Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

DOL ET SES ALENTOURS, HISTOIRE POLITIQUE ET MUNICIPALE.

  Retour page d'accueil       Retour page "Ville de Dol-de-Bretagne"  

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

 

CHAPITRE PREMIER.

I.
« Dol, disait Ogée en 1776, est une petite ville presque sans commerce, sans industrie, mal bâtie, etc. ». Cette opinion de l'ingénieur géographe n'était pas neuve. Six auteurs l'avaient répétée avant lui, dix l'ont répétée après ; et parmi les écrivains modernes, nous ne saurions ne pas mentionner le fameux compilateur de Pontorson, l'abbé Manet.

Mais cet écrivain, animé d'une haine vraiment maniaque contre tout ce qui intéresse l'histoire de Dol, n'a pas voulu redire servilement ce qu'avaient dit ses devanciers. Il s'est donc mis en frais d'érudition bien inutiles et est allé feuilleter les lourds volumes de la géographie de Strabon, pour y trouver un point de comparaison qui pût servir sa haine et sa partialité.

Quoi qu'il en soit des dires du savant Manet, Dol ne mérite plus aujourd'hui le nom de la fiévreuse ville, épithète dont l'a décorée dans ses Mémoires un noble et illustre écrivain qui avait fait ses études dans ses murs. La mine fraîche et joyeuse de nos jeunes Dolois ne ressemble plus au teint pâle et mélancolique de leurs ancêtres. Les nombreux travaux d'assainissement, effectués depuis un certain nombre d'années, principalement dans les marais [Note : Voir: Procès-verbal de l'assemblée des digues et marais. Rapport de M. le Syndic J. Amant, sur la topographie des digues], n'ont pas peu contribué à cette heureuse transformation. Ajoutons que la municipalité de Dol a fait exécuter divers travaux d'agrément, entre autres les deux promenades qui entourent la vieille ville, et dont Ogée réclamait l'exécution il y a plusieurs années [Note : Ces deux promenades sont dues à l'administration du maire Louis Jamptel, ainsi que la disposition des places de l'Eperon, du Calcaire, du passage de la Trésorerie. Peu de maires ont autant fait pour Dol]. Du milieu de l'enceinte des murs, on distingue la masse imposante de la cathédrale, et le dôme de Notre-Dame aujourd'hui veuf de la superbe flèche qui le surmontait, et dont l'élancement et la beauté des formes faisaient le ravissement des connaisseurs [Note : Cette flèche fut démolie en mai 1818, sous la Restauration, alors que la ville de Dol avait pour maire M. Joseph Pasquier-Laforêst].

..... Mais hélas ! que parlons-nous de murs ! ils disparaissent, et le peu qui en reste est complètement défiguré. Ce qui désole le plus, c'est de se dire que, dans un avenir peu éloigné, ils sont menacés d'une destruction totale, la main vandale des industriels de nos jours ne respectant rien, et leur âme étroite et desséchée ne voyant qu'une carrière de pierres à exploiter, dans les constructions qui se recommandent le plus au respect, sous le rapport de l'art ou celui des souvenirs historiques qui s'y rattachent. Cependant ces murs, qu'on démolit sans honte, ils ont abrité nos pères et protégé leur indépendance contre l'oppression des étrangers [Note : Voici, d'après un plan de Dol de 1730, les noms des tours des fortifications : Tour Saint-Michel — du Presbytère — des Bacbeliers — de la Barcane — des Bourgeois — de la Prison. Du Château — aux Lutins — Saint-Samson — de la Motte — grande tour des Carmes — petite tour des Carmes. Presque toutes ces tours existent encore en partie ; mais entièrement déformées. — Les portes d'En-haut et d'En-bas, ou portes Saint-Michel et Notre-Dame, furent démolies en 1785. Dès 1777, on avait commencé à démolir celle d'En-haut, lors du passage du comte d'Artois. A cette même époque, on détruisit un grand éperon qui existait sur l'emplacement actuel du Chemin-Neuf, de telle sorte que, pour arriver à la porte d'En-haut, il fallait passer par-devant la Tremblette. — Il existait aussi un éperon au-devant de la porte d'En-bas, et dont on a fait une place dite de l'Eperon. La rue qui conduit au faubourg de la Lavanderie était excessivement étroite ; à la place des maisons qui sont construites au pied des murs de l'ancien château, il y avait un grand fossé où se rendaient une grande partie des immondices de la ville, ce qui, dans l'été, produisait des exhalaisons méphitiques].

II.
A l'ouest de la ville de Dol, dans un vallon situé à un kilomètre de cette cité, se cache au bord d'une rivière le hameau de Carfantin-le Noble (Kaër feunten) le Carife des anciens.

C'est là que fut d'abord le siège de l'évêché, qui plus tard fut transféré à Dol, lorsque Carife eut été détruit par les Frisons. Carfantin est plus ancien que Dol, disent nos érudits locaux [Note : Les savants de Carfantin prétendent que le monastère, dont il est parlé dans la vie de saint Samson, était situé auprès de la fontaine qui porte son nom, et qui est située au haut de ce village]. Le siège épiscopal fut transféré à Dol par saint Samson II, vers l'an 554. Samson, le métropolitain diplomate, qui résista à l'infernale Frédégonde, défendit la cause et protégea les jours du jeune comte Judual. Saint Samson mourut en 615, selon Albert-le-Grand, qui est toujours fort précis, et eut pour successeurs plusieurs pontifes que l'église de Dol honorait autrefois comme bienheureux : Magloire, Mahen, Armaël, Jumahël, Restoaldus.

Fastcaire, septième successeur de Samson II, et qui est aussi quelquefois appelé Festinien, vit commencer, en 864, cette grande querelle de la métropole qui dura plus de 300 ans, sous l'épiscopat de quinze évêques, et dans laquelle Dol succomba par suite de la trop grande ambition de l'évêque Jean de la Mouche, qui pour avoir trop voulu se vit tout enlever.

Mais avant de parler de cette importante affaire, disons un mot des féroces Normands (Voir : Deric, t. II à VI. Dom Morice, Histoire de Bretagne, t. I).

Aujourd'hui, quand on dit c'est un Normand, cela veut dire un homme fin, rusé, un matois ; au Xème et XIème siècle, normand était synonime de pillage, de meurtre, de dévastation. A furore Normannorum, libéra nos, Domine, lisait-on dans la liturgie de l'église. Pendant cette terrible invasion des Normands (North-mann) en Bretagne, Dol subit neuf sièges, ses murs furent rasés, et la plus grande partie de ses habitants périrent dans la grande église, avec l'archevêque Lanfranc, qui s'y était retiré avec eux.

Revenons à l'affaire de la métropole.

Au moment où la cour de Rome, poussée par la volonté des rois de France, enlevait à Dol son titre d'archevêché (juillet 1181), le farouche Jean-sons-Terre, maudit par son père, brûlait la ville de Dol ; il brûlait aussi sa vieille cathédrale, dont il nous reste cependant encore quelques parties. Dol avait alors pour évêque Jean de Lezenech ; c'est lui qui jeta les fondements (1200) de cette magnifique basilique que nous admirons aujourd'hui ; mais il ne la fit pas achever, malgré ce que peuvent dire MM. Brune et Mérimée. D'après les laborieuses recherches de notre savant compatriote, M. Alfred Ramé, cet honneur doit être attribué à l'évêque Thibaud de Pouancé, issu des puissants sires de La Guerche, et qui mourut au manoir des Ormes, en Saint-Léonard (1312). Encore devons-nous ajouter que plusieurs parties secondaires furent ajoutées par divers prélats : savoir, les deux portails (XVème siècle) ; la tour du nord (1519) ; les salles capitulaires ; le vestiaire et le beffroi de l'horloge (1664) [Note : Il serait bien à désirer que le Dictionnaire d'Ogée (1853) fît connaître les sources où il a puisé que les colonnes des porches de la Grand'Rue proviennent de la cathédrale détruite par Jean-sans-Terre. Ce serait chose bien difficile, je pense. Nous sommes bien en peine aussi où le Dictionnaire d'Ogée a trouvé que François de Laval fonda à Dol un couvent de Recollets ; que l'ancienne église des Carmes sert aujourdhui de halle au blé ; que Dom Hervé, bénédictin, est né à Dol ; car ce sont là autant d'erreurs flagrantes].

Après ces grands événements, nous n'avons plus à enregistrer qu'une longue nomenclature de noms, épiscopaux, qu'on trouve dans tous les catalogues, avec les détails qui leur appartiennent. Aussi, au lieu et place de ces petits détails qui, du reste, sont déjà connus, préférons-nous donner à nos lecteurs quelques notions inédites sur les mœurs et coutumes du pays aux XIVème, XVème et XVIème siècles. Ces curieux renseignements sont extraits d'anciens statuts synodaux, publiés par les évêques, pour l'usage de leur clergé, renfermant des conseils et des prescriptions, qui bien que publiés au moyen-âge, ont encore conservé toute leur actualité dans les temps modernes.

III.
Mœurs — Coutumes — Institutions, AUX XIVème, XVème et XVIème siècles.

Les plus anciens statuts sont l'œuvre de l'évêque Henri Du Bois, (1340-1348), qui nous est représenté par le dictionnaire de Moréri, comme neveu de Jean Dubosc, mort en 1322. Le pasteur reproche à quelques-uns de ses curés : « aliquos parochialium ecclesiarum curam habentes » de certaines excentricités à l'endroit du sixième commandement cum suis filiabus spiritualibus parochianis suis carnaliter commisceri minimè formidare. Pour réprimer cette incontinence damnable, il les excommunie ipso facto.

Vient ensuite Guillaume de Brie (1386-1390), qui touche aussi la question de moribus en termes virulents, et dans lesquels il compare aux pourceaux les infracteurs de la sainte règle : Cum nonnulli, dit-il, sicut sus in luto, in suis voluptotibus obvoluli. Dans un second article, il revient sur ce sujet scabreux et défend à tous les curés et recteurs « Omnibus et singulis rectoribus et curatis ne habeant rem carnalem, aut commisceant se carnaliter cum aliqua de parochianis suis », sous peine de privation des bénéfices : c'était l'endroit sensible.

Ce Guillaume de Brie était un grand superviseur qui avait l'œil à tout : il défend encore au clergé de Dol de se pommader, de soigner leur chevelure, comme les freluquets, instar laïcorum ; de courir pendant la nuit dans la ville et les faubourgs, des armes en main, de se déguiser : arma portare per civitatem et suburbium dolensem, quoque de nocte et alias variati seu deguisati, il leur interdit encore de jouer à un jeu appelé charivari : Vulgariter charivari gallice nuncupatum.

Les évêques Étienne Cœuvret (1411), Jean des Pas (1431-1437), Alain de l'Espervez, 1441-1443), Raoul de la Moussaye (1444-1455), firent aussi des statuts, sur lesquels nous n'avons aucune observation à présenter pour le moment.

Il n'en est pas de même de ceux de Michel Guybé, le neveu du fameux couturier de Vitré, Pierre Landais. Dans ses statuts formulés (1478-1482), ont trouve des recommandations qui n'ont rien perdu de leur importance : il mande et ordonne aux recteurs d'éviter les grands festins, les réunions bruyantes, les copieuses libations ; il leur interdit la fréquentation des tavernes [Note : Au XVème siècle (1449), il y avait à Dol cinquante cabaretiers ; aujourd'hui, il n'y en a pas davantage, ce qui prouve qu'on y buvait aussi intrépidement au XVème qu'au XIXème. Chaque cabaretier devait annuellement au chapitre 4 deniers monnaie pour le droit de dousillage. Le chapitre avait encore le droit du Loo] ; enfin il les exhorte à vivre dans l'abstinence, la sobriété, la continence ; d'être réservés dans leurs conversations, et de ne se permettre aucune parole libre. Vos exhortando ut abstineatis et vivatis sobrie, caste et honeste et insuper blasphematores nullatenus estote (Statuts synodaux. Nantes, 1507, in-8, passim.).

Puisque nous parlons de mœurs et de coutumes, n'oublions pas, malgré l'étroitesse de notre cadre, de mentionner la foire historique de la Saint-Samson, qui durait quinze jours ; les pélerinages de N.-D. Des Carmes et de N.-D. De la Poterne ; la frairie de Saint-Nicolas ; la maison fief de Saint-Ladre ; la maladrerie du bourg de Saint-Florent ; et surtout la pittoresque procession des reliques, où assistaient trente-deux paroisses du diocèse, et dans laquelle on portait autour des murs les ossements protecteurs de nos saints, richement enfermés dans des reliquaires d'or et d'argent. Tout le clergé de la ville assistait à cette pompeuse cérémonie, qui ranimait un peu les rues de notre petite ville, ordinairement silencieuse et triste : le seigneur évêque présidait, et derrière lui marchaient en costume les membres de l'échevinage et les officiers de la juridiction portant en leurs mains de grandes branches de violiers [Note : Voir pour les détails : Archives départementales, fonds 5, G. Juhel de La Plesse ; Chronologie des évêques de Dol. 1771. Manuscrits, Lectionnaire de Dol, 1769-70, 2 vol. Documents divers, penes nos].

 

CHAPITRE DEUXIÈME.

Union de la Bretagne à la France. — La Ligue (1588).

IV.
Après la mort du duc Arthur III, en 1458, la succession ducale passa à François II, petit-fils de Jean V et fils de Richard de Bretagne. François n'était pas méchant, mais nonchalant et voluptueux, d'un esprit vacillant, faible et propre à accélérer la chûte de l'indépendance bretonne. Impérieusement dominé, d'ailleurs, par Antoinette de Maignelais, dame de Villequier, la Dubarry du XVème siècle, il voyait sans inquiétude ses Etats agités par les dissensions qu'y avait allumées l'astucieuse politique de Louis XI, se reposant sur cette alternative que les choses dureraient bien autant que lui.

Cependant le dernier jour de l'Armorique allait sonner, et Charles VIII, continuant les menées souterraines de Louis son père, avait envahi la Bretagne à main armée. Une partie de ses troupes vint mettre le siège devant Dol, hors d'état de résister, et qui cependant fut traitée comme une ville prise d'assaut, par Gilbert de Bourbon, comte de Montpensier (Albert le-Grand, Catalogue des Evêques de Dol).

Dans ce grand désastre, Dol eut pour consolateur son évêque, Thomas James, dit le Père des Pauvres, dont l'inépuisable bienfaisance s’efforça de cicatriser les plaies occasionnée par le fléau de la guerre. Il mourut le 4 avril 1504, et fut remplacé en 1507 par Mathurin de Plederan, qui construisit, en 1519, la tour Nord de la cathédrale, et fut le restaurateur de la liturgie et de la discipline dans son diocèse (Monographie de la cathédrale de Dol, 1851, première partie).

Après Mathurin de Plederan, nous mentionnerons rapidement Thomas Duroy, appelé l'Hydre aux 14 ou 15 têtes, par allusion aux nombreux bénéfices dont il était chargé (L'abbé Nicolas Travers, Histoire ecclésiastique de Nantes) ; et François de Laval Montmorency, l'évêque bâtard, qui fut violemment imposé au chapitre de Dol, par l'ordre de François Ier. Vainement le chapitre voulut-il s'épargner l'infamie d'un évêque né du libertinage d'un grand seigneur ; il fallut boire jusqu'à la lie le calice d'amertume, et pendant trente-six ans François de Laval gouverna le diocèse de Dol (Monographie de la cathédrale de Dol, 1851, première partie).

Maintenant nous arrivons à la Ligue, qui eut pour champion, à Dol, l'évêque Charles d'Espinay.

Malgré son chancelier Chiverny, Henri III avait donné le gouvernement de la Bretagne à Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur, héritier, par son épouse, des prétentions des Penthièvre sur le duché breton. Mû par cette idée de continuer en lui la liste des ducs de Bretagne, Mercœur organisa la Ligue dans cette province. Il fut secondé dans cette entreprise par la grande majorité des Bretons, qui regrettaient leur indépendance et avaient médiocrement à se louer de leur récente incorporation à la France.

Au moment de la Ligue, Dol avait pour premier pasteur Charles d'Espinay, qui, dans sa jeunesse, avait publié un petit recueil de poésies fort licencieuses, intitulé Sonnets Amoureux, in-4. De poète érotique, d'Espinay était devenu théologien consommé, et avait assisté au concile de Trente (1558), où M. F. Tresvaux assure qu'il fit preuve de zèle et d'érudition. Mais Charles d'Espinay n'avait pas seulement la science de l'évêque, il avait encore, au besoin, la bravoure et l'intrépidité du guerrier, ainsi qu'il le fit voir dans la défense de sa ville épiscopale, lorsque son frère le maréchal Antoine d'Espinay eut été tué dans un combat livré sur la route de Pontorson, le 7 janvier 1591. Malheureusement Charles était lui-même sur le point de terminer son aventureuse carrière. En effet, il est appris par les livres capitulaires qu'il décéda au château de Dol, le 12 septembre 1591, et que le 22 du même mois, il fut inhumé dans le chœur de la cathédrale, auprès de son prédécesseur et parent Fr. de Laval Montmorency (Biographie bretonne, t. I. 687).

Après Charles d'Espinay, Dol fut 13 ans sans évêque, car il y aurait injustice à donner ce titre au conseiller Enemond de Revol, qui nommé par le bon Henri pendant le siège de Rouen (1592), ne fat pas sacré, ne vint jamais à Dol, et dont le nom ne se trouve nulle part dans les registres de cette église [Note : Enemond de Revol mourut en 1627 (voir Histoire des Secrétaires d'Etat, in-4°)]. Ajoutons cependant que Révol eut un compétiteur, non sérieux, il est vrai. En effet, Melchior de Marconnay, abbé de Rillé-les-Fougères, avait prié le chapitre de demander pour lui le siège de Dol (août 1592) ; mais la proie avait été saisie, et le pauvre Marconnay en fut pour sa correspondance.

V.
COMMUNAUTÉ DE VILLE. — SON ORIGINE. — SES RELATIONS AVEC L'ÉVÊQUE. — ACTES ADMINISTRATIFS.

Ce que nous désignons aujourd'hui sons le nom d'administration municipale, s'appelait jadis l'échevinage ou communauté de ville.

Celle de Dol existait dès le milieu du XVIème siècle, puisque nous voyons assister aux Etats de Bretagne en 1567, comme député du tiers (Dernier député, en 1788, Joseph Poullet, maire en titre), Raoul Seben. Peut-être cependant son existence fut-elle régularisée au commencement du XVIIème siècle.

On conçoit parfaitement que, placée dans une ville épiscopale, la communauté de Dol était tout-à-fait dans la dépendance de l'évêque, que nous voyons présider ses délibérations. En son absence, c'était le gouverneur militaire ou le sénéchal de la juridiction.

Par suite de la déférence extrême que la communauté avait pour les évêques, ceux-ci, à l'occasion, lui rendaient de bons offices, soit par leurs recommandations, soit par l'obtention directe de faveurs que la communauté eût perdu son temps à demander.

C'est ainsi que nous voyons agir, en 1643, Hector d'Ouvrier, au sujet d'un arrêt du conseil d'Etat, en date du 17 décembre, qui donnait gain de cause à la communauté, dans une contestation qu'elle avait au sujet des digues (Voir Archives des Digues et Marais de Dol) avec les paroisses limitrophes de la mer. D'autres fois, l'évêque prenait l'initiative. Ainsi, au mois de février 1645, l'évêque Anthyme-Denis Cohon [Note : Anthyme-Denis Cohon, fils de François et de Renée Vallay, naquit à Craon, le 4 septembre 1595, et non pas 1594, comme le disent Moréri, D. Taillandier et M. Tresvaux (Archives de Craon). Il eut pour successeur, en 1648, Robert Cupif, qui mourut à Rennes, le 21 septembre 1659, et non pas en 1657, comme le dit M. Tresvaux, ni en 1660, comme le veut M. Kerdanet] écrivait de Craon aux échevins de Dol « qu'il désirait, pour le bien et utilité de cette ville, faire rétablir la garnison, laquelle depuis quelques années avoit esté ostée ». Cette fois, l'affaire ne réussit pas.

En des circonstances graves et pressantes, la communauté prenait elle-même les devants et sortait de son état de sujétion. En 1653, des troubles fort graves eurent lieu dans notre ville. Profitant de l'agitation causée par la guerre de la Fronde, des gentilshommes des campagnes voisines et leurs valets se rendaient fort souvent à Dol, et principalement le samedi, jour de marché, armés d'épées et de bâtons. Ils inspiraient une si grande frayeur aux habitants, que ces derniers se retiraient dans les endroits les plus reculés de leurs maisons, sans oser se livrer à leur commerce ni sortir dans la campagne. Même un jour de marché (9 janvier 1653), ces perturbateurs battirent et maltraitèrent, sans aucun sujet, un habitant nommé Pierre Olivier, sa femme et ses domestiques, lui donnèrent plusieurs coups d'épée et de bâtons, et lui coupèrent le nez, sans que personne osât s'y opposer, sinon le sénéchal Gilles Carré, sieur des Salles, lequel ayant vu l'attentat au moment où il sortait de son logis, en fit conduire les auteurs en prison. Pour mettre fin à cette oppression, la communauté réunie nomma de ses membres pour commander les bourgeois, afin de s'opposer aux scélératesses de ces gentilshommes. Elle arrêta, en outre, que les portes de la ville seraient fermées à sept heures, de la Toussaint à Pâques, et à neuf heures, de Pâques à la Toussaint, et que les clefs en seraient portées chez le gouverneur, qui était alors Marin Chereau du Morier, neveu de l'évêque Denis Cohon. Ces troubles avaient lieu peu avant l'installation de Robert Cupif. Nous voyons, en effet, la communauté s'occuper, dans sa délibération du 16 février, des honneurs à lui rendre lors de sa première entrée épiscopale (Registre municipal. — Année 1653).

A la date de 1664, notons les réparations considérables ajoutées à la grande pompe, placée sur le Dos d'Âne... L'idée première de cette précieuse institution était due à Antoine de Revol (1604-1629), qui l'avait fait construire en 1620, dans la forme qu'elle conservait encore avant la transformation de 1850, transformation dont nous avons parlé en bon lieu (Histoire de la cathédrale et autres monuments de Dol, in-8°, 1852). Mathieu Thoreau, frère de Philippe, le restaurateur de la pompe, fonda des écoles pour les enfants du peuple ; de concert avec les bourgeois de la ville, il établit des filles de Saint-Thomas à l'hôpital de la rue du Moulin (1670) (Archives de la maison principale de Paris). Enfin, il mourut le 12 février 1692, à l'âge de 80 ans, était né le 4 avril 1612, sur la paroisse Saint-Porchaire, de Poitiers, où son père exerçait les fonctions de greffier criminel de la Sénéchaussée du Poitou (Archives de la ville de Poitiers).

VI.
FONDATION DU COLLÈGE. — PASSAGE DES ANGLAIS A DOL (1758).

Le XVIIIème siècle s'ouvre pour Dol par la fondation du séminaire diocésain, établissement projeté dès le XVIème siècle par Charles d'Espinay, mais qui, en réalité, ne fut établi qu'en 1701, par François de Chamillard, nommé à l'évêché de Dol en 1693.

Mais la petite ville de Dol n'était point un théâtre assez grand pour le frère d'un ministre de Louis XIV : aussi fut-il transféré à Senlis en 1702. Il se vit remplacé par François d'Argenson, issu d'une haute et puissante famille de Touraine, prélat d'un abord dur et difficile, dit l'historien municipal, Juhel de La Plesse. Il ne fit rien pour notre pays, et fut transféré à Embrun, en 1715, sans qne personne « le regrettât » dit encore l'annaliste La Plesse, « si ce n'est les officiers de la juridiction ».

Jusqu'au XVIIIème siècle, Dol ne possédait point de collège. C'est sous l'épiscopat de Jean-Louis Debouschet de Sourches (1715-1748) que cet établissement fut fondé, sur l'emplacement du champ Saint-James, auprès de la Brèche-Arthur (Histoire de la Cathédrale et autres monuments de Dol). N'eût-il fait que doter la ville d'un collège, l'évêque J.-L. de Sourches mériterait encore toute la reconnaissance des habitants de cette ville, n'était que la reconnaissance n'est pas une vertu de notre âge [Note : A ce propos, faisons remarquer l'oubli profond dans lequel sont les hommes qui ont été pour Dol une cause d'illustration. Nous n'aurions point à déplorer ce fâcheux résultat, car c'en est un, si la municipalité de Dol, un peu plus littéraire, donnait aux rues et places de notre localité les noms du petit nombre d'hommes savants aue Dol a produits. Voilà un appel ! Sera-t-il entendu ?]. Mais nous savons d'ailleurs qu'il fit bien d'autres actes de bonne administration. Il mourut le 24 juin 1748, d'un cancer qui lui rongeait le sein depuis longtemps, et fut inhumé dans la chapelle Saint-Samson. Chose digne de remarque, le chapitre lui éleva un tombeau sur lequel on lit encore une inscription qui se termine par ces mots : Moerens posuit capitulum Dolense.

Au milieu de ces petits faits locaux, se place un fait d'un plus haut retentissement : la descente des Anglais à Cancale (1758), préliminaire de la bataille de Saint-Cast. Le 9 juin, une escouade d'Anglais vinrent à Dol qu'ils traitèrent à l'anglaise, à savoir qu'ils se farcirent l'estomac de nourriture et de boissons, et que dans l'espace de vingt-quatre heures, ils firent une dépense de 1.500 livres. Le lendemain, 10, sur les onze heures, la ville de Dol fut débarrassée de ces voraces insulaires, qui repartirent en toute hâte pour Saint-Malo.

A ce moment, l'évêque de Dol était à Paris, comme député des Etats de Bretagne. Il se nommait Jean-François Dondel de Fayouédic, était né dans la province, ce qu'il importe de remarquer, car depuis plus d'un siècle et demi Dol n'avait pas eu d'évêques bretons, comme si les rois de France eussent craint que la présence d'un évêque né dans leur pays n'eût réveillé dans le cœur des Bretons le souvenir de leur antique indépendance. M. Dondel gouverna le diocèse de Dol pendant dix-neuf ans, dit M. Tresvaux : à cette courte biographie, ajoutons quelques détails. Par ses soins, furent rebâtis en 1753-1754, le palais épiscopal (Juhel de La Plesse. Chronologie des Evêques de Dol, 1771, in-4°), et en 1760, ces bâtiments encore aujourd'hui connus sous le nom d'ancien hôpital. Il fit réparer les grands toits de la Cathédrale et l'enrichit de riches et précieux ornements. Enfin il prépara l'établissement des Filles de la Sagesse. Son décès arriva le 7 février 1767, aux quatre heures du soir, et le 19 du même mois, sa dépouille mortelle, après avoir été pompeusement portée dans toutes les églises de la ville, fut inhumée, avec toutes les solennités requises, dans la chapelle Saint-Samson [Note : C'est là que languit aujourd'hui notre malheureux collège communal, dont nous aurons tout dit quand on saura que, depuis 20 ans, il a changé sept fois, de direction], au côté sud, où elle repose encore sous une grande table de marbre chargée du haut en bas, d'une longue et élogieuse inscription (Voir : Monographie de la Cathédrale de Dol).

VII.
URBAIN DE HERCÉ, DERNIER ÉVÊQUE DE DOL. — SES TRAVAUX. — ASSEMBLÉE DES NOTABLES. — ÉTATS-GÉNÉRAUX.

Le dernier évêque de Dol fut Urbain-René de Hercé, né à Mayenne, le 6 février 1726, la même année que l'historien Déric, et l'un des dix-huit enfants de Jean-Baptiste de Hercé et de Françoise Tanquerel (Archives de Mayenne, 1726). Evêque de Dol pendant vingt-quatre ans (1767-1790), M. de Hercé en fut encore le bienfaiteur insigne, et nous protestons que ce n'est pas un éloge banal quand nous parlons ainsi. Du reste, par ses œuvres on jugera l'ouvrier.

Avant 1772, la ville de Dol n'avait aucune sortie convenable du côté de la route de Rennes. Cette année, la commission intermédiaire, dont Déric faisait partie, fit ouvrir une rue spacieuse dans cette direction : cette rue fut pavée jusqu'au Collège. En 1773, la partie Est du cimetière de Notre-Dame fut supprimée, pour agrandir la place du Champ, et l'on ne conserva la partie Nord qu'en attendant qu'on eût trouvé un emplacement convenable pour un cimetière communal ; ce qui eut lieu en 1781.

A ces premiers travaux d'assainissement et d'amélioration, ajoutons la reconstruction des bâtiments de la Retraite (1772), du Séminaire et de sa chapelle (1771-1781), l'établissement du pont de l'Archevêque, au lieu d'une mauvaise passerelle qui existait auparavant (1787), la consolidation et l'agrandissement de la maison de la Sagesse, où il fonda une marmite pour les pauvres et des secours pour les femmes en couche, et nous aurons déjà une haute idée des travaux exécutés sous l'épiscopat de M. de Hercé (Juhel de la Plesse, Chronologie des évêques de Dol, 1771, in-4°).

Contrairement à tant d'évêques de son temps qui, livrés continuellement aux plaisirs de la capitale, passaient leur inutile existence dans les antichambres du monarque et de ses favorites, l'évêque de Dol, constamment fixé dans son diocèse, y vivait au milieu de ses diocésains, comme un père au milieu de ses enfants. Habituellement, il résidait au manoir des Ormes, en Saint-Léonard ; mais il faisait de fréquents voyages à Dol, éloigné seulement d'une petite lieue. Pendant son séjour à Dol, il parcourait souvent les rues, saluant avec une grande affabilité tous ceux qu'il rencontrait, riches comme pauvres. Il s'adressait volontiers à ces derniers, leur parlant de leur position de famille et de leurs petites affaires. S'il rencontrait quelque jeune enfant, fut-il même en carosse, il s'arrêtait, questionnait l'enfant et ne le laissait jamais partir sans lui avoir remis des marques de sa munificence ! Que dirons-nous de plus ? Ami éclairé des arts, il se proposait de terminer la tour Nord de la cathédrale ; déjà même il avait recueilli une somme considérable pour cet effet, lorsqu'éclata le grand mouvement de 1789. Avant de raconter les événements de cette époque, mentionnons rapidement et pour mémoire le passage dans nos murs de deux grands de ce monde : Charles comte d'Artois (Charles X) et Joseph II, roi des Romains (3 juin 1778) (Juhel de la Plesse, ouvrage précité). Le second descendit à l'hôtel Notre-Dame, dans la rue de Hercé ; quant au premier, humblement harangué à la porte d'En-Haut par les échevins en corps, il fut ensuite magnifiquement hébergé au palais épiscopal par le seigneur évêque, qui n'eut point à se louer de son hôte, et même, il faut bien le dire, dut être cruellement mortifié de ses manières insolites, pour ne point dire grosièrement malhonnêtes ; ce qui confirmerait au besoin cette tradition constante à Dol, que Mgr le comte était complètement gris (1777).

Malgré ses bonnes intentions, Louis XVI, n'ayant pu ramener l'ordre dans les finances de l'Etat, se résolut à convoquer l'Assemblée des Notables (1787). Cette réunion des grands de la nation, à laquelle l'évêque de Dol assistait, ne put s'entendre sur les moyens à prendre pour arrêter le torrent qui se précipitait et combler le déficit. En conséquence, la convocation des Etat-Généraux fut dès lors résolue.

La ville de Dol n'envoya point de députés pour le Tiers ; mais le bas clergé du diocèse eut deux représentants : le recteur de Notre-Dame de Dol, Jean Garnier, d'Iffendic, et le recteur de la Boussac, François-Etienne Symon, de Vildé-la-Marine. Comme bien on le pense, ces deux bonnes gens ne dirent jamais un mot dans l'Assemblée ; ils pratiquaient par avance la loi du mutisme. Le premier mourut à Paris, le 18 octobre 1824, et non pas en émigration, comme le prétend M. Tresvaux. Pour le second, il était rentré à Dol au commencement de l'Empire, et y était principal du collège, lorsque, ayant été pris d'un accès de folie, il se précipita par une des fenêtres et mourut illico, le 22 décembre 1807, à l'âge de 65 ans [Note : V. Monographie de la cathédrale de Dol, 1 partie, 1851. — Lettre de M. Badiche, de Paris. — Archives de Dol et de Vildé-la-Marine].

VIII.
MOEURS AU XVIIème ET XVIIIème siècles.

L'épiscopat de Mathieu Thoreau et de François de Chamillart fut signalé par quelques-uns de ces événements qui témoignent hautement de la vérité des paroles du bon Maître, quand il disait : caro autem infirma, la chair est faible. La dissipation, semblait surtout avoir élu son domicile favori, chez MM. les vicaires au grand autel de la cathédrale, et à ce sujet les livres capitulaires entrent dans des détails qu'il y a impossibilité de reproduire. Nous en voyons quatre à cinq (MM. Briant, Lemée, Letourneux, Housson-Dastillé) ignominieusement réprimandés par le chapitre, voire même, emprisonnés ou expulsés du chœur, les uns après les autres, pour de ces faiblesses qu'on ne commet point seul, a dit un spirituel écrivain. Du reste, l'épidémie avait peu à peu gagné les sommités ; car nous voyons le recteur de N.-D. Messire Jean Avril interdit à sacris et destitué de ses fonctions (1689) pour ses mœurs scandaleuses. Cependant, c'était aussi l'époque des réformes : réforme au Tronchet (1607) ; réforme aux Carmes (1617) ; réforme à la Vieuxville (1664).

IX.
INSTITUTIONS. — DROITS FÉODEAUX.

Au moment de la grande révolution, Dol, ville féodale et siège d'un évêché dont le titulaire était en même temps comte et seigneur, possédait diverses institutions féodales et autres que nous croyons devoir grouper ici avant de raconter leur anéantissement.

Nous trouvons donc dans la rue de l'Aire-Beard, le couvent des Carmes, le bureau du contrôle. — Sur la place du Champ, les Bénédictines, et tout auprès la rectorerie de Notre-Dame. — Sur le Dos-d'Ane, vis-à-vis la rue de la Poissonnerie, la Croix-aux-Pigeons et à la suite, en descendant, la Boucherie publique, les quatre piliers de la Justice, la Halle-au-Blé et au-dessus l'auditoire de la Sénéchaussée et la Maison-de-Ville. — Dans le rue du Château, la Prison. — Dans la rue de Hercé [Note : C'est aujourd'hui la rue du Moulin, mais il y a obligation, nous semble-t-il, pour la municipalité de Dol, de rendre à cette rue le nom que la reconnaissance publique lui avait imposé], la Retraite, l'Hôpital et sa chapelle. — Au haut de la rue de la Boulangerie, les Filles de la Sagesse. — Dans la rue de la Licorne, l'Officialité diocésaine et la trésorerie du chapitre. — Dans la rue Ceinte [Note : Dès le IXème siècle, et pendant tout le moyen-âge, la rue Ceinte (Cincta), était fermée de portes à ses extrémités. Au commencement du XVIIIème siècle, il y avait encore des porches dans cette partie de la rue qui descend à la poissonnerie ; on y vendait du pain de seigle, du pain de Saint-Pétreux et autres menus comestibles. C'est dans la rue Ceinte que demeurait l'historien Gilles Déric ; mais nous regardons comme une chose sinon fausse, du moins comme non suffisamment prouvée, ce qu'on lit dans la notice qui est au commencement de son histoire, au sujet du donjon, édition 1847], la Psalette, l'hôtel du Grand-Chantre, les prébendes du chapitre et le greffe de la juridiction.

Les revenus de l'évêché de Dol, charges comprises, montaient à 28.196 livres. Le seigneur évêque et comte possédait les droits de coutume, de boucherie, de bouteillage, de lods et de ventes, la baronnie de Coësmieux, la métairie du Grand-Rouvray, les moulins à vent de Hirel, Lislemer, les moulins à eau de Carfantin, des Ormes, du grand-Ergué.

Diverses localités des environs lui devaient des redevances en nature : le bailliage de Notre-Dame devait 14 chapons, 20 douzaines de pigeons, une livre de poivre, une livre de gingembre, 11 douzaines d'amandes sans coques (sic), un tonneau de cidre fût et jus (sic). — Celui de Carfantin devait 3 poulets, 14 poules, 4 gélines. Les bailliage de Mont-Dol, Cherrueix, Lislemer, Bagar-Morvan ; Hirel, la Fresnaye et Ros-Landrieux avaient aussi leurs redevances (Voir registre du clergé de Dol, folio 11).

Le chapitre épiscopal de Dol avait sa juridiction particulière et son greffe. Après ceux de Nantes et de Saint-Malo, il était le plus riche des chapitres de toute la Bretagne. Il possédait en fonds les plus belles métairies des marais, ou seul, ou conjointement avec son évêque. Seule, la manse capitulaire montait à 38.888 livres 6 sous 5 deniers. Ajoutons que chaque canonicat avait ses revenus particuliers ; et d'ailleurs il était peu de chanoines et même d'officiers ecclésiastiques de la cathédrale qui ne possédassent une abbaye ou un prieuré, ou au moins une chapelle ou prestimonie. Tous ces revenus formaient pour Dol un avantage immense, qu'il ne possède plus aujourd'hui, que les plus grandes propriétés de nos environs ont passé aux mains d'individus qui habitent loin de notre pays (Voir registre du clergé de Dol, folio 28).

Le séminaire de l'Abbaye, ou l'Abbée, comme disent les gens de Dol, possédait 10.000 livres de revenus. Les Carmes avaient 2.464 l. 8 s. ; les Bénédictines 4.016 l. 8 s. 2 deniers.

L'abbaye de la Vieuxville avait deux justices : l'une à Dol, l'autre à Combourg. Les revenus de l'abbé commendataire étaient de 10.000 livres. Quant aux révérends pères de la communauté, ils dépensaient leurs 15.000 et quelques cents livres de rente d'une manière joyeuse, et même un peu plus joyeuse que ne le voulait la règle du grand abbé de Clairvaux, Bernard, le réformateur de Citeaux.

Quant à l'abbaye du Tronchet, elle n'eut jamais que de modiques revenus, et ses deux derniers religieux avaient peine à se procurer le nécessaire.

(T. Gautier, 1854).

Voir aussi   Ville de Dol de Bretagne "Dol de-Bretagne, durant la Révolution de 1789

 © Copyright - Tous droits réservés.