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Nantes sous les Capétiens

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Le système féodal, introduit en Bretagne par Alain Barbe-Torte, y provoque de longues et sanglantes rivalités. Pendant que la France et l'Angleterre se disputent l'influence dans le duché, Nantes souffre, mais se développe.

Alain Barbe-Torte fonde le duché de Bretagne. — Alain Barbe-Torte, ayant délivré la Bretagne des Normands, fonda à son profit un Duché de Bretagne qui s'étendit jusqu'aux limites actuelles de la Vendée, et où l'antique rivalité des Bretons et des Gallo-Romains n'exista plus.

C'est alors que se développa en Bretagne le système féodal. Le Duc, à peu près indépendant du roi de France, qu'il reconnaissait cependant pour suzerain, eut au-dessous de lui toute une hiérarchie de seigneurs grands et petits, parmi lesquels le comte de Nantes occupait une des premières places. Celui-ci à son tour, donna en fief des territoires de son comté, et les barons de Retz, de Clisson et d'Ancenis devinrent des vassaux préposés à la garde des frontières.

Nantes souffre des rivalités des Seigneurs Bretons. — Le XIème siècle et le XIIème siècles furent presque constamment troublés en Bretagne par des luttes intérieures. Les comtes de Rennes et ceux de Nantes, qui voulaient les une et les autres s'assurer la suprématie dans le duché, furent souvent aux prises. Les questions de successions se réglèrent fréquemment les armes à la main, et parfois les compétiteurs ne reculèrent pas devant l'assassinat pour supprimer un rival gênant. Certains firent même appel aux seigneurs voisins, ducs de Normandie on d'Anjou, pour vider leurs querelles.

Pillés par les gens de guerre, écrasés d'impôts, les paysans bretons se révoltèrent (vers 1024). Ils massacrèrent les nobles, brûlèrent les châteaux; mais, vaincus par leurs maîtres, ils payèrent cher leur tentative de libération.

A Nantes, l'évêque et le comte étaient continuellement en conflit au sujet de droits revendiqués à la fois par ces deux autorités. On vit alors un évêque de Nantes, appuyé par le duc de Bretagne, excommunier le comte pendant que celui-ci, par représailles, rendait hommage au duc d'Anjou.

Au cours de ces guerres, de dures épreuves furent supportées par la population nantaise.

Le Duc de Bretagne prend part à la première croisade. — La Bretagne respira enfin sous le règne d'Alain Fergent. Très pieux, ce duc accompagna Godefroy de Bouillon à la première croisade. C'est dans l'église Sainte-Croix de Nantes qu'il réunit, en 1096, ses chevaliers bretons au moment de partir pour Jérusalem. Son voyage dura cinq ans.

La France et l'Angleterre se disputent la Bretagne. — Dès le XIème siècle, la Bretagne devint l'objet des convoitises de ses voisins: le roi d'Angleterre et le roi de France. Ils l'étreindront tour à tour par la ruse, par les alliances, par les armes ; et il sera dans la destinée de ce malheureux pays de n'échapper à l'un qu'en s'appuyant sur l'autre. Pendant près de 500 ans, la Bretagne défendra son indépendance avec une ténacité héroïque, ne voulant être ni une province française ni une colonie anglaise. Mais durant ces cinq siècles, elle sera le champ de bataille où se rencontreront maintes fois les rivaux. Le duché sera mis par eux à feu et à sang, et Nantes, que sa position et son importance mettent au premier rang, souffrira plus qu'aucune autre ville bretonne des vicissitudes de la lutte.

L'influence anglaise triomphe. — En 1169, le fils d'Henri Plantagenet, roi d'Angleterre, duc de Normandie, d'Anjou et d'Aquitaine, le plus puissant baron de France, Geoffroi Plantagenet, fut couronné, comme duc de Bretagne à la suite de son mariage avec la fille du dernier duc : l'influence anglaise triomphait.

Ce fut Geoffroi qui introduisit en Bretagne le droit d'aînesse par sa fameuse assise de 1185, Cet acte rattacha définitivement au duché le comté de Nantes qui, ne pouvant plus être donné en apanage aux cadets de la famille ducale, n'eut plus de comtes particuliers.

Geoffroi ne fut pas un mauvais prince, et il ne craignit point de s'allier avec le roi de France Philippe-Auguste pour résister aux prétentions de son propre père.

L'influence française domine à son tour. — Son fils, Arthur, à qui les prophètes bretons avaient promis la gloire de fonder un grand empire, était l'héritier légitime du trône d'Angleterre à la mort de Richard-Cœur-de-Lion. Il fut frustré de sa couronne par son oncle Jean-Sans-Terre qui l'assassina à Rouen (1203), à la grande indignation des Bretons.

Philippe-Auguste se posa en vengeur d'Arthur et s'empara des possessions anglaises en France. Il envahit la Bretagne, s'empara de Nantes (1206), et aurait réuni le duché au domaine royal sans l'énergique opposition de l'évêque de Nantes. Il se contenta d'en marier l'héritière avec un prince français, Pierre de Dreux. Jean-Sans-Terre vint attaquer celui ci à Nantes, mais il échoua dans sa tentative. L'influence française dominait à son tour.

Pierre de Dreux défend l'indépendance bretonne. — Pierre de Dreux, dit Mauclerc, est une figure importante de l'histoire de Bretagne. Brave et dur, habile et ambitieux, il voulut être le maître dans son duché ; seigneurs, évêques, abbés durent se soumettre à son autorité. Malgré son origine, il entra énergiquement dans les intérêts du pays qui l'adoptait. Se sentant menacé par la puissance française, il renoua même avec l'Angleterre, dans une pensée d'indépendance bretonne. Il conspira avec les grands barons français contre Blanche de Castille. Battu et détrôné, il accompagna Louis IX à la Croisade d'Egypte où il fut la terreur des Musulmans.

Pierre de Dreux lutte contre l'Eglise. — Pierre de Dreux, qui doit son surnom de Mauclerc à ses démêlés avec le clergé breton, fut en lutte continuelle avec l'évêque de Nantes. Pour l'établissement de nouvelles fortifications, il osa s'emparer de biens d'église ; ses gens brûlèrent le Marchix qui faisait alors partie du fief épiscopal. Excommunié, il se déclara le protecteur des excommuniés ; les diocèses de son duché ayant été mis en interdit, il n'en persévéra pas moins dans son attitude.

Pierre de Dreux fait de Nantes sa capitale. — Nantes doit beaucoup à Pierre de Dreux qui y fixa sa résidence et en fit la capitale du duché. Il entoura notre ville de fortifications nouvelles qui ajoutèrent à l'ancienne enceinte gallo-romaine, relevée bien des fois, mais peu modifiée dans son tracé, le quartier actuel de la Préfecture, et le Bourg-Main, compris entre l'Erdre, la Loire et Saint-Nicolas. L'Erdre coulait alors où se trouvent aujourd'hui les rues des Carmes et de la Poissonnerie. Pierre de Dreux fit creuser le lit qu'elle occupe encore. On lui attribue aussi la création du Port-Maillard. Tous ces travaux donnèrent une grande impulsion aux progrès de la cité.

Les successeurs de Pierre de Dreux vivent obscurément. — L'un d'eux, Jean le Roux, chassa les Juifs de Bretagne (1240) après des persécutions où beaucoup d'entre eux furent massacrés, notamment à Nantes où ils étaient riches et assez nombreux.

Avec Philippe le Bel, le roi de France prit une autorité de plus en plus grande en Bretagne. Cependant ce prince ayant envoyé, en 1309, des commissaires pour s'emparer de la personne et confisquer les biens des Templiers qui avaient une maison à Nantes au Bourg-Main, les habitants résistèrent et « boutèrent hors la ville » les commissaires royaux.

Nantes s'agrandit du XIème siècle au XIIIème siècle. — Nantes, relevée de ses ruines par Alain Barbe-Torte, prit au cours des XIème siècle, XIIème siècle et XIIIème siècles une grande extension. Vers l'an mil elle n'était formée que de ruelles fangeuses bordées de logis grossiers écrasés sous leurs lourdes toitures de roseaux. Seule, sa robuste enceinte, bravant les siècles, lui donnait un encadrement pittoresque. On en avait accru la puissance défensive d'après les procédés récents importés des Croisades, en la bordant de douves profondes et en établissant un pont-levis à chaque entrée. Les nouvelles fortifications élevées par Pierre de Dreux indiquent un notable développement de la ville du côté de l'Ouest. Mais, en dehors de l'enceinte, le faubourg de Saint-Similien et du Marchix était devenu important, celui de Saint-Donatien s'agrandissait ; des agglomérations naissaient sur les îles de la Loire où s'élevait Le prieuré de la Madeleine, à Pirmil (l'église Saint-Jacques actuelle date de 1180), sur la Fosse qui avait sa chapelle Saint-Nicolas et ses coteaux couverts de vignobles.

Vers la fin du Xème siècle, fut bâti le Château du Bouffay dont l'église Sainte-Croix était la chapelle, et qui servit d'habitation aux comtes de Nantes. Vers la même époque on commença la construction d'une nouvelle cathédrale, celle consacrée par saint Félix ayant été fort endommagée par les Normands. Une partie de ce monument n'a été démolie qu'en 1874, et il en reste encore la crypte. Au début du XIIIème siècle, le due Guy de Thouars fit construire le Château de la Tour Neuve sur l'emplacement du Château actuel, et élever la porte Saint-Pierre que l'on voit encore auprès de la Cathédrale.

Les ponts sur la Loire étaient en bois. Ils exigeaient de fréquentes réparations. En 1188, la possession en fut confirmée aux religieux de la Madeleine, à charge par eux d'entretenir cette donnaison, ou autrement qu'ils soient damnés à tous les diables avec le trahiste Judas.

Le commerce nantais se développe. — Si l'industrie nantaise fut à peu près nulle, le commerce de notre Ville conserva son essor pendant le Moyen-Age. Un géographe arabe qui vivait au XIIème siècle, Edrisi, a écrit « Nantes, ville grande et bien bâtie, bien peuplée ; les navires y abordent et en sortent. Elle est très forte et son territoire est fertile ». Ces navires transportaient du sel, du vin, du blé sur les côtes et en Angleterre. Le commerce intérieur se faisait surtout par la Loire, et des foires importantes se tenaient au Marchix.

Avec les Croisades, l'esprit aventureux de nos marins se développa. On raconte qu'en 1249, l'un d'entre eux, le capitaine Hervé, transporta des Croisés en Egypte et qu'il fit plusieurs voyages sur les rives de la Méditerranée. C'est alors que les épices, le sucre, les parfums parurent sur nos marchés.

 

COMPLÉMENTS ET RÉCITS.

I. — Départ pour la Première Croisade (1099).
Le duc Alain Fergent qui était allé, en brave chevalier, aider Guillaume le Conquérant à la conquête de la Normandie, fut l'un des princes qui accueillirent avec le plus d'enthousiasme la guerre sainte. Il rassembla une brillante troupe d'hommes d'armes dans la cour de son château du Bouffay, où s'étaient célébrées ses somptueuses noces avec la duchesse Ermengarde d'Anjou. La solennité de cette revue de départ pour la Palestine fut une grande fête pour le peuple. Il admirait tous ces guerriers bretons, prêts à marcher pour reconquérir le Saint-Sépulcre et qui révélaient leur céleste mission par une croix rouge sur l'épaule. Tous rivalisaient par l'éclat de leurs armes et la beauté de leurs coursiers, ainsi que par la richesse de leurs bannières, le nombre et le bon équipement de leurs pages et de leurs écuyers. Là, se montraient les plus braves. La grande bannière de guerre était portée par le chevalier Chotard, d'Ancenis. Cette bannière à la croix fleuronnée dans un cercle de rayons, fut bénite dans la chapelle de Sainte-Croix qui garda son nom de cette somptueuse cérémonie, dans laquelle se fit entendre la parole du fameux Robert d'Arbrissel (C. MELLINET).

II. — Ordonnance de Jean Le Roux, duc de Bretagne, chassant les Juifs (10 avril 1240). (Extraits).
Sachez que nous, sur la demande des évêques, des abbés, des barons et des vassaux de Bretagne, ayant examiné avec soin l'intérêt du pays, nous chassons de la Bretagne tous les Juifs. Ni nous, ni nos héritiers nous n'en tiendrons jamais un seul sur nos terres en Bretagne et nous ne souffrirons pas qu'aucun de nos sujets en ait sur les siennes.

Toutes les dettes contractées envers les Juifs établis en Bretagne de quelque manière et pour quelque raison que ce soit, nous les remettons entièrement et nous en donnons quittance...

Personne ne sera accusé ni mis en jugement pour avoir tué un J....

Cette assise, comme elle est ici écrite, nous avons juré de bonne foi de l'observer à jamais. S'il nous arrivait d'y contrevenir, tous les évêques de Bretagne ensemble, ou chacun séparément, peuvent nous excommunier et mettre l'interdit sur nos terres sises dans leurs diocèses, nonobstant tout privilège obtenu ou à obtenir par nous...

Donné à Ploermel, le mardi avant la Résurrection de Notre Seigneur, l'an 1239 (10 avril 120, nouveau style).

 

A voir : Église Saint-Jacques.

Bibliographie : Furret et Caillé, les Fortifications de Nantes ; voir aussi les ouvrages sur la Cathédrale et le Château ; Merlet, Chronique de Nantes.

(F. Guilloux).

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