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CLÉDER ET LA FAMILLE DE KERMENGUY DU ROZLAN. |
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L'arrêt du 20 février 1669 reconnut comme noble, d'ancienne extraction noble, la famille de Kermenguy dont le blason porte « losangé d'argent et de sable à la fasce de gueules sur le tout, chargée d'un croissant d'argent ».
Originaire de Cléder, elle y comparut aux montres et réformations de 1426 à 1534, comme noble. Des sceaux de 1418 à 1428 montrent ses armes comme suit : d'argent à la fasce de gueules, accompagnée de six mascles d'azur ; alias, au lambel à quatre pendants en chef. Le blason de 1669 les remplace. Devise : « Tout pour le mieux ».
En 1791, le chef de nom et d'armes était M. François-Marie de Kermenguy, marié à Michelle Le Forestier de Kerosven, domicilié à Cléder (habitant Saint-Pol, en l'hôtel familial). Quand Mgr de la Marche dut fuir la haine des révolutionnaires et se réfugier chez M. du Laz, puis chez M. de Poulpiquet de Coatlez à Kernevez, M. de Kermenguy prépara tout pour son passage en Angleterre et ordonna à son fils Nicolas-François-Marie, né à Plougasnou et âgé pour lors de 20 ans, de prendre l'évêque au château et de le conduire à Roscoff. Nicolas, accompagné de M. Salaün de Kertanguy, de Jean Postec, domestique, né à Plougasnou, et d'un marin servant de guide, réussit à faire échapper Mgr de la Marche et à l'embarquer sur une barque de fraudeur d'eau-de-vie, le 28 février. Le prélat fut ainsi sauvé.
Nicolas de Kermenguy dut émigrer à son tour ; il fit campagne dans l'armée de Condé, puis se rendit en émigration à Jersey, d'où il remplit le dangereux office de « courrier des Princes », portant d'Angleterre en France les ordres et instructions du comte de Provence et du comte d'Artois, futurs Louis XVIII et Charles X ; en 1795, il fut chargé de protéger le débarquement des armes avant le soulèvement qui aboutit au désastre de Quiberon.
C'est à Jersey que, le 22 novembre 1796, il épousa Rose-Sévère de Gouyon du Vaurouault, née à Lamballe en 1771 (morte à Saint-Pol, en 1846), d'une des plus anciennes familles nobles de Bretagne. Ils eurent trois enfants pendant l'émigration : Alexandre, en 1797, Arsène, baptisé en 1799, Émilie, baptisée le 17 janvier 1801.
Peu après ils rentrèrent en France. Le 28 mai 1801, M. de Kermenguy, « domicilié à Pleurtuit (Ille-et-Vilaine), 31 ans, 1 mètre 78 », se présente à la mairie de Cléder, muni d'un laissez-passer pour Plancoët, signé « de la Bouexière, maire », visé à Plancoët pour Lamballe, à Lamballe pour Morlaix, et à Saint-Pol par le maire, M. de Kerhorre ; il voyageait accompagné d'un domestique. Il déclara vouloir « fixer son domicile à la maison de Kermenguy » en Cléder.
Le 2 janvier 1802, le certificat de résidence décerné à Mme de Kermenguy précise qu'elle réside depuis le 24 mars 1801 dans sa maison. Son signalement porte : 30 ans, né à Lamballe, taille d'un mètre 150 mm., cheveux et sourcils châtains, yeux bleus, nez petit, bouche moyenne, menton rond, front haut, visage ovale. Ses témoins furent les deux marchands Bernard Guillou fils (32 ans) et Louis Ollivier (30 ans), du bourg, avec Vincent Caer (31 ans), cultivateur à Kerfiat. Sa signature, élégante, rapide et décidée, à peine montante, aux voyelles bien fermées, ne paraît pas indiquer une volonté pusillanime...
Son père, ex-capitaine à Royal-Dragons, mourut à Guingamp en 1809. Ses deux frères aînés furent fusillés : Thomas-Henri, sous-lieutenant au régiment de Condé, exécuté à Saint-Brieuc en 1799 ; Armand-Mathurin, exécuté pour « conspiration royaliste » à Paris, le Vendredi-Saint 1809.
Nicolas de Kermenguy mourut à Saint-Pol, vénéré par le bon peuple, qui l'appelait « ar Zant ».
(René Cardaliaguet).
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