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LES TOURS D'ELVEN.

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Le château de Largoët, en Elven, est situé au milieu d’un parc de cent quatre-vingts hectares, clos de murs ; il est entouré d’un étang d’eaux vives et intarissables. Le château de Largoët se compose d’un donjon octogonal de quarante mètres de hauteur, il est surmonté d’une construction irrégulière à laquelle on accède par un escalier extérieur. De cette tour principale partent les murs d’enceinte, qui protégeaient au Nord et au Midi des bâtiments d’habitation, et rencontrent encore au Nord-Ouest une tour, ronde à l’extérieur, aplatie à l’intérieur et munie, comme la grande, d’une construction au dessus de la ligne des machicoulis. Ces machicoulis viennent se joindre à la porte d’entrée, munie d’une barbacane qui est crénelée et défendue par une herse et un pont-levis.

Elven (Bretagne) : le château de Largoët.

Epoque de la construction du château. Une partie des archives de la seigneurie de Largoët sont en dépôt à Vannes et, d’après elles, il est facile d’indiquer l’époque de la construction du château. La tour principale d'Elven, le donjon à sept étages, est antérieur à l’invasion française de 1487. En effet, dans les comptes du receveur de la châtellenie, en 1481, nous trouvons la note suivante : « Pour le jeur et marché fait ovesque François Horslard et Pierre Le Moës de faire tous les gons et barres de vollans en la chambre de Madame au premier estaige de la grosse tour dudit chasteau, y mettre trois soliveaulx et une fenestre ; et au segond estaige, en la salle de Monseigneur, deux fenestres croésés, et au tiers estaige de ladite tour, en la garde robe de Madamoiselle, deux fenestres — et au quart estaige, en la garde robe de Monseigneur d'Asserac, abollir la fenestre croésée et demye croésée, en sa chambre faire une fenestre demye croésée — et au cinquième estaige, en la chambre de Pierre de Rieux, mettre sept soliveaulx, et en la chapelle dudit chasteau mettre deux fenestres ; et en l’estaige de sur le plan seix soliveaulx et une grande fenestre à la garde robe, et en la prouchaine chambre, chambre qui a un soliveaulx et une fenestre ; et au haut estaige d’icelui chasteau deux soliveaulx ; ....... et sur le grand vir (escalier) dudit chasteau quinze petites fenestres, et sur le petit vir faire fenestres par autant qu’il en sera mestier........ Et tout à faire pour la somme de trente livres monnoie, oultre leur baillir le boays et fournir les cordes pour lever lesdits boays et soliveaux ». La simple énumération des étages prouve bien qu’il s'agissait de la grosse tour et non de la petite. Il s’ensuit qu’elle existait déjà en 1481. Bien plus, les réparations faites à cette époque prouvent qu’elle est d’une date antérieure, c’est ce qu’indique encore cet autre article de compte : « A Olivier Michiels, pour avoir pavé et cymentés sur la grosse tour du chasteau d'Elven, ou lieu de la coupverture de plomb qui y seule estre et auxi pour avoir fait de neuff la voulte d’une grande fenestre estante en ladite grosse tour, au jusain estage d’icelle, XXXII livres, XVII sols, VI deniers ». Le compte précité forme un autre renseigne­ment : c’est la mention de la famille seigneuriale et la façon dont elle était casée dans le donjon : Au premier étage était la chambre de madame ; cette dame était Françoise Raguenel ou de Malestroit, née en 1447, mariée en 1462 à Jean IV de Rieux, et devenue en 1470, par la mort de son père, baronne de Malestroit et dame de Largoët. Elle mourut en 1481. Au second étage était la chambre de monseigneur, c’est-à-dire de Jean IV, seigneur de Rieux et de Rochefort, baron d'Ancenis, vicomte de Donges, comte d'Aumale, et, de plus, par sa femme, baron de Malestroit et seigneur de Largoët. Au troi­sième étage était mademoiselle, c’est-à-dire Françoise de Rieux, fille unique des précédents, laquelle recueillit les seigneuries de Malestroit, de Derval, de Châteaugiron, épousa en 1484 François de Laval, baron de Châteaubriant, et mourut en 1532. Monseigneur d'Asserac était François de Rieux, fils puîné du maréchal, mort sans alliance. Pierre de Rieux, logé au cinquième étage, était leur plus jeune frère. En reprenant les comptes de Largoët qui, malheureusement, présentent des lacunes, on trouve que la grosse tour de 1481 existait déjà en 1475 : « A Jehan Chevalier et Jehan le Cazdre pour ung jour fait ovesques eulx, le 24e jour de septembre 1475, de faire les réparations de couverture au chasteau d'Elven, savoir, de la grosse tour, les galeries, la cuisine, le portal, les mésons à l’environ, les estables, les granges, la chapelle. et es endroitz ou besoign en estoit, XXXIII livres, X sols ». Ainsi, en 1475, la couverture de la grosse tour avait déjà plusieurs années d’existence, puisque l’on y faisait des réparations considérables. Depuis combien de temps existait-elle ? Nous l’ignorons, parce que les comptes antérieurs nous font défaut : en prenant une durée moyenne de dix ans, nous remontons à l’année 1445. Or, à cette époque, vivait Jean Raguenel, baron de Malestroit, vicomte de la Bellière, seigneur de Largoët, maréchal de Bretagne et beau-père du sire de Rieux-Rochefort. C’était un grand constructeur ; c’est lui qui fit bâtir les murs de la ville de Malestroit en 1463 ; il pourrait bien avoir aussi construit la grosse tour d'Elven. Ce qui semble confirmer cette conjecture c’est le caractère architectural de l’édifice, qui accuse la seconde moitié du XVème siècle. La largeur des fenêtres, la régularité et la beauté de l’apparat, l’absence des voûtes pour soutenir les étages, enfin l’emploi simultané, tels sont les arguments allégués par M. Merimée et autres à l’appui de cette opinion ; d’ailleurs la forme des portes de communication, dans l’intérieur du donjon, caractérisée par deux modillons supportant le linteau se retrouve exactement semblable dans les galeries de la nef de la cathédrale de Vannes. Or, cette nef a été construite de 1454 à 1476. On peut donc, sans témérité, conclure que le donjon d'Elven est de la même époque. Et comme Jean Raguenel est mort le 24 décembre 1470, on a un point fixe au-dessous duquel on ne saurait descendre. Ainsi, en résumé, la construction de la grosse tour doit se placer entre 1460 et 1470. C’est donc dans cette tour que fut enfermé en 1474, le comte de Richemont, qui devint ensuite roi d'Angleterre sous le nom de Henri VII. C’est dans cette tour que nous avons vu faire diverses réparations en 1475, pendant le séjour du susdit prisonnier. C’est là encore que nous avons vu séjourner, en 1481, la famille de Jean IV de Rieux. C’est dans cette tour enfin, et dans le reste du château, que les Français, ayant envahi la Bretagne en 1487, commirent d’importants dégâts. En quoi consistaient ces dégâts ? La duchesse Anne nous l’apprend dans une lettre du 8 août 1490 : « Pour récompenser le sire de Rieux, en quelques manière. des pertes qu’il a souffertes de la part des François qui ont brûlé ou rasé ses places et châteaux d'Ancenis, Rieux, Rochefort, Elven et aultres maisons ; à icelui, pour ces causes, avons accordé la somme de cent mille écus d’or, que nous voulons et ordonnons estre prise sur nos revenus de Nantes, etc. » (Preuves, III, 474). Les mots brûlé et rasé, appliqués sans distinction aux divers châteaux du duc de Rieux, doivent être interprétés par l’histoire. Ainsi, nous savons que le château d'Ancenis fut démoli et rasé (D. Morice, II, 180), mais le château d'Elven fut simplement brûlé, le plancher et la toiture furent détruits, mais les murs restèrent intacts. En effet, les comptes de la seigneurie pour 1494 et 1495 mentionnent : « Le jeur et marché fait ovesques Pierres Dréan, Pierres le Chantour, Jehan N... et checun de faire et fournir le nombre de cent soliveaulx, et iceulx guynder et asseoir en la tour dudit lieu d'Elven, et acoursir des vieux soliveaulx y estans et les asseoir en ladite tour, selon l'absolvement du jeur, daté du 17e jour de Janvier 1495, payé 33 livres 15 sols ». Une note insérée dans ce compte mentionne une somme de 24 livres, 10 sols, restée sans paiement dans l’exercice précédent (1494 et 1495), ce qui prouve que les travaux exécutés en 1494-1495 n’étaient pas les premiers et que la restauration du château a dû commencer en 1491, c’est-à-dire aussitôt après la réception de l’indemnité allouée par la duchesse Anne. Les travaux partiels de charpenterie et de menuiserie n’étaient pas les seuls, il y avait aussi ceux de ferronnerie. « Le 25me jour de mai l’an 1494, fut fait jeur et marché ovesque Pierre Richard, claveurier, pour faire et fournir au chasteau d'Elven le nombre de cleffs, claveures et ferrures ci-amprès déclérées, savoir : A la grant porte du chasteau, une grosse claveure à bosse avec un grant crampon pour fermer ladite claveure, ung couroil à mettre sur la barre de ladite porte avecque une claveure à bosse par dedans, et une chaisne de fer de deux piez de long pour prendre le pont leveix et le fermer. Item, pour la petite porte, le corps d’une claveure à bosse. Item, pour une petite poterne joignant la grande porte, deux barres et une grande claveure à bosse à gauche ». Suivent des détails absolument semblables, et par conséquent inutiles à reproduire, pour les serrures des portes, dans les chambres et cabinets du 1er étage, du second, du troisième, du quatrième, du cinquième et du sixième. Payé pour le tout 58 livres. Outre la prison, située au bas de la tour, sorte de cachot dépourvu de lumière, il y avait d’autres prisons au sommet de l’édifice. C’est là du moins que le Mémoire précité semble les placer, car, après avoir parlé du sixième étage. il ajoute : « Item, sur les deux huys des deux prinsons, deux grosses claveures à bosse, avecque quatre grosses barres doubles de deux piez troys doiz de long. — Item, une barre sur la fenestre de la prinson nommée Katherine de deux piez trois doiz de long ». Du reste, la justice seigneuriale ne chômait pas, malgré les travaux qui se faisaient au château : « Payé, pour l’exécution d’un nommé Alain Le Bar, sententié et exécuté par mort au gibet d'Elven, suivant la relation d'Alain Baud, séneschal, du 2 Juign 1494, 11 l., 11 s., 10 d. Item, pour l’exécution d’un nommé Guillaume Regnaud, comdamné par la cour de Largoët, trayné et pendu en une potence près le manoir du Pargo, le 5e jour de février 1495 ». Le maréchal de Rieux aimait le séjour de Largoët, et il y amenait souvent sa famille ; il y perdit même, en 1495, sa seconde femme, Claude de Maillé, suffoquée par un feu accidentel. Quand il mourut, le 7 février 1518, le château d'Elven fut recueilli par son fils, Claude Ier, et en 1532 par son petit-fils, Claude II. L’aveu rendu l’année suivante cite : « Le chasteau et forteresse d'Elven, o ses tours et cernes, machicouleix, pont levis, basses courts, jardrins, estang et retenue d’eau, avec le parc d’environ, cerne de murailles, au debvoir du guet, pennaiges de bestes, forts et appartenances ». Pendant le XVIème siècle, un gentilhomme, appelé tantôt capitaine, tantôt gouverneur, y tenait la place du seigneur. En 1594, les registres de baptêmes d'Elven nous font voir que la tour servit de refuge à plusieurs familles nobles du voisinage, qui craignaient les ravages causés par les ligueurs, tantôt par leurs adversaires. Les seigneurs de Largoët ; « On croit avec raison, dit M. de la Borderie, que Largoët est une éclipse du comte de Vannes et forma le partage d’un des fils d'Alain-Le-Grand, comte de Vannes, roi de Bretagne, mort en 907. En effet, une charte du commencement du Xème siècle nous montre un certain Derrien, fils d'Alain, possédant alors la paroisse d'Elven, qui a été de tout lieu de croire que cet Alain père de Derrien, n’était autre qu'Alain-le-Grand ». (Cartulaire de Redon ; Preuves, de D. Morice). En 1021, nous trouvons un autre Derrien, seigneur d'Elven, c’est-à-dire de Largoët, qui avait un fils, nommé Even. Cet Even fut père d’un autre Derrien, qui eut lui-même cinq fils, à savoir : Even, Renaud, Geoffroy, Josselin et Rivallon. Le second Even, l’aîné des cinq frères, fut seigneur d'Elven ou Largoët. Au temps de Morvan, évêque de Vannes, c’est-à-dire de 1088 à 1128, il fonda le prieuré de Trédion, près d'Elven, pour les moines de Marmoutiers. En 1127, il assista à la réconciliation solennelle de l’abbaye de Redon qui avait été polluée par quelques seigneurs rebelles au duc (Ibid.). En sortant de cette famille, Largoët passa, on ne sait comment dans la maison de Malestroit. En 1294, le sire de Malestroit confessa devoir au duc cinq chevaliers d’ost, quatre pour sa terre de Largoët et un pour celle de Malestroit (Lobineau, p. 438). En 1408, le sire de Malestroit et Largoët assista aux conférences tenues à Vannes pour aviser aux moyens de s’entendre avec le duc de Bourgogne (Lobineau, p. 829). Le 14 octobre 1409, Jean V, duc de Bretagne, était au château d'Elven. Il donna procuration à son chambellan, Armel de Châteaugiron, pour aller, en son nom, rendre hommage au roi d'Angleterre pour le comté de Richemont. Le sire de Malestroit et Henri-le-Barbu, évêque de Nantes et chancelier de Bretagne, furent témoins (D. Morice, II, p. 827). A cette époque la famille de Malestroit était nombreuse, mais la branche aînée, celle du sire de Malestroit, dont nous nous occupons exclusivement. n’avait plus qu’une fille, nommée Jeanne. Elle épousa Jean Raguenel, vicomte de Bellan et Dinan, qui prit les nom et armes de sa femme, c’est-à-dire des Malestroit. Tous les renseignements suivants sont pris uniquement dans les archives de Largoët. Jean Raguenel Ier est mort jeune, mais Jeanne de Malestroit, son épouse, vécut jusqu’au 21 août 1468. Ils eurent un fils, qui porta le nom et les armes de Malestroit, et qui s’appelait Jean, comme son père. Or, le 14 septembre 1470, haut et puissant seigneur Jean, sire de Malestroit, vicomte de Bellan et Dinan, maréchal de Bretagne depuis 1448, rendit aveu au duc, son souverain, pour la seigneurie de Largoët, dont il devenait héritier par le décès de sa mère. L’aveu constate que Jeanne de Malestroit tenait cette terre de ses ancêtres. Jean II Raguenel de Malestroit mourut en 1470, deux ans après sa mère. Il avait eu en mariage sa parente, Gillette de Malestroit, dont il avait eu deux filles. L’une d’elles, Françoise, née en 1447, épousa Jean IV, sire de Rieux, et lui porta la baronnie de Malestroit, ainsi que le comté de Largoët. Le 1er mai 1471, Jean IV, sire de Rieux, seigneur de Rochefort, Ancenis, Aumale, Donges, Malestroit, et maréchal de Bretagne, rendit, conjointement avec sa femme, aveu au duc pour Largoët, au titre de foi, hommage et rachat. C’est trois ans plus tard, en 1474, que le comte de Richemont, qui, en 1485, devint roi d'Angleterre, fut obligé de fuir son pays après la bataille de Tewhsbury en 1471. Le navire qu’il montait fut jeté sur les côtes de Bretagne, où il fut d’abord bien accueilli par le duc François II. Mais celui-ci, réfléchissant que son hôte pourrait lui être une garantie contre l’ambition d'Edouard IV, le fit enfermer dans le château de Largoët et garder à vue de 1474 à 1476. Jean IV de Rieux mourut le 9 février 1518 ; il laissait de sa première femme, Françoise de Malestroit, un fils nommé Claude, qui hérita de Largoët. En 1512, Claude Ier de Rieux épousa Catherine de Laval, fille de Guy XVI, il en eut deux filles, Renée et Claude. Après la mort de Catherine de Laval, Claude de Rieux se remaria à Suzanne de Bourbon, fille de Louis de Bourbon, prince de la Roche-sur-Yon, et de Louise de Bourbon-Montpensier ; il en eut un fils, nommé Claude comme lui, en 1530, et qui mourut en 1532. Claude II de Rieux eut Largoët, et, en 1542, Suzanne de Bourbon. sa mère et tutrice, rendit aveu au roi de France pour ladite seigneurie. Claude mourut en 1558, à l’âge de dix-huit ans ; en lui s’éteignit la branche aînée et masculine de la maison de Rieux. Par suite de cette mort, les seigneurs, les seigneuries de Rieux, Rochefort, Largoët, etc., revinrent à Renée de Rieux, fille de Claude Ier et de Catherine de Laval. L’année précédente, elle avait déjà hérité des grands biens de la famille de Laval, à la mort de Guy XVII de Laval. En 1546, elle avait épousé Louis de Saint-Maure, marquis de Nesle, à qui elle laissa prendre le nom de Guy XVIII de Laval. Elle mourut en 1567. Paul de Coligny, fils de François de Coligny d'Andelot, né en 1555, devait hériter de Renée de Rieux, sa tante. En 1572, il avait pour tuteur Pierre de Coligny, sieur de Châtillon, amiral de France. En 1574, René de Rieux, sieur de la Feuillée et de l'Ile-Dieu, possédait Largoët, il prit le nom de Guy XIX de Laval. Marié à Anne d'Aligre, il en eut un fils, Guy XX. Guy XIX mourut en 1586, et, deux ans avant son décès, le 11 février 1584, il avait cédé le comté de Largoët à Mme d'Estannulle, mère de ses mi-frères et mi-soeur : Benjamin, François et Anne de Coligny. Le colonel d'Andelot, après la mort de sa première femme, s’était, en effet, remarié à Louise d'Estannulle, comtesse de Salm, et en avait eu ces trois enfants. Anne de Coligny survécut à ses deux frères, elle avait épousé Jacques de Chabot, marquis de Mirabeau, conseiller du roi, chevalier de ses ordres, lieutenant général en Bourgogne, etc. Le 11 juillet 1616. Anne de Coligny et Jacques de Chabot vendirent le comté de Largoët 66.000 livres à Jean de Rieux, chef de nom et d’armes, marquis d'Assérac, seigneur de l'Ile-Dieu, demeurant en son château de Rouroué. Mort en 1630. Jean de Rieux laissait Largoët à son fils Jean-Emmanuel, qui fit de mauvaises affaires. En 1643, il se trouva chargé de dettes, et ses créanciers firent vendre ses biens. Une vente eut lieu et, le 19 mars 1656, Nicolas Fouquet, surintendant des finances de Louis XIV, devint adjudicataire de Largoët pour la somme de 175.000 livres. Les terres de Lanvaux et de Trédion étaient comprises dans le marché. Tout le monde connaît les folles dépenses de Nicolas Fouquet, sa disgrâce et sa ruine. Par suite de cet événement, les seigneuries de Lanvaux et d'Elven passèrent entre les mains de Marie-Magdeleine de Castille, sa femme, le 19 mars 1673, pour l’indemniser de sa dot et de ses autres biens aliénés. Elle en rendit aveu au roi le 22 juillet 1681. Le 10 janvier 1686, Marie-Magdeleine de Castille revendit les propriétés en question pour la somme de 150.000 livres à M. Louis de Trémereuc, chevalier, conseiller au Parlement de Bretagne. Louis de Trémereuc n’eut qu’une fille qui épousa, le 7 septembre 1689, M. Toussaint-Pierre de Cornulier, né le 1er novembre 1660, conseiller au Parlement en 1682, président à mortier en 1688. Le 17 juillet 1694, M. de Cornulier et sa femme rendirent aveu au roi pour le comté de Largoët. Ils eurent un fils, Charles et deux filles, Charles de Cornulier, héritier de la seigneurie d'Elven, épousa, le 2 janvier 1717, Anne de la Franchaye. En 1715, il était conseiller au Par­lement et devint président à mortier en 1727. Trois filles naquirent de ce mariage. L’aînée, Angélique-Marie-Sainte, héritière de Largoët, prit en mariage, le 19 juillet 1735, son cousin Toussaint de Cornulier, seigneur de Boumaqueau. M. de Cornulier mourut vers 1780 et sa femme le 31 décembre 1793 à Versailles. M. et Mme de Cornulier eurent une fille, Thérèse-Pauline-Sainte, qui épousa Charles-François-Marie du Bot et lui apporta Largoët. M. du Bot, né en 1748, mourut en 1826, à la Grée-de-Callac, en Monteneuf, laissant cinq enfants. Un de ses fils, Hippolyte-Marie-Corentin du Bot, hérita de Largoët et épousa Renée-Yvonne de Couësnon de la Lenceule, dont il eut deux enfants : Victorine et Hippolyte ; il mourut en 1862. Son fils Hippolyte-Armand-Victor, né en 1805, eut Largoët ; il épousa sa cousine Céleste du Bot et eut un fils unique, Charles-Marie-Victor, qui épousa, le 5 mai 1857, Valentine-Marie-Julie de Freslon de Saint Aubin ; il eut un fils unique, Hippolyte-Jules-Emmanuel du Bot, à qui il donna par contrat de mariage en 1882, la terre de Largoët, lequel la possède en 1900. Avant de terminer cette notice, nous croyons utile de dire un mot des vastes domaines qui faisaient partie de la seigneurie de Largoët que Nicolas Fouquet transforma définitivement en comté par l'obtention de lettres patentes de 1660. Ce comté avait deux juridictions qui s’exerçaient à Vannes et à Auray. La seigneurie s’étendait sur tout ou partie des paroisses suivantes : Elven, Trédion, Saint-Nolff, Treffléan, Saint Avé, Saint-Patern et Saint-Pierre à Vannes, Arradon, Plougoumelen, Baden, Ploeren, Plumergat, Carnac, Meudon, Grand Champ, Plaudren, Monterblanc, Saint-Jean-Brévelay, Sulniac, Larré, Pluherlin, Molac. Cent quarante terres nobles dépendaient des arrière-fiefs de Largoët, d’après lesquelles nous citerons, d’après l’aveu de Toussaint de Cornulier en 1686 : - En Elven : Kerleau, Lescadiguen, La Boixière, Camarec, Le Huelfaut, Kerfily, La Haye-Dréan. - En Saint-Nolff : Le Bezit, Le Beh, Talhoët, Valdeliée, Kerboulard, Kerglas. - En Treffléan : Roscanvec, Randrecar. - En Sain-Patern : Botcoarh, Camsquel, Coëttec, Plaisance, Liziec. - En Saint-Avé : Coëtdigo, Lesvellec, Triviantec, Berval, Rulliac, Kerozet, Beauregard, Lesnevé, Trébrat. - En Arradon : Moréac, Kerguen, Roquedas, Kerbiguec, Trehuelin, Le Guéric. - En Plaudren : Kergalher, Lahan, Kervary, Kerscouble, Fresnay, Kergurion, Le Nedo, Boudaly, Canbrigo. - En Saint-Jean-Brévelay : Keruzan, Kercado. - En Molac : Tregoët, Keranre. - En Grand-Champ : Penhoët, La Chesnaye, Keral, Magoero, Le Rest, Le Grisse. On voit que la puissance des seigneurs de Largoët égalait l’importance de leur château. Largoët avait toujours eu haute, moyenne et basse justice avec les prérogatives qui y étaient attachées. Il avait deux fourches patibulaires, l’une à Trédion, l’autre à Elven Il possédait au bourg d'Elven un four banal, un marché tous les mardis et trois foires dans le courant de l’année. En 1551, trois foires furent établies à Grand-Champ, les foires des Chapelles du Burgo, de Mongolerian et du Bondon, à Vannes. Elles dépendaient de la seigneurie qui y exerçait le droit de dîme.

Principaux faits historiques dont Largoët fut le théâtre. - 1341 : Jean de Montfort l’occupe sans combat. - 1342 : Les partisans de Charles de Blois le prennent d’assaut et tuent les défenseurs. - Fin 1342 : Robert d'Artois qui tient pour Montfort ravage tout le pays. - 1373 : Le château se rend à Du Guesclin. - 1474 : Le duc de Bretagne François II charge Jean de Rieux de garder à vue dans le donjon le jeune Henri Tudor, comte de Richmond, futur roi d’Angleterre. Il y resta de 1474 à 1476. - 1487 : Après la défaite des Bretons à Saint-Aubin du Cormier [Note : le duc François II avait pris part à la révolte du duc d'Orléans contre Charles VIII] les propriétés du maréchal de Rieux furent rasées (Ancenis) ou brûlées : ce fut le cas des châteaux de Largoët et Rochefort. Sur le point d’épouser le vainqueur, la duchesse Anne voulu panser la plaie faite au défenseur de son père et donna 100.000 écus d’or au maréchal de Rieux pour compenser ses pertes, c’est alors que fut exécutée la 4ème et dernière campagne de construction, remise en état du donjon et de sa terrasse, porte d’entrée, etc...

Visite (en 1938) : — En face de l’entrée (qui est au S. O.) et à côté de bâtiments de ferme du 16ème siècle, ruines d’une chapelle du 15ème. — Porte d’entrée en grand appareil de granit collée en avant d’une autre porte plus ancienne. A droite et à gauche s’ouvrent les longues fentes ou venaient se loger les montants du pont-levis à bascule. A gauche poterne pour les piétons qui se fermait en se relevant par un petit pont dont le bras de levier allait se loger dans une rainure. Au dessus de la poterne, meurtrière permettant au guetteur de tirer dans toutes les directions. — Derrière : porte du 13ème siècle fermée par une herse et flanquée de deux tours rondes. — En tournant à gauche, des restes de la courtine du 13ème, puis la tour du 15ème. — Après la tour, des restes d’un corps de logis du 14ème construit en même temps que le donjon. — Le donjon. — La courtine en grand appareil qui suit, paraît de la même époque que l’entrée. On y remarque une poterne surplombant le fossé. — Enfin au Sud on retrouve les ruines d’une tour du 13ème et la courtine de la même époque à laquelle s’appuyait un bâtiment qui renfermait la cuisine.

Elven (Bretagne) : les tours du château de Largoët.

Nota 1 : C'est un état détaillé du château et de ses dépendances, dressé en 1660, à la requête de Messire Nicolas Fouquet, surintendant des finances, qui venait d'acheter le domaine de Largoët. L'acte, conservé aux Archives départementales, a été rédigé par les notaires royaux Le Clerc et Gobé, de Vannes, en présence de M. Jean Maupoint, de Paris, procureur de M. Fouquet, et des experts Cosnier, maître architecte, Brisson, maître maçon, Phélippot et Beslin, charpentiers et menuisiers, Carrer et Martin, couvreurs, en présence aussi de M. Courtois, représentant des vendeurs de la seigneurie, et de M. du Val, nouveau gouverneur du château. La commission visita minutieusement la propriété, les experts donnèrent consciencieusement leur avis sur chaque chose, et les notaires consignèrent le tout dans leur procès verbal. En comparant l'état du château en 1481 et en 1660, on voit qu'à la première de ces dates l'immeuble était habité et bien entretenu, et qu'à la seconde date il était presque abandonné.Cet état de 1660 renferme des détails intéressants : voilà pourquoi je le donne ici dans son intégrité, en retranchant seulement les formules des notaires et quelques longueurs pour les réparations à effectuer. Par ailleurs, le texte est fidèlement reproduit et l'orthographe ancienne conservée. Voici le texte du document : « Louis Le Clerc et Joseph Gobé, notaires royaux... Ferme. « Nous ont les architecte et masson montré et avons veu, au premier portal et entrée des cours du d. chasteau, que le d. portal et les murailles sont pour la pluspart ruisnées, et qu'il est nécessaire de les reffaire toutes à neuff et qu'il n'y a au d. portal aucune fermeture. A l'un des coings de lad. cour, vers le couchant, une maison ruisnée... et au proche une vieille maison couverte d'ardoise, qui sert de logement au mettayer, et dont les murailles menassent ruisne, et qu'il est requis de reffaire à neuff...
Au boult de la d. maison, vers la chapelle ; est un amplacement de maison ruisnée ; et deux autres ruisnes de maisons bastyes en apantiff, au bout desquelles est une ruisne d'une petite tour... Les murailles de la cour, depuis la d. tour jusque au bord de l'estang, sont ruinées. Dans la d. cour, au devant du chasteau, est une chapelle, dont les murs du costé de l'estang sont couleuvrés et menassent ruisne ; le remplissage de la grande vitre est tombé ; la table du grand autel est rompue ; les trois petits autels de la nef sont à réparer ; l'enduit des murailles est tombé ; il n'y a ny vitres ny portes ; seule la couverture est neuffve et faicte puis peu de temps »
.
Château. « Le pont dormant de l'entrée du chasteau est vieux et caducq, et il est requis de le reffaire à neuff ; le pont-levis peut servir quelque peu de temps encore ; quant au petit pont-levis, il est de nulle valleur et il est requis de le reffaire à neufs ; les chaisnes estant trop foibles et mangées de rouille, il est requis en mettre deux au grand pont et une au petit, avecq des fermetures et serrures.
La grande porte de bois, la porte du petit pont, et une autre porte ouvrant sur la douve vers le soleil levant, sont vieilles, caducques et sans ferrures, et est requis d'y mettre des neuffves, avecq touttes les ferrures, barres de fer et serrures nécessaires.
Les poutres et planchers des chambres et corps de garde, qui sont au dessus de la bascule des ponts-levis, sont pourris et de nulle valeur, et est requis de les reffaire, à neuff ; et au dessus des d. chambres, il y a de la charpante et couverture en apantiff, qu'il est aussy nécessaire de réparer et garnir de chaux.
Le pillier, qui porte le boult du grand et du petit pont-levis et le boult du pont dormant est ruisné en partye, et il est nécessaire d'en reffaire quatre pieds de long du costé du midy, sur toutte la haulteur et épaisseur du d. pillier.
Le devant du portal et entrée du chasteau est basty de pierres de taille, et il est en bon estat, fors les massecoulis et parapets, qui sont pour la pluspart ruinés, et qu'il est requis de reffaire à neuff.
Le restant de l'entrée et corps de garde du d. chasteau, à la longueur de 40 pieds, menasse ruisne et prompte cheutte en quelques endroits, et il est requis de  desmollir et reffaire à neuf le costé droit en entrant, et la voulte de massonnage au dessus, à la longueur de 25 pieds, et réparer le surplus, et le tout en breff et incessamment, pour esviter les accidents qui pouroyent arriver par les d. cheuttes.
A chasque costé du d. portal, il y deux tours, qui sont à présent presque ruisnées, et ausquelles il n'y a aucune charpente ny couverture. Au dessus du corps de garde, prochain de la cour du chasteau, il y avait aultrefois un logement qui est à présent ruisné, et il n'y reste que trois petittes poutres, qui sont pouries et de nulle valeur.
Au costé du d. dernier corps de garde, à main gauche, est un vir de pierre de taille, qui est ruisné par le hault, et est nécessaire de le réparer.
Au proche du d. vir et escalier, entre le d. portal et la petitte tour, qui est au coign de lacour vers l'estang, est une vieille mazière de maison ruisnée, où il reste en ce qui se voit, du premier estage six poutreaux, et au second estage trois poutreaux qui sont tous pouris et de nulle valeur ; ce qui reste de muraille est de nulle valeur, et le tout n'est considérable que comme pierre en mulon.
Au devant de la d. mazière, est un pillier de pierre de taille debout, et les vestiges d'un autre pillier au devant de la tour où est le vir cy devant mentionné et ont dit les experts qu'ils estoyent pour suporter un transport (galerie), pour la servitude du hault de la d. maison ruisnée »
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Petite tour. — « Dans la pettite tour, qui est au coign de la d. cour vers l'estang, dans le bas d'icelle, au niveau de la cour, les sueillées des deux fenestres ou croisées sont rompues et il est nécessaire d'en remettre d'autres, et mesme remettre un croisillon de la croisée vers l'estang ..... à chacune des quelles croisées il y a une grille de fer en dehors. En la cave de la d. tour, il y a six poutreaux qui suportent la première place (plancher), et qui peuvent servir, mais la place au dessus de la d. cave est de nulle valeur et est à reffaire. Les poutres, qui suportent la place du second estage de la d. tour, sont vieilles et néantmoins peuvent servir, la place qui est vieille et de nulle valeur estant reffaite à neuff. Au troisième estage, il y a six poutreaux pour suporter la place, deux sont pourris par les boults et sont à changer, un septiesme manque et est à remplacer ; la place est de nulle valeur et à reffaire à neuff. Au quatriesme estage, pour le soustien de la place, il y a sept poutreaux, dont un est cassé et doit estre remplacé ; la place de nulle valeur est à reffaire à neuff. Au cinquième estage, pour suporter le plancher, il y a onze solives, quels sont vieux et pouris, et la place au dessus est de nulle valeur, et il est requis de changer les d. solives et reffaire la d. place à neuff.
(A chaque étage on indique minutieusement les réparations et réfections à faire aux portes, fenêtres et cheminées).
A la charpante de la d. tour, six filières sont gastées et pouries et il est requis de les changer ; à la couverture de la d. tour et au dessus de la montée et du chevallet d'entre-deux, il reste y faire des réparations de pierres faillantes et y changer quelques lattes.
Pour les parapets et massecoulis qui sont à l'entour de la d. tour, il est nécessaire de remettre des pierres de taille en huict ou neuff endroits des parapets, de longueur chacun des d. endroits d'environ trois pieds et de haulteur un pied.
Le tour de la d. tour, depuis le bas jusques au hault, et le vir au costé d'icelle ne sont aucunement garnies de chaux, et il seroit nécessaire de les garnir et joinctoyer pour les conserver.
Sortans de la d. petitte tour, avons veu un petit apanty de pierre de massonnage en partye ruisné, au dedans et au dessus du quel il n'y a aucun boisage.
Nous ont aussy monstre et avons veu un pan de muraille donnant sur l'estang, et qui joinct d'un boult à la petitte to u r et de l'aultre boult à une vieille mazière de tour, qui est à l'aultre angle de la d. cour, à vis de la grosse tour du d. chasteau ; laquelle muraille est ruisnée du costé de la d. cour jusques au niveau d'une terrace qui est apozée contre icelle, laquelle terrace est aussy ruisnée, et sert la d. muraille de closture de la cour du d. chasteau du costé de l'estang, et il est nécesaire de reffaire à neuff la d. muraille. Au joignant de la d. vieille mazière de tour, est une maison ruisnée pour la plus grande part, et en laquelle il n'y a qu'un seul poutreau poury, sans couverture ny autre boisage »
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Grosse tour. — « La grosse et principale tour du d. chasteau est située au hault de la cour, vers le bourg d'Elven, et n'est la d. tour boizée ny couverte de charpante ny ardoize, et paroist qu'elle a esté autrefois boizée et couverte, restant encore en icelle quelques vestiges de vieux bois et ardoizes sur les antichambres qui donnent vers la cour. Et est la dite tour bastye en forme d'octogone par le dehors, et au hault d'icelle s'ont des massecoulis, créneaux et parapels, dont la pluspart sont ruisnés ; et au hault de la d. tour sur le milieu d'icelle est basty un donjon ; aussy avec ses massecoulis et parapels, qui  sont pour la pluspart ruisnés.
Et le dedans de la d. tour contient six estages de 16 pieds de haulteur chacun ou environ, dont le premier est à huit pans, le second à six pans, et les quatre autres estages sont en angle droit ; et à costé de chacun des d. estages, vers la cour, il y a chambre et arrière-chambre ; un grand escalier de taille, qui est à l'entrée de la tour, et un autre petit escalier aussy de taille, qui est dans l'angle du costé du nort, lesquels escaliers servent depuis le bas jusques au hault, par lesquels l'on communique d'estage en estage dans tous les apartements.
Et dans l'époisseur de la muraille d'icelle tour il y a plusieurs petits cabinets et cheminées et autres esligements, et entre autres au quatriesme estage dans l'un des pans de la d. tour, donnant sur la chaussée de l'estang, est une forme de chapelle, prise dans l'espaisseur de la muraille.
Et dans le d. quatriesme estage s'est trouvé que la voulte d'une des croizées est tombée et entièrement ruisnée, et pareillement tout le hault du petit escalier est aussy ruisné et tombé, et plusieurs des marches sont rompues et escornées par le devant ; le petit escalier, qui servoit à monter de la plateforme au donjon, est entièrement ruisné.
Aussy quatre sueillées ou couvertures des grandes croizées sont rompues, et deux montans et croizillons des d. fenestres pareillement rompus ; et dans le pan où est située la chapelle avons veu, tant par le dehors que dedans, une fracture ou crevasse, qui est depuis le bas jusques au hault, et une autre fracture ou crevasse dans le pan de la muraille qui donne sur la cour, et où sont les d. chambres et arrière-chambres.
Et la d. tour, mesurée par les experts, contient de largeur de dehors en dehors 65 pieds et demy, et par le dedans 29 pieds, à l'endroit du troisiesme estage ; et de haulteur depuis le rez de chaussée de la cour jusqu'au dessus des massecoulis, 101 pieds, et les parapels 5 pieds de haulteur au dessus des massecoulis, et le donjon 23 pieds de haulteur, et au dessus du donjon y a un parapel sur les massecoulis de 3 pieds de hauteur.
De dix croisées qui sont dans la d. tour, il n'y en a que deux, du costé de la chaussée de l'estang, qui sont grillées de grilles de fer pendantes, et aux autres paroist y avoir autrefois, eu des grilles, les boucles y estant encore restées, et mesme au vitrail de la chapelle, à la plus basse desquelles croizées reste une barre de fer placée en montant »
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Logis. — « Sortans de la d. grosse tour, avons veu un pan de muraille de pierre de taille en dedans et dehors, joignant d'un boult à la d. tour, et de l'aultre boult à une ancienne cuisine, à présant servant d'escurye ; dans lequel pan de muraille il y a une porte à présant condampnée de massonnage, laquelle porte servoit autrefois pour sortir de la cour du chasteau par sur un petit pont levis à aller sur la chaussée.
Au dessus du d. pan de muraille il y a des créneaux sans aucuns parapels, et est le d. pan de muraille ruisné et caducq, et partye tombé du costé de la cour et par le dehors, et le surplus menasse ruisne.
Entre le d. pan de muraille et la d. cuisine, sur le bord de l'estang (douve), avons veu une vieille mazière de tour entièrement ruisnée.
Dans la d. cuisine, le pignon vers le d. pan de muraille et la longère vers la cour menassent ruisne, et il est nécessaire de les reffaire à neuff ; dans la chambre au dessus de la d. cuisine, le manteau de la cheminée est rompu et la hotte au dessus ruisnée ; les poutres et les planchers du premier estage et du second sont à renouveler ; la charpente et le toit de la d. cuisine faits en apantiff sont ruisnés et à reffaire à neuff.
Dans la grande salle au boult de la d. cuisine, la muraille du costé du midy, donnant en dehors sur les fossés du chasteau, sur laquelle il y a des massecoulis, et y avoit autrefois des parapels, est vieille , caducque, couleuvrée et ventreuse ; le pignon du boult vers la cuisine est en mauvais état ; la longère du côté de la cour est vieille, surplombée et menasse ruisne ; l'autre pignon est aussy caducq et de nul valeur : le tout à reffaire...
Les poutres du premier estage, et du second sous le grenier, sont à remplacer et les planchers à renouveler ; la couverture du costé de la cour est quelque peu ruisnée et demande quelques réparations, l'aultre costé vers la douve est en plus grande indigence de réparations...
Au proche de la d. grande salle est une muraille qui joinct d'un boult à une petite tour qui donne sur l'estang, et de l'aultre boult à une vieille mazière de tour proche de l'entrée du chasteau, dans laquelle muraille y a une grande croizée, garnye d'une grille de fer pendante en dehors ; laquelle muraille menasse ruisne, et il est nécessaire de la reffaire.
A main droite, en entrant au portal du d. chasteau, au proche du pont-levis, est un petit escalier de pierre de taille, servant à monter au dessus du d. portal et à tous lieux proches, lequel escalier est ruisné par le hault, et il est nécessaire de le réparer et mettre en estat de servir ».
Parc. « La chaussée de l'estang est bonne et en bon estat, fors qu'il n'y a point de bonde, en sorte que l'eau du d. estang ne se peut évacuer, et il est nécessaire de faire une bonde ; ensemble de couper les bois et nettoyer les douves qui sont à l'entour du chasteau.
Le parq a sept cantons différents, l'un nommé le Hault du marais, le second nommé Chasteau-Courtault, le troisiesme nommé Terre des baliveaux le quatriesme nommé la Maison des chiens ; le cinquiesme nommé Folle-pensée, le sixiesme nommé le Petit-marais et Montigny et le septiesme nommé le bois des Corneilles.
Procédant au mesurage et toisage des murailles qui enferment et entourent le d. parc, il constate que les d. murailles contiennent de tour et circuit 2,665 toizes, de six pieds chaque toize ; la plus grande part et ce qui est de plus ancien a esté basty de pierres sèches et le restant avecq mortier de terre ; la plus grande haulteur des dites murailles contient à présant environ huict pieds, laquelle haulteur ne se rencontre que sur environ 400 toizes, entre autres du costé du septentrion ; le surplus des d. murailles est ruisné...
En faisant le d. circuit, avons veu quatre ouvertures de barrières, trois desquelles sont fermées de vieilles barrières de bois, au lieu desquelles, pour la seureté et conservation du d. parcq, il est nécessaire d'y faire quatre portes de pierre de taille... »

De tout quoy avons raporté le présant acte et procès-verbal sur les lieux, soubs les seignes, des intervenants... et les nostres les 8, 9, 10 et 11 mars 1660. Signé : Le Clerc, not. royal. — Gobé, not. Royal (Largoët B, Expéd. papier).
 

Elven (Bretagne) : le pont levis du château de Largoët.

Nota 2 : " Nos anciens monumens disparaissent par l'incurie ou par la cupidité qui spécule sur leurs vénérables débris. C'est donc un pressant devoir, pour les amateurs de nos antiquités bretonnes, de saisir les instans qui restent encore, avant l'accomplissement de leur prochaine destruction, pour en prendre les vues, en lever les plans, recueillir les inscriptions ou les sculptures qui attestent les noms de leurs fondateurs et les époques de leur construction, afin d'en transmettre au moins le souvenir à la postérité. Dans le nombre de ces monumens, on doit distinguer la Tour d'Elven, département du Morbihan. L'an dernier, le propriétaire en a fait afficher la vente, pour la mettre à la discrétion du démolisseur qui en anrait offert le plus haut prix. Heureusement que le monument s'est défendu lui-même ; son énorme masse, solidifiée par le laps des siècles, a fait reculer les plus hardis spéculateurs de la bande noire. Ils ont, sans doute, fort bien calculé que les frais de sa destruction excéderaient la valeur de ses matériaux, dans un pays sauvage où personne n'est tenté de bâtir, et où les antiques châteaux féodaux tombent en ruines, abandonnés par leurs propriétaires qui se sont réfugies dans les villes ou dans les maisons de campagne qui les avoisinent. Cependant, de nouvelles combinaisons, dont la tour d'Elven ne pourra pas triompher, amèneront peut-être sa destruction. Je me suis donc hâté de la visiter, dans le cours d'un voyage que j'ai fait, le mois dernier, dans le département du Morbihan. Cette tour est d'une belle conservation et d'un aspect très-imposant. Elle est de forme octogone ; chaque côté a 28 pieds 6 pouces de large, au rez-de-chaussée hors d'oeuvre. A sa base, dans le fossé qui fait partie d'un marais, elle doit avoir 36 pieds sur chaque face ; et, de là jusqu'au sol du rez-de-chaussée, de 20 à 25 pieds d'élévation. Au-dessus, elle était partagée en cinq étages de 20 pieds chaque ; ainsi, sa hauteur totale est d'environ 120 pieds. Les murs du rez-de-chaussée ont 15 pieds dépaisseur ; elle diminue à chaque étage, en sorte que dans le haut ils n'ont que quatre pieds. Sur l'épaisseur des murs et sur la voûte, du grand escalier, à 12 pieds au-dessus des crénaux et des machicoulis, on monte, par un escalier extérieur, à une espèce de châtelet ou donjon, d'où les vedètes pouvaient voir encore de plus loin que de la galerie de la Tour. Une autre tour semi-circulaire, plus petite, de la forme et de la hauteur à-peu-près de celle qui sert de poudrière au château de Nantes, est dans la même enceinte. Elle paraît beaucoup plus ancienne que la grande. Ces deux tours sont cernées par des fortifications et des murs fort élevés, actuellement en ruines en beaucoup d'endroits. Les portes étaient défendues par des pont-levis et par des herses, dont on voit les coulisseaux dans l'épaisseur des murailles. Le tout est construit en pierres de taille de granit, de la plus belle exécution. Ce beau monument présentait une énigme à deviner, savoir : l'époque de sa construction et le nom de celui qui l'a fait bâtir. L'Histoire de Bretagne n'en donne aucune notion ; la tradition du pays n'a rien conservé sur ces deux points. Ogée dit seulemeut : « Que l'antique château d'Elven appartenait, dans le 13ème siècle, aux seigneurs de Rieux ; qu'en 1490, il était au maréchal de ce nom, et que la duchesse Anne le fit démolir avec plusieurs autres appartenant au même seigneur, à qui elle donna une somme de cent mille écus pour indemnité ». A la première inspection, je reconnus que cet édifice avait été construit à l'époque des croisades, parce que les fenêtres des appartemens d'habitation sont garnies d'une croisée en pierres. Or, cet ornememt a été adopté, dans l'architecture, du moyen- âge, pour les édifices dont les seigneurs avaient été Croisés, fait d'armes qu'ils ne pouvaient mieux publier que par un signe qui parlait visiblement à tous les yeux. La première croisade a commencé en 1096, et la dernière a fini en 1272. Ainsi, il y a un espace de 176 ans, dans lequel ce monument a du être construit. Restait toujours à savoir par qui et à quelle époque précise. Mes doutes ont été bientôt éclaircis. Au rez-dechaussée, à gauche de la porte par laquelle on entre dans la grande tour, il y a une salle, sur le manteau de la cheminée de laquelle est sculpté un écusson chargé d'armoiries : ce sont dix bêzants rangés par 4, 3, 2 et 1, qui forment celle de l'ancienne famille de Malétroit. Les bézants y étaient d'abord sans nombre, mais ensuite ils avaient été réduits à neuf d'or, rangés trois à trois sur un fond de gueule. En 1306 le sceau d'un Payen de Malétroit était ainsi avec un lion sur le champ qui cachait une partie des bézants. Cependant. nous avons à la cathédrale de Nantes. les armoiries de Jean de Malétroit (Malestroit), évêque de ce diocèse, en 1434, qui, ainsi que celles de Jean de Malétroit, maréchal de Bretagne, en 1451 sont absolument semblables à celles d'Elven. La nature de ces armoiries confirme qu'elles sont celles d'un croisé ; car le mot bézant, altération de celui de bysant ou bysantin, est le nom d'une monnaie d'or usitée à Bysance ou Constantinople, que les Paladins français mirent sur leurs écus, pour faire voir qu'ils avaient fait le voyage de la Terre-Sainte. La première croisade pour laquelle s'armèrent les chevaliers bretons, joints aux Manceaux, Angevins et Tourangeaux, fut en 1158. Ils étaient au nombre de 107 gentils-hommes bannerets , dont l'histoire de Bretagne nous a conservé les noms. Celui de Malétroit ne s'y trouve pas ; et il n'aurait pas été omis, s'il en avait fait partie ; car les seigneurs de cette maison ont quelquefois, dans les chartes, l'épithète de très puissans, proepotentes. Richard Coeur-de-Lion, fils et successeur d'Henri II, roi d'Angleterre, vint en Bretagne, après la mort de son frère Geoffroy, et prétendit à la garde de la personne de son neveu Arthur Ier, et au gouvernement du duché, pendant sa minorité. Les Bretons lui refusèrent le premier point, et ne lui laissèrent que voix consultative sur le second Richard, qui était d'un caractère très-belliqueux, laissa ce rôle secondaire, et entreprit, avec le roi Philippe-Auguste, le voyage de la Terre-Sainte, où il fut suivi par un très-grand nombre de seigneurs bretons, l'an 1190. Voyons présentement quel était le seigneur de Malétroit, qui vivait à cette époque. Le premier de cette famille, dont il soit parlé dans nos chartes, est Payen de Malétroit, qui figure, comme témoin, en 1127, dans la réconciliation faite, par l'archevêque de Tours, de l'église de Redon, qui avait été profanée. En 1194, Payen de Malétroit est mentionné dans un acte. En 1204 donation faite, par Payen de Malétroit, aux moines de cette ville, dépendant de l'abbaye de Marmoutier, de terres, de droits de pêche et autres, du consentement de sa femme Constance, de son frère Geoffroy et de son fils Eudes. Ils confirmèrent, en outre, tous les quatre, les dons faits à ces moines par leurs ancêtres. Au moyen de ces pieuses libéralités, l'abbé de Marmoutier absout, autant qu'il est en lui, Payen de Malétroit et son frère Geoffroy, du meurtre d'un de ses moines, nommé Guillaume. En 1208, on voit le nom de Payen de Malétroit dans un acte. En 1214, il se trouve à la bataille de Bouvines, où il se distingue par sa valeur. Il paraît encore dans un acte, en 1225. Et il meurt en 1229, suivant la chronique de l'abbaye de Rhuis, qui dit : qu'il fut enterré au côté gauche de l'autel de l'abbaye de Saint-Gildas. On peut regarder comme constant que les seigneurs de Maletroit en étaient bienfaiteurs ; car une des deux paroisses de la ville de Maletroit, nommée le prieuré de la Magdelaine, en a dépendu jusqu'en 1790. C'était, sans doute, pour cette raison, que ceux de cette famille avaient leur enfeu à Saint-Gildas de Rhuis. Le premier Payen de Malétroit dont parle notre histoire en 1127, ne peut être le même qui est mort en 1229 ; car, à ce laps de tems qui est de 98 ans, il faudrait ajouter au moins vingt ans ; âge compétent, pour figurer comme témoin, dans un acte d'une grande importante. C'est donc son fils qui a dû aller à la croisade de 1190. Nous pouvons supposer qu'à cette époque, il était âgé de 25 ans et né en 1165. En 1204, il aurait eu 39 ans ; et Eudes son fils, qui ratifiait les donations au moyen desquelles son père et son oncle se rachetaient du meurtre du moine Guillaume, aurait pu avoir alors une vingtaine d'années. En 1214 époque de la bataille de Bouvines, Payen de Malétroit aurait eu 49 ans, et serait mort en 1229, à l'âge de 64 ans. On peut avancer ou reculer la date de la naissance de ce seigneur, sans que cependant les divers événemens de sa vie puissent être attribués à un autre de sa famille, tel que Eudes son fils. Celui-ci n'aurait pu aller à la croisade de 1270, avec le duc Jean Ier, dit le Roux, qui y accompagna Saint Louis ; parce que, d'après l'âge de 20 ans que nous lui avons supposé, en 1204, il aurait eu 88 ans, en 1270. Il existait alors un autre Payen de Malétroit, fils d'Eudes, qui figure dans des chartes de 1275, 1281 et 1306. Si l'on veut que ce soit celui-ci qui ait fait bâtir le château d'Elven, à son retour de la dernière croisade, il n'aurait pu être terminé que dans les dernières années du XIIIème siècle ; cette circonstance ne cadrerait guères avec la possession de ce château, par les Seigneurs de Rieux, dans le courant de ce même siècle. Ainsi, on peut regarder comme certain, que la Tour d'Elven a été bâtie, par Payen de Malétroit, à la fin du XIIème siècle, après son retour de la croisade, en 1192 ". (P. ATHENAS, 1824).

Voir aussi   Tours du château d'Elven (Bretagne) "Construction de grande tour d'Elven"

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