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LES MINES DE PLOMB ARGENTIFERE

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L'existence des Mines de plomb argentifère dans les Côtes-du-Nord fut certainement connue des Romains qui les exploitèrent, et surent en tirer le plomb et l'argent. Des traces de leurs travaux ont été rencontrées et les auteurs romains signalent qu'on trouve le plomb et l'argent en Bretagne et en Espagne.

Dans la suite des siècles il y eut exploitation irrégulière, ce qui conserva à la Bretagne sa réputation de pays producteur de plomb et d'argent, mais les documents précis manquent jusqu'au XVIIème siècle.

Les mines de plomb argentifère

(dans les Côtes-du-Nord, aujourd'hui Côtes-d'Armor)

En 1689, Jacques II, roi d'Angleterre, détrôné par Guillaume de Nassau, et fuyant sa patrie, débarquait à Brest pour se rendre à Saint-Germain-en-Laye, où Louis XIV lui offrait une hospitalité royale. Il était accompagné d'un grand nombre de partisans, parmi lesquels des gentilshommes propriétaires de mines. Le cortège ayant fait halte à Châtelaudren, on présenta aux voyageurs des échantillons de galène argentifère (Note : La galène est un minerai de plomb formé de sulfure de plomb) qu'on leur dit exister en grande quantité dans la région. Les mineurs, qui avaient été frappés de l'analogie géologique offerte par le pays qu'ils traversaient avec la Cornouaille anglaise, n'hésitèrent pas à reconnaître les qualités du minerai présenté et aussitôt ils demandèrent au roi et en obtinrent l'autorisation de rester dans la région pour y entreprendre une exploitation minière.

Ils fondèrent une société connue sous le nom de Compagnie anglaise qui commença d'importants travaux aux Boissières à quatre kilomètres de Saint-Brieuc.

L'année suivante, en 1690, Jacques II revint à Saint-Brieuc passer en revue ses partisans avec lesquels ils espérait reconquérir son royaume et, peu de temps après, il les entraîna dans une expédition en Irlande qui échoua.

L'exploitation anglaise fut abandonnée ; mais elle avait fait connaître l'existence des mines dans la région et un riche armateur de Saint-Malo, nommé Noël Danycan, demanda la concession des Mines de Bretagne qui lui fut accordée par lettre du roi du 11 février 1730, ainsi conçue : « Louis-Henry, duc de Bourbon, prince du sang, grand maître des Mines et Minières de France : à tous ceux qui ces présentes verront, salut. Le sieur Danycan, écuyer, secrétaire du Roy, ancien maître des comptes, seigneur de Launay, Quinard et autres lieux, et chancelier de l'Ordre royal de Saint-Michel, nous ayant représenté que dans les voyages qu'il a faits dans les quatre parties du monde, d'où par le moyen de son commerce et de l'émulation qu'il a donnée à beaucoup d'autres fameux négociants, il a fait entrer plus de quatre cents millions d'or et d'argent dans le royaume, ledit sieur Danycan aurait appris à travailler toutes sortes de Mines, et que, depuis ses voyages, toujours appliqué à prouver le bien du Roy et de l'Estat, il aurait fait la recherche et découverte de plusieurs Mines d'argent, de cuivre et de plomb, et autres Mines et Minières, dans la province de Bretagne, lesquelles il pourrait exploiter, s'il Nous plaisait de lui en accorder la concession. A ces causes, et après avoir vu des échantillons desdites Mines et Minières et les épreuves que ledit sieur Danycan en a fait faire, Nous lui avons concédé et concédons par ces présentes toutes les Mines d'argent, de cuivre et de plomb et autres Mines et Minières étant dans la province de Bretagne pour en jouir par le sieur Danycan, ses héritiers, ayant droit et associés, etc. Signé : Louis-Henri De Bourbon ».

Un arrêt du Conseil d'Etat du Roy, tenu à Marly, le 22 mai 1731, confirmait cette concession des Mines de Bretagne, à l'exclusion des Mines de Poullaouen, exploitées par la Compagnie du chevalier Gillotou de Kerever.

Le comte Danycan limita son exploitation à la mine de Pontpéan (Ille-et-Vilaine) et les Mines des Côtes-du-Nord étaient retombées dans l'oubli, lorsque le naturaliste Valmon de Bomare explorant la Bretagne en 1762 découvrit, près de l'Etang de Plouagat, en Châtelaudren, une mine de galène grainelée et striée, riche en argent. Aussitôt il adressa un procès-verbal aux Ministres, fit des communications dans les Revues scientifiques et réveilla l'attention sur ces mines. C'est alors que la veuve Danycan sollicita et obtint du Roi l'autorisation d'exploiter provisoirement de concert avec ses deux fils et sa fille, les filons métallifères existant dans un rayon de trois lieues autour de la ville de Châtelaudren, faveur qui lui fut accordée en considération des services rendus par Noël Danycan.

L'année suivante, la veuve Danycan obtint, le 6 septembre 1766, pour trente ans, une concession très étendue, embrassant, une vingtaine de lieues carrées et limitée : à l'ouest par la rivière du Trieux, depuis le pont de l'Etang-Neuf (entre Guingamp et Corlay) jusqu'à son embouchure dans la mer, en face de l'île de Bréhat ; à l'est par la mer depuis le Trieux, jusqu'à Yffiniac, la grande route d'Yffiniac à Saint-Brieuc et le chemin de Saint-Brieuc à Quintin ; au sud, par une ligne allant de Quintin à travers Le Leslay et Saint-Connan, jusqu'au pont de l'Etang-Neuf, point de départ.

Des travaux furent exécutés sur les filons de Ruebourgeois, près de Châtelaudren, qui avaient été signalés par Valmont de Bomare ; on creusa six puits et de nombreuses galeries, un canal de 400 mètres ; deux cents ouvriers étaient employés à l'exploitation, si bien que les ressources de la veuve Danycan s'épuisant rapidement, elle dût transmettre ses droits, le 8 mai 1769 à une société par actions, dont le nombre primitif de 46 fut, par arrêt du 13 mai 1771, porté à 92. Cependant, la veuve Danycan ne se décida à abandonner les lieux qu'à la suite d'un long-procès.

On estime les dépenses de cette nouvelle société à plus d'un million de livres, somme énorme pour l'époque, justifiée par la nature et l'importance des travaux exécutés : douze puits, dont plusieurs atteignaient 50 mètres, furent creusés entre Châtelaudren et Ruebourgeois. On construisit un bocard pour broyer le minerai et une fonderie à la Ville-Enfumée, hameau dont le nom se rattache à l'existence de l'usine. Ces travaux considérables, mais trop souvent infructueux épuisèrent assez vite les ressources de la société et en 1781 le fonds fut cédé à une nouvelle Compagnie formée des sieurs de Bouthillier, de Briqueville, de Cordouan, de Barberin frères, Ray de Chaumont, Levasseur, Roth, Deschamps, de Blangy et de Mory, caissier de l'entreprise. Les sociétaires précités s'engageaient eux et leurs successeurs à rester dans l'indivision et à n'en sortir que par le partage général de la société.

Un nommé Duchesne fut mis à la tête des travaux. Le premier acte de la société fut de se faire renouveler la concession des Mines de Châtelaudren pour 25 ans et sans réduction de territoire, à partir du 7 mai 1782, ce qui l'eût conduite à 1807.

Les efforts furent concentrés sur la Ville-Alhen, en Plélo, et aux Boissières où l'on reprit les travaux de la Compagnie anglaise.

A la Ville-Alhen, on ouvrit la mine la plus importante de la concession ; on y creusa 3 puits, le Cornua, Sainte-Hélène et la Compagnie. On construisit un canal de 3.600 mètres, venant de Villeneuve et côtoyant la montagne pour passer au nord de Kerbieux, qui fournissait l'eau nécessaire pour mettre en mouvement une grande roue de 36 pieds de diamètre, qui actionnait une puissante machine hydraulique posée sur le Cornua. Trente chevaux transportaient continuellement le minerai de la Ville-Alhen à la fonderie de Ville-Enfumée, par une route de 4 kilomètres, construite spécialement pour cet usage. Les travaux de la Ville-Alhen furent les derniers abandonnés, en 1790 ; ils avaient atteint une profondeur de 59 mètres.

Les filons de Trémuson et des Boissières qui avaient été mis à jour par les travaux du grand chemin de Lanvollon à Saint-Brieuc et qui avaient été exploités par la Compagnie anglaise furent repris par la société de Mory.

Le filon de Trémuson exploité à 10 mètres au-dessous des travaux attribués aux Anglais donna beaucoup d'eau qu'on était obligé d'épuiser à bras d'hommes ; il fut abandonné vers 1786.

Le filon des Boissières était reconnu jusqu'à 39 mètres, lorsque l'abondance des eaux le fit abandonner en 1785. A cette époque, on installa sur le Leff, à l'est de Ruebourgeois, une nouvelle fonderie où des trompes avaient été substituées aux soufflets.

En 1784, époque à laquelle Gillet de Laumont visita les Mines et usines de Châtelaudren, l'exploitation comptait 500 ouvriers, mineurs et fondeurs. La production annuelle s'élevait à 2.200 quintaux anciens de plomb et à 1.110 marcs d'argent (Note : Le quintal ancien vaut 100 livres ou 50 kilogs environ. Le marc vaut 8 onces ou 8 x 30gr. 59 = 244gr. 52), ce qui représente environ une valeur de 165.000 francs (vers 1920).

A la mort de Mory, qui seul avait survécu à tous ses co-sociétaires, la société commença à péricliter. Il semble d'ailleurs qu'elle ait été dirigée alors par un gérant infidèle qui avait escompté et préparé la ruine de l'entreprise dans l'espoir d'en acquérir ensuite la propriété. Aussi le fils de Mory renonça-t-il complètement à une affaire qui avait englouti tant de capitaux. En 1790, les fourneaux de Ruebourgeois et de la Ville-Enfumée s'éteignirent, en même temps que la gigantesque roue de la Ville-Alhen cessait de tourner.

L'abandon des Mines de la concession de Châtelaudren semblait devoir être définitif, lorsqu'en 1862, l'établissement du chemin de fer de Paris à Brest nécessita l'ouverture d'une tranchée dans laquelle on rencontra quatre filons de galène argentifère. Les terrassiers et ceux qui les dirigeaient ne remarquèrent pas le caractère métallique de la roche qu'ils extrayaient ; à grand peine, pendant plusieurs mois, ils chargèrent dans des wagons ce minerai lourd et précieux qu'on allait ensuite précipiter dans le remblai de Plouvara où il devait être perdu pour toujours. 

Le savant pharmacien Charles Le Maoût que Saint-Brieuc se glorifie d'avoir eu pour fils, ayant entendu parler de cette roche si pesante, se rendit sur les lieux et constata sans peine qu'elle était constituée par de la galène argentifère très riche et que les filons faisaient partie du système de filons de Châtelaudren. Aussitôt il demanda et obtint une concession couvrant 80 kilomètres carrés, moins étendue que celle de la veuve Danycan, mais comprenant cependant les Mines de Châtelaudren, de Trémuson et des Boissières. Pour l'exploitation Le Maoût fit un traité avec une Compagnie anglaise, au capital de 12.000 livres sterlings, qui se mit à l'oeuvre immédiatement.

Les travaux commencés dans la tranchée de Plerneuf absorbèrent un tiers du capital sans donner de résultats satisfaisants, car la roche était très dure. Aussi on les abandonna pour revenir aux Mines de Trémuson et des Boissières, dont les déblais chargés de galène indiquaient la richesse.

Une machine à vapeur fut installée ; elle actionnait des pompes et un chemin de fer à double voie, descendant dans la mine et en facilitant l'exploitation. Les travaux de recherches et d'installation durèrent cinq années ; l'avenir s'annonçait très favorable, mais le capital était trop faible pour atteindre la période de production. La Compagnie voulut procéder à une augmentation de capital ; une crise financière prolongée qui sévissait à cette époque fit échouer ce projet : les travaux furent arrêtés et la mine fut de nouveau abandonnée.

En 1900, une Compagnie se forma à Saint-Brieuc pour reprendre l'exploitation des Mines de Trémuson ; mais sa durée fut éphémère, le capital engagé étant toujours trop faible pour franchir la période des travaux préparatoires.

En 1912, les héritiers de Charles Le Maoût ont cédé leurs droits à un nouveau concessionnaire qui doit, paraît-il, reprendre prochainement l'exploitation tant de fois abandonnée.

Dans ce qui précède, nous avons surtout étudié les Mines dites de Châtelaudren ; elles ne sont pas les seules dans le département ; il en est d'autres qui ont donné lieu à des exploitations : ce sont les Mines de Coat-an-Noz, de Carnoët et de Plusquellec.

Le filon de Coat-an-Noz, à 3 kilomètres au sud de Belle-Isle-en-Terre, a été exploité de 1766 à 1773. Son existence avait été reconnue en 1714, mais ce n'est qu'en 1766 que la Compagnie Darcy, qui exploitait les mines de Poullaouen, en obtint la concession. On établit une fonderie, une roue hydraulique de 10 mètres de diamètre, on creusa puits et des galeries et, en 1767, on obtint 7.700 livres de plomb et 80 marcs d'argent. Cependant l'exploitation ne fut pas fructueuse, car, en 7 ans, on n'obtint guère que 17.000 livres de minerai. La mine fut abandonnée en 1773 et depuis elle n'a jamais été exploitée.

La mine de Carnoët fut trouvée en 1711 par une Compagnie anglaise qui l'abandonna au bout de 4 ou 5 ans. En 1729, elle fut concédée avec les mines de Poullaouen au sieur de la Bazilière. A diverses reprises, des travaux y furent entrepris, mais les dépenses occasionnées par l'épuisement de l'eau à bras d'hommes les firent abandonner. En quatre années les dépenses montèrent à plus de 60.000 livres et l'on avait à peine retiré 60.000 livres de minerai prêt à fondre. En 1789, l'abandon fut définitif.

La mine de Plusquellec a une histoire semblable à celle de Carnoët ; elle appartenait aussi à la Compagnie de Poullaouen ; l'envahissement des eaux fit abandonner son exploitation.

En résumé, les filons de plomb argentifère sont abondants dans les Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor). Ils sont en général parallèles, leur direction est une ligne N.N.O.-S.S.E., direction qui est aussi celle des filons des grandes Mines de la Cornouaille anglaise. Leur exploitation, comme nous l'avons montré, s'est faite avec activité et avec succès pendant le XVIIIème siècle, toutes les fois qu'on a exploité la partie supérieure des filons se trouvant au-dessus du niveau des vallées, parce que des galeries latérales permettaient un transport facile du minerai et l'écoulement des eaux.

L'exploitation s'est rapidement arrêtée dès que les travaux se sont trouvés au-dessous du thalweg des vallées, les moyens mécaniques d'évacuation de l'eau et d'extraction du minerai étant insuffisants en même temps que trop onéreux. Les Mines n'ont donc été exploitées que superficiellement et elles peuvent être considérées comme à peu près vierges.

Il n'est pas douteux qu'une exploitation entreprise avec des capitaux suffisants et le matériel dont dispose l'industrie moderne ne donne des résultats intéressants pour la région, en y faisant renaître la grande activité du XVIIIème siècle (M. E. CHRETIEN).

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