Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

LE COUVENT SAINT-FRANCOIS DE CUBURIEN

  Retour page d'accueil       Retour Ville de Saint-Martin-des-Champs  

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

LES RELIGIEUX DE CUBURIEN (jadis en Morlaix)

 

Alain IX, vicomte de Rohan et de Léon, fonda, en 1445, dans la forêt de Cuburien, — Comburium — près de Morlaix, aujourd'hui disparue, un monastère de Cordeliers auxquels il donna son château de Cuburien. Le 12 octobre 1497, Jean de Rohan leur concéda, par lettres patentes, les arbres faisant ombre des deux côtés du chemin, lettres qui furent renouvelées par Henri de Rohan, le 12 octobre 1603. On voit encore dans une des cours de ce monastère des macles [Note : Les Rohan avaient la macle dans leurs armes, parce que cette pierre se trouvait dans leurs propriétés] formées sur le pavé et distinguées en pierres blanchâtres, des cailloux verts qui composent le remplissage de cette cour. Les vitres de l'église, les portes extérieures et intérieures de la maison sont toutes couvertes des écussons de Rohan, de Léon, de Navarre, de France, et des autres alliances de cette maison si ancienne et si illustre.

Des Cordeliers de l'Ile Vierge furent les premiers habitants de ce nouveau monastère. Cette île stérile et inhabitable, située sur la côte du Léonais fut la pépinière d'où sortirent les premiers moines de Morlaix, de Landerneau, et des Auges. De là vint parmi eux ce proverbe : Virgo peperit tres, postea infirmari cœpit et fuit derelicta et sterilis. « La Vierge a eu trois enfants, puis devenue infirme, elle a été stérile et abandonnée ». Ce dernier mot fait allusion à la durée éphémère de la mère abbaye et de ses succursales.

La chapelle des anciens seigneurs fut longtemps l'église conventuelle. Celle qui existe aujourd'hui fut fondée, en 1527, et la première pierre y fut mise, le 11 mars de la même année ; elle coûta quatre années de travaux et fut dédiée à Dieu, sous l'invocation de saint Jean l'Evangéliste, le 25 juin 1531, par R. P. maître Jean Le Larger.

En 1619, les Cordeliers tinrent à Cuburien un chapitre provincial, pour les frais du quel la ville leur donna 500 livres, elle leur fit aussi servir une collation à la fin le la procession générale qui termina le chapitre. Trois ans après, c'est-à-dire en 1622, les Récollets succédèrent dans ce monastère aux Cordeliers. Les maladies contagieuses qui depuis cent années affligeaient continuellement la ville, ayant repris avec plus de fureur, en 1626, les Récollets se livrèrent, avec le plus grand zèle, au soin des malades. Ils furent eux-mêmes attaqués de la maladie et la ville pourvut à leurs besoins, dans cette calamité. Cette espèce de peste s'étant renouvelée, en 1640, et dans les années suivantes, les Récollets se signalèrent encore dans le soin des malades ; on se souvint surtout du zèle intrépide du père Boniface Boubennec qui resta constamment au milieu des pestiférés de la Ville-Neuve, tant que dura la maladie. Le venin était si contagieux que les chirurgiens, les prêtres, les aumôniers, les « corbeaux » [Note : C'est le nom qu'on donnait aux hommes qui portent les morts en terre] devinrent eux-mêmes bientôt les plus infectés et qu'il fallut les séparer des autres malades. La ville dépensa environ 1500 livres pour le traitement des Récollets pestiférés.

Outre ces soins que la reconnaissance publique devait à leur zèle, ils eurent encore part, ainsi que les Cordeliers leurs prédécesseurs, aux libéralités de la ville, et à ce qu'on appelait l'aumône ; ce don qui était d'abord de 60 livres et qui ensuite fut porté à 100 livres, ainsi qu'un présent stipulé par les baux des octrois. Ils eurent encore, en divers temps, des gratifications extraordinaires pour les réparations de leurs maisons. En 1629, ils eurent cent livres ; en 1635, ils eurent encore cent livres et de plus, trois cents livres pour les réparations de leur couvent ; en 1636, deux cents livres, attendu leur grande nécessité ; en 1637, cent livres ; en 1644, trois cents livres, pour réparations ; en 1658 et 1659, cent livres, « sous le bon plaisir de la Chambre » ; en 1660, cent livres « sous le bon plaisir de la Chambre et sans tirer à conséquence » ; cette aumône annuelle se continuait encore, en 1670 ; en 1668, ils eurent en plus cinquante livres pour leurs réparations.

Ils étaient encore payée pour assister aux processions. On trouve dans les comptes de 1537 une dépense de 25 livres pour le dîner des religieux cordeliers de Cuburien, à la suite de la procession de la Fête-Dieu. En 1658, on trouve une dépense de 6 livres, pour leur assistance à la même procession ; en 1664, ils eurent pour le même sujet une collation qui coûta 9 livres, et autant pour leur assistance à la procession de l'Assomption.

Cuburien avait alors une bibliothèque renommée et le père Christophe de Penfeuntenio, qui devint plus tard général de son ordre, avait obtenu du roi Louis XIV, en 1653, l'autorisation d'y fonder une imprimerie d'où sont sortis de précieux ouvrages ; ces religieux ont ainsi bien mérité des lettres.

En 1659, les Récollets demandèrent à avoir à Morlaix un hospice. Ils avaient jeté les yeux sur un coing qui était entre le moulin et l'hôtel de ville. Ils demandaient, en cet endroit, dix-huit à vingt pieds afin d'y bâtir une chambre pour eux et un taudis pour le petit animal qui leur rapporte le produit de leurs quêtes ; mais, cette bâtisse ayant paru nuisible et propre à resserrer le terrain qui servait de marché, la communauté refuse leur demande et offrit en dédommagement de leur louer un appartement sur le quai de Léon (Fin des recherches de Daumesnil sur Cuburien).

Le registre (Voir Ms. de la Bibliothèque Communale n° 801) des actes, ordonnances, statuts, délibérations capitulaires de la communauté, du 1er janvier 1718 au 15 janvier 1788, qui a échappé à la destruction, nous permet d'ajouter quelques renseignements aux notes de Daumesnil, sur les dernières années de l'histoire de Cuburien.

Le 15 juin 1718, le Sr. Pierre Sales, marchand et bourgeois de Morlaix et demoiselle Marie Bertrand, son épouse, donnèrent au couvent une chasuble et deux dalmatiques à la suite d'un voeu fait à sainte Catherine de Boulogne. En annonçant ce don à la communauté le père gardien reconnaissant dit aux religieux : Orate pro ipsis ! 

Le 10 juin 1728, les cloches sonnaient à toute volée et le couvent était en tête pour recevoir les descendants des fondateurs de Cuburien, le « très-haut, très-puissant et très-magnifique seigneur, Louis Bretagne de Rohan, prince de Léon, duc et pair de France, comte de Porhoët, marquis de Blain, etc., et très-haute, très-puissante et très-illustre dame, Françoise duchesse de Roquelaure, marquise de Biran, captale de Buch, son épouse ». Le père provincial, accompagné de ses officiers, attendait leurs Altesses à la porte du couvent. A leur arrivée, sa « Révérence » les complimenta et les conduisit dans le sanctuaire pendant que les religieux chantaient le Te Deum. Après la grand'messe, le père gardien invita ses hôtes à visiter le couvent. Ils admirèrent la beauté des vitres où se trouvaient les armes des Rohan, visitèrent la sacristie, la bibliothèque et descendirent au réfectoire où était servi « un déjeuner assez propre que leurs Altesses eurent la bonté d'accepter et d'accepter la santé de la communauté » que le père provincial leur rendit. Le déjeuner terminé, les religieux les reconduisirent jusqu'à leur carrosse en leur témoignant qu'ils n'avaient jamais reconnu d'autres fondateurs que les seigneurs de Rohan et princes de Léon.

En 1737, une discussion s'éleva entre les religieux et la ville. Le corps de ville prétendait que l'allée qui conduit à Cuburien appartenait aux habitants et pour faire acte de propriété il vint « en triomphe arracher les arbres que les religieux avaient fait planter sur les palues de Cuburien ». Les pères portèrent plainte au conseil du roi qui jugea le différend en faveur de la ville, et les religieux se décidèrent, par un acte du 1er mai 1778, à céder « gratuitement à la communauté de ville la propriété de l'allée depuis la manufacture des tabacs jusqu'au détour de l'ancien chemin de Saint-Pol-de-Léon ».

Quelques années plus tard, le seigneur de la seigneurie de Pensez fut substitué aux droits des seigneurs de Rohan et, le 20 décembre 1782, les religieux reconnurent leur nouveau maître, s'engageant à lui rendre hommage et à lui donner le titre de fondateur, comme à leur seigneur, proche et lige.

Dans la dernière partie du XVIIIème siècle, le relâchement entra dans le couvent. Les mandements des pères provinciaux s'élèvent contre les dissipations scandaleuses au dehors, les aigreurs d'esprit, les prévarications, la paresse, l'esprit de parti, la zizanie, la division, l'indépendance, l'indécence, la négligence dans la célébration des saints-mystères, l'ivrognerie et « les débauches bachiques qui dégradent même l'humanité ». Malgré ces reproches amers nous sommes porté à croire que les brebis galeuses ne formaient qu'une minorité et que le plus grand nombre des religieux restaient fidèles observateurs de la règle.

La Révolution les chassa de leur couvent, en 1792. Cuburien fut déclaré bien national et vendu au citoyen David auquel il fut repris, le 8 floréal an II. La ville, conformément au décret de la Convention du 14 frimaire de la même année, y établit une fabrique de salpêtre, le 26 pluviôse, mais comme la production n'était pas en rapport avec la dépense qu'elle nécessitait, la municipalité en demanda la suppression, le 24 frimaire, an III. Bientôt il ne resta de Cuburien qu'on cloître dégradé, une église déserte et des tombes brisées. Plus tard l'industrie s'emparant de ces lieux, vint en chasser la solitude ; on y lamina du plomb et on y scia du bois pour la marine.

Gardiens : - 1619. Frère François Troadec, prieur ou gardien. - 1653. F. Christophe de Penfeuntenio. - 1659. F. François Pacifique. - 1717. F. Charles Mauduit. - 1718. F. Maurice Godefroy. - 1722. F. Bernard Le Bihan. - 1725. F. Anastase Le Lodu. - 1727. F. Maurice Godefroy. - 1728. F. Patrice Le Ny. - 1731. F. Jacques Abgrall. - 1736. F. Michelange Kervoëllen. - 1737. F. Jacques Abgrall. - 1742. F. Clément Rosselin. - 1748. F. Jean-Chrysostome Picard. - 1756. F. Marc Legall. - 1760. F. Dominique-Marie Nouël. - 1778. F. Bernardin Hinault. - 1778. F. Olivier Nabucet. - 1782, F. Léonard Picard.

Pères spirituels ou Syndics : - 1537. François Corre, Goubverneur ou père spirituel. - 1619. Yves Quintin de Kerhamon. - 1635. Martin de Lesquelen de Kerdannot. - 1644. Corre de Kerouzien. - 1668. De Prémaigné. - 1669. Blanchard de Trébompré. - 1708. Oriot du Portzmeur.  - 1745. Le marquis de Loc-Maria. - 1782, Le comte de la Fruglaye.

Les Dames Hospitalières de Saint-François-de-Cuburien. L'ancien couvent des Récollets s'est relevé de ses ruines et il est habité, vers 1879, par les Dames chanoinesses hospitalières de Saint-François-de-Cuburien. Vers 1834, ces religieuses furent violemment expulsées de Quimper, c'est alors qu'elles acquirent les bâtiments de l'ancien couvent, restaurèrent l'église conventuelle et sauvèrent en partie les anciens vitraux. Ces religieuses tiennent un pensionnat pour les jeunes filles et une maison de retraite pour les femmes âgées qui n'ayant pas assez de fortune pour vivre dans le monde, trouvent à bas prix, dans cet asile, le repos, le confortable et les douceurs de la vie en commun. Elles ont aussi un hospice et une infirmerie où elles soignent avec la plus grande abnégation les femmes infirmes ou âgées. L'église conventuelle est celle même de la fondation des Cordeliers à Cuburien. Elle fut élevée, en 1527, ainsi que le constate cette inscription gothique placée à droite de la porte principale : L'AN MIL Vce XXVII - XIme IOUR DE MARS - FUST CESTE ESGLISE - FONDÉE. Cette inscription est surmontée d'un écusson en alliance des vicomtes de Rohan qui en furent les fondateurs. Elle fut consacrée sous le vocable de saint Jean l'Evangéliste par le P. Jean Le Larger, le 25 juin 1531. Depuis cette époque cette église devint un lieu de pèlerinage célèbre et le pardon de Saint-Jean attirait, tous les ans, un grand nombre de pèlerins. Quatre ans après la fondation, c'est-à-dire le 27 décembre 1535, un grave accident arriva le jour du pardon de Cuburien. Une barque, pleine de monde, qui retournait à Morlaix et qui voguait entre le convent et le château de Keranroux, fut submergée par un coup de vent ; presque tous ceux qui s'y trouvaient furent noyés, Cette église de style ogival flamboyant et de la dernière période n'a qu'une nef et un bas côté : six piliers ronds terminés en ogive à moulures prismatiques cavées séparent la nef du collatéral. La maîtresse vitre, qui est aussi flamboyante, est partagée par deux meneaux formant trois baies épanouies au tympan en trois lobes. La rosace a conservé sa riche verrière où l'on distingue une Résurrection, le martyre de saint Etienne et plusieurs scènes de la vie de la Vierge, de celle de saint François et quelques écussons coloriés, De toutes les verrières qui ornent les fenêtres de la nef principale, on n'a pu reconstruire que celle du bas. Elle représente les principaux épisodes de la vie de saint Jean-Baptiste : le baptême du Christ, la décollation de saint Jean, Hérodiade présentant à Hérode la tête du saint. C'est un don de Jean le Barbu, Sr. de Bigodou et de Marie Bois, sa femme. Le donateur a sa cotte d'armes en or chargée d'un sautoir d'azur ; il est présenté par un évêque à saint Jean et devant eux, on lit cette inscription : Ecce Agnus ! La donatrice portant sur sa robe mi-partie les armes de son mari et les siennes d'argent au lion d'azur, est présentée par son patron à la Vierge qui porte l'enfant Jésus. Par son caractère naïf et charmant dans son archaïsme, ce travail est un des plus beaux spécimens de l'art du verrier au XVIème siècle. Cette restauration est due à M. Jean-Louis Nicolas. Au-dessous de cette fenêtre est placé l'enfeu de cette famille. Au-dessous de la seconde fenêtre se trouve un enfeu appartenant à la famille le Bihan de Pennelé et au-dessous de la troisième un autre enfeu surmonté d'un écusson écartelé aux un et quatre d'une fasce chargée d'un annelet, aux deux et trois d'un losangé. L'église est pavée de dalles tumulaires parmi lesquelles nous avons remarqué les armes des Ballavesne et celles des Calloët. (J. Daumesnil).

Ville de Saint-Martin-des-Champs - Bretagne Voir aussi Saint-François de Cuburien

 

 © Copyright - Tous droits réservés.