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NOTICE HISTORIQUE SUR LE CHATEAU DE NANTES (au XIIIème siècle).

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Avec le XIIIème siècle apparaît Guy de Thouars, et avec ce prince recommence l'histoire du Château de la tour Neuve.

Nommé duc de Bretagne en 1205, après avoir obtenu l'adhésion nationale des Etats assemblés à Vannes, Guy de Thouars fut couronné à Nantes par le roi de France, Philippe-Auguste.

Plusieurs historiens, comme nous l'avons déjà dit, se sont plu à désigner Guy de Thouars comme le premier fondateur du Château de la tour Neuve. Nous croyons avoir suffisamment démontré l'origine romaine de ce monument : nous nous bornerons donc ici à faire voir quelle est la source de l'erreur commise par ces écrivains, et ensuite à constater la part prise par Guy de Thouars aux travaux de la tour Neuve.

Une charte de 1207, qui autorise l'évêque à prendre 7# de rente sur la moitié de l’esmage de Guy de Thouars, pour le dédommager du terrain que ce duc lui avait pris pour creuser une douve, est le seul acte sur lequel s'appuient ces auteurs. Il nous semble qu'un fossé et un château ne sont pas une même chose, et il serait bien extraordinaire qu'on parlât de la douve d'un château sans parler de ce château lui-même. Donc, la douve ne peut pas faire conclure à la fondation du château.

Mais si Guy de Thouars ne fut pas le premier fondateur du Château de la tour Neuve, au moins en fit-il une importante et redoutable forteresse, symptôme de la grandeur que les siècles suivants allaient lui apporter.

Guy de Thouars songea à protéger du côté de la Loire la capitale de ses Etats contre les attaques des barbares, qui, remontant le fleuve sur de frêles nacelles, descendaient au bas de la motte Saint-Pierre et venaient fondre sur la ville. Il entreprit alors de fortifier la tour Neuve, qui, baignée d'un côté par la Loire, et reliée de l'autre aux murailles de l'église cathédrale, deviendrait un ouvrage précieux pour la défense de la cité, et la mettrait à l'abri de ces attaques violentes et imprévues, qui tant de fois déjà l'avaient bouleversée.

Guy de Thouars commença en 1207 les travaux de la tour Neuve, et il envahit pour les ouvrages et le fossé ou douve le jardin de l'évêque sous le fief de l'église. Alors s'éleva entre l'évêque Geoffroy et le duc de Bretagne un procès resté célèbre, pendant lequel les censures, armes terribles dans la main des princes ecclésiastiques, ne furent point oubliées. Guy de Thouars venait d’être frappé d'excommunication. Pour terminer cette discussion scandaleuse, il assigna à l'évêque Geoffroy, présent et acceptant 7# de rente, à prendre, sur sa moitié de l’esmage ou droits d'entrée à Nantes. La tranquillité était rétablie et tout semblait annoncer une paix sincère et durable. Mais la lutte du pouvoir ecclésiastique et du pouvoir séculier se renouvela bientôt, et de graves démêlés surgirent encore à propos de la tour Neuve. Ce fut Pierre de Dreux qui donna le signal de la guerre.

En 1212, Pierre de Dreux, prince du sang royal de France, arrière petit-fils de Louis-le-Gros, succéda dans le gouvernement de la Bretagne à Guy de Thouars, dont, il épousa la fille Alix en 1214. Le mariage fut célébré dans la chapelle de la tour Neuve (Touchard-Lafosse, la Loire historique, tome IV, page 40).

Pierre de Dreux, surnommé Mauclerc (mauvais clerc), pour continuer les travaux de la tour Neuve et les fortifications commencées par son prédécesseur, s'empara d'une propriété appartenant à l'évêque Etienne de la Bruère. L'évêque réclama, et, sur le refus du duc de restituer le terrain qu'il avait envahi, il excommunia Pierre de Dreux et mit en interdit ses domaines situés dans le diocèse de Nantes. Le duc de Bretagne en appela à l'archevêque de Tours et au concile de la province, qui, au lieu d'annuler les sentences, d'Etienne de la Bruère, approuvèrent sa conduite et maintinrent l'excommunication. Pierre de Dreux ne tint pas compte de ce jugement et continua les fortifications de la tour Neuve. L'évêque eut alors recours au Sain-Siége. Le pape Honoré III, par un bref en date du 20 avril 1217, commit Maurice, évêque du Mans, le chantre et un chanoine de cette église, avec pouvoir de contraindre le duc de Bretagne à satisfaire pleinement à l'église de Nantes, s'il était vrai qu'il eût causé quelque dommage. Peu de temps après, Henri III envoya à Nantes Saint-Dominique avec ordre d'exhorter le duc à la paix. Mais toutes ces mesures ne firent qu'irriter Pierre de Dreux, qui « faisoit rage à persécuter le clergé, lequel il aborrhoit tellement, que, quand il parloit des prélats et autres gens d'église, il ne les nommoit que vendeurs de sacrements, maquignons de bénéfices et autres tels titres de mépris. Il démolissoit leurs maisons et presbytaires, envahissoit de force leurs métairies et jardins, voire mesme faisoit passer des fossez à travers leurs cemetières, prenoit les plus belles pierres des tours et clochers, et démolissoit les églises pour bastir ses maisons particulières de leurs débris et matériaux, comme il fit aux églises Saint-Clément et Saint-Cyre, ès faubourgs de Nantes ».

« L'an 1217, Sainct-Dominique de Guzman espaignol, fondateur de l'ordre des Frères prédicateurs (communément dits Jacobins), vint à Nantes, et visita la duchesse en son chasteau dudit Nantes, laquelle le pria de luy envoyer des religieux pour peupler un couvent en cette ville, que André, baron et seigneur de Vitré, leur désiroit bastir en son hostel, situé près l'hospital de la ville et le Chasteau, sur le bord de la Loire, entre les portes nommées alors Drovin-Lillart et la porte Briand-Maillard, mais la fondation ne se fit que dix ans après l'an 1227 » (Albert-le-Grand, Vie des saints de Bretagne).

Pierre de Dreux, qui avait à combattre à la fois le clergé, la noblesse et le peuple, abdiqua le pouvoir en faveur de son fils en 1237. Ce prince agrandit beaucoup la tour Neuve, et il y ajouta de nouvelles fortifications. C'est probablement à cette époque, que les ducs de Bretagne quittèrent la forteresse du Bouffay, où ils avaient établi leur résidence, pour aller habiter le Château de la tour Neuve.

Jean Ier, le Roux, couronné au mois de novembre 1237, continua, avec une égale ardeur, la guerre que son père avait déclarée aux évêques et au clergé de Nantes.

La lutte durait toujours : l'évêque ne cessait de réclamer sa propriété, le duc d'exercer ses ravages. Enfin, le pape Innocent IV, alarmé de la triste situation de l'église de Nantes, envoya le cardinal Othon, évêque d'O'Porto, pour juger le différend. Celui-ci somma le duc de Bretagne, Jean Ier, le Roux, de rendre les biens que son père avait usurpés sur l'évêque ; mais il n'osa prononcer sur le fonds de la tour Neuve ou Château de Nantes, parce qu'il n'était pas prouvé que ce château eût été bâti au préjudice de l'église.

Enfin, Eudes, archidiacre de Nantes, et Renier, sénéchal de la même ville, prononcèrent le jugement suivant, le vendredi devant la Saint-Denis 1259, sur la demande du fonds de la tour Neuve, que la sentence du cardinal Othon avait laissée indécise. Ils condamnèrent Jean Ier, le Roux, à servir, sur son droit d'esmage, une rente annuelle de 55s à l'évêque de Nantes, outre les 7# que Guy de Thouars lui avait assignées. De plus, le duc devait payer, du 8 septembre dans un an, 140# pour les arrérages qui avaient couru.

Ainsi se termina cette longue et scandaleuse discussion, qui, pendant plus d'un demi-siècle, mit aux prises les évêques de Nantes et les ducs de Bretagne. L'assiette du Château de la tour Neuve était définitivement acquise à Jean Ier, le Roux, qui poussa avec activité ses travaux de développement.

Le samedi avant la fête de Saint-Hilaire, en l'an de l'Incarnation de N. S. J. C. 1276, Jean Ier, le Roux, rédigea et signa à la tour Neuve la fameuse ordonnance qui changea le bail des nobles en rachat. Mais il laissa les seigneurs libres de s'en tenir à l'ancien usage à l'égard de leurs vassaux nobles.

Nantes : la tour Neuve du château des ducs de Bretagne.

Nous ne saurions dire d'une manière précise ce qu'était, au XIIIème siècle, le Château de la tour Neuve. Cependant, il paraît certain que ce n'était pas seulement une tour destinée à défendre la ville du côté de la Loire. La tour Neuve était à la fois un palais ducal et un château fort, avec ses bastions, ses courtines, ses douves et son pont-levis. Baignée par les eaux du fleuve et reliée aux fortifications de la cathédrale, la tour Neuve était alors une forteresse importante, dont le siége offrait de sérieuses difficultés. Le Château n'était pas, à cette époque, dominé, comme il l'est aujourd'hui, par les nombreuses maisons qui l'entourent et desquelles on a vue sur la cour et sur les remparts. De plus, l'artillerie, qui joue de notre temps un si grand rôle dans la prise des places, n'avait pas encore fait son apparition dans la tactique des armées. Car, ce ne fut qu'en 1339, que les armes à feu furent, pour la première fois, employées en France. Dans cette même année, on en fit usage au siége de Puy-Guillem, par le sénéchal de Toulouse, Pierre de la Palu, et au siége de Cambray, par Edouard III.

(Charles Bougouin).

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