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NAISSANCE ET VOCATION RELIGIEUSE DE MADEMOISELLE DE GONDY.

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MARIE-CATHERINE-ANTOINETTE DE GONDY, née le 30 novembre 1648, au château de Machecoul, capitale de l'ancien duché de Retz en Bretagne, était fille de Pierre de Gondy, Duc de Retz, Pair de France, Général des Galères, Commandeur des Ordres du Roi et de Marie-Catherine de Gondy. Elle eut pour marraine la célèbre et chrétienne Marquise de Maignelay, si connue à cette époque dans Paris et toute la France par ses fondations pieuses. Par ses libéralités, en effet, elle contribua à l'établissement de la Congrégation de l'Oratoire, de celle de la Mission, des Carmélites, des Capucines [Note : Après avoir aidé à la fondation des Capucines de Paris, elle s'occupa encore du monastère de Tours, ainsi que le prouve la lettre suivante de père Jerôme de la Flèche : « Madame, Nostre Seigneur vous donne sa sainte paix, Jay reçu par le moyen de Madame de Vendosme la dépesche de Monseigneur le Cardinal de Sourdy que vous luy avés adressée pour me faire tenir qui est touchant l’establissement des bonnes mères capucines en la ville de Tours, j’escripts à Monseigneur le Cardinal et luy mande que je suis prest d'obéir puisque c'est la volonté de Sa Sainteté et la sienne et que les conditions portées par la concession estant effectuées qu'aussitôt nous prendrons la charge de leur direction, et pour ce ma vie m'acheminant d’icy ou le suis au bout du monde vers la Touraine pour voir quel ordre ceux qui font les affaires de ces bonnes mères auront donné à leur establissement et à la place propre pour leur bastiment. C'est une affaire où je me monstreray autant facile ayant recogueu la volonté de Dieu que je me suis montré opposé et contraire lorsque je n’ay pu croire que cela fut. Je vous prie de croire, etc., F. HIÉROME DE LA FLÈCHE, » Pro..nt indigne. De Morlaix, ce 13 de décembre 1625. A Madame de Maignelay. (lnédit). Communiqué par Le R. P. Eugène d'Oisy-le-Verger, capucin], dont elle voulut embrasser la règle austère, etc.

La lettre suivante, adressée au V. P. Honoré de Champigny, que nous avons trouvée aux Archives de Seine-et-Oise (fonds des Capucins de Poissy) indique encore sa dévotion pour notre Ordre :

« Mon bon père, il y a quelques jours que je vous attendais en cette ville, cella m’a fait différer à vous entretenir d’une affaire qui est bien pressée, c’est qu'il y a environ un mois que Monsieur le Cardinal m'envoia des lettres que le R. P. Général lui envoioit, ou il luy mandoit que sellon son cômandement il luy envoïoit l'obédience de prédication pour le P. Baltazart. Il y a une lettre pour vous, une pour ledit P. Baltazart, une pour ma sœur de Retz. Monsieur le Cardinal me mandoit quy n’avoist point escrit audit P. Général et ne savoit que c'estoit et que j’envoiasse tout à ma sœur de Retz. Pour moy ayant seu de vous ce quy vous avoit plu me confier de ceste affaire j'escrivis à Monsieur la Cardinal et luy mandoy, que je croyais quy ne se souvenoit pas quy nous avoit promis de ne point escrire de ceste affaire et que je ne donnerais pas les lettres que je n'eusse de ses nouvelles. Il m'a escrit que j'avois bien fait, mais que je les donnasse avec nos (...) et m’a envoyé une lettre qu'il escrit à ma sœur ou il lui cômande de ne se servir point de celles-ci que comme il vous plaira. Il y a un regret à ceste effaire c’est que l’on a escrit en son nom au P. Général, et puis l'on luy a annoncé. Le Roy a aussi escrit audit P. Général, je ne vous diray pas qu'elle voye dont cella et le tout cest passé sans Monsieur le Cardinal. Je demande doncq vostre avis sy je remettrai le tout entre les mains de ma sœur avec le cômandement de ne s’en point servir, ou sy je priray Monsieur le Cardinal de ne luy en bailler ou sy je communiquerai le tout au R. P. Archange, car à cause que vous m’aviez deffendu de ne parler de ceste affaire, je ne l’ay voullu dire à personne. Ma sœur bien par la dâte des lettres que je les aurai gardées, mais pour servir la religion je ne me soucie pas d’avoir ses bonnes grâces. Vous me cômanderez au plus tost votre volonté et me continuez sy vous plaist l’assistance de vos saintes prières puisque je suis bon père, Vôtre très humble et trés obéissante fille en nôtre Seigneur, MARGUERITE DE GONDY. Au Révérend Père, Le Révérend Père Honoré, Provincial des Pères Capucins de la Province de Paris. Ce 19 juillet. LA MARQUISE DE MAIGNELAY, MARQUISE DE RETZ. » (Inédit).
Les personnages qui s’occupent de la béatification de ce religieux trouveront dans le même fonds quelques lettres à lui adressées par la Sœur Loyse de Gondy, religieuse au Prieuré de Poissy.

La Marquise donna à sa filleule le nom de Marie.

Lorsque sa fille eut onze ans le duc de Retz lui donna huit cents livres par mois pour ses dépenses. Ce fut alors qu'on vit paraître sa charité pour le prochain. Elle employa une grande partie de son argent à payer des pensions à plusieurs gentils-hommes de Bretagne, qui n'avaient pas de quoi mettre leurs enfants au Collège, ou leurs filles dans des Maisons Religieuses, commençant à cet âge à faire le discernement des pauvres. Ses aumônes étaient si grandes qu'elle engageait trois ou quatre mois de cette gratification qu'elle recevait de son Père, avant qu'elle fut échue. Elle n'a jamnais refusé sa protection à toutes les personnes qui s'adressaient à elle dans leurs besoins ; elle faisait subsister par ses libéralités plusieurs familles dans Machecoul ; et, ne se contentant pas de donner son argent, elle se prodigua elle-même à la charité, L'auteur de sa vie en donne du nombreux exemples. [Note : Tous ces détails de la vie de Mademoiselle de Gondy, à moins d’indications contraires, sont tirés de sa vie écrite par Ambroise L’Allouette. A Paris, chez Jacques Etienne, rue S.-Jacques, à la Vertu, 1717].

A l’âge de dix-sept ans elle fit un voyage à Paris, en compagnie de la duchesse de Retz, sa mère. A cette époque, les filles de haute noblesse prenaient volontiers le voile dans les monastères du Calvaire ; elles délaissaient la crosse que leur offrait Saint-Benoit pour embrasser une vie plus austère et moins fastueuse. Fontevraut avait vu ses rangs s'éclaircir et courir vers le Calvaire, sorti de son sein.

Les deux Calvaires de Paris, celui du faubourg Saint-Germain, appelé le Monastère de la Compassion, et celui du Marais, ou de la Crucifixion, étaient alors le rendez-vous de toutes les dames de la Cour. Au retour de Clagny et de Versailles, elles aimaient bien à s'entretenir à la grille des Carmélites, des Capucines et des filles du Calvaire. La Belle Athénaïse de Mortemart-Rochechouart y fit plus d'une confidence et y versa plus d'une larme ; Mademoiselle de la Vallière, dans sa disgrâce, trouva peut-être, au Calvaire du faubourg Saint-Germain, la vocation qui en fit la Sœur Louise de la Miséricorde. Nous ne voulons pas assurément mettre la duchesse de Gondy en parallèle avec ces illustres mondaines, nous voulons dire seulement que entraînée par le courant, elle aimait à fréquenter les deux Calvaires de Paris.

L'historien de Mademoiselle de Gondy nous dit que pendant ce voyage la duchesse de Retz se rendait souvent au Calvaire du Marais afin de s'entretenir avec les religieuses de choses spirituelles ; Marie-Catherine-Antoinette l'y accompagnait volontiers. Laissons parler ici l'auteur de la vie de la future fondatrice de Machecoul : « Le lendemain de la Translation de Saint-Benoît, qui est l'onzième de Juillet, Mademoiselle de Retz y entra avec sa mère ; une religieuse de ses amies lui fit des reproches de ce qu'elle n'était pas venue faire ses dévotions le jour de la fête de ce saint, et lui dit qu'il fallait qu'elle lui fit une neuvaine, qu'elle en ferait une aussi, pour demander à Dieu la vocation religieuse pour elle ; Mademoiselle de Retz s'en défendit beaucoup, l'heure n'était pas encore venue, car elle lui dit alors : Je ne veux point être religieuse, tout ce que je peux faire, sera de vous envoyer un bouquet tous les jours de l'octave de Saint-Benoît. Ce qu'elle exécuta fidèlement. Cependant le quatorze juillet, jour de Saint-Bonaventure, elle eut un mouvement d'aller faire ses dévotions au Calvaire du Marais. Après avoir communié, elle fit cette prière : Mon Dieu ! comme vous vous étes donné tout à moi dans cet adorable Mystére, faites-moi la grâce de me donner tout à vous. A ce moment, elle fut éclairée d'une lumière céleste, laquelle lui fit connaître et goûter la vérité de ces paroles, en lui faisant sentir le néant de toutes les grandeurs de la terre. Elle fut frappée dans l'instant, comme d'un coup de foudre, de la pensée qu'elle fut religieuse.... Cette pensée lui fit continuer son action de grâces plus longtemps. Son visage en était enflâmé, n'aiant point eu jusqu'alors la pensée d'être religieuse, elle raillait même la Religieuse, sa bonne amie, de certaines pratiques de son Ordre qu'elle traitait de minuties.

La première personne qu'elle trouva en sortant de son action de grâces fut cette religieuse qui l'attendait pour lui faire prendre quelque chose ; lui ayant vu le visage tout en feu, elle lui dit : Qu'avez-vous, Mademoiselle ? Elle lui répondit : Il faut que je sois religieuse. A cette parole, cette bonne amie se fâcha, en lui disant : Mademoiselle, vous venez de communier, cela n'est pas bien de railler de la religion. Mademoiselle de Retz répliqua : ce n'est pas une raillerie, cela est trés sérieux ; il faut que je sois religieuse. Elle l'emmena prendre quelque chose, et lui fit dire ce qui lui était arrivé, on peut s'imaginer la joie de cette bonne amie. Elles convinrent de n'en rien déclarer qu'après avoir fait dire plusieurs messes, après avoir donné beaucoup d'aumônes aux pauvres, afin d'obtenir de Dieu la grâce de la soutenir dans son dessein. Trois mois après, elle le déclara à la Duchesse sa mère qui en fut fort allarmée, et pour la détourner, elle lui représenta les grandes vues qu'ils avaient sur elle pour le soutien de leur maison, et refusa d'en parler au duc de Retz, ce qui obligea Mademoiselle de Retz de le faire. Elle eut besoin d'un courage extraordinaire aimant son père avec un excès de tendresse. Elle a dit souvent qu'elle croyait mourir de la violence qu'elle s'était faite, aussi fut-elle plusieurs heures avec son père, sans avoir la force de lui dire sa résolution. Enfin, se jetant à ses genoux, elle ne put lui dire que ces paroles : mon père, je veux être religieuse.... Ce père, outré de douleurs par une telle déclaration, aimant sa fille comme sa vie, lui dit qu'elle voulait donc le faire mourir ; mais cela ne fut pas capable de l'ébranler, son amour pour Dieu la rendit insensible. Elle l'assura que tout ce qu'il pourrait lui dire ne la ferait point changer de sentiments : ce qui obligea ce père si affligé de lui demander une année avant que d'exécuter sa résolution, à quoi elle consentit....

Elle ne porta durant cette année qu'une robe noire ; la duchesse sa mère la pressant fort d'en porter de convenable à sa condition, elle lui répondit que celle qu'elle portait était conforme à l'état qu'elle avait dessein d'embrasser ».

Nous ne raconterons pas toutes les austérités que pratiqua Mademoiselle de Retz, pendant cette dernière année qu'elle resta dans le monde, ce serait sortir de notre cadre : nous avons hâte de la voir au Calvaire. Empruntons donc à son vieil historien le récit de son entrée chez les Calvairiennes de Nantes : « La duchesse de Retz se trouvant obligée de faire un voyage à Paris avec sa fille, la Reine-Mère qui savait le dessein qu'elle avait de se faire religieuse, voulut l'honorer d'un entretien particulier avant son départ, pour savoir d'elle-même les motifs d'un si généreux dessein. Elle satisfit parfaitement Sa Majesté, qui fut convaincue que sa vocation était uniquement de Dieu, et dit à la duchesse de Retz, qu'elle devait laisser la liberté à sa fille de suivre les mouvements de la grâce. Elle partit avec sa mère pour Machecoul ; dans cette ville elle eût de grands combats à soutenir, parce que la duchessse de Longueville la fit demander en mariage pour le comte de Saint-Paul, ce qui obligea Mademoiselle de Retz de lui écrire une lettre si touchante, que cette princesse devint son avocate auprès de son père, et le pria de lui laisser la liberté d'être religieuse. Les ducs de Brissac et de Lesdiguières l'avaient aussi demandé en mariage.

Elle écrivit à son Père qui était à Paris, pour le faire souvenir que l'année finissait..., le duc de Retz lui écrivit que sa tendresse ne lui permettrait jamais de lui donner son consentement, que tout ce qu'il pouvait faire, était de ne s'y plus opposer. Aussitôt qu'elle eut reçu cette réponse, sa mère imitant l'obéissance d'Abraham, l'amena elle-même au Calvaire de Nantes. Elle y entra âgée d'environ 18 ans. Cette époque paraît avoir été révélée à la Marquise de Maignelai sa tante et sa marraine, puisqu'elle lui avait donné, à l'âge de deux ans, vingt-mille livres pour lui servir de dote de religieuse à 18 ans...

Notre novice fit entrer avec elle quatre Demoiselles qu'elle dota pour être religieuses...

Elle prit l'habit de religion le 18 février 1667, on lui donna le nom de Sainte-Scholastique, en présence de beaucoup de monde qui admirait un si grand exemple, et d'autres étaient pénétrés de douleurs de perdre leur illustre bienfaitrice, dont ils avaient ressentis de si généreux effets dès sa plus tendre jeunesse...

Elle fit sa profession à Nantes, avec les dispositions qu'on peut penser le 20 février 1668, avec la solennité convenable à sa naissance.

Le duc de Retz voïant qu'il ne pouvait plus se flatter de l'espérance de jamais posséder sa fille, il la vint voir pour la première fois quelque temps après sa profession, car il n'avait pu se résoudre d'assister à cette cérémonie. Aussitôt qu'il l'aperçut, il s'évanouit, ne pouvant lui dire un seul mot. Ce fut un coup des plus sensibles pour une telle fille qui a avoué que pour surmonter les sentiments de tendresse qui se renouvelaient vivement en elle, elle fut renouveler ses vœux devant le Saint-Sacrement, sentant le besoin qu'elle avait d'une grâce extraordinaire pour soutenir avec fermeté une privation qui lui était si sensible... ».

(R. P. Emmanuel de Lanmodez).

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