, d'un aspect formidable à cette époque. Il était défendu par huit courtines, sept tours et un demi-bastion : les tours du Pied-de-Biche, de la Boulangerie, des Jacobins, de Mercoeur, de la Rivière, du Fer-à-Cheval, des Espagnols et le demi-bastion Saint-Pierre.

Le chapitre, ayant à sa tête Monseigneur de Bourgneuf, évêque de Saint-Malo, vint complimenter le roi, aussitôt son arrivée. Le lendemain, les députés de la collégiale et les notables allèrent saluer le roi et les dames de sa Cour.

Le 19 avril 1598, Gabrielle d'Estrées, duchesse de Beaufort, accoucha au Château d'un enfant naturel du roi : il reçut le nom de chevalier de Vendôme.

Dans l'assemblée générale du 25 avril 1598, Charles Turcant, conseiller d'État, maître des requêtes, déclara que le roi avait nommé au gouvernement de la Bretagne, son fils naturel, César, duc de Vendôme, et au gouvernement du Château de Nantes, Hercule de Rohan, duc de Montbazon, et, en son absence, le sieur de Lussan. Cette assemblée se tint au Château et fut présidée par le duc de Vendôme, assisté du duc de Montbazon et de Charles Turcant.

Le mardi 28 du même mois, les officiers de la milice bourgeoise se rendirent au Château et firent le serment de fidélité « es propres mains du roi, et, le même jour, le duc de Montbazon a fait le département des compagnies de chacun des capitaines de ladite ville, en la présence et par l'advis ou conférence avec mondit sieur le président maire et des capitaines de ladite ville sur ce mandez et plusieurs autres notables habitants ».

Le 30 avril 1598, Henri IV rendit le fameux édit de tolérance connu sous le nom d'Edit de Nantes. Cet édit constitua l'état civil et religieux des protestants, que obtinrent un culte public, des consistoires, des écoles, des revenus et des forces militaires. Cet édit fut délibéré en conseil royal, au Château de Nantes, où le roi habitait, et il y fut probablement signé. Cependant la tradition populaire veut qu'il ait été signé sur la Fosse, dans la maison aux tourelles, chez un descendant du célèbre André Ruys, qui avait reçu Charles IX en 1565.

Henri IV partit de Nantes le 6 mai, en laissant, pour exécuter ses ordres, Gabrielle d'Estrées, qui n'était pas encore rétablie de ses couches. La duchesse de Beaufort fit venir au Château le maire et les échevins et elle leur signifia de renvoyer les anciens portiers de la ville. Le maire fit des représentations à la duchesse, mais tout fut inutile ; les ordres du roi étaient formels.

Au mois de février 1600, M. de Lussan mourut au Château de Nantes. Le duc de Montbazon annonça à la ville que le roi désirait qu'elle fît à ses frais les funérailles du lieutenant. La ville y consentit et paya pour la cérémonie 52 écus d'or.

Le sieur du Cangey obtint la lieutenance, en remplacement de M. de Lussan, fonction à laquelle il fut reconnu dans l'assemblée du 7 avril 1600. Les capitaines du Château étaient alors les sieurs Mauléon, Saint-Rémy, Carys et Bardin, « homme cruel et violent, Lorain de nation » (Taillandier, livre XIX, page CCLXXXIJ).

(Charles Bougouin).

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