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PIERRE LANDAIS

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Pierre Landais était fils d'un tailleur de Vitré. Tailleur lui-même, sa bonne fortune l'avait placé au service du tailleur du duc. Ayant eu quelquefois par là, l'occasion de se rencontrer avec François II, sa vivacité et son esprit avaient plu à ce prince qui l'avait retenu près de lui. Il l'avait donc fait valet, puis, maître de sa garde-robe, et enfin trésorier, charge qui, comme en Angleterre, était la première du duché. Bientôt toutes les affaires avaient passé dans les mains du favori ; le valet était devenu souverain.

Cependant la morgue de l'ancien tailleur n'avait pas tardé à soulever contre lui la noblesse ; le chancelier Guillaume Chauvin, surtout, ne pouvait plier sa dignité devant cette arrogance roturière. Landais l'accusa de complot, et, après avoir confisqué tous ses biens, le fit jeter successivement dans les prisons de Nantes, d'Auray et de Vannes, où il périt de misère et de chagrin (1482).

La mort du chancelier mit le comble à l'indignation des nobles bretons ; ils résolurent de s'emparer de Landais et de se défaire de sa personne. Landais se tenait habituellement au château de Nantes ; mais, quelquefois aussi, il se retirait à sa maison de la Papotière, sur l'Erdre. Les conjurés se divisèrent en deux bandes. Les uns, les plus nombreux, se rendirent vers le soir (7 avril 1484) au château, dont ils s'étaient procuré les clés, et, après en avoir fermé les portes extérieures, se répandirent dans tous les appartements pour chercher le favori. Ils arrivèrent ainsi jusque dans la chambre du duc, à qui ils exposèrent énergiquement leurs griefs ; mais leurs recherches furent vaines. Pendant ce temps-là, le peuple, qui croyait au dehors qu'on en voulait à la vie du prince, s'était rassemblé en armes autour du château et menaçait d'en forcer les portes. Quelques coups de mousquets furent même échangés et deux gentilshommes furent tués. Les conjurés, effrayés, obligèrent le duc à monter sur les remparts et à déclarer qu'on n'avait rien tramé contre sa personne. L'autre bande s'était rendue à la Papotière ; mais ayant frappé trop rudement à la porte extérieure, le domestique chargé d'ouvrir voulut voir auparavant ce que c'était. Ayant donc regardé à travers la serrure et ayant aperçu une troupe de gens armés, il courut en avertir son maître. Landais, alors à souper, se leva de table et s'évada par une porte de derrière. Après avoir marché seul et à pied, pendant toute la nuit, par des chemins détournés, il arriva enfin au château de Pouancé. De là il écrivit au duc, qui l'envoya chercher sous escorte. Landais revint à Nantes et reprit son autorité.

Tous les conjurés furent déclarés rebelles et criminels d'Etat ; leurs biens furent confisqués. Mais, dans la prévision des vengeances de Landais, ils s'étaient retirés à Ancenis. C'est alors que le favori, qui ne se sentait pas de force contre la noblesse bretonne insurgée, avait fait offrir au duc d'Orléans un asile en Bretagne. Louis d'Orléans vint en effet ; mais il fut obligé de retourner à Paris pour le sacre du roi Charles VIII.

Landais résolut donc d'attaquer seul ses ennemis. L'armée ducale s'avança vers Ancenis ; mais, une fois en présence des conjurés, au lieu de les combattre, elle se joignit à eux, tant la haine contre Landais était grande et générale. Les deux armées réunies marchèrent alors sur Nantes. A leur approche, les Nantais se soulevèrent avec fureur et se portèrent sur le château.

Effrayé du tumulte, le duc envoya son beau-frère haranguer la multitude. Celui-ci ne put parvenir à se faire entendre.

J'aimerais mieux, dit-il, commander à un million de sangliers en colère qu'à vos Bretons.

Landais commença à trembler, et se cacha dans la chambre de retrait du duc, au fond d'un bahut dont François II lui-même prit la clé. Enfin le chancelier François Chrétien, suivi du peuple, se présenta au duc avec un décret de prise de corps qu'il avait dressé lui-même. François II, saisi de terreur, fut obligé de lui remettre son favori.

— Souvenez-vous, lui dit le duc, que vous lui êtes redevable de votre charge et protégez-le à votre tour.

Le chancelier ne répondit rien, et emmena Landais, au milieu des insultes de la populace, à la tour de la porte Saint-Nicolas. Une commission extraordinaire avait été composée d'avarice pour instruire son procès. Landais fut donc condamné à mort et pendu au gibet de la prée de Biesse, suivant les uns ; sur la place du Bouffay, suivant les autres, le 19 juillet 1485. Son corps fut immédiatement descendu de la potence et porté en l'église collégiale de Nantes.

Cependant ce meurtre s'était passé à l'insu de François II. Quand le duc apprit l'exécution de son favori, il tomba dans une affliction profonde ; mais, le 13 août suivant, ce faible prince justifiait par un édit tous les actes des meurtriers (H. Etiennez).

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La politique de Pierre Landais.

Le règne de François II fut consacré à défendre l'indépendance de la Bretagne et à barrer la route aux tentatives sans cesse renaissantes du pouvoir royal. Landais fut pendant 25 ans l'âme et presque le seul inspirateur de cette politique. Sans lui la nationalité bretonne eut succombé un demi-siècle plus tôt.

Landais fut un administrateur remarquable ; mais c'est trop dire que de faire de lui « un Richelieu Breton égaré à la cour de François II ». Il est plus juste de voir en lui « un ministre hardi et sans scrupule qui, dans le désarroi où les progrès de Louis XI avaient jeté tous les conseillers du duc de Bretagne, se saisit du gouvernement et essaya résolument de sauver une dynastie chancelante ».

Pour fortifier sa ligne défensive, Landais chercha des appuis parmi les adversaires du roi. Il maintint l'accord de François II avec Charles le Téméraire, et s'allia avec le Danemark et l'Angleterre.

On n'a pas assez remarqué que Landais a suivi en Bretagne la politique de Louis XI. Il y a du reste entre ces deux hommes de multiples et étonnantes ressemblances. Adversaires acharnés, tous deux ont servi des politiques opposées par des moyens semblables. Tous deux étaient habiles et dénués de scrupules. Pour tous deux la vie d'un homme ne pesait pas plus que la conscience d'un ennemi. On pouvait supprimer l'une et acheter l'autre. Ce qui a valu à Landais la haine de ses contemporains, ce ne sont pas ses torts, ni même ses crimes — ils ne choquaient point les hommes du XVème siècle — c'est l'influence dominante qu'il a exercée sur le duc de Bretagne. On peut dire que pendant 20 ans Landais a gouverné sous son nom et pendant 5 ans (à partir de 1480) il a gouverné à sa place.

Voilà ce que ne lui pardonnait pas l'aristocratie féodale. Arrogant et hautain, Landais ne ménageait pas les plus grands seigneurs. Il semble qu'il a eu — comme Louis XI — la pensée d'abattre les grands feudataires qui supportaient avec peine l'autorité ducale, et de prendre son point d'appui sur l'élément bourgeois ou populaire.

Il avait d'ailleurs une police fort bien organisée — toujours comme Louis XI — qui surveillait les manoeuvres des agents secrets du roi. Comme toutes les polices, elle découvrait facilement des complots imaginaires contre la personne de François II ou de son gouvernement. « Les individus suspects étaient arrêtés, jugés sommairement et, quand ils ne parvenaient pas à prouver leur innocence, noyés dans les douves de quelque forteresse. Ces exécutions mystérieuses répandaient la terreur et augmentaient l'impopularité du grand trésorier » [Note : Il faut rappeler ici l'aventure presque tragique de ce malheureux bonnetier de Paris, nommé Le Tonnelier, qui chaque année apportait à Nantes pour François II des bonnets de fin drap, noirs pour le jour, rouges pour la nuit, qu'il parfumait suivant le désir du prince, de poudre de violette. En 1481, lors de son voyage habituel, on crut s'apercevoir que cette poudre dégageait une odeur particulière ; on conçut les soupçons et, comme on se méfiait de Louis XI, on flaira un piège, quelque tentative d'empoissonnement peut-être. Le pauvre bonnetier fut arrêté et gardé 6 mois en prison. Finalement on lui rasa la tête, on l'obligea à essayer tous les bonnets, il dut même garder les plus suspects pendant 28 heures de suite. On lui fit respirer, absorber sa poudre de violette par tous les pores. Comme il n'en éprouva aucun mal, on se décida à le relâcher. Aussitôt qu'il eut passé la frontière, il porta plainte devant la justice royale et intenta un procès au duc de Bretagne, déclarant de plus que jamais il ne retournerait ni n'enverrait de marchandise en Bretagne tant que ce pays ne serait passé en la main du roi].

En résumé, ce qui a valu à Landais l'aversion de ses contemporains et la haine des grands féodaux bretons, c'est l'autorité absolue dont il a joui si longtemps. Elle leur paraissait d'autant plus intolérable que beaucoup d'entre eux penchaient secrètement vers l'alliance française, mais ils ne pouvaient, ni n'osaient le dire, alors les ennemis de Landais ont imaginé d'autres griefs (humble extraction, procédés douteux pour capter la confiance du prince, malversation, gaspillages, népotisme, grande fortune [Note : Pierre Landais possédait la seigneurie de Briord, en Port-Saint-Père, celle de Loroux-Bottereau, et le manoir de la Papotière en Doulon et d'autres dans la baronnie de Vitré. Son arrière petite fille fut la mère du célèbre chef calviniste La Noue Bras de fer (1531-1591)], sorcellerie même), mais la plupart de ces accusations n'ont aucun fondement sérieux ou ont été très exagérées. (A. La Borderie).

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