Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

LE CHATEAU DE SUSCINIO

  Retour page d'accueil       Retour Ville de Sarzeau   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Le château de Suscinio ou Suscino ou Sucinio (XIII-XVème siècle). Il s'agit de la résidence favorite des ducs de Bretagne. 

Le château de Suscinio (ou Sucinio)

Jeanne de Navarre, épouse de Jean IV, accoucha à Sucinio (ou Suscinio), le 24 août 1393, d'Arthur, comte de Richemont, l'une des gloires de la France et de la Bretagne. Elève de l'écuyer Péronit, qui le forma à l'art militaire, il guerroya dès sa jeunesse et devint l'un des premiers capitaines de son temps. Créé connétable de France par le roi Charles VII en 1425, à la mort de l'Ecossais Jean Stuart ou Stewart, comte de Buchan, tué à la bataille de Verneuil, Richement eut l'honneur de sauver le royaume avec Jeanne d'Arc. « La France, dit M. Pitre Chevalier, qui a élevé une statue à Jeanne d'Arc, en doit une au moins à Richement ; car si Jeanne rendit l'espoir à Charles VII et aux Français, Richement leur rendit la France » (Pitre Chevalier, la Bretagne ancienne et moderne, chap. XIV, p. 496).

A la mort de Pierre II, en 1457, le connétable devint duc de Bretagne sous le nom d'Arthur III. En 1402, « le duc, de retour en Bretagne, faisoit travailler au Suceniou » (Dom Lobineau, Tome II, pr., p. 810). Bertrand d'Argentré (Histoire de Bretagne, livre X, chap III) cite comme capitaines de Sucinio, pendant la minorité de Jean V, dit le Pacifique ou le Sage (Jean V fut déclaré majeur en 1404), Perrot de Comelan, Olivier et Guillaume de la Brunetière et Hervé Guy-Hemarou. La lettre de ce dernier porte la date du 8 novembre 1402. 

En 1413, Pierre Eder fut nommé gouverneur de Sucinio. 

« Obligation d'Olivier de la Brunetière et Guillaume de la Brunetière fils dudit Olivier, seigneur du Ponceau, pour la capitainerie de Sucinio, Scellé du sceau d'Alexandre Papin. Janvier 1419 » (Dom Morice, preuves, tome II, col. 711). 

« Obligation de Guyon de la Chapelle pour Sucinio en juillet 1420. Scellé du sceau de Jehan de Maurre (Dom Morice, preuves, tome II, col. 711). 

« Eon Tonquedec fevre de Suceniou. Eon l'Espervier et Jehan Briend forestiers de Suceniou » (Dom Lobineau, preuves tome II, col. 916). 

« Le 7 août 1421, le duc Jean V donna un fermail d'or à Jean de Kermelec, son chambellan, pour l'aller porter à madame (Jeanne de France) à Sucinio » (M. Miorec de Kerdanet, Lycée armoricain, tome IV, p. 230). 

Jean Periou, écuyer du duc, remplaça, en 1430, dans la capitainerie de Sucinio, Simon Delhoye, écuyer du corps et de la chambre, chambellan et conseiller. 

Le 17 mai 1432, Jean V reçut à Sucinio un poursuivant d'armes, envoyé par le sire d'Ulbi à propos du siége de Saint-Célérin. 

Jean V en mariant son fils aîné François avec une princesse de Sicile, Yolande, soeur du roi, avait constitué à Yolande une rente de 4,000 à prendre sur sa terre de Sucinio. Et quand François, devenu veuf, épousa Isabelle d'Ecosse en 1441, il lui assura un douaire de 6,000 # sur la même châtellenie. 

« Le duc (François I, duc de Bretagne) estoit a Sucinio au commencement de l'année suivante (1448), et quoique le prince Gilles ne fust pas encore en liberté, ne laissa pas, pour mieux couvrir les sentimens de son coeur, de lui faire présent d'une coupe et d'une éguière, le premier jour de janvier, aussi bien qu'au connestable et à Pierre de Bretagne » (Dom Lobineau, Hist., tome I, p. 630). 

Tout le monde connaît cette lamentable histoire. Gilles de Bretagne périt en avril 1450, le jour de la Saint6Marc, dans le château de la Hardouinaye, étouffé par ses infâmes gardiens. Le religieux cordelier qui avait confessé le prince en secret par la fenêtre religieux sa prison, rencontra sur la grève du mont Saint6Michel le duc François qui rentrait dans son duché après la prise d'Avranches et le cita, au nom de son frère, à comparaître, dans un délai de quarante jours, au tribunal de Dieu. 

Le 22 janvier 1449, François Ier, duc de Bretagne, comte de Montfort et de Richemont, fit son testament dans lequel nous remarquons le passage suivant : « Item, ordonnons nostre treschiere et tres amée soeur et compagne la duchesse estre endouairée, pour tout meuble et douaire, ez seigneuries de Suceniou et Guerrande o leurs appartenances ; et le cas de nostre deceix (quand Dieu plaira) advenu que d'illecques en avant nostre dite sœur et compagne joisse durant son vivant des chastel, chastellenies, terres et seigneuries dudit lieu de Suceniou et généralement de tout ce qui nous appartient en l'isle de Reuys » (Dom Lobineau, Preuves, tome II, col. 1115 et suivantes). 

François Ier mourut le samedi 17 juillet 1450, vers l'époque de l'assignation suprême que lui avait donnée le pauvre Gilles. Sa veuve se fixa au château de Sucinio. L'échanson de la duchesse était Pierre de Francheville, chevalier, seigneur de Trémelgon, officier de la cour. 

Par lettres en date à Nantes du 19 octobre 1457, Ancelot Malenfant fut institué chapelain du château (Dom Morice, Preuves, tome II, col.1712). 

Jehan de Malestroit, maréchal de Bretagne, fut nommé capitaine de Sucinio le 3 octobre de la même année. Il « donna pour pleges Jehan de la Rivière et Henry de Villeblanche » (Dom Lobineau, Preuves, tome II, col. 1632, et Dom Morice, Preuves, tome III, col. 392). 

Le 27 décembre 1470, Pierre de Maurre qui lui avait succédé « donna pour pleges Rolland de Bresseillac et Gilles du Maz » (Dom Lobineau, Preuves, tome II, col. 1633, et Dom Morice, Preuves, tome III, col. 393). 

En 1474, Henri de Richemont et le comte de Pembrock furent pendant quelque temps prisonniers dans la forteresse de Rhuys. « Il est vrai, dit Lobineau, que, après la ruine entière du parti du comte de Warwick, Henri comte de Richemont, de la maison de Lancastre par sa mère, et Gaspard, comte de Pembrock, son oncle paternel, mirent tout leur salut dans la fuite, et que s'estant jettez dans une barque, ils taschèrent d'aborder aux costes de France ; mais la tempeste les aïant poussez sur celles de Bretagne, le duc n'en eut pas plustost esté averti, qu'il les fit arrester et garder sûrement, non pas à Vannes, mais a Sucinio d'abord » (Dom Lobineau, Hist., tome I, p. 722). 

Jean de Francheville fut institué capitaine de Sucinio en 1480, après le décès du seigneur de Treslan, grand veneur de Bretagne. Les armes des Francheville sont d'argent au chevron d'azur chargé de six billettes d'or

L'armée française assiégeait en 1487 la petite ville d'Auray. « Le duc craignant que l'on ne fist quelque insulte à la duchesse Isabeau d'Ecosse qui faisait sa résidence ordinaire à Sucinio, l'envoia quérir par Pierre Le Pennec et Pierre Le Bouteiller et la fit amener à Guerrande  » (Dom Lobineau, Hist., tome I, p. 777). 

Le 28 novembre 1487, René de Kerboullart fut nommé capitaine de Sucinio après la destitution de Guillaume Le Moyne. Il reçut en même temps la maîtrise des eaux et forêts de Rhuys (Dom Lobineau, Preuves, tome II, col., 1479). Le duc le chargea « de rendre à la duchesse Isabeau, qui s'était retirée à Guerrande, tous les meubles lui appartenant audit lieu » (Dom Morice, Preuves, tome III, col. 576. — Dom Lobineau, Preuves, tome II, col. 1478). 

Après le décès du ministre Pierre Landais, qui fut pendu à Nantes sur la prairie de Bièce le 19 juillet 1485, monseigneur Jean de Châlons, prince d'Orange, comte de Tonnerre et de Penthièvre, seigneur d'Arlay, et de Châtel-Bélin, hérita des bonnes grâces et de l'amitié de François II, qui le nomma gouverneur du château de Nantes et lui fit don de la terre de Sucinio. 

François II mourut à Coueron le 8 septembre 1488, laissant la couronne ducale à sa fille Anne. Charles VIII attaqua alors la Bretagne et obtint par la trahison ce qu'il n'avait pu obtenir par la force des armes. Le 20 mars 1491, le sire d'Albret livra le château de Nantes aux troupes françaises ; la ville et le duché se soumirent ensuite. Notre chère Bretagne, sans avoir été conquise, allait être rayée de la liste des Etats Européens. Elle fut offerte dans une corbeille de mariage au noble pays de France, dont elle est et a toujours été l'un des plus beaux fleurons de sa couronne. Le 6 décembre 1491, l'union des deux pays fut solennellement contractée à Langeais, en Touraine ; Charles VIII épousait Anne de Bretagne. 

Le roi de France renouvela en 1492 les largesses de François II à l'égard du prince d'Orange, « en considération de plusieurs bons, grans et recommandables services » (Dom Morice, Preuves, tome III, col. 706, 707. — Dom Lobineau, Preuves, tome II, col. 1534). Telle était la récompense de ce traité fameux qui avait ruiné l'autorité ducale et porté un coup mortel à l'indépendance de la vieille Armorique. 

La reine Anne confirma à Jean de Châlons la propriété de Sucinio, mais à la condition de pouvoir la recouvrer en lui payant une somme fort ronde, ainsi qu'il résulte de la donation suivante, en date à Châteaubriant du 8 octobre 1498 : « Anne, par la grâce de Dieu royne de France, duchesse de Bretaigne, comtesse de Montfort, de Richemont, d'Etampes et de Vertus, à tous ceux qui ces présentes lettres verront ou orront, salut. Comme par cy-devant feu Monsieur et père le Duc, que Dieu absolve, eut baillé, cédé, donné et octroyé à nostre tres-cher et tres-amé cousin le prince d'Orange, les chasteaux, chastellenies, terres et seigneuries de Sucenio et de Touffou, et toutes et chacune leurs appartenances, appendantes et dépendances, entièrement et sans reservation, pour en jouir la vie durant de nostredit cousin, etc ... Avons à nostredit cousin donné, cédé et transporté et par ces présentes donnons, cédons et transportons héréditellement et à jamais en perpétuel, pour lui, ses heoirs de lui créez en loyal mariage, lesdits chasteaux de Sucenio et de Touffou, etc ... Nous et nos successeurs pourrons avoir et recouvrer lesdites choses, par baillant à nostre dit cousin et à ses successeurs, la somme de 50,000 écus d'or, ensemble les quests et édiffices qu'il y aura faicts » (Dom Morice, Preuves, tome III, col. 805). 

Le prince d'Orange fut forcé d'accepter la clause restrictive contenue dans les dernières lignes de l'acte qui précède, et il dut s'estimer encore bien heureux de posséder à si bon compte ces magnifiques résidences. 

Les titres de propriété étaient loin de manquer à Jean de Châlons ; ils étaient établis dans de beaux actes de libéralité, comme nous venons de le voir. Charles VIII axait ratifié la donation de François II ; la reine Anne de Bretagne avait confirmé cette ratification. C'en était assez, il nous semble, pour assurer au prince la possession de Sucinio. Cependant la reine Anne, après son mariage avec Louis XII (Note : Ce mariage fut célébré le 8 janvier 1499, dans la chapelle du château de Nantes), se crut dans la nécessité de donner une nouvelle édition du titre de 1498, ce qu'elle fit à Paris le 15 juin 1501, « aussi bien que Louis XII, qui accorda au prince, dans le mesme mois, des lettres patentes sur le mesme sujet, à l'exemple de la Reine » (Dom Lobineau, Hist., tome I, p. 818). Il est inutile de citer ici l'acte de 1501, qui n'est qu'une répétition de celui de 1498. 

Ces titres royaux ne tardèrent pas à être déchirés par une main royale. La seigneurie de Sucinio avait été donnée à Jean de Châlons « héréditellement et à jamais en perpétuel, pour lui, ses heoirs de lui créez en loyal mariage ». Cependant, en l'année 1520, François Ier confisqua ce domaine, qui appartenait alors au fils de Jean, Philibert de Châlons, prince d'Orange. Philibert était coupable de trahison envers le pays et venait de prendre du service dans l'armée de l'empereur Charles-Quint. 

« Il paraît, dit M. Cayot Délandre, que cette terre passa ensuite dans la maison de Rieux, car des lettres-patentes du 16 octobre 1531 prononcent la réunion au duché de Bretagne des terres de Rhuys et de Sucinio, que tient le sieur de Rieux » (Le Morbihan, son histoire et ses monuments). 

En 1532, le roi François Ier étant en Bretagne, « fit don à la dame de Chasteaubrient (la belle Françoise de Foix, comtesse de Châteaubriant), le 31 de mai, du revenu des seigneuries de Sucinio et de l'isle de Ruis et du chasteau de l'Estrenic, sa vie durant » (Dom Lobineau, tome I, p. 842). 

Françoise de Foix, fille de Jean de Foix, vicomte de Lautrec, et de Jeanne d'Aydie, fut élevée à la cour de la reine Anne de Bretagne, sa parente. Pendant quelques années, elle fut la maîtresse du roi François Ier, qui la délaissa pour Mlle d'Heilly, duchesse d'Etampes. 

La comtesse Françoise trépassa le 16 octobre 1537. « Le roi ne fut pas plustôt averti de sa mort que, pour consoler en quelque sorte le mari de cette dame de la perte qu'il avoit faite, il lui accorda, le 26 du mesme mois, la continuation de l'usufruit des terres de Ruis et de Sucinio » (Dom Lobineau, tome I, p. 842). Le seigneur de Châteaubriant s'était couvert de gloire dans la guerre d'Italie. Le roi, en récompense de ses services, le nomma chevalier de son ordre, puis lieutenant général et gouverneur de Bretagne. 

En 1546, Sucinio appartenait à Claude de Lorraine, duc de Guise, comte d'Aumale, marquis de Mayenne et d'Elboeuf, baron de Joinville, pair et grand veneur de France, chevalier de l'ordre du roi. Il était né le 20 octobre 1496 et avait épousé, le 18 avril 1513, Antoinette de Bourbon. Il mourut le 12 avril 1550. 

Catherine de Médicis eut, sa vie durant, la jouissance de cette châtellenie. Née à Florence, le 13 avril 1519, elle devint reine de France par son union avec Henri II, le 25 octobre 1533. Elle rendit son âme à Dieu le 5 janvier 1589. 

Le 26 juin 1554, Olivier d'Aradon établit la liste des gens d'armes envoyés au château de Sucinio. « Rolle et déclaration du nombre des gentilshommes par nous, Olivier d'Aradon, seigneur de Kerdrean, Kerart, Botbleizuen, lieutenant du capitaine du ban et arrière-ban de l'évesché de Vennes, prins et levés partie de nostre garnison assise en la ville d'Aurai et une autre partie assise en la ville de Vennes, pour estre renvoyée à l'isle de Ruis pour la défense et garde dudit isle, etc... » (Dom Morice, Preuves, tome III, col. 1118). Le capitaine de Sucinio était alors le sire de Bouverel. 

Au temps de la Ligue, la forteresse fut occupée par les troupes de Philippe-Emmannel de Lorraine, duc de Mercoeur, frère de madame Claude, reine de France (Note : Mercœur fut nommé gouverneur de Bretagne le 5 septembre 1582). 

A la même époque « Antoine, roi de Portugal, dont les Espagnols avaient envahi les Etats, s'était retiré à Sucinio ; il fut sur le point d'être livré aux Espagnols par Montigny qui commandait la place : mais il se sauva au château du Plessis-Kair, près d'Auray, ou il se cacha dans une cave obscure » (M. Miorec de Kerdanet, Lycée armoricain, tome IV, p. 230). 

Dans la dernière moitié du XVIème siècle et dans les premières années du XVIIème, la capitainerie de Sucinio fut successivement exercée par trois seigneurs de Montigny, le père, le fils et le petit-fils : Guillaume en 1560. 

Dans l' « estat abrégé de la despance nécessaire pour la solde et payement des gens de guerre qu'il convient entretenir en garnison aux places cy-après pour la conservation d'icelles et maintenir le pays », nous remarquons cet article : « Chasteau de Succinyo. A celuy qui commande audict chasteau XXXIII escuz tiers, à trante harquebuziers la somme de IXxx III escuz tiers » (Archives de Rennes. Collection des Etats de la Ligue). 

Le 5 juillet 1593, Henri IV donna l'usufruit de la seigneurie de Sucinio a Gaspard de Schomberg, comte de Nanteuil, gouverneur de la Haute et Basse-Marche, colonel-général des reîtres (Cavalerie auxiliaire allemande). Le roi voulait ainsi l'indemniser des dépenses qu'il avait faites en Allemagne en recrutant des troupes pour le service d'Henri III. « C'était, dit Moréri, un homme d'une grande expérience dans l'art militaire, d'une grande habileté pour les négociations, d'une éloquence mâle et persuasive et d'une humeur officieuse, ce qui lui attiroit l'amour de tout le monde » (Louis Moréri, Grand dictionnaire historique, Tome IX, p. 274). 

Gaspard de Schomberg fut naturalisé français en 1570 et mourut le 17 mars 1599. 

La famille de Schomberg a fourni à la France des officiers généraux d'une grande distinction et plusieurs maréchaux, parmi lesquels un auteur, dont nous ne nous rappelons plus le nom, cite Gaspard de Schomberg. Celui-ci ne fut jamais élevé à cette dignité, nous sommes en mesure de l'affirmer. Les trois maréchaux de ce nom furent : 

1° Henri de Schomberg, comte de Nanteuil et de Duretal, marquis d'Espinay, chevalier des ordres du roi, lieutenant-général de ses armées, maréchal de camp des troupes allemandes, maréchal de France en juin 1625, décédé à Bordeaux le 17 novembre 1632 à l'âge de 49 ans. Il était fils de Gaspard. 

2° Charles, fils d'Henri, duc, d'Halluin, comte de Nanteuil-le-Hardouin et de Duretal, marquis d'Espinay, pair de France, colonel général des Suisses et des Grisons, gouverneur des ville et citadelle de Metz et du pays Messin ; chevalier des ordres du roi, maréchal de France le 26 octobre 1637, décédé le 6 juin 1656, à l'âge de 56 ans. 

Et 3° Frédéric-Armand, duc et grand de Portugal, milord et duc d'Angleterre, gouverneur de Prusse, ministre d'Etat de l'Electeur de Brandebourg et généralissime de ses armées, chevalier de l'ordre de la Jarretière, maréchal de France le 30 juillet 1675, mort au champ d'honneur le 10 juillet 1690, au combat de Boyne. 

D'après M. Cayot-Délandre, « le 12 octobre 1596 Gaspard de Schomberg subrogea dans ses droits MM. de Talhouet, de la Grationnais et de Sévérac ; ce dernier était gouverneur de la ville de Redon » (Le Morbihan, son histone et ses monuments).

Cayot-Délandre fait erreur en citant ces trois acquéreurs. L'histoire n'en nomme qu'un seul, qui réunit d'ailleurs ces trois noms. De cette union naquit l'erreur. Le nouveau propriétaire était Louis Redon, comte de Talhouet, de la Grationnaye et de Sévérac, capitaine-enseigne des gardes du corps de Sa Majesté, gouverneur des ville et château de Redon, époux de Jeanne du Levier. 

Talhouet « se trouva en état d'acquérir du comte de Schomberg pour 200,000 fr. qu'il paya comptant, le domaine de Rhuys et de Sucinio » (M. de Pire, Histoire de la Ligue en Bretagne, tome II, p. 368). 

C'est de l'usufruit seulement qu'il est ici question, car la nue-propriété, appartenant à l'Etat, était inaliénable. 

En 1626 le château de Sucinio fut mis à la disposition du commerce, ainsi que le prouvent les documents suivants : « Edits du roi pour l'établissement du commerce au hâvre du Morbihan, donnés à Nantes l'un en juillet, l'autre en août 1626. Dans le premier, le roi approuve et reglemente pour toujours la société et compagnie des cent associés, faisant profession de la religion catholique, apostolique et romaine, à lui proposée par ses chers et bien amez Guillaume de Bruc et Jean-Baptiste du Val, pour le commerce général, tant par mer que par terre, etc. Pour faciliter ledit établissement, le roi fait concession à la société de l'isle, terre et seigneurie de Rhuis, le vieil château de Sucinio et la seigneurie de Musillac et l'autorise à y cons­truire une ville libre » (Inventaire des archives municipales de Nantes, par M. Etiennez ; arts et métiers, commerce, série A, p.31). 

Dans la lettre de juillet 1626, il est stipulé qu'il ne sera « par nous ny nos successeurs establi aucuns gouverneurs, lieutenants, ny capitaines, ores ny à l'advenir » (Archives municipales de Nantes, série A, arts et métiers ; carton commerce, n°1 ; dossier n° 5). 

Ces édits n'eurent point de suite ou ne furent que partiellement exécutés, car nous trouvons des capitaines à Sucinio jusqu'a la révolution. 

Nous avons déjà mentionné trois seigneurs de Montigny comme gouverneurs de la forteresse ; trois membres de la famille du Cambout, le père, le fils et le petit-fils, obtinrent également au XVIIème siècle le même commandement. 

Jérôme du Cambout, chevalier, seigneur dudit lieu, fut nommé capitaine de Sucinio, le 24 janvier 1641 ; il prêta serment le 15 octobre de la même année. 

René du Cambout, fils de Jérôme, chevalier, seigneur marquis dudit lieu, Carheil, Espinay, Villeneuve, etc., remplaça son père le 14 septembre 1654 et prêta serment le 18. 

Son fils Jacques lui succéda à sa mort. 

Un édit du 18 décembre 1660, enregistré le 20, défendait le « port d'armes à feu ». Le 5 février 1662 René du Cambout présenta une requête afin « qu'il fust procédé contre le nommé Francheville, ses cochers et laquais, suivant la rigueur des ordonnances pour la contravention et désobéissance par eux commise à ladite déclaration : procez-verbal d'enqueste fait par la cour royale de Rhuis le 6 février ensuivant contre les sus-nommez pour raison dudit port d'armes » (Arthur de la Gibonais. Recueil des édits, ordonnances et règlements concernant les onctions ordinaires de la Chambre des comptes de Bretagne, tome I, p. 83). 

Le 3 septembre 1680, René du Cambout fit la déclaration suivante devant MM. Le Vaillant et René Rio, notaires royaux à Vannes. Nous citons textuellement ce document inédit, qui nous fournit de précieux renseignements : « Déclaration que messire René du Cambout, cher. Sr. Mis. dud. lieu, Carheil, Espinay, Villeneufve et autres lieux, gouverneur pour le roy au chasteau de Succinio, isle et costes de Ruis, ville de Sarzeau, isles de Houët et Hedic de Morbihan, pors et havres de Penerff, du fort de Pornavaleo, garde du parc, munitions, jardins, orloge dud. chasteau de Suc­cinio, et autres lieux y adjassant et en despandant, d'ordinairement aud. chasteau de Succinio en la parroisse de Sarzeau, isle de Ruis, fournist est presante au roy devant messire Guillaume Dondel, cher., sgr. de Pendreff, conseiller du roy au parlement et cy devant maitre ordinaire en sa chambre des comptes de Bretagne, commissaire nommé par arrest du conseil d'Estat et lettres patentes de S M. données au camp devant Yprès le dix neuffiesme mars et 19 novembre 1678 pour la refformation du domaine des eveschés de Vennes, St Brieuc, Treguier, Cornouailles et Lannion et à Monseigneur Me François Cillart, Sr de Grampoul, seneschal en la seneschaussée de Ruis, pour satisfaire aux ordonnances de Mrs les commissaires publiées au prosnes des grands messes de la ville et parroisse de Sarzeau aud Ruis, chasteau de Succinio, ses apartenances et despendances, attributz, droictz, honneurs, profitz et esmolumentz dont il est en droict de jouir et profiter en laditte quallité de capitaine et gouverneur dud. chasteau, isles et costes de Ruis en la ville de Sarzeau et autres lieux sus-nommés à cet effet 

« Déclare Que S. M. l'ayant pourveu et gratiffyé dud. gouvernement et charge de capitaine dud. chasteau, isle e costes de Ruis, de la ville de Sarzeau, isles de Houet et Hedic et autres plasses, havres et ports refferés en ses provisions du 13 septembre 1654, la demizion en faict par messire Jerosme du Cambout, son feu pere, saditte Majesté le luy a donné à sa vie durante pour et en cousideration de bons services luy randus et autres causes, pour l'avoir et tenir soubz l'authorité de saditte Majesté, aux honneurs, authorittez, prerogatifves, préminances, franchises, gaiges, fruictz, profiltz et esmolumentz apartenans aux gouverneurs dud. chasteau de Succinio, quy sont pour les gaiges du consierge et gardes des meubles et munitions dud. chasteau en denier 25# monnoys, un tonneau de froment, 2 thonneaux de seigle, — pour les gaiges du concierge du petit parc 8# monnoye, un tonneau de seigle ; de plus pour les gaiges de consiergerye et gardes des jardins 25# monnoye, un tonneau de froment, — au recepveur 30# monnoye, — au couvreur pour l'entretiennement du chasteau 20# monnoye, un thonneau de seigle et outre les frais de justice ainsi qu'il est justiffié par l'extrait de la chambre des comptes du 18 juin 1598. 

« Outre est led. sr. gouverneur en droict de jouir ainsi que ses predecesseurs gouverneurs dud. chasteau, ville de Sarzeau, isle et coste de Ruis et autres plasses susnommées, de deux cens escus par chacun an, avecque les jouissances des fruictz, garaines, prée devant la porte dud. chasteau, jardins, estangz et des autres terres de labour estantz dans l'enclos du parc dud. chasteau, sans qu'aucune autre personne s'y puisse entremettre n'y en prétendre aucune chose que par le commandement et consentement du gouverneur, soubz quelque pretexte que ce soit, comme le tout est plus emplement raporté aux lettres patantes de Henry IV roi de France, d'heureuse mémoire, des 18 juin et 13 d'aoust 1598, donnez en fabveur des Srs de Montigny, précedanstz gouverneurs des lieus et chasteau de Succinio et ses despandance, et que le Sr du Cambout a droict aujourdhuy de jouir sa vie durante come avoit faict le feu Sr. son pere avant luy, conformément aux provisions leurs octroyées par saditte Majesté le 23 janvier 1641 et 13 septembre 1654. 

« Auquel chasteau de Succinio, et aux gouverneurs et capitaines d'icelluy sont deubz les debvoirs suivants : 

« Scavoir : tous ceux du bourg de Sarzeau doibvent la petite corvée qui est faire les foins, curer et nettoyer le chasteau. 

« Les habitans de l'isle d'Ars et du Hego sont tenus de curer les douves dud. chasteau. 

« Ceux de Penmerc et de Landressac doibvent le charroi du bois et chauffage et les autres doibvent les grandes corvées, le tout suivant l'extrait et rantier de Ruis, tiré de la chambre des comptes du 10 avril 1680.

 « Tous les quels droictz, rantes, revenus, debvoirs, honneurs et prerogatifves, missire Jacques du Cambout, Sr. Mis. dud. lieu, fils dud. Sr. déclarant, aura droict de jouir après le deceix du Sr. son pere, aux fins de provisions de survivance aussy luy octroyées par le roy le 25 mars 1679, etc .... ce jour 3 septembre 1580 avant midy ». 

Plus bas est écrit : « Par sentence de Monseigneur de Beauregard Guitton, commissaire reformateur du domaine de Rhuis, estant au vol. 3°, folio 121, dattée du 16 novembre 1683, la déclaration cy dessus a esté receue, pour jouir le déclarant des revenus employez en icelle ainsy qu'ont faict ses prédécesseurs gouverneurs de Rhuis pour luy tenir lieu de parties de ses gaiges et appointements, et au regard des corvées ordinaires en sera usé comme il est reglé par arrest du parlement de Paris, rendu entre le père dud. déclarant et la dame de Talhouet et pour le nettoyement des douves du chasteau de Succinio suivant la sentence du président commissaire reformateur du domaine de Rhuis. (Signé : JARDIN, greffier) » (Archives de Nantes, chambre des comptes,  B – 769). 

Louis XIV fit don de l'usufruit de Sucinio à Mlle de Blois, princesse de Conti. Cette dame était fille du roi et de la duchesse de la Vallière. Au décès de la princesse, le souverain donna la seigneurie au duc de la Vallière. 

Le comte de Sérant fut le dernier capitaine de la forteresse. Sa nomination porte la date de 1780. 

En 1793, le château de Sucinio fut mis en vente comme propriété nationale, et en 1795 il figure une dernière fois dans les fastes de l'histoire. Il fut pris à cette époque par un détachement de l'expédition de Quiberon, commandé par le marquis de Tinténiac. 

Le vieux manoir fut acquis en 1824 par M. Lange, qui le vendit, le 20 décembre 1852, à M. le vicomte Jules de Francheville. Son fils, M. le vicomte Alban de Francheville, en est propriétaire à partir du 26 janvier 1865. 

A la fin du XVIIIème siècle, alors que les derniers feuillets de ses annales étaient tracés avec du sang, le château de Sucinio était une forteresse imposante. Encore intact et solide à l'extérieur, il était, vers le milieu du XIXème siècle, complètement ruiné à l'intérieur. Cette immense cour, dont on ne peut fouler le sol sans songer à d'impérissables souvenirs, ne présente vers 1869, de tous côtés, que des ruines regrettables et des dégradations navrantes. Les fenêtres et les portes avaient disparu, les sculptures étaient détruites, tous les escaliers, à l'exception d'un seul, avaient été enlevés pierre par pierre (Note : Ces pierres se vendaient 3 fr. la charretée). Cette destruction est l'oeuvre d'un des propriétaires, dont nous voulons taire le nom et que M. Bizeul (de Blain) flétrit par ces énergiques paroles : « Là, la main du vandalisme s'est largement exercée, non pas ce vandalisme révolutionnaire qui trouve peut-être quelque excuse dans ses propres fureurs, mais ce vandalisme à froid, ce vandalisme hébété du spéculateur en moellon, qui a brisé les marches en granit d'un admirable escalier, dans un pays ou le granit est la roche que partout on foule aux pieds »

M. Charles Bougouin

Voir aussi   Château de Suscinio (Bretagne) "L'histoire du château de Sucinio"

Voir aussi   Château de Suscinio (Bretagne) "Description du château de Suscinio ou Sucinio"

 © Copyright - Tous droits réservés.