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LE RÉTABLISSEMENT DU CALVAIRE DE MACHECOUL, 31 AOUT 1828.

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RÉTABLISSEMENT DU CALVAIRE DE MACHECOUL, 31 AOUT 1828.
Les habitants de Machecnul avaient vu arec peine la disparition des Calvairiennes ; en 1828 ils apprirent que le propriétaire de l'ancien Calvaire, M Bouhier, gendre de M. Musset, était disposé à vendre la propriété. Ils écrivirent à la R. M. Rosalie Etiennette du Cœur de Jésus, alors prieure du Calvaire de Landerneau et assistante de l'Ordre, et lui proposèrent le rétablissement du monastère. Cette invitation fur plusieurs fois réitérée, et la prieure de Landerneau fit part de cette demande à la prieure générale du Calvaire, la Mére Suzanne Augustine de Saint-Placide de Mussillac, qui lui donna tout pouvoir d'agir. Elle en fit l'acquisition le 31 août 1828, pour la somme de 25,000 francs.

Le conseil municipal de Machecoul, dans sa séance du 6 juin 1828, vota à l'unanimité le rétablissement du Calvaire.

Nous donnons ici, grâce à la bienveillance de la Mère du Cœur de Jésus, ancienne prieure de Machecoul, toute dévouée à la gloire de son Ordre et de son illustre fondateur, la correspondance qui eut lieu pour cette fondation.

Lettre de M. Naud à la Prieure de Landerneau.
Machecoul, 28 janvier 1828.

MADAME ET RESPECTABLE PRIEURE,
J'ai l'honneur de répondre à la vôtre du 17 courant, relativement à l'acquisition de la communauté du Calvaire de Machecoul. Je réponds à toutes les demandes que vous me faites. Tous les habitants et ceux des communes voisines, et principalement la classe bourgeoise, seraient on ne peut plus heureux de voir cette communauté rétablie par la même Congrégation religieuse. J'en ai parlé à M. le Curé qui serait aussi très-satisfait de votre rétablissement dans cette ville. Vous seriez sûre aussi de l'agrément de Mgr l'Evêque de Nantes. Il fut question, il y a quelques années, du rétablissement de cette communauté, ce fut alors feu M. notre curé, M. Lescand, qui en avait parlé à Monseigneur ; une ancienne dame se proposait de faire quelque chose pour l'acquisition, mais cette dame est morte depuis 18 mois, il ne faut donc plus y penser. La chose manqua, je ne sais pourquoi. Pour les habitants de cette commune, qui viennent tout récemment de donner pour l'acquisition d'une maison d'éducation, ne seraient pas disposés à donner une seconde fois, malgré le désir qu'ils auraient de vous voir établies en cette communauté, et principalement la classe bourgeoise. Il est bien vrai aussi, Madame, que cette communauté convient infiniment par sa situation et toutes les commodités possibles ; l'enclos est parfaitement cultivé et planté en bons arbres à fruits : vous devez le voir par ma lettre ou j'en donnais le détail. Les réparations ne sont pas aussi considérables que peut-être vous le pouvez penser ; les murs de l'église sont très bons, à la hauteur de 15 pieds ; il n'y aurait en maçonne que l'excédent en hauteur à faire faire ; il y a assez de pierres et la main d'œuvre n'est pas chère. La moitié est couverte et la charpente est très bonne. Je crois qu'avec 10 à 12,000 francs de réparation, vous seriez à même d'y loger une communauté et des pensionnaires, peut-être pas autant que vous pourriez en avoir, car je crois que vous en aurez beaucoup ; mais vous pourriez vous agrandir au fur et à mesure. Il y a de quoi. Il y a aussi dans les paroisses environnantes plusieurs vieilles dames et demoiselles assez fortunées, et qui je crois ne demanderaient pas mieux que de devenir vos pensionnaires, et qui pourraient vous faire des avantages, mais il faut pour cela que vous soyez établies.

J'ai aussi parlé au propriétaire pour obtenir une diminution sur le prix ; il m'a fait voir que l'ancien propriétaire n'avait pas voulu vendre pour 25,000 francs, ce qui est très-vrai. Celui-ci vendra à ce prix, mais pas à moins. Si vous laissez échapper l'occasion de l'acheter, vous aurez, je crois, beaucoup de peine à trouver un enclos aussi beau et aussi commode que celui-là, pour le même prix. Un particulier de Nantes vient d'offrir 13,000 francs pour la moitié de l'enclos, mais on préfère vendre le tout ensemble. Si cependant il vendait la moitié, vous ne pourriez plus l'avoir qu'avec de grands sacrifices.

Veuillez donc, Madame, m'écrire votre volonté à ce sujet, vu que le propriétaire, s'il ne vend pas, veut faire faire des réparations qui vous seraient inutiles, et qu'il pourrait faire payer en plus ; et peut-être ne voudrait-il pas vendre, si vous en aviez envie un peu plus tard. Les autres communautés de votre ordre pourraient vous aider à faire cette acquisition, qui ne peut manquer de leur convenir infiniment. J'attendrai votre décision à ce sujet, mais s'il vous plait le plus tôt possible, afin que je puisse la communiquer au propriétaire, pour qu'il puisse faire faire ce qu'il veut, si vous n'en voulez point. J'ai l'honneur d'être, etc. J. NAUD.

Autre lettre du même. 18 février 1828.
MADAME ET RESPECTABLE PRIEURE,
D'après votre dernière lettre, j'ai, suivant vos désirs, parlé au propriétaire dont je vous ai parlé ; il m'a dit qu'il ne ferait faire aucune réparation, et tout restera dans le même état jusqu'à votre décision. Pour l'approbation de tous les habitants, vous pouvez y compter. J'en avais parlé précédemment à M. notre Curé, qui en est aussi très satisfait. La chose étant devenue publique, je viens d'en parler aux autorités qui sont ou ne peut plus content de voir votre installation dans cette communauté, et d'après le consentement général vous pourriez espérer d'avoir des campagnes voisines plusieurs charois gratis pour aider à vos réparations. Pour les pensionnaires petites et grandes, je crois que vous en aurez beaucoup.

Comme il est probable que vous ou quelques unes de vos dames viendrez en ce pays pour prendre connaissance de l'état des choses, et pour la conclusion du marché, veuillez, je vous prie, Madame, accepter un logement dans ma maison ; mon épouse et moi nous vous l'offrons de tout notre cœur. J'ai l'honneur d'être, etc. J. NAUD.

Lettre du Curé de Machecoul. 18 février 1828.
MADAME ET RESPECTABLE PRIEURE,
Permettez-moi de vous exprimer ici la satisfaction que j'éprouve en apprenant que bientôt, je l'espère, j'aurai le bonheur de posséder dans ma paroisse un ordre aussi édifiant que l'ordre du Calvaire. Je sais que mon prédécesseur, de vénérable mémoire, avait extrêment à cœur de voir le succès d'une affaire aussi avantageuse à notre pays ; il avait fait pour cet effet toutes les démarches que pouvait lui inspirer son zèle pour la religion et son affection particulière pour un ordre aussi estimable. La mort l'a privé du précieux avantage de voir ses désirs accomplis. Héritier de ses sentiments — et comment ne le serais-je pas, ayant eu le bonheur de l'avoir pour maître, pour guide et protecteur spécial dans mes premières années, — j'aurai la joie d'être témoin de l'accomplissement, hélas ! trop tardif de ses vœux ; mais je suis bien persuadé que son intercession auprès de celui dont il a été sur la terre le ministre fidèle, n'aura pas peu contribué à procurer l'exécution de ce dessein si longtemps différé. Que le Seigneur vous amène donc parmi nous, mesdames, pour la gloire de son Saint Nom, pour la sanctification et l'édification de toute notre contrée et pour la satisfaction particulière de celui qui est, etc. A. TOLLE, Curé.

Lettre de Mgr l'Evéque de Nantes. 30 février 1828.
MADAME LA SUPÉRIEURE,J'ai reçu la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire pour m'exprimer le désir que vous avez de fonder un établissement dans la ville de Machecoul. J'ai pris de suite des renseignements pour connaître les dispositions des habitants et les ressources que vous pourriez espérer ; les dispositions me semblent très favorables, et si vous réalisez ce projet vous serez bien secondé par le curé qui est un jeune homme très zélé et très estimable. Mais il ne faut pas vous dissimuler que les ressources locales sont assez faibles, à moins qu'il n'y en ait qui vous soient connues ; dans ce cas, si vous confiant dans la Providence, vous croyez pouvoir commencer un établissement, vous pouvez, Madame la Supérieure, compter sur ma protection et mon désir pour coopérer au bien, et je vous verrai avec plaisir entrer dans mon diocèse. Je dois cependant vous prévenir qu'il ne me serait pas possible d'y concourir par des actes pécuniaires. J'ai l'honneur d'être, etc. + JOSEPH, EVÊQUE DE NANTES.

Autre lettre du même. 17 mars 1828.
MADAME,
J'ai reçu la lettre par laquelle vous me faites connaître la résolution définitive que vous avez prise de former un établissement dans mon diocèse ; je ne puis que confirmer ce que déjà je vous avais dit sur la satisfaction que j'éprouvais en voyant réaliser ce projet, et surtout l'intérêt que je porterai à votre maison. C'est dans ces sentiments que je suis, etc. + JOSEPH, Evêque de Nantes.

Approbation de la Prieure Générale, la Révérende Mère Suzanne de Mussillac. avril 1828.
MA TRÈS RÉVÉRENDE MÈRE,
Voici la procuration de notre Très Révérende Mère, qui l'a donnée à la personne que vous désignez. Vous êtes sans doute mécontente du délai que nous avons mis à vous l'envoyer, mais vous verrez par sa date que nous la recevons dans le moment, quoique nous ayons envoyé notre tourière quatre fois chez le notaire, et que Mlle de Keroullas se soit donné la peine d'y aller elle-même..., oui, ma très révérende mère, notre très révérende mère avait lu la lettre que vous lui aviez adressée au sujet de Machecoul, en date du 1er mars, et cette dernière en date du 20. Sa révérence m'a dit positivement qu'elle s'en rapportait à vous et qu'elle approuverait ce que vous feriez, bien persuadée que ce serait toujours pour le mieux, pour la plus grande gloire de Dieu qui a toujours été l'objet principal de toutes ses actions. Elle vous dit mille et mille. choses honnêtes et aimables, vous assure de son tendre attachement pour vous, ma Révérende Mère et votre communauté. Elle se recommande à vos prières. Sœur SAINT-MAUR, religieuse du Calvaire, première assistante.

Lettre de M. Bouhier, propriétaire du Monastère. 24 mai 1828.
MADAME,
Je veux bien vous vendre l'enclos du Calvaire que j'habite, composé de maison principale, cours, chapelle d'autrefois, servant maintenant de magasin de fer, divers autres logements d'habitation, jardin, verger, vigne, pré, enfin tout l'enclos du Calvaire renfermé de murs en très bon état, me réservant ce que j'ai en dehors des murs y touchant, savoir : un petit morceau de terre et deux petites maisons avec leurs jardins au quartier des bancs, affermés à Bétys ; enfin, je veux bien vendre et livrer tout ce que je suis convenu avec M. Naud, votre chargé d'affaires, le tout moyennant la somme de 25,000 francs comptant. Je vous observe que, selon l'habitude du pays, je veux avoir 25 louis de denier, ou 24 francs par mille francs ; je céderai à ces conditions à la Saint-Jean prochaine, ledit enclos du Calvaire qui est parfaitement cultivé, dont les récoltes à retirer valent à peu près le denier. J'ai l'honneur de vous saluer, BOUHIER fils.
P.-S. — Je vous observe qu'il me sera très difficile de trouver une maison de suite, vu que toutes les maisons sont affermées. Pour preuve, je me défais du denier, pourvu que vous me laissiez en jouissance jusqu'à la Toussaint prochaine ; cela ne vous empêchera pas de faire vos réparations à la chapelle et au grand corps du bâtiment.

Lettre de M. le Curé de Machecoul. 14 juin 1828.
MA TRÈS RÉVÉRENDE MÈRE,
Vous allez recevoir sous peu de jours une expédition de la délibération du conseil municipal, dans laquelle vous pourrez juger des bonnes dispositions de mes paroissiens à l'égard du dessein que vous avez formé, et que nous désirons tant de voir réussir promptement. J'ai envoyé cette délibération à Mgr l'évêque de Nantes, afin que tout soit en règle et qu'il n'y ait aucun retard, car nous craignons extrêmement que si la chose était différée, elle ne vint à manquer tout à fait. Il y a du mal-entendu dans la lettre de M. Boulder, propriétaire actuel de la maison du Calvaire, relativement aux petites maisons dont il disait qu'il se réservait la propriété. Ces maisons ne font pas partie de l'enclos, et d'ailleurs il consent bien volontiers à les céder et même à se désister du denier, s'il est nécessaire pour ne point faire manquer l'affaire. Il avait même déjà acheté conditionnellement une autre propriété, afin de vous mettre en état de jouir dès la Saint-Jean prochaine, et il se trouve maintenant fort embarrassé ; celui qui la lui a vendue veut qu'il tienne au marché, et il est dans l'intention de procéder contre lui, pensant que c'est lui-même qui a mis obstacle à ce que le Calvaire ne vous fut acquis, par la réserve qu'il a paru se faire et le denier qu'il exigeait ; en conséquence, il prétend que la vente n'en est pas moins valide de sa part, puisque l'obstacle à la condition passée ne paraît venir que de l'acheteur. Du reste, je pense que vous allez aussi avoir sous peu une lettre de M. le juge de paix, contenant une souscription des principaux habitants de cette paroisse, ou en vous expliquant toute cette affaire, il se propose de vous supplier de hâter votre arrivée parmi nous. Si mes vœux joints à ceux de tous mes paroissiens pouvaient quelque chose dans cette circonstance, ah ! nous vous posséderions avant la fin de ce mois. D'ailleurs, il est très à craindre que si vous ne concluez pas avec M. Bouhier, il ne se voit forcé d'aliéner une partie de l'enclos pour payer la maison qu'il va très probablement être obligé de prendre ; et alors des difficultés presqu'insurmontables qui naitraient de cette mesure nous priveraient pour toujours du précieux avantage que nous désirons avec tant d'ardeur,

Veuillez donc bien, ma Très Révérende Mère, acquiescer nos vœux et mettre la plus grande diligence possible dans cette affaire. On pense toujours ici que l'approbation du gouvernement peut être différée ainsi que vous l'aviez pensé d'abord. Agréez, etc. A. TOLLE, Curé.

Lettre de M. le Juge de paix de Machecoul. 15 juin 1828.
MADAME LA PRIEURE,
Je dois à l'intérêt bien connu que j'ai toujours pris au rétablissement de votre Ordre dans notre pays, les communications flatteuses qui m'ont été faites par M. notre Curé et M. Naud de toute votre correspondance avec eux relativement à ce projet. Je dois également à la confiance que mes justiciables veulent bien m'accorder, l'honneur d'être chargé de vous écrire à mon tour pour vous expliquer quelques malentendus, et faire disparaître, s'il est possible, cette teinte de refroidissement dont vos dernières lettres sont malheureusement empreintes. Ce n'est pas sans une juste défiance de moi-même que j'ai accepté une aussi importante commission ; je n'ai en cette occasion à vous offrir que le zèle le plus empressé, que l'amour le plus vrai du bien public. Puissent ces sentiments suppléer à vos yeux à toute mon insuffisance ! Puissent mes soins obtenir ce succès que je n'ose espérer et que je me trouverais cependant bienheureux d'assurer à l'impatience et aux désirs des bons habitants de cette ville. Pour être bien pénétrée de leurs véritables dispositions à votre égard, il aurait fallu, Madame, que vous eussiez été témoin vous-même de leur satisfaction ; mais vos dernières tertres sont venues nous menacer d'un ajournement que nous regardons avec trop de raison comme l'abandon presque certain de votre projet de réunion à Machecoul.

Un zèle irréfléchi, une démarche mal-entendue et bien intempestive, faite la veille de la Pentecôte, auprès du propriétaire actuel de votre maison, ont eu pour triste résultat de vous donner des préventions qu'il me serait facile de dissiper.

Ce jour 24 mai, M. le Maire venait de recevoir de M. le Préfet l'autorisation de réunir son conseil municipal pour délibérer sur votre rétablissement à Machecoul, et comme pour l'affirmative les voix furent unanimes, quelqu'un que je m'abstiens de nommer, crut que le moment était venu de presser M. Bouhier, et de le faire se lier d'une manière irrévocable ; il se transporta donc chez lui avec M. Naud, et la il lui signifie qu'il fallait déloger le lendemain même de la fête, et lui demanda ensuite l'ultimatum de ses conditions. M. Bouhier stupéfait et jeté dans un embarras inconcevable, s'en référa à son marché avec M. Naud, en observant toutes fois qu'en le menant aussi brusquement à la porte, on le forçait pour ne pas se trouver sur la rue, à faire des sacrifices qu'il ne pouvait calculer, et qu'il serait de justice de lui donner un dédommagement. On le pressa d'en fixer la qualité ; ce qu'il fit et il demanda pour cela 600 francs. Il est de notoriété que le jour de la Pentecôte M. Bouhier, toujours persuadé que le lendemain il serait sans asile, fit toute espèce de démarches pour se pourvoir, et qu'avant la fin du jour, il avait acheté à grands frais une maison sur laquelle il ferait aujourd'hui une grande perte, si vous lui laissiez son local. Il observa assez inutilement qu'il n'avait pas compris dans sa vente à M. Naud, et qu'il ne devait pas livrer deux mauvaises cases tout à fait indépendantes de l'enclos du Calvaire, cases qui ne paient pas les frais d'entretien et d'impôt, cases qui étaient autrefois, il est vrai, une des propriétés du Calvaire, aussi bien que les métairies ..... mais qui n'ont jamais fait partie intégrante de l'enclos.

Il paraît qu'on vous a fait prendre le change, car vous semblez persuadée que M. Bouhier voudrait se réserver aujourd'hui ce qu’il aurait vendu ; vous semblez croire surtout que ces deux maisons étaient l'habitation de M. l'aumônier et des domestiques. Je vais encore vous désabuser à cet égard : les deux maisons qui logeaient M. l'aumônier et les domestiques ont été comprises dans l'acquisition de M. Naud ; elles sont inhérentes à la communauté, M. Bouhier n'a jamais songé à les retenir, et elles vous seront livrées avec tout ce qu'il possède de votre ancienne maison. Il était absolument inutile, je le répète, qu'il parlât d'un objet qui n'avait pas même été marchandé. Tel est, Madame, l'état des choses, et je suis persuadé que si on vous les avait présentées dans leur véritable jour, vous auriez dit, comme moi, que M. Bouhier est dans la raison.

Pressé par mes compatriotes, je suis allé hier chez cet homme pour la première fois de ma vie ; j'ai pu juger de la beauté de l'enclos de votre communauté et j'en ai été surpris. J'ai eu avec M. Bouhier un entretien dont je n'ai qu'à me louer ; il m'a dit que malgré tous les sacrifices qu'on lui avait fait faire pour se procurer une maison, il ne tenait plus aux 600 francs d'indemnité, que son grand embarras, un moment, avait été de se loger, qu'il l'était maintenant, et qu'ainsi il ne demandait plus rien.

Il y aura, comme vous l'a dit M. Naud, bien des réparations à faire, mais vous ne feriez pas pour 25,000 francs ce qui existe encore. Vous aurez donc tout le fond pour rien, et huit journaux, quatre hectares de bon terrain au centre d'une ville, ce qui n'est pas à dédaigner. M. Bouhier n'est pas acquéreur lui-même, comme vous paraissez le croire, mais gendre et héritier de l'ancien acquéreur, M. Musset, qui avait juré que jamais il ne vendrait pour des religieuses ; c'est donc une vanité de la part du premier lorsqu'il vous a dit qu'il l'avait acheté 13,000 francs. Du vivant de son père, et lorsque j'étais maire de Machecoul, je fis des démarches à la sollicitation de nos Calvairiennes mêmes, tout fut inutile. Avant moi, on en avait fait sans plus succés ; depuis moi, d'autres en ont fait aussi, mais vainement. Il n'a pas fallu moins que le décès de M. Musset et les mauvaises affaires qu'il a laissées à ses enfants pour les déterminer à vendre ; ils sont forcés, et au premier moment ils traiteront n'importe avec qui. L'occasion est précieuse, l'occasion a des ailes : permettez-moi donc de vous presser, Madame, pour la saisir. Mille événements que la triste humanité ne peut prévoir peuvent la faire manquer pour toujours. Vous parlez de temporiser encore pendant un an ; il faut souvent bien moins de temps pour produire bien des vicissitudes, et le moindre changement nous priverait à jamais peut-être de l'établissement précieux que vous seule pouvez réédifier.

On vous a induite en erreur lorsqu'on vous a dit que l'autorisation du gouvernement vous était préalablement nécessaire et pour acheter et pour vous réunir ; mes bulletins des lois me prouvent le contraire tous les jours, j'y vois à chaque instant des autorisations données à des communautés qui existent depuis bien du temps. Je velus en citerais cent exemples, notamment toutes nos communautés de Nantes, en particulier Mesdames les Ursulines qui n'ont été autorisées que depuis quelques mois, quoiqu'elles soient réunies depuis 25 ans. Les circonstances ne sont pas tres-heureuses, je le sais ; mais, quoique le ministère des affaires ecclésiastiques ait été changé, ses dispositions sont passées à son successeur, et tous les jours Mgr de Beauvais fait pour vos maisons ce que faisait Mgr d'Hermopolis. Il ne s'agit point d'ailleurs d'une fondation nouvelle, mais d'un ancien établissement à relever. Vous n'avez point affaire heureusement à la chambre des députés, et si pour faire passer plus facilement votre projet, il ne faut que chercher quelqu'un qui ait d'une manière particulière l'oreille de M. le Ministre, nous nous obligeons à prendre nous-mêmes ce soin.

Veuillez, je vous prie, Madame, regarder toutes ces explications, toutes mes instances, comme le gage le plus certain de l'intérêt que je prends à votre réunion dans cette ville, et agréez ces premiers hommages des sentiments de confiance et de respect avec lesquels j'ai l'honneur d'être, etc. RÉAL, aîné.

Les habitants de Machecoul soussignés partagent les sentiments et les vœux exprimés par leur juge de paix, et profitent avec empressement de cette circonstance pour assurer Mesdames les Calvairiennes de leur vénération :
Le percepteur de Machecoul, Praud de la Nicollière, jeune, Jean Bâtard, Renardin, Jean Girard, A. Moloin, M. Dubois, Pierre Leduc, David, Egonneau, Dupont, J. Praud, docteur-médecin, Jillaudeau, J. Rolland, Durocher, Davaux, inspecteur des douanes royales, J, Naud, Fortineau, notaire, Orillard, prêtre, principal du collège, Jérard, sous-diacre, Venceignert, greffier, Moreau, Chevalier, Dézouvry.

Lettre de Mgr de Nantes.
MADAME LA SUPÉRIÉURE,
M. le Curé de Machecoul vient de m'adresser ce que j'ai l'honneur de vous transmettre, une expédition de la délibération du conseil municipal de la commune qui exprime le désir de voir se réaliser au plutôt le projet que vous avez conçu de former un établissement dans la ville de Machecoul. Je ne puis que vous renouveler, Madame la Supérieure, les vœux que je forme pour que ce projet soir couronné par le succès, et mon intention est de le seconder autant qu'il dépendra de moi. J'ai l'honneur d'être, etc. + JOSEPH, Evêque de Nantes.

Copie de la délibération du conseil municipal de Machecoul.
DÉPARTEMENT de la Loire-Inférieure.
Extrait du Registre des délibérations du Conseil Municipal de la commune de Machecoul. SÉANCE DU 6 JUIN 1828.
Messieurs Tardiveau, Praud, Templier, Praud de la Nicollière, Bâtard, Huc, Pajot, Libeaux, Garnier, Rousseau, Pichot, Egonneaud, Longépé, Rabreau, Mingret, Jeanneau, Gravaul, membres du conseil municipal présents, M. le maire président... a informé le conseil que les religieuses du Calvaire qui avaient autrefois une maison en cette ville, ont manifesté l'intention de venir l'occuper de nouveau. Il a dû en écrire à M. le préfet du département ; il donne lecture de la réponse qui l'autorise a convoquer le conseil pour avoir son avis.

Le conseil, considérant qu'un pareil établissement sera très avantageux au pays, que le bien que ces dames font ne peut que rendre leur présence chère à tous les habitants, voit avec plaisir le projet des dames religieuses et désire qu'il se réalise au plutôt.

Il charge en conséquence M. le Maire de faire part à M. le Préfet de son assentiment unanime, et arrête à cet effet qu'une expédition de la présence lui sera adressée par ses soins. Le conseil prie M. le Préfet de vouloir bien employer tous ses bons offices afin que cette affaire réussisse, étant le vœu général de la population et d'agréer l'expression de sa reconnaissance. Signé au registre :
Templier, Praud, Tardiveau, Pajot, Bâtard, Huc, Rousseau, Garnier, Libeaux, Longépé, Egonneaud, Pichot, Mingret, Rabreaud, Gravaul, Jeanneau, et Guillebeau, maire.

Agrément de Mgr de Nantes.
Joseph-Michel - Jean-Baptiste - Paul-Augustin MICOLON DE GUÉRINES, par la miséricorde de Dieu et la grâce du Saint-Siège Apostolique, évêque de Nantes.
Vu le désir qui nous a été manifesté par les Religieuses du Calvaire de Landerneau, diocèse de Quimper, de former un établissement dans la ville de Machecoul, de notre diocèse, sur la délibération du conseil municipal de ladite ville, en date du 6 juin 1828, pour laquelle le conseil accepte avec reconnaissance la proposition desdites religieuses, qui avaient eu autrefois, une maison de leur Ordre à Machecoul et manifeste le vœu qu'elle se réalise au plutôt, considérant qu'il en peut résulter un très grand avantage pour ladite ville... Nous accédons en tant qu'il nous concerne et donnons notre agrément à ce que rétablissement projeté soit effectué ; et nous verrons avec une grande satisfaction lesdites religieuses s'établir dans notre diocèse. Sauf à elles de se munir au prés des autorités civiles et administratives des permissions et autorisations voulues.

Donné à Nantes, en notre palais épiscopal, sous le seing de l'un de nos vicaires généraux, le sceau de nos armes et le contreseing de notre secrétaire, le 17 juin 1828. + JOSEPH, Evêque de Nantes. (Place du sceau.) Par Monseigneur, C. VRIGNAUD, chanoine secrétaire.

Réponses des différents monastères de l'Ordre. Paris, le 15 avril 1828 [Note : Ce monastère a été transféré à la Capelle-Marival, Lot, en 1840].
MA TRÈS CHÈRE RÉVÉRENDE MÈRE,
Mon cœur est tellement attaché à toutes les religieuses de notre Congrégation, spécialement à celles que le Seigneur a chargées du fardeau des maisons particulières, que je ne puis vous exprimer le plaisir que je ressens quand quelques-unes m'honorent de leur souvenir, et que j'ai la satisfaction de leur répondre. Je m'empresse avec joie de vous assurer la réception de votre dernière que j'ai reçue le 14 de ce présent mois ; je lis avec peine que vous êtes souffrante ; je désire vivement que cette indisposition n'ait pas de suite, et je le demande au bon Dieu et à notre bonne et sainte mère. Que le contenu de votre lettre me fait plaisir ! qu'elle me charme ! Eh ! notre propagation est l'objet le plus ardent de mon cœur qui, après Dieu, n'a pas d'ambition plus grande. Je vous félicite, et nous pouvons et nous devons généralement vous en féliciter. Ah ! puisse le crédit que nous croyons fermement que notre heureuse fondatrice — à l'anniversaire de laquelle nous nous préparons — obtenir de notre bon Dieu la réussite de cette sainte entreprise, qui enlève notre cœur vers lui, pénétré de la plus vive allégresse, pour l'amplification de sa gloire et l'honneur de la T. S. Vierge. Votre lettre nous ravit toutes : soyez bien assurée, ma très révérende Mère, que nous prierons de tout notre cœur pour l'heureuse issue de cette affaire si importante, sous les auspices de notre chère fondatrice. Qui sait si ce n'est pas cette bienheureuse mère qui a obtenu de notre divin époux, dans le sein duquel elle est plongée, ce remument pour relever avec l'aide du Seigneur et son puissant crédit une des maisons de cet ordre qu'elle a comme engendré dans les douleurs extrêmes qui l'ont ravie à ses filles qui lui étaient si chères. Oh ! nous avons aussi le bonheur d'en être. Cette tendre mère a vu du haut du ciel nos combats ; rien, comme je l'espère, ne lui a été caché, et elle voit de plus les travaux qu'il faut, à son exemple, soutenir pour faire honneur à chacune de nos maisons rétablies sur de pauvres débris, et par des sujets âgés et infirmes, dépourvus de secours humains mais appuyés sur la seule adorable et bonne Providence. Quant à cette maison dont Dieu m'a chargée, tous les sujets riches sont sortis, n'ayant pas les qualités propres ; le Seigneur les a remplacés par d'autres plus pauvres, mais qui font de bons sujets. Nous sommes en tout vingt professes, trois converses, quatre sont anciennes et une novice.

J'avais à peine fait réparer à grands frais une partie haute du bâtiment écroulé dans la rue, sans avoir heureusement endommagé personne, qu'un autre bâtiment menaçait en dedans de grandes ruines ; de plus grandes dépenses ont eu lieu et ont bien dépassé nos moyens. Il est bien pénible d'avoir un cœur compatissant aux nécessités des siens, et le défaut de ne pouvoir y satisfaire. Combien, ma Très Révérende Mère, me serait-il doux d'être du nombre de ces personnes qui contribueront à cette bonne œuvre ! mais le Seigneur me prive de cette satisfaction : il ne m'en trouve pas digne, Dans mon excessive douleur, je m'en dédommage à ses pieds, en sollicitant sa prompte réussite. J'ose me flatter que si l'on entreprend de rétablir cette maison, d'autres villes pourront aussi solliciter la restauration de nos anciens monastères, s'il plait au Seigneur, c'est l'obier de mes vœux.

Daignez avoir la complaisance de me mander le succès de la maison de Machecoul, afin qu'étant privée de n'y pouvoir rien, à mon grand regret, j'en sois dédommagée par la nouvelle des bonnes réussites. Vous obligerez infiniment celle qui est dans l'union des Sacrés-Cœurs de Jésus et de Marie, etc. Sœur MARIE-ANNE DE SAINTE-DOROTHÉE, Prieure du Calvaire de Paris.

Angers le 16 avril 1828.
MA RÉVÉRENDE ET TRÈS CHÈRE MÈRE,
Je vous suis bien obligée des prières que vous avez bien voulu faire pour notre défunte ; je ne doute point de l'intérêt que votre charité veut bien prendre à ce qui nous intéresse, cela est réciproque de notre côté ; mais j'apprécie infiniment cette occasion de vous connaître, ma Révérende Mère ; votre zèle rajeunir mes vieux ans et pénètre mon cœur de la joie la plus sensible. Que ne m'est-il possible de vous exprimer ici tout ce qu'il me dicte pour vous de reconnaissance et d'admiration. J'ai appelé nos doyennes pour leur faire part de votre lettre ; elles partagent avec moi ces sentiments, Nous contribuerons le plus qu'il nous sera possible, ne fussent que de cent pistoles, car nous avons encore 20,000 francs à payer sur l'acquisition de notre maison. Soyez persuadée que je mettrai tout mon zèle à seconder le vôtre, trop heureuse de m'associer à de si glorieux travaux. Je prie et fais prier Dieu qui vous les a inspirés pour sa gloire de vous soutenir dans toutes les difficultés que vous aurez à éprouver, et soyez assurée de tous les sentiments du plus respectueux attachement avec lequel je suis, etc. Sœur SAINTE-PÉLAGIE, Prieure et Assistante.

Poitiers, les 20 juin 1828.
MA RÉVÉRENDE ET BIEN CHÈRE MÈRE,
Je suis bien fâchée de n'avoir pas pu répondre de suite à la lettre sans date que j'ai reçue avec bien du plaisir ; car, ma Révérende Mère, comme j'ai vu plusieurs fois l'honneur de vous le dire, rien ne peut nous étre plus agréable que vos chères nouvelles, et c'est toujours avec une nouvelle satisfaction que nous lisons vos lettres. Je ne puis pas répondre à celle-ci d'une manière aussi satisfaisante que nous l'aurions désiré, et que vous le désirez vous-même. Notre position n'est pas très avantageuse, ayant également fait beaucoup de réparations, autant pour rendre notre maison régulière que pour d'autres raisons qui ont nécessité de grandes dépenses, et un peu au-dessus de nos moyens. Nous venons aussi d'acheter un vaste jardin qui doit nous coûter 10,000 francs ; et en faisant l'acte, nous en avons seulement payé 2,000 au vendeur. Les huit mille restant, nous en paierons la rente jusqu'au parfait paiement. L'an dernier, nous achetâmes aussi une maison pour le prix de 14,000 francs ; nous avons à peine pu en payer quatre. Les 10,000 francs qui restent sont également constitués en rente ; et d'après ce petit exposé qui ne vous fait connaître qu'une partie de nos charges, vous voyez bien, ma bonne et Révérende Mère, que nous ne sommes pas dans le cas de faire des sacrifices pour ce nouvel établissement, pendant que le nôtre n'est pas encore liquidé ; à présent, nous ne ferons pas d'autres acquisitions que nos dettes ne soient totalement payées ; mais celles dont je viens de vous parler étaient indispensables, car si nous ne les avions faites, nous n'avions plus aucun espoir de nous pouvoir agrandir d'aucun côté. Je suis chargée par nos bonnes mères anciennes, en particulier, de vont exprimer tous les regrets qu'elles éprouvent de ne pouvoir contribuer au rétablissement de la maison de Machecoul. Malgré la bonne volonté que nous en aurions toutes, la chose est impossible ; ce serait tenter Dieu que de l'entreprendre. Nous avons besoin d'une église ; la Mère Saint-Michel a dû vous dire combien nous étions gênées dans celle que nous avons actuellement ; cependant nous n'avons pas le plus petit espoir de pouvoir l'agrandir. La volonté de Dieu en tout ; il faut savoir s'y soumettre, et nous en avons bien besoin. Je termine, ma Révérende Mère, en vous priant d'agréer, de notre part à toutes, l'hommage bien sincère de notre respectueux attachement ; j'y joins pour mon particulier les sentiments de la plus vive et tendre affection que j'ai vouée pour vous, ma Révérende Mère, et route votre chère communauté. Sœur SAINTE-EUPHRASIE, Prieure.

Angers, 23 juin 1828.
MA RÉVÉRENDE ET BIEN CHÈRE MÈRE,
J'ai reçu votre lettre hier, 22 courant ; dans le même jour j'ai fair avertir la mère Agathe., à qui j'en ai fait part et remis celle que vous lui adressiez. Elle compte avoir l'honneur de vous répondre. Sans doute elle vous dira ses raisons, mais elle m'a dit net, qu'elle ne ferait rien pour Machecoul, ni d'une façon, ni d'une autre. Elle m'a paru avoir d'autres projets depuis quelque temps ; cette affaire ne dépend en rien de moi. J'eusse bien désiré pouvoir vous être utile près d'elle. Pour ce qui nous concerne, ma chère Révérende Mère, il nous serait impossible de vous faire passer d'ici à quelque temps les cent pistoles. Nous avons un remboursement considérable à faire, qui va extrêmement nous gêner, et qui m'oblige de vous prier de ne nous les demander qu'au moment de votre paiement. Que ne nous est-il possible de vous témoigner notre zèle et notre attachement d'une manière plus efficace ! Que notre bonne volonté supplée près de votre Révérence à ce que nous ne pouvons faire ; et soyez persuadée que personne ne partage plus sincèrement que moi la position où vous vous trouvez. Je vous prie de le croire ainsi, ainsi qu'au respectueux attachement avec lequel je suis dans l'union de vos prières et celles de votre communauté et de la nôtre qui a l'honneur de vous offrir son respect. SŒUR SAINTE-PÉLAGIE, Prieure.

Angers, 23 juin 1828.
MA RÉVÉRENDE MÈRE,
Je suis on ne peut plus mortifiée de la circonstance qui se présente ; vous désirez que je vous porte du secours pour le Calvaire de Machecoul. Je le ferais de tout mon cœur si je n'avais pas pris des engagements qui mettent dans l'impossibilité de pouvoir vous prêter du secours. Je suis, etc. SŒUR SAINTE-AGATHE, religieuse Calvairienne [Note : Il y avait aussi une lettre du Calvaire de Vendôme. Ces bonnes mères y marquaient qu’elles ne pouvaient contribuer en aucune manière à la fondation du Calvaire de Machecoul].

Lettre du vicaire général de Quimper. Quimper, le 19 juillet 1828.
MADAME ET TRÈS RESPECTARLE PRIEURE,
Dés lors que vous avez écrit directement à Monseigneur pour lui demander sa permission, je croirais manquer à toutes les convenances si je prévenais sa réponse. Vous ne tarderez pas à la recevoir, si elle ne vous est pas parvenue avant ce moment, puisqu'en lui envoyant votre lettre nous l'avons prié de vous répondre. Je charge M. Michel de lui écrire encore par ce courier, pour le presser de vous répondre sur le champ, s'il ne l'a pas fait.

C'est avec douleur, Madame et respectable Mère, que je vois qu'on vous enlève à une communauté à laquelle vous êtes si précieuse, ainsi qu'un si grand nombre de bonnes religieuses qui seront bien regrettées ; mais c'est par la confiance bien méritée qu'a en vous Madame votre générale, qu'elle vous appelle pour gouverner et rétablir le Calvaire de Machecoul. Je prie le Seigneur de bénir votre sainte entreprise et me recommande à vos bonnes prières.

C'est le 25 de ce mois que Monseigneur terminera sa visite à Chateaulin et reviendra coucher à Quimper.

Agréez, je vous prie, l'assurance des sentiments respectueux avec lesquels j'ai l'honneur d'être, etc. LE DAL DE TROMELIN, vicaire général.

Permission du Roi (Publiée dans les Oraison funébres du P. Joseph, p, 7 et 8).
MINISTÈRE ECCLÉSIASTIQUE. Enregistré le 7 juillet 1828 N° 2,245.
CHARLES, PAR LA GRÂCE DE DIEU, ROI DE FRANCE ET DE NAVARRE, A TOUS CEUX QUE CES PRÉSENTES VERRONT, SALUT.
Vu la loi du 24 mai 1825,
Vu l'ordonnance royale du 3 janvier 1827, qui prescrit l'enregistrement au Conseil d'Etat des statuts de la Congrégation des Religieuses Bénédictines de Notre-Dame du Calvaire, établie à Orléans, département. du Loiret, vu l'ordonnance royale du 17 du même mois, qui autorise définitivement dans cette ville la Maison chef-lieu de cette Congrégation, vu la demande de la Supérieure générale, tendent à obtenir l'autorisation de former à Machecoul, département de la Loire-Inférieure, un établissement dépendant de la Congrégation,

Vu l'avis favorable du Conseil municipal de cette commune, du 6 juin 1828,

Vu le consentement de l'Evêque de Nantes, du 11 mai précédent, sur le rapport de notre ministre, secrétaire d'Etat au département des affaires ecclésiastiques, nous ordonnons ce qui suit :

ARTICLE PREMIER.
La Supérieure générale des Religieuses Bénédictines de Notre-Dame du Calvaire, à Orléans, département du Loiret, est autorisée à former à Machecoul, département de la Loire-Inférieure, un établissement dépendant de sa Congrégation. Enregistré au Conseil, conformément à l'ordonnance royale du 3 janvier 1827, de Madame la Supérieure des Religieuses Bénédictines de Notre-Dame du Calvaire.

ARTICLE DEUXIÈME.
Notre ministre, secrétaire d'Etat au département des affaires ecclésiastiques, est chargé de l'exécution de la présente ordonnance qui sera insérée au Bulletin des Lois. Donné en notre château de Saint-Cloud, le sixième jour du mois de juillet, l’an de gràce mil-huit-cent-vingt-huit, et de notre règne le quatrième. Signé ; CHARLES.

Par le roi, le ministre secrétaire d'Etat au département des affaires ecclésiastiques. Signé : + C. F. X., Evêque de Beauvais.

Pour ampliation, le Conseiller d'Etat, le Directeur des affaires ecclésiastiques.
LABBE DE LA CHAPELLE.

Approbation de l'Evêque de Nantes.
Joseph- M .- J.- B.- P.- A. Micolon de Guérines, par la miséricorde de Dieu et La grâce du Saint-Siège apostolique, évêque de Nantes,

Vu la permission accordée par Madame la Supérieure générale aux Religieuses de la Communauté de Landerneau, de se réunir à Machecoul pour y établir une maison du leur Ordre,
Vu l'autorisation de Monseigneur l'Evêque de Quimper pour la même fin,
Vu l'ordonnance royale qui approuve l'acquisition faite par lesdites Religieuses ainsi que leur réunion,
Considérant que le rétablissement de le maison des Calvairiennes de Machecoul est dans le vœu général des habitants qui ont conservé le souvenir des services que rendait cette Communauté, considérant que nous devons partager leur reconnaissance envers Madame la Supérieure générale et la Communauté de Landerneau qui ont favorisé leur retour dans cette ville,
Nous avons approuvé et approuvons par les présentes le rétablissement de l'ancienne Communauté des Calvairiennes dans la maison qu'elles y possédaient et dont elles viennent de faire de nouveau l'acquisition. Nous les dispensons provisoirement de l'observation des points de la Règle qui seraient impraticables dans l'état actuel du bâtiment. Nous déclarons être dans l'intention de déterminer par des conventions particulières avec Madame la Supérieure générale les rapports que nous entendons nous réserver sur les Religieuses établies dans notre diocèse et placées sous notre autorité. Aussitôt qu'il nous sera possible, nous visiterons cet établissement, pour y régler ce qui concerne leur situation présente, et leur donner des preuves de notre constante sollicitude.

Donné à Nantes, en notre Palais épiscopal, sous notre seing, le sceau de nos armes et le contre-seing de notre secrétaire, le treize septembre de l'an de grâce mil-huit-cent-vingt-huit. + JOSEPH, Evêque de Nantes. Par Monseigneur, ANGEBAULT, chanoine.
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La prieure de Landerneau écrivit ensuite à la prieure générale de l'Ordre, la Mère Auguste-Suzanne de Saint-Placide, la priant de désigner les religieuses qui devaient former le couvent de Machecoul. La réponse arriva à Landerneau le 10 juillet et fut lue en chapitre. Elle nommait prieure la Mère Rosalie-Etiennette du Cœur de Jésus, et lui donnait pour compagnes la Mère Joséphine de Sainte-Scholastique, la Mère Eulalie de Sainte Flavie et la Sœur Françoise de la Nativité, avec la permission d'en amener d'autres de bonne volonté.

Celles qui se dévouèrent à seconder cette restauration furent la Mère Augustine-Marguerite de Sainte-Agathe, sous-prieure, la Mère Jeanne-Marguerite de Sainte-Magdeleine, la Mère Thérèse de Sainte-Geneviève et la Sœur Jeanne de Saint-Paul.

Le 20 juillet, quatre religieuses et deux autres personnes quittèrent Landerneau à bord d'un chasse-marée pour se rendre à Nantes ; le 29 du même mois le chasse-marée mouillait à Nantes, non sans avoir essuyé de grandes tempêtes ; le lendemain 30 juillet nos Calvairiennes arrivèrent à Machecoul.

Le reste de la colonie partit de Landerneau le 22 juillet ; elle prit la voie de terre et entra en possession de l'ancien Calvaire le 29 juillet 1828.

Pendant quelques années les Calvairiennes s'adonnèrent à l'instruction des jeunes filles ; aujourd'hui elles sont revenues à la lettre de leurs Constitutions et se livrent à la vie purement contemplative.

(R. P. Emmanuel de Lanmodez).

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